Totalement nano (la voiture Tata)

Je radote, oui je radote, mais pas plus que ce monde malade. Pas davantage, j’en suis (presque) sûr. Il y a quelques mois, je vous entretenais (ici-même) du cas tragi-comique de Pierre Radanne, expert écologiste devant l’Éternel et grand admirateur de la voiture indienne à 1700 euros, la Nano de l’entreprise Tata. Un pays en proie aux pires affres de son histoire, pourtant si troublée, se lance dans l’aventure folle de la bagnole individuelle. Cela donnerait presque envie de rejoindre la guérilla naxalite (ici). Presque, car ces gens se réclament du marxisme-léninisme-maoïsme le plus cinglé qui soit !

Pas grand chose à ajouter sur le cas Radanne, passablement désespéré à mes yeux. Si je reprends la plume, c’est que, vous le savez peut-être déjà, des paysans de cette Inde si lointaine sont entrés dans un conflit caricatural avec l’empire Tata. Car il s’agit d’un empire que tous les journaux (officiels) de la péninsule indienne traitent comme une déesse. Tata, c’est aussi bien l’acier que le thé, sorte de champion de la mondialisation libérale qui a racheté cette année, pardonnez du peu, Jaguar et Land-Rover à Ford.

En face, des cul-terreux, nombreux certes. Par dizaines de milliers, ils manifestent sur le site de la chaîne de montage de la Nano, à Singur, près de Calcutta. Tête du gouverneur  – officiellement « communiste » – de la région, le Bengale occidental, qui apprend que Tata envisage de délocaliser tout le projet, le privant de taxes considérées comme acquises. Gopalkrishna Gandhi vient d’écrire piteusement au patron, pour tenter de le dissuader de son projet de départ (ici, mais en anglais).

Je vous avoue que j’ignore ce qu’il y a dans la tête des manifestants. Faire monter les enchères ? Sauver réellement, comme ils le disent, 161 hectares de précieuses terres agricoles ? Ce que je vois, avec l’affreuse distance qui est la mienne, c’est que deux pays s’affrontent, quoi qu’il en soit. D’un côté, celui qui n’a pas une chance, malgré les apparences. Qui mise sur le grand mirage de l’occidentalisation du monde, voiture individuelle en sus. Et de l’autre, une antique nation paysanne, qui se demande comment sauver les pauvres meubles d’une maison en torchis, sous les pluies torrentielles de la mousson.

Moi, c’est simple. Oui, comme c’est simple pour moi. Mais comme c’est vrai aussi : je suis avec les gueux.

6 réflexions sur « Totalement nano (la voiture Tata) »

  1. @ sandro , j’avais lu ton article et l’avais trouvé très bien , merci aussi pour le temps que tu passes à informer .

  2. Merci beaucoup Sandro, et également pour les photos d’Inde sur Geo. Ma fille souhaite partir en Inde pour s’occuper d’orphelins. Est-ce que quelqu’un connaîtrait des associations ou structures intéressantes?

  3. Gagné !!

    Le groupe indien Tata a annoncé, vendredi 3 octobre, qu’il renonçait à achever le chantier de son usine qui devait produire, dans l’est de l’Inde, la voiture la moins chère du monde, après des semaines de manifestations contre ce projet industriel. « Vous ne pouvez pas faire tourner une usine sous protection policière, lorsque des bombes y sont jetées, lorsque des ouvriers y sont intimidés », a expliqué Ratan Tata, le président du conglomérat, lors d’une conférence de presse à Calcutta, capitale de l’Etat du Bengale-Occidental.
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    Le chantier de l’usine qui devait assembler la Nano, une voiture proposée au prix de 2 500 dollars (1 810 euros), était au point mort depuis un mois. Un grave conflit opposait Tata, soutenu par le gouvernement communiste du Bengale-Occidental, à des paysans épaulés par des militants politiques, ulcérés par la réquisition de terres agricoles pour en faire une zone industrielle. Ces manifestants accusaient l’Etat et Tata d’avoir forcé des fermiers à vendre leurs terres pour en faire un site industriel à Singur, près de Calcutta.

    Ratan Tata avait plusieurs fois menacé de délocaliser l’assemblage de la Nano, bien que son groupe ait déjà investi 350 millions de dollars à Singur. Dévoilée en janvier à New Delhi, la Nano devait arriver chez les concessionnaires en octobre. Tata Motors, qui dispose d’autres usines d’automobiles en Inde, dit ne pas savoir quand le véhicule pourra être prêt.

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