Notre classe politique (un désastre total)

Le gouvernement socialiste encense le nucléaire et prépare le grand retour de l’exploitation des gaz de schiste. La ministre de l’Écologie défend l’idée d’un aéroport près de Nantes, à Notre-Dame-des-Landes, pour complaire à son promoteur, Jean-Marc Ayrault. Je les vomis.

Oh, je sais bien qu’il faut faire attention. Vilipender la classe politique peut se révéler inquiétant aux yeux de certains. Il est de bon ton de réserver cela à Le Pen et à ses sbires. Mais moi, je considère la totalité, fascistes compris. Et je ne mets pas tout le monde dans le même sac avant d’aller le jeter à la rivière. Non, je vois les différences. Mais, mille fois hélas, quelle que soit la couleur des oriflammes, elles sont dérisoires. Elles le sont, car aucun membre de la corporation, de l’extrême-droite à l’extrême-gauche, ne met en avant la moindre mesure susceptible d’au moins nous faire gagner du temps. Faut-il le rappeler ? Nous sommes lancés dans une course contre la montre, contre l’effondrement des écosystèmes ayant permis l’émergence des sociétés humaines.

Il n’y a plus aucun doute que la dislocation a commencé. Il n’y a plus aucun doute que la stabilité du climat, réelle depuis environ 10 000 ans, sera bientôt un souvenir. Or 10 000 ans en arrière, c’est grossièrement la naissance de l’agriculture, suivie des premières cités, puis de ce que l’on appelle, probablement par antiphrase, la civilisation. Cette coïncidence ne doit rien au hasard : c’est parce que le climat était de moins en moins imprévisible que les hommes ont pu s’installer, et planter. Que se passera-t-il demain sur une planète surpeuplée ? Je veux bien admettre qu’il existe plusieurs réponses, même si je crois la mienne plus réaliste. Dans tous les cas, nous n’allons pas vers les beaux jours.

Une telle situation, sans aucun précédent dans l’Histoire humaine que nous connaissons, exigerait de la part de nos représentants de formidables qualités, qui certes ne se trouvent pas sous le sabot d’un cheval. Or aucun n’en a été doté. Nos politiques sont globalement des crétins, qui ne pensent qu’à leur prochain mandat, qui ne lisent pas ou peu, dont l’esprit érodé s’est peu à peu habitué aux règles sordides de la télévision et d’internet, réseaux sociaux compris. Les plus jeunes de ces si vieux passent un temps fou, chaque jour, à tweeter. Je précise pour ceux qui ne savent pas que le réseau Twitter oblige à des messages ne dépassant pas 140 signes. On ne s’approche pas du néant, on y est.

Aucun, je dis bien aucun, politique français de 2012 n’a conscience de l’imminence d’un basculement. Les plus ridicules, dans ce concours involontaire, sont encore les écologistes officiels d’Europe-Écologie. D’un côté, ils évoquent le pic pétrolier, le danger nucléaire, l’extrême gravité de la crise climatique, l’effondrement de la biodiversité. De l’autre, ils acceptent, le sourire aux lèvres, deux strapontins dans un gouvernement aussi productiviste, aussi insensible aux vraies questions que le précédent. Au rythme de leurs ondulations et reptations, peut-être auront-ils un troisième ministre le jour où les poules auront des dents. Peut-être. Point trop n’en faut.

Est-ce bien étonnant ? Non. L’Histoire du siècle passé, pour en rester au proche, montre combien il faut miser sur le neuf, le marginal, la rébellion de l’esprit. Voyez avec moi les cas admirables de Pierre Monatte et Alfred Rosmer. Je doute que beaucoup d’entre vous connaissent ces grands héros français. Moi, je ne les ai pas oubliés. Commençons par Monatte. Pierre, né en 1881, était un correcteur d’imprimerie. Responsable de la CGT au temps où ce syndicat n’avait pas encore été empoisonné par le stalinisme, il était anarchiste, au moins jusqu’en 1907. En 1909, c’est lui qui crée l’alors magnifique Vie ouvrière, un journal comme nul n’en fait plus. Il n’aimait pas le drapeau, la musique militaire, l’autorité, la guerre. Quand éclate la tuerie de 1914, tous ses espoirs s’effondrent. Les proclamations pacifistes, les serments d’amitié éternelle entre prolétariats de France et d’Allemagne, les si beaux discours des congrès disparaissent en quelques jours. Restent les tranchées. Il est minuit dans le siècle. Les socialistes de cette époque – la SFIO – pactisent avec leurs adversaires d’hier et entrent dans des gouvernements d’union sacrée. Les peuples vont saigner pendant quatre années.

Alfred Rosmer, né en 1877, est d’abord employé, puis journaliste à La Vie Ouvrière de Monatte, dont il deviendra l’ami définitif. Il y signe des papiers sur le théâtre, qui sera l’une des passions de sa vie passionnée, et passionnante. Anarchiste comme Monatte, il se rapproche comme lui, juste avant la guerre de 1914, de ce que l’on nommait le syndicalisme révolutionnaire, courant splendide qui pensait pouvoir renverser le monde par la grève générale. En 1914, à l’orée de la grande boucherie continentale, Monatte a 33 ans, et Rosmer 37. Ce ne sont pas des perdreaux de l’année. Vont-ils, comme tant de Gustave Hervé ou Miguel Almereyda, abandonner leur honneur, et devenir des patriotards ? Non.

À rebours d’une société qui désormais les exècre, Monatte et Rosmer maintiennent intact leur refus de la guerre. Ils sont seuls, ils sont une misérable poignée. On leur crache à la gueule. On fait mine de ne pas les reconnaître quand on les croise. Ils s’en foutent. Internationalistes ils étaient, internationalistes ils demeurent. La guerre est une merde sanglante, disent-ils avec d’autres mots. Un gigantesque abattoir où la justice n’a aucun droit de cité. En décembre 1914, avant de rejoindre en janvier 1915 le 252 ème régiment et de faire la guerre, contraint, Pierre Monatte démissionne du comité confédéral de la CGT pour protester contre son soutien à la guerre. Dans une lettre ouverte, il l’accuse de s’être déshonorée.

De son côté, Rosmer écrit le 1er novembre 1915, dans une admirable lettre aux abonnés de La Vie ouvrière : « Si nous avions accepté de faire notre partie dans le chœur de ceux qui, subitement, trouvèrent à la guerre des vertus, ces obstacles eussent été facilement surmontés. Mais c’eût été “pour vivre perdre toute raison de vivre” – chose très ancienne comme la formule qui sert à l’exprimer, – et pas un instant nous n’avons voulu être dupes des interprétations que les gouvernants ont si généreusement fournies aux peuples pour apaiser leur conscience et les faire aller joyeusement à la mort ».

Les deux amis jouèrent un rôle essentiel, du moins côté français, dans deux conférences internationales microscopiques, tenues en 1915  en en 1916 en Suisse, dans l’Oberland. À Zimmervald d’abord, à Kienthal ensuite, une quarantaine de délégués venus de toute l’Europe sauvent à eux seuls l’idée européenne, et la fraternité humaine. Dérisoire ? Dans l’Europe en feu de l’époque, sans nul doute. Mais plus encore fondamental. Le manifeste de Kienthal est l’un des moments les plus authentiques de l’homme, l’une des preuves que la noblesse existe en lui. Lisez donc avec moi cet extrait, publié au moment où tombent les jeunes êtres par millions : « Ni vainqueurs ni vaincus, ou plutôt tous vaincus, c’est-à-dire tous saignés, tous épuisés : tel sera le bilan de cette folie guerrière. Les classes dirigeantes peuvent ainsi constater la vanité de leurs rêves de domination impérialiste. Ainsi est-il de nouveau démontré que seuls ont bien servi leur pays ceux des socialistes qui, malgré les persécutions et les calomnies, se sont opposés, dans ces circonstances, au délire nationaliste en réclamant la paix immédiate et sans annexions. Que vos voix nombreuses crient avec les nôtres : A bas la guerre ! Vive la paix ! ».

Ce mots d’il y a près d’un siècle me font trembler encore. Je précise que le vocable socialiste est évidemment utilisé dans un contexte qui n’a rien à voir avec le nôtre. Pour le reste, disons que j’éprouve une vive et fraternelle admiration pour vous, ô Rosmer, ô Monatte. Ajoutons qu’ils moururent dans les années 60 du siècle écoulé, et n’abdiquèrent jamais. Gloire.

Vingt ans après celle de 14-18, et malgré les promesses, la guerre était de retour. Cette fois, sous la forme hideuse d’un fascisme apocalyptique. La classe politique française s’est couchée tout entière devant Hitler. Non, dites-vous ? Le parti communiste ne l’a pas fait ? Exact. Le parti communiste s’est livré à Staline, et aurait couché avec les nazis si le maître de Moscou l’avait exigé. Savez-vous seulement comment Thorez et Duclos ont défendu le pacte criminel conclu entre Hitler et Staline en août 1939 ? Savez-vous que Duclos, cette vieille crapule, a négocié avec l’armée d’occupation allemande, à l’été de 1940, pour obtenir la reparution légale, sous contrôle nazi, de L’Humanité ? Plus tard, bien plus tard, sera forgé le mythe du Parti des 75 000 fusillés. Je m’égare un peu ? Oui.

La vérité approximative de cette époque de sang, c’est qu’un homme seul a pu représenter l’espoir de tout un peuple, le nôtre (ici). Et cet homme, c’est De Gaulle. Qu’il ait été dans sa jeunesse un soldat de métier maurrassien, probablement antisémite, ajoute au miracle, que j’ai déjà rapporté ici à plusieurs reprises. Quoi qu’il en soit, pendant le sinistre été 1940, tandis que l’Angleterre elle-même était menacée d’une invasion, il a su rassembler 200 ou 300 partisans, et partir au combat contre l’une des plus formidables armées de l’Histoire. Un héros, lui aussi ? Pardi ! Quel autre mot lui accoler ?

J’en reviens au présent. D’abord, et pour éviter un funeste malentendu, soyez sûrs que je n’entends pas ici parler de moi. Si je frôle de la sorte le ridicule, c’est qu’un authentique connard, sur une radio, a prétendu que je me comparais à De Gaulle. Il est vrai que ce connard est aussi un imbécile. Je ne suis rien d’autre qu’une personne, « Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui ». Je n’ai aucune vocation à devenir ce que je ne suis pas.

Et je reprends mon propos. Rien ne sortira de la classe politique d’aujourd’hui. Des individus singuliers s’en échapperont, et rejoindront le camp des défenseurs de la vie. Je n’en doute pas. Mais dans son ensemble, cette classe est perdue, à tout jamais. Et l’avenir, s’il demeure ouvert, ne saurait être incarné que par des êtres en rupture totale de ban. Des individus louches au regard torve. Des allumeurs de réverbères. Des chercheurs d’eau dans le désert. Des rhéteurs sans public. Des bretteurs sans rapière. Des chemineaux. Des hoboes. Tous ces gens-là, qui sont mes frères, préparent dans le mépris ou dans les marges du monde ce qui devra nous sauver tous. Ne croyez plus aucun politique. Ayez foi dans ceux qui marchent en direction des étoiles.

