Patrick Braouezec a besoin d’un chien (d’aveugle)

Je dois avouer que je me moque de M. Braouezec comme de ma première chemise. Non, ma première chemise, j’y tiens, j’y songe encore, et avec tendresse. Tandis que si je devais écrire ici ce que je pense vraiment de l’ancien maire de la ville de Saint-Denis, j’irais droit en prison, sans passer par je ne sais quelle case départ.

Qui est ce monsieur ? Un député communiste, opposant de longue date dans son parti-croupion, partisan de tous les rapprochements possibles avec la gauche dite radicale et des personnages comme José Bové. Il est adulé par les médias publics, il est adoré par le petit monde qui  a signé l’appel pathétique dont je vous entretenais il y a peu (ici). Moi, il y a beau temps que je ne prête plus aucune attention à ce genre de personnes.

Mais aujourd’hui, bien obligé. Mais aujourd’hui 6 août 2008, vers 8h25, buvant du thé en écoutant distraitement France-Inter, j’entends soudain ce monsieur, interrogé par un journaliste appelé Pierre Weill. Braouezec parle de la Chine, pérore serait plus exact. Weill : « Mais est-ce une dictature ? ». Et l’autre : « Non, je ne crois pas qu’on puisse dire cela. Il y a des problèmes de libertés… ». Weill : « Alexandre Soljenitsyne vient de mourir, y a-t-il un goulag en Chine ? ». Le député : « Non, je ne pense pas qu’il y ait un goulag en Chine… ».

À cet instant, j’ai tout arrêté, car je suis sanguin parfois, et les appareils radio d’aujourd’hui ne résistent pas à la violence de certains chocs. J’ai arrêté, stupéfait oui. Stupéfait je répète, car cela, je ne le croyais pas possible. Je ne pensais pas qu’un stalinien aussi remanié – chirurgie esthétique, botox et autres artifices – que Braouezec pouvait dire de tels mensonges avec un tel aplomb. Ce n’est pas la peine que je perde mon temps : le Goulag chinois s’appelle le Laogai (??, abréviation de laodong gaizao ?? ??). Ce goulag-là compte au moins un millier de camps, où sont bouclés des millions de serfs. Six, peut-être. On saura le vrai chiffre lorsque cette dictature  qui n’existe pas aura été abattue.

Tenez, cette dernière pour la route : pendant longtemps, le régime de Pékin faisait payer par les familles la balle qui tuait les condamnés à mort. Je ne sais si c’est encore le cas, il faudrait demander à ce monsieur Braouezec, coqueluche de la gauche et si noble figure morale. En tout cas, des milliers de prisonniers sont assassinés légalement chaque année en Chine. Un record du monde. Un record olympique. Pouah !

PS : Cet article n’a pas de rapport avec la crise écologique, objet de ce rendez-vous. Pas de rapport direct, s’entend. Car en réalité, le lien existe bel et bien. Il n’y a pas d’avenir possible et souhaitable sur cette terre sans révolution morale. Et cette révolution-là, que j’appelle de la totalité de mes voeux, ne peut pas, en chemin, oublier la vérité.

40 réflexions sur « Patrick Braouezec a besoin d’un chien (d’aveugle) »

  1. De retour après un long passage sans Internet…
    Plus noire est la fange , plus lumineux l’espoir!
    Oui, la Chine est cette « grande plaie ouverte sur le réel ». Cependant, il y a des êtres qui, avec dignité, soutiennent un autre possible, allié à la révolution morale que vous appelez de vos voeux.
    Ainsi, sur http://freetibet2008.tv/ peut-on voir de jeunes Tibétains porter la « Torche Tibétaine » à Olympie, berceau des Jeux, dans l’espoir d’un jour pouvoir y participer.
    Le Tibet semble devenu le symbole de notre ultime part de vérité, celle qui ne renoncera jamais dût-elle être torturée.

  2. « Dans chaque église, il y a toujours quelque chose qui cloche. « (ou quelqu’un )
    dirait Prévert , et toujours ce même sinistre son de cloche « isme, isme » .

  3. Je ne sais si c’est dû à la colère, mais bravo Fabrice pour écrire 勞動 改造 et Oświęcim en caractères originaux dans le texte.

    La révolution morale attendue nécessitera de rejeter aussi le capitalisme tout aussi dégoutant que le totalitarisme communiste et ses hybrides. Le capitalisme a-t-il rencontré son Soljenitsyne (un écrivain sorti de son enfer et ayant le même retentissement) ?

