Complément sur la chasse (et FNE via la Ligue ROC)

J’avais totalement oublié l’épisode Pipien ! Il est pourtant essentiel pour comprendre la dérive de la Ligue ROC, dont je parlais ici même hier. Ce monsieur, adhérent de la Ligue Roc et de la LPO, a été en effet directeur de cabinet de Roselyne Bachelot en 2003, quand cette dernière était ministre de l’Écologie. Pipien est ingénieur général des Ponts et Chaussées. Ce que vous allez lire ci-dessous se trouve dans le numéro 25 du bulletin Action Nature (juillet 2005). Cela devrait faire réfléchir un certain nombre de gens. Non ?

Mais que diable sont-ils allés faire dans cette galère ?

Le monde associatif de la protection de la nature nous réserve quelques fois de bien curieuses surprises. Ainsi, dans un livre à paraître à la rentrée mais déjà diffusé à quelques heureux privilégiés, la ligue ROC pour la défense de la faune sauvage et la défense des non-chasseurs (ex Rassemblement des Opposants à la Chasse) a réuni quelques spécialistes pour parler de tout ce qui ne va pas sur notre planète.
Jusque-là rien d‘anormal, ni même d‘original, d‘autres avaient pratiqué de même il y a peu. Mais là où le ROC a fait très fort, et ce que personne jusqu‘alors n‘avait osé faire, c‘est de confier la synthèse de ces réflexions « offertes au débat » à Gilles Pipien, qui n‘est autre que le premier directeur de cabinet de la célèbre Roselyne Bachelot du temps de son très remarqué passage au ministère de l‘écologie et de la Destruction Durable !

Alors même qu‘il était on ne peut mieux placé pour réaliser tout ce qu‘il recommande dans cet ouvrage, ou tout du moins pour tenter de le faire, il s‘était à l‘époque appliqué à faire exactement le contraire ! C‘est grâce à lui et à son zèle, que nos chers Martres, Putois et Belettes sont retournés illico presto rejoindre les fouines et autres corbeaux dans la liste nationale des espèces nuisibles. Liste dont ils n‘étaient sortis que quelques mois auparavant grâce à Yves Cochet !

C‘est également M. Pipien qui a complaisamment réouvert le récurrent dossier des dates de chasse, que l‘on pensait clos depuis janvier 2002. Réouverture qu‘il s‘est appliqué à réaliser en saucissonnant les décisions en de multiples arrêtés et décrets, afin de rendre la tâche des associations de protection de la Nature plus dure. Peine perdue, le Conseil d‘Etat a statué à de multiples reprises contre ces arrêtés Pipien/Bachelot.

Et la liste est encore longue. (nous avons des tonnes d‘archives !) Bien sûr, on peu croire aux miracles, ou aux conversions tardives. Mais un tel retournement de veste n‘est tout de même pas près de passer pour crédible ! Ainsi, en région Rhône-Alpes, Gilles Pipien est l‘objet depuis le 7 mars 2003 d‘une tendresse toute particulière. C‘est lui en effet qui s‘est rendu sur le col de l‘Escrinet, haut lieu du braconnage de masse, pour y soutenir et y encourager cette pratique totalement illégale ! Les braconniers ardéchois en rient encore…

Les associations de protection de la Nature beaucoup moins. Depuis ce coup d‘éclat de mars 2003, le braconnage à repris de plus belle. Si le ROC a accueilli à bras ouverts l‘ancien directeur de cabinet, c‘est avec du goudron et des plumes que certains aimeraient l‘accueillir en Ardèche et dans les environs …

Nous aimerions plaider les circonstances atténuantes pour le ROC, vous dire qu‘il s‘agit d‘une regrettable erreur, qu’ils ne savaient pas, qu‘ils n‘avaient jamais été mis au courant des étonnantes aventures du sieur Pipien. Mais ce n‘est malheureusement pas le cas. Toutes les associations de protection de la Nature se souviennent très exactement des agissements du directeur de cabinet de R. Bachelot, avant qu‘il ne se transforme en Monsieur bons offices du ROC. Les faits sont têtus, et la presse a largement relaté les divers coups bas qu‘il a assénés à la protection de la nature. Y compris le « Pipien Show » de l‘Escrinet, épisode peu glorieux dont les medias s‘étaient à l‘époque faite l‘écho en citant quelques perles du bonhomme, dont l‘une des plus gratinées : « La loi doit être respectée. En matière de chasse, il faut l‘adapter car elle pose problème » !

