Plan de retraite et déroute de la pensée

Franchement, franchement ! La question des retraites, au-delà des gesticulations, au-delà des postures confortables, au-delà des discours calibrés, démontre à quel point se trouve réduite la pensée critique. Nous sommes proches du vide, du zéro absolu, cela ne fait pas l’ombre d’un doute à mes yeux. Je n’entre pas ici dans le débat technique, économique, politique au sens commun. Ce que je souhaite en quelques phrases, c’est montrer à quel point nos élites sont fourvoyées dans le paradigme si souvent évoqué ici, celui de « progrès ». Malgré l’avalanche d’informations radicalement neuves sur l’état écologique de la planète, les monopolistes de la parole publique radotent tant et plus.

Avant d’aller plus loin, impossible de ne pas saluer la digne mémoire de Michel Debré, que le dessinateur Cabu immortalisa, au début des années 70, avec un entonnoir sur la tête, preuve supposée de sa dinguerie. Jeunes qui lisez ces lignes, oui, il y eut jadis des années 70. Je les ai connues. Debré était l’un des plus proches compagnons du général de Gaulle, et quand celui-ci revint au pouvoir en 1958, Debré se retrouva aussitôt ministre. Et il le fut jusqu’en 1973, après avoir été, excusez du peu, Premier ministre de la France entre 1959 et 1962. Cet homme, père de l’actuel président du Conseil Constitutionnel, aura donc été l’un des tout premiers personnages de notre république pendant quinze ans. Or, et c’est là que je veux en venir, Debré était un nataliste forcené. Dans un discours à l’Assemblée, le 12 juillet 1963, il réclame une France de 100 millions d’habitants, rien de moins ! Et il ajoute un aboiement contre ceux qui osent parler de contraception ou d’avortement, « des idées fausses ou des propagandes insidieuses qui sont contraires à l’intérêt national le plus évident ». Seul le chiffre compte. Seul le nombre d’habitants importe, « non seulement en tant que facteur de puissance et de prestige mais en tant que facteur d’expansion économique et de progrès social ».

100 millions, vous imaginez ? Moi non. Nous sommes 64 millions, et l’espace me manque déjà. Baste. Je passe sans transition au démographe Hervé Le Bras. J’ai eu l’occasion de le confronter à l’écologue François Ramade en février 1999 (Politis n°535) sur la grave question de la population mondiale. Lui – Le Bras – pensait et pense encore que les catastrophistes se sont toujours trompés et qu’ils continueront. Il m’avait alors dit, et je crois qu’il ne renierait pas ce point aujourd’hui : « L’une des variables essentielles, c’est le progrès technique. Au fond, nous sommes dans une ambiance très XIXème siècle, entre ceux qui croient au progrès et ceux qui n’y croient pas, ou plus ». En 1999, il disait que la perspective de 8 milliards d’humains en 2025 ne posait pas de problème. Je gage que les 10 milliards annoncés pour 2050 le laissent pareillement de marbre.

Pourquoi réunir arbitrairement feu Debré et son entonnoir, d’un côté, et l’ancien membre du parti communiste et distingué démographe Hervé Le Bras de l’autre ? Parce qu’ils symbolisent bien, à mes yeux, l’arc désuet d’une certaine pensée française. D’un consensus si évident – pour eux – qu’il n’y a plus lieu d’en visiter les contours et les soubassements. Nous sommes pourtant en face d’une pure et simple idéologie, mais qui ne se donne pas pour telle. Comme ses tenants dominent encore la scène – on peut ajouter au tableau la social-démocratie et toutes les droites -, ils n’ont plus à ferrailler, ils n’ont plus rien à démontrer. Or, leur sac à malices est vide, désespérément.

