Paroles, paroles, paroles (bonbons et chocolats à Copenhague)

J’ai déjà largement dit ce que je pensais de la conférence sur le climat de Copenhague (notamment ici), et n’y reviens pas, sur le fond en tout cas. L’affaire, ce 16 décembre, tourne au carnaval, la fête en moins. Et l’on entend des bureaucrates français, pourtant largement responsables de ce qu’il faut bien appeler un bordel, et un bordel mal organisé, faire comme s’ils n’y étaient pour rien. Je pense à l’incomparable Brice Lalonde, ambassadeur – sic – de Sarkozy sur place, déclarant : « Je suis un tout petit peu soucieux, car il reste tellement de travail à faire. Je crains un nouvel incident, parce qu’alors on aurait du mal à conclure ». Je pense à Pierre Radanne, ancien patron de l’Ademe, officiellement écologiste mais grand admirateur de la criminelle voiture indienne Nano : « C’est plus que mal barré cette histoire. C’est vraiment parti en vrille total ».

Reste la forme prise par les événements, qui me stupéfie jour après jour un peu plus. De très nombreux représentants d’ONG s’obligent à prendre leur rôle au sérieux, comme si cela signifiait quelque chose que d’être physiquement proche des soi-disant négociateurs. Exceptionnellement, je ne vais citer personne, car je n’aurai bientôt plus aucun groupe à critiquer, au train où vont les choses.

Allons, parlons tout de même de l’un d’entre eux, et je m’en tiendrai là. Je peux me tromper, mais je crois que Greenpeace a joué un rôle éminent, voici plus de vingt ans déjà, dans l’émergence d’une culture très éloignée de la nôtre. Comment la définir ? Une culture boy-scout ? Le culte bon enfant de l’accord, fût-il éphémère et trompeur ? Le goût des belles photos et des sourires sur icelles ? Le besoin de justifier l’usage de fonds considérables récoltés par le désormais fameux fundraising ? Je ne sais. Je crois que cette soupe est épaisse, et qu’elle mélange de nombreuses influences. Le résultat est en tout cas évident : les ONG accompagnent désormais les conférences mondiales du début à la fin. Avez-vous remarqué ? Quel qu’en soit le résultat, elles repartent à l’assaut comme si de rien n’était. Chaque rendez-vous est décisif, et chacun est raté, mais cela ne doit pas entamer le moral des troupes, car une machine, aussi petite soit-elle, est une machine. Elle doit avancer.

Je songe à l’exemple donné par l’Union européenne ces derniers jours. En ce 16 décembre 2009, il reste le seul signe concret, tangible d’un engagement contre la crise climatique. Pour Sarkozy notamment, l’enjeu africain est de taille. Il lui faut montrer, quoi qu’il arrive, que la France est aux côtés des pauvres de ce Sud-là. Et on voit donc la diplomatie française se déhancher sans trêve pour faire accroire que nous serions prêts au moins à un accord entre le continent noir et l’Europe, poussée dans le dos par la France. Cela donne lieu à des promesses qui ne résistent pas à une minute d’analyse. Exemple, tiré du Parisien : « Voilà une annonce qui devrait faciliter les négociations au sommet de Copenhague (…) Les pays de l’Union européenne ont décidé vendredi de verser une aide aux pays pauvres de 7,2 milliards d’euros sur trois ans, en 2010, 2011 et 2012, pour les aider à faire face à l’impact du réchauffement climatique. La contribution globale de la France sera de 1,26 milliard d’euros, a précisé Nicolas Sarkozy (ici) ».

D’autres journaux ont raconté la même chose, rapportant ce qui n’est rigoureusement qu’une proclamation, visant un simple effet d’annonce qui aura atteint son objectif. 7,2 milliards d’euros. Mazette ! Seulement, de quoi s’agit-il vraiment ? Selon le blabla, de « mettre en place des économies faiblement polluantes ». Ça veut dire quelque chose ? Non, rien. D’abord, parce qu’il n’y a rien de plus vague. Ensuite, parce que « mettre en place » des économies signifie en creux qu’elles ne le sont pas. Et en tout état de cause, un projet aussi immense que celui-là commanderait des aides incomparablement supérieures.

