Un message de Marc Giraud (sur la chasse et FNE)

Marc est un ami, mais aussi un esprit indépendant. Je dois confesser que j’aime beaucoup ce gars. C’est un naturaliste de terrain comme il est peu, et il est également écrivain. Pas écrivant. Écrivain. Son dernier bouquin, où il donne la parole aux animaux pour raconter Darwin et ses découvertes (Darwin, c’est tout bête, Robert Laffont), est un délice dont je me pourlèche encore les babines.

Bon, la suite. Il a suivi ici la polémique autour de France Nature Environnement (FNE) et m’envoie donc une lettre que je qualifierai de soutien. Et qui me touche. Moi, je suis effaré du silence de FNE sur les sujets graves que j’ai évoqués. Je vois bien la tactique à l’œuvre, qui est celle des bureaucrates de tous les pays et de tous les temps. On se tait, car on pense, car on espère que tout sera tôt oublié. Peut-être ont-ils raison. Peut-être auront-ils tort. On verra bien. Mais dans tous les cas, alors que flambe la planète, ce jeu lilliputien est indigne.

Je passe donc la parole à Marc Giraud, que je remercie. Un dernier point : Marc est le vice-président de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas). Qui n’est pas membre de France Nature Environnement. Bien à vous tous.

La lettre de Marc Giraud

Merci Fabrice Nicolino ! En cette heureuse période de victoire (et elle est belle, mais attendez la suite !), merci à celui qui énonce simplement ce que tant d’autres n’osent pas dire, on ne sait même plus pourquoi.

Tentons d’analyser. En tant que bénévole de longue date dans plusieurs associations, dont l’Aspas, je me suis toujours gardé de donner dans la « querelle de clocher », car les adhérents détestent ça, et je suis comme eux. Même quand on sait des vérités gênantes, on évite donc de les sortir, par délicatesse pour « son camp », ou pour ne pas donner des arguments au « camp adverse » qui en serait trop content, alors qu’on ne se bat que pour la vérité. Justement. La vérité ne peut pas éternellement se censurer par diplomatie. Depuis le « Grosnul de l’Environnement » bien des choses se sont révélées. Ce Grosnul fut en réalité la fête de l’éco-business, mais sur ce qui touche la « nature naturelle », le non rentable financièrement, on attendra encore longtemps…

Les soupçons que nous portions à l’égard de quelques responsables du Roc et de FNE se sont non seulement confirmés, mais ils sont allés au-delà de nos désespérances. Aujourd’hui, de nombreuses associations sœurs demandent des comptes aux responsables de la fédé, et elles ont raison. Nous communiquons entre nous et nous le savons : des Frapna, le Cora, la Capen et bien d’autres, qui attendent les décisions de leur conseil d’administration avant de les annoncer, se réunissent actuellement pour trancher sur leur réadhésion ou non à FNE.

On en est là. Lamentable ? Oui, mais pas définitif. Des collectifs efficaces se forment sur des actions ponctuelles, la protection de la nature n’est pas morte car elle ne repose par sur une ou deux têtes. Elle est juste en train de se réorganiser.

Et voilà la bonne nouvelle : pour la première fois, après 30 ans de non respect de la directive oiseaux, le col de l’Escrinet a vu passer les migrateurs sans les coups de feu des braconniers. Ceux-là même qui n’avaient pas hésité à séquestrer des garde-chasse, qui se croyaient tout permis, qui bravaient les lois, qui cassaient le matériel et menaçaient de mort les ornithologues à coups d’opérations musclées.

Fini, fini, fini ! Grâce aux responsables de FNE ? Bien sûr que non. Grâce à des militants indépendants, tenaces et dévoués, soucieux de démocratie et de protection de la nature. Bravo au Collectif Escrinet col libre qui a tant œuvré (entre autres à son président Pierre Athanaze), et à tous ceux là et ailleurs qui maintiennent le cap, quitte à prendre des risques. Car oui, la grande majorité des bénévoles et des salariés, de quelle association qu’ils soient, n’ont pas perdu le Nord. Loin des lambris dorés et des compromis pourris, ils continuent de bosser. Entre autres, ils balaient devant leur porte.

Marc Giraud, Écrivain naturaliste

18 réflexions sur « Un message de Marc Giraud (sur la chasse et FNE) »

  1. achetez le livre de Gerard Charollois,magistrat et membre eminent de CVN
    « pour en finir avec la chasse,la mort loisir,un mal français »
    edition IMHO

  2. Merci à Marc Giraud de rappeler que quelques têtes sont là où elles sont par le travail de bénévoles et salariés ayant la « moëlle ». Sans eux, elles ne sont…Rien! Pas mal de passages de palombes en Meuse.