Pour Debré, bien sûr, comique de rigueur. La France contre le reste du monde. La grandeur. Le drapeau. Le clairon. Avait-il entendu parler de dérive des continents, cette géniale découverte d’Alfred Wegener ? C’est à se demander. Savait-il quoi que ce soit sur l’eau, la mer, le sol, la forêt, la systématique ? D’évidence, non. Croyait-il qu’on pouvait exiger 100 millions de Français, puis 200, puis 500 ? Probablement, car l’idée de limite lui était foncièrement étrangère. Mais il a pourtant dirigé la France, et ses successeurs sont en vérité, dès que l’on gratte un peu, des clones de son ignorance. Quant à Le Bras, qui est un homme sympathique, il consent à l’aveu essentiel : lui, il croit au progrès. Malgré les aléas, la marche des sociétés humaines est ascendante, et des solutions ont toujours été trouvées. Circulez donc, amis de la vérité et de la complexité. Le progrès. En matière de retraites et de pensions, les deux attitudes se rejoignent sans difficulté. Les hommes qui débattent aujourd’hui, tant du côté syndical – ou patronal – que du côté gouvernemental posent la question comme si rien ne s’était passé dans les décennies écoulées.

Englués dans leurs pauvres représentations de la réalité, ils tracent des courbes, ils suivent des lignes. Envers et malgré tout, l’avenir doit rester linéaire. Les uns pensent que l’augmentation de la productivité du travail finira bien par régler un jour le problème, surtout si l’on répartit un peu mieux les profits. Les autres assurent avec autant de conviction que Debré en 1963 que l’espérance de vie va continuer à croître – jusqu’à 10 000 ans ? -, empêchant de servir des retraites décentes à des vieux de plus en plus vieux et de plus en plus nombreux. L’ensemble est désastreux. On pourrait, on devrait profiter d’un débat qui porte – exceptionnellement – sur une durée plus longue que celle du mandat présidentiel, pour enfin évoquer des questions générales. Mais on préfère mener en catimini une discussion de boutiquiers ou de maquignons, à l’échelle d’un canton du monde.

La première évidence, c’est que nous ne sommes pas seuls. La misère, l’atroce misère frappe à nos portes, qui annonce des réveils toujours plus douloureux. Les discutailleurs actuels nous refont, à leur manière, le coup du nuage de Tchernobyl, qui s’était officiellement arrêté aux frontières françaises. La question des retraites, qui nous mène au moins jusqu’en 2030 ou 2040, pourrait ainsi se concevoir à l’échelle nationale, hors du monde et de ses tragiques réalités. Comme si la crise écologique, comme si la crise climatique ne devaient pas s’imposer à tous. C’est pitoyable. L’exemple le plus pathétique est sans doute cette scie que l’on entend partout, si caractéristique du cadre paradigmatique évoqué plus haut. Un, l’espérance de vie augmente. Deux, elle va continuer à augmenter. Trois, c’est une formidable nouvelle.

Claude Aubert a écrit il y a quatre ans un livre mesuré, modéré, rempli de chiffres et de questions passionnantes sur le sujet (Espérance de vie, la fin des illusions, Terre Vivante, 17 euros). Ce qu’il dit n’est que bon sens, appuyé sur des études, des constats, des consensus même. Il ne fait pas de doute, pour lui, que l’obésité et la sédentarité, le tabagisme et bien entendu les pollutions sont en train de clore un court chapitre de l’histoire des hommes. Ceux qui nous succéderont, en toute hypothèse, vivront moins longtemps que nous, et plus mal. Croire que l’espérance de vie pourrait continuer à augmenter alors que l’incidence des cancers explose est ce que j’appellerais un paradoxe. Croire que notre santé est de mieux en mieux préservée, alors que des milliers de nouvelles molécules de la chimie de synthèse ont été mis au contact des milieux naturels au cours des soixante dernières années, c’est très simplement une idiotie. Jugés à cette aune, la totalité des discours sur les retraites sont de pures et simples idioties. Des conneries, quoi. Il me semble bien, en tout cas.

22 réflexions sur « Plan de retraite et déroute de la pensée »

  1. Ce matin, Woerth était sur France Inter, et tout ce qu’il avait à la bouche était  » il ne faut pas inquiéter les français et les marchés financiers », à propos de la crise et des retraites.
    Même Demorand s’est laissé prendre à son discours si rassurant, il a un vrai pouvoir anesthésique ce ministre….!
    Du coup, entre deux spots de pub pour les retraites (ce qui me choque énormément, d’ailleurs), il s’en est plutôt bien tiré , sans heurts, sans dérapage…C’est Sarko qui va le féliciter ! La France ronronne !

  2. Coucou,

    « Englués dans leurs pauvres représentations de la réalité ».

    Qu’ils y restent,je les emmerde…!

