Socialistes, hi, hi, hi

Quelle splendide comédie ! Quelle merveilleuse rentrée que cette université d’été de La Rochelle ! Je veux parler, bien entendu, du rendez-vous annuel des socialistes, qui vire à la farce la plus complète. Viendra, ou pas ? Qui ? Je vous assure que nul ne peut davantage s’en moquer que moi.

Tous ces excellentes personnes, et je dis bien toutes, appartiennent à un monde aveugle, et n’apporteront plus rien au peuple qu’ils prétendent incarner, ou du moins défendre. Il y a beau temps que le parti socialiste a pris la place du parti radical de la Troisième République. Un groupuscule de vanités au sommet. Quelques milliers de membres vieillissants à la base, dont tant de notables qu’ils mériteraient la médaille.

Ils ne se rendent pas compte, non. Du reste, ne tiennent-ils pas pour un géant François Mitterrand ? Laissons de côté – il ne le faudrait pas – le passé vichyste, les amitiés avec Bousquet, le constant engagement atlantiste, le soutien décidé à la guerre contre l’Algérie – « la seule négociation c’est la guerre » (1955) – la pendaison – lors qu’il était Garde des Sceaux – de tant de militants indépendantistes. Laissons, ce n’est plus drôle.

Concentrons-nous plutôt sur la cécité totale de leur grand homme à propos de la crise écologique. Certes, né en 1916, Mitterrand ne pouvait espérer être plus lucide que ses contemporains. Et il ne l’a pas été. Mais enfin, n’aimait-il pas la nature, comme on dit ? Ne se vantait-il pas de connaître les arbres ? Ne clamait-il pas, à chaque occasion, son amour pour la campagne, les chemins creux, la marche, le calme ?

Tout aurait pu le conduire à certains actes. Tout le menait, en réalité, à protéger, à arrêter quelques destructions, à ralentir au moins le rythme fou du massacre. Or, il n’a rien fait. Rien, rien, rien. Pendant les 14 années de sa présidence, Mitterrand n’aura rien vu, rien dit, rien entrepris. Ce grand homme de poche ne pouvait être partout. Il préférait lire Chardonne et Morand.

Ses héritiers ne lisent rien, et cela se sent. Un Fabius est officiellement écologiste depuis 1992 au moins, mais il ne sait toujours pas comment le montrer. Quand il était ministre des Finances de son cher ennemi Jospin, juste après Strauss-Kahn, il a gentiment saboté, au printemps 2001, le projet d’écotaxe, seule mesure écologique ayant alors le moindre sens. Quel brave !

Strauss-Kahn tente de devenir le patron du FMI – du FMI, grand ordonnateur de la destruction du monde ! – après avoir été lobbyiste professionnel pendant des années. Savez-vous, exemple parmi bien d’autres, qu’il a été payé par EDF pour tenter d’infléchir la position du SPD allemand sur le nucléaire ?

Jospin, en scientiste accompli – il a été membre clandestin, pendant qu’il dirigeait le PS, d’une secte extraordinaire appelée OCI -, influencé de près par son vieux copain Allègre, qu’on ne présente plus, a empêché toute avancée de 1997 à 2002. Même et surtout à propos de la crise climatique, ce qui fait de lui l’un de nos plus grands (ir)responsables politiques vivants.

Aubry, Lang, Hollande, Royal, Dray, Rocard, Mélenchon et tous autres se foutent de ces questions autant qu’il est possible, ce qui les mène fort loin. Emmanuelli défend le droit de boulotter des ortolans au petit déjeuner, oubliant que cet oiseau devenu rare est protégé par la loi. Point de détail ? Non, point de ralliement.

Questions (presque) simples : y a-t-il une personnalité socialiste qui ait la moindre conscience générale de ce qui se passe réellement ? Qui ait lu Brown, Agarwal, Wilson, Broswimmer, Barbault, Ramade, Diamond ? Qui ait la moindre idée sur ce qu’il faudrait faire pour au moins gagner du temps, de manière à chercher d’éventuelles solutions ?

La réponse est non.

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