Mais ce n’est pas tout. Car en réalité, ces 7,2 milliards d’euros sont un mélange d’aides déjà programmées et d’autres qui ne le sont pas. Le budget de l’aide au « développement », de longue date vicié par d’innombrables ruses comptables, sera pour partie pris en compte. Et ce n’est pas moi qui l’affirme, mais ce bon bougre de Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, qui préside pour le moment l’Union européenne. L’aide globale de 7,2 milliards d’euros, a-t-il déclaré, est « un mélange d’argent déjà programmé et d’argent frais ». Combien y aura-t-il, à l’arrivée, d’argent « frais » ?  Nul ne le sait, mais nul ne le saura jamais. Car enfin, pensez-vous sérieusement qu’en 2011 – par exemple -, un journal français accordera un titre de “une” au fait que l’Afrique n’a pas reçu l’argent promis à Copenhague ? Y croyez-vous ?

Reste la question sempiternelle de la corruption. Dans les systèmes kleptocratiques sans État qui sont majoritaires en Afrique, à quoi servirait de toute façon une aide passant par les canaux habituels du soi-disant « développement » ? À remplir les poches des ministres en place et celles de leurs clans respectifs. Ne pas écrire cette évidence serait manquer du respect élémentaire dû aux peuples d’Afrique, paysanneries en tête. Car ces dernières, qui seront fatalement soumises aux effets du dérèglement climatique, ne verront pas la queue d’un euro d’aide. Toute l’histoire postcoloniale le clame sur tous les tons, et l’heure n’est plus aux songe-creux. Ou l’on veut aider les peuples du Sud à lutter vraiment contre les désastres qui approchent, et en ce cas, il faut imaginer des coalitions sans aucun précédent chez nous, qui permettent de bousculer notre jeu politique délétère autant qu’impuissant. Ou il vaut mieux encore se taire.

Oui, se taire. Le spectacle lamentable offert à Copenhague par tant de gens pourtant estimables me lève le cœur. Quoi ? Continuer à croire dans la supercherie de mots cent mille fois répétés, aux effets cent mille fois constatés sur le terrain ? Il m’arrive de me demander si notre masochisme de petits-bourgeois du Nord a une limite. Et je dois avouer que je n’en suis pas sûr.

27 réflexions sur « Paroles, paroles, paroles (bonbons et chocolats à Copenhague) »

  1. Cher Fabrice,

    Le carnaval prend l’eau, « touché coulé », à l’image de tout l’édifice statistique et pseudo-scientifique concocté par les malfrats du GIEC. Dans quelques mois, il n’en restera que quelques débris d’épaves mais, comme l’humanité a la mémoire courte, tous les menteurs s’en sortiront indemnes. N’est ce pas?

    Tous ceux qui sont présents à Copenhague savent que tout cela n’est une qu’une farce immonde sauf les troupes vaillantes de jeunes militants lobotomisés par Greenpeace, et autres ONGs complices de la mafia agro-industrielle, et lessivés du cerveau par les écolos-fascistes de tous bords politiques.

    Donc se taire, dis-tu. Qui se tait en premier? Je vais me taire en attendant que le Réel fasse le ménage d’autant plus que sur ton blog, il n’est plus question que de « merci Fabrice », « tu as raison Fabrice » et bla-bla.

    Auto-consolidation des territoires de gratification.

    En ce mois de décembre, des centaines de records de froid et de neige ont été battus aux USA. Il n’est que de voir les températures de 6 à 8 degrés en-dessous de la moyenne en France et de rigoler des coupures d’électricité du réseau nucléaire Français qui rame contre le refroidissement climatique qui cache le réchauffement climatique et qui va l’augmenter eu égard aux dépenses de chauffage!!

    On rigole de bon coeur.

    Le réchauffement climatique anthropique est une gigantesque arnaque et je ne peux qu’espérer que tous les complices de cette imposture auront un jour à rendre des comptes.

    On s’aime chaudement.

  2. La quantification du CO2 est importante pour calculer le pillage des ressources et la dette envers les pays pauvres.
    Parlez nous des crises alimentaires,sociales environnementales sanitaires des actions à mettre en place ; ça suffit les points de vue individuels pour satisfaire des égaux.
    L’arnaque c’est de détourner l’opignon des vrais probmènes de notre société à commencer par l’alimentation et les risques sanitaires.