    Excusez moi pour le mot « emmerde »,mais c’est exactement ce qui leur convient,a tout ces clowns gesticulateurs.

    Bises,Léa.

  3. Les décideurs continuent à franchement nous les briser menu.
    Il me vient a la mémoire une chanson de Félix Leclerc.Grand parolier québécois. Il faut écouter le trio Leclerc,Charlebois et Vigneault
    Quand les hommes vivront d’amour Il n’y aura plus de misère… les soldats seront troubadours…
    C’est peut être cela la vrai réforme.
    On peut rêver.

    A vous lire. Yves

  4. Je pense qu’il est prudent de ne pas vendre tous ses jours de vie à la machine-travail et de récupérer vite fait les jours de vie qu’elle a en réserve (1).

    Feindre que la carotte des retraites diminue permet d’augmenter le bâton de la discipline, de l’ordre du Travail, d’en augmenter la centralité dans nos vies, l’emprise totalisante de l’économie qui nous a tous transformés en rouages hyperspécialisés.

    Ceci pour ne pas nous faire poser de question sur les tenants et aboutissants de ce que nous produisons, sur l’organisation délirante du travail de plus en plus parcellisée, sur ce à quoi nous employons notre force productive manuelle ou intellectuelle, ce à quoi nous perdons notre vie à la gagner.

    Prendre une (grosse) partie de sa retraite dès maintenant en passant à temps partiel, pendant qu’on est en pleine possession de ses moyens en faisant le pari que l’on aura pas besoin de beaucoup d’argent à la retraite si l’on décide d’avoir un mode de vie pauvre (2) et/ou collectif si vraiment on a peu de moyen (A -ton besoin d’une grande maison quand les enfants sont partis ?)

  5. (suite)
    Déjà supprimer une voiture par foyer augmente le ce revenu de 400 €/ mois (budget moyen de la toto 5000€ par mois).

    Le fait de retrouver le temps de se faire à manger, cuisiner au lieu d’acheter les produits frelatés industriels revient toujours moins cher, même bio.

    Il est certain que les retraites des seniors de nos jours qui veulent une voiture chacun, un camping car, les dernière technologies, les cosmétiques pour paraître jeunes, qui mangent sans arrêt au resto et qui sont dans l’hyper-consommation de produits touristiques pour aller bronzer idiot dans des hôtels abstraits aux quatre coins du monde en avion ne sera pas soutenable longtemps (et c’est tant mieux).

    notes :
    (1) : voir à ce sujet le très bon texte de deun sur decroissance point info : Autoreduction-du-temps-de-travail
    (2) pauvre au sens noble c’est le nécessaire partagé (ce n’est pas la misère) au sens de Jean-Claude Besson-Girard dans Decrescendo Cantabile 2005.

  6. Englués nous sommes. Rien ne doit changer. Nous sommes bien. Pas la peine de se faire peur. Allègre, Troscane nous guident et l:s agences de notation nous notent. Le monde brûle. Nous serons l’éteindre.
    Regardez : pour une fois les petits Américains pourront jouer sur la plage avec des boulettes de de pétrole et les crevettes d’élevage et les crustacés seront prêts à être embrasés pour le « barbecul ».
    Que le monde est beau et sait se réguler de lui-même. Faisons plein d’enfants pour qu’ils profitent du spectacle.

  7. Salut Fabrice,

    « Ce que je souhaite en quelques phrases, c’est montrer à quel point nos élites sont fourvoyées dans le paradigme si souvent évoqué ici, celui de « progrès » »

    C’est le mot « paradigme », ou plutôt l’expression « paradigme de progrès » qui m’ont rappelé un texte récent que j’avais écrit lorsque je participais aux échanges entre PG et écolos ayant choisi à la suite de Paul Ariès et Martine Billard de débattre librement. Pour être tout à fait complet l’idée était de voir comment peser sur le PG afin qu’il devienne un parti écolo. Tous n’y croyaient pas, beaucoup se poussaient du coude en ricanant mais le débat valait le coup.
    J’ai compris, à cette occasion, que le plus difficile est bien de donner à voir une autre représentation du monde qui soit ni capitaliste ni productiviste. Une représentation tout à fait neuve, originale, inédite.
    Comme je n’ai pas envie ce soir de me mettre à rédiger un nouveau texte, je me permets de reprendre ci-après le précédent évoqué plus haut.