  4. Le message de miaou induit chez moi un ouaf approbateur. Et j’ajoute (inquiet): mais d’où est-ce qu’elle viendrait tout d’un coup cette révolution morale?
    C’est quoi une révolution morale?

  5. Je ne comprends pas pourquoi vous restez sur le Stalinisme ou la Chine. Les choses ont changé, le contexte n’était pas le méme que chez nous et n’est plus le méme aujourd’hui. Les dirigeants de ces pays n’ont pas été pire ou meilleurs que les autres à leur époque. Et l’histoire peut se retourner. En tous cas, je n’ai pas, à ce jour, trouvé de meilleure analyse du capitalisme que celle faite par les marxistes et je reste convaincu que la propriété privée des moyens de subsistance maintient une bonne partie de l’humanité soit en servage soit sous salariat et que le sentiment de liberté qui régne dans les pseudos démocraties n’est qu’illusoire.

  6. si l’idée de la démocratie est séduisante elle n’a pas l’air trés efficace dans la réalité. comme toutes les idéologies finalement. comme tous les régimes; le facteur humain ,sans doute ,qui a une facheuse tendance a tout foutre en l’air.on est visiblement la seule espece que rien ne vient réguler, surtout pas sa redoutable intelligence.le capitalisme fonce droit dans le mur. mais par quoi le remplacer concretement?peut on penser sincerement que les 6 milliards d’etres que nous sommmes choisiront la sobriété, le partage, seront prets a renoncer a la propriété, a l’enrichessement personnel?

  7. Rien ne vaut l’efficacité d’une bonne dictature, de quelle couleur qu’elle soit. Avec en prime des bonnes petites guerres durables. La démocratie n’est pas une idéologie. Certaines idéologies s’en réclament d’autres la combattent. Le capitalisme n’est pas une idéologie mais un système économique. Et puis ce facteur humain qui sonne tous les jours. L’autorégulation de l’espèce interviendra, un peu de patience, il y en aura pour tout le monde.
    Il est sept heures, je suis un matinal grincheux. J’espère de ne pas avoir été trop méchant.

  8. Cher Jean-Christophe,

    Ce n’est pas la première fois que nous divergeons sur ce sujet essentiel à mes yeux. Je ne vais pas ici faire une démonstration générale sur le stalinisme, maladie mortelle de l’esprit humain. À mes yeux, il reste fondamental de se libérer à jamais de cette plaie, qui plonge ses racines au plus profond de l’esprit.

    Il y a un avant Staline, il y a un après. Pour tous. Reste à inventer un avenir. Je vous trouve bien indifférent pour les dizaines de millions de morts de ce régime barbare. Que voulez-vous ?

    Fabrice Nicolino

  9. Qui défend encore le stalinisme de nos jours? En revanche, il ne manque pas de défenseurs du libéralisme, qui tue aussi bien, à petit feu, de manière plus douce et plus insidieuse.

  10. Sylvie,

    Pardonnez-moi, mais à mon sens, vous vous trompez lourdement. Car le stalinisme est une histoire, certes, mais aussi un esprit, une forme délétère de la pensée politique. Et cette pensée-là est à l’oeuvre – une oeuvre destructrice – dans la critique de ce que vous nommez le libéralisme. Et que j’appelle depuis toujours le capitalisme, puisqu’il s’agit de cela.

    Selon moi, il n’y aura aucun renouveau authentique de la pensée sans un règlement de comptes définitif avec le stalinisme. Qui impliquerait par exemple de dire sans détour qui sont des gens comme Castro ou Chavez.Et qui les soutient en France, car ils sont encore très nombreux.

    L’enjeu est celui d’une vision libre de l’état de la société et des moyens de limiter les effets de la crise écologique. Vous avez le droit, bien entendu, de croire que l’éradication du stalinisme mental n’a plus de sens. Mais j’ai le droit de penser exactement le contraire. Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  11. Sylvie,

    Je reprends la parole une seconde, pardonnez. Vous pensez sérieusement que le déni de réalité de Braouezec sur la Chine n’est pas du pur stalinisme ? Si tel est le cas, vous m’étonnez grandement.

