Hugo Chávez est un salaud (3)

Je ne sais si vous connaissez l’Acrimed, autrement dit Action-Critique-Médias (ici). Née après les grandes grèves de 1995, cette association altermondialiste de la gauche radicale observe d’un œil attentif le fonctionnement de la presse. Et ne manque pas de distribuer des mauvais points à ceux qui faillissent aux règles de l’honnêteté. J’ai eu l’occasion, il y a quelques années, d’échanger avec Henri Maler, l’un des créateurs de l’Acrimed, des courriels au sujet du président vénézuélien Hugo Chávez. Je ne connaissais pas Maler, et ne le connais toujours pas. Mais des amis m’avaient dit qu’il n’était pas aussi fermé que la plupart de ses proches à l’Acrimed. Et moi, je voulais que des vérités sortent sur ce salaud de Chávez (ici et ).

J’ai perdu mes échanges avec Maler, qui au reste n’ont mené nulle part. Et l’Acrimed, au lieu que d’enquêter à fond sur les liens pourtant avérés entre Chávez et le fasciste argentin Ceresole, a comme il était écrit, attaqué le journal Libération, accusé d’avoir présenté Chávez comme un antisémite, ce qu’il est (ici). Eh bien, quoi de neuf sur le front ? Avant de répondre, je précise une nouvelle fois que je parle de ce salopard pour la raison qu’il détourne de combats bien plus importants une masse de jeunes qui voient en lui un révolutionnaire à la manière de. L’écologie, l’épuisante bagarre contre la crise écologique perdent des combattants qui préfèrent passer leur temps à disserter sur les mérites supposés de ce bas caudillisme qu’est le chavisme.

Et maintenant, le neuf. Pouah !  Chávez vient de clamer son amour de cette ignoble crapule de Carlos, poussah terroriste vénézuélien emprisonné en France. Je n’ai ni le temps ni l’envie de rappeler qui est Carlos, à quoi ressemble son lamentable itinéraire. Ou vous le savez, ou vous le saurez bien sans moi. Mais ce n’est pas tout. Incapable de s’arrêter en si bon chemin, Chávez a pratiquement réhabilité feu le dictateur ougandais Idi Amin Dada. Pas si mal, non ? Et qualifié le satrape Robert Mugabe, qui condamne son pays, le Zimbabwe, à la famine et à la terreur, de « frère » (ici). Mugabe le raciste, qui a ruiné l’agriculture de son pays, qui était jadis l’un des greniers à blé de l’Afrique australe. Mugabe, qui a truandé massivement les présidentielles et les législatives de 2008, comme l’a fait à Téhéran cet autre frère de Chávez – raciste, lui aussi – qu’est le tyran Ahmadinejad.

Sûr, sûr, sûr que l’Acrimed, Le Monde Diplomatique et Daniel Mermet vont rouvrir le dossier Chávez. Sûr, sûr, sûr qu’ils vont nous dire pourquoi ils se sont à ce point trompés, une fois encore. Pourquoi ils ont à ce point trompé leur monde. Sûr, sûr, sûr.

22 réflexions sur « Hugo Chávez est un salaud (3) »

  1. Je ne suis pas certain que taper sur Acrimed soit donner le bon coup de pied dans la bonnne fourmilière. On peut très bien ne pas apprécier la façon dont les médias occidentaux traitent de la politique au Venezuéla sans pour autant soutenir Chávez. De la simplification extrême à l’assimilation rapide il n’y a qu’un pas vite franchi. Ceux qui critiquent la politique israélienne au Moyen-Orient sont automatiquement des Islamistes radicaux ; ceux qui ne soutiennent pas les conceptions du Dalaï Lama sont pro-Pékin… Désolé mais je fais partie de ces arriérés qui estiment qu’Acrimed fait du bon boulot, même si quelques fois les pavés ratent leur cible.
    Pour ce qui est de l’écologie à la sauce Grenelle (autre billet), je suis globalement d’accord.