    «  »Aujourd’hui, j’ai envie de me balader un peu et de répondre à des questions que l’on ne me pose même pas mais qui pourtant m’emplissent. Je vais me risquer sur des terres inconnues situées hors de ce que les pédagogues nommeraient ma zone proximale. Dans un nouveau paradigme comme ne cesse de nous y appeler Paul Ariès. J’essaie de lire, de comprendre et d’imaginer. De me forcer à penser autrement, de découvrir ce qu’ont été, jusqu’à lors, pour moi, des impensés. Au risque de ne pas avoir compris tout ce qu’ont écrit ceux qui m’ont précédé dans ces contrées, de poser des jalons disparates et de faire naître plus de trous noirs que de matière cohérente. De demeurer dans une sorte d’incomplétude.
    Si nous donnons à croire que nous nous limitons à mettre dans la lumière, un outil comme « la décroissance », fut-il un dynamiteur, un obus, à recommander l’ouverture de quelques chantiers importants comme « gratuité, usage/mésusage, revenu universel ou maximum autorisé, etc. » ou encore à nous mobiliser autour d’un programme de gouvernement, à astiquer des amendements indispensables, à fourbir des stratégies d’alliances et à ferrailler pour des enjeux de pouvoirs, nous courrons le risque de croire et de faire croire que nous changeons alors que nous demeurerons installés dans le cadre capitaliste et donc productiviste que nous sommes pourtant de plus en plus nombreux à refuser. Et nous courrons celui de perdre de vue, moi le premier d’ailleurs, ce préalable capital que doit être le but. Des chantiers, une caisse à outils, une stratégie, de la tactique, sans doute, mais pour quelle autre construction ? Pour quel dessein ? Il n’est pas inutile de commencer à donner à voir quelle représentation du monde nous avons à l’esprit. Je vais m’y hasarder.
    Quel serait donc un modèle alternatif au capitalisme, acceptable et joyeux, que nous pourrions porter et opposer, pour le proposer à nos concitoyens ? Pour l’instant, ils savent bien dans quel type de monde barbare ils se débattent, souffrent, désespèrent mais ils sont impuissants à concevoir une représentation différente de leur vie. D’imaginer une autre forme de vie. Et nous ?
    Pour faire court, j’avancerais, prudemment – car c’est extrêmement complexe et je ne suis pas sûr de parvenir à le décrire – que le système actuel – productiviste – repose essentiellement sur la croyance absolue dans les capacités de la technoscience à apporter une solution à quelque problème que ce soit, sur l’aveuglement à l’avenir des sources primaires d’énergies et de matières premières, à celui des eaux, des terres et de l’atmosphère et sur l’ignorance des limites écologiques de la planète et des lois de la physique. Ce système caractérisé, donc, par l’illimitation, a, de plus, fait du travail du plus grand nombre, le moyen principal pour créer des formes de richesses matérielles, générer des profits financiers et favoriser, de manière très inégalitaire, l’enrichissement d’une poignée de fortunés. (J’aime bien dire de ploutocrates.) En outre, il s’emploie, au travers de multiples représentations séduisantes et en usant de mensonges et d’images retouchées, à donner aux hommes une fausse idée de la vie bonne. Un horizon indépassable dessiné par le désir fantasmé, la consommation d’objets, le gaspillage et l’insécurité. Pour moi, le capitalisme repose d’abord sur la peur de manquer, transmise de génération en génération. Une peur fondamentale qui cache celle de mourir. Sur l’idée qu’il faut se préoccuper individuellement d’amasser en prévision des jours sombres à venir et pour cela, lutter contre les autres. De posséder, de consommer pour combler le vide de nos vies déterminées par l’immédiateté. Sur l’idée, aussi, que nous finirons, comme nous l’avons toujours fait par trouver une solution. Des solutions. Mais aucune solution n’existe dans le cadre capitaliste. Nous le savons. Ce qui nous est présenté, vendu par les communicants des partis traditionnels comme miracle n’est que fantasme, chimère et relève de la croyance. Mais il perdure car les élites souhaitent le maintenir pour garantir leur statut d’élite.
    Comment vaincre la peur de manquer ? Comment renoncer à l’addiction de la consommation et se sevrer ? Et surtout, quel modèle de substitution donner à imaginer ? On comprend bien que nul ne veuille lâcher la proie pour l’ombre et abandonner l’idée de Progrès qui éclaire l’humanité depuis trois siècles. On le constate dans les réactions et les craintes de ceux qui s’inquiètent du retour à l’âge des cavernes. Il ne s’agit pas, selon moi, de renoncer à l’idée d’améliorer notre condition d’être humain mais d’opposer l’Etre à l’Avoir. Rappelons-nous que l’argent n’a pas de valeur en soi, n’est certainement pas une richesse mais seulement un moyen commode d’estimer les valeurs des biens et des services, de favoriser les échanges et qu’une société ne peut durablement en faire l’axe principal autour duquel tourner. La seule vraie richesse c’est la planète Terre avec ce qu’elle contient, la vie et l’activité humaine. Or donc, la monnaie n’appartient ni aux banques privées qui la créent de nos jours et ne réalisent que ce qui est favorable aux intérêts de quelques-uns, ni aux Etats qui en ont abusé jadis avec leurs planches à billets mais aux citoyens. Le progrès scientifique et les techniques ont atteint des limites qu’il est facile de décrire. Aussi faut-il lui substituer une notion de progrès spirituel, philosophique. Mais nous vivons dans l’équivoque, coopérer avec les autres car nous ne pouvons nous en sortir seuls ou bien lutter contre les autres pour préserver nos avoirs. Alors ?
