Pascal Canfin, nouveau ministre, face à un putain de barrage

Ne quittez pas de suite cette page, même si le préambule vous paraît long. Je vais bel et bien parler de Pascal Canfin, dirigeant d’Europe Écologie – Les Verts, devenu depuis peu ministre délégué en charge du « développement ». Mais patience, car je dois avant toute chose vous parler de la vallée de l’Omo, en Éthiopie. Je doute que beaucoup d’entre vous connaissent ce lieu, qu’il me faut donc présenter en quelques mots. L’Omo est une rivière, qui coule le long de 760 kilomètres depuis ses sources situées au sud-ouest d’Addis-Abeba, la capitale. La ville est installée sur un haut-plateau dont l’altitude varie de 2300 à 2600 mètres. L’Omo, après avoir taillé sa route là-haut, descend par une vallée sublime qui s’achève en delta dans le lac Turkana, qu’on a longtemps appelé Rudolf. Je laisse aux spécialistes le soin de dire si une rivière se jetant dans un lac est aussi un fleuve.

Cette partie inférieure de la vallée de l’Omo se trouve aux portes du Kenya – le lac Turkana est pour l’essentiel sur son territoire -, très près de cette Rift Valley – la vallée du Rift – où l’aventure humaine a connu de saisissants mouvements. On a découvert ici de nombreux fossiles humains, dont certains d’Homo abilis, un ancêtre qui pourrait bien avoir inventé l’outil. Mais il n’y a pas que les morts, dans cette vallée basse de l’Omo. Il y a les vivants, les survivants du terrifiant développement imposé au monde entier. Huit peuples au moins, 200 000 personnes peut-être, vivent le long de l’Omo. Qui est paradoxalement une zone semi-aride. L’eau est tout.

Les Bodi, les Daasanach, les Karo, les Muguji, les Mursi, les Nyangatom attendent tout des crues de l’Omo, en quoi ils ont raison (ici). Depuis des temps plus anciens qu’internet, ces peuples cohabitent avec la rivière, qui dépose sur ses rives un limon qui apporte, après travail, du sorgho, du maïs, des haricots, et quelques pâturages pour les bêtes. La biodiversité autre qu’humaine ? Ce territoire à peu près unique abrite 300 espèces d’oiseaux, 80 espèces de gros mammifères, sert de refuge aux lions, aux rhinos, aux éléphants, aux chimps, aux buffles, aux léopards, aux girafes. Merde, croyez bien que je n’en rajoute pas.

Mais il y a Addis. Où, comme partout ailleurs dans le Sud de ce monde malade, trône une folle bureaucratie urbaine. Qui réclame les mêmes standards de vie que les nôtres. Qui connaît parfaitement la chanson du « développement » et des aides publiques déversées par la Banque Mondiale et tous ses clones. Ne croyez pas que l’Éthiopie est une vague province oubliée. C’est un immense pays qui compte chaque jour un peu plus. Un pays grand comme deux fois la France, et dont la population dépasse 90 millions d’habitants. 90 millions ! L’Éthiopie fera parler d’elle sous peu, et ce ne sera pas pour jouer de la mandoline. J’ajoute qu’un régime atroce, inspiré par l’expérience soviétique stalinienne, et longtemps soutenue en France par notre si bon parti communiste, a régné en Éthiopie de 1974 à 1990. On appelait cela le Derg – gouvernement militaire provisoire de l’Éthiopie socialiste -, puis la République populaire démocratique d’Éthiopie, le tout mené après 1977 par l’une des plus belles crapules du siècle passé, Mengistu Haïlé Mariam. Lequel, après avoir été chassé du pouvoir en 1991, s’est réfugié au Zimbabwe, où sévit Robert Mugabe, un autre salopard qualifié.

C’est dans ce pays éthiopien qu’ont été construits une dizaine de grands barrages, de manière à pouvoir gaspiller l’électricité comme EDF nous a appris à le faire à la maison. L’un d’eux devrait être achevé en 2014, qui s’appelle Gibe III, à environ 300 km au sud-ouest d’Addis. Comme son nom l’indique, il est le troisième. Le troisième d’une série de barrages édifiés sur l’Omo. Mais Gibe III appartient à une race différente, car lorsqu’il fonctionnera – s’il doit jamais fonctionner -, il sera le plus haut barrage hydro-électrique d’Afrique, et permettra en un coup de doubler la capacité électrique installée de toute l’Éthiopie (sur la base des chiffres de 2007).

Ce qui se passera à l’aval des 240 mètres de hauteur du mur de béton, on le devine. Mieux, on le sait. Des peuples entiers – si l’on considère qu’un peuple est aussi sa culture – mourront à jamais. Cette manière si singulière qu’ont les Daasanach ou les Muguji d’habiter le monde partira à la benne. La gigantesque benne à ordures où tout s’entasse à une vitesse désormais stupéfiante. Plus de crue, plus de vie. Plus de pâturages, plus de villages. Est-ce bien compliqué ?

Comme le chantier est avancé, il faut tenter de comprendre ce qui passe par la tête des demeurés habitant aujourd’hui les rives de l’Omo. Pardi ! pour eux, c’est la vie ou la mort. Tout le reste est insignifiance. En ce moment, au moment précis où j’écris ces mots qui se perdront à coup certain, des flics et des militaires éthiopiens ratissent hameaux et villages de la vallée de l’Omo. Sans témoins, ils tabassent, arrêtent et emprisonnent les récalcitrants, volent et tuent le bétail. Vont-ils plus loin ? Je n’en serais pas autrement étonné – je doute fort que CNN et TF1 envoient sur place des équipes rutilantes -, mais je n’en ai aucune preuve. Je me base sur une enquête de terrain d’une des ONG les plus respectées de la planète, Human Rights Watch (ici). Outre le gaspillage d’électricité, le barrage servira à irriguer 100 000 hectares de terres vendues par Addis à l’encan. À des transnationales étrangères, dans le but principal de cultiver la canne à sucre, plante de grand rapport. L’accaparement des terres, c’est-à-dire le vol, c’est cela : s’emparer de vastes surfaces par tous moyens étatiques, puis détourner l’eau, sans laquelle le pillage ne serait pas assez rentable.

Ce barrage coûte très cher. Évidemment. Si le gouvernement éthiopien devait le financer, il ne le pourrait. Et c’est pourquoi, dans sa grande sagesse industrialiste, il a fait affaire avec le club des Grands Destructeurs Associés de la planète, au premier rang desquels la Banque Mondiale. Cette merde globale est une merde globale. Mondialisée, je veux dire. Et je ne me lasserai jamais de rappeler que deux institutions clés de la destruction du monde ont été récemment dirigées par des socialistes français. Plus exactement, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) l’est encore : le socialiste Pascal Lamy, qui serait autrement ministre français, commande à cette association de malfaiteurs depuis 2005. Et M.Strauss-Kahn, qu’on ne présente plus, a dirigé le Fonds Monétaire International de 2007 jusqu’à ses menus soucis sexuels.

