Et une attaque, une

On ne sait pas d’où ça vient, mais en tout cas, une attaque a bloqué Planète sans visa. Mon si cher Alban, webmaster de combat, en est venu à bout. Je l’embrasse, et je reviens vous voir.

48 réflexions sur « Et une attaque, une »

  1. Cher Collègue,

    J’ai écouté avec grand intérêt votre intervention sur France culture de ce matin 11 septembre.
    La revue « Cosmopolis » publierait volontiers un article reprenant vos conceptions de l’écologie et de sees illusions. Il pourrait s’agir d’un texte disponible, ou d’un écrit original.
    La revue est axée sur toutes les dimensions de ce que les philosophes nomment « cosmopolitique », non plus comme utopie mais comme urgence absolue, dans la convergence ou la divergence de ce que peuvent en dire la science, le droit, la géopolitique, la philosophie ou toute discipline concernée par la question.
    Vous trouverez sa présentation sur le site indiqué ci-dessous.
    Je vous remercie de l’attention que vous voudrez bien accorder à cette invitation.

    Paul GHILS
    Editor/Rédacteur
    Cosmopolis. A Journal of Cosmopolitics/Revue de cosmopolitique
    Former Editor, Transnational Associations/Associations transnationales
    Observatoire européen du plurilinguisme (OEP)

  2. Bonjour Monsieur Nicolino. J’ai très apprécié vos propos ce matin 11.9 sur France Culture. Je voudrais vous proposer une initiative pour faire connaitre et supporter vos actions contre les pesticides, et votre livre Nous voulons des coquelicots. Svp pourriez vous me contacter par courriel? Merci – Marco Morosini – marcomorosini.eu

  3. Bonjour,
    Très chouette émission ce matin sur france culture.
    Par contre il est certain que vos propos ne doivent pas faire l’unanimité
    et donc l’envie de se prendre à votre site doit être forte pour certains
    groupes ou personnes.
    En tout cas merci de continuer vôtre, notre, combat.

    PS : Juste un dernier truc, l’adresse de connexion à vôtre site ne devrait pas
    être accessible depuis le site : Accès Privé >> Connexion et aussi depuis
    son URL dans le navigateur

  4. Merci Alban. C´était peut-être une courte traversée des quarantièmes rugyssants !

    Toujours au sujet de l´évacuation (du nettoyage en règle devrait-on plutôt dire) de la ZAD de Kolbsheim (résistance contre le projet d´autoroute) :
    https://reporterre.net/La-deputee-ecologiste-Karima-Delli-gazee-par-les-gendarmes-sur-le-GCO
    Les gendarmes, toujours fidèles à eux-mêmes, ont copieusement arrosé les manifestants de gaz lacrymogènes.
    Un exemple de plus du fameux « Gewaltmonopol », la violence étatique légitime. Ou décrétée légitime par l´Etat pour défendre les intérêts de ceux qui le servent.

  5. Bonjour,
    Je vous lisais avec intérêt dans Charlie.
    Je vous ai entendu ce matin sur France Culture.
    J’aime beaucoup votre idée des coquelicots ! c’est simple, c’est clair, ça concerne tout le monde, on devrait tous être d’accord, et cela nous rend actif !
    Je suis un brin.
    Continuez ! Courage et optimisme !

  6. Bonjour,
    Je vous ai écouté ce matin et vos paroles trouvent un écho profondément ancré en moi depuis fort longtemps.Je lis vos écrits avec délectation.
    Vous parlez d’une asso , laquelle et comment adhérer ? enfin une réunion de défenseurs du vivant non écolo-tartuffe.
    Merci de donner un souffle nouveau et de rassembler les énergies qui désespèrent.
    Cordialement

  7. Bonjour.
    Auteur et illustratrice, je suis en train d’écrire une histoire pour les enfants (et les plus grands) qui s’appelle » Coquelicot » et qui parle exactement de ce dont vous parlez. (Du moins il me semble.)
    Je suis en recherche d’éditeur, peut-être qu’il y a quelque chose à faire ensemble?
    Voudriez vous lire mon manuscrit? Je vous l’enverrai avec plaisir.
    Merci pour tout.
    Aude

  8. Dans votre déclaration d’intention, vous écrivez : « Ce site parlera donc de la crise écologique […] sans vain respect pour les hommes et les institutions. » Pour moi, il n’y a pas de vain respect pour les hommes. On peut dénoncer sans concession les institutions, les organisations humaines lourdes et archaïques dans lesquelles se fourvoient les individus, mais chaque personne mérite le respect, et la compassion quand elle se vouvoie.
    Je vous ai entendu ce matin. Je soutiendrai votre appel « Nous voulons des coquelicots », mais je soutiens aussi Pierre Larrouturou et son Pacte Finance Climat, et Benoît Hamon, et Nicolas Hulot… et tous ceux qui se disent décidés à faire de la lutte contre le dérèglement climatique et l’extinction de la biodiversité leur priorité absolue.
    Si il s’agit d’une priorité absolue, comment est-il encore acceptable, pour nous autres humains et non humains, que vous, les quelques meneurs qui prétendent organiser le combat et les troupes, vous vous dénigriez les uns des autres, vous vous étripiez à coup de bons mots, vous éparpilliez les militants en refusant de légitimer un chef de file, et finalement vous retardiez indéfiniment le moment (et le risque ?) du passage aux actes. Parfois, devant ces combats de coq (et d’égo), j’en viens à me demander si vous croyez vraiment à la gravité de la situation que vous décrivez. À moins que vous, les leaders, n’ayez tout simplement la trouille d’aller au feu ? Y a l’feu ou y a pas l’feu ?!
    Je suis une abeille et je vis à la campagne, où une partie de la population détestent toujours les « écolos » (tous confondus). Et il y a de quoi : depuis le début de l’ère industrielle, les écologistes alertent sur les risques de l’exploitation sans limite des ressources naturelles et sur leur empoisonnement, alors que les gouvernants et les industriels en ont fait la promesse du bonheur universel. Les écologistes ont toujours été des oiseaux de mauvais augure dont on se moquait allègrement… et voilà qu’un siècle et demi après la naissance de l’écologie, on découvre qu’ils avaient raison. C’est insupportable, et beaucoup préfèrent s’enfoncer encore davantage dans l’erreur que de reconnaître leurs torts en amorçant un ralliement et un changement. Alors, est-il vraiment utile d’en rajouter dans cette division, en décrétant qu’il y aurait de bons et des mauvais écolos, en mettant dos à dos les bonnes manières de faire de l’écologie et les mauvaises ? N’est-il pas grand temps d’œuvrer pour une union, même imparfaite, de toutes les bonnes volontés ? Merci.

  9. Bonsoir et bravo pour votre intervention.

    Je n’arrive pas à aller au-delà de la photo du coquelicot – très belle au demeurant – sur le site. Pas de clic possible ?
    Merci

  10. Cher Fabrice
    Merci de tout coeur pour ton action
    Je te lis régulièrement dans Charlie et t’ai entendu cet après midi chez Charline.
    Je ne te connais pas autrement mais je te serre fort dans mes bras.
    Bises

    Un petit maraîcher du Var qui se bat pour faire des légumes de qualité

  11. Quel bonheur de vous entendre ce matin sur France Culture! Je piaffe d’impatience de voir surgir tout ces coquelicots. Que nous soyons des millions à colorer les rues.
    Merci Fabrice.

  12. Bravo et merci pour cette nouvelle montée « au front » Fabrice.. ! Quelle santé !
    Une toute petite et modeste idée pour soutenir votre appel, je vais faire mettre la cocarde et ce cri de ralliement sur le site de mon entreprise (charpente et construction bois), sur les camions et véhicules et exhorter confrères, clients et autres à faire de même..
    Ça ne suffira certainement pas mais c’est un début..
    Merci encore pour votre bel appel, il est enthousiasmant malgré sa gravité et dans les ténèbreuses années que nous préparent ces criminels quoi de plus beau que de se lever pour un coquelicot ?

  13. Bonjour et bravo pour votre intervention sur France culture. Connaissez-vous le produit du breton Jacques Le Verger, Osmobio, alternative naturelle au glyphosate ? Toujours en attente d’autorisation… https://www.osmobio.com/osmobio-alternative-glyphosate/ Et aussi cette initiative (que je crois unique en France), créée par les basques : une chambre d’agriculture alternative, Euskal Herriko Laborantza Ganbara. Coqueliquement vôtre, Tugdual Ruellan.

  14. Desolé mais je trouve votre réponse sur France Culture concernant l’article du monde diplomatique (…sur le système Pierre Rabhi) un peu affligeante : évoquer des « méthodes staliniennes  » a ce propos vous exonère d’argumenter sur le fond… c’est un peu court et facile !!  » personnellement j’ai trouvé cet article extrêmement pertinent, eclairant et courageux en ces temps de consensus mou sur les questions d écologie.

    1. Je crois surtout que vous ne m’avez pas lu, juste survolé, ce qui est une maladie culturelle fort répandue. Car sinon, pour sûr, vous n’auriez pas osé dire que je n’argumente pas sur le fond. Je vous suggère de rester tranquillement dans vos certitudes.

      Fabrice Nicolino

  15. Heureusement qu´il y a les podcasts, sans cela j´aurais tout bonnement raté votre belle intervention, cher Fabrice. J´espère que vous aurez été entendu par tout plein de personnes de bonne volonté.

  16. Soyons tous un coquelicot!
    Insouciant, determine, intransigeant, clair… beaux. Soyons beaux. Assez de compromis, de calculs, de strategies mediocres! On va gagner, cette fois-ci. Non, pas nous. La vie va gagner. Et nous avec, dans la mesure, et dans la mesure seulement ou nous le sommes encore, vivants! Ou nous savons encore etre un coquelicot. Il n’y a pas de place sur cette terre pour les pesticides et nous a la fois. L’un doit disparaitre.
    Mais le site ne semble pas encore completement operationnel. Comment rajoute-t-on son nom aux 100 premiers signataires?

  17. J’habite une maison dans un village où je me suis installé il y a quarante ans. À l’époque, à la belle saison, j’étais réveillé par un concert de gazouillements : grives, bouvreuils, rouges-gorges, mésanges, chardonnerets, hirondelles, moineaux, etc. saluaient l’aube avec un enthousiasme communicatif. Aujourd’hui, silence absolu. Même les merles, qui avaient tenu bon jusque voilà deux ou trois ans, ne sifflent plus. Quelques pies viennent parfois jacasser sous ma fenêtre…

    C’est vous dire que je suis d’accord à 200% avec tout ce que vous dites.