    Alors, comme il est impossible de toujours tout inventer, il serait malgré tout envisageable et honorable de s’inspirer de situations imaginées ou d’expériences vécues ou en cours.
    Alors, il me semble que nous devrions commencer par proposer des lieux de parole, d’échange et d’analyse afin que s’imposent toutes les prises de conscience, les réalités de la situation et se structurent les idées de solidarité, d’entraide et de coopération. Mettre en place des pratiques de prise de décisions, de gouvernance pour responsabiliser et utiliser l’intelligence collective. S’attacher à la levée progressive des objections. Surtout, ne pas rester seuls et envisager, ensuite, de travailler sur la notion de transition pour trouver ensemble le chemin, ou les chemins, qui mènent de ce monde à un autre. Et mettre fin à un système dans lequel ce qui est gagné par l’un est perdu par l’autre. Pour définir la réalité de nos désirs et de nos envies, le privé ne peut remplacer le collectif et le marché ne peut faire figure d’outil pertinent.
    Une belle occasion de nous mettre en route peut nous être fournie, rapidement, par la prise de conscience de la diminution des quantités de pétrole, d’énergies primaires et de ressources minières et la mise en place d’un plan de réduction de leurs consommations. Evidemment, un parti politique classique ne peut envisager de gaieté de cœur de se tirer une telle balle dans le pied. Cela signifie travailler dur à un exercice d’explication, à une reformulation de la pratique démocratique, à une recherche, dans les territoires, de réponses aux questions posées par un nouveau modèle d’existence, à la mise en place d’un programme usage/mésusage. La réduction des quantités de carburants offertes aux ménages selon un calendrier et un programme obligerait à reconsidérer les déplacements, les lieux de travail (à proximité) et le travail lui-même, l’organisation des loisirs et des vacances, à revoir les productions agricoles, à changer les régimes alimentaires, à reconsidérer l’artisanat reposant sur les économies d’énergie, sur le recyclage et la récupération. A mettre l’économie au service de l’homme et de la planète. Bref, à transformer toute la vie au moyen d’un premier levier. Relocaliser, soutenir des projets d’intérêt collectif, aider les gens démunis et donner un sens à nos vies.
    Cela peut signifier quitter les villes qui n’offre que des conditions de logements pénibles aux personnes en difficulté et ne garantissent pas assez d’activités salariées. Pourquoi ne pas encourager, par exemple, les personnes touchant le RSA et les chômeurs, sans espoir de retrouver un emploi, de se regrouper dans des villages, de petites villes pour partager leurs idées et leur énergie, inventer une nouvelle forme de démocratie et mutualiser leurs moyens et leurs avoirs. Et ne pas gaspiller leur vitalité à essayer de répondre à l’injonction de s’enrichir.
    Et puis, est-il raisonnable de posséder deux ou trois voitures de près d’une tonne – ou de plus d’une tonne – par famille, alors qu’on a besoin de ne transporter qu’une ou deux personnes ? Réorganiser les transports collectifs et mettre en commun des véhicules moins nombreux en fonction des besoins avérés serait une meilleure solution. Créer des SCI pour gérer collectivement logement, lieux de travail et maisons de retraite n’en serait pas une moins bonne. Installer des ateliers de création et de production de vêtements répondant aux demandes ; des productions de légumes, de fruits, sans le secours de la chimie…
    Créer des monnaies locales complémentaires gratuites qui incitent à s’intéresser à ce qui se passe près de chez soi, afin aussi de nous libérer de la monnaie bancaire qui, selon des spécialistes non classiques, reposerait sur une dette acceptée comme moyen de paiement et enfin pour exprimer un idéal. (Intuitivement je crois que la monnaie est un enjeu capital. Il faudrait s’y intéresser vraiment.) Monnaies auxquelles seraient associés des revenus d’existence. (Voir SEL et expériences diverses – environ 5 000 dans le monde – à étudier. Je ne m’y suis pas encore intéressé de près.) J’ai lu récemment qu’au 1er janvier 1974, la dette publique française était nulle. En 2009, elle s’élève à près de 1 400 milliards d’euros alors que l’on a déjà payé 1 300 milliards d’intérêts. Les spécialistes en économie pourraient peut-être se pencher sur cette énormité.
    Mais, et cela est décisif, pour entreprendre un tel bouleversement, il est indispensable que chacun ait la certitude que tout s’organise dans la justice et la transparence. Que rien ne permettra la reconstruction de féodalités. Et aussi que sa vie soit emplie d’activités assez fortes pour combler les temps libérés par la diminution du temps de travail. Il faudra organiser des rencontres. Pour des échanges philosophiques, des expositions artistiques, des représentations théâtrales, musicales… des échanges de savoirs… Des échanges pour le plaisir. L’organisation d’Universités Populaires gratuites et une réflexion sur la place de l’enseignement deviendront indispensables pour que les citoyens ne soient, plus considérés comme des consommateurs/producteurs mais aussi et surtout comme des créateurs et des individus s’appropriant leur avenir et offrant leurs talents sans crainte ni angoisse après avoir compris leur condition d’homme…
    Peut-être revient-il à un parti – mais je n’en sais rien – de s’intéresser à toutes les expériences en cours de par le monde, de les observer, de les analyser et d’en susciter et promouvoir de nouvelles pour qu’enfin chacun sache que le monde capitaliste/productiviste n’est pas un monde unique. » »