    Fabrice

  12. Tout à fait d’accord avec votre dénonciation de la dictature chinoise, nous devons boycotter ces « jeux » car les engagements de 2001 du gouvernement chinois n’ont pas été tenus. Il faut aussi dénoncer la maf.. qui sert de gouvernement à la France, qui se met aux ordre de la dictature chinois (cf manifestation sur le parcours de la flamme olympique à Paris). Cependant il faudrait être aussi clairvoyant au sujet de ce qu’est devenu Soljenitsyne un partisant de la torture et de la peine de mort oubliant les crimes de Poutine.

  13. si évidemment! mais je voulais élargir le débat. je suis une bleue sur ce blog, je réagissais à chaud pour rappeller simplement que les crimes de Staline sont facilement brandis par ceux-la même qui prétendent défendre la liberté mais que ne gêne pas, à l’heure actuelle, un système économique qui broie les plus faibles.

  14. Il ne servira à rien d’évacuer le seul stalinisme, en tant qu’histoire, car cela continuera de légitimer le capitalisme qui, outre les tombereaux d’injustice et les mutations terrifiantes (le fascisme) qu’il charrie, nous mène, lui, de manière certaine à notre auto-destruction – qu’il soit totalitaire ou pas – puisqu’il est le seul en service (en supposant qu’il ait gagné, l’autre système aurait eu le même résultat).
    Peut-on rejeter le stalinisme sans les causes qui l’ont engendré ? Je pense à la masse d’injustice sous le tsarisme, mélangée à la guerre industrielle alimentée par des marchands de canons et le système technique sans frein.
    Capitalisme et stalinisme ont bien des points communs, notamment le productivisme (qui, ici, en veut ?), ou l’effacement de toute fin non matérielle.
    Abattre l’un sans l’autre (et vice-versa) n’aboutira pas.
    Peut-on arrêter les Chavez, Castro, FARC, Sentier lumineux,… si on ne tente pas de contenir les Bush 2 et 1, Reagan, et toute l’idéologie étasunienne opposée, quasi totalitaire, et ses satellites ?

    La nouveauté du temps présent est que le stalinisme a colonisé le capitalisme : il suffit de voir son caractère totalitaire et la pensée de ceux qui le font se perpétuer. Le chasser de là ferait d’une pierre un coup et demi, mais ce serait beaucoup plus complexe, non ?

    Comme Jean-Christophe, visiblement, je distingue moi aussi l’analyse du capitalisme par Marx et les préconisations qu’il fit.
    Si critiquer le capitalisme aboutit obligatoirement au stalinisme mental ou à un régime s’y rattachant, alors nous n’avons aucune issue; aucun renouveau ne surgira et nous périrons.
    Fabrice, ce que vous dénoncez dans vos travaux, et que nous dévorons ici pour satisfaire notre appétit de lucidité, cela ne contient-il pas la moindre critique du capitalisme ?

  15. Salut à tous !
    Après quelques jours sans le net, je découvre l’article. Pour en remettre une couche sur la Chine (ie sur ses dirigeants), je confirme que la balle servant à tuer le condamné était aux frais de sa famille (je ne sais non plus si c’est toujours d’actualité). Mais il n’y a pas que ça. De la même manière qu’on trouve là-bas (très bas) des ours en cage avec accès direct à la bile via un simple bouchon, les condamnés seraient de vrais réservoirs d’organes (selon différentes sources). Au point que les vagues d’exécutions seraient liées aux besoins pour les greffes…

  16. Philou,

    Désolé, mais vous écrivez sur Soljenitsyne des contrevérités. Vous ne trouverez pas les références précises sur les sujets que vous évoquez. Le drame de cet homme, c’est que tout le monde a des idées sur lui, mais que (presque) personne ne l’a lu. Sans rancune, bien entendu.

    Fabrice Nicolino

  17. Pour clarifier mes propos, je tiens à préciser que j’aime aussi la liberté, mais la vraie et que pour autant, je n’accepte pas le libéralisme qui finalement ne laisse qu’aux plus malins la liberté d’exploiter les plus faibles, la liberté de saccager la planéte, la liberté de coloniser les structures étatiques (qui normalement défendent l’interet commun et collectif mais aussi les libertés individuelles)ou la liberté de faire de la propagande à coups de pub à la télévision.Je reste convaincu que le Stalinisme comme le régime chinois sont des perversions par les élites d’un idéal enviable . Cela a été et est le cas avec toutes les religions (donc vivent la laicité et l’éducation rationnelle sans empecher la vie spirituelle), avec la Révolution française, avec la « démocratisation » du monde par les Etats Uniens, avec l’Europe, avec le capitalisme (ou l’on voit l’interet de conserver des graines pour ressemer l’année d’aprés et ou l’on voit moins l’interet de la propriété privée des moyens de subsistance de la masse) ou encore avec l’écologie (lorsqu’on voit pointer un mélange de capitalisme-conservatisme-christianisme avec argument écologique qui n’est que du malthusianisme…salops de pauvres qui veulent vivre comme des riches et en plus qui se multiplient)