    « En même temps » (sic) :

    On arrête les pesticides tel jour à telle heure. Le lendemain, on fait quoi ?

    Vous savez comme moi que, pour gérer un tel bouleversement, il faudra des années. La plupart des terres agricoles, en France et plus généralement en Europe (c’est pire en zone tropicale), sont mortes ou en phase terminale. Dans un premier temps, les prédateurs naturels des ravageurs mettront des années à revenir et ramener cet équilibre qui permet à la flore forestière de prospérer sans engrais, sans pesticides, sans irrigation, sans labour, sans rien. Pourquoi la forêt, dont personne ne s’occupe, permet-elle de produire des arbres de trente mètres de haut alors que les agriculteurs ont bien du mal à faire pousser du blé en travaillant soixante heures par semaine avec tous les moyens de la prétendue science moderne ?

    Je dis « prétendue », car la vraie science moderne, celle qui permet de se passer de chimie sans retomber dans les pratiques ancestrales, peu efficaces (mais moins dangereuses), c’est celle qui explique le fonctionnement des sols (que nos aïeux ignoraient complètement). Souvent, on nous dit que, sans la chimie, on avait autrefois des rendements jusqu’à dix fois inférieurs et que, étant donné la croissance démographique, on ne pourrait pas s’en contenter aujourd’hui. En fait, ce n’est pas faute de chimie que les rendements agricoles étaient modestes, mais à cause de pratiques culturales aberrantes. Je pense au labour (entre autres), aussi pernicieux aujourd’hui qu’autrefois.

    Bien des agriculteurs ont renoncé à la fois à ces pratiques et à la chimie et obtiennent des rendements comparables à l’agriculture industrielle. Il suffit d’aller leur demander comment ils font (attention ! ce n’est pas aussi simple que le prétendent certains écolos aussi incultes que déterminés, mais c’est faisable et cela se fait).

    En fait, ce n’est pas l’interdiction des pesticides à partir de telle date, qu’il faut obtenir, mais l’élaboration d’un calendrier d’au moins cinq ans susceptible d’aboutir à cette interdiction, actuellement impossible. Surtout, une fois ce calendrier établi, on commence tout de suite. La décision qui vient d’être prise d’interdire le glyphosate dans trois ans est absurde à deux points de vue :

         1 – il sera immédiatement remplacé par d’autres pesticides tout aussi dangereux. Ceux qui parlent d’insecticides « naturels » me font rire : quoi de plus naturel que l’amanite phallloïde ?… Les pires ennemis de la cause écologique sont ceux qui pensent que « naturel=bon ». La Nature n’est ni bonne ni mauvaise par elle-même ; nous autres hommes, sommes-nous autre chose qu’un point de passage dans les cycles du carbone et de l’azote ? Notre cerveau nous a permis de survivre malgré notre vulnérabilité congénitale, un point c’est tout. Pour prendre conscience de ce qu’est réellement la Nature, rien de mieux que de regarder les documentaires animaux sur France 5 en début d’après-midi : un universel jeu de massacre dans lequel chacun cherche qui dévorer, même les herbivores, dont chaque goulée coûte la vie à des dizaines d’insectes, dont, de leur côté, les oiseaux, les gentils petits oiseaux, font leurs délices. Âmes sensibles, s’abstenir !…

         2 – les coûts de production de l’agriculture moderne (je veux dire celle qui tient compte de notre connaissance du fonctionnement des sols) étant beaucoup plus élevés que ceux de l’agriculture industrielle (qui, elle, est archaïque), les agriculteurs seront ruinés par la concurrence des produits moins chers importés de pays n’ayant pas prononcé d’interdiction. Où l’on voit que le libéralisme est incompatible avec l’écologie. J’attire l’attention du lecteur qui m’aura lu jusqu’ici : je n’exprime là aucune opinion, mais un simple constat.

    Il faut y aller doucement (mais fermement) et, au moins pendant le temps de la transition, assurer un revenu décent aux agriculteurs au fur et à mesure de leur entrée dans le processus (ce qui, je le répète n’est pas permis par l’Europe libérale). Cette entreprise visant l’intérêt général, il semble juste que l’argent public (c’est-à-dire celui des « contribuables », que je préfère, surtout dans ce contexte, appeler les « citoyens ») serve à en compenser les charges, qui ne peuvent manquer de mettre les personnes concernées dans des situations financières ingérables (c’est déjà le cas en ce moment puisqu’on constate que le taux de suicides chez les agriculteurs bat des records historiques).

    Il serait donc utile, pour que tout le monde comprenne bien les enjeux, de ne pas se contenter d’exprimer une nostalgie (du reste parfaitement légitime et que, comme on l’a compris, je partage totalement) d’un monde en train de disparaître, et d’expliquer en détail (ce que je me sens incapable de faire) ce que devra faire un agriculteur pour gagner sa vie sans chimie… et produire de quoi nous nourrir tous à un prix abordable, contrairement aux actuels agriculteurs bio dont la production beaucoup plus coûteuse est hors de portée de la majorité. Si les gens achètent les pommes qui ont subi trente à quarante traitements, ce n’est pas par masochisme, mais parce qu’ils ne peuvent pas faire autrement…

    Encore que…

    Il est possible de mettre une nourriture saine à portée de beaucoup de monde en apprenant (quand se décidera-t-on à l’enseigner à l’éccole) à gérer un budget.

    Par exemple, la plupart des gens chez qui il m’arrive de me trouver se chauffent l’hiver à 22° dans toutes les pièces, même celles où il ne vont que très peu, voire jamais. Je sais par expérience qu’on peut vivre sans souffrir et sans attraper le rhume (malgré mes quatre-vingt-quatre ans) en chauffant son séjour à 17° et les autres pièces à 14°, 12° par temps sec (au-dessous, on peut déplorer de la condensation, susceptible d’entraîner des moisissures dans certaines parties peu ventilées, notamment les armoires à linge et les bibliothèques). Vous n’imaginez pas l’économie que cela représente. Il suffit de retrouver l’usage d’un objet apparemment oublié : le pull. Tous ces gens en bras de chemise dans leurs appartements alors qu’il fait au-dessous de zéro dehors !…

    Autre exemple : depuis que je fais mon pain bio (sans pétrissage, pas de panique !… Si on a inventé l’autolyse, ce n’est pas pour les chiens…), j’ai économisé plus de 200€ par an. Envers de la médaille : d’une part, ces 200€ n’ont pas contribué au PIB ; d’autre part, la farine bio étant fabriquée avec des blés importés (de Pologne, notamment), j’ai contribué à la dégradation de notre balance commerciale, déficitaire depuis 2009…

    Dernière remarque allant dans le même sens : au risque de choquer les végans, je mange de la viande. Je n’ai aucune raison de m’en priver, l’Homme étant carnivore par nature (la preuve en est notre dépendance à la vitamine B12, abente du règne végétal ; on ne gagne jamais rien en agissant contre la Nature. C’est ce que font ceux qui tuent les sols avec des engrais et des pesticides. Ce n’est pas un exemple à suivre). En revanche, la biologie moderne m’apprend qu’il suffit d’en manger 500g par semaine (à condition de consommer aussi des laitages et des œufs car, surtout si on ne digère pas les légumineuses, 500g de viande ne peuvent couvrir les besoins en lysine). Je ne vois pas, dès lors, pourquoi en manger deux fois par jour. Du coup, l’économie que cela implique permet largement de manger de la viande bio. On peut donc manger bio sans alourdir son budget alimentation, mais cela ne peut se faire qu’en remettant à plat son régime alimentaire… en évitant de tout changer du jour au lendemain, car il semble que changer de régime alimentaire soit une des choses les plus difficiles (cf l’inefficacité des régimes amaigrissants). Il faut donc prévoir une transition d’assez long terme, ce qui implique un calendrier de plusieurs semaines, voire plusieurs mois…

    Mon comportement est donc récessif (donc destructeur d’emplois). J’en ai conscience, mais l’écologie (la vraie) n’est pas compatible avec la croissance économique, obsession de tous nos gouvernements, dont la survie politique tient au maintien du pouvoir d’achat. Le beurre et l’argent du beurre, sinon je vote RN ! Combien de personnes dans la rue pour protester contre la démission de Nicolas Hulot, et, plus encore, contre son remplacement par François de Rugy ?… Sans le peuple, le ministre ne peut rien. M. Hulot l’a rappelé à juste titre. Étant donné les circonstances, on comprend que le gouvernement soit peu motivé. On nous dit que 70% des Français sont mécontents de la politique actuelle de M. Macron. Que font-ils pour qu’il en change ?…

    Ceux qui parlent de croissance verte me font rire (jaune) car, depuis des millénaires, on n’a jamais su produire que proportionnellement à l’énergie disponible. Au départ, on n’avait guère que l’énergie musculaire, puis sont apparus les animaux de trait, les moulins à eau, les moulins à vent et, enfin, huit siècles après l’apparition de ces derniers en Occident (au cours desquels la croissance par habitant a été nulle), la machine à vapeur, le moteur à explosion et le moteur électrique. Chacun de nous dispose, en moyenne, aujourd’hui en France d’une énergie six cents fois supérieure à celle d’un homme, ce qui signifie deux choses :

    – d’une part renoncer à cette énergie ne peut que créer des emplois, car, pour remplacer une machine de cinquante chevaux-vapeur – un moteur de petite voiture – il faut au moins six cents hommes (un homme peut produire environ un demi kWh en huit heures de travail, ce qui correspond à une puissance de 60w. Un cheval-vapeur valant 736w, un moteur de 50HP produit une puissance de 36800w, soit 613 fois 60w). Mais attention ! un moteur de petite voiture coûte à peu près 6€/h (quatre litres d’essence)  ; six cents hommes payés au SMIC coûtent (charges comprises) environ 1 100 000 €. Je ne saurais trop encourager les optimistes à méditer ces chiffres…

    – d’autre part, ceux qui prétendent qu’on peut vivre aussi bien qu’aujourd’hui sans pétrole ou sans énergie nucléaire sont des comiques. La preuve est dans le paragraphe précédent.

    En revanche, vivre bien (mais autrement) avec beaucoup moins de ressources qu’on n’en consomme actuellement, mais avec infiniment plus de connaissances et de savoir-faire qu’au Moyen-Âge, c’est probablement possible, mais pas si on considère que le bonheur n’est compatible qu’avec l’i-phone 10… et encore : provisoirement !… (mon Nokia a vingt-cinq ans ; il marche comme au premier jour et je n’ai changé la batterie qu’une fois. Voilà ce que j’appelle un appareil moderne).

