Ce n’est qu’un petit début (De Lafarge à Notre-Dame-des-Landes)

Il y a de cela longtemps, longtemps – pas loin de dix-huit mois -, j’ai écrit ici un papier consacré au Peuple des dunes (lire). Vous pouvez bien entendu tout relire, mais comme j’ai des doutes, je vous résume le tableau. Nous sommes en Bretagne, où depuis des années, le noble cimentier Lafarge, héraut du « développement durable », durable et surtout sans fin, tentait d’obtenir des autorisations pour un chantier de 600 000 tonnes de sable. Une telle quantité, je le précise à toutes fins utiles, ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval.

Mais où, alors ? En mer, pardi, où personne ne vient déranger les beaux engins de chantier. Pour le malheur de Lafarge, entre Gâvres et Quiberon, où ces agapes étaient prévues, le Peuple des dunes s’est levé. Le « Peuple des dunes » regroupe environ 150 associations de toutes sortes, y compris des pêcheurs, ostréiculteurs, et même agriculteurs. Moi, en mars 2008, j’avais souligné l’étonnante détermination des opposants, et surtout leur style. Le style, c’est (presque) tout. Je pariais à cette date qu’ils gagneraient contre le monstre multinational, et c’est chose faite. Lafarge replie ses gaules et ses pompes, et ira détruire ailleurs (ici).

Ma conclusion toute provisoire, c’est que pour gagner, il ne faut pas transiger. Ce n’est certes pas une condition suffisante, mais elle est nécessaire, ô combien ! Retenez ce mot d’un opposant, que je citais l’an passé : « Sachez qu’il n’y a place pour aucune solution négociée avec les cimentiers, car nous ne transigerons pas sur les valeurs qui sont au cœur de notre action. Il n’y a place ni à l’arbitrage, ni à la conciliation, ni à la médiation ».

Voilà bien le langage qu’il faut tenir. Et s’y tenir coûte que coûte. Nous sommes loin du Grenelle de l’Environnement, hein ? Pour gagner, pour espérer gagner, il faut dire non, et faire confiance à la beauté des mots. Je pense déjà à un autre combat, on ne peut plus essentiel, dont l’issue marquera pour longtemps le rapport de forces entre ceux qui avancent à l’abri de leurs bulldozers et nous autres.

Près de Nantes, une flopée d’imbéciles, de gauche comme de droite, tente d’imposer un nouvel aéroport en lieu et place d’une zone naturelle miraculeusement préservée. Or une semaine de rassemblements divers et variés sont prévus autour de Notre-Dame-des-Landes entre le 1 et le 9 août (ici). Eh ben, je n’ai pas de si nombreux conseils à distribuer, mais pour celui-là, pas l’ombre d’une hésitation. Ceux qui seront sur place en août pourront dire à leurs enfants et à leurs petits-enfants : j’y étais. Car pas de doute : il faut.

La pétition contre l’aéroport : http://acipa.free.fr/Petition/petition.htm

14 réflexions sur « Ce n’est qu’un petit début (De Lafarge à Notre-Dame-des-Landes) »

  1. je creuse actuellement le dossier Lafarge car j’habite une boucle de Seine longtemps exploitée par cette entreprise . Depuis quelques temps déjà, elle tente de venir à bout d’une négociation concernant 60 hectares . Une fois la parcelle exploitée, elle serait replantée au mieux pour favoriser les espèces présentes (la zone est classée « natura 2000 ») , dont l’oedicnème criard est un exemple parmi de nombreux autres . ensuite, le terrain serait donné gracieusement à la commune et donc, ouvert au public.En ce qui concerne cette zone d’anciennes carrières, l’aspect de landes laissé par l’exploitation humaine, aurait, dit-on, favorisé la présence d’oiseaux remarquables . J’ai moi-même constaté le biotop extraordinaire de ce petit bout de Seine et les ornithologues s’agitent et se disputent à ce sujet . D’anciens détracteurs de la société sont devenus de fervents défenseurs et de bonne foi semble-t-il . Pour l’instant, la zone convoitée est privée et totalement laissée à l’abandon, ce qui favorise entre autre la prolifération de sumac .
    J’ai lu que wwf avait lancé un partenariat avec Lafarge . Alors, rédemption ou jurisprudence ? (si cette parcelle est exploitée , elle deviendrait un cas de jurisprudence, pourquoi, alors, d’autres zones protégées ne le seraient-elles creusées à leur tour , comme la forêt de Sénart?)
    Par ailleurs, est-ce que l’exploitation de la nature par l’homme peut jouer un rôle déterminant en ce qui concerne la sauvegarde de certaines espèces ? Merci d’éclairer ma lanterne .

  2. Fabrice, à l’époque où tu avais fait un article sur le projet d’aéroport près de Nantes, il y avait une pétition, que je n’ai pas retrouvée. S’il est encore possible de la retrouver, peut-être pourrait-on la mettre en lien…

    Bénédicte, pour un point de vue que je partage, même s’il n’est peut-être pas sans faille, va voir du côté de Jean-Claude Génot. On peut commander ses bouquins en ligne ou dans toute librairie. Sont bien les scientifiques du nord-est : Génot, Schnitzler-Lenoble, Carbiener, … D’ailleurs, peut-être Stan aurait-il de bonnes lectures à conseiller…

  3. merci Hacène . trouvé ces trois titres :
    La nature malade de la gestion ,
    Quelle éthique pour la nature et
    Ecologiquement correct ou protection contre nature . Que me recommandes-tu ?