  2. Pour La Feuille,

    Je ne cherche pas à railler, je vous l’assure. Mais la question que je pose, et qui s’impose, est de savoir pourquoi des donneurs de leçon professionnels en matière de déontologie de l’information cessent d’informer dès que cela devient inconfortable pour leur stricte vision. Vous allez répondre, j’en suis sûr. Mais si vous répondez, je vous prie, répondez à ma question, sans en poser une autre. Bien à vous,

    Fabrice Nicolino

  3. Bien sûr qu’Hugo Chavez est un s… Mais aussi un dictateur en puissance qui se cache derrière des discours pseudo-socialistes et n’accepte pas les critiques de la presse. Le bémol, c’est que les gouvernements dits démocratiques laissent faire partout sans réagir, Ahmadinejad (Iran) qui nous prépare, au vu et au su du monde entier, une « petite » guerre atomique, Omar El-Béchir (Soudan) inculpé par le TPI et qui est allé en Egypte sans âtre inquiété, Mugabe (Zimbabwe) qui asservit son pays,et bien d’autres…
    A force d’avoir peur, le monde entier est menacé…

  4. « donneurs de leçon professionnels en matière de déontologie de l’information » c’est déjà une exécution sommaire de l’équipe d’Acrimed. Je pense que leur position est difficile et qu’il n’est pas évident de vouloir dénoncer les calomnies dont la presse occidentale abreuve Chavez (il y a effectivement bien des critiques à formuler à son sujet, et j’en conviens) sans tomber dans le piège du contrebalancement c’est à dire : pour ne pas charger la barque j’évite de critiquer moi aussi. Je ne décharge donc pas totalement Acrimed sur ce coup là et je pense qu’effectivement leur position vis à vis du Venezuela doit évoluer.
    Les éditions libertaires ont publié récemment un petit bouquin incendiaire à propos de l’Islam. Ce livre a été descendu en flammes par Fontenelle sur son blog « vive le feu » parce que dans l’argumentation utilisée pour dénoncer l’Islam en tant que religion aussi aliénante que toutes les autres, il y a des arguments que l’on retrouve dans la bouche des racistes…
    On est actuellement dans une perspective de débat extrêmement manichéiste et tenter une critique des médias dominants, rouages essentiels de l’abrutissement des populations, n’est pas une entreprise facile. D’où mon propos. Je ne soutiens pas Chavez, mais je ne soutiens pas non plus ses adversaires lorsque ce sont des marionnettes de Washington et je continue à soutenir Acrimed jusqu’à plus amples critiques.

    Pas de question à poser. Le débat est intéressant.
    Pour info, l’un de vos articles a fait mouche puisque nous descendons donner un coup de mains à Roland de Miller la semaine prochaine à Gap. Je pense que ce serait bien de « repasser une couche » à son sujet, l’audience de votre blog étant sans doute largement supérieure à celle de celui que nous animons avec nos modestes moyens. Apparemment les déménageurs volontaires ne se bousculent pas au portillon !

  5. Tout à fait d’accord. Débattre est intéressant, surtout quand les points de vue évoluent. Polémiquer est totalement stérile. Je ne pense pas que nos positions soient très éloignées. Sans doute une question de formulation. Je ne manquerai pas de saluer Roland.

  6. Ce qu’il y a de bien avec internet, c’est que quel que soit le sujet, on arrive finalement à s’engueuler. Tous ces outils de communication ultra modernes sont finalement là pour ça.
    Acrimed n’est pas exempt de défauts, ni Chavez, ni l’état d’Israel, ni notre belle Europe, ni notre président, ni le Monde, ni la mère Roselyne la vaccineuse, ni les grandes surfaces, ni les petits commerçants. Cherchons bien, on peut encore trouver de bonnes raisons de s’engueuler…
    Ces outils ultra modernes nous détournent efficacement des vraies discussion réellement accessibles « de visu ». Répondre à un article comme celui là demande, si l’on désire le faire par écrit, de ne pas cracher tout d’un coup sur le papier (numérique). Malheureusement, c’est que je suis en train de faire… J’en suis désolé.
    J’aimerais tant en discuter calmement avec vous.
    Mais, forcément, il y a un « mai », car je réponds quand même au message initial : autant j’apprécie les nombreuses initiatives locales de Chavez, autant je déteste certains amalgames douteux dont il est friand. Seulement, aujourd’hui, faire parler de soi sans choquer, heurter ou meurtrir, est-ce possible ? J’ai l’impression, surement naïve, que concernant Chavez, il s’agit surtout d’un plan com’ détestable au niveau international. Étonnement, on ne parle pas des américains en colombie en ce moment et de leur politique impérialiste tout autour du globe. Il est vrai que le président de cette union a reçu le nobel de la Paix. Il pourrait être utile de relire Howard Zinn (américain et juif – on pourra difficilement le traiter de « gaucho-antisémite-antiaméricain »)…