    On voit que, à certaines conditions, on peut manger mieux pour moins cher sans toucher à son niveau de vie. Il faut des connaissances, du savoir-faire et de la détermination. Le plus dur est d’avoir assez de diplomatie pour convaincre son entourage, mais avec de la patience et, surtout, de la progressivité (pas tout le même jour !…), on avance…

    Tout cela n’est malheureusement pas près de ramener les bouvreuils… ni les coquelicots (sauf, peut-être, en Pologne…).

  18. ATTENTION !

    J’ai laissé passer une erreur grossière dans mon ci-dessus commentaire.

    Le coût horaire de 600 hommes payés au SMIC n’est pas 1 100 000 € (qui est leur coût MENSUEL), mais 700 €…

    J’espère que cette correction n’aura pas pour conséquence de rassurer le lecteur. Le bon chiffre suffit, malgré sa relative modestie, à montrer la raison pour laquelle on remplace les hommes par des machines : cela coûte cent fois moins cher… à condition de les amortir évidemment.

    Quoi qu’il en soit, sans énergie, donc sans machines, les salaires ne peuvent absolument pas être maintenus. Je rappelle que, en 1950, époque où le travail à la chaine n’avait pas été remplacé par des robots, le salaire minimum était, en monnaie constante (c’est-à-dire en pouvoir d’achat), égal au RSA d’aujourd’hui. Certes, en recourant moins aux machines, la transition écologique va créer des emplois, mais pas payés aux tarifs actuels. Nos auto-proclamés écologistes se gardent bien d’évoquer cette redoutable réalité (à supposer qu’ils en aient conscience)…

    À votre avis, pourquoi a-t-on aboli l’esclavage en 1848 ?…

  19. L’attaque informatique la plus carabinee de l’histoire de Planete sans Visa, ici un commentaire de 3 km de long, parseme de professions de foi, de chiffres et figures de style, pour nous convaincre qu’il ne faudrait « pas trop » interdire les pesticides, et qu’en plus « ca ne ramenera pas les bouvreuils », et sur un autre billet, un commentaire qui nous explique l’urgence absolue, le vrai danger, celui dont le verbe funeste a convaincu notre jeunesse d’aller en Syrie pour y egorger les gens et s’y faire pulveriser sous les bombes russes, et les cadres de Lafarge de vendre 3 millions de m3 de ciment a l’etat islamique, c’etait nul autre que Tariq Ramadan 🙂 🙂 🙂

    Apres les commentaires gratines du « Monde », ici aussi ca « trolle » dur, serait-ce panique a bord? Sur le site des coquelicots, les signatures ne ralentissent pas!

  20. Réponse à Laurent Fournier

    Temps de lecture : quatre minutes.
    Longueur du texte : environ 1,10 mètres

    Je me suis senti visé par l’allusion à un « commentaire de 3km de long » (en fait 2,27 mètres. Un simple mètre de couturière vous aurait évité une aussi grossière approximation…). Que voulez-vous : expliquer un point de vue sur une question aussi délicate que celle des pesticides – qui, en plus, fait système avec beaucoup d’autres – en 140 signes, je ne sais pas faire. D’autre part, je suis le seul à avoir évoqué les bouvreuils.

    En revanche je me suis pris à douter lorsque j’ai lu que vous vous étiez offusqué de ce texte « parseme de professions de foi, de chiffres et figures de style, pour nous convaincre qu’il ne faudrait “pas trop” interdire les pesticides ».

    Je me suis relu. Je n’ai repéré aucune « profession de foi ». En bon français, une profession de foi est la déclaration publique (du latin « profiteor, professus sum », qui signie « parler en public » – c’est ce que fait un « professeur ») d’une croyance. Quelle croyance ai-je affirmée dans mon commentaire ?

    Les « chiffres » ! oui… je sais, cela gêne les interlocuteurs, car un chiffre, cela démontre. Or, le caractère très désagréable des démonstrations, c’est qu’elle ont tendance à clore le débat, ce qui est très frustrant. « deux et deux sont quatre, Sganarelle, et … quatre et quatre sont huit » (Molière, Dom Juan ou le Festin de Pierre, III ,1). Si vous essayez de prouver le contraire, c’est la dépression assurée. La seule chose qu’on soit en droit de reprocher à un chiffre, c’est d’être faux où d’être invoqué abusivement… Or, je vous avais laissé une chance (bien involontairement) : un de mes « chiffres » était faux (je l’ai corrigé dans le commentaire suivant car, sur ce fil, on ne peut pas corriger les textes publiés). Heureusement, cela ne nuisait en rien à ma démonstration. Vous vous êtes bien gardé de vérifier. Non. Ce qui vous dérange, ce sont les chiffres, pas les erreurs. Vous auriez dû nous expliquer, sans utiliser de chiffres, comment on peut remplacer un litre d’essence par vingt journées de travail en les payant au SMIC bien que j’aie la prétention d’avoir prouvé le contraire… grâce aux chiffres !…

    Quant aux « figures de style », permettez-moi de reprendre votre première phrase :

    « L’attaque (hyperbole) informatique (métaphore) la plus carabinee (métaphore) de l’histoire de Planete sans Visa (antonomase), ici un commentaire de 3 km (hyperbole) de long, parseme (métaphore) de professions de foi, de chiffres et figures de style, pour nous convaincre qu’il ne faudrait “pas trop” (litote) interdire les pesticides, et qu’en plus “ca ne ramenera pas les bouvrreuils” (citation apocryphe) ».

    Je ne pense pas qu’il soit nécessaire de continuer, sinon pour vous rappeler qu’une tradition orthographique bien établie depuis plusieurs siècles chez les usagers les plus autorisés de la langue française est d’utiliser des signes diacritiques comme les accents, graves, circonflexes et aigus, ainsi que les cédilles. Notamment, je n’aurais certainement pas écrit « ca ne ramenera pas les bouvreuils », mais « ça ne ramènera pas les bouvreuils ». De toute façon, je n’ai jamais écrit cela ; il s’agit d’une citation apocryphe (ce qui, sans être à proprement parler une figure de style, est un procédé réthorique particulièrement vicieux).

    Entendons-nous bien : ce que je critique ici, ce ne sont pas les fautes d’orthographe (j’en fais plus souvent qu’à mon tour), mais le caractère systématique de votre refus des signes diacritiques. Au nom de quoi ?… Si vous avez un clavier anglo-saxon, vous pouvez très bien utiliser les caractères unicodes. C’est ce que je fais avec mon clavier français qui les ignore, pour les majuscules À É È Ù Ç, pour « œ » et « Œ » et pour les guillements français «». Pour le reste, je me suis fait un fichier de « bloc-note » de tous les signes qu’il m’arrive d’utiliser, avec, notamment, les indices et les exposants (₀₁₂₃₄₅₆₇₈₉⁰¹²³⁴⁵⁶⁷⁸⁹), très utiles lorsqu’on veut parler de CO₂, par exemple, ou de m³… On connaît vite par cœur les plus usités (récemment, j’ai appris le point médian « · » (0183) mis récemment à la mode par les lobbies féministes – je ne considère pas le mot « lobby » comme péjoratif – Je croyais avoir tout vu, mais là, j’avoue que je n’en suis toujours pas revenu. Surtout, je n’arrive pas à savoir comment cela se prononce, alors que jusque là l’écriture était censée transcrire la parole, sauf dans les systèmes qui utilisent les idéogrammes, comme le chinois ou le japonais), mais pour les trous de mémoire, il y a, tout au moins sur Windows, la « table de caractères » (qu’on trouve dans « accessoires windows »)… qui donne les codes.

    J’ai remarqué que les internautes méprisent la forme. Malheureusement, les journalistes et les publicitaires, e·ux·lles, s’en gardent bien : c’est leur gagne-pain. Il·elle·s n’ont cure, sur leurs blogs, d’en donner les moyens aux auteur·e·s de commentaires. (C’est sans doute la raison pour laquelle les éditeurs de ces sites sont si élémentaires : ici, on n’a même pas accès à l’italique, alors qu’il était déjà disponible dans WordStar, il y a trente-cinq ans !…). Raison pour laquelle il·elle·s ont tant d’influence, alors que les internautes n’en ont guère. Twitter dont les 140 caractères permettent d’affirmer, mais non d’expliquer, et FaceBook dont la plupart des interventions sont masquées (qui a le courage de cliquer sur « voir plus » ou « voir les réponses », etc. ?…), veillent au grain.

    Pareil pour le « pas trop », qui ne figure nulle part dans mon commentaire, outre que j’ai clairement expliqué que l’usage des pesticides – particulièrement du glyphosate – mais aussi plus généralement les pratiques culturales actuellement majoritaires (notamment les engrais et le labour) étaient dangereu·x·ses pour les sols et, probablement pour les ho·fe·mmes (Pour les ho·fe·mmes, le danger est pour l’instant considéré comme « très probable », mais, à ma connaissance, le risque n’a pas été mesuré. Desendre un escalier est dangereux, mais le risque est faible – plusieurs centaines de mort·e·s par an, tout de même, mais cela donne un peu d’air aux caisses de retraite, car il s’agit généralement de « personnes âgées » – je ne sais pas quel est le masculin de « personne ». Quelqu’un peut-il m’aider ?… –, autrement dit des vie·ux·illes) ce n’est pas une croyance, mais une hypothèse scientifique jamais encore réfutée (nulle « profession de foi » dans cette affirmation), même si j’ai ajouté qu’il ne serait pas simple de s’en passer et que cela impliquait par ailleurs pas mal de mesures annexes (on en parle peu, ce qui justifie mon propos). Les idéologues détestent les nuances : c’est à cela qu’on les reconnaît. Et pas seulement les idéologues, d’ailleurs…

    1. Kenique Vergal, on va faire court:
      1. Vous ecrivez, « on interdit les pesticides, tel jour a telle heure. Le lendemain on fait quoi!? »

      C’est exactement ce que disait l’industrie de l’amiante jusqu’en 1995. En 1996, l’amiante etait interdit, et avant meme la mise en application de l’interdiction, les produits de substitution etaient prets. Il n’y a meme pas eu de rupture de stock! L’industrie bluffait a fond, en fait elle etait prete depuis longtemps. Elle savait que l’ interdiction n’etait qu’une question de temps.