La Banque Mondiale est donc au centre de ce maudit barrage éthiopien. Et elle vient de débloquer 243 millions de dollars à l’Ethopie et 441 millions au Kenya pour réaliser le raccordement électrique de ce dernier pays au grand barrage en construction. C’est dégueulasse ? C’est au-delà des mots. Sauf que notre belle Agence française du développement (ici) est dans le coup, qui finance elle aussi ce que les promoteurs nomment « l’autoroute électrique ». Je n’ai pas le temps de détailler ce qu’a été, ce qu’est encore cette AFD, véritable bras armé de l’État français depuis sa naissance en 1941. L’AFD est indissociable de ce qu’on a nommé à juste titre la Françafrique.

Et c’est à cet instant que nous retrouvons Pascal Canfin, membre éminent d’Europe Écologie – les Verts, et nouveau ministre délégué, en charge du « développement ». Je ne connais pas cet homme, que des amis, qui l’ont fréquenté, présentent comme un garçon respectable. Je vais donc faire comme si, et lui adresser la lettre suivante :

» Eh bien, monsieur le ministre, vous voilà d’ores et déjà au pied du mur. Du barrage, si vous me permettez. Je sais, et vous savez mieux que moi que les attributions de votre ministère vous donnent la tutelle de l’Agence française du développement (ici). Ne présidez-vous pas le conseil d’orientation stratégique de cette institution ?

» Aussi bien, votre responsabilité personnelle concernant le barrage sur l’Omo est-elle immense. Certes, vous pouvez vous abriter derrière les décisions déjà prises, et prétendre qu’elles n’engagent vraiment que vos prédécesseurs. Vous le pouvez. Ce serait commode, ce serait aussi suicidaire. Car vous suivriez alors, inéluctablement, le sort de Jean-Pierre Cot, éphémère ministre de la Coopération de Mitterrand après 1981, congédié tel un domestique des temps passés pour avoir osé parler de la Françafrique. Ou, en plus dérisoire encore, celui de Jean-Marie Bockel, « exfiltré » en catastrophe de son poste de secrétaire d’État à la Coopération, en 2008, pour avoir déplu à MM.Bongo et Sassou-Nguesso.

» Faut-il, dans un autre registre, rappeler le sort ministériel funeste fait à votre camarade de parti Dominique Voynet ? Incapable d’œuvrer comme la ministre écologiste qu’elle prétendait être, elle restera dans la (très) modeste histoire récente comme celle qui fut incapable de trouver les mots justes après la marée noire de l’Érika. Vous pourriez bien, mutatis mutandis, vous retrouver rapidement dans une situation proche. En accompagnant une politique indigne et en tournant le dos au vrai changement, lequel vous mettrait forcément en danger. Dans le monde tel qu’il est, monsieur le ministre, celui qui s’oppose à la marche à l’abîme ne finit pas avec une retraite de ministre.

» Il est pour vous une autre voie que celle du déshonneur ou de la démission. Si cela vous semble nécessaire à votre carrière, eh bien assumez donc ce financement, au nom du passé. De la France, si vous préférez. Chargez au passage la barque de ces messieurs de la Sarkozie, qui ne sont plus à cela près. Mais aussi et surtout, dénoncez ! Mais ruez ! Mais criez sur tous les toits que l’aide de la France au barrage de l’Omo est en contradiction totale avec les valeurs qui sont les vôtres. Une forte parole de cette France que vous représentez aurait un effet direct, majeur, sur les autres bâilleurs de fonds, qui se tiennent tous par la barbichette. Dont la présence d’un seul entraîne et rassure tous les autres. En revanche, si par malheur vous deviez rester muet, que vous soyez alors maudit à tout jamais ! Car rien ne vous interdit de poser des limites. Rien ne vous empêche de dire à vos alliés socialistes et au pays que vous ne serez pas une potiche. Une déclaration ferme de solidarité avec les peuples de l’Omo vous vaudrait l’exécration des industrialistes et le soutien définitif de ceux, partout dans le monde, qui savent ce que cache le mot amer de « développement ».

» Arrivé à ce stade, monsieur le ministre, je dois avouer qu’il me vient un doute. Ayant lu certains de vos propos depuis votre nomination, je me demande avec inquiétude si vous avez seulement parcouru ce très grand livre : « Le développement : Histoire d’une croyance occidentale ». Dans cet ouvrage essentiel, Gilbert Rist montre comme l’histoire fait d’une idée une idéologie, puis une force matérielle. Tenez, je suis prêt à vous l’envoyer à mes frais. Que diable entendez-vous nous dire, lorsque vous écrivez (ici): « Vous l’avez noté : en remplaçant le terme Coopération au profit de celui de Développement, l’intitulé du Ministère qui m’a été confié par le Premier ministre est d’ores et déjà un marqueur du changement souhaité par le Président de la République. Un symbole qui révèle aussi la marque de la volonté politique qui anime le Gouvernement dans son ensemble ». Je me répète, pardonnez ma familiarité : il me semble que la lecture de Gilbert Rist s’impose.

» Monsieur le ministre, vous et vos conseillers pouvez bien entendu passer ces mots par pertes et profits. Et suivre la voie si naturelle de ceux qui tiennent le pouvoir, puis s’y accrochent. Il me semble qu’il serait plus noble de commencer par aller faire un tour dans la vallée de l’Omo. Un voyage ministériel auprès des Bodi, Daasanach, Karo, Muguji, Mursi, Nyangatom marquerait réellement le changement dont tout le monde se réclame sans jamais avoir à le prouver. Si le cœur vous en dit – sait-on jamais ? -, je suis tout prêt à vous accompagner. Et je suis on ne peut plus sérieux. Avec mes salutations écologistes,

Fabrice Nicolino

Dites-moi, vous croyez qu’il va répondre ?

PS : L’avocat William Bourdon apparaît comme un proche du nouveau pouvoir (ici). Fort bien.  Grand défenseur des droits de l’homme – c’est sans ironie -, créateur de l’association Sherpa, critique résolu de la mondialisation cannibale dont le barrage éthiopien est comme un étendard, Bourdon peut et doit évidemment défendre les peuples de l’Omo. Et démontrer du même coup qu’il se distingue de tous ceux qui, après 1981, ont oublié c e qu’ils prétendaient être, au motif que la gauche était au pouvoir. Je lui demande, je nous demande à tous un sursaut. Bas les pattes devant la rivière Omo ! Cela semble ridicule ? Ça l’est. Qui s’attaque à l’Everest avec une pelle en plastique est ridicule.