  7. Monsieur Robin (des bois, je suppose ?),

    Bien à l’abri de l’anonymat, vous le preux, vous canardez. Sachez que j’en suis d’autant plus satisfait que vous n’émettez pas le moindre argument. Ce que vous nous ressortez, c’est votre haine – à vous – de la liberté et de la discussion. Autant dire que je ne vous envie pas.

    Fabrice Nicolino

    PS : Dois-je penser que, pour vous aussi, Mugabe est un « frère » ?

  8. Matthieu,

    Libre à vous d’apparemment mettre sur le même plan cette pauvre Roselyne Bachelot, les grandes surfaces et le caudillo d’un vaste pays pétrolier qui se trouve des affinités avec des dictateurs et des fascistes. Libre à vous. Et libre à moi de penser et de dire autrement.

    Fabrice Nicolino

  9. Je me rappelle de l’un des premiers articles que j’ai lu sur acrimed en 2006 sur hugo chavez quand toutes les rédactions d’une manière hilare nous passaient en boucle l’intervention de chavez à l’ONU. J’ai pu y lire tout son discours et pas seuelement 3 seceondes quand il parle du diable… Vous pouvez d’ailleurs voir son discours ici : http://www.dailymotion.com/video/xaesce_chavez-a-lonu-2006-soustitre-franca_news

    Tout ce ci pour dire qu’il y a une grande désinformation en France sur les changements qui se passe en Amérique Latine et que l’auteur de ce blog qui est libre de penser et dire ce que bon lui semble peut également sortir de son cadre de référence.

    Cracher sur Acrimed est un peu facile surtout qu’il y a de nombreux médias à critiquer et surtout que leur dernier rectificatif du journal Le Monde est très bon…;-) (http://www.acrimed.org/article3257.html)

    Pour finir Hugo Chavez à réussi son coup médiatique qui est comme souvent de très mauvais goût mais d’un autre côté il se bat avec ses armes à lui. Ce que les gens regardent se sont les faits et personnes ne peux nier les progrès sociaux et démocratique au Vénézuela.

    Faites nous plutôt un article sur les biocarburants au vénézuela…. Ceci est plus dans votre cadre de référence

  10. Juancitucha,

    Excellent ! Perfecto ! Hugo Chávez a le droit de clamer à la face du monde qu’il est le frère d’ordures, mais le commentateur que je suis doit se contenter de sa niche, son « cadre de référence ». Je préfère décidément rire de ce qui, sinon, me déprimerait. À la niche ! Coucouche ! Ben non.

    Fabrice Nicolino

  11. Je maintiens que Chavez ne merite, certainement, « NI CET EXCES D’HONNEUR, NI CETTE INDIGNITE ».

    Je n’arrive pas a comprendre pourquoi tu le charges autant. Il a le merite d’essayer de faire survivre son pays hors de la zone d’influence des USA (pas facile, hein, ils l’ont paye cher ceux qui ont essaye avant lui).

    Il a tort (moralement… mais morale et politique…) de mal choisir ses moyens (personnalisation du pouvoir) et ses allies pour consolider une position sans cesse menacee.

    Pour quelqu’un qui s’y connait peu, comme moi, c’est vraiment dur de s’y retrouver, entre ceux qui le voient au ciel et ceux qui le precipitent en enfer. C’est pas ca que j’attends, ni des temoins a charge, ni des temoins a decharge. Je reste frustree. Je cherche toujours, avec ma petite lanterne, un « journaliste » sur ce sujet delicat.

  12. Toute critique est nécessaire, même si elle ne peut qu’amener de l’amertume, en voyant que toutes les options qui se présentent sont plus ou moins viciées. Surtout si elle s’adresse à qui est au pouvoir. Ici comme sur d’autres sujets, notre hôte fait son travail d’information, même si c’est fort désagréable à entendre. Je pense que nous sommes de nombreux lecteurs de Planète sans visa à le ressentir.