  18. @ Jean-Christophe, c’est en effet beaucoup plus clair . Globalement, je vous suivrai, si ce n’est que je ne crois plus à la gauche . ce système binaire gauche/droite, qui est une survivance de la révolution française, me semble , aujourd’hui, à dépasser pour avancer . Bien entendu, le liberalisme estcondanable (j’ailme le dernioer slogan de la biocoop : « il n’est pas interdit de s’interdire) Pour le maltusianisme, vous n’avez , hélas, pas tort et j’entends aussi ce type de dérive . Nous devons faire du neuf .

  19. @ Benedicte Effectivement, la gauche en tant que structure politique destinée à conquérir le pouvoir me semble à l’agonie et comme vous je n’y crois plus beaucoup. Je crois par contre que la « cause » consistant en un idéal d’une société moins agressive, plus solidaire, plus écologique, plus libre (c’est à dire plus rationnelle et responsable) doive etre défendue.

  20. Dit autrement : on peut ne pas croire à la gauche, mais les idées qui la constituent subsistent, et elles ne vous oublieront pas. À tout moment et en tout lieu, elles viendront s’immiscer et par exemple (taillé à la hache) vous murmurer : « comment s’organise-t-on : partage-t-on, ou pas ? ». Quels que soient les nouveaux enjeux, et Fabrice sait nous les montrer, elles resteront embusquées, à nous attendre.

  21. @ Miaou, bien vu ! ce que je voulais dire, c’est que nous commençons à peine à traverser une crise majeure qui nous concerne tous, et qu’elle peut marquer le début de notre extinction, que l’on soit de droite ou de gauche . (Yves paccalet est interessant à ce sujet)il faut donc passer un pas et laisser vite tomber les clivages …(tout en développant des projets sociaux…, c’est vrai !)en tout cas, il n’est plus temps de régler des comptes.

  22. A ce propos, savez vous que c’est un abbé royaliste qui a inventé les jardins ouvriers ? je le sais depuis peu, car j’essaye de défendre les jardins solidaires dans ma commune . Mais attention,hein, je ne suis pas royaliste ! d’ailleurs , ado, je portais deux squelettes aux oreilles le 16 Janvier afin de me moquer de royalistes de ma commune. car, par le plus grand des hasards, Louis XVI et lenine sont décédés le même jour, à défaut de l’année . « Pas de jaloux », disais-je !

  23. benedicte, prenons un exemple plus radical. Si un astéroïde nous tombe sur la figure, qu’on soit de gauche ou de droite, il tombera. Z’avez raison.
    Cependant on pourra gérer l’avant et l’éventuel après très différemment, c’est à dire avec ou sans dignité : acceptera-t-on la pagaille et les pires exactions sachant la disparition certaine et proche ? Organisera-t-on le rationnement ou la tuerie ? Forcera-t-on les chanceux et les forts à partager avec les malchanceux et les faibles ? etc.
    Quelle que soit la situation, même dans la pire m…e, on ne pourra échapper à ces questions, qui relèvent de clivages irréductibles. Pour moi c’est une partie de l’essence même de la différence D/G. Qui ne peut donc s’effacer tant que nous existerons.

    Cette partie apparemment très accessoire de la marche du monde matériel influence drôlement ce dernier, de nos jours, ne trouvez-vous pas ?
    Tout ne relève bien-sûr pas du clivage G/D, mais certains aspects capitaux, si : par exemple, l’organisation du rationnement dès maintenant est un élément nécessaire, et voilà pourtant bien une idée de gauche.