  3. Mr Giraud écrit :

    « Tentons d’analyser. En tant que bénévole de longue date dans plusieurs associations, dont l’Aspas, je me suis toujours gardé de donner dans la « querelle de clocher », car les adhérents détestent ça, et je suis comme eux. Même quand on sait des vérités gênantes, on évite donc de les sortir, par délicatesse pour « son camp », ou pour ne pas donner des arguments au « camp adverse » qui en serait trop content, alors qu’on ne se bat que pour la vérité. Justement. La vérité ne peut pas éternellement se censurer par diplomatie. »

    Merci à Fabrice de faire ce travail salutaire que nous ne faisons trop souvent pas pour les raisons que Mr Giraud expliquent que trop bien…

    MH

  4. Maintenant, il faut que des témoignages comme celui de Marc Giraud se multiplient sur ce blog – et ailleurs.

    Il y a cent, il y a peut-être mille petits Bernard Kouchner de la protection de l’environnement.

    Nous touchons à des plans de carrière. C’est-à-dire au cœur secret de cette société en voie d’autodestruction. Maintenant, il faut que cesse l’abus de confiance généralisé.

  5. Ce qui qui suit est une communiqué de l’Association Nationale des Chasseurs du Gibier d’Eau. C’est un peu long mais très éclairant. Et maintenant, que faisons-nous ?

    « Après avoir rencontré la Fédération Nationale des Chasseurs et engagé des avancées notables sur le dossier martre et belette, JL BORLOO a souhaité recevoir l’ANCGE, l’Association Nationale des Chasseurs de gibier d’eau,
    représentée par P. BETTIG et G. DEPLANQUE, la FACE et l’Union des Fédérations Côtières, en la personne de Y. BUTEL, pour envisager avec elles les améliorations possibles en matière de chasse des oiseaux d’eau migrateurs.
    J. BIGNON, député de la Somme et Président des Tables Rondes de la Chasse, participait lui aussi à cette rencontre.
    La discussion, franche et directe, a permis le balayage des sources multiples du mécontentement actuel des chasseurs
    de gibier d’eau français. Les quelques avancées indéniables, et par tous reconnues, à l’ouverture pour les zones humides intérieures et l’arc méditerranéen, à la fermeture pour plusieurs espèces de gibier d’eau, ont en effet été
    largement entachées par des revers aussi malencontreux qu’incompréhensibles pour une grande majorité d’adeptes de cette chasse : moratoire sur une espèce en bon état de conservation, le courlis cendré ; perte de 10 jours de chasse pour l’oie cendrée alors que son explosion démographique est avérée au point de provoquer des dégâts et d’imposer des mesures d’éradication par endroits ; retard exagéré de l’ouverture de la chasse du vanneau huppé ; …
    La principale réponse à ces questions est la mise en place immédiate et le démarrage du GEOC, le Groupement d’Experts sur les Oiseaux et leur Chasse. Une cellule scientifique objective que l’ANCGE appelait et continue
    d’appeler de tous ses voeux et qui travaillera prioritairement sur ces différents points dès le 31 mars !
    Autre proposition retenue, l’envoi d’une mission parlementaire en Hollande qui aura pour objet de vérifier et d’analyser les destructions d’oies cendrées et rieuses pratiquées dans ce pays. Déplacement programmé pour la fin mars afin d’avancer sans tarder sur le dossier des dates de chasse de cette espèce en France.
    Ont encore été débattus à cette occasion les textes qui constituent le cadre juridique supranational en matière d’usage durable des oiseaux d’eau : la directive oiseaux de 1979 et l’Accord International sur les oiseaux d’eau d’Afrique-Eurasie de 1995.
    JL BORLOO, après une écoute attentive, s’est engagé à interroger le Conseil d’Etat en ce qui concerne la légalité ou non cette première, après avoir rencontré les partisans de cette procédure. Il pense opérer de même pour mesurer les
    conséquences, en droit interne, de l’application du second accord, ratifié à la fois par la France et l’Union européenne, sur la base d’une note que l’ANCGE s’est engagée à lui fournir sans délai.
    A la demande de l’ANCGE et de J. BIGNON, JL BORLOO a aussi accepté de descendre au plus près du terrain pour envisager, de façon très pragmatique, d’apporter des solutions pérennes et de bon sens à des dossiers locaux rendus
    épineux par le temps perdu :
    – opérer le transfert de 3 gabions de la Baie de Seine en s’appuyant sur l’accord validé par l’association qui gère la
    chasse ce site ;
    – déplacer les gabions du Platier d’Oye en lançant immédiatement le financement par l’Etat de ce projet à hauteur de
    33 % (200.000 €), élément déclencheur des autres subventions ;
    – redéfinir les limites de la réserve naturelle de la Baie de la Canche.
    Pour chacun de ces cas, les choses devraient bouger vite…et bien.
    D’autres points importants pour la pratique de la chasse du gibier d’eau ont été aussi traités comme le déplacement des gabions sur le domaine public maritime et des huttes dans les zones humides intérieures, la chasse sur les territoires
    des trames vertes et bleues, ainsi que l’éjointage des appelants,… pour lesquels l’ANCGE s’est engagée à proposer des solutions réglementaires adaptées au ministre.
    L’ANCGE, la FACE et l’Union des Fédérations Côtières sont sorties satisfaites de cette rencontre et du ton des discussions. Il semble que la chasse du gibier d’eau, un temps oubliée des différents débats et des avancées tant
    réglementaires que législatives, revienne au coeur des priorités du ministre et puisse bientôt afficher quelques résultats intéressants. Ce que tous les chasseurs de gibier d’eau de France souhaitent sincèrement et espèrent voir se concrétiser dès l’ouverture 2009, déjà toute proche. »