      2. C’etait aussi exactement ce que disait l’administration coloniale a Victor Schoelcher: « et apres l’interdiction de l’esclavage, on fait quoi? Comment gere-t-on la production, comment gere-t-on la main d’ oeuvre, comment maintien-t-on l’ordre dans les colonies? Abolir, ce serait l’ideal, on est bien tous d’accord, mais le faire maintenant serait premature.  »

      Vous parliez d’esclavage dans votre commentaire. Les pesticides seront abolis, comme l’amiante, comme l’esclavage, lorsque des gens courageux decideront qu’on ne peut plus attendre encore. En etes-vous?

    2. « une fois interdits les pesticides, qu’est-ce-qu’on fait? »

      Nous demande Kenique Vergal.

      Simple:
      1. On commence a se poser les vraies questions (qui, c’est vrai, sont moins simples, et infiniment plus passionantes, que d’ouvrir une boite de pesticides)

      2. On commence enfin a vivre (une autre maniere de dire la meme chose que 2.)

      3., Vous verrez, meme vous y prendrez plaisir! Et vous respirerez mieux, et votre eau sera plus propte, et meme les bouvreuils, qui vous dit qu’ils ne reviendront pas?

  21. Réponse à Laurent Fournier

    temps de lecture : six minutes

    J’ai vraiment du mal à vous suivre. Vous avez lu mes 3km de commentaire sans vous apercevoir que nous étions d’accord. Vous pensez qu’il faut interdire les pesticides ? moi aussi. Tout ce que je dis, c’est que ce n’est pas simple. Alors que, si je vous ai bien compris, yaka…

    L’exemple de l’amiante n’est absolument pas pertinent. Son interdiction n’a ni arrêté ni ralenti la production. Simplement, on a fait sans. De plus, et c’est très important, les emplois détruits ont été largement compensés par ceux qu’il a fallu créer pour désamianter. Raison pour laquelle les économistes appellent « création de richesse » le fait de réparer les dégâts : croissance soutenue grâce au désamiantage !… Je comprends qu’il y ait des gens qui ne comprennent pas. Juste un exemple : pendant les dix prochaines années, le désamiantage des HLM (qui ne constituent que 10% du « gisement ») va coûter 2,5 milliards par an. Où va-t-on trouver cet argent ?

    La vérité, c’est que les marchands d’amiante n’ont pas eu de chance : le tabac fait beaucoup plus de morts que l’amiante ; on n’a pas interdit le tabac. L’alcool fait beaucoup plus de morts que l’amiante ; on n’a pas interdit l’alcool. Les chutes dans les escaliers font beaucoup plus de morts que l’amiante ; on n’a pas interdit les escaliers. On prétend réduire la mortalité sur les route en limitant la vitesse à 80km/h (alors que, en fait, cette mesure est faite pour compenser la remontée des cours du pétrole), mais qui se préoccupe des 25 000 morts dus, chaque année aux accidents domestiques ? En avez-vous seulement entendu parler ? Moi pas.

    En revanche, la comparaison avec l’abolition de l’esclavage est plus intéressante, car, effectivement, la rentabilité des plantations risquait d’en souffrir. Les riches ont mis longtemps à comprendre qu’enrichir les pauvres (soit en les payant cher, soit en leur vendant bon marché) allait dans le sens de leur intérêt. Les fondateurs d’Aldi et de Lidl, les géants du low-coast, sont multimilliardaires. Les pauvres sont nombreux ; même en prenant très peu à chacun, on peut gagner énormément d’argent. Pour devenir milliardaire, il suffit de prendre cinquante centimes à deux milliards de personnes. N’est-ce pas sur ce principe que se sont constituées les plus grandes fortunes actuelles, celles des patrons de Microsoft, FaceBook, Amazon, etc. ?

    L’abolition de l’esclavage n’est pas due à la bonté des élites, mais à la machine à vapeur. D’ailleurs, est-il bien sûr qu’on l’ait aboli ? Renseignez-vous sur les conditions de vie des enfants dans les mines de charbon des années après la prétendue abolition (en relisant « Germinal », vous pourrez même joindre l’utile à l’agréable…).Une des premières lois sociales, sous le Second Empire a interdit de faire travailler les enfants de moins de dix ans… plus de huit heures par jour (on n’arrête pas le progrès !…)
    Aujourd’hui même, quel nom doit-t-on donner à la condition des personnes qui fabriquent nos chaussures de sport pour deux dollars par jour ? Dans plusieurs pays d’Afrique, l’esclavage « à l’ancienne » a été rétabli, mais quand Carlos Ghosn fait fabriquer ses voitures en Roumanie ou les salaires sont trois ou quatre fois inférieurs aux salaires français, cela s’appelle comment, à votre avis ? 

    Vous prétendez qu’il faut poser les vraies questions, mais qu’attendez-vous pour les poser ? Moi, je pose une vraie question, que vous avez notée, apparemment sans la comprendre : « on interdit les pesticides, tel jour a telle heure. Le lendemain on fait quoi ? ».

    Que croyez-vous qu’il va se passer si nous interdisons les pesticides en France en acceptant à l’importation des céréales produites par l’agro-chimie étrangère ?

    Car il est évident que, dans un premier temps, les rendements vont s’effondrer et qu’on sera obligé d’acheter notre nourriture ailleurs. Des hommes très engagés dans le bio disent bien eux-mêmes qu’il faut des années pour régénérer un sol mort. Même si on admet que, en général, il faut cinq ans, Il y en a qui traînent depuis trente ans. Alors je répète ma (bonne) question : « on fait quoi ? »

    Une solution (et à vrai dire, je n’en vois pas d’autre ; je compte sur vous pour me rassurer) serait de taxer les produits importés de manière progressive, un peu plus chaque année, jusqu’à la dissuasion lorsque nous serions prêts. Vous savez bien que les accords européens s’y opposent formellement. Nous (je veux dire l’Union Européenne) venons même de signer des accords avec le Canada, qui, lui, n’a toujours pas interdit l’amiante (tout au moins le chrysotile, si j’ai bien compris) !!!…

    Je crains que vous n’apparteniez à l’espèce très répandue des déterministes. En biologie, c’est une position intenable. En matière de pédologie (science des sols), on peut anticiper ce qui « peut » se passer, mais pas ce qui « va » se passer. Car un sol, c’est (normalement) un biotope, c’est-à-dire un lieu de vie pour un certain nombre d’espèces vivantes dont chacune joue un rôle précis, avec pour résultat un sol de nature déterminé. Certains sols nous intéressent ; d’autres pas.

    Si les collemboles consomment la partie tendre des feuilles mortes, c’est juste pour survivre. Le fait que leurs crottes (et celles des autres espèces de la faune épigée) sont la matière dont est fait l’humus leur est complètement indifférent. C’est nous que cela intéresse. Mais, pour que cet humus nous soit utile, il faut qu’il soit mélangé (plus exactement « combiné ») à l’argile, ce que font très bien, sans penser un instant à nous faire plaisir, les vers de terre. Encore faut-il qu’il y ait de l’argile, mais la fabriquer à partir de la roche mère est le travail de la faune endogée, qui nous ignore superbement.

    Malheureusement, tout cela ne fonctionne vraiment bien que dans les sols forestiers. Or les terres agricoles, en France, ont été gagnées sur la forêt par défrichage. Dès qu’il n’y a plus d’arbres, cela ne fonctionne plus. Nous vivons donc sur le produit de terres qui se sont constituées au long des 12 000 ans qui nous séparent de la dernière glaciation. Depuis qu’elles sont cultivées, elles s’appauvrissent, inéluctablement, pour deux raisons principales : d’une part, non seulement l’absence d’arbres a réduit la faune épigée à la portion congrue, mais le labour a retourné la terre en enfouissant une faune aérobie que cette pratique a asphyxiée et en mettant en surface une faune anaérobie que l’oxygène de l’air a éliminée ; d’autre part, les pesticides ont définitivement nettoyé le terrain en ne laissant aucune chance aux survivants. Résultat des courses : sans engrais, les terres ne produisent plus rien. Tout cela ne s’est pas fait par hasard. En fait, on a drogué les sols. Sans leur came, il sont stériles.

    C’est donc un programme de désintoxication qu’il faut entreprendre. Croire que ce sera simple est complètement illusoire. On a mis des années à se passer de l’amiante ; on ne sait toujours pas se passer de l’esclavage (on a réussi à se passer du mot, mais pas de la chose…) ; ce n’est pas demain que tous les agriculteurs français feront du bio. Je le déplore. Je rêve d’un monde sans amiante, sans esclaves, sans pesticides, mais c’est un rêve. Une consolation, tout de même, qui, j’en suis sûr, vous fera chaud au cœur : un jour il n’y aura plus de pétrole, ni de gaz. Or c’est avec cela qu’on fait des pesticides et des engrais. Donc, un jour, il n’y aura plus de perticides ni d’engrais.

    Une étude rendue publique récemment (mais j’ai perdu la référence) montre que, en 2100, contrairement à ce que pensent la plupart des démographes, il n’y aura pas onze milliards d’humains mais un milliard et demi. Logique…

    1. Je n’ai pas le temps de vous répondre au fond, mais un point mérite d’être éclairé. Vous paraissez fixé sur la question : « on interdit les pesticides, tel jour a telle heure. Le lendemain on fait quoi ? ». Eh bien, je crains que vous n’ayez pas suivi de près le débat réel mené en France et dans le monde – et pas par des écologistes, Dieu sait – sur les effets des pesticides et les apports de l’agriculture biologique. Tout montre qu’un basculement technique est possible en une poignée d’années. Certes, les résistances psychologiques et politiques sont immenses, mais l’Appel des coquelicots est précisément là pour créer un mouvement de nature tectonique dans la société. Sans cette secousse, tout effort serait vain. Avec, cela devient possible. Seulement possible, ce qui est énorme. Bien à vous,

      Fabrice Nicolino

      1. Je vois qu’il n’y a pas que Laurent Fournier qui pratique l’art de la réthorique.

        Vous commencez, sur le ton de la critique, par (essayer de) me faire sentir que j’ai dit une bêtise en affirmant (avec beaucoup de circonlocutions, d’ailleurs, car il faut se méfier des données statistiques, sans pour autant s’imaginer qu’on peut faire sans, comme notre ami Laurent Fournier, qui n’aime pas les chiffres) qu’il faut généralement cinq ans pour régénérer un sol et se passer de pesticides et d’engrais, à quoi vous répondez qu’il ne faut qu’une « poignée d’années », ce qui, évidemment, change tout…

        Pour ne pas répondre à ma question, dont mes textes abondants explicitent largement la signification, on fait quand-même semblant d’y répondre en répondant à côté. Quand je demande « on fait quoi ? », on voit bien, à me lire, que la question ne porte pas sur les problèmes techniques, puisque, sur ce point, mes textes montrent clairement que je suis informé (je ne suis pas un expert, loin s’en faut, mais j’en sais probablement plus que la majorité de mes concitoyens, ce qui n’a aucune chance de passer pour de la vantardise…). Ce que j’aimerais savoir – cela me rassurerait – ce n’est pas ce qu’il faut faire, mais comment on s’y prend pour obtenir qu’on le fasse, d’une part, et comment on finance, d’autre part.