 PS du  3 septembre : Certains articles de Planète sans visa sont excellemment reproduits et enrichis sur le site http://www.altermonde-sans-frontiere.com/. Je lui pique avec plaisir et reconnaissance cet extrait musical ajouté au texte ci-dessus, et qui me transporte. John Lee Hooker ! Voici :  http://www.youtube.com/watch?v=zYrVwGxlcFA&feature=player_embedded

106 réflexions sur « Notre classe politique (un désastre total) »

  1. Grand merci, Fabrice, pour cet article qui me laisse ému. Un éloge des gens de l’ombre « qui marchent en direction des étoiles », une page d’histoire qui serre la gorge.
    Guerres d’hier contre l’Allemagne, guerre d’aujourd’hui contre la vie, « tous vaincus » « tous saignés », hier comme aujourd’hui. Chefs de guerre militaire, généraux de l’industrie moderne, galonnés des perrons ministériels et partout, toujours, le bruit des bottes, les brûlés vifs, les envoyés vers la mort, partout toujours ceux qui gagnent en pouvoirs, en richesses avec le sang des autres et derrière eux, des champs de ruine, champs d’horreur et de déshonneur, hier, aujourd’hui, le monde à feu, à sang…
    Et dans la nuit du monde, des lumières infimes, portées par des frères humains, déserteurs-résistants que l’histoire retiendra ou ne retiendra pas, héros aux noms qui marquent les mémoires, pacifistes inconnus, qu’importe, garder « foi » dans ces lumières du bout du monde, malgré tout.
    « Amis, dessous la cendre
    Le feu va tout brûler
    La nuit pourrait descendre
    Dessus nos amitiés
    Je crie pour me défendre
    A moi les étrangers
    La vie est bonne à prendre
    Et belle à partager »…
    Une chanson de Serge Utge-Royo à découvrir, dans le prolongement de ces paroles.
    http://www.youtube.com/watch?v=_YYMYNWWMEA&feature=related
    Frédéric

  2. « … qui sont mes frères,…  »
    et vos soeurs : des bipèdes à la tête chaude aussi. C’est vrai qu »héroïne », c’est autre affaire. Amicalement.

  3. Aussi longtemps que, sur cette planète, il y aura des millions de Chinoises qui accepteront de se faire débrider les yeux pour accèder à un emploi, de même que des millions de femmes en Inde acceptent de se faire décolorer la peau pour le même motif social, aussi longtemps que le paraître primera sur l’être, aussi longtemps que le bonheur sera synonyme de possession d’objets, il y a peu d’espoir de changement.

    Aussi longtemps qu’il y aura des crétins pour imaginer, inventer, produire, acheter le dernier gadget à la mode qui permet d’un clin d’oeil de changer de chaîne ou de média, il n’y aura pas d’espoir de s’en sortir sur cette Terre.

    Par contre, « parmi ceux qui marchent en direction des étoiles », il doit bien y en avoir quelques uns sur ce blog ?

    Et parmi ces lecteurs « en direction des étoiles », il doit bien y avoir quelques adhérents EELV ?

    Parmi ces militants EELV qui comprennent la profondeur, l’intelligence, la puissance d’analyse des messages de F. Nicolino, et qui de surcroît l’approuvent, ils parlent de quoi lorsqu’ils sont en réunion de parti ?

  4. lire leurs feraient du bien a vette classe qui manque de classe,triste si triste c’est dirigeant qui sont comme le captain du titanic;trop sur d’eux avec une culture inversement proportionnel a leurs ambitions

  5. Bonjour,

    Aller! Tournez vous que je vous passe la pommade!
    Merci Fabrice. Vous êtes un très très (sans interruption) bon journaliste. Un vrai de vrai. Un des meilleurs, et les meilleurs ne sont jamais reconnus comme tel parce qu’ils dérangent. J’arrète la parce que vous allez en avoir plein le dos. 😉

    Ne les vomissons point, cela serait un gâchis de rejeter de la nourriture saine. Ils n’en sont pas dignes. Plaignons les plutôt. Ils ont comme  » dieu » l’argent et le profit. Ce sont des personnages laids. Laids a l’intérieur. Des morts. Ben si! Leur coeur a cesser de battre. Les docteurs le savent bien, sans le battant, plus rien …

    Même les étincelles dans les yeux de leurs propres enfants ne parviennent pas a ranimer la flamme de bonté de leur coeur. Alors …

    Garder tous votre palpitant au plus haut avec les mains dessus. Et quoi qu’il advienne, « ayez foi dans ceux qui marchent en direction des étoiles », et prenez bien soin de préserver la vôtre.

    Merci a toutes et tous, amitiés, bonne fin de semaine,

  6. Plaignons les plutôt. Et remerçions les.

    Car sans ses sinistres personnages, nous ne saurions pas faire la différence entre le bien et le mal.

    😉

  7. Cher Fabrice, tu m’as surpris !
    Merci pour cet article qui paradoxalement est porteur d’espoir. Des Monatte et des Rosmer (que je decouvre ici), des De Gaulle, (et des Lusseyran, et d’autres, beaucoup d’autres…) il y en a eu, peut-etre qu’il y en aura de plus en plus. Ca ne depend que de nous, de nous tous et de rien d’autre.
    Merci.

  8. Merci pour votre engagement.
    Vous écrivez :
    Rien ne sortira de la classe politique d’aujourd’hui ……
    Tout à fait d’accord, Fabrice
    ne croyez plus aucun politique ….
    Tout à fait d’accord aussi
    Pour garder l’espoir et si vous ne connaissez pas déjà je vous donne quelques liens qui ouvrent les pistes pour sortir de l’ornière dans laquelle nous sommes empêtrés.
    Remontons à la cause des causes de ces désastres.
    http://www.youtube.com/watch?v=oN5tdMSXWV8
    http://www.municipales2014chambery.fr/
    http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/

  9. @diksha
    « Aussi longtemps que, sur cette planète, il y aura des millions de Chinoises qui accepteront de se faire débrider les yeux pour accèder à un emploi, de même que des millions de femmes en Inde acceptent de se faire décolorer la peau pour le même motif social »

    Faut-il blâmer ces femmes ou bien les employeurs qui octroient la préférence aux blanches ?

  10. Autant je suis d’accord avec le constat, autant je ne suis pas d’accord avec les causes. Il me semble qu’il existe une théorie dite « des cons » qui stipule que dans une population donnée il y a 20% de cons, 5% de « gens bien » et 75% de gens qui passent d’un côté ou de l’autre suivant les circonstances.
    Tout ça pour dire que ce ne sont pas les gens qu’il faut blamer mais le système politique. Chouard: « il ne faut pas donner le pouvoir aux gens qui le demandent ».
    Il ne faut pas des professionnels de la politique car ils travaillent pour eux. Comment les en blamer ? Ils défendent leur place comme – presque – tout le monde.
    Il faut aussi blâmer les citoyens qui ont délégué leur pouvoir de décision à des représentants, et n’ont gardé aucun moyen de pression sur eux.
    Il y a une crise environnementale mais aussi une crise politique.
    Néanmoins parfois il arrive un homme/femme providentiel qui sert de catalyseur à des changements. En ce moment il se fait désirer…

  11. La classe politique ne fait que refléter les dispositions d´esprit des citoyens qui la portent au pouvoir. Des citoyens timorés, englués dans leur rêve matérialiste pour la réalisation duquel ils se livrent pieds et poings liés à un système monstrueux qui les asservit et trompe habilement leur perception de la réalité.
    Ce constat (personnel) est à la fois déprimant mais aussi porteur d´espoir. Nous ne sommes pas aussi désarmés que, par une fâcheuse disposition à la langueur :-), nous voulons bien nous en persuader !

    « Je déplore le sort de l´humanité d´être, pour ainsi dire, en d´aussi mauvaises mains que les siennes » écrivait au XVIIIe siècle, le philosophe Julien Offray de la Mettrie.
    Comme il avait raison, malheureusement!

  12. Fabrice,
     » D’un côté, ils évoquent le pic pétrolier, le danger nucléaire, l’extrême gravité de la crise climatique, l’effondrement de la biodiversité. De l’autre, ils acceptent, le sourire aux lèvres, deux strapontins dans un gouvernement aussi productiviste, aussi insensible aux vraies questions que le précédent. »

    Tu sais très bien que ce n’est pas pour cela qu’ils cautionnent et acceptent, c’est le seul moyen d’être entendus, et encore ils auraient pu être plus si il y avait eu plus de votants pour eux et moins de coquets.

    Et heureusement qu’ils sont là, le cafouillage sur le nucléaire -au sein d’un même parti – est monté en épingles par la presse et les média qui adorent les potins et querelles.
    Et presque tous les jours on entend parler de la remise en question du nucléaire et les arguments et contre-arguments sont entendus par le plus grand nombre. Ce qui n’est déjà pas si mal.

    Compromis mais pas compromission.

  13. Lionel,
    Participer à un gouvernement qui est tout sauf écologiste, est-il, pour les écolos officiels, « le seul moyen d’être entendus » ? Je pense exactement le contraire.
    C’est à mon sens le seul moyen de perdre du temps, de différer un combat urgent, vital, celui de construire un mouvement neuf, radical, qui aille à la racine, très loin sous la terre, sur la terre. C’est une guerre qui se mène sous nos yeux affolés, une guerre déclarée à la vie. On ne réformera pas ce monde à la marge.
    Je ne vais pas dresser ici la liste des décisions, des positions du pouvoir en place qui vont précisément dans le sens de l’abîme. Je ne vois pas en quoi EELV inverse quoi que ce soit. Demeurer dans cette équipe de productivistes techno-scientistes nucléocrates… j’en passe, si ce n’est pas cautionner, qu’est-ce que c’est ? Bien sûr, on hausse la voix de temps en temps, pour participer à cette grande comédie politique, pour rappeler qu’on est là, tout de même.
    Quant à la « remise en question du nucléaire », non seulement je ne crois pas une seule seconde à un quelconque rôle des Verts là-dedans, mais en plus, je ne vois pas où est cette remise en question. C’est une contre-performance terrible, d’avoir si peu convaincu ses alliés, d’avoir si peu mobilisé la population. Les Verts ne sont pas seuls responsables, certes, mais ils ont leur part.
    Evidemment, ils grappilleront deux ou trois miettes et ils bomberont le torse, comme au bon vieux temps de la gauche plurielle sous Jospin, dire que certains en sont fiers. Deux ou trois miettes qui ne mangent pas de pain, pendant que le feu brûle, partout. Non seulement, ça sera parfaitement dérisoire, inutile, mais en plus, ça sera nuisible, démobilisateur.
    Alors non, ce n’est pas « le seul moyen d’être entendus », c’est le seul moyen qu’ils ont trouvé pour exister, pour faire carrière, une forme de dérive institutionnelle, en somme.
    Pire que ça, la stratégie du PS est, me semble-t-il, de récupérer une idée, de verdir son image pour absorber le parti vert, le réduire à néant. C’est bien parti, vraiment.