  6. Revenons à la réalité:

    un million trois cent mille électeurs chasseurs électeurs, bien insérés socialement dans les départements ruraux comme le mien (animation des villages, fêtes des chiens,regard sympathique des journaux régionaux etc…etc…), rendant service aux agriculteurs, bientôt aux forestiers (sanglier et chevreuil font des dégâts aux activités humaines)

    un lobying efficace (Thierry Coste) et un groupe de députés pro chasse important.

    Ca a l’air de bien marcher pour tout ce monde.

    Que disons nous ?

  7. « ..peut-être mille petits Bernard Kouchner de la protection de l’environnement… touchons à des plans de carrière…au cœur secret de cette société ..d’autodestruction ».
    hé bien Alphonse Allais donne un conseil « Le microbe de la bureaucratie. Or, on ne parlemente pas avec les microbes. On les tue! ».Lewis Caroll suggère « Qu’on leur coupe la tête! » in Alice aux pays des merveilles.
    Que disons-nous?: Maman j’ai peur!
    Que faisons-nous?: En 1900, Lénine rejoint à Genève l’ « Union des social-démocrates russes à l’étranger « . Ceux-ci créent un journal, l’Iskra, qui paraîtra à Leipzig, Munich puis Londres. Conscient de la nécessité de centraliser les activités et les idées des différents courants révolutionnaires, surtout après la vague de manifestations et de grèves du printemps 1901, Lénine publie dans le numéro 12 de l’Iskra un article qui deviendra, quelques mois plus tard, la brochure intitulée Que faire ?.
    « ce qu’il y a de plus insupportable, c’est que rien n’est supportable » (A.Rimbaud) ».
    Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience.(René Char)
    « Le jour viendra où les personnes comme moi regarderont le meurtre des animaux comme ils regardent aujourd’hui le meurtre des êtres humains. » Léonardo da Vinci. C’est bon on avance.
    Mais c’est long..comme le râle de benedicte .Alors, Allais pour nous dérider
    « Les bêtes ont-elles une âme? Pourquoi n’en auraient-elles pas? J’ai rencontré, dans la vie, une quantité considérable d’hommes, dont quelques femmes, bêtes comme des oies, et plusieurs animaux pas beaucoup plus idiots que bien des électeurs. »
    « Pour la chasse aux lions: vous achetez un tamis et vous allez dans le désert. Là, vous passez tout le désert au tamis. Quand le sable est passé, il reste les lions. »