  3. élever les consciences pour que chacun voit que les autres existes et vivent,et vivre au dela de la limite »je défend mon bout de gras »;demande du coeur,une sensibilité qui devient rare et volage en ce monde ,ou la réussite prime sur le bonheur et la connaissance.Merci aussi de nous faire lire entre les mots,de ce sommet accéssible aux « moraliste « du libéralisme,qui ne fera que liberer les haines ,si cela continue ainsi.A creer l’inégalité et l’humiliation,je craint pour ce monde ,qui a le potentiel d’etre beau dans tout les sens du terme.

  4. Copenhague aura eu au moins un mérite : la conférence a permis à Borloo de justifier son refus de la mine de charbon de la Nièvre. C’est officiel depuis hier, les concessions sont refusées.
    Une belle victoire pour tous les citoyens et assos qui ont travaillé contre ce projet.

  5. « Il m’arrive de me demander si notre masochisme de petits-bourgeois du Nord a une limite. »

    Albert Einstein disait
    « Deux choses sont infinies : l’Univers et la bêtise humaine. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. »

  6. @ Dominique Guillet:
    « les troupes vaillantes de jeunes militants lobotomisés par Greenpeace, et autres ONGs complices de la mafia agro-industrielle, et lessivés du cerveau par les écolos-fascistes de tous bords politiques. »

    Quel mépris global, indifférencié, écrasant pour ces jeunes militants… vaillants, certes, comme tu le concèdes presque à regret, mais aussi, pour beaucoup, lucides, inventifs, ni lobotomisés ni lobotomisables!

    Décidément, nous n’avons pas les mêmes valeurs.

  7. Au moins les masques sont tombés… L’ONU se comporte comme l’OMC. Quelques grands pays décident par derrière , les autres doivent subir.

    Mort aux faibles.

    Quant à Dominique Guillet, que d’aigreur et d’amertume !

    Et pourquoi cette attaque contre les jeunes ? On vieillit mal ?

    C’est bien triste.

    MH

  8. Depuis le début on prend les choses par le mauvais bout. Ce ne sont pas les pays qui émettent, ni même les industries, ce sont les consommateurs. Quand la France (en tout cas le Nord, l’Est, et la région parisienne) était couverte d’usines crachant des funées noires et que 45% de la

  9. Depuis le début on prend les choses par le mauvais bout. Ce ne sont pas les pays qui émettent, ni même les industries, ce sont les consommateurs. Quand la France (en tout cas le Nord, l’Est, et la région parisienne) était couverte d’usines crachant des funées noires et que 45% de la population active portait un bleu de travail, la pollution par tête était bien moindre. Nous avons peut-être contenu nos émissions par rapport au niveau de 1990 mais c’est en remplaçant les émissions de nos usines délocalisées par le CO2 des pots d’échappement des ménages à 2 voitures et les centaines de kg de GES émis par chaque passager à chaque fois qu’il part en weekend en avion. Sans compter que nous consommons de plus en plus de produits dont la fabrication émet des quantités considérables de GES (et consomme des quantités phénoménales d’eau dans les process industriels), qui n’existaient pas il y a 20 ans: ordinateurs, laptops, écrans plats, mais que tout cela bien sûr, n’entre pas plus dans notre bilan carbone que la déforestation de l’Amazonie générée indirectement par nos beefsteaks via le soja du Matto Grosso…

    Bref, l’approche intergouvernementale impute les émissions sur les mauvaises structures en déresponsabilisant les consommateurs. Ce n’est qu’en mettant en place les taxes qui donneront un prix infiniment croissant au pétrole sorti du puits, au charbon sorti de la montagne, au méthane sorti du cul de la vache, au protoxyde d’azote sorti de l’usine à engrais, et à l’hectare de forêt tropicale (arraché et brûlé pour être tranformé en soja au Brésil, en palmiers à biocarburants en Indonésie, et en merdes Ikéa chez nous) qu’on traitera le problème au niveau où il doit l’être: les émissions primaires. A charge après pour les industriels de réorienter leurs productions trop polluantes, ou y renoncer, et pareil pour les consommateurs. Le produit de cette taxe serait bien évidemment reversé aux habitants des pays pauvres, par exemple pour solvabiliser l’agriculture de subsistance et autres projets de développement propre (ie de non développement, il faut dire ce qui est).