  24. @ Miaou, pardonnez, je vais jeter un pavé dans la mare .des ongs telles que « le croissant rouge » et, plus connu en France « le secours catholique » , « la croix rouge » et j’en passe organisent depuis des décennies des distributions de nourritures rationnées partout où les hommes ne peuvent accéder à la nourriture. Question : sont-ils de gauches ou de droite , et moi-même, en écrivant cela ? je précise que je ne cherche à défendre aucunne mosquée, aucunne église dans mon discours . ces idées très dignes ne sont pas l’apanage de quelques partis . J’ai vu des personnes d’horizons très diverses dans des ongs . Et j’espère que dans un futur très proche, elles seront rejointes en nombre , dépassant les clivages . ce qu’il faut, c’est avoir, ensemble, suffisament conscience de l’urgence pour agir . je suis consternée d’entendre encore les querelles stériles, je dis bien,stériles entre droite, centre, gauche socialiste, communiste, alter, ect . J’ai fait une projection débat autours du film « we feed the world » . le débat a donné : « pour ou contre le bio » et les uns comptant ses adversaires politiques de village dans la salle . Combien d’espèces disparaissent chaque jour à jamais ? Combien de milliards d’hommes sous-nutris tandis que nous échangeons pour savoir si la charité élémentaire est une valeur uniquement de gauche ou de droite ?

  25. @ Miaou encore, pardonnez je me laisse aller par l’émotion . je vais conclure en disant ceici . J’avais choisi « we feed the world » car ce film montrait bien que notre exploitation du globe menait à la pauvreté généralisée sur tous les continents . le réalisateur a pris le parti de filmer en disant « six milliards dhommes, six milliards de vérités « . C’est vrai que l’on nait dans des familles de gauche et de droite . Mais déjà ces mots n’ont pas les mêmes significations dans tous les lieux (par ex, débat sur la chine capitalo-communiste, les prêtres révolutionnaires d’amérique du sud, …). et je reste convaincue que nous avons , en ce sciècle, à dépasser nos clivages, car les chantiers sont gigantesques .La gauche porte des valeurs humaines, vous avez raison . mais comme tous systèmes, elle porte ses dogmes qui sont , avec ceux des autres, des barrières au futur .

  26. benedicte, je ne peux vous pardonner puisque vous ne fautez pas ;).
    Ces valeurs sont en général vues comme un dogme pour qui ne les partage pas. Comme pour toute conviction. Et dans le sens contraire aussi.
    Nous-mêmes, convaincus de l’urgence, n’apparaissons que comme dogmatiques, rétrogrades, ou idiots aux yeux de ceux qui n’ont encore pas compris. Nous sommes une barrière au futur qui en agace plus d’un. Alors, méfiance avec le bulldozer.

    Je vous accorde que beaucoup de choses peuvent être dépassées, qu’on n’est pas en général 100% d’un côté ou de l’autre, qu’un principe n’est pas propriété d’un parti bien délimité… mais je voulais juste montrer que ce n’est pas le cas de tout : si une seule idée simple est discriminante pour notre avenir, elle constitue bien un clivage plutôt irréductible. Imaginez la suite s’il y en a plusieurs.

    Quand vous donnez l’exemple le plus frappant de la non répartition des richesses – la malnutrition -,je préfère toujours voir la coloration de la solution car cela indique le bord où on aura plus de chance de trouver des outils aptes à résoudre les autres problèmes.
    Donc je ne pense pas qu’il faille jeter ce que vous nommez les valeurs humaines avec l’eau du bain. La simplification est l’ennemie de la vérité ou de la réalité (je cite, mais très mal).

    Enfin, pas de panique, dans tous les cas une bonne discussion bien tatillonne et longue permettra qu’on se mette d’accord sur le sens des mots.

  27. @ Miaou, c’est sûr ! Et le sens , vous avez raison, c’est très important . car c’est bien la dogmatisation de très belles idées qui ont donné les horreurs des politiques menées en Chine, Vietnam, cambodge, URSS, ailleurs, les horreurs religieuses avec les sorcières aux bûchers,les fatwas criminelles , ect. Et vu l’avenir, nous devons lutter contre ces tendances . Effectivement, nous voyons maintenant du survivalisme, mathusialisme poindrent et c’est un début . je suis pour des pouvoirs promouvant l’équilibre du vivant, mais , attention aux dogmes .

