Un mot sur le racisme

On lira – ou pas – le commentaire que j’ai fait à la suite de l’article consacré à Hugo Chávez. Un lecteur de ce site, Raton Laveur, m’a alerté sur une ignominie. Un autre lecteur – Thierry – conseillait la lecture d’un livre antisémite. Je voudrais juste vous dire un mot personnel sur le racisme. Nous sommes le 21 juin 2009, et voici 36 ans aujourd’hui, j’étais dans les rues de Paris.

Le 21 juin 1973, alors que j’avais 17 ans, le mouvement fasciste Ordre Nouveau organisait au Palais de la Mutualité, à Paris, un meeting raciste au titre explicite : « Halte à l’immigration sauvage ! ». Ceux qui étaient visés étaient sans contestation possible les travailleurs arabes de France, dix ans après la fin de la guerre d’Algérie. Les crimes racistes étaient alors monnaie courante. Je m’en souviens tristement comme si c’était hier.

Une poignée de mouvements d’extrême-gauche décidèrent une contre-manifestation destinée à empêcher par la force la tenue de ce rassemblement. Je dis par la force, car c’est ainsi que nombre de conflits se réglaient, dans l’après-68. Le ministre de l’Intérieur, Raymond Marcellin, interdit tout regroupement antifasciste, mais les organisateurs décidèrent de passer outre. Et cette journée du 21 juin 1973 reste gravée dans la tête des 1500 à 2000 jeunes présents autour de la Mutualité, casqués et dotés de barres de fer, prêts à en découdre tant avec les nazillons qu’avec les policiers.

J’en étais. J’étais là avec mes amis de l’époque, moi le jeune banlieusard révolté. Avec Ben, Jean-Pierre, Jean-Jacques, Luc j’imagine. Ce fut la manifestation la plus violente de ces années pourtant extrêmes. Environ 75 policiers furent hospitalisés, et le meeting eut lieu,  sous la protection des CRS et des gendarmes mobiles. Je dois dire que je ne regrette rien. J’ai changé fondamentalement de pensée, j’ai renoncé à la violence pour exprimer mes idées, je ne suis plus le même. Mais je ne regrette pas d’avoir été présent ce jour-là, dans ces conditions-là. Car le racisme demeure à mes yeux une abomination qui commande de se lever à la seconde. J’ai continué à me lever plus d’une fois, et j’espère bien le faire jusqu’au bout.

PS : Je ne pourrai pas intervenir demain lundi 22 juin. Il faudra, en cas de nécessité se rapportant à cette triste affaire, attendre mardi.

 

9 réflexions sur « Un mot sur le racisme »

  1. « le racisme demeure à mes yeux une abomination qui commande de se lever à la seconde. J’ai continué à me lever plus d’une fois, et j’espère bien le faire jusqu’au bout. »
    J’ai porté à 14 ans le badge « touche pas à mon pote » . Ca n’a l’air de rien, sauf que dans mon quartier, à versailles, j’étais la seule et Il était jaune vif pour qu’on le voit de loin . je n’ai jamais supporté d’entendre des gens partager « la paix du christ » et commenter sur le parvis les différences radicales qui pouvaient exister entre un cerveau de blanc et un cerveau de noir , ni cette insupportable négation de la shoa. Clairement dès l’enfance, j’étais une emmerdeuse et je le resterai .

    je crois que ceux qui s’expriment ainsi n’ont pas le courage de reconnaitre à quel point ils se haïssent eux-même . ca pourrai n’être que triste, mais c’est hélas également très dangereux pour leurs voisins . Donc, prévenir le crime .

  2. Jajoute que le racisme cautionne actuellemnt la plupart des génocides en cours . Un indien , n’est ce pas, étant considéré comme inférieur, entre autre . Donc un homme objetisé . c’est un appel au crime psychopathe

  3. Une dernière , car ça me tient à coeur très fortement : « loin de me spolier, ta différence m’enrichie » , Antoine de saint exupéry . Voilà ce que je demande de calligraphier à des enfants en ateliers (entre autre) .

  4. Bénédicte, moi aussi j’ai porté, ce badge, et on n’était pas si nombreux !
    Moi aussi, j’ai parfois été sidérée d’entendre des croyants et pratiquants décréter que « décidément, leur curé allait trop loin et qu’ils ne suivaient plus » ! J’imagine que le curé en question poussait un peu trop la charité chrétienne et les dérangeait dans leur petit confort…

  5. Un poème prémonitoire de Heinrich Heine. « Les ânes se choisissent un roi ». Et celui qui est choisit est un âne pur, pas un cheval avec du sang français ou pire, descendant des zèbres (prononcer zébreux).

    Le poème commence par ces mots : « A la fin, de la liberté on se lasse. »

    Et quand en plus c’est dit par Lutz Goerner, on peut entendre les vociférations haineuses de AH : « Nous allons créer le grand Reich des ânes où seuls les ânes décideront »…

    Heine est mort en 1856. Presque 100 ans avant, il avait senti la dérive possible…

    MH

  6. Le racisme, l’intégrisme, et les idéologies totalitaires sont à combattre avant même qu’elles se développent (gain de temps, de moyens et de vies).

    A Mathieu, poème intéressant.

  7. le badge de SOS racisme j’étais un peu trop jeune pour le porter… Mais très vite cette association a tellement déçue. Ce n’était qu’un satellite du PS et a mon sens, dans les milieux populaire, elle a fait plus de mal que de bien, incitant indirectement les gens à se tourner vers Le Pen.

  8. Eh bien c’est bien dommage, car au départ c’était une fort louable attention. Mais il est vrai que le PS et associés ont été très forts dans la langue de bois, et dans le déni de tout problème lié de près ou de loin à l’immigration, ce qui a fait comme tu dis beaucoup de mal.
    Mais tout cela ne justifie et ne justifiera jamais ni racisme, ni xénophobie.

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