    En attendant la direction qui est prise avec des évènements de style Copenhague, c’est que chacun se décharge de ses responsabilités individuelles sur les Etats et les industriels, que la Chine et quelques autres produisent tout, salement, mais qu’ils ont « le droit de se développer », donc nous avons le droit d’émettre un max de GES sans en ressentir la moindre gêne.

    Je préférerai nettement qu’on paie 150 Euros de taxe carbone par passager quand on va au Maroc, ou 50€ quand on fait son plein, plutôt que d’avoir nos gouvernements promettre des chèques (au montant d’ailleurs limité). Mais il faudrait aussi que les chinois aient payé leur taxe carbone sur la montagne de charbon dégueulasse qui alimente fournit l’électricité à l’usine à i-phone de Shenzen. Là les montants seraient vraiment importants, et les consommateurs changeraient illico leur comportement!

  10. Un grand merci, Fabrice, pour tout le temps que tu passes à nous donner des informations qui m’apparaissent toujours comme pertinentes. Combien de temps reste t-il pour ajourner l’inévitable? Pas très longtemps, à mon avis, le navire fuit de partout!
    @ Dominique Guillet: j’apprécie ton analyse et il se peut que la suite des évènements te donne raison, mais la grande bataille à mener ne me semble pas sur ce terrain là (réchauffement ou refroidissement) puisqu’il y a dérèglement . Ce n’est pas le moment de nous diviser, car notre force, c’est notre conscience et notre solidarité.
    Nous diviser à présent que tout est sur le point de basculer serait suicidaire.

  11. Dominique Guillet est dans un délire complet d’adolescent attardé qui passe trop de temps sur internet et finit par vomir des théories du complot…

    Sortir des données locales et récentes pour contester un phénomène global et de long terme est une technique sceptique éculée qui confond météo et climat. C’EST PIRE QUE NULISSIME : C’EST PITOYABLE!

    J’aimerais bien qu’il ait raison dans le fond, ça nous enlèverait une sacrée épine du pied. Malheureusement ce n’est pas le cas. Nous avons à la fois un terrible problème climatique ET un terrible problème de sols. Et bien d’autres encore. Mais ce n’est pas parce que l’un attire particulièrement l’attention qu’il en devient pour autant une grande conspiration visant à cacher les autres problèmes.

    C’est d’ailleurs pour ça qu’il faut se battre pour des BONNES et VRAIES solutions pour le climat. Pas d’agrocarburants mais une agriculture paysanne de proximité sans pesticides. Pas de bagnoles électriques mais des transports publics…

    Enfin, bref, je vais pas vous faire la leçon, vous la connaissez. Je pense que Fabrice pourrait supprimer les commentaires de Mr Guillet sur le climat, on ne s’en porterait pas plus mal.

  12. D’accord avec Katia concernant D.Guillet.
    @ Dominique Guillet.
    Quelle perte d’énergie d’enfourcher ce cheval de bataille…Vos propos sont blessants pour ceux qui agissent…Ca commence à être gonflant d’ailleurs.
    Oui, il faut retourner à la Terre. Oui, il y a des dérives de partout, y compris chez les écolos.
    Oui, le chemin est encore long pour trouver la bonne direction. Oui, il pourrait être plus court ce chemin…
    Mais de grâce, épargnez nous vos scuds inutiles et cassants. Ca ne sert à rien. Ca sent l’aigreur. C’est pas très intelligent finalement et contre productif.
    Nous prendre pour des cons, incapables de lire (y compris vos articles) de faire la part des choses et éventuellement évoluer, c’est pas mieux…

    Envoyez tout cela aux politiques et à la grande distribution, plutôt. C’est eux les premiers fautifs…

    « On s’aime chaudement »…C’est cela oui…
    Pierre H. des Alpes

  13. Alors là Géry, je suis en désaccord complet avec vous. « Responsabiliser le consommateur », ce n’est pas un discours de militant, ni même de citoyen, c’est un discours de gestionnaire (nous en sommes submergés) : le seul effet notable des discours gestionnaires est la transformation des citoyens en serfs et en sujets.

    Des taxes pour faire diminuer la pollution due aux bagnoles et aux avions? Il ne pouvait appartenir qu’à une société corrompue de concevoir pareille idée. Si la bagnole et l’avion nous empoisonnent, il faut oeuvrer à leur quasi-disparition, ce qui ne se fera certainement pas avec des taxes. Imagine-t-on une taxe destinée à compenser l’empoisonnement aux déchets nucléaires et le risque lié à l’explosion d’une centrale?