        J’ai bien compris que, parmi les mesures que vous envisagez, il y a l’opération « Nous voulons des coquelicots », mais je ne suis pas sûr que le problème soit purement esthétique. Avec les sols, nous sommes en présence de l’épuisement d’une ressource beaucoup moins renouvelable qu’il n’y paraît : on estime à un milliard d’hectares – dix-huit fois la France – la superficie perdue au cours du vingtième siècle. Il en reste un milliard et demi, sans compter les trois milliards et demi de pâtures impropres à la culture, dont les vegans veulent nous priver en prétendant nous convaincre de ne plus « exploiter » les animaux. Nous sommes des omnivores (notre dépendance à la vitamine B12, absente des végétaux, clot le débat). Se priver de nourriture animale est aller contre la Nature, et, comme toujours lorsqu’on va contre la Nature, on va chez le pharmacien acheter des compléments alimentaires de synthèse (de synthèse, vous vous rendez compte. Quelle horreur !…). Beau résultat. Bref : on réduit aux trois cinquièmes les terres cultivables dans le même temps où la population mondiale est multipliée par six. Et vous pensez qu’une humanité aussi peu motivée va se mettre à réclamer un renchérissement de sa nourriture (le bio coûte jusqu’à deux fois plus cher) pour la sauvergarde de jolies petites fleurs rouges ?…

        Il ne suffit pas de lire « Propaganda » (ou Chomski, « La Fabrique du Consentement »), il faut aussi s’appeler Edward Bernays. Ce propagandiste génial, qui avait lu Gustave Le Bon (peut-être même Cicéron, qui, dans son « De Oratore », dit à peu près la même chose), avait compris que, pour convaincre, il ne faut pas « expliquer » mais « émouvoir » . Alors, plutôt que de vous fatiguer à expliquer aux gens qu’on va dans le mur, pourquoi et comment, vous leur faites croire que la tragédie tient à la disparition des fleurs des champs et que, avec un peu de bonne volonté, en « une poignée d’année », la question sera réglée. Je ne suis pas devin, et, très sincèrement, je souhaite que votre initiative soit suivie d’effets, mais je crains le feu de paille. Sur les soixante-cinq millions de Français et sur les deux cent soixante-quatorze millions de francophones (au moins aussi concernés que nous, sinon davantage), vous avez, au moment où j’écris, cent soixante-quinze mille six cent cinquante huit (j’essaie d’éviter les chiffres, par compassion envers Laurent Fournier. En fait, je l’aime bien : il me répond, c’est déjà beaucoup… ça me fait travailler. Sans contradicteurs, on tombe vite dans la paresse. Il est toujours tentant de s’imaginer qu’on en sait assez… non ?…) signatures… Si les gens étaient « intelligents et fins », vous en auriez mille fois plus.

        À propos des coquelicots. En tant qu’animal, « quaerens quem dévoret », l’Homme, comme tous les animaux, commence par s’assurer de l’utile. Pour autant que je sache (je ne sais pas tout, même pas combien d’années il y a dans une poignée…), les coquelicots ne servent à rien (je sais, c’est précisément pour cela que vous les avez choisis et j’approuve totalement la démarche. Vous connaissez le mot de Saint-Exupéry : « c’est utile, puisque c’est joli… »). Ils se livrent à une âpre concurrence avec les cultures au milieu desquelles ils prospèrent. Les oiseaux sont utiles, surtout les insectivores, bons substituts du glyphosate. Quand je parle des bouvreuils, Laurent (j’allais écrire « Alain » ; je m’égare…) Fournier se gausse. Il a tort : c’est un oiseau très sympathique, très sociable (il ne passe pas son temps, comme le rouge-gorge, à chasser les autres oiseaux de son territoire, et est même capable de manger à la même gamelle que d’autres sans se battre avec ses commensaux. Un bon exemple à donner aux masses xénophobes…), qui chasse les insectes pour ses petits, mais, devenu adulte, est végétarien. Tout ce qu’on peut lui reprocher, c’est, entre mille autres choses qui nous importent peu, de manger les bourgeons des arbres fruitiers. En fait, d’une part, contrairement aux merles qui goûtent toutes les cerises de votre cerisier et ne vous en laissent pas une, le bouvreuil ne fait que des prélèvements très limités sur chaque arbre. D’autre part, il rend à la Nature ce qu’il lui a pris, contribuant à la formation de l’humus par ses excréments. Pour couronner le tout, il a tout pour vous plaire, puisqu’il est rouge : son nom savant est « pyrrhula », du grec « πυρ » (« pyr »)= »feu » ou « πυρρóς » (« pyrrhos »)= »couleur de feu, roux ».

        Bref (si vous me permettez cette antiphrase… Laurent Fournier n’aime pas non plus les figures de style, même si elles abondent dans ses commentaires. Cela fait penser à M. Jourdain, qui faisait de la prose sans le savoir… En général, Laurent Fournier n’aime pas beaucoup ce qui vient de moi. Même à supposer que je sente mauvais, par Internet cela devrait passer inaperçu… Il y a là un mystère), bref, disais-je, le problème n’est pas, me semble-t-il, de laisser revenir les coquelicots que d’en limiter les ravages sans herbicide de synthèse (comme si les produits « naturels » ne posaient pas de problème… essayez de manger de l’amanite phalloïde, vous m’en direz des nouvelles !…). Par un miracle incompréhensible (vous me direz que, si c’était compréhensible, ce ne serait pas un miracle…), vous remarquerez que les pesticides de synthèse sont tous soupçonnés d’être cancérogènes, mais pas les pesticides « naturels » (y compris dans l' »appel des cent », ce qui me gêne un peu…). Alors qu’il y a, dans la Nature, plus de poisons que l’homme n’a jamais su en fabriquer. Du temps de la Voisin, on ne savait pas produire des néonicotinoïdes, mais on savait très bien empoisonner sa belle-mère. La ciguë, c’est naturel, ça ne peut pas faire de mal… D’ailleurs, d’une façon générale, « agriculture naturelle » est aussi un oxymore. Par définition, l’agriculture est intrinsèquement artificielle, ce qui ne justifie en rien d’aller contre la Nature. Il s’agit au contraire d’en exploiter les lois à notre profit, ce qui est tout-à-fait différent. Avec l’explosion démographique due, d’abord à l’invention de l’agriculture, puis, une poignée de millénaires plus tard, à celle des machines thermiques, il n’est plus possible à la terre de nourrir sept milliards et demi de chasseurs-cueilleurs (de toute façon, les écolos sont anti-chasse, pourtant la façon la plus « naturelle » de se nourrir. Nos ancêtres l’ont pratiquée pendant des centaines de milliers d’années, mais nous ne sommes pas à une incohérence près…). Nous sommes donc, en quelque sorte, « condamnés » à l’agriculture, mais sans oublier que c’est à la forêt que nous devons nos champs et que cette transformation nous oblige à « simuler » la forêt si nous voulons léguer à nos descendants des terres encore fertiles. C’est ce que font ou tentent de faire les agriculteurs modernes (au sens que je donne à ce mot, c’est-à-dire ceux qui ne confondent pas, comme René Dumont dans sa jeunesse, la mécanique et la biologie) en redonnant la vie à des sols en souffrance par destruction à coups de pesticides (qu’ils soient synthétiques ou « naturels », ne change strictement rien à l’affaire) de leur faune, de leur fonge et de leur flore bactérienne, et par manque d’apports organiques.

        Le déherbage mécanique ou thermique est hors de question : c’est parfait dans les chemins, les allées, les pas japonais, etc., mais, dans les cultures, bonjour les dégâts !…

        Déherber à la main, je le fais dans mes plates-bandes, mais sur cinq cents hectares, je ne suis pas sûr que ce soit rentable, à moins de rétablir l’esclavage (selon Laurent Fournier, qui pense beaucoup à ma place – dans un sens, cela pourrait être de nature à me reposer, mais je suis incorrigible : j’en profite pour penser à autre chose – je pense qu’on a eu tort de l’interdire… seule une malveillance dont j’ai du mal à imaginer la source peut lui inspirer une lecture aussi perverse de ce que j’ai écrit là-dessus).

        Non, décidément, vouloir le retour des coquelicots dans les champs, même si c’est joli, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Dans mon village, on ne fauche plus le bord des routes. Du coup, les coquelicots y abondent. Cela me suffit.

        Reste le problème du financement. Je sais bien que nos gouvernants, qui n’ont pas honte de nous parler de croissance alors que, sans l’emballement de la dépense publique, nous serions en récession, trouvent toujours assez d’argent pour contenir les récriminations de leurs électeurs, mais pourra-t-on indemniser les agriculteurs (qui vont souffrir, même si ce n’est qu’une « poignée d’années ») avec l’argent du général Potemkine, comme quand on reprend la dette de la SNCF pour faire taire les cheminots… qui ont bien raison de râler : pourquoi devraient-ils payer pour les errements de l’État ?… Et pourquoi les agriculteurs devraient-ils payer le désastre auquel on les a forcés à contribuer, à commencer par René Dumont, partisan acharné de la culture intensive, des engrais chimiques, pesticides, remembrement, etc…. Il voulait même retourner les prairies !… (comme quoi, même supérieurement intelligent, on peut dire des conneries), avant sa « conversion » à l’écologie (ce qui prouve qu’on peut dire des conneries sans forcément être con ; à bon entendeur…) ?… Malheureusement, on souffre encore aujourd’hui des conséquences de cette politique, due au scientisme le plus borné et, comme toujours, le plus ravageur.