44 réflexions sur « Pascal Canfin, nouveau ministre, face à un putain de barrage »

  1. CHAPEAU monsieur pour la qualité ébouriffante de votre argumentaire !!!
    Votre appel au secours à notre jeune ministre qui semble en effet être une personne de qualité inhabituelle, est bouleversant d’intelligence…..
    Puisse-t-il vous répondre et se « mouiller »…

  2. un grand merci Fabrice,…cela fait trop longtemps que nous assistons presqu’en silence (malgré les alertes régulière de survival, et les rapports de HRW) à la destruction de la vallée et des peuples de l’OMO…
    Dénoncer les complicités occidentales et en l’occurrence françaises via l’AFD est le moins que l’on puisse faire…
    Il faut qu’un maximum de monde sache ce qui est en train de se passer !!
    Merci

  3. Mr Nicolino, vous avez mon soutien à part entière sur cette affaire.
    La balle est dans le camp du ministre.

    merde il a perdu sa raquette…

  4. J’ai l’impression de plus en plus forte que chaque gouvernement du monde est prêt à sacrifier une partie de sa population pour assouvir les ambitions, les caprices d’une minorité (je ne parle même pas des arbres, des rivières, des animaux).
    Lorsque j’ai traduit le rapport « Afrique : terre(s) de toutes les convoitises », les chiffres avancés sur l’Ethiopie était déjà effrayants. C’était en 2010, il y avait déjà près de trois millions de personnes qui souffraient de la faim et d’une sécheresse persistante. Malgré cela, le gouvernement avait déjà concédé près d’un million d’ha à des firmes (principalement européennes) pour faire de la canne à sucre pour produire de l’éthanol pour nos bagnoles.
    Un million d’ha de canne à sucre, plante gourmande en eau, s’il en est !
    Mais ce n’est pas tout, on découvrait dans ce rapport que le gouvernement éthiopien lançait aussi un plan « agrocarburants : 27 millions d’ha étaient classés comme apte à la culture du jatropha, toujours pour faire rouler les bagnoles…
    27 millions d’ha… Si les Ethiopiens ont faim, on leur enverra les carcasses… de nos vieilles voitures.

  5. Merci pour ce texte pertinent et pour la référence très importante Gilbert Rist pour démystifier le développement qui n’est que la poursuite de la colonisation par d’autres moyens.

    Qui elle même était la poursuite de l’esclavage par d’autres moyens…

    Ici le point IV du discours d’investiture du président Harry s Truman commenté par Gilbert Rist, introduit par Clément (palim-psao).

    http://decroissance(point)info/article.php3?id_article=675

  6. Ces nouvelles accablantes qui se succèdent sans fin font surgir dans ma mémoire cette phrase de Séféris notée il y a longtemps :

    « Il y a toujours quelque chose de plus, jusqu’à ce que l’homme se brise. »

    Mais il faut se reprendre, et faire quelque chose, n’est-ce pas ? Par exemple, oui, lire ce livre de G. Rist au titre si prometteur. Allez, courage.

  7. Quelle horreur que la virulence de votre plaidoyer ne réussit malheureusement pas à occulter… Oui, il faut unir nos forces, lancer une pétition, alerter le plus largement possible, mais les délais sont si courts et les intérêts financiers si monstrueux. Les lanceurs d’alerte tel que Avaaz, Greenpeace, etc sont-ils sur le pont?
    Du côté de EELV ce serait bien sûr une belle tentative pour remettre les pendules à l’heure, mais à première vue la combativité n’est plus au programme…
    Merci de faire déjà beaucoup.

  8. Mon lien du texte de Gilbert Rist n’est pas passé, je l’ai mis ici en redirection :

    « http://www.redir.fr/guxpb »

  9. Quelques banques et entreprises qui participent à la construction de cet instrument de mort :
    – Salini Costruttori (Italie) – Dirige la construction du barrage
    – Harsco (USA) – Livre des équipements.
    – Dongfang Electric Corporation (Chine) – travaux d´électronique et de mécanique hydraulique.
    – ICBC (Chine) – Banque
    – EXIM (Chine) – Banque
    (informations trouvés sur le site de « Survival International » en langue allemande.

    Est-ce que quelqu´un d´entre vous, ou Fabrice, a entendu parler de l´ONG « Counter Balance » qui se bat pour une réforme de la Banque Européenne d´Investissements ?

    Merci pour cet article vibrant. Merci aussi de donner les liens de « Survival International » et de « Human Right Watch ».

  10. Bonjour,

    Permettez-moi de préciser quelques points Monsieur Nicolino, qui vous ont échappé, enfin, j’espère! Tout d’abord ce ne sont pas 200.000 personnes qui vont périr ou perdre leur lieu de vie avec cette série de barrages, mais plusieurs dizaines de millions. En effet, gibe1 et gibe2 se chargent d’assécher le Soudan, gibe3 se charge du sud et de l’ouest. Mais que pensez-vous de cette politique de la mise à genoux de l’Ethiopie depuis le début du 20ème siècle en ce qui concerne la politique internationale de gestion et d’exploitation des eaux du Nil qui attribue quasiment exclusivement l’exploitation et le GASPILLAGE de 80% des eaux du Nil par l’Egypte et son petit frère soudanais??? vous avez sûrement une bonne réponse à cela n’est-ce pas? que pensez-vous du « droit naturel » à disposer de l’eau du Nil défendu par l’Egypte depuis les accord des années 20, puis des années 50…??? vous préférez cette situation?? pour rappel, qui a pleuré les nubiens au bon temps de la construction du lac Nasser? Qui a soulevé le problème des sources du Nil (en ethiopie)lors des grandes famines des années 70 et 80 en Ethiopie….? aujourd’hui l’Ethiopie décide de profiter de son eau, et compte bien imposer ses points de vue à l’égypte et au soudan. Oui c’est terrible, et oui nous allons droit vers une guerre de l’eau qui débordera largement des frontières de la corne de l’afrique par le jeu des alliances, oui la rdc, le kénya, l’ouganda tanzanie, et bien sûr le soudan et l’égypte risquenet de s’affronter dans les années à venir! pourquoi, parce que il y a trois ou quatre ans en arrière, quand l’Ethiopie demandait un nouvel accord sur la répartition de l’eau du Nil, tout le monde lui riait au nez, il ne lui restait plus qu’à continuer à se resigner de voir naitre le nil sur ses hauts plateaux sans y toucher…. personne ne s’en est ému à l’époque! et aujourd’hui, voilà que tout le monde se reveille! je vous trouve bien partisan Monsieur, trop facilement et trop légèrement partisan, il est en effet très facile de critiquer un pays qui veut offrir de l’eau à 80 millions de personnes! il est évident que les peuples animistes du sud et de l’ouest ne doivent pas disparaitre, et qu’il faut les respecter, mais….et les peuples des hauts plateaux, les amharas, les guragués, les habitans du tigray et j’en passe…. on en fait quoi? on leur demande au nom du respect des peuples animistes de continuer à tirer une langue sèche? la solution est sûrement ailleurs, je ne la connais pas, mais elle n’est à coup sûr pas dans les propos à sens unique que vous tenez dans votre article…cela dit, il a le mérite d’exister.
    cordialement,