    Je n’ai jamais eu de voiture, je ne veux pas en avoir et je n’ai pas pris l’avion depuis de nombreuses années. Ce n’est pas pour cela que je trouverais légitime un énième discours destiné à « responsabiliser les consommateurs » de la part de ceux-là mêmes qui ont oeuvré à la disparition de toutes les lignes de train secondaires (ainsi qu’à la mise en place de prix extravagants sur les lignes non supprimées) et à la main-mise sur les centres villes d’une petite caste d’accapareurs.

  14. C’est bizarre de lire (Géry) qu’on déresponsabilise le consommateur… j’ai plutôt l’impression qu’on le culpabilise, c’est à dire qu’on l’accable de sa responsabilité face à des dérives devant lesquels il est soit totalement impuissant, soit responsable, certes, mais responsable mystifié.

    Et quelquefois on l’écrase sous des injonctions totalement incompatibles: ayez une voiture (parce que selon votre lieu de travail par rapport à votre lieu d’habitation vous ne pouvez pas faire autrement), vous êtes un vilain pollueur. Avez-vous décidé, au prix d’un nombre considérable d’heures de transport, de vous passer de bagnole, vous êtes responsable du chômage dans l’industrie automobile (je plaisante pas, je l’ai ENTENDU dire par une animatrice radio pour clouer le bec à une nana qui disait « j’ai pas les moyens et d’ailleurs j’y tiens pas »).

    J’ai particulièrement apprécié le battage monstre qui a été fait pour nous convaincre d’acheter une voiture neuve, en nous faisant honte de la pollution dégagée par notre vieille caisse, comme si la pollution par les carcasses de voitures encore en état n’était pas productrice de nuisances et de gaspillage.

  15. Les normales saisonnières, c’est une moyenne des températures. Le propre d’une valeur moyenne, c’est de n’être que rarement atteinte, et il est parfaitement normal d’avoir quelques degrés au-dessus ou au-dessous des normales saisonnières. Nous sommes à une semaine de Noël et il neige : est-ce vraiment surprenant ? Il est vrai que ce n’est pas arrivé depuis des années : l’an dernier c’était en janvier, celui d’avant il n’y a pas eu de neige, encore avant il y a eu de la neige à Noël, puis l’année d’avant encore en janvier, et encore avant à la même époque il gelait. C’est finalement assez classique d’avoir de la neige en hiver (ok, on n’est pas encore en hiver, mais c’est tout comme), la seule chose c’est qu’on ne sait jamais quand, et puis comme dans l’ouest on a des hivers doux quand il neige la température est toujours sous les normales saisonnières (il est vrai qu’elles doivent monter, si elles sont réajustées annuellement).
    C’était vrai aussi pour nos grands-parents, et même pour nos ancêtres plus lointains.

    Tout cela pour aboutir à quoi ? Réchauffement, refroidissement ? Ce n’est pas la semaine actuelle qui permet de le dire, pas plus que la semaine dernière. Ni même une année complète… Et il en est de même pour le dérèglement climatique : c’est pas sur la base de quelques observations personnelles qu’on peut balancer un « Y’a plus de saison ! ». Là encore le manque de culture scientifique des journalistes qui concluent sur la base de tel ou tel phénomène météo est un problème qui ne fait que se répéter au café du commerce et alimente les délires de conspiration scientifiques faites par des pseudo-sceptiques qui manquent singulièrement d’esprit critique…

    Quant au consommateur, il se déresponsabilise très bien tout seul. Dans une société libéraliste, nous les consommateurs avons un énorme pouvoir : en boycottant ou en privilégiant des produits nous sommes les plus grands influenceurs des producteurs. Oui, bien sûr, c’est difficile, évidemment ils tentent de nous entourlouper, mais nous pouvons faire quelque chose. Et quand on demande à la plupart des gens ce qu’il faut faire pour les pesticides, ou pour le chômage, ou pour le CO2, ils répondent qu’il faut que les élus interdisent les pesticides, que les entreprises emploient plus de gens et que les usines rejettent moins de CO2. C’est beaucoup plus rare qu’ils disent : il faut que nous mangeons bio pour que les agriculteurs qui utilisent des pesticides ne vendent rien et soient obligés de passer en bio, il faut que j’aille faire mes courses chez les petits commerçants du coin et pas en grande surface avec des caisses automatiques, il ne faut pas que je partes en week-end en avion en Tunisie pour que faute d’être remplis il y ait moins d’avions… C’est plus facile d’accuser les autres que de faire des efforts…