  28. @ Benedicte
    D’accord avec vous sur la trop grande rigité du rapport gauche/droite pour résoudre certains problémes notamment en terme d’écologie ou d’économie (surtout depuis que le PS est devenu libéral).
    @ Miaou
    D’accord aussi avec vous pour dire qu’il y a quand mème une manière différente de traiter les choses. Pour illuster cela, je pense qu’en ce moment tout le monde sent bien que nous avons un gouvernement de droite.
    Peut etre qu’on devrait parler de système de valeurs davantage que de dogme ou de parti et se déterminer en fonction de celui-ci. Je crois que F Nicolino à parlé aussi, dans un de ses posts, de « morale ».
    Enfin si M Braouzec a dit qu’il n’y avait pas de problèmes de droits de l’homme en Chine, je pense qu’il n’est pas stalinien mais tout simplement un gros menteur qui vaut d’ailleurs Bush avec ses armes de destruction massive ou sa négation du réchauffement ou Sarkozy avec son pouvoir d’achat.
    Je pense aussi que d’autres pays ont des problemes avec les droits de l’homme comme à peu près 70% des pays de la planete et que le système économique dominant s’en accommode beaucoup sans pour autant qu’il soit dénoncé.

  29. @ jean-christophe, tout à fait d’accord .Le dogme contre lequel nous avons à lutter sans relache est celui-ci, dont les gouvernements s’accomodent quand ils ne le subissent pas : « les lois du marché sont immuables » .

  30. Voilà, bonne synthèse, benedicte. Et n’oublions pas la crôôôôassance qui doit être éternelle. Et que tous ces gouvernements se savent sains d’esprit (et oints d’esprit saint).
    Pour en revenir à du chipotage, il nous faut clarifier le terme « mathusianisme ». Pour moi, ce n’est plus une expression péjorative; car s’il s’agit de se serrer la ceinture dans beaucoup de domaines et de limiter la population, nous savons ici que c’est alors incontournable. Comment le définiriez-vous ?

  31. Je crains pour ma part que le malthusianisme ne soit définitvement perçu que comme étant négatif. Faut dire qu’à l’origine, il repose sur une erreur, puisque Malthus pensait que la progression de la population était géométrique, alors que celle des ressources seulement linéaire. Bref, au bout d’un moment, ça ne pouvait plus aller. Or, on sait maintenant que ça ne se passe pas exactement comme ça. Les prévisions relatives aux ressources (toujours un peu alarmistes) sont toujours tombées à côté… jusqu’à présent. Voir le livre auquel j’avais déjà fait référence : « les limites de la planète » de Le Bras.
    Il semble que le terme malthusianisme soit toujours plus ou moins synonyme de peur de l’avenir. Quoi qu’il en soit, il implique un certain interventionnisme dans les naissances. Le tout est de savoir si on en a vraiment besoin compte tenu de la baisse de la fécondité en parallèle de la hausse du niveau de vie (nous sommes d’accord, insuffisante et trop peu partagée).
    Un petit lien intéressant sur la fécondité par pays. Même si les taux restent hauts pour beaucoup de pays, on peut voir aussi par exemple qu’au Maroc et en Algérie (il y a pas si longtemps, c’était plutôt 7) on en est à 2,5, et seulement 2 en Tunisie.
    http://www.studentsoftheworld.info/infopays/rankfr/fecondite2.html (on peut trier par pays aussi)
    Il faudrait faire une moyenne pondérée par le nb d’habitants de chaque pays, mais j’avoue que ça ferait un peu trop de travail pour l’instant…

    PS : je ne suis pas un avatar de Ste Bénédicte, mais je peux aussi mettre mon grain de sel.

  32. Et bien mes très chers frères (arrêtez ! je ne vais plus oser paraitre !)en ce qui concerne le malthusianisme, voilà un terme qui comporte à la base plusieurs principes et qui a été fortement détourné .malthus pensait qu’il fallait limiter les naissances en particulier chez les pauvres , par une saine chasteté, n’est-ce-pas, afin de permettre à ces derniers de vivre , tout simplement , ce qui, en soit, n’est pas idiot . cette notion est liée à celle selon laquelle, si les pauvres sont pauvres, c’est bien de leur faute ,ils ne savent pas se contrôler , dérapage . d’où aspect négatif, salauds de pauvres, ect .
    Bien-sûr, nous sommes trop nombreux (avec mes cinq gosses, j’ai l’air fin…l’image même de la décroissance, mais comme je l’ai précisé, j’avance à petits pas…Paccalet en a au moins quatre ,n’est-ce-pas?..), et de ce côté-là aussi, il serait raisonable de se restreindre . mais comment ? Comme en Chine? Ou , comme , le préconisent nos grands économistes, en laissant crever ceux qui sont, je cite : « voués à disparaitre? » actuellement, nous assistons à cette dernière version .