    Régis Pasquet

  8. Complétement d’accord avec Lionel, travailler moins pour vivre plus le temps présent! J’adhère! Et je pars au jardin planter mes tomates. Tant pis pour la retraite, d’ici-là j’aurai appris à jardiner comme une pro, et toc.

  9. Erratum :
    Dans mon message précédent je voulais dire 5000 € par an pour le budget moyen de la voiture.

    @Régis : Le revenu universel ou maximum et l’usage / mésusage font débat dans ce que vous appelez « la décroissance ».
    Grosso modo, il y a deux courants dans l’objection de croissance :
    Le courant réformiste à tendance étatique lourde (Ariès, le journal La décroissance) et le courant à tendance libertaire (Latouche, bulletin « Sortir de l’économie », Critique de la valeur de Palim-Psao (http://palim-psao.over-blog.fr/), decroissance point info) qui lui est beaucoup plus radical.

  10. Les déclarations de Michel Debré en disent long sur les compétences et la capacité à se projeter dans l’avenir de certains politiciens, je crois même qu’il avait parler de 150 millions d’habitants (si nous l’avions suivi au lieu de pratiquer la contraception, nous aurions pu égaler le Bengladesh COCORICOOO :).
    L’espérance de vie peut continuer à augmenter si nous changeons de notre façon de vivre sinon elle diminuera comme elle diminue en Russie ou chez les pauvres aux Etats Unis (pollutions , casse du système de santé…)
    Reculer l’âge du départ à la retraite à un but principal, celui de maintenir un taux de chômage élevé pour faire pression sur le salariat et les collectivités qui exigeraient des mesures antipollution. Pour ces gens là, il est préférable d’avoir des salariés travaillant 40 ans de 20 à 70 ans avec 10 années de chômage pour les maintenir dans une précarité qui fera fermer leur gueule que 40 ans de 20 à 60 ans.
    Travaille à temps partiel pour vivre mieux et partager le travail, et une solution. S’il y avait 2 millions de chômeurs de moins, le régime ne serait pas en déficit.