  16. @ Ossian

    « Des taxes pour faire diminuer la pollution due aux bagnoles et aux avions? Il ne pouvait appartenir qu’à une société corrompue de concevoir pareille idée. Si la bagnole et l’avion nous empoisonnent, il faut oeuvrer à leur quasi-disparition, ce qui ne se fera certainement pas avec des taxes. Imagine-t-on une taxe destinée à compenser l’empoisonnement aux déchets nucléaires et le risque lié à l’explosion d’une centrale? »
    Je vous laisse juger en quoi c’est digne d’une société corrompue. Il s’agit d’organiser la décroissance des consommations et productions les plus inutiles et polluantes sur 40 ans. On ne connaît pas le coût du changement climatique, en meilleure approximation on peut estimer que le coût de la « lutte » contre le changement climatique est le coût qui progressivement détournera de l’utilisation des combustibles fossiles, jusqu’à ce que l’humanité n’en crame plus que 3 milliards de tonnes par an (c’était le niveau « recyclable » par le système géoclimatique en 1990 d’après le GIEC). Il en va de ces consommations comme de la clope: on peut tenir tous les discours, faire toutes les campagnes, il n’y a que l’augmentation des prix (donc des taxes) qui détache les fumeurs de leur poison.
    Quant au nucléaire, auquel je ne suis que modérément « favorable » (ie j’estime que les pays stables doivent conserver dans les meilleures conditions leurs centrales jusqu’à la fin de leur vie opérationnelle, mais pas chercher à le diffuser partout ni à les remplacer) s’il ne relève pas d’une taxe sur le réchauffement climatique et la combustion des ressources fossiles il est évident qu’il faudrait intégrer et provisionner les coûts de démantèlement et retraitement et stockage long des déchets. Le coût du risque d’accident est illimité, ce qui devrait conduire à l’abandon progressif du nucléaire.
    Maintenant, oui, il faut responsabiliser et le seul moyen c’est le prix, 95% des gens sont convaincus que la solution se trouve au niveau des ampoules basse conso et d’éteindre les appareils à veilleuse, ce qui leur donne bonne conscience pour polluer comme des malades (personne ne se rend compte de ce que pollue une semaine de vacances au loin ou l’achat d’un i-phone, consommations écologiquement mieux considérées que le 4×4, et pourtant…).

    (rem: je n’ai pas de voiture, je ne prends plus l’avion, je ne mange pas de viande, etc).

    Après tout ce que vous voulez sur les centre-ville soumis à la spéculation, les lignes de train secondaire, ça tient de processus économiques et sociaux longs et tout cela changera dans les décennies à venir. Taxer les combustibles fossiles, c’est pour préparer un changement inévitable (épuisement total des ressources)

    @ cultive ton jardin
    « Et quelquefois on l’écrase sous des injonctions totalement incompatibles, etc. »
    Oui, c’est vrai, so what? On n’a pas dit que les choses étaient simples. Il est vrai qu’il y a une totale contradiction entre l’impératif écologique d’un côté et l’impératif « économique » (et donc, pour partie, social), de l’autre. Mais la décroissance organisée (souhaitable, c’est même le devoir de notre génération) et l’effondrement économique (redoutable et qui n’arrange rien), ce n’est pas la même chose.
    Le cas de la bagnole est symptomatique de l’impasse et de l’impossibilité du traitement du problème dans un cadre démocratique. Mais si on y réfléchit bien, il n’y a qu’une solution: que l’essence coûte 10cts d’€ de plus chaque année (pareil pour le charbon, bien sûr). ça réorganisera la société en contenant les ajustements violents.

    La bagnole électrique ne résout rien, faut-il le préciser? (20 à 40% des émissions de GES d’une bagnole se font sur le cycle de production, l’électricité à produire pour remplacer les moteurs thermiques par de l’électrique nécessiterait de doubler le parc de production électrique — impossible et dangereux, les batteries n’existent pas et seraient dégueulasses, et de toute façon même propre l’automobile pose un problème en elle-même, puisqu’elle étend sans fin l’emprise des activités humaines). Maintenant, la bagnole, c’est en 30 ans qu’on en sort. L’avenir, c’est 5 à 10 fois moins de voitures en France, pesant 500kg, limitées à 40km/h, et consommant 1 litre aux cent.