  11. Monsieur Afework,

    Comme il est facile d’user d’internet à l’abri d’un pseudonyme ! Je suis à chaque fois épaté. Certes, je ne saurais vous reprocher de ne pas lire Planète sans visa. C’est un droit, et même s’il n’est pas (encore) inscrit dans la Constitution, je le respecte. Seulement, cela peut amener à écrire des sottises. Et c’est justement votre cas. Je vous renvoie – entre autres – à cet article : http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=1116

    Vous vous instituez par ailleurs le défenseur de l’Éthiopie. Fort bien. J’aimerais au passage savoir laquelle. Car vous semblez appartenir à ce vaste groupe pour lequel l’eau est réductible à un volume. Or, il est tant d’usages de l’eau, dans tant de cultures différentes de l’eau, que ce point de vue est extravagant. Croyez-vous sérieusement que les peuples de l’Omo consomment l’eau comme les bureaucrates officiels d’Addis ? Ne voyez-vous pas que la manière d’utiliser cette si précieuse offrande est décisive pour l’avenir commun ?

    Pour le reste, ma foi. Vous êtes un partisan de l’affrontement, et de la guerre. Vous ne voulez pas la justice, objectif si difficile à atteindre qu’il paraît hors de portée humaine. Vos propos sont à leur place dans la vaste mélopée qui a conduit aux si tragiques événements de l’été 1914, eux-mêmes menant aux désastres suivants. Je me doute bien que vous ne verrez pas les choses comme moi. Mais les discours belliqueux ont ensanglanté l’esprit européen entre 1870 et 1914, préparant le terrain aux baïonnettes et aux tranchées. Je ne pense pas comme vous.

    Fabrice Nicolino

  12. Bonsoir,

    Je mets ici également un commentaire que vient d’envoyer Miaou. Autrement, peu auraient pu le lire, car il était en principe attaché à un article de Planète sans visa datant de 2010 : http://fabrice-nicolino.com/index.php/?p=798

    Fabrice Nicolino

    Voici donc

    miaou

    Et je suis passé à côté de cet article en 2010 !
    En tant qu’intégriste ferroviaire, je le trouve très réconfortant; avec en plus le sentiment d’être un peu moins fou, puisque moins seul. Par rapport aux zétazunis, si on déteste la bagnole, en France on passe seulement pour un con ou un hurluberlu, ça rassure.

    La pénurie énergétique (ne serait-ce qu’elle) fera redécouvrir les vertus physiques du train, et je suis persuadé qu’on en viendra à décider a minima de ré-ouvrir ou reconstruire (quitte à démolir les aménagements routiers ou les constructions immobilières, qui à ce moment n’auront plus de pertinence) les lignes fermées, déposées, ou démolies (sans oublier les canaux). Enfin, si on a encore assez d’énergie ou de matière première pour y parvenir. L’aspect financier du transport ferré (déficit chronique, coût d’infrastructure) sera gentiment rangé au dernier plan.
    Le train n’est pas écologiquement neutre, mais c’est le moyen de transport motorisé le plus économe. Sa domination à venir nécessitera des contraintes, mais je pense qu’elles seront surmontables (approvisionnement énergétique, maintien d’une industrie de fabrication*, utilisation de l’électronique et de métaux rares…), contrairement à l’effet contre-productif de la bagnole.

    En regardant la démolition continue du patrimoine ferroviaire actuel (ce qui fonctionne et ce qui est désactivé), la négation par les libéraux du caractère intégré et de l’effet de rendement croissant du mode ferroviaire, on se met en rage, car ce sont des chances en moins pour l’avenir. Mais il faut être patient; même si ça ne sera pas joli à voir, la situation s’inversera, on aura de la chance dans notre malheur futur.

    *Renault a jadis fabriqué des trains; avis aux ouvriers de la bagnole. Alstom et les quelques constructeurs français encore vivants ne pourront fournir seuls.

    @ La Feuille : la deuxième carte provient du site :
    http://www.bueker.net/trainspotting/maps.php
    Cliquez pour découvrir toutes les gourmandises.
    La première, je l’ai en poster réédité en 1982 par la revue Connaissance du Rail. Une revue ferroviaire l’a récemment (moins d’un an) publiée découpée en pages. Mais je ne l’ai pas encore trouvée sous forme informatique suffisamment détaillée (si j’avais le temps, je le ferais moi-même, mais hélas…). Ce serait parlant, on pourrait montrer facilement à tous le potentiel qu’on a sabordé.

  13. Monsieur Nicolino,

    pourquoi dites-vous que je m’adresse à vous caché derrière un pseudonyme??? je m’appelle afework, désolé si ce nom ne vous plait pas, je suis né avec, j’en changerai quand vous arriverez au pouvoir! j’ai été honnête dans mes propos, manifestement vous ne les appréciez pas, vous dites que je dis des sottises, c’est possible Monsieur, je l’admets, je ne vis pas retranché derrière des vérités comme vous semblez le faire, donc oui je peux me tromper, et en plus vous êtes insultant, c’est regrettable, quant à mon nom je l’assume et je suis à votre disposition si vous voulez verifier mon identité, mais alors seriez-vous capable de reconnaitre que vous vous êtes trompé? je me suis permis de donner mon avis sur la situation en ethiopie que je ne prétends aucunement maitriser, mais j’ai mon avis, pardonnez-moi si je ne suis pas aussi tranché et pétri de certitudes que vous réussissez à l’être. d’autre part, je ne suis pas un va-t-en-guerre comme vous le dites, vous melangez tout et vous lancez des comparaisons hasardeuses et stigmatisantes, vous allez bientôt dire queje suis un criminel de guerre… je ne défends pas l’éthiopie monsieur, à chacun son histoire, son vécu, et ses questionnements, et pour d’autres pas de questionnements juste une parole auto-proclamée comme étant celle de la vérité, comme vous Monsieur! bien à vous et autorisez-moi de signer de mon nom sans risquer d’être encore une fois insulté par vous!
    Afework

  14. Monsieur Afework,

    Je suis navré de m’être trompé et vous prie d’accepter mes excuses, qui sont sincères.