  11. « l’intérêt national » ce bout de phrase m a toujours fait frissoné je le déteste plus que tout et oui les débats sur les retraites sont pathétiques de perte de temps, tant qu il y aura des hommes pour raisoner comme cela on est pas sortie d’affaire….

  12. Croire que le débat sur les retraites tel qu’on nous l’inocule serait le seul résultat de l’incompétence des politiciens est bien optimiste.
    Ces gens là ne sont que les porte-voix de ceux qui organisent les famines, les bidonvilles,et la désertification de la planète.
    Par contre, ce qui est du domaine de l’incompétence, c’est la pauvreté de leurs discours.

  13. Quand on remplace une caissière par un robot,il serait normal que ce robot donne lieu à des cotisations, même les radars automatiques devraient cotiser, ils remplacent des fonctionnaires après tout.
    Le progrés devait nous apporter le bonheur au contraire les machines nous asservissent.
    Il vaut examiner à qui il profitent.
    A la question de Demorand sur france-inter ce matin qui à parler justement du robot qui remplace la caissière et ne paye pas de cotisations sociales, il a répondu qu’il faudrait peu être penser à taxer les fabricants de caisses automatiques.
    Taxer le fabricant c’est impossible par contre des équivalents emplois certainement.

  14. « Dans une entreprise, les employés compétents sont promus et les incompétents restent à leur place. Donc un employé compétent grimpe la hiérarchie jusqu’à atteindre un poste pour lequel il ne sera pas compétent. À ce stade, il devient donc un incompétent qui va occuper son poste indéfiniment.

    Autrement dit :

    * un incompétent garde son poste ;
    * un employé compétent promu est remplacé par un autre employé, potentiellement incompétent ;
    * si le nouvel employé est compétent, il sera promu et remplacé à son tour par un nouvel employé jusqu’à ce que le poste échoit à un incompétent »

    ou comment ça fonctionne mal exprès .

    * « Le Principe de Peter », de Laurence J. Peter et Raymond Hull

  15. Les politiques nous prennent pour des moutons (auraient-ils raison ?) qui mâchouillent le prêt-à-penser qu’ on leur sert dans les médias grand public…
    La France regorge de fric mais par un tour de passe passe, y’a plus rien dans les caisses. Imaginons un instant qu’ on puise dans le budget militaire ou dans les caisses de Total…Ou mieux qu’ on puise dans les bénefs faramineux des grosses sociétés du CAC 40. Juste retour des choses !
    Nous allons crever de cette course en avant aveugle (« demain sera mieux, si, si, promis ! »)
    Pour mieux comprendre ce qui nous attend et cerner l’ état catastrophique de notre belle planète ; bref, se sentir plus intelligent, je vous conseille vivement la lecture du livre de Michel Tarrier : « Nous, peuple dernier – Survivre sera bientôt un luxe « . Fantastique bouquin aux éditions L’ Harmattan.

  16. Ah oui, très bonne idée, de faire COTISER tous les automates qui ont remplacé les ouvriers et autres salariés (et ça continue) sans améliorer d’un iota le sort des travailleurs rescapés.

    On pourrait aussi leur faire payer des impôts et des cotisations sociales, au lieu de grever encore nos mini retraites avec des CSG et autres inventions à piller le peuple.

  17. oh! il ya les puissants et leur famille, et leurs clients: je ne sais pas le nombre que cela représente, mais ceux-là ont droit à des privilèges et des passe droits, en plus ils sont recommandés par la présidence: alors, tu vois écrase! .
    aller faire des courses en Hélicoptère Paris-Londres , tu sais combiuen çà coûte de l’heure? j’ai oublié, on me l’avait dit; mais attention ce genre de privilèges n’est pas pour toi mais pour toute la clientèle et les puissants satellites des S.., mais pas que d’eux.!

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