    J’admets que parler de « responsabiliser le consommateur » ne couvrait qu’une partie de ce que je voulais dire. Une chose est sûre, si on estime 1) que le changement climatique constitue une menace gravissime pour les conditions de vie de l’humanité sur terre 2) que la tendance naturelle des hommes est de travailler pour avoir plus et mieux et s’organise en conséquence (via le marché ou autre, mais on en revient toujours au prix) 3) que l’humanité croit, et que les hommes sont égaux on en vient à penser qu’il n’y a pas d’autre issue que de créer une contrainte de prix qui s’applique à tous sur les ressources fossiles, et après, toutes les adaptations que vous décrivez, elles en découlent. En gros il faut faire l’inverse de ce qu’on a fait depuis 50 ans. L’avantage, c’est que le produit de la contrainte peut être reversé.
    Si on ne veut pas s’appliquer cette contrainte de prix, elle viendra d’elle-même, avec en prime le changement climatique, et la guerre de tous contre tous pour les ressources.

  17. et, responsabiliser le consommateur ou pas, chacun peut faire son bilan carbone pour voir ce que représente un mode de vie « décarboné » (LOL). Il y a des tas de sites pour ça, je ne connais pas leur niveau de sérieux respectif. Le niveau soutenable dans une humanité à 6 milliards d’habitants et émettant 6 giga tonnes (alors que le système géoclimatique peut en absorber 3) est de 3GT eq carbone ou ~10GT eq CO2 gloablement, soit 500kg équivalent carbone (~1.8 tonnes équivalent CO2) par être humain. Mais il s’agit là des conditions de 1990… Aujourd’hui, nous en serions plutôt à 6.8 milliards d’hommes et déjà 9-10 GT éq carbone (35-40 GT équivalent CO2). c’est donc bien moins de 500kg éq carbone/hab. qu’il faut viser…

    C’est le niveau de vie moyen en Inde. Sans contrainte, c’est impossible.

  18. @Yoda. Précision de détail. Contrairement à nos chers présentateurs de météo d’une ignorance crasse sur leur sujet, vous avez bien conscience que la normale c’est ici à comprendre comme la moyenne. Il n’y a juste qu’à pouffer de rire quand on les entend nous dire qu’il fait tant de degrés en moins ou en plus que « ce que nous devrions avoir » (c’est donc anormal !). De la même manière, il (vous) faudrait faire la distinction entre l’arrivée de l’hiver (perçue en un coup, deux, trois ?), le découpage (arbitraire) météo pour les statistiques et enfin un événement dans la révolution de la Terre autour du Soleil. Dans ce dernier cas, le solstice d’hiver, jour le plus court de l’année, est décrété date d’entrée dans la saison hivernale par de drôles de gens qui considèrent que la veille c’était encore l’automne. Ce sera alors l’hiver jusqu’à l’équinoxe de printemps, qui marquera l’entrée dans une nouvelle saison. Pour les services météo du monde entier, les mois d’hiver sont décembre-janvier-février. Ca commence plus tôt et il faut bien une date fixe pour faire des stats. Enfin, la météo, celle que l’on vit et que chacun constate s’il met le nez dehors de temps à autre, est bien capricieuse et nous donne des hivers précoces ou très tardifs, commençant début décembre, fin novembre, fin décembre, … bref jamais vraiment au même moment. Début progressif et bien lent, ou très brutal. Définitif ou laissant un vrai redoux s’installer. Notre tomomanie nous fait mettre des limites, coupures partout, nous donne le désir de tout mettre dans des cases, même les saisons. Chez nous, à part un petit épisode froid, l’automne fut très doux, et l’hiver est bel et bien là depuis quelques jours, sans qu’on puisse en douter…

  19. Assimiler niveau de vie et émission de carbone me semble plus que hasardeux…. Ce n’est tout de même pas exactement la même chose!