    Pour le reste, je maintiens en totalité. Si vous ne souhaitez pas être étrillé – ce que je peux comprendre -, il ne faut pas ouvrir une discussion. Bien à vous, quoi que vous puissiez penser.

    Fabrice Nicolino

  15. j’accepte vos excuses, quant à être étrillé… je vous renvoie la remarque monsieur Nicolino, il faut savoir accepter une discussion, un débat, avec des opinions différentes. et… en quoi suis-je étrillé, je maintiens aussi que vos propos dans cet article sont trop propres, trop lisses, bien dansl’air du temps de la bonne pensée paternaliste que vous défendez. Au fait, le débat c’est bien vous qui l’avez lancé non? ou bien dois-je comprendre que vous ne supportez pas l’idée que vos propos soient non pas remis en cause, mais qu’ils puissent au moins autoriser les lecteurs quelles que fussent leurs opinions à s’interroger sur la « vérité » unique des articles que vous publier. j’ai lu l’article auquel vous m’avez renvoyé, et j’y adhère, mais le sujet est cet article et la division manichéiste de cette problématique telle que vous l’exposez. personnellement, jele répète, je ne sais pas où est la solution, y en a-t-il seulement une d’ailleurs? si c’est ce type d’interrogation qui vous donne le sentiment que je suis un partisan de la guerre comme vous le dites, ou encore que je ne crois pas ou ne veux as de justice…. alors je me suis mal exprimé, mais attention à vous de ne pas sombrer dans trop d’insultes, trop de certitudes sur les gens qui s’interrogent, tout cela sans les connaitre et sans se soucier de leur vécu et du mal que vous pouvez leur faire! ne vous en déplaise, je suis bel et bien un partisan de la paix, je connais l’éthiopie, l’érythree, et je ne vois pas en quoi souligner l’insolubilité actuel du problème est criminel, moi je dirai responsable. Dans cette histoire, il n’y a pas de coupables, juste des victimes, dans l’espace et dans le temps, plus souvent en certains lieux que dans d’autres. voilà, c’est tout ce que je voulais dire, quant à la guerre Monsieur Nicolino, quant à la soif, je vous en prie, ne parlez pas de ce que vous ne connaissez pas!

  16. Monsieur Afework,

    Je regrette de vous avoir blessé, soyez-en certain. Mais en vérité, vous ne discutez de rien. Vous tentez de disqualifier mon propos, sans délivrer le moindre argument. C’est votre choix.

    Comme c’est votre choix de prendre position en faveur d’un État contre ses propres peuples. Comme c’est votre choix de ne pas évoquer les débats cruciaux concernant les usages de l’eau. À fortiori dans une région où la rareté relative de cette dernière impose des solutions de compromis.

    Peut-être, après tout, êtes vous un pacifiste. Mais l’histoire du XXème siècle européen montre à quel point certaines formes de pacifisme mènent aux crises guerrières.

    Enfin, concernant la guerre, je vous prie avec fermeté de vous souvenir que vous ne savez rien de moi. Il se peut bien que j’aie connu la guerre. Et la soif, d’ailleurs. Mais cela ne vous regarde en rien.

    Fabrice Nicolino

  17. Monsieur Nicolino,

    vous voyez bien qu’il est insupportable quand quelqu’un se permet de porter des jugements sur vous sans vous connaitre,n’est-ce pas? alors comprenez qu’il en soit de même quand vous méprisez le fait que l’on soit en désaccord avec vous!
    pour ce qui est de la fermeté, appliquez vous vos principes et ensuite vous pourrez venir donner des leçons aux autres, à moi j’en doute! pacifiste, guerrier, 14/18, vous avez le talent de ceux qui jettent de l’huile sur le feu pour faire du bzz Monsieur , il est dommage que vous l’utilisiez pour des critiques gratuites et des exercices de styles sur votre blog, défoulez-vous, mais de grâce arrêtez les comparaisons faciles et propos entendus. le discours guerrier, c ‘est vous qui l’avez, relisez-vous, invectives, propos disproportionné, insultes, et vous aimez mettre les gens dans une case, c’est plus simple….
    les arguments??? mais j’ai exposé le fait tout simple que je me pose des questions et ces questions je les ai posées en toute humilité, avec mes doutes et encore une fois sans réponses que je connaisse; si vous les avez, je serais heureux de les connaitre, d’ailleurs question argument, votre article est … creux non? ne confondriez-vous pas argument et exposé d’une situation régionale dans lequel vous glissez des opinions personnelles??? aucun questionnement chez vous, encore une fois de l’agressivité et des certitudes! Soyez constructif, et respectueux, surtout quand vous évoquez « les débats cruciaux »… sans pointer du doigt tel ou tel peuple, en vous disant qu’il y a peut-être, je dis bien peut-être une chance que vous vous trompiez,mais oui, même vous! bonsoir Monsieur.

  18. A Martine :

    le résultat d’une enquête sur le rôle jouée par la BEI en Zambie a donné cet excellent documentaire « Zambie : à qui profite le cuivre ? » récompensé par le prix Albert Londres.
    Un film dans lequel les mécanismes du pillage sont expliqués dans le détail mais sans jamais oublier les victimes. Où l’on voit notamment que la « dette » ne date pas d’aujourd’hui, mais que tant qu’on profitait de la dette des pays du Sud, personne ou presque n’en parlait…
    Sinon vous pouvez avoir des infos sur la BEI en français sur ce site : http://www.amisdelaterre.org/BEI.html
    Amitiés terrestres et landaises

  19. Monsieur Afework,

    J’en resterais là, car nous n’avons pas une vraie discussion. Vous avez bel et bien pris le parti de l’Éthiopie, ce qui est votre droit strict, en écrivant notamment : « je vous trouve bien partisan Monsieur, trop facilement et trop légèrement partisan, il est en effet très facile de critiquer un pays qui veut offrir de l’eau à 80 millions de personnes! il est évident que les peuples animistes du sud et de l’ouest ne doivent pas disparaitre, et qu’il faut les respecter, mais….et les peuples des hauts plateaux, les amharas, les guragués, les habitans du tigray et j’en passe…. on en fait quoi? on leur demande au nom du respect des peuples animistes de continuer à tirer une langue sèche? ».