        Et puis, il y a l’Europe. Selon les conventions européennes, les subventions non prévues par la PAC sont interdites, de même que les taxes à l’importation, alors que les denrées produites ailleurs, là où il n’y aura pas d’interdiction des pesticides, seront forcément moins chères et donc plus attractives pour les consommateurs. Notre balance commerciale, qui n’a vraiment pas besoin de cela, va encore accuser le coup…

        De tout cela, ni vous, ni Laurent Fournier (je lui parle des sols ; il me parle de moi…) ne dites rien. Tant qu’il s’agit d’être « contre », les écolos rivalisent d’éloquence avec les orateurs attiques, mais s’ils s’agit d’être « pour », là, il y a autant de solutions que d’individus. Chacun a sa petite recette miracle qui va tout arranger. À 2% aux élections, ils trouvent encore le moyen de ne pas être d’accord entre eux. Leur comportement puéril est l’obstacle le plus efficace contre l’écologie, dont la plupart n’ont pas la moindre idée (je parle de la vraie écologie, la science des écosystèmes, pas celle de bavards qui n’ont jamais fait le moindre effort pour comprendre les enjeux. Pour comprendre les problèmes de l’énergie, celui des sols, celui des ressources minérales, de la surpopulation, etc., il faut beaucoup travailler et avoir un minimum de culture scientifique, politique et économique. Cela demande des années. Comme je le rappelais plus haut, René Dumont, l’icône des écologistes, a commencé par faire l’agro et par prôner une politique agricole délirante, avant de comprendre qu’il allait devoir passer le reste de sa vie à militer pour une doctrine complètement opposée. Comme quoi, ce n’est pas si simple. En soixante ans, il a écrit des dizaines de livres, a parcouru le monde pour alerter. Résultat ?

        Alors je souhaite que vous réussissiez à réveiller ce peuple que Laurent Fournier trouve si intelligent et si fin… Il y a beaucoup de gens intelligents et fins en France et dans le monde, mais la masse est d’une ignorance et d’une indifférence effrayante (ce n’est pas un reproche, juste un constat. Pour la plupart, ils n’ont pas accès à la connaissance, la plus indispensable des nourritures. Savez-vous que le verbe « éduquer » vient du latin « educare » qui signifie « nourrir » ?…). Or, c’est la masse qui vote. Voyez ce que cela donne aux États-Unis, en Russie, en Hongrie, en Italie, en Pologne… et encore, cela, c’est la démocratie (?), mais il vous faudra aussi convaincre les dictateurs chinois, les élites corrompues d’Inde, d’Amérique latine, d’Afrique, et, bien sûr, d’Union Européenne… Rien qu’en France, « yaduboulo »…

        Je n’ai pas une admiration sans bornes pour Nicolas Hulot, mais si c’était pour le remplacer par François de Rugy, on aurait pu le garder. Y a-t-il eu le moindre mouvement populaire pour le conjurer de rester ?… Même les écolos sont intervenus mollement. Il est vrai que, pour être soutenu par eux, il aurait fallu qu’il pensât EXACTEMENT comme eux (je veux dire « comme chacun d’eux », ce qui est mission impossible), qu’il fermât Fessenheim, tout de suite, par exemple, ou qu’il interdît tout de suite le glyphosate. Lui aussi a fait son aggiornamento. Il n’a pas toujours été écolo, loin s’en faut. Tandis que M. de Rugy, lui, a toujours voulu être ministre…

        On dit qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, mais, malheureusement, il n’y a pas que ceux qui ne changent pas d’avis qui soient des imbéciles.

        Moi non plus, je n’ai pas toujours été écolo, et j’ai gardé les stigmates de mon ancien égarement : je ne suis pas anti-nucléaire et je suis très perplexe concernant la chasse. D’autre part je ne trouve pas que la Nature soit bonne. C’est une servante dont on a besoin, qu’il ne faut pas brusquer si on veut être bien servi, avec laquelle on a intérêt à surveiller l’argenterie et qui, de toute façon, finit toujours par avoir votre peau. Contrairement à la plupart des convertis, je me méfie du radicalisme. Gardant de mon éducation (petite-)bourgeoise le goût de l’efficacité et de la cohérence, je ne puis cautionner une idéologie qui, malgré l’urgence climatique dont on nous rebat les oreilles (probablement à juste titre), milite pour des technologies intermittentes (éoliennes, photo-voltaïque) qui impliquent le recours, 75% du temps, à des centrales à gaz, émettrices de gaz à effet de serre.

        Bien sûr qu’il y a un risque, surtout lorsqu’on a affaire à des gens qui, comme ceux de TEPCO (Fukushima), font la sourde oreille à tous les avertissements qu’ils ont reçus concernant la hauteur de la digue, d’une part, et surtout les pompes au ras du sol, d’autre part. À cette occasion, on a, une fois de plus, entendu ou lu les écolos se lamenter à l’idée que des éléments radioactifs allaient rester là pendant des millions d’années, ignorant que ce sont les radionucléides à vie courte, comme l’iode 131, qui sont dangereux et, ipso facto, pas longtemps. Des radionucléides à vie longue, il y en a plein mon jardin (environ vingt-cinq kilos d’uranium, entre autres…) et cela ne m’inquiète pas. Cela dit, comme je l’ai déjà écrit ici à propos du glyphosate, si on compte les morts, le tabac est beaucoup plus dangereux que les centrales nucléaires (et que le glyphosate, classé en liste 2A par le CIRC avec les frites et la viande rouge, alors que les particules fines et le tabac sont en liste 1 et ne sont pas interdits. Un écolo qui fume ou qui fait des feux de bois dans sa cheminée, ça m’a toujours fait rigoler… et après tout, il n’y a pas tellement d’occasion…). Depuis la construction de la première centrale, Brennilis, en 1962, combien de morts ? Pendant ce temps-là, l’herbe à Nicot tuait, au bas mot, plus de trois millions de personnes, rien qu’en France. Les chiffres, toujours les chiffres… Même écrits en lettres, on comprend que tant de gens n’aiment pas cela…

        Si on veut se passer de l’atome et des GES, il faut être prêt à se passer d’électricité les trois-quarts du temps ou, tout au moins se contenter du contenu de sa batterie. Si on veut se passer totalement du glyphosate (ou autres), il faut être prêt à rogner sur son budget loisirs (un bon quart de la population française ignore d’ailleurs ce que c’est). Le reste « n’est que fable d’enfants », comme dit Iago.

        La croissance verte ! il faut vraiment être écolo pour inventer des conneries pareilles…

        1. Kenique Vergal,

          Grand merci pour votre message. C’est sincère. Mais comment vous le dire ? J’ai écrit ici même, en accès libre, au moins 1500 articles. Ecrit une bonne quinzaine de livres, dont plusieurs abordent, certes à ma manière, les questions que vous évoquez. Je ne vous oblige à rien – encore heureux ! -, mais enfin, je ne peux tout reprendre à chaque fois. Je vous ai lu avec intérêt, et du point de vue qui est le mien – changement de paradigme, insurrection des consciences -, vous me paraissez comme revenu de tout. Vous mettez en avant de telles difficultés que tout vous semble vain. Au passage, vous avez grand tort de ne voir dans le coquelicot qu’une affaire esthétique. Car c’est un symbole puissant de ce que pourrait être un basculement. Puis, de vous à moi, se contenter de dire que vous – la maladie de l’individualisme est universelle -, vous n’en avez besoin que sur les bas-côtés, me semble déplacé. Justement parce que nous devons renoncer progressivement à ce qui nous environne – le mot environnement est détestable – pour aller vers ce qui nous fait.

          Bonne soirée,

          Fabrice Nicolino

          1. Merci de me répondre. C’est toujours un honneur.

            Cela dit, qu’après lecture d’un texte de 3,50m (j’ai mesuré), tout ce que vous ayez retenu c’est que je me contente des coquelicots des bas-côtés de la route, c’est assez surprenant.

            D’autre part, comme Laurent Fournier (à croire que c’est contagieux), vous avez une fâcheuse propension à faire de la psychologie à deux balles en ne retenant de ce que j’écris que sa valeur de symptôme dans l’établissement d’un diagnostic : je suis un individualiste (« maladie universelle » !!!… Rien que ça !… C’est grave, Docteur ?…), « revenu de tout » (c’est généralement ce qu’on dit des gens qui sont un peu moins cons à quatre-vingts ans qu’à trente…).

            Si croire ce que chacun peut voir au lieu de se voiler la face c’est être revenu de tout, alors, vous avez raison : je suis revenu de tout. Mais si être revenu de tout c’est penser qu’on ne doit rien faire, alors vous m’avez mal lu.

            – Je roule en hybride (très peu : 2000km/an… juste pour faire mes courses ; je ne peux plus marcher) ;

            – je mange 25kg de viande par an (moyenne nationale : 60kg), du bœuf au plus une fois par semaine et seulement élevé à l’herbe, pour laisser toute la terre cultivable à la nourriture humaine ;

            – je ne chauffe que mon séjour, à 17° (et le cabinet de toilette le temps de prendre ma douche)

            – je ne fais pas de feu de cheminée (particules fines) ;

            – je mange bio, dans les limites de mes capacités financières ;

            – etc.

            Je n’ai aucun espoir, mais, comme le colibri, je fais ma part.

            Le plus éprouvant, c’est que les plus jeunes semblent ignorer complètement la situation et vivent absolument comme si de rien n’était. Si je les harcèle, ce sera pire. Ma seule chance de les influencer, avec le temps, c’est d’être exemplaire. Difficile… J’ai calculé mon empreinte carbone : malgré mes efforts, je suis au-dessus de la limite à ne pas dépasser pour ne pas aller au-delà des deux degrés en 2100… Imaginez ce que cela donne quand on mange de la viande à tous les repas, notamment du bœuf, qu’on se chauffe à 22°, qu’on roule en 4×4 25 000km/an, et autres choses semblables…

            C’est la raison pour laquelle je pense que, pour changer le monde (même en se limitant humblement, au moins dans un premier temps, aux coquelicots), on aura du mal à trouver beaucoup d’amateurs. En revanche, si c’est pour sauver leurs enfants, il y en aura peut-être davantage… C’est la raison pour laquelle, contrairement à vous, je ne vois d’issue que dans le… lobbying, justement. C’est un métier. Il y a des techniques, et qui marchent. La preuve : le nucléaire, les pesticides, les OGM, etc. À refuser d’utiliser les armes de l’adversaire (pas parce que ce sont les armes de l’adversaire, mais parce qu’elles sont efficaces), on se condamne à l’échec. Cela me rappelle (encore) René Dumont, pacifiste radical dans les années trente. Résultat : accords de Munich en 1938 (vous connaissez certainement le mot de Daladier, ovationné par la foule à sa descente d’avion : « les cons !… »), et, deux ans plus tard, en trois semaines les Nazis sont à Lorient !… Pendant la guerre froide, on entendait souvent : « plutôt rouge que mort ! ». Hegel écrit (je crois me rappeler que c’est dans la « Phénoménologie de l’Esprit »…) que ce qui distingue l’esclave du maître, c’est la peur de mourir. Aujourd’hui, la formule a changé : « après moi le déluge !… », avatar du mot resté célèbre de mai 68 ! « jouissons sans entraves ! ». Au fait, c’est là peut-être ce que vous appelez « individualisme »…

            Autrement dit, les ONG, c’est bien, mais lorsque les parents, au lieu de râler quand le professeur ne met pas la moyenne à leur petit trésor, accepteront de payer (cher) des lobbyistes suffisamment nombreux pour hanter les couloirs du Parlement Européen et ceux des Parlements Nationaux, pour faire comprendre aux élus qu’ils sont sur un siège éjectable, les choses risquent de prendre une autre tournure.