  14. Merci Fabrice, de manière générale pour nous ouvrir toujours plus les yeux et pour nous fournir « arguments/armes » et motivation.
    Merci plus particulièrement pour ce dernier paragraphe. Défendre certaines idées mène bien souvent à de grands moments de solitude, si bien que par (courts) instants le doute s’installe, d’autant plus si on n’est pas suffisamment pourvu de mémoire, de connaissance et d’aisance d’expression comme tu l’es. Courage à tous et bonne route vers les étoiles !

  15. A Frédéric Wolff

    Merci pour avoir parfaitement exprimé ce que je pense.
    J’ajouterais seulement, même s’il n’y a aucun rapport direct avec le sujet, que , sans attendre beaucoup de la nouvelle équipe au pouvoir, je n’imaginais pas qu’elle mènerait une politique pire que celle de Sarkozy en ce qui concerne les Roms. Vous avez dit « socialistes  » ?

  16. Une classe politique minable dont certains membres se délectent et jouissent de spectacles barbares.
    Voilà l´information trouvée sur le site de l´Alliance Anti Corrida :

    « Marie-Arlette CARLOTTI, ministre chargée des personnes handicapées, a assisté aux corridas de Béziers et Boujan-sur-Libron. En préalable, elle déclare à Midi libre du 02 août 2012 : »Quand ça vous prend, ça ne vous lâche plus. Maintenant, c´est sans culpabilité. »
    Q´une majorité grandissante des citoyens soit opposée à cette barbarie et souhaite la voir disparaître, n´intéresse apparemment pas la ministre. Cette bonne femme doit être complètement dénuée d´empathie et n´avoir aucune connaissance de la notion d´éthique. La mafia de la corrida lui aurait-elle fait boire quelques pots de vin ?

    HONTE À MARIE-ARLETTE CARLOTTI. Je la vomis!

  17. « (…) tout ce qui n’est pas beau, à savoir la quasi-totalité du réel, est un désastre. (…)
    La beauté, par sa seule existence, signale que tout le reste est désastreux. »

    Paul Veyne (René Char en ses poèmes)

  18. Ce message de Jean-Pierre Marchau, envoyé sur la page Contact, serait resté invisible. Je me permets donc de le placer ici. Bien entendu, je signe. Et, bien entendu, il faut parler du carnage prévu à La Réunion. Courage.

    Fabrice Nicolino

    Jean-Pierre Marchau |

    effectivement, le formulaire de contact ne fonctionne pas, donc je mets mon message ici :

    Bonjour,
    on parle beaucoup en France métropolitaine du projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, près de Nantes, prototype du Grand Projet Inutile, mais peu de gens savent qu’à La Réunion, petite île de l’Océan Indien de 2500 km2, le nouveau (2010) Président du Conseil Régional lance un projet extravagant d’autoroute sur la mer (12 km) pour contourner un cap montagneux. Cette autoroute sera réalisée en partie sur des digues monstrueuses et en partie sur un viaduc. Cette “Nouvelle Route du Littoral” (la 3ème en quarante ans !) devrait coûter au bas mot entre 2,5 et 3 milliards d’euros. Elle fait peser des graves menaces sur la biodiversité terrestre et marine, unique au monde et consacrera la victoire définitive du lobby réunionnais du tout automobile. J’ai lancé une pétition en ligne contre ce projet et, même si je suis sceptique sur l’efficacité de cet instrument, il doit aussi être utilisé. Je prépare aussi la constitution d’un Collectif. Je mets ci-dessous le lien vers la pétition car nous avons besoin de soutiens, je mets ensuite deux liens, un vers une page facebook dédiée et vers un article de mon blog qui résume un peu les enjeux de cette nouvelle route.
    http://www.avaaz.org/fr/petition/NON_A_LA_NOUVELLE_ROUTE_DU_LITTORAL/

    Page FB :
    http://www.facebook.com/CNNRL

    article blog :
    http://journaldunecologiste.blogspot.com/2011/12/nouvelle-route-du-littoral-lenquete.html

    Merci et cordialement
    JP Marchau

    PS, j’ai beaucoup apprécié votre bouquin revigorant Qui a tué l’écologie

  19. Merci Fabrice, je ressens cela de toutes le fibres de mon être, tu l’écris merveilleusement, c’est important pour nous ça aussi :

    « Rien ne sortira de la classe politique d’aujourd’hui. Des individus singuliers s’en échapperont, et rejoindront le camp des défenseurs de la vie. Je n’en doute pas. Mais dans son ensemble, cette classe est perdue, à tout jamais. Et l’avenir, s’il demeure ouvert, ne saurait être incarné que par des êtres en rupture totale de ban. Des individus louches au regard torve. Des allumeurs de réverbères. Des chercheurs d’eau dans le désert. Des rhéteurs sans public. Des bretteurs sans rapière. Des chemineaux. Des hoboes. Tous ces gens-là, qui sont mes frères, préparent dans le mépris ou dans les marges du monde ce qui devra nous sauver tous. Ne croyez plus aucun politique. Ayez foi dans ceux qui marchent en direction des étoiles. »

  20. « Quand je dirige mes promenades vers l’une des forêts voisines: Les Dhuits, Clairvaux, le Heu, Blinfeix, la Chapelle, leur sombre profondeur me submerge de nostalgie, mais soudain le chant d’un oiseau, le soleil sur le feuillage ou les bourgeons d’un taillis me rappellent que la vie, depuis qu’elle parut sur la terre, livre un combat qu’elle n’a jamais perdu. Alors, je me sens traversé par un réconfort secret »

    Général de Gaulle (Mémoires)

    Je viens de relire cette citation dans mon exemplaire du petit livre de Michel- Hervé Julien  » L’homme et la nature » Hachette- 1965.

    Voir la page compléte des Mémoires ici:
    http://www.bude-orleans.org/lespages/46autres/52/colombey_de_gaulle.html

    Précision: je ne fus pas et je ne suis pas gaulliste…et surtout pas en 1968. Mais De Gaulle « récupéré » par Michel Hervé Julien, çà m’amuse tout de même.

  21. « Rien ne sortira de la classe politique d’aujourd’hui. Des individus singuliers s’en échapperont, et rejoindront le camp des défenseurs de la vie. Je n’en doute pas. Mais dans son ensemble, cette classe est perdue, à tout jamais. »

    En effet. Tout est dit.

    Sur De Gaulle… Pas oublier, quand même, 1958, l’approbation de la torture en Algérie, la paix habile qui « nous » laisse des droits sur le Sahara, la « décolonisation » adroite et préventive des autres peuples menant à la Françafrique, et tous les malfrats de l’ombre derrière lui.

    Et, pendant la période de la Résistance, l’épisode controversé du Vercors.

  22. De la beauté au désastre, deux mots qui, à eux seuls, pourraient résumer l’histoire du monde moderne.
    La beauté, celle qui nous fait venir les larmes, celle qui nous fait tendre les bras.
    La laideur, le désastre, « le peu d’avenir que contient le temps où nous sommes », un livre qui me revient, « La vie sur terre » de Baudoin de Bodinat. Paru en 1996 et en 1999, chez l’éditeur de « l’encyclopédie des nuisances ». Ce recueil de pensées m’avait laissé suffoqué. C’est un réquisitoire sans appel contre la laideur que nous ne voyons même plus, contre le désastre, là sous nos yeux.
    Il faudrait citer des pages entières. Il faudrait le lire, le relire.
    Quelques extraits de ce livre resté dans l’ombre :

    « L’économie ne peut offrir à satisfaire que les besoins dont elle est l’auteur : elle isole chacun dans une vie suffocante et inepte, et s’émerveille elle-même de devoir lui fournir ensuite tant d’accessoires : il y a effectivement un ascenseur pour atteindre le vingt-troisième étage et un congélateur pour y ranger la nourriture frigorifique; il y a effectivement des progrès incroyables dans le traitement des allergies qui se multiplient; on propose au consommateur prostré dans sa tour d’habitation des câbles numériques débitant cent cinquante programmes de radiovision (au moyen de cette nouvelle décompression numérique) et des week-ends instantanés sous les tropiques, etc. »

    « Car ce n’est pas impunément qu’on mène une vie normale: elle est aussi normale que la prison industrielle qu’il faut avoir intériorisée physiologiquement pour la trouver normale: seule une imagination déjà atrophiée par la médiocrité et le confinement de cette vie totalitaire peut s’en satisfaire et avoir l’usage de ses accessoires, qui achèveront de dessécher tout à fait l’individu. »

    C’est pourquoi il est besoin de lui injecter de la vie artificielle à proportion qu’il s’adapte, et maintenant c’est une perfusion constante d’images en couleurs qui bougent et qui parlent afin qu’il ne s’aperçoive de rien; afin qu’il ne s’aperçoive pas que sa vie ne vit plus…

    « On cherche à se souvenir de cet autrefois où nous étions, à la réflexion si proche; comment l’après-midi s’égouttait paisiblement dans les cafés pleins d’ombre, comment l’âme trouvait à s’y délasser et comment revenant sur nos pas bien plus tard il nous semblait aller à sa rencontre. Mais les décors criards et les camelotes du retour d’investissement n’offrent que des heures factices et vides, la pensée s’y décourage, part en lambeaux, tout en devient indifférent et comme posthume, et même celle qu’on y attend. »

  23. Ajoutez rapidement à vos lectures « Le choix de la défaite » d’Annie Lacroix-Ritz, cela vous éclairera un peu plus précisément sur le rôle des élites française pendant la période de 1930 à 1940 et en particulier sur le rôle dans le pacte germano soviétique, et aussi sur le rôle des communistes français de l’époque.
    Rien à dire sur le reste.

  24. @Frédéric,

    « radical, qui aille à la racine, très loin sous la terre, sur la terre »

    Quelle est pour vous cette racine ?

    Après, pour le reste c’est l’histoire du verre à moitié vide et à moitié plein.