    Que voulez-vous ? Cela ne passe pas. Cela signifie, à mes yeux, qu’il y aurait un droit naturel de l’Éthiopie à construire ses barrages. Une Éthiopie qui ne chercherait qu’à abreuver des populations tirant « une langue sèche ». Une Éthiopie qui – dans les autres passages de votre texte – aurait été oubliée, méprisée par les autres nations. Eh bien, laissez-moi vous dire que je vois dans cette présentation un argumentaire qui justifie les guerres de l’eau à venir. Il est bien possible, je l’ai déjà dit, que vous soyez un pacifiste. Mais cela n’y change rien. La guerre aime beaucoup le pacifiste.

    Monsieur Afework, ou nous baissons les bras de suite, et la guerre sera sous peu à notre porte. Elle flambe déjà dans quantité de terres plus ou moins lointaines. Ou nous considérons la question de l’eau sous l’angle du partage, de la sobriété, du compromis. Et nous gardons une chance d’éviter le pire. Que l’Égypte ait eu la terrible impudence de bâtir le barrage d’Assouan ne saurait justifier que l’Éthiopie en fasse autant. Dans son cas, il ne s’agit aucunement de donner de l’eau à ses habitants. Mais de disposer de cette eau industrielle qui, au Nord, a permis l’industrialisation du monde. Or les temps ont dramatiquement changé, et cette perspective-là – des hauts-fourneaux, des autoroutes, des buildings, des bagnoles par millions – est interdite à l’Éthiopie. Pas pour la raison que moi, Fabrice Nicolino, l’aurais décidé. Pour la raison évidente qu’il n’y a pas assez d’eau de cette sorte pour tous les peuples de la région.

    En somme, c’est une alternative. Ou la guerre à coup certain, à horizon rapproché. Ou la recherche incertaine d’une paix fondée sur un tout autre modèle économique et des usages de l’eau aux antipodes de ceux prônés par l’Éthiopie officielle, celle d’Addis et des bureaux ministériels.

    Vous faites de votre côté ce que vous voulez – vous avez écrit ici ce que vous souhaitiez -, mais pour ma part, c’est ma dernière intervention sur le sujet. Monsieur,

    Fabrice Nicolino

  20. Monsieur Nicolino,

    prétention et suffisance, décidément, pour vous il existe un certains nombre de boites et d’étiquettes à coller sur le front des gens, pacifiste, criminel, pro ceci ou pro cela, m’enfin, je comprends que cela vous rassure de rester dans un raisonnement manicchéen. ces barrages en effet sont là pour faire de l’éthiopie une puissance industrielle régionale, oui… et alors? oui cela pose des problèmes humanitaires intolérables, mais non ils ne se résument pas à votre point de vue simpliste, racoleur et populiste au possible. mais bon, je vous remercie de m’avoir laissé m’exprimer et je vous laisse à vos certitudes d’un monde qui va à la dérive s’il ne suit pas le chemin que vous auriez tant aimé tracer, fabrice nicolino le grand guide des peuples opprimés….là on serait mal barré, et la prochaine fois faites autre chose que du tourisme ecolo-bobo en Ethiopie, ouvrez les yeux et vous verrez à votre grande surprise que les autres aussi savent être « humains » et aspirent à la lumière, même si l’electricité vient des barrages!
    bien à vous

  21. Cher Fabrice, Afework;
    Je trouve intéressant d’avoir des échanges de points de vue comme vous le faites pour l’instant.
    Mais, sans me prononcer sur qui a raison, je trouve dommage que Fabrice ne contre-argumente qu’après une multitude d’échanges : c’est dans le premier post de ce 18 juillet que l’on voit enfin ce qui ne vous plaît pas dans le post initial d’Afework. Même s’il y avait un renvoi à un autre article, Fabrice, c’est votre réponse, susmentionnée, qui m’éclaire le plus sur votre opinion…

  22. Ce que va faire le ministre ? Rien. Il ne lira probablement même pas ce courrier. L’un de ses assistants s’en chargera, et jettera la lettre au panier.

  23. Ces échanges s’inscrivent pile poil dans le travail de Georgescu-Roegen:
    « La crise écologique planétaire qui s’annonce depuis une bonne vingtaine d’années affecte de
    proche en proche tous les secteurs de notre civilisation industrielle en expansion. Il ne s’agit pas seulement de pollution et de dégradation de l’environnement ! L’économie dans son aspect biophysique, c’est-à-dire le processus de production, de distribution et d’élimination des ressources naturelles, ne fait pas exception. Il relie le métabolisme industriel de la société
    humaine à la biogéochimie de notre planète. L’évolution des sciences de la nature depuis
    Carnot et Darwin, c’est-à-dire depuis la thermodynamique et l’évolutionnisme, ne permet plus de séparer le vivant et l’environnement terrestre. Il s’agit d’une coévolution, l’évolution biologique est en interaction réciproque avec les changements de l’environnement planétaire.
    On redécouvre ainsi l’unité du vaste système écologique dynamique qu’on doit nommer, à la
    suite des travaux pionniers du savant russe Vladimir Vernadsky (1863-1945), la Biosphère, et
    que certains, de nos jours, nomment Gaïa » (1

    C’est fondamentalement le dogme mécaniste de la société industrielle occidentale qui est
    I’erreur fatale dont les conséquences technologiques et économiques sont à la source de la crise qui attend l’humanité lancée dans l’impasse écologique et sociale de la croissance
    illimitée. Ce qu’il nous faut entreprendre, au niveau intellectuel, n’est donc pas une simple
    réforme qui substituerait, par exemple, une comptabilité énergétique à la comptabilité
    monétaire en vigueur, mais une refonte radicale de notre vision du processus économique.
    Ceci afin d’intégrer le métabolisme global de l’humanité – avec ses extensions techniques –
    dans l’environnement biosphérique limité de la planète Terre, « nature » issue de plusieurs
    milliards d’années de coévolution de la Vie et de la Terre, en un mot de la Biosphère, dont
    l’espèce humaine est momentanément l’héritière. En raison même de notre puissance, nous
    nous retrouvons coresponsable de son évolution, c’est-à-dire du destin de la Terre. »…
    « Dans le premier chapitre, sont esquissées concrètement les implications bouleversantes de son nouveau paradigme qu’il nomme désormais bioéconomique (6). Son franc-parler, sa
    persévérance et sa critique implacable des sophismes soutenus par ses collègues de
    l’establishment, rivés au dogme de la croissance illimitée, lui ont valu une fâcheuse réputation.
    En 1985,Georgescu-Roegen a même fini par claquer la porte de la prestigieuse American
    Economic Association. »

    http://www.plusconscient.net/images/documents/Vue_d_ensemble_de_la_pensee_de_Nicholas_Georgescu-Roegen.pdf

  24. Merci Fabrice,
    voici Canfin – l’alibi écolo, solidaire et social du gouvernement – ainsi placé au pied du mur et sommé d’agir. Je ne me fais malheureusement guère d’illusion et un masque devrait rapidement tomber, si ce n’est déjà fait après l’interview qu’il a accordée à Médiapart et dans laquelle il déclare que les relations entre la France et l’Afrique sont désormais normalisées… en 2 mois, rien que ça !