  8. Comme Marc le disait, nous venons enfin de mettre un terme au braconnage sur les cols Ardéchois, dont l’emblématique col de l’Escrinet. Ce fut un combat très long. Plus de vingt ans ! Quinze années de vie du collectif Escrinet Col Libre (CORA, FRAPNA et LPO) que nous pensions créer pour quelques années seulement. Toutes ces années pour simplement faire appliquer la loi par les pouvoirs publics!
    Je pense que cet exemple doit montrer que lorsque nous sommes unis, que nous ne transigeons pas avec les lois et nos convictions, nous arrivons à gagner. Et a gagner sans compromission.
    J’en profite pour remercier toutes les personnes et toutes les associations qui nous ont aidé et soutenu pendant ces trop longues années. Y compris Sébastien Genest, le président de FNE qui cette année encore nous a apporté son soutien et son aide dans l’un des moments les plus difficile de la saison.J’en remercie donc vivement Sébastien, mais pas le réseau nature de FNE, et pour cause:
    Je suis très critique de la dérive actuelle du réseau nature de FNE, et n’en fais pas mystère. Je pense que sa stratégie et ses manœuvres nous coûtent actuellement très cher, et je leur en veux beaucoup. Mais il ne faut sans doute pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Les fédé régionales et autres assos doivent exiger des comptes et reprendre possession de ce réseau phare de FNE.
    Dans cette affaire de braconnage de masse en Ardèche, comment le réseau nature de FNE, piloté par le directeur du ROC qui accueille Gilles Pipien (ex directeur de cabinet de Bachelot, voir les épisodes précédents sur ce blog et l’article d’Action Nature que Fabrice à mis en ligne) aurait-il pu nous aider à en finir avec ce braconnage, alors qu’il l’a lui-même encourager en 2003 !!!
    Libre à une assos de choisir la mauvaise stratégie et les mauvais objectifs. Pour peu qu’elle en rende compte à ses adhérents qui déciderons en leur ame et conscience… Mais en aucun cas cette assos n’aurait du squatter le réseau Nature de FNE. Ça a été une très grosse erreur.
    Une erreur ça peu arriver. Mais bien sur, si rien ne change, ce ne sera plus une erreur, mais une stratégie que nous ne pourrons que condamner. Elle nous a coûté très cher lors de la loi Poniatowski et pendant la table ronde chasse. Il est plus que temps que le monde associatif se ressaisisse.

    Pierre ATHANAZE

  9. Tout-à-fait d’accord avec l’analyse de Pierre Athanaze, le but n’est pas de détruire FNE, mais de l’inviter à retrouver un fonctionnement démocratique. Le ver est dans le fruit depuis bien longtemps. Il revient au Président de FNE de faire le ménage. Personne ne le fera à sa place.

  10. Bonjour,
    Puis-je me permettre de vous signaler une pétition contre le déterrage des blaireaux…
    Et la sortie du livre de Gérard Charollois (président de  » Convention vie et nature pour une écologie radicale »):
    « Pour en finir avec la chasse »
    La mort-loisir, un mal français
    Radicaux libres

    Merci à vous
    Anne-Marie (Déléguée Crac (Comité radicalement anti corrida ) Bourgogne))

    http://www.lapetition.be/en-ligne/non-la-journe-de-dterrage-du-blaireau-en-haute-marne-3940.html

  11. Marie,

    Un tamis minimal comporte un cadre avec deux fils en croix. Le seul pb est qu’il risque des laisser passer des grains gros comme des pavés. Le cadre est en bois et les fils sont le pluriel de fil. Non non il ne s’agit pas du cadre sup et de ses deux fils …

  12. Et pendant ce temps-là, que fait Borloo ?

    « Le ministre de l’Environnement Jean-Louis Borloo vient d’annoncer que l’État va participer pour un tiers à la reconstruction de treize huttes de chasse déplacées du platier d’Oye. Une bonne nouvelle pour les chasseurs au gibier d’eau, qui comptent sur les collectivités pour réunir les 400 000 E restants.
    Depuis quatre ans, environ 150 chasseurs de gibier d’eau sont privés de hutte. Dans le cadre d’un accord avec l’État, l’Association de chasse maritime du Calaisis (ACMC) avait à cette époque accepté de quitter vingt huttes implantées dans la réserve naturelle du platier d’Oye. En échange, treize nouvelles huttes devaient être construites à Marck et Calais. »

  13. Lu sur le site de l’Association Nationale des chasseurs de gibier d’eau (ANCGE):

    « Sur les 600.000 € prévus, 200.000 € seront versés par l’Etat avec un engagement immédiat. 200.000 € le seront par la Région. JL. BORLOO a obtenu l’accord du Président PERCHERON sur cette répartition. Les 200.000 € restant seront à la charge du Conseil Général (le Président DUPILET s’est aussi engagé sur ce dossier), des collectivités locales et de l’ACM du Calaisis. »

    Petite remarque: le groupe des députés pro chasse n’est pas inféodé au seul parti qui gouverne…
    Chasse et politique, vaste sujet de méditation..

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