  25. « En politique la composition de programmes pleins de sagesse, mais qui ne sont pas là pour être mis en pratique, n’a rien de surprenant. Ils ne sont qu’une allusion à un style, comme certains modèles de haute couture qui servent de vitrine mais ne sont pas en vente. Et pourtant il ne s’agit pas de promesses difficiles, techniquement inexécutables…c’est que la politique jouit du droit au mensonge qui n’est même plus accordé aujourd’hui aux enfants. Ainsi ne nous paraissent nullement absurdes les si nombreuses intentions publiques  » qui n’envisagent pas du tout l’exécution, qui même l’excluent tout à fait ». »

    J’ai trouvé ceci dans un livre d’Erri de Luca. Et c’est si vrai !
    si Duflot veut vendre son âme au diable contre un siège confortable pour son jean et son cul, et qu’elle est capable de la faire sans honte, mais qu’elle le fasse ! et qu’elle arrête de parler de ce qu’elle ne protège pas. J’ai entendu une fois Francis Hallé dire que pour nos dirigeants les arbres ne sont que du mobilier urbain !
    Ce sont des ignorants qui vivent dans un monde chiffres et de statistiques au milieu d’un panier de crabes même pas sur de survivre cinq ans. Que peut-on attendre d’eux ? Mais ils n’ont plus le droit aujourd’hui de continuer à bousiller ce qui nous appartient à tous avec leurs projets délirants. Et comment leur faire entendre ça ? c’est bien la question

  26. Bonjour,

    Réponse « massive et foudroyante » en cas d’utilisation d’armes chimiques par Bachar el-Assad, prévient Laurent Fabius

    PARIS (Sipa) — La réponse des occidentaux sera « massive et foudroyante » en cas d’utilisation d’armes chimiques et bactériologiques par le régime de Bachar el-Assad, a prévenu lundi matin le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius.

    Confirmant sur BFM-TV que la France restait favorable à un départ du président syrien, il l’a qualifié de « dictateur (…) en train d’assassiner son peuple ».

    « Les armes chimiques, c’est un très grand danger et Bachar a avoué qu’il avait des armes chimiques et bactériologiques et j’ai dit, comme d’ailleurs le président de la République, que notre réponse (…) serait massive et foudroyante », a ajouté le chef de la diplomatie.

    « Nous discutons de cela notamment avec les partenaires américains et anglais, et tout cela est suivi », a assuré Laurent Fabius, précisant que Moscou et Pékin étaient sur « la même position ».

    « Il y a des armes chimiques. Elles sont surveillées et les mouvements sont surveillés », a-t-il déclaré. « Si on voit qu’il y a des mouvements sur ces armes (…) il n’aura pas la possibilité » d’y avoir recours, a-t-il mis en garde.

    ——

    http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20120903.OBS1072/fabius-une-frappe-contre-l-iran-se-retournerait-contre-israel.html

    Selon lui, on ne peut « pas faire confiance » aux Iraniens. « C’est un régime qui est capable de mentir à son propre peuple », a-t-il dit.

    ——

    http://www.youtube.com/watch?v=Ira6gDte6SY

    Précoce
    Laurent Fabius a été surnommé le  » poulain  » de François Mitterrand. En le nommant chef du gouvernement à l’âge de 38 ans, le président de la République a fait de lui le plus jeune premier ministre de France.

    Innocenté
    Mis en cause en 1991 dans l’affaire du sang contaminé, Laurent Fabius est innocenté par la justice. Alors premier ministre, il est accusé d’avoir laissé en circulation des produits sanguins contaminés par le virus du sida qui étaient destinés à la transfusion. Il lui était également reproché d’avoir retardé le dépistage de la maladie.

    Décoré
    Laurent Fabius a reçu la Grand-croix de l’ordre national du Mérite.

    —–

    Bises a vous toutes et tous.
    M’en vais gratouiller les limaces derrière les oreilles.

    :)))

  27. Excellent. La politique professionnalisée, déjà, on aurait dû se méfier : on finit par croire que la démocratie est elle aussi une affaire de spécialistes, qu’elle peut être autre que directe (et aujourd’hui c’est possible* !). Alors qu’elle est, c’est évident et étymologique en plus, l’affaire de tous :

    « La démocratie du grec ancien δημοκρατία / dēmokratía, « souveraineté du peuple », de δῆμος / dêmos, « peuple » et κράτος / krátos, « pouvoir », « souveraineté » […] La formule d’Abraham Lincoln, la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », est l’une des définitions canoniques couramment reprise, ainsi qu’en témoigne, par son introduction, la Constitution de 1958 de la Cinquième République française. » (http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9mocratie)

    * http://www.lemonde.fr/technologies/article/2011/03/04/l-estonie-paradis-du-vote-electronique_1488593_651865.html

  28. oui,
    heureusement qu’il y a ces exemples d’insoumissions et cette poignée de vrais êtres humains pour nous faire « tenir » …
    Nos contemporains n’ont jamais aimé le « radicalisme » des valeurs humaines et écologiques.
    En 14-18, chez les allemands il y a eu aussi,entre autres, Walter Benjamin
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Walter_Benjamin

    D’ailleurs (coincidence avec Benjamin ?)je viens de recevoir ça :
    http://technologos.fr/
    qui connait cette association en cours de formation ?

  29. Lionel,
    Ce qu’est, pour moi, cette racine sous la terre, ce sont les causes profondes du saccage en cours. Nous avons à creuser dans les profondeurs de l’âme humaine, dans les profondeurs des temps où nous sommes. Il ne s’agit pas d’atténuer les effets du crime perpétré contre la vie. Il ne s’agit pas de ralentir un peu la course folle qui nous mène vers l’abîme.
    Le monde est en train de mourir de postures raisonnables, de demi-mesures qui donnent l’illusion que l’on agit alors qu’on ne fait rien d’autre que d’accompagner le pillage. « Il faut raison garder, il faut voir le verre à moitié plein, il faut rester positif… » C’est avec ce genre de somnifère que l’on endort les consciences. Vous voyez le verre à moitié plein, moi je le vois vide, pour ainsi dire, vide d’empathie, de conscience humaine, de lucidité.
    Le monde entier suffoque de mensonges à soi-même, de petits arrangements avec sa conscience, de défaite de la pensée, de manque de poésie.
    Il n’y a pas de compromis qui tienne entre la vie et le crime industriel, entre la nature et l’environnementalisme. Il n’y a que des postures, des experts en communication, des boureaucrates des vies humaines et non-humaines.
    Je ne prétends pas que la question soit simple, je pense tout le contraire. Simplement, je considère que la voie choisie par le parti des Verts ne nous écarte en rien du gouffre ; pire, elle reste à la surface, elle se noie dans l’écume, nous noie dans l’illusion que quelque chose est en mouvement ; elle nous éloigne de cette mise en mouvement vers la source profonde des problèmes. Ce que Flore exprime justement quand elle écrit : « Qu’elle (Duflot) arrête de parler de ce qu’elle ne protège pas ». Ce qu’Erri de Luca évoque à-propos, quand il compare les promesses électorales à ces « modèles de haute couture qui servent de vitrine mais ne sont pas en vente. »

    Ce qu’est, pour moi, cette racine sur la terre, ce sont des stolons, ces tiges aériennes qui s’enracinent un peu plus loin. Quelque chose comme des bras tendus par-dessus les frontières, des bras humains qui se tiennent et se soutiennent les uns les autres, pour faire avancer la cause de la vie, pour faire naître un rapport de force, la force d’une conscience collective au-delà des barrières nationales. Bref, un mouvement transnational, un au-delà des horizons qui fasse barrage aux multinationales de l’industrie, de la finance.
    Là encore, je ne vois pas en quoi le verre serait à moitié plein ou à moitié vide, quand on l’observe à travers le prisme de ce gouvernement rose et vert.
    Je ne vois qu’une ivresse d’un monde obsédé par la vitesse, la nouveauté, la consumation, l’ivresse du pouvoir, de la reconnaissance dans les salons ministériels qui passe par le renoncement à soi-même, à ses valeurs profondes.

    Ces consciences que cite Fabrice, je les compare à ces plantes-mères d’où s’élancent les stolons et de ces tiges, prendront peut-être un jour naissance d’autres plantes qui s’enracineront et donneront vie à quelque chose de plus fort que soi, plus fort que l’esclavage industriel, la soumission à l’autorité, l’emprisonnement joyeux, l’aliénation revendiquée.

    Frédéric

  30. Frédéric Wolff,

    Si je comprends bien le saccage et les problèmes que nous connaissons sont dus à des choix personnels d’individus atomisés qui calculent au mieux leur intérêt, dans ce monde et depuis que l’homme écrit l’histoire il n’y aurait pas de structures collectives.
    L’homme serait intrinsèquement démesuré, avide de pouvoir et d’argent, heureusement certains ont réussi à réfréner tout ça.

    Eux (!) les industriels productivistes et autres banquiers de la finance folle n’ont pas compris qu’il fallait être tous comme les gentils défenseurs des animaux et les amis des petites fleurs (dont je suis), se donner la main comme dans un film de Disney pour que tout devienne rose.

    Je suis désolé, Frédéric, dont j’apprécie les commentaires et partage la critique industrielle mais cette vision ne permet pas de penser les structures collectives et historiques, les modes de socialisation, les fétiches sociaux, qui font que les mêmes nuisances se répèteront, les mêmes formes de consciences renaîtront tant que l’on ne fera pas percer au grand jour ce qui fait le ciment de nos sociétés capitalistes, ce par quoi elles sont structurées : le travail (abstrait)et la marchandise, la valeur, l’argent.

    Donc la racine est à chercher en amont de l’industrie et de la classe politique, et c’est ce que personne ne critique jamais ou très rarement : Le travail.

    Je trouve juste absurde, lorsque l’on ne vote pas, de s’en prendre à ce qui a été élu et aux peu d’écolos au gouvernement, et de croire que la racine est la politique (sous entendu des corrompus, eux) alors que c’est le corrélat de la forme de socialisation dans laquelle nous baignons.

    Je ne sais pas si c’est clair, et je vous indique deux textes si vous êtes intéressé par ce que je viens d’écrire, la critique de la valeur en espérant que vous ferez le pas, ainsi que d’autres :

    La marchandise expliquée à mes enfants

    Pourquoi l’effondrement écologique est dû à la dynamique de la valeur : une critique des « objecteurs de croissance ».

  31. Lionel, heureusement que vous êtes là. Grâce à vous tout s’éclaire. Allez Frédéric, à la niche, avec tous les poètes, les artistes, et autres illuminés. Sans oublier les Bisounours.
    Place aux gens sérieux, aux scientifiques, aux économistes. Ils vont nous tirer de là, eux.
    Bonne nuit tout de même.

  32. Valérie,

    Merci pour votre ironie, heureusement que vous êtes là aussi mais vous mésinterprétez mes propos :

    Je ne dis pas à la niche, je dis que ce n’est pas ce qui prévaut.

    Et pour moi les scientifiques et les économistes ne nous tireront pas de là.

    Bonne nuit aussi.

  33. @ yoda

    Vous demandez: « Faut-il blâmer ces femmes ou bien les employeurs qui octroient la préférence aux blanches ? »

    Les 2 mon général…à un moment donné il faut savoir prendre ses responsabilités, et ne pas toujours accuser « les autres »; pourquoi ces femmes ne protesteraient elles pas sur un site mondial très connu ? Peut être sont elles d’accord avec  » la blancheur » ? Il faut savoir ce que l’on veut dans la vie et s’en donner les moyens, même infimes…

    Cordialement

  34. Lionel
    Quelques commentaires faisant suite aux vôtres :

    – « Je trouve juste absurde, lorsque l’on ne vote pas, de s’en prendre à ce qui a été élu et aux peu d’écolos au gouvernement »
    Où avez-vous vu des écolos au gouvernement ? Première nouvelle. Nous ne devons pas avoir la même définition du mot.
    Qui plus est, ne pas voter interdirait d’emblée d’avoir un regard critique sur ceux qui sont élus ?