Souvenons-nous que s‘en sont suivies deux lois sur la chasse particulièrement régressives… Le nouvel ami du ROC a vraiment un lourd passé. Nous n‘oublions pas non plus que la vice-présidente du ROC a plaidé, aux cotés de R. Bachelot devant le Conseil d‘Etat saisi par l‘ASPAS (Association pour la Sauvegarde et la Protection des Animaux Sauvages) et la CVN (Convention Vie et Nature) de recours contre les arrêtes des dates de chasse ! Ce qui n‘a heureusement porté chance ni à la ministre ni à ses arrêtés…

Mais que diable sont-ils allés faire dans cette galère ?

9 réflexions sur « Complément sur la chasse (et FNE via la Ligue ROC) »

  1. vouaih,dans le milieu des bêtes,tout le monde le sait,seul le RAC ,CVN,ASpas et d’autres sont sur le terrain,et sont sans repproche et sincére,la derive du ROC est déja ancienne,marketing et rien sur le terrain,mais ce que vous dites est bien vrai et je vais faire circuler a ceux qui avaient encore des illusions sur eux.

  2. Certaines associations veulent protéger les espèces envoie de disparition parce que qu’elles sont utiles à l’Homme. Elles se foutent de la souffrance des animaux en général, sont donc pour la chasse même dans ce qu’elle a de cruel : la chasse à courre, le piégeage, le déterrage etc…
    Le ROC déçoit de plus en plus. On n’est pas étonné quand on voit qui le dirige !!! avec qui il faut alliance !

  3. Le ROC est très très décevant depuis quelques années. Il s’allie avec des chasseurs ! Heureusement beaucoup s’en aperçoivent.
    Le RAC, la CVN et l’ASPAS s’opposent aux souffrances infligées à la faune par jeu : la chasse à courre, le piégeage, le déterrage et à la chasse en général.

  4. Il faut aller jusqu’au bout, Fabrice, puisque tu as lancé le débat.

    Depuis qu’on évoque la ligue ROC, le nom de son président Hubert Reeves n’est jamais écrit dans tes articles ou dans les commentaires qui suivent, comme si ce nom était « sacré. »

    Or Gilles Pipien le dit: HR a été son professeur.

    Voir sur ce lien un Colloque universitaire sur l’Environnement « Pour que la Terre reste humaine »(7 et 8 janvier 2005) : organisé par Pipien.Voir les 3 séances: c’est long, discutable mais intéressant à explorer .HR y participe;la ligue ROC finance.

    On voit la dérive (sans « jeu de mots »)grâce à la personnalité d’Hubert Reeves, grand communicateur, la ligue ROC joue maintenant dans la cour des grands avec des universitaires et professeurs connus. Elle n’est plus dans le camp des naturalistes de terrain (ornithos, mammalogistes), qui eux se déplacent, les chaussures boueuses, aux mêmes endroits et en opposition directe avec les chasseurs.

  5. Cher Jean-Pierre,

    Tu as mille fois raison. Jusqu’ici, je pensais préférable de ne pas trop personnaliser le débat, compte tenu de ce qui s’est passé récemment autour de Sébastien Genest, président de FNE. Mais je vois, mais je crains que la Ligue ROC ne fasse le gros dos en attendant que cela passe. En général, ça marche très bien.
    Je vais donc attendre un peu, mais sache que je ne redoute pas de critiquer Hubert Reeves. Il n’est pas intouchable à mes yeux. Personne ne l’est, d’ailleurs.

    Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  6. On ne comprend pas quelle est votre position vis a vis de la chasse.
    Vous partez d’une position morale abstraite. Tu ne tueras point d’animaux.
    Mais le fait de manger meme du ble necessite la destruction des raz taupier et l’extermination des lapins, des chevreuil et des sangliers.
    Imaginez une campagne francaise sans chasseurs. Les sangliers et les cerfs pulullerait et les cultures seraient constamment ravagees. C’est ce qui c’est passe en australie avec l’introduction du lapin. L’introduction de la myxomatose mutante a plusieurs reprise n’y a rien fait car le lapin n’y a pas de predateur naturelle mis a part les chasseurs pas assez nombreux en australie…
    En suede les chasseurs ne manquent pas, mais ils preferent visiblement chasser l’elan. On constate une invasion inquietante des sangliers en ce moment qui endommage non seulement les culture mais les forets.