  20. c’est vrais que l’on re&gie avec rigidité avec les saisons,et les concepts.L’hivers commence pas forcément le 21 décembre,les evenements se font en douceur,de façon graduer,et ne répndent pas a nos illusions d’un monde noir et blanc.Toute en nuance ,malheureusement pour ceux qui revent d’un control total(et totalitaire),de la vie et des saisons.

  21. @Hacène
    Effectivement, ma précision sur le fait qu’on est encore en automne n’était qu’à destination des pointilleux qui pouvaient me reprendre à ce sujet, étant donné que quelqu’un un jour a défini les saisons comme étant des périodes de l’année situées entre deux dates précises et non en fonction de conditions météorologiques. D’ailleurs cela fait un bout de temps, car il me semble que les anciens celtes avaient aussi des saisons définies par des dates, mais cette fois les solstices et équinoxes en marquaient le milieu plutôt que le début, ce qui d’ailleurs me semble plus logique.

    Si cela ne tenait qu’à moi, l’été serait marquée non par des dates précises et peu logiques, mais par la présence des martinets. S’ils sont là, c’est déjà l’été, et quand ils sont repartis en migration, l’été est terminé…

  22. J’ai eu l’occasion d’écouter un enregistrement sonore d’une conférence intéressante de Geneviève Azam concernant Copenhague.

    Voici les liens :

    -Il faut lier inégalité sociale et injustice écologique, car les riches polluent et les pauvres trinquent.
    http://www.speedyshare.com/files/19859788/azam1.mp3

    -Hors le profit et le productivisme, d’autres manières d’être au monde.
    http://www.speedyshare.com/files/19859823/azam2.mp3

    -Les enjeux du sommet de Copenhague et ce que nous devons faire
    http://www.speedyshare.com/files/19859863/azam3.mp3

  23. Les gens de bonne volonté liront ce lien avec attention; s’ils ne le font pas …c’est pas bien!
    http://www.manicore.com/documentation/serre/ouvrages/lepoint.html

    Sur l’antipathique Claude Allègre, vilain, vilain aux tout petits yeux , il dit qu’ il est contre les pesticides et que grace aux ogm, il n’y en aura plus besoin :

    « Finissons cette critique par quelques remarques :

    Si Allègre a effectivement participé aux recherches exposées dans les articles qu’il a signés comme scientifique, et s’il a effectivement eu u doctorat en physique, il ne peut pas croire une seule seconde aux inepties qu’il écrit. Un physicien ne peut pas délibérément confondre une valeur isolée et une moyenne, comme il le fait en indiquant qu’un mois d’août pas très chaud en France « prouve » qu’il n’y a pas de réchauffement climatique (ce qui est équivalent à soutenir que la baisse de la note de l’élève Dupont « prouve » que la moyenne d’une classe a baissé),

    La raison de sa charge contre le changement climatique est donc à rechercher ailleurs que dans la conviction qu’il a scientifiquement raison, sachant, encore une fois, qu’à la fin des années 80 il disait très exactement le contraire de tout ce qu’il dit aujourd’hui, et alors que le dossier scientifique était bien moins solide. Goût de la provocation, ici comme ailleurs, qui le pousse à s’afficher d’abord et à réfléchir ensuite ? Réaction vexée d’un patron de labo (Allègre a dirigé l’Institut de Physique du Globe à Jussieu), chercheur titré (il est membre de l’Académie des Sciences et titulaire de la médaille d’or du CNRS), qui voit ses collègues des laboratoires d’à côté récolter « sans efforts » les honneurs de la presse, lui qui fait tant pour y avoir droit ? Voilà un intéressant… sujet de recherche ! « 

  24. @Ossian
    si niveau de vie = PIB / habitant (on sait que ce n’est pas le cas, mais c’est assez largement le cas quand même), il y a une corrélation assez nette entre la consommation d’énergie et le niveau de vie.
    Or, nucléaire mis à part (et quelques renouvelables isolés), l’énergie massivement disponible ce sont les combustibles fossiles.
    Maintenant amusez-vous à faire diverses simulations de bilan carbone, il apparaît rapidement qu’une consommation très inférieure émet nettement moins. Or consommation très inférieure (eg pas de vacances, 10m² de surface habitable par personne, moins chauffées, pas de matériel électronique… on arrive au niveau de vie d’un pauvre, et ça émet nettement moins).
    Mais bon, je suis comme Marie, je lis Jancovici, d’où cet esprit déformé.

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