    – « Ils (les écolos certifiés PS) auraient pu être plus si il y avait eu plus de votants pour eux et moins de coquets. » Ainsi donc, je ferais mon coquet, c’est-à-dire, si j’en crois mon ami Robert, que je minauderais, je me ferais prier. C’est bien mon genre, ça, et les pauvres qui attendent que j’exauce leurs suppliques vont pouvoir attendre encore un moment.

    – « Je trouve juste absurde… de croire que la racine est la politique (sous entendu des corrompus, eux) alors que c’est le corrélat de la forme de socialisation dans laquelle nous baignons. »
    J’ai écris ça, moi ? Il me semble plutôt avoir suggéré que l’une des racines du mal était politique, ce qui est différent de votre reformulation (« LA racine du mal… »).
    Il n’en reste pas moins une évidence à mes yeux : tant que nous n’aurons pas changé radicalement de pensée, de système et de conception politique, les spécialistes du saccage en tous genres ont de beaux jours devant eux.

    – « Se donner la main comme dans un film de Disney pour que tout devienne rose ». Le problème avec les métaphores, c’est que chacun y met ce qui l’arrange. Libre à vous de voir dans mes propos une apologie du monde de Disney, des gentils angéliques un peu niais sur les bords. Mais s’il vous plaît, relisez le paragraphe où j’évoquais cette idée des mains qui se joignent pour « faire naître un rapport de force », pour « faire barrage aux multinationales de l’industrie et de la finance ».
    La première idée sous-jacente était assez simple, sans doute aurais-je dû être plus clair : la guerre dans laquelle la vie est la cible demande que le rapport de force actuel change de camp et passe du côté des défenseurs du vivant. Si vous pensez que je considère que ça va être rose Disney, alors vraiment, je me suis mal exprimé. Ça risque d’être chaud, si vous voulez mon avis.
    La seconde idée n’était pas autre chose que la nécessité de concevoir un mouvement à l’échelle du monde et pas seulement des frontières nationales. Les multinationales sont à mon sens une autre des racines du mal et pas la moindre.

    – « Donc la racine est à chercher en amont de l’industrie et de la classe politique, et c’est ce que personne ne critique jamais ou très rarement : Le travail. »
    De quel travail parle-t-on ? Celui de l’artisan, du paysan ? Celui des fabricants de poisons modernes, celui des ingénieurs qui bousillent la beauté du monde ?

    – J’ai essayé de lire le lien que vous avez transmis, sur la « dynamique de la valeur ». Je dois vous faire une confession : je n’y comprends rien, absolument rien. J’ai bien peur que mon cerveau n’ait pas le bon format, ou alors c’est un problème de neurones que j’aie, je ne dis pas ça pour me vanter, mais je décroche.
    Extraits :
    « Le mouvement écologique passe totalement à côté de la logique abstraite de la valeur et du sujet automate qu’est le capital, en ne dénonçant l’accumulation matérielle que comme relevant simplement d’une sorte de pulsion anthropologique pour l’avoir et l’apparaître, dans une vision totalement transhistorique…
    Il y a comme une rétroprojection de la dynamique spécifiquement capitaliste sur une essence dénaturée de l’Humain…
    La logique tautologique du sujet automate de la valeur qui s’autovalorise…
    C’est donc souvent un raisonnement transhistorique et non historiquement spécifique (et donc un discours anthropologisant…)
    La critique de la valeur cherche justement à montrer comment la dynamique de la valeur provoque cette limite externe au capitalisme, en montrant aussi que la limite externe du capitalisme (la finitude matérielle de la planète) est justement le fait de la logique au coeur du capitalisme et de sa limite interne : c’est-à-dire la crise du travail abstrait comme crise de la valeur et du capitalisme…
    Il faut bien cerner que c’est le fétichisme réel de la marchandise qui permet de dégrader le produit même, puisque la valeur d’usage n’est pas conçue dans le mécanisme automate de la valorisation, comme une utilité mais comme le support nécessaire (l’ombre) de la valeur d’échange. »
    Au secours ! Il est minuit passé, j’en suis au quart de ma lecture et à ce stade, je ne peux plus, vraiment. J’aurais besoin d’un traducteur, si vous vous en sentez le courage, ou si d’autres veulent s’y coller, je suis prêt à essayer de comprendre.
    Quant à « faire le pas », je ne vous garantis rien. Bien sûr, ça semble très savant, formulé comme ça, tellement que ça doit être vrai et que moi je suis dans l’erreur, forcément, avec ma misère de ciboulot qui renâcle. Et d’un autre côté, d’emblée, j’ai un mauvais pressentiment : quand un texte est aussi imbuvable sur la forme, j’ai des doutes quant au fond.
    Frédéric

  35. Frédéric,

    Tant pis. J’ai certainement mal choisi mes textes.

    Au sujet du travail, c’est le travail sous le capitalisme, tout ce qui produit des marchandises.

    J’aurais aimé que des esprits comme le vôtre, celui de Valérie, Laurent Fournier ou encore Fabrice qui restent trop souvent fixés sur la critique industrielle et politique osent (enfin !) critiquer le travail sous le capitalisme sans le naturaliser et le confondre avec les activités vivrières des sociétés antérieures.

    Mais je vais arrêter avec ça (ma copine me dit que je me fais du mal et dit que je suis un peu maso).

    Si vous voulez faire encore un petit effort, si il y a deux choses à comprendre pour appréhender la forme de socialisation qui corsète notre société c’est la double caractéristique du travail et les deux faces de la marchandise.*

    Dont les faces abstraites mènent au fétichisme et au sujet automate (Marx) Capital qui fait que nos milliards d’action journalières de travail et d’irresponsabilités, de délégations, s’accumulent et se retournent contre nous en nous dominant réellement.

    Voilà ces textes :

    Sur la marchandise :
    http://palim-psao.over-blog.fr/article-resume-du-chapitre-2-de-les-aventures-de-la-marchandise-d-anselm-jappe-82084701.html

    Sur le travail :

    http://palim-psao.over-blog.fr/article-pourquoi-critiquer-radicalement-le-travail-conference-d-anselm-jappe-34933038.html

    Il est vrai que cette critique pourtant tellement pertinente utilise des mots savants et que c’est assez exigeant pour comprendre et au début je n’y comprenais pas grand chose.

    Cela dit, à fore d’en lire et croiser les textes avec ceux de Robert Kurz, Anselm Jappe ou du bulletin Sortir de l’économie, on y arrive.

  36. Frédéric, puisque vous avez franchi le pas, je vais l’avouer moi aussi : je n’ai jamais réussi (car au début, j’essayais) de comprendre ne serait-ce qu’une phrase aux théories rapportées ou citées par Lionel. Désolée Lionel, c’est la pure vérité (mais vous ne manquerez pas, je suppose, de faire une fine allusion à mes capacités intellectuelles limitées, et ma foi peut-être que vous aurez raison). Lacan, à côté, c’est Lucky Luke. Avec cette différence (avec la théorie de la valeur je veux dire) que la vie en est parfois vraiment changée.

  37. Valérie,

    « mais vous ne manquerez pas, je suppose, de faire une fine allusion à mes capacités intellectuelles limitées, et ma foi peut-être que vous aurez raison »

    Ah là là … Quelle mâche-laurier !
    (affectif : personne qui cherche à recueillir les compliments et les décorations).

    Vous savez très bien que vous surnagez ici.

    :o)

  38. Pour résumer nous avons le choix entre des merdiques (Chirac, Hollande, Bayrou, Villepin, Ayrault…) et des très merdiques (sarkozy, bertrand, coppé…) qui gaveront à moitié ou aux 3/4 la minorité de possédants au détriment du peuple.
    Plusieurs causes sont à l’origine de se désastre
    – le mode de sélection des « élus importants » : c’est celui qui a le plus de relations auprès des financiers qui gagne
    – le parti lepen qui favorise le système actuel en
    poussant les militants à soutenir le candidat en tête, les électeurs au vote « utile » et en contribuant à aggraver une troisième cause
    – la recherche de boucs émissaires : Roms, chômeurs, immigrés… au lieu de s’attaquer aux causes principales du racket financier et écologique actuel
    – le comportement moutruche associant le mouton et l’autruche, le vais prendre mon 4/4 pour aller acheter mes 150 kilos de barbaque annuels…
    – le sectarisme des opposants au système qui diminue leur efficacité, il est temps que certains comprennent qu’il est nécessaire de s’associer dans une lutte avec des personnes présentant des différences sans pour autant approuver toutes leurs convictions.

  39. Fabrice, je pense que tu apprécieras ce documentaire. En tout cas mon père, mort aujourd’hui, qui a combattu à leurs côtés dans les Forces Françaises Libres aurait aimé voir ce film qui leur rend hommage et justice.

    La Nueve. Libération de Paris par la II DB
    http://vimeo.com/16471657

  40. Lionel,

    Vous dites (et votre formulation me touche et me flatte),

    « J’aurais aimé que des esprits comme le vôtre, celui de Valérie, Laurent Fournier ou encore Fabrice qui restent trop souvent fixés sur la critique industrielle et politique osent (enfin !) critiquer le travail sous le capitalisme sans le naturaliser et le confondre avec les activités vivrières des sociétés antérieures. »

    J’ignorais que je restais fixée sur la critique industrielle et politique. Pour tout vous dire, j’ignorais même la pratiquer.
    Et comme le dilettantisme est sans doute chez moi une tendance lourde, je fais aussi de la psychanalyse sommaire, tant pis pour vous. Mais je tiens d’abord à préciser ceci : ce que je vais dire procède d’un certain agacement à votre égard, mais c’est un agacement bienveillant, car je vous sais tout à fait bien intentionné.