            Personnellement, si je joue les colibris, c’est, bien sûr, dans l’intérêt général – c’est en tout cas ce que je me raconte, pour me donner de l’importance – mais, dans mes moments de lucidité, je sens bien que c’est surtout parce que j’ai des enfants, des petits-enfants et que, si tout se passe bien, en janvier, j’aurai une arrière-petite-fille. J’éprouve une immense tristesse à l’idée de ce qui l’attend et je suis prêt à voter pour toute personne qui semble déterminée à faire quelque chose pour elle (et qui semble capable de le faire).

            Si, en même temps, cela fait revenir les coquelicots, on ne va pas se plaindre…

  22. Kenique Vergal, vous aimez tant le discours paradoxal que vous le faites en continu!

    Vous me signalez que l’esclavage existe encore. Merci. Et qu’en concluez-vous? Qu’il ne fallait pas l’interdire? Les armes chimiques existent encore (Utilisées exclusivement contre les populations civiles d’Asie Occidentale, mais les machines pour les produire sont toutes fabriquées en Europe Occidentale…) et il y a même des meurtres et des viols un peu partout… Est-ce à dire qu’il ne faut rien faire?

    Je crois que vous sous-estimez l’intelligence et la finesse de notre société. Travers trop répandu. « J’ai tout compris, moi je suis contre les pesticides, l’amiante etc. mais la société étant ce qu’elle est, moi génie isolé je suis trop seul pour agir et je ne peux rien faire ».

    Pariez donc sur l’intelligence de vos concitoyens! Ils ne sont pas plus bêtes que vous. Nous avons, nous aussi des chercheurs de pointe et ils ne sont pas plus bêtes que nous, ils demandent simplement à ce qu’on soit aussi exigeants envers eux que le sérieux de la situation le demande.

    Vous me posez une question personnelle. Vous me demandez ce que je ferais moi, le lendemain de l’interdiction des pesticides. Vous voyez, j’ai interdit les pesticides dans mon activité professionnelle depuis 2006 (la première année où la question s’est posée). Je travaillais dans une grande agence d’archi et j’ai lutté contre tout le monde, du patron aux prescripteurs et aux clients, en passant par les ingénieurs, pour se passer de Chloropyrifos, et qu’à la place on mette en œuvre des mesures anti-termites non-toxiques, qui sont très nombreuses, et demandent juste un peu de jus de cerveau. Mon succès a été mitigé, limité aux seuls projets dont j’avais la charge exclusive, et pas plus longtemps que je fus en charge, mais au moins, comme dit Fabrice (et Soljenitsyne), « le mensonge n’est pas passé par moi ». Je n’ai pas empoisonné l’eau des enfants de mes voisins. C’est un plaisir durable, vous savez. La vie est trop courte pour avoir honte de ce qu’on fait, non?

    Si vous êtes intéressé, lisez « The Best Control » de Steve Tvedten. Libre d’accès.
    Maintenant j’élimine tous les produits toxiques, même les peintures (j’utilise de l’acier galvanisé, et mes fenêtres sont galvanisées après fabrication, pour couvrir les soudures). Le fer et le zinc ne sont pas toxiques, et réparables. Je traite le bambou avec des sels de bore, et je peint les murs avec de la chaux et de la bouse de vache.

    (Tiens, deux « pesticides », selon le bon Dr. Ames 🙂 🙂

    Mes clients, qui ont plus de bon sens que le Dr. Ames, sont heureux de ne pas etre obligés d’empecher leurs petits enfants de toucher les bambous ni de lécher les murs!

    Il n’y a pas de réponse générale pour éviter les poisons. Chaque réponse doit être hyper-spécifique, et elle doit être efficace, bon marché, et donner des effets immédiats. C’est possible, puisque c’est toujours comme cela que toutes les innovations ont fonctionné. Mais il faut que chacun en fasse son affaire personnelle. On va y arriver, et on sera contents de nous, et fiers devant nos enfants.

  23. Abolir les pesticides n’empirera nos problemes, ca les rendra moins insurmontables. C’est mon experience dans ma profession, qui est le batiment et pas l’agriculture, mais c’est mon experience concrete. Et ce, des le lendemain, et toutes choses egales par ailleurs. Et en prime, ca fait souvent d’une pierre deux coups, ca resoud des problemes qu’on ne croyait pas solubles, ca ouvre des portes… on respire deja mieux. Des le lendemain!

    Mes clients n’ont pas toujours ete ecologistes. Pour eviter le chloropyrifos, il a fallu que j’emploie d’autres arguments: Le prix, l’efficacite, la longevite, les avantages additionels. Ce n’est pas du blabla. Il faut des chiffres, et les prouver. C’est du travail, mais comme personne n’est amoureux du chloropyrifos (sauf Monsanto et les gens paresseux), ca convainc.

    Lorsque le tiroir-caisse semble etre notre ennemi, il y a toujours un moyen de le retourner, en redoublant d’intelligence et surtout, en pariant sur le bon-sens de nos contemporains.

    1. Tout-à-fait d’accord.

      Malheureusement, ce qui est possible dans le bâtiment ne l’est pas en agriculture. Vous ne pouvez pas, sur un sol mort vous mettre à faire du bio et obtenir du jour au lendemain des rendements suffisants pour nourrir la population et gagner votre vie. C’était le sens de ma question, qui vous a tant occupé, au point que vous n’avez même pas trouvé le temps d’y répondre.

      « on fait quoi ? » ne signifiait pas « comment doit-on s’y prendre pour produire de la nourriture sans pesticides ni engrais ? » – ça, non seulement on sait faire, mais j’ai abondamment montré que j’étais au courant – mais « comment fait-on pour faire face à la baisse de rendement (pendant une « poignée d’années »…) qui va en résulter ? ».

      Autrement dit : comment fait-on pour nourrir la population sans ruiner les agriculteurs, sachant qu’on ne peut pas, dans le cadre des accords internationaux, et notamment européens, les subventionner ni taxer les produits à l’importation ? On n’a même pas le droit de marquer ses productions du label « Agriculture Biologique » – qui permet de vendre plus cher sans distorsion de concurrence – tant qu’il reste des traces, notamment chimiques, des anciennes pratiques et, de toute façon pas avant au moins trois ans, généralement cinq.

      Malheureusement, le label bio est compatible avec les pesticides naturels, mais tout insecticide, tout fongicide est létal pour la faune épigée ; qu’il soit « naturel » ou « de synthèse » n’y change rien (Quand cessera-t-on de valoriser la Nature ? La Nature est hostile. Notre erreur, c’est de nous être crus plus forts qu’elle. On ne survivra que par la ruse, en s’appuyant sur la pédologie). Or, sans faune épigée et sans champignons, pas d’humus ; sans humus, pas de renouvellement du complexe argilo-humique ; sans ce renouvellement, perte de sol.

      En Beauce, on perd un centimètre de terre par an. Dans le monde, on a perdu deux cinquième des terres disponibles (ce qu’il en restait) en un siècle. Quand on « consomme » régulièrement un stock limité, on finit forcément par l’épuiser. C’est valable pour la terre comme pour le pétrole, le gaz, le charbon, le cuivre, le néodyme, etc.

      En France, notamment en Beauce, la couche est épaisse : elle donne l’illusion d’être inépuisable (on se rappelle le mot de Louis XV : « ça durera bien autant que moi… »). Dans les pays tropicaux, où la couche est mince, on connaît bien le problème. D’où la déforestation (quand on n’a plus de sol, on défriche), qui, entre autres choses, ajoute des quantités impressionnantes de CO₂ dans l’atmosphère. D’ailleurs, la forêt, elle aussi, est limitée. Après épuisement, la forêt mettra des siècles à se reconstituer… et encore… à condition que l’évolution climatique le permette… Les arbres, ça ne pousse pas dans n’importe quelles conditions. Platon (déjà…) se lamentait de voir que la déforestation de son pays en avait fait une terre pelée et stérile. Vingt-cinq siècles n’ont pas suffi à réparer les dégâts. Si, comme la Grèce, la Beauce était en pente, il y a déjà bien longtemps que ce serait une lande…

      On voit que la limitation de l’interdiction aux pesticides de synthèse n’est pas une loi de protection de la ressource, mais une loi de santé publique, hélas non pertinente. En effet, aucune loi scientifique ne permet d’affirmer, ni que tout ce qui est synthétique est mauvais pour la santé, ni que tout ce qui est naturel est bon… et pour cause : les contre-exemples abondent. Le CIRC n’en tient à peu près aucun compte et, de toute façon, il limite (à quelques exceptions-près) ses recherche au risque de cancer attaché aux molécules de synthèse.

      Où l’on voit (je trouve même que cela crève les yeux) que, tant qu’on refuse de répondre à ma question, on bavarde.

        1.      Ça me rappelle la Rosengart LR4 sur laquelle j’ai appris à conduire (il y a soixante-cinq ans : ça ne nous rajeunit pas). Elle non plus, ne voulait pas avancer. Tout au moins, c’est ce que je croyais. En fait, c’était peut-être moi…
               À propos de cas général, dans l’avant-dernier paragraphe de mon commentaire du 23 septembre, j’avais déjà noté, à mon détriment, qu’on se fait souvent des films, mais que, au fond, on ne pense qu’à soi…
               J’ai déjà essayé d’attirer votre attention sur votre propension à critiquer celui qui parle plutôt que ce qu’il dit. Je vois que vous continuez. J’en déduis que c’est un choix délibéré. Dont acte.
               Ce qui m’aurait peut-être permis d’avancer, puisqu’il faut avancer, ç’aurait été de pointer, dans mes interventions, des erreurs factuelles ou logiques. Je ne demande qu’à apprendre. Apparemment, vous n’avez rien trouvé.
               Au fond, même si vos réponses ne débordent pas de bienveillance, je les trouve plutôt rassurantes. J’aurais préféré qu’elles fussent instructives.