  33. Tant que le dogme économiste ne changera pas, la décroissance de la population sera vue avec horreur par les dirigeants politiques. Voir l’Europe qui se résout à l’immigration pour faire face au vieillissement de la population. Celui-ci inquiète aussi beaucoup les dirigeants chinois, qui avaient pourtant besoin de limiter leur population. Une belle aporie ! Décidément, la Chine est un vaste laboratoire. Malheureusement du genre expériences chimiques hasardeuses qui font boum…

  34. @ hacène, l’Europe se résout peut-être, mais enfin, la majorité se noie tout de même en mer, et les chanceux se retrouvent avec un ticket retour dans les pattes .Les chinois…en plus il manque cent millions de femmes en Asie …des années de prosperité s’annoncent, je vous le dis !

  35. Je sais bien Bénédicte… C’est affreux, notamment ce que certains peuvent faire aux autres. Ainsi, au Maroc, une véritable mafia « prend en charge » les malheureux venus de toute l’Afrique voulant tenter leur (dernière) chance en Europe, générant encore plus d’argent que le trafic de canabis. On sait la suite.
    Quant aux femmes, je sais aussi. Quand j’y pense, les bras m’en tombent. L’hominisation est assez aboutie, mais l’humanisation a encore du chemin à faire… Comme je ne sais plus qui a dit, le chaînon manquant entre le singe et l’homme, c’est nous…

  36. @ hacène,oui . J’en ai des insomnies . Ve qui est en train de se passer me choque terriblement , tout semble s’accélérer .J’ai lu un poète marocain en 2007 qui narrait le périple d’un jeune du maroc à l’Afrique. J’ai oublié son nom, le livre s’appelle « partir » et explique déjà assez bien ces tragédies .

  37. C’est relativement nouveau pour l’homme : en effet, soigner les maladies pose des problèmes de retraites.
    Continuons dans l’affreux. Une autre solution fut exposée dans un film US des années 70 (j’ai oublié le titre) : faire mourir tout le monde à âge fixe – ça fait une belle « pyramide » des âges bien rectangulaire. Il n’est pas sûr que ça soulève l’enthousiasme des intéressés…
    M’enfin, avec la raréfaction des ressources à venir, on devrait avoir du mal à contenir la mortalité, non ?

  38. En ce qui concerne l’Afrique : vous avez raison, ce qu’on voit, ces images de femmes, d’enfants, d’hommes partant sur des rafiots dans l’espoir d’une vie meilleure chez nous sont terribles. Sans parler de ce qu’est leur vie quand ils atteignent leur but. Un peu d’espoir : je connais (un peu) le Sénégal. Il y a là-bas beaucoup de gens -surtout des jeunes- qui savent quelle est la vie des immigrés en Occident (peut-être le seul côté positif de la télé et d’Internet), qui savent que c’est un miroir aux alouettes et qui veulent rester chez eux pour construire leur vie et un avenir meilleur pour leur pays. Question: ce dynamisme-là sera-t-il tué dans l’œuf par leurs dirigeants?

  39. @ Sylvie,vous avez raison de noter qu’il y a aussi des débuts d’actions positives . Malheureusement, Fabrice a tout à fait raison avec les biocarburants, en quelques mois , des millions d’hectares ont été ravagés partout dans le monde, des paysans assassinés, le blé a grimpé de 50 % , ect . Le prob, ce n’est pas tant les dirigeants des pays en voie de développement que les notres : tant que durera nos spéculations, et puis cette dette des pays pauvres, nous continuerons à aller vers la catastrophe . Depuis les biocarburants, nous y courrons même . Lulla a cru libérer son pays de cette dette , et le rendre autonome avec les biocarburants, en fait, il le ruine à jamais . Un ami aujourd’hui décédé chantait « peuples du monde » . Nous devons continuer à nous battre, chacun, localement à petite échelle, les uns apprenant aux autres à cultiver sur 1 m2 de gravas en bidonville, où dans des vieux pneus à Haïti, à faire circuler des fours solaires dans les zones devenues récemment désertes en Afrique, les autres en informant sur la biodiversité, l’équité du commerce qu’il soit de circuits courts ou longs, les désatres dûs aux scandales financiers .
    Après tant d’ouvrages clairs, nets, vrais sur ces derniers, je me demande ce qu’il faut pour sortir les gens de cette inertie ! J’ai l’impression que , lorsqu’on leur montre des solutions, plutôt que les problèmes, ils deviennent curieux et se bougent .

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