    Cette critique du travail et de la marchandise « dont les faces abstraites mènent au fétichisme et au sujet automate (Marx) Capital qui fait que nos milliards d’action journalières de travail et d’irresponsabilités, de délégations, s’accumulent et se retournent contre nous en nous dominant réellement », il me semble que Frédéric et moi-même, et des tas de gens ici, la tentent concrètement, par leur vécu, chaque jour. Nous en avons déjà parlé, je ne vais donc pas entrer dans les détails. Et vous nous avez aussi parlé, vous, de votre travail, qui reste, lui, si je me souviens bien, sous la domination aliénante de la Machine.
    Il n’est aucunement question ici de vous en faire reproche, car rien n’est plus difficile que de sauter du train, pour reprendre une image remarquablement développée ici même par Pylm. Mais enfin vous éprouveriez moins le besoin de ressasser ces théories aux oreilles de gens qui sont, d’une certaine façon, passés à l’acte et qui donc n’en ont que peu l’utilité, si vous-même n’étiez pas dans une grande frustration devant ce qui sépare la rupture théorique dont vous vous enivrez de votre vécu quotidien.
    Voilà. En toute cordialité
    Valérie

  41. Lionel,
    Vous me rassurez, Valérie aussi. Je vous jure, sans rire, que j’ai relu plusieurs fois des phrases entières sur la valeur sans y comprendre un traitre mot. Ce matin, au réveil, j’étais même prêt à prendre rendez-vous aux urgences, pour une radio de mon ciboulot, pour vous dire. Mon côté hypocondriaque.
    Et je découvre que vous aussi, au début, vous n’y saisissiez « pas grand-chose », et je découvre que Valérie compare Lacan à Lucky Luke au regard des théoriciens de la valeur.
    Bon, la frayeur étant passée, je reviens à une question qui vous préoccupe, celle du « travail sous le capitalisme » qui vous semble être à la racine de tous nos problèmes, vous ai-je bien lu ?
    Je vais partir de ce qui, dans ma vie, m’a conduit à l’écologie, ou plutôt y a contribué grandement. Le but n’est pas de parler de ma petite personne ou de donner des leçons à quiconque, mais d’expliquer mon rapport au travail, mon vécu qui a nourri ma pensée et qui s’est nourrie d’elle.
    J’ai connu l’univers de l’entreprise où j’ai travaillé du ciboulot, essentiellement, encore lui. Très vite, j’ai pris conscience que ce boulot, comme la plupart des boulots de la société industrielle, était au mieux inutile, au pire nuisible. La banalité du mal, dont parle Hannah Arendt, je me la suis même appliquée à moi-même qui, par mes petits actes en apparence anodins, cautionnais la mise en pièce du monde. Je vous assure que je me suis torturé, que j’ai hésité à franchir le pas, que j’ai eu peur, que je me suis demandé ce que je pouvais faire d’autre, si j’en avais la force, les facultés… Et un jour, je suis parti pour ne plus revenir, pour ne pas finir sous camisole chimique.
    Et me voilà engagé dans une formation de maraîcher bio. Vous imaginez l’incrédulité de mon entourage, l’inquiétude pour ma santé mentale, j’en passe. Mon but était simple, au fond : exercer un travail utile et non nuisible, m’assurant un revenu minimum pour me nourrir, pour vivre sous un toit et pour vivre simplement, éveillé, émerveillé. Me désaliéner de l’esclavage industriel, en somme. Ne plus ruminer, ne plus m’auto-flageller, passer aux actes.
    Je suis devenu paysan, et là, j’ai découvert l’intelligence des mains, j’ai compris l’énergie qu’il fallait déployer si l’on veut nourrir son corps et celui de quelques autres, sans empoisonner la terre, l’air et les rivières, sans gaspiller les énergies que la terre nous offre. La sortie du monde industriel est loin d’être une sortie du travail, ou alors il faudrait appeler ça autrement, activité de subsistance ou d’artisanat.
    J’ai compris que le travail pouvait être d’une grande valeur, d’une grande noblesse. J’ai côtoyé des gens qui sont des consciences, des travailleurs de l’ombre qui ne ménagent ni leur peine, ni leur temps. J’ai rencontré des êtres qui sont des miracles. Des miracles d’humanité, de sagesse. Des êtres qui vous redonnent confiance en l’humain, parfois décrié par certains. J’ai croisé le chemin d’hommes et de femmes qui s’engagent dans de belles actions, qui dénoncent, qui essaiment. Certains bénévolement, d’autres dans le cadre d’un travail de conférenciers, de journalistes, de salariés de biocoop, d’artisans, d’artistes…
    Ce type de travail là, je le respecte infiniment, même s’il s’exerce dans un cadre capitaliste, parfois.
    C’est pourquoi je comprends mal en quoi le travail en soi sous le capitalisme serait la cause de tous nos malheurs sur terre. Eclairez-moi, mais s’il vous plaît, faites-le avec des mots simples, des mots de tous les jours.
    Qui plus est, si le travail industriel est une abomination pour celui qui l’exerce et pour ceux qui en subissent les conséquences, est-il pour autant LA racine de tous nos maux ? Et le système économique, politique, philosophique, spirituel dans lequel il s’insère ? Et ceux qui tirent les ficelles, ceux qui permettent, ceux qui monnayent leurs valeurs, ceux qui jouent à la roulette russe avec la vie des autres ?
    Bien à vous.
    Frédéric

  42. Valérie,

    Justement non, j’ai sauté aussi du train d’une certaine manière en travaillant à mi-temps et en choisissant des projets en accord avec mes idées (jamais pour le nucléaire, les RFID, l’armement, la chimie…).

    Quand bien même, il est possible de lutter individuellement en choisissant un métier artisanal ou paysan, ou en choisissant ses projets ou en réduisant notre temps de travail, ça n’empêche pas que nous participons à la mégamachine en travaillant et la forme généralisée (éclatée) de la socialisation par le travail et la marchandise donne le monde dans lequel on vit et dont nous ne voyons pas quels sont les formes structurantes, le fétiches que nous servons et dont nous croyons dépendre.

    Je vais arrêter de ressasser ces théories -qui pour moi ont un sens-, si je les ai présentées ici, c’est que j’espérais que nous puissions en discuter sans me ramasser une volée de bois vert à chaque fois que je critique le marxisme traditionnel, le travail, ou encore la vision anthropologisante et simpliste d’un humain avide par nature et hybrissé.

    Ça n’empêche pas que vous pouvez compter sur moi pour la critique de la société industrielle ccomem je soulais faire ici jusqu’à présent.

    Cordialement,
    Lionel.

  43. J’ai fait exprès d’employer le verbe souloir (avoir l’habitude de) qui prête à ce genre de blague qui me fait rire.

    ex : je soulais chanter.

    :oD

  44. Fabrice,
    Apparemment, mon dernier commentaire ne passe pas, peut-être est-il trop long, un signe sans doute, je vais calmer le travail du ciboulot. Je réessaie en deux passages.

    Lionel,
    Vous me rassurez, Valérie aussi. Je vous jure, sans rire, que j’ai relu plusieurs fois des phrases entières sur la valeur sans y comprendre un traitre mot. Ce matin, au réveil, j’étais même prêt à prendre rendez-vous aux urgences, pour une radio de mon ciboulot, pour vous dire. Mon côté hypocondriaque.
    Et je découvre que vous aussi, au début, vous n’y saisissiez « pas grand-chose », et je découvre que Valérie compare Lacan à Lucky Luke au regard des théoriciens de la valeur.
    Bon, la frayeur étant passée, je reviens à une question qui vous préoccupe, celle du « travail sous le capitalisme » qui vous semble être à la racine de tous nos problèmes, vous ai-je bien lu ?
    Je vais partir de ce qui, dans ma vie, m’a conduit à l’écologie, ou plutôt y a contribué grandement. Le but n’est pas de parler de ma petite personne ou de donner des leçons à quiconque, mais d’expliquer mon rapport au travail, mon vécu qui a nourri ma pensée et qui s’est nourrie d’elle.
    J’ai connu l’univers de l’entreprise où j’ai travaillé du ciboulot, essentiellement, encore lui. Très vite, j’ai pris conscience que ce boulot, comme la plupart des boulots de la société industrielle, était au mieux inutile, au pire nuisible. La banalité du mal, dont parle Hannah Arendt, je me la suis même appliquée à moi-même qui, par mes petits actes en apparence anodins, cautionnais la mise en pièce du monde. Je vous assure que je me suis torturé, que j’ai hésité à franchir le pas, que j’ai eu peur, que je me suis demandé ce que je pouvais faire d’autre, si j’en avais la force, les facultés… Et un jour, je suis parti pour ne plus revenir, pour ne pas finir sous camisole chimique.
    Et me voilà engagé dans une formation de maraîcher bio. Vous imaginez l’incrédulité de mon entourage, l’inquiétude pour ma santé mentale, j’en passe. Mon but était simple, au fond : exercer un travail utile et non nuisible, m’assurant un revenu minimum pour me nourrir, pour vivre sous un toit et pour vivre simplement, éveillé, émerveillé. Me désaliéner de l’esclavage industriel, en somme. Ne plus ruminer, ne plus m’auto-flageller, passer aux actes…

  45. Suite…
    Je suis devenu paysan, et là, j’ai découvert l’intelligence des mains, j’ai compris l’énergie qu’il fallait déployer si l’on veut nourrir son corps et celui de quelques autres, sans empoisonner la terre, l’air et les rivières, sans gaspiller les énergies que la terre nous offre. La sortie du monde industriel est loin d’être une sortie du travail, ou alors il faudrait appeler ça autrement, activité de subsistance ou d’artisanat.
    J’ai compris que le travail pouvait être d’une grande valeur, d’une grande noblesse. J’ai côtoyé des gens qui sont des consciences, des travailleurs de l’ombre qui ne ménagent ni leur peine, ni leur temps. J’ai rencontré des êtres qui sont des miracles. Des miracles d’humanité, de sagesse. Des êtres qui vous redonnent confiance en l’humain, parfois décrié par certains. J’ai croisé le chemin d’hommes et de femmes qui s’engagent dans de belles actions, qui dénoncent, qui essaiment. Certains bénévolement, d’autres dans le cadre d’un travail de conférenciers, de journalistes, de salariés de biocoop, d’artisans, d’artistes…
    Ce type de travail là, je le respecte infiniment, même s’il s’exerce dans un cadre capitaliste, parfois.
    C’est pourquoi je comprends mal en quoi le travail en soi sous le capitalisme serait la cause de tous nos malheurs sur terre. Eclairez-moi, mais s’il vous plaît, faites-le avec des mots simples, des mots de tous les jours.
    Qui plus est, si le travail industriel est une abomination pour celui qui l’exerce et pour ceux qui en subissent les conséquences, est-il pour autant LA racine de tous nos maux ? Et le système économique, politique, philosophique, spirituel dans lequel il s’insère ? Et ceux qui tirent les ficelles, ceux qui permettent, ceux qui monnayent leurs valeurs, ceux qui jouent à la roulette russe avec la vie des autres ?
    Bien à vous.
    Frédéric

  46. Lionel

    D’abord, sachez que vous pouvez critiquer le marxisme traditionnel, le travail, toutes les visions anthropologisantes que vous voudrez, je m’en contrefous totalement. Je ne suis derrière rien de tout cela. Je suis tout à fait ailleurs, et c’est ce que vous semblez avoir beaucoup de peine à comprendre. Je suis quelque part sur terre, à tenter de vivre une vie digne de ce nom.