      1. Kenique Vergal, désolé mais vous vous êtes démasqué. Vous écrivez « tout à fait d’accord » avec mon commentaire, alors qu’il ne comporte aucun fait technique. Autrement dit, vous êtes sensible à l’argument d’autorité, vous pensez que j’ai donné suffisamment d’indications que je suis « du métier » pour ne pas vous aventurer à examiner les faits.

        Au lieu de débattre des faits techniques, de me forcer à livrer les faits, vous déclarez que « ce qui est possible dans le bâtiment ne l’est pas en agriculture ».

        Et en vertu de quoi, sans examiner les faits? Sur la base de mon témoignage?

        Et pourquoi donc, puisque je n’ai donné aucun argument technique au sens propre? Le cœur de mon argument était sur l’attitude face à la vie, basée sur le témoignage de mon expérience professionnelle de 25 ans. Vous avez décidé de me croire. Merci.

        Mais votre position est purement idéologique.

        Pourquoi pensez-vous que seul le domaine du bâtiment peut donner ces opportunités, et pas l’agriculture? Parce que l’agriculture serait « naturelle », et le bâtiment « artificiel »? Après ce que vous écrivez vous-même sur « le synthétique » et « le naturel »?

        Car au fond, votre avalanche d’arguments (vous nous ressortez même, discrètement dans votre dernier paragraphe, celui du Dr. Bruce Ames, sur les « pesticides naturels ») revient au constat du Dr. Rozenbaum, « La vie est une maladie sexuellement transmissible et constamment mortelle ». Ah oui 🙂 (Ou en plus court, « à long-terme nous sommes tous morts ») 🙂 🙂 🙂

        Alors autant essayer de vivre dignement, et de s’amuser un peu, dans le temps qui nous est donné, au lieu de dépenser notre énergie limitée à démontrer qu’aucun changement n’est possible.

        Avec vos arguments, qui aurait pris le risque, il y a 10,000 ans, de commencer à replanter des graines de riz?

        Avec tous les risques écologiques, économiques, financiers, politiques, géopolitiques… que l’agriculture a déclenché depuis 10,000 ans. Qui aurait pu le prévoir à l’époque?

        On l’a fait quand même. En 10,000 ans, l’homme a « synthétisé » plusieurs centaines de milliers de variétés de riz différentes, dont aucune ne survivrait aujourd’hui sans une constante intervention humaine (même la plupart des graines congelées à l’IRRI aux Philippines sont foutues, elles ne survivent que 30 ans dans ces conditions, la seule solution c’est de replanter chaque année!)
        Que sont les pesticides? Une péripétie dérisoire, une étape au fond très courte, qui a commencé il y a moins d’un siècle et qui finira bientôt, car on a tous envie que nos enfants aient encore à manger.

        1.      Mon « tout-à-fait d’accord » portait sur votre dernier paragraphe. Je reconnaît que c’était ambigu.

               Concernant la construction, j’avais cru comprendre, à vous lire, que, dans ce domaine, on pouvait changer de pratique rapidement, mais je n’y connais rien et j’ai mal interprété vos propos.

               De mon point de vue, cela ne change rien. La chose dont je suis certain, c’est qu’il faut plusieurs années pour passer au bio, d’une part, et que c’est très difficile, surtout financièrement, notamment à cause de la législation européenne qui entraîne, pendant la transition, une forte distorsion de concurrence.

               Contrairement à ce que vous suggérez, je ne pense pas qu’on ne puisse rien faire, mais que, pour passer au bio sur une grande échelle, il faudra d’abord modifier cette législation… ou la transgresser !…

               Si je me trompe, et si on peut contourner l’obstacle, je serai le premier à m’en réjouir.

               Quant à ce que je dis à propos des pesticides naturels vs artificiels, cela n’a rien à voir avec le travail de Bruce Ames. Ce chercheur ne s’occupe que des effets sanitaires des pesticides, que je n’ai même pas effleurés dans mes commentaires. Pas la moindre allusion sur ce point dans tout ce que j’ai écrit ici. C’est un sujet que je connais mal (et, apparemment, qu’ON connaît mal. C’est en tout cas ce que dit Bruce Ames) ; m’exprimer là-dessus m’exposerait à dire des bêtises, ce que je m’efforce d’éviter. Il faut croire que j’y parviens, puisque dans tout ce que j’ai écrit sur ce blog, vous n’avez, jusqu’à présent relevé aucune erreur (cherchez bien ; il y en a sûrement). Mes commentaires ne vous ont inspiré que des jugements ad personam, tous négatifs, d’ailleurs…

               Ce qui me rassure, c’est que l’induction ne prouve rien et ne permet que de se forger une opinion, chose très fragile, par nature provisoire (sauf chez les idéologues) sur laquelle il est toujours périlleux de s’arrêter. Heureusement, pour ce qui nous concerne vous et moi, cela n’a pas beaucoup d’importance…

               Ce qui me préoccupe (et je ne vois pas en quoi ce point de vue est « idéologique ». On ne peut pas s’intéresser à tout…), c’est la disparition des sols, cas particulier de l’épuisement des ressources, qui est mon principal centre d’intérêt, car mes petits-enfants pourront peut-être éviter de mourir prématurément d’un cancer dû à la malbouffe, mais, ce qui les menace sans qu’ils puissent y échapper, c’est la raréfaction, non seulement du luxe, mais aussi du nécessaire, que nous devons à la surpopulation aggravée par le libéralisme – ou l’inverse, au choix – contre lesquels je ne vois aucune solution (ce qui, contrairement à ce que vous semblez disposé à croire, ne veut pas dire du tout que je pense qu’il n’y en a pas. Cela veut seulement dire que « je ne sais pas », phrase qu’on devrait se répéter dix fois matin, midi et soir, ne serait-ce que pour s’entraîner, au cas où… Fabrice va même jusqu’à écrire : « peut-être ne voulez-vous pas avancer… ». Non seulement je ne comprends rien, mais, en plus, je le fais exprès, ce qui m’a rendu perplexe : comment peut-on en arriver là ?…). Si vous avez une idée, j’achète.

               Or, dans cette perspective, les pesticides, qu’ils soient naturels ou artificiels n’en restent pas moins des pesticides, destructeurs des insectes ravageurs et des champignons pathogènes, certes, mais aussi des insectes et des champignons indispensables à la production de l’humus. J’ai essayé d’expliquer les conséquences désatreuses de ce phénomène. Je croyais avoir été clair sur ce point, mais c’est raté.

               Je constate que cela ne m’a servi à rien de lire Gustave Le Bon et Edward Bernays (et même Cicéron !…). Ils nous disent pourtant clairement que, pour convaincre, il ne sert à rien d’expliquer : il faut émouvoir. Face aux coquelicots, avec mes considérations sur la faune épigée (et les chiffres !… quelle horreur !…), je ne fais évidemment pas le poids. C’est même un peu ridicule, il faut bien se l’avouer…

               On ne raconte jamais la fin de la légende du colibri, mais vous la connaissez peut-être : toute la forêt a brûlé et il est mort d’épuisement…

  24. Kenique Vergal, pendant 20 ans j’ai fait de l’architecture ecologique comme un fraudeur, en contrebande, sans jamais vraiment avouer ce que je faisais vraiment. Sinon c’etait le refus, soit abrupt (« l’ecologie c’est a la mode, j’ai ni le temps ni l’argent pour ca, je suis pas un bo-bo ») soit diplomate (« c’est chouette, t’es un artiste, je te promets qu’on fera ensemble des choses comme ca un jour, tu sais au fond de moi je suis un Gandhien, mais pour ce projet-la je crois que ca va pas etre possible, car le budget est minuscule et on est super en retard ») soit carrement aggressif (« pas question que tu fasses TES experiences avec MON argent »). Je sais donc, par experience, qu’il faut ruser. Jouer sur le prix, sur la beaute (a condition de ne JAMAIS le dire, la non plus!), sur l’utilite… Je sais par experience qu’on arrive toujours a son but, lorsqu’on le veut vraiment. Le malheur du colibri, ce n’est pas que la foret brule, ce n’est pas qu’il meurt d’epuisement, c’est bien pire: C’est lorsque qu’il constate qu’il s’est epuise a sauver une fausse foret, comme chante Brassens, qu’il s’est « trompe d’idee ». Mourir d’epuisement, la belle affaire! Il faut bien mourir de quelquechose. Mais se tromper d’idee, ca c’est triste.

  25. Cher Kenique Vergal, j’ai parfois reagit de maniere vive a vos arguments, qui tous disent la meme chose: Interdire les pesticides ne va pas simplifier nos problemes, mais les aggraver.

    Comme vous avez raison!

    Interdire les pesticides ne vise a resoudre aucun probleme. Tout comme mettre les enfants a l’ecole. Ca coute cher, il faut payer les profs, alors qu’ils pourraient travailler, et puis des citoyens eduques c’est pas gouvernable. L’ecole n’est pas la solution, c’est le probleme. Pareil pour l’esclavage: Gerer une population non-esclave est bien plus difficile que gerer des esclaves, et ca coute beaucoup plus cher. Pareil pour la vie intime: Aimer son epouse pose enormement de problemes particulierement insolubles, qu’une esclave sexuelle peut resoudre sans efforts et a moindre cout. Meme dans des affaires plus terre-a-terre on voit le meme probleme: Plus on comprend ce qui se passe autour de nous, et plus notre vie devient difficile. D’une maniere generale, toute organisation, toute entreprise, est plus difficile a gerer lorsqu’elle grandit et ses ambitions avec. Par exemple, les coquelicots: S’il n’y en avait qu’une petite centaine, ca ne poserait aucun souci ni aux dirigeants ni meme a Fabrice et ses amis, qui pourraient tranquillement continuer de lamenter l’ordre des choses dans des articles feroces, sans deranger personne. La libre expression est un symbole d’une vie democratique saine, voire meme une « soupape de securite », Emmanuel Macron et Gerard Collomb sont surement d’accord sur ce point.

    Je suis cynique mais pas completement: D’une maniere realiste, interdire les pesticides pose effectivement tout un tas de problemes nouveaux, certains qu’on n’avait peut-etre meme pas imagine, alors que continuer a empoisonner le monde et nous avec, simplifie tout.

    Vivre dignement et se simplifier ses propres obligations n’est peut-etre pas la meme chose, et vous l’avez illustre par quantite d’exemples concrets, qu’effectivement, nous allons devoir travailler dur pour les resoudre, ca serait naif de l’ignorer.

    Ne prenez pas ce commentaire pour une provocation, malgre la forme: Je crois que profondement, nous sommes d’accord!

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