  25. A propos des barrages, la seule chose que je croie c est que la VIE s en est passée durant quelques millions d années et que les dérives de l humanité, la mauvaise direction que l humain à suivit ont rendue obligatoire ces choses bien évidement destructrices, l humain doit réaprendre à vivre avec les éléments et non pas contre c est tout et bien évidement et effectivement il est temps de prendre un autre chemin mais je pense que nos chèrs décideurs et beaucoup d humain n y sont pas du tout préparés et n ont pas du tout compris l empleur des engeux et des changements, des mutations, à effectuer

  26. A propos du dialogue entre Fabrice et Afework :

    J’ai l’impression que vous ne parlez pas de la meme chose. Afework ne remet en cause aucun des arguments de Fabrice, et Fabrice ne s’oppose pas non plus a ce que l’Ethiopie devienne une « puissance industrielle ». La question c’est : un barrage geant qui oppose une partie de la population de ce pays a une autre, sorte de mise en scene spectaculaire d’une sorte de « sacrifice » imaginaire, aidera-t-il l’Ethiopie a devenir une puissance industrielle ? Il n’y a aucune raison de l’esperer. Les barrages geants sont des destructeurs nets d’emploi, et tous furent des echecs economiques. On voit mal comment le sentiment de prendre une revanche peut justifier qu’un pays jusqu’à present epargne prenne part a cette serie tragique.

    L’idee que le « developpement » doit se nourrir du sacrifice d’une partie de la population au profit d’une autre est une idee aberrante imposee par l’Occident. Vu que l’effet economique reel de ces projets gigantesques est en general negatif, il est juste de se demander, tres serieusement, si l’antagonisme social, la destruction, loin d’etre un effet secondaire, n’est pas le but primaire de ces operations montees a grands coups de finance internationale.

    Pourquoi des milliards sont-ils toujours disponibles, a l’aide d’une combinaison de finances privees et de subventions publiques officielles ou occultes, pour des projets impliquant une destruction majeure de l’environnement naturel, de l’economie, de la vie de larges populations, mais pas pour des actions bien plus utiles et qui n’embetent personne, comme la micro-production solaire, l’agriculture biologique, la promotion des semences traditionelles, la recolte de l’eau de pluie et la restauration des nappes aquiferes, l’education rurale ?

    La Banque Mondiale a reconnu qu’elle n’aurait pas du financer la catastrophe du barrage sur la Narmada en Inde. Apres sa completion, apres qu’une population equivalente a celle de l’Australie a du s’enfuir, litteralement, devant la montee des eaux.

    Elle a surement prevu de s’excuser dans 20 ans, lorsque les consequences du barrage sur l’Omo seront devenues irreversibles ? Apparemment ca ne coute rien de s’excuser…

    On peut comprendre, evidemment, que les Ethiopiens aimeraient bien que lorsque le President de l’Ethiopie discute avec celui des Etats-Unis ou a l’ONU, il ait dans sa poche quelques milliards, dans son dos quelques tanks, et pourquoi pas sous la main une bombe atomique, rien que pour la satisfaction de donner un peu de poids a ses paroles. Independance, Force de Frappe, tout ca… Apres tout, ce qui est bon pour la France, pourquoi ca ne le serait pas aussi pour l’Ethiopie ?

    Sans vouloir juger sur la valeur de ces idees, il n’y a aucune chance qu’elles soient realisees en vendant a l’encan des pans entiers du pays, en reduisant a la misere une part gigantesque de sa population.

    L’Occident n’a jamais consenti sur son sol les immenses destructions ecologiques, economiques et sociales qu’il promeut et finance ailleurs.

    Il y a des choix qui paraissent simples, (« on ne fait pas d’omelettes sans casser des oeufs », etc.) mais qui ne sont que des jeux de dupes.

  27. À Laurent Fournier,

    Merci de cette contribution au débat. Je me dois d’ajouter un point, car il est à mes yeux essentiel. Je m’oppose bel et bien – je sais à quel point c’est dérisoire – au destin industriel de l »Éthiopie. Car je suis contre l’industrialisation du monde, définitivement. Le chemin infernal parcouru par notre monde du Nord après la dite « révolution industrielle » a fermé les portes d’un avenir commun. Les sociétés du Sud qui s’y risquent détruisent les bases mêmes du contrat social le plus élémentaire. Et de toute façon, il n’existe pas les ressources physiques qui permettraient de continuer longtemps dans cette direction.

    Autrement dit, je souhaite de toutes mes forces maigrelettes que l’Éthiopie tourne le dos aux formes démentielles prises par ce que nous osons appeler « développement ». Il n’est pas vrai que nous avons besoin de bagnoles, de chimie, de salaires pour vivre. Pour vivre, il faut manger, se vêtir, se soigner. Et aimer. On peut avoir cela sans l’industrie, au sens bien entendu que ce mot a pris. Car, dois-je le préciser ? il y a industrie et industrie. Mais dans le monde réel où nous sommes, nous ne connaissons plus qu’un seul phénomène. Que nous devons combattre avec toutes les armes à notre disposition.

    Bonne soirée,

    Fabrice Nicolino

  28. Pour mettre tout le monde d accord lisez absolument de Vassili Peskov: « Ermites dans la Taiga »
    Les Lykov sont incroyables et ils ont tout compris, consciement ou non,face à un sac plastique qu on leur donne ils répliquent « c est péché c est un objet séculier, ça nous est interdit » de meme pour l argent qu ils banissent et cette réflexion incroyable du grand père face aux questions du journaliste « pensez vous avoir fait le bon choix en vivant ainsi retirés du monde toute votre vie? »
    « Nous avons vécus, sans trop de mal, est ce que le monde va bien ? » Le journaliste de répondre non et le grand père de sourire …..

  29. Je ne sais pas si mon texte est passé, je ne le voie pas donc lisez : « ermites dans la Taiga  » chez Babel, de Vassili Peskov, c est étonant et tellement juste

  30. Bonsoir,

    Merci pour les beaux échanges.

    « Pour vivre, il faut manger, se vêtir, se soigner. Et aimer. »

    Vous avez omis un des essentiels. Essen-cieux? 🙂 Boire. D’ou l’invention des barrages …

    Se vêtir n’entre pas dans la catégorie. Les animaux se promènent a poils.

    Je taquine, 😉 bises a vous toutes et tous. Merci.