    Par rapport au vécu concret, très franchement, je ne crois pas que le passage à mi-temps, ce petit changement quantitatif, change quoi que ce soit au type de rapport qu’on a avec le système, pas plus que l’élimination de certains projets jugés plus méchants que d’autres. La caractéristique du système — je ne vais quand même pas vous l’apprendre — étant la complexité, l’imbrication, l’interdépendance profonde de tous ses rouages, ce n’est pas en vous en éloignant de quelques maillons que vous ne participez plus au crime industriel. Mais ceci est aussi valable pour moi, j’en conviens.

    Par ailleurs, je n’arrive pas à comprendre : quand on essaie de faire la distinction entre travail salarié dans le sein du système et activité tendant vers la création et/ou l’autosuffisance, vous balayez ces distinctions d’un revers de main. Et voici que maintenant c’est vous qui y revenez. Comprends pas, décidément. Cette impression d’avoir toujours faux a lassé toutes les tentatives que j’ai faites par le passé pour saisir les théories dont vous vous réclamez. Et je soupçonne que je ne suis pas la seule dans ce cas.

    Posons donc la question différemment : ces théories auxquelles vous ne cessez de revenir, c’est donc que vous pensez qu’elles ont quelque chose à offrir. Mais quoi bon sang ? QUOI D’UTILISABLE ? Nous avons un besoin urgent d’outils utilisables, d’outils pour nous aider à nous frayer un chemin hors du merdier où nous sommes.
    Or ces théories n’ont pas l’air de vous permettre de sortir du système (je me demande si vous le souhaitez, d’ailleurs), et les puissants cerveaux qui les élaborent n’ont pas davantage l’air de le menacer. Alors quoi ?

    Je maintiens donc, très sommairement, très bêtement, que ce n’est pas l’idéologie qui nous sortira des idéologies, pas les économistes qui nous sortiront de l’économie, mais, vous le dites quasiment vous-même, la somme des démarches individuelles, dans le meilleur des cas — auquel je ne crois guère mais qui est le seul idéal vers lequel il me semble encore légitime de tendre (et il en faut un, sinon il n’y a plus rien).

    Il n’y a rien d’autre, ne vous en déplaise Lionel, RIEN D’AUTRE. Pas de formule magique, pas d’homme providentiel, pas de lessive miracle, pas de changement à grande échelle né de je ne sais quelle prise de conscience collective et spontanée. Il faut sortir aussi de cette vision hollywoodienne (et ce mot inclut « marxiste » et « marxienne ») des problèmes, du système capitaliste, de l’Histoire, de la vie.

    Autant vous dire que ce qui vous fait sourire avec indulgence, à savoir cette idée que le salut ne peut venir que de la marge, de l’addition d’individus louches au regard torve (je me demande si j’ai le regard torve), de racines qui passent discrètement par-dessous le système pour aller ressortir ailleurs, le plus loin possible, et y tenter autre chose, eh bien je crois profondément, moi, que c’est exactement la seule chose, et donc le seul espoir qu’il nous reste, et je ne peux plus croire qu’à ça, et c’est à ça,et seulement à ça, que j’ai envie, que je m’efforce de participer.

    La fascination pour les belles constructions théoriques, c’est précisément ça, Disney, pour moi. La réalité est beaucoup moins brillante, beaucoup moins ordonnée, beaucoup moins prévisible, beaucoup plus rugueuse. Mais elle est.

    Bien à vous
    Valérie

  47. Valérie,

    La « formule magique », c’est nous (« la somme des démarches individuelles »). Ça s’appelle la démocratie, qui, contrairement à ce nous avons fini par croire, est directe ou n’est qu’une illusion (voir mon message plus haut). C’est à nous, par exemple, de redéfinir le travail (comme le souhaite Lionel), d’empêcher que le « travail nuisible » (Fabrice Wolff) puisse nous être imposé…pour vivre !

    Pour rire, en restant dans l’ambiance du blog : http://www.franceinter.fr/emission-le-billet-de-sophia-aram-notre-ex-beau-frere-et-le-nucleaire

  48. Fab

    Je crois que nous sommes d’accord, non ? A peu de choses près. Je fais très exactement ce que vous dites, enfin, j’essaie. Par les actes. En faisant de ma vie mon outil.

  49. Bonjour Lionel, cela fait un moment que la « theorie de la valeur » m’intrigue et je lirais ces textes un jour quand j’aurais le temps (merci pour les liens). Ces questions me font penser a un article il y a quelques mois dans The Hindu (peut-etre par Bharat Dogra, je n’arrive pas a le retrouver) sur les tribus en Inde, qui s’etonnait que l’on parle toujours d’eux comme des gens « pauvres » alors qu’ils sont extremement riches puisque leurs terres (que la constitution interdit de vendre a un non-tribal) recelent les plus grandes reserves minieres, que leurs forets sont les reservoirs de la bio-diversite et produisent enormement de bois et du bambou, (que le gouvernement s’approprie en s’appuyant sur les lois de la foret), et qu’en plus leur mode de vie les rend peu dependants de l’argent… Bien entendu l’auteur faisait semblant de s’etonner, pour montrer que meme si selon les criteres de la societe dominante ces tribus sont tres riches, il est necessaire de les classer comme « pauvres » pour pouvoir mieux les spolier. Il y a mille maniere de detourner la loi qui interdit d’acheter des terres tribales, et une des « solutions » les plus massives est de creer un etat de guerre, par lequel le simple fait de vouloir continuer a habiter chez soi, de cultiver sa terre sans prendre part aux violences, devient suspect aux yeux des combattants (Etat d’un cote et Maoistes de l’autre) et justifie toutes les attaques. Et l’on s’apercoit d’un secret que les banques (qui soit dit en passant sont les organisations les plus miserables qui soit puisqu’elles sont incapables de produire la moindre richesse) essaient de nous cacher, a savoir que la richesse, la prosperite vient des hommes et seulement des hommes. Il n’y a pas de ressources « naturelles ». (Les grains de ble n’ont pas pour but d’etre manges) Seuls les hommes sont des ressources. Mais il ne faut pas qu’ils le sachent, sinon les banques perdent la carotte avec laquelle elles les font travailler !

  50. Valérie,

    « Je suis quelque part sur terre, à tenter de vivre une vie digne de ce nom »

    C’est ce que nous faisons tous.

    « vous le dites quasiment vous-même, la somme des démarches individuelles »

    Mais non, c’est la cohésion sociale structurée par le travail et les marchandise qu’il faut changer pour que le travail redevienne un moyen et non un but, tout comme les marchandises redevienne des productions qui nous sont destinées.

    « Par rapport au vécu concret, très franchement, je ne crois pas que le passage à mi-temps, ce petit changement quantitatif, change quoi que ce soit au type de rapport qu’on a avec le système »;

    Eh si, c’est un grand changement quantitatif puisque c’est la moitié du temps de vie passée à ne pas servir les fétiches (le travail abstrait et la marchandise, ni achat, ni création) et faire en sorte que cette partie là ne soit pas dominante est déjà un gros pas vers la sortie de l’économie.

    Fab,
    Je ne veux pas redéfinir le travail ,c’est très clair pour moi, je veux en sortir.

    Frédéric,
    Malheureusement je n’ai pas le temps de tout expliquer, je risque de paraphraser ce que j’ai déjà écrit moult fois sur ce blog et pas forcément avec des mots plus simples.
    Je pourrais le faire éventuellement plus tard et m’y appliquer.

    Une vidéo d’Anselm Jappe peut aider : http://palim-psao.over-blog.fr/article-video-conference-d-anselm-jappe-critique-du-neoliberalisme-ou-critique-de-la-societe-marchande-75320870.html

  51. Lionel écrit :

    « c’est la moitié du temps de vie passée à ne pas servir les fétiches (le travail abstrait et la marchandise, ni achat, ni création) »

    Arf.
    La marchandise, le travail « abstrait », l’achat et la création dans le même sac marqué « fétiches ». Mon Dieu. Je jette l’éponge.

  52. Valérie,
    Dommage, je parlais de l’achat et la création de marchandise.
    Le fétichisme est quelque chose de tout à fait sérieux et pour le coup présent dans toutes les sociétés, de tous temps.
    Le propre du fétiche est qu’il est une construction humaine dont l’origine est à l’abri de tout raisonnement critique et rationnel, et dont les hommes croient dépendre et vont se rapporter les uns aux autres et faire société autour.

    Marx qui fut l’un des plus brillants penseurs a consacré un chapitre du Capital à expliquer le fétichisme de la marchandise et le travail « abstrait » qui a l’air de vous faire tiquer.

    S’il est abstrait ce n’est pas qu’il est dématérialisé ou de simple services mais qu’il est un travail dont on a gommé les traits, une dépense de muscle, de cerveau, d’énergie mesurée par le temps.
    Et c’est ce qui compte et qui rend les marchandises commensurables, leur valeur.
    Ce n’est pas la valeur d’usage la valeur, qui devient un simple mal nécessaire à la création de valeur.

    Jetons l’éponge ensemble. Vous d’essayer de comprendre ce galimatias et moi d’avoir essayé de le faire comprendre.

  53. Bonsoir à tous,
    Vous lire (Lionel,Frédéric) me donne mal aux neurones, même si j’y trouve un certain plaisir.
    Je ne sais pas si vous avez la réflexion rapide, la frappe nerveuse mais je vous imagine tous les deux devant vos écrans, des heures durant, à cogiter dur pour tenter de trouver le meilleur argument, le verbe le plus clair, la rime la plus poétique (je m’égare là).
    Pendant ce temps, la tresse au vent, le jupon voletant, balançant au rythme de mes pas mon panier d’osier, je sifflote vers le jardin, le visage radieux caressé par l’air frais radioactif (un merveilleux anti-rides!) et je m’en vais faire la cueillette, remerciant terre mère pour toutes ses offrandes.

    « Si les gens comprenaient réellement le processus de création monétaire, le système ne tiendrait pas plus de 24 heures » Henry Ford.
    La simple intuition que la venue de la monnaie a pourri l’humain et crée ce système qui n’est que du vent.
    J’ai vu deux excellents documentaires sur le sujet, je ne retrouve que celui-ci que je vous invite vivement à découvrir si vous ne l’avez jamais vu.

    « La monnaie est le sang de l’économie et le moteur de l’échange. Récemment, l’Argentine et la Turquie ont vu leurs monnaies nationales se dévaluer dramatiquement et ces pays dits riches se sont retrouvés au bord de la faillite. Emprisonnées dans une spirale d’endettement, l’Argentine et la Turquie en sont venues à se vider de leurs ressources financières à travers les privatisations et le paiement de leur dette extérieure, précipitant la « dollarisation » de leurs économies nationales.
    Isaac Isitan mène une enquête passionnante auprès d’économistes et décortique les mécanismes de création et de régularisation du contrôle monétaire à l’échelle nationale et internationale. Prenant comme terrain d’investigation l’Argentine, la Turquie mais aussi l’État de New York, il observe l’émergence d’initiatives communautaires alternatives et de réseaux parallèles de troc, des outils dont se dotent les citoyens pour survivre ou pour soutenir et développer les échanges locaux.
    Prix du public lors des Rencontres internationales du documentaire de Montréal, en 2003. Production Carole Poliquin »
    Le lien: http://www.dailymotion.com/video/x9cxvu_l-argent-chute-de-l-argentine-1-sur_news?start=6

  54. suite

    Merci Fabrice pour vos derniers écrits; vous rappelez que l’histoire d’hier sera celle de demain mais en pire, vous rappelez que les anonymes, les gens de l’ombre sont et seront toujours là pour éveiller les consciences et que la politique (mais ça je l’ai toujours su) n’est qu’une fumisterie diabolique.
    « Ceux qui marchent vers les étoiles »: la planète sans visa en est peuplée, pour sûr, même si leurs avis divergent.Et je ne sais pas si cela a un rapport mais je pense tout à coup à « l’allumeur de réverbère dans le Petit Prince ».

