Une pensée pour les Onge

Je vous ai parlé naguère d’un lieu comme il n’en existe presque plus sur cette terre : les îles Andaman. Permettez-moi de vous recommander cet article écrit l’an passé, et que je viens de relire (ici). Je n’ai rien à y ajouter, sauf l’atroce nouvelle qui suit. La tribu des Onge est l’une des quatre qui habitent l’archipel. Deux d’entre elles continuent de refuser notre univers et ses objets, avec une bravoure qui m’émeut au plus haut point.

Pas les Onge, qui subissent depuis au moins un siècle les bienfaits de notre supposée civilisation. Contraints et forcés, ils ont pactisé avec les marchands et les colons, acceptant des contacts qui les ont affaiblis. Les Onge ne sont plus qu’une poignée. En 1900, on les estimait précisément à 670. Par la grâce de l’alcool, des maladies et de l’acculturation, ils étaient tombés ces dernières années à 100. Environ. Un chiffre incroyablement bas, mais stable. De cela aussi, il faut parler au passé. Ces derniers jours, huit Onge sont morts et quinze ont été transportés à l’hôpital.

À l’échelle de cette micro-communauté, la tragédie est épouvantable. Que s’est-il passé ? Notre monde les aura rattrapés. Quelqu’un de la tribu a récupéré un récipient empli d’un liquide, que l’océan avait jeté sur une plage. Les Onge, qui boivent, ont cru qu’il s’agissait d’un quelconque alcool. C’était un poison fulgurant, peut-être un pesticide ou un liquide de refroidissement. Qu’importe ?

Pour moi, cette soirée sera de deuil.

9 réflexions sur « Une pensée pour les Onge »

  1. Je partage ton affliction. Loin des Ogm et des Ong, les Onge ont été rattrapés – ravagés – par notre « civilisation ». La peste n’aurait pas fait pire. Nul doute que l’Occident porte la mort en son sein, trahissant ainsi la réalité de ses intentions.

  2. Bonjour,
    Vous avez fait un joli « buzz » comme on dit : les échanges sur Robert Lion sont signalés dans la revue de presse environnement de Radio France.
    Ils sont en effet très révélateurs de l’évolution du débat autour de la défense de l’environnement.
    Qui défend, pour qui, comment et au nom de quoi, l’environnement aujourd’hui ?
    Il est intéressant de se pencher sur cette question,en commençant par les publications pour lesquelles nous travaillons.
    J’ai découvert votre blog récemment. Merci de nous ouvrir cette fenêtre de dialogue enrichissante.

  3. A priori sans rapport direct avec la crise écologique. Mais l’homme est aussi capable de ça. Donc espoir.
    Un fils demande à son père de courir avec lui un marathon. Le père accepte. Le fils demande à son père de courir un deuxième marathon. Le père accepte. Puis le fils demande à son père de courir avec lui le « Iron Man », le triathlon le plus difficile. La suite est là (prévoir peut-être un mouchoir) :
    http://fr.youtube.com/watch?v=VJMbk9dtpdY

  4. A Hacène. Un coeur comme ça, lorsqu’il aura son coup de pompe, sera, sûr, en accord avec sa conscience. Puissions nous trouver cette magnanimité pour notre planète.

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