    Vous me direz alors, ok, dans un ecosysteme, les epidemies ne sont pas toujours suffisantes pour reguler les populations de facon reguliere et stable et il faut des predateurs. Mais porquoi l’homme devrait il chasser ? Bonne question !
    1) L’homme peut le faire et l’a toujours fait depuis la deglaciation en europe. L’ecosysteme stable a ete forme par cette interaction.
    2) Le loup est utile et peut reguler une grande quantite d’espece. Mais pas forcement toutes, notamment celles qui ont ete favorise par l’etalement de l’habitat humain. Le loup a des techniques de chasses et son gibier prefere. La perturbation humaine est recente par rapport a l’evolution.
    3) Reintroduire le loup en masse est souhaitable. Est ce possible ? Oui dans les zones non urbaines, mais il se suffit pas de vouloir, il faut pouvoir. Or le loup trouve de nombreux obstacles qui genent sa survie dans le monde densement peuple qu’il rencontre (route, pollution qui diminue son pouvoir reproducteur, activite humaine, reduction importante des surfaces boises non morcelles etc). Il est fort a craindre que le loup n’arrivera pas a se developper correctement dans un monde agricole comme le notre. Sa disparition correspond au recul des forets tout autant qu’a la chasse intensive.
    En attendant, il faut reguler les populations de cerfs, lapins et autre sous peine d’avoir des forets sans arbres jeunes, et des ecosysteme degradee. L’empoisonenment n’est pas une option, l’introduction de virus mutant n’a jamais ete efficace. Reste donc la chasse. Il faut simplement que la chasse soit controle par des gens soucieux de preserve les ecosystemes, et qu’elle ne soit pas un simple defouloir.
    4) La chasse n’est plus necessaire pour s’alimenter entend on ? Ah oui, mais parce que nous attendons que l’industrie nous produise notre tofu tout cuit. Mais en realite quel est l’impact equivalenet en pesticide (reprotoxiques pour toute la faune), en C02, en transport, en emballage et bien d’autre de cette nourriture ? Quel est l’impact ecologique du type qui flambe un lapin qui a fait sa portee au fond du jardin parce qu’il commence a ne plus avoir une seule carotte pour lui (et c’est pas si facile, croyez mois…) Et bien aucun. Toute la portee n’est pas destinee a mourrir de vieillesse, il n’y aurait plus assez de carotte et cela fera 3 repas pour ce brave jardinier.

    Idem pour la peche. Certaines especes sont surpeche, il faut se battre contre la surpeche. C’est une question de vie ou de mort pour nous et ceux qui nous suivrons. Mais en dessous du seuil de surpeche, il faut utiliser au mieux cette ressource car peche a procimite, ou encore mieux, par des amateurs qui pechent a pied, c’est une source de nourriture naturelle qui ne correspond a aucun co2 emis et aucune pollution.

    La chasse et la peche sont encore et seront toujours necessaire. Tout est question de methode et de niveau de prelevement. Les animaux meurt de predation quoi qu’il en soit, et si nous ne les conssommons pas nous conssommons l’equivalent en les privant de leur ressource et en detruisant en plus l’environnement pour produire artificiellement ce que la nature produit tout seul.

  7. Il faut que je precise quelque chose qui pourrait apparaitre comme une incoherence:
    je dis que l’ecosysteme a ete forme par la presence de l’homme depuis la deglaciation. C’est vrai, l’homme a toujours ete present et a suivie les rennes jusqu’au confin des terres boreal puis est reste durant la formation des ecosysteme post glaciaire.

    Mais ce qui a bouleverse la donne est la revolution du neolithique qui a conduit a une acceleration exponentielle de l’occupation des ecosysteme par l’homme. Et les consequences extremes de ce changement tel qu’on le constate depuis surtout deux siecle ne laisse aucune chance d’adaptation. Ce qui explique autant voir plus que la chasse la disparition de tous les predateurs.

    Par exemple en Laponie, lors de la venue des suedois, les lapons ont accorde des droits de chasses et le commerce de la fourrure s’est fait sans que cela n’induise la disparition des grands predateurs car le prelevement etait gere et limite.
    Lorsque les rois suedois ont augmente les impots pour financer les guerres au 18eme, il ont force les lapons a passer de la chasse a l’elevage massif du rennes (le prelevement de droit ne suffusait pas a payer de lours impots, il fallait vendre de la viande, seul produit possible en terre arctique).
    C’est a ce moment la qu’une traque sans merci a ete entreprise contre les loups, ours et glouton (järv, wolverine) qui decimait les troupeaux.
    C’est donc bien la conversion a un mode de vie agricole (elevage, culture) plus que la chasse traditionnelle qui a induite une forte regression des predateurs. Et une fois ceux ci moins nombreux, l’environnement a ete tellement modifie suite a l’etalement humain accelerant (destruction de la faune sauvage herbivore, recul des forets au profit des paturages puis au sud de l’europe, des cultures), que ceux ci n’ont jamais pu reprendre leur marque.

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