    Cependant, une critique d’un côté fait toujours le jeu du bord opposé, même si ce dernier est au moins aussi pourri; d’où une gêne évidente, voire un malaise pour certains médias. Et certaines réactions ici.
    Fabrice, concernant la France, comme tu charges sans merci aussi bien la Beste de Neuilly (et ses dresseurs) que son opposition (et heureusement, combien tous le méritent), on pourrait s’attendre à ce qu’au sujet de Chávez, ce soit un peu pareil. J’ai l’impression que non, et c’est ça qui doit grattouiller tes lecteurs.

  13. Non, cultive ton jardin, ce n’est pas dur de s’y retrouver. Vraiment pas. Idi Amin Dada, Mugabe, Ahmadinejad sont des salauds intégraux. Que dire d’un homme qui les qualifie de « frères » ?
    Qui est-il ? Un éveilleur de consciences ou un salopard ?

  14. Ah ben, si tu le dis, Raton Laveur, me voilà convaincue! je croyais avoir clairement expliqué qu’il me faut plus que des invectives ou des affirmations non sourcées en trois lignes catégoriques.

    Parce ce qui m’intéresse, ce sont pas les déclarations plus ou moins tonitruantes et provocatrices de Chavez, d’autant que j’ai pu vérifier que nos « journalistes » favoris avaient une fâcheuse tendance à les trafiquer.

    Je voudrais une vraie enquête sur ce qui se passe vraiment au Venezuela, comment vivent les gens, est-ce que la pauvreté régresse ou progresse, les enfants vont-ils ou pas à l’école, les gens peuvent-ils ou non se faire soigner, les paysans peuvent-ils ou pas cultiver une terre pour y vivre de leur travail.

    Et ça… pas vraiment trouvé jusqu’ici.

  15. Cultive ton jardin,

    Oserai-je le dire ? Tu me fous la trouille, malgré le bien que je pense de toi. En admettant – ce n’est pas le cas, je lis suffisamment de sources directes, en espagnol, pour le savoir – que le chavisme soit une réussite sociale, faudrait-il passer par pertes et profits la nature politique, écologique, morale, du système ? Faudrait-il oublier le rôle clé – que reconnaît Chavez – de cette petite frappe fasciste appelée Ceresole dans la formation politique du grand Jefe du Venezuela ?
    Faudrait-il ? D’autres régimes ont pu « réussir » certaines actions « sociales » tout en étant des monstruosités. Faudrait-il donc ?

    Fabrice Nicolino

  16. « une vraie enquête sur ce qui se passe vraiment au Venezuela »

    Aucune enquête, aucun travail journalistique ne viendra à bout de tes croyances, Cultive ton jardin.
    Qu’il se félicite du partenariat avec Ahmadinejad pour l’exploitation des sables bitumineux du bassin de l’Orénoque ou qu’il réclame, fin septembre, et en compagnie de Khadafi, une redéfinition du mot terrorisme, Chávez se pose en ennemi de la vie.
    Je garde espoir : un jour, peut-être, tu comprendras qu’il n’y a pas d’arrangement possible avec cet homme là.

    Chavez qualifie à nouveau Carlos de « soldat révolutionnaire »
    CARACAS (VEN), 28 nov 2009 (AFP)
    Le président vénézuélien Hugo Chavez a réaffirmé que le terroriste d’origine vénézuélienne Carlos Ilich Ramirez, condamné à la prison à vie France, était un « soldat révolutionnaire » au service de la cause palestinienne et qui « nous a tous représentés ».
    Une semaine après avoir déclenché une « mise au point ferme » des autorités françaises pour avoir déclaré que Carlos avait été « injustement condamné », le président Chavez a martelé vendredi, lors d’une rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abas: « Carlos fut un combattant. Ceci est une vérité de la taille des pyramides ».

  17. Si montrer qu’Hugo Chavez n’est pas « le sauveur » et qu’il commet des forfaits semblables à ceux de nos politiciens, est nécessaire, se fixer sur son cas, sans parler d’uribe, des castro, du Pérou, du Mexique, du Paraguay où il s’en passe de pire, est à éviter si nous ne voulons pas devenir comme les journalistes mentionnés.

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