  4. Le dernier, celui que tu cites en premier ! Peut-être, parfois, pas suffisamment clair pour un néophyte (quand il parle du climax), mais tu n’es pas une néophyte et au pire c’est pas gênant pour suivre le fil. Il aurait pu être un peu mieux fignolé, mais ça devrait t’intéresser. On peut aussi tous les lire ! Pour une meilleure réponse, il eut été bon que je sois chez moi, j’aurais feuilleté chacun pour me les remettre bien en tête…

  5. A Bénédicte. Tous…Ecologiquement correct ou protection contre nature suivi par La nature malade de la gestion de Jean-Claude Génot. Préface de Marie-Claude Terrasson. http://www.estrepublicain.fr pour les articles de Patrice Costa; Bornéo (1) : la forêt assassinée, et: L’agonie du peuple singe. Le problème du sable avec l’homme est qu’il le rend mouvant. Pour Hacène. Les Busards migrent mais ne sont jamais en vacances. De ce fait, d’autres non plus. Il ne nous reste que quelques jours pour faire le maximum…je te signale que suis un farouche opposant au marquage et baguage. Un criard ?….moi?…et l’OEdicnème alors !

  6. « La nature malade… » reprend les idées de « Ecologiquement correct… ». On peut tout lire, mais celui-là plutôt que celui-ci s’il ne doit y en avoir qu’un.
    Stan, distingue-t-on aisément les oeufs des différentes espèces de busards. Pour faire court, est-ce là bien des oeufs de busard des roseaux ? http://pilgrim.over-blog.com/article-30873666.html
    Pas de marquage ? Tu es un drôle d’oiseau du monde de la protection ! Je comprends. L’idée de voir un ours blanc avec un numéro peint sur le côté ne me plaît guère…

  7. Hacène. Pas si évident que ça. Apparemment ce sont des oeufs de busard. Lequel ? c’est toi qui as vu ! mais sûr ce ne sont pas des oeufs de sarcelle d’hiver.  » La Trace « …Hacène…la trace !!! Maintenant un renard peut facilement trouver le nid et le « prédater » ( 30 avril 2009 ). Voilà, c’est dit, mais sans reproche. Dans tous les cas laissant supposer une nidification, reculer et s’en retourner avec la satisfaction de savoir que, là, une espèce existe encore et reviendra, peut-être, l’an prochain si entre temps on n’a pas massacré son territoire. Les oiseaux, leurs oeufs et leurs nids chez Nathan. Les rapaces diurnes et nocturnes d’Europe de Paul Géroudet (1972), mais ne pas espérer retrouver les mêmes ambiances. Tu peux constater que je n’ai pas abordé la photographie…Là aussi il y a un travail énorme d’éducation à faire chez les collectionneurs. Il m’arrive aussi de rencontrer des personnes qui font, encore, des herbiers…Le bouquet !

  8. Merci Chaperon, à Fabrice de la mettre en fin d’article (tout le monde ne va pas voir les commentaires). J’ai signé de nouveau et ça a marché : peut-être parce que j’ai déménagé depuis la première fois ; à moins que ce ne soit une autre pétition…

    Stan, mea maxima culpa ! Cela dit, pour la trace, maître Goupil aura dû être un très fin pisteur, car après mon passage, rien de visible à l’oeil, grandes enjambées bien placées, enfin, autant que possible. Je ne me suis pas frayé un chemin, je me suis faufilé sans coucher les phragmites…
    Photographie ? Tu penses aux photographes animaliers peu scrupuleux ?
    Herbiers : j’imagine que tu parles de ceux qui en font un loisir dans nos régions bien prospectées. Pour ma part, j’ai dû en constituer un petit avec des espèces que je ne pouvais trouver dans les seules flores disponibles, très incomplètes, afin de les faire identifier. C’est quand même utile !

  9. @ hacène, joli site ! Le oeufs ressemblent en effet à ceux du busard des roseaux . mais comme ça en photo…
    @ Stan merci pour les conseils .
    bon, je pars non loin de la Brière cet ap . mieux vaut tard que jamais !

  10. Hacène. Grandes enjambées bien placées….Ne pas sous estimer le FOX-TROT, fin pisteur, surtout en couple…Pour l’identification: 1) Proxi et macrophotographie. 2) Conservatoire d’espaces naturels de Poitou-Charentes. En fait il faut que tu fasses 2) pour contacter un(e) botaniste et ensuite 1)…plus pour identifier,mais…comme souvenir. (clin d’oeil !)

  11. Bénédicte. Pour l’Est Républicain; une date 22 mai 2009 dans Société. Bien j’arrête mes entretiens sur la biodiversité ( autre clin d’oeil )

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