  31. Un écologiste condamné à une amende pour avoir tenté de bloquer un avion à Roissy

    BOBIGNY – Un écologiste a été condamné jeudi par le tribunal correctionnel de Bobigny à une amende pour avoir à nouveau essayé mercredi d’empêcher un avion de décoller de Roissy.

    Après une première condamnation début juillet pour des faits similaires, Pierre-Emmanuel Neurohr, 44 ans, a été condamné jeudi à 90 jours-amende à 12 euros: il doit payer la totalité de la somme (1.080 euros) sous peine d’effectuer 90 jours de détention.

    Il devra également payer 1.092 euros au titre de préjudice matériel à Aéroports de Paris, qui s’était constitué partie civile.

    Il était jugé en comparution immédiate pour tentative d’entrave et dégradation, et encourait 5 ans de prison ferme, avait indiqué à l’AFP son avocate Me Muriel Ruef.

    Me Ruef a salué une décision plutôt mesurée, alors que la représentante du ministère public, Marie-Denise Pichonnier, avait requis 2 mois d’emprisonnement.

    Le fait que le jugement soit très positif pour moi montre que la société avance, s’est félicité M. Neurohr en sortant libre du tribunal.

    Crâne rasé, fines lunettes, le militant a comparu dans le box des prévenus extrêmement fatigué, vu les conditions de détention des geôles de ce tribunal, a-t-il déploré en début d’audience.

    Il avait été interpellé mercredi en fin de matinée alors qu’il venait de s’introduire sur les pistes de Roissy, après avoir escaladé un grillage.

    Ca fait 25 ans que je travaille dans des associations de protection de l’environnement, ça fait 25 ans que je vois les choses se dégrader. Je pense qu’il faut agir, a-t-il justifié. Cet ancien salarié de Greenpeace actuellement au chômage est convaincu que la destruction du climat va entraîner la mort de millions de personnes.

    Dans un communiqué début juillet, il comparaît l’aéroport de Roissy à Auschwitz. Il est impossible de détruire le climat sans que cela ne provoque un génocide. Les extrêmes climatiques que préparent ces dépravés détruiront l’agriculture de pays entiers, et provoqueront des famines, disait-il.

    Le seul espoir qui nous reste, c’est que des milliers de Français basculent dans la résistance, écrivait-il, appelant à bloquer les avions.

    un grain de sable

    Je respecte les personnes de conviction (…) mais il existe des limites à cette manifestation des convictions: c’est tout simplement le respect de la loi, a fait valoir la représentante du ministère public.

    Le 2 juillet, M. Neurohr a déjà été condamné à 3 mois de prison avec sursis et 1.000 euros d’amende pour entrave à la navigation. Le parquet avait requis 3 mois de prison avec sursis avec mise à l’épreuve. La défense a fait appel.

    Le 6 juin, il avait découpé la clôture de l’aéroport afin d’accéder aux pistes, puis s’était placé devant un Airbus A320 pour l’empêcher de décoller.

    Il avait expliqué au juge des libertés et de la détention qu’il recommencerait le lendemain. Le 8 juin, il avait enfreint le contrôle judiciaire lui interdisant de se rendre à Roissy en bloquant un nouvel avion avant d’être à nouveau interpellé.

    Jamais un avion n’a eu de retard à cause de M. Neurohr, a plaidé jeudi Me Ruef, assurant que son client n’était ni fou, ni dérangé mais plutôt un grain de sable dérangeant.

    Interrogé par la présidente du tribunal quant à la possibilité d’une récidive, M. Neurohr a répondu: Je pense qu’il faudrait le faire mais après la nuit d’horreur que j’ai passée (dans les geôles du tribunal de Bobigny), je ne sais pas si j’en aurai le courage…

    (©AFP / 19 juillet 2012 21h05)

  32. Cher Fabrice, je vous ai prete par megarde une pensee qui est la mienne… Pardon ! Sans entrer dans l’argument habituel que l’industrie est inevitable, je suis toujours saisi par la beaute d’une acierie, d’un engin de chantier… Oui, ces choses dangereuses, polluantes, qui salissent tout autour d’elles ! Je ne suis pas sur de vous comprendre entierement lorsque vous ecrivez « Il y a industrie et industrie » et ensuite « mais dans le monde reel ou nous sommes nous ne connaissons plus qu’un seul phenomene ». Dans ma pratique professionelle d’architecte je percois plutot le contraire. La bonne solution est a la fois la plus efficace, la plus ethique, la plus belle, la plus amusante… On s’en approche plus ou moins, et il y a mille manieres de se tromper… Il faut etre suffisament technique pour ne pas etre dupe de la technique… C’est une pirouette mais ca veut dire que l’ignorer c’est se faire avoir. Lorsqu’on voit le probleme en termes de compromis entre des contraintes contradictoires c’est qu’on est assez loin d’une bonne solution. Par contre lorsqu’on voit une maniere de faire qui repond a plusieurs questions a la fois on s’en rapproche. Donc dans la pratique (« l’action ») la technique est une, elle n’est pas duale. Je crois que Gilbert Simondon (« du mode d’existence des objets techniques ») appelle cela la « concretude », et Schiller « l’instinct de jeu ». Je crois deviner ce que vous designez par l’industrie sous « ses formes dementielles ». J’aimerais repondre, en reprenant un slogan connu, « Une autre industrie est possible » !
    Bien amicalement,
    Laurent Fournier

  33. Bonjour, plaisir de vous lire. Mes mots étant limités pour exprimer ceci ou cela, je garde confiance en l’avenir malgré tout que des possibilités simples viendraient apporter des solutions sans compromis..technologiques et humaines.
    Le monde est tant compliqué mais personne ne peut nier la complexité du monde, l’inter-dépendance et celle ci est prétexte à bien des entreprises qui détruisent l’environnement.
    Une technologie de l’avenir sera la fusion froide ( en + des autres soluces comme le solaire, etc..) et celle ci devra être accessible aux pays qui sont le point de mire des pieuvres industrielles, principalement occidentales.
    Je pense aussi que les peuples autochtones du monde seront porteurs des meilleures possibilités pour l’avenir. Là, c’est trop vaste à l’écrire.
    Tant qu’il y a ne serait-ce qu’un filet de lumière dans l’obscurité, alors l’espoir est vivant.
    Cordialemnt.

  34. Merci Fabrice pour l’article… et les échanges…
    Si vous souhaitez lutter contre les grands barrages dans les pays dits du Sud, venez faire un tour par là… Pour info Gibe III devait être financé par la Banque Européenne d’Investissement mais parfois la mobilisation paye un peu… 🙂 http://www.cyberacteurs.org/cyberactions/stoppons-financements-union-europeenne-faveur-grands-barrages-pays-sud-439.html et faites tourner ! 🙂
    Amicalement
    ++

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