    « Que cherche-t-il donc à faire l’allumeur de réverbère ?
    Rien. Il ne fait que donner, et pour rien encore, sa lumière.
    Quand notre ciel n’a plus d’étoile, il ne rêve plus.
    Quand notre nuit n’a plus de rêve, elle n’imagine plus.
    Et quand tout notre imaginaire a été consumé, pourquoi vivre encore ?
    Vite, allumons des étoiles et soulageons l’amer de sa presque mort.
    Et la terre de son mauvais sort ?
    Et la chair de son triste corps ? »

    suite
    Je limite volontairement l’usage de l’ordinateur car il piège notre temps,nous détourne quelque peu de notre sagesse.
    Je le limite cet usage car il est producteur de 2% des émissions totales de dioxyde de carbone sur la planète et consomme 80 millions de mégawattheures d’énergie/an, soit 1 1/2 la quantité nécessaire à la ville de New York annuellement.
    Un Data Center consomme en moyenne autant que 25 000 foyers américains. Et d’ici à 2020, au rythme de leur croissance actuelle (5,75 millions de nouveaux serveurs installés tous les ans), leur émission globale de CO2 pourrait atteindre 359 Megatonnes, soit autant que ce que produisent 48% des voitures aux Etats-Unis.
    J’en frissonne d’effroi.
    En attendant la sortie du nucléaire, ne pouvons nous pas limiter l’usage de cet outil qui devient vite diabolique lui aussi sur bien des plans?
    Soyons de magnifiques marcheurs vers les étoiles, ces anonymes, ces petites gens de l’ombre qui oeuvrent, sans relâche, sans doute, qui montrent le courant de la vie, la vie à l’échelle humaine.

    Je vous salue en vous souhaitant le meilleur.
    Charlotte

  55. Valérie,

    Si. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » !

    Lionel,

    L’appel à traduction sur votre site, si je le range dans la catégorie travail, j’ai bon ?

  56. Travailler à mi temps ou temps partiel a un impact important sur les crises actuelles:
    moins de carburant consommé, moins de temps perdu et moins d’abrutissement donc moins de consommation excessive en réponse à cette aliénation, et par ailleurs des emplois débloqués.

  57. Philou,

    « La démocratie est un chemin, un travail (et hop, en passant, une nouvelle définition pour le travail…) incessant. Si on s’en écarte, si nous (les membres du groupe, tous) baissons les bras, ça ne marche pas…on le voit.

    Personnellement, et puisque le débat semble lancé, je penche pour la « démocratie directe » (elle l’est évidemment, nécessairement, directe, c’est trivial (pour reprendre le terme de DC)), à l’Estonienne** : ce qui nécessite des débats publics préalables (c’est le bon côté de la technique M’sieur Cohen, télé et internet inclus 🙂 ). Et ce temps de débat, ce travail, devrait pouvoir largement compenser le temps jusque lors consacré à la société matérialiste (pour le dire vite). J’avais émis il y a quelque temps l’idée de la « semaine des 4 jeudis » : chacun participe à temps ou temps/pénibilité égal à la solidarité, à la satisfaction des besoins de base de tous (ce qui, il faut le rappeler, nous a fait entrer en société…c’est pas rien !). C’est même faisable sans création monétaire (ça fait un souci de gestion en moins !). Et quartier-libre (coucou Caroline) le reste du temps : politique, démocratie, …, et ceux, par exemple, qui voudraient continuer dans la « consommation », le pourraient (heureusement puisque ce serait la démocratie, et qu’en plus ça peut aider « à réduire nos malheurs » : c’est l’abus qui est dangereux pour la santé du corps…social), à condition bien sûr qu’ils laissent les lieux au moins dans le même état qu’ils les auront trouvés.
    Bien sûr il reste des questions 🙂 , des pavés même, comme la propriété*** : mais ça se discute 🙂 ! » (Fab (anonyme), mardi 04 septembre 2012 à 11:23 : http://www.franceinter.fr/emission-le-79-daniel-cohen-0#comments . Pour écouter l’intervention de Daniel Cohen : http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=444463 et http://www.franceinter.fr/player/reecouter?play=444465 )

  58. De la même façon qu’il faudrait, à en croire diksha, blâmer les femmes qui se blanchissent pour trouver un travail au même titre que les employeurs, si le coeur du problème, c’est l’argent, les banques ou la technologie, alors nous sommes tous, ici présent, coupables et complices de la débandade générale. Et s’il y a des actif qui réussissent vraiment à vivre selon leur principe, on ne les trouvera pas sur Internet….

  59. Fab,

    « L’appel à traduction sur votre site, si je le range dans la catégorie travail, j’ai bon ? »

    Hélas non, mais j’apprécie le comble suggéré et votre humour.

    Le travail est le travail sous le capitalisme, celui qui crée des produits ou des services qui ne nous sont pas destinés mais destinées à la vente, ou l’obtention d’un salaire.
    C’est cela le changement majeur historique qui s’est produit, les marchandises et le travail ne sont effectués que pour produire plus d’argent avec de l’argent (qui est la forme phénoménale de la valeur, du temps de travail abstrait effectué), peu importe ce que l’on produit, ou la qualité de ce que l’on produit.

    La traduction du site en question serait une activité de loisir ou du bénévolat.

  60. A propos du travail à temps partiel, quelques mots, rapidement, le temps me presse, justement.
    Ça peut être, à mon sens, une première étape pour se désabrutir, se libérer, imaginer une autre activité qui ne participe pas au désastre. De là à penser que cette démarche « aura un impact important sur les crises actuelles » et nous permettra de « sortir de l’économie » prédatrice, c’est là une vision que je ne partage pas une seconde.
    D’abord parce que les moyens du saccage industriel ont une productivité toujours plus forte. S’il fallait 14 heures hier pour détruire, il en faut 7 aujourd’hui et il en faudra 3 demain. La seule voie satisfaisante est, me semble-t-il, de ne plus donner une seconde de son temps à l’industrie du crime organisé, en commençant par son travail, sa consommation, ses loisirs, sa pensée… Je ne dis pas que ce soit simple ni que j’y sois parvenu, je pense simplement que cela devrait mobiliser notre être tout entier.
    Frédéric

  61. Charlotte,
    Excusez-moi, je ne voulais pas vous torturer les neurones, je n’ai pas l’âme d’un bourreau, croyez-moi sur parole.
    Vous avez bien raison d’être dans l’air frais de septembre, dans les cueillettes au jardin et dans la gratitude. J’y suis aussi très souvent, quand je ne suis pas dans les pages d’un livre, dans des partages d’amitié et devant l’écran que j’essaie aussi d’éteindre sans vraiment y parvenir, je le confesse.
    Mais, voyez-vous, malgré la vie au jardin, malgré l’amitié des livres, des arbres et des humains, un sentiment m’accable, celui de voir la vie détruite dans un contexte de frivolité, de cécité. Lorsque j’ai découvert ce blog, j’ai rencontré une pensée qui dit ce que je ressens, mot pour mot, j’en ai été bouleversé. Je me suis pris au jeu des commentaires. Ça m’aide à surmonter cet accablement dont je parlais plus haut. Non que je ne sois plus affligé par l’époque, c’est peut-être même pire encore ! Mais peut-être qu’à travers ces lectures et ces conversations, je me sens relié. J’ai encore de la peine à dire ce que j’entends précisément par là, ce qu’il en sortira, mais je sens que quelque chose d’important se passe sur cet espace. Il y a sans doute autre chose en jeu, dans ces échanges que nous avons. Il serait intéressant que chacun se demande, d’ailleurs, ce que Planète sans visa lui apporte, profondément, ce que ça change, ce que ça peut changer.
    Je fais une pause d’écran, à présent.
    Bien à vous,
    Frédéric

  62. Lionel

    Autant pour moi sur ce coup-là — ceci dit, votre formulation était au moins maladroite.
    Mais enfin ça change peu de choses : nous ne parlons définitivement pas la même langue, et je ne vois pas d’espéranto possible entre nous, sauf de façon extrêmement ponctuelle (c’est arrivé). Vous n’avez d’ailleurs pas le moins du monde répondu à ma très simple question.

    Charlotte

    Ah! Ça faisait longtemps. Revoici sous votre plume le fantasme récurrent de certain-e-s sur ce blog, une variante plus ou moins plaisante de l’éternel oui-mais-moi-c’est-pas-pareil, soit : « Ah là là, qu’est-ce que vous passez comme temps vissés devant vos ordinateurs, vous êtes de vrais mutants, alors que moi, je vis, la vraie vie, quoi. »
    Si ça peut vous faire plaisir.
    Et puis ça a peut-être fait sourire Frédéric, qui est un chic type.
    Quant à l’allumeur de réverbères, j’ai dans l’idée que la référence était un peu voulue.

    Fab
    Merci, la référence me flatte.

  63. Valérie,

    « Posons donc la question différemment : ces théories auxquelles vous ne cessez de revenir, c’est donc que vous pensez qu’elles ont quelque chose à offrir. Mais quoi bon sang ? QUOI D’UTILISABLE ? Nous avons un besoin urgent d’outils utilisables, d’outils pour nous aider à nous frayer un chemin hors du merdier où nous sommes. »

    C’est cela votre très simple question ?

    Si oui, alors la réponse est que ces théories permettent de cerner la forme de socialisation, la façon implicite de se lier les uns aux autres – le capitalisme – dans laquelle nous sommes tous plongés sans qu’on nous ait demandé notre avis de notre naissance jusqu’à notre mort, et qui s’est déployée dans notre dos depuis plus de 4 siècles en déployant ses catégories subrepticement jusqu’à nous endormir totalement.

    Cette critique a l’utilité de recentrer la critique sur le travail en tant que tel, et non une simple critique de l’industrie dont il faudrait sortir, (pourtant consubstantielle à la société travailliste, société de la valeur) , des banques qu’il faudrait moraliser, des classes que l’on voudrait rendre plus égales, en luttant pour une prison économique un peu plus grande, chauffée et avec une retraite assez tôt pour en profiter.

    Ces « outils » permettent d’aller atteindre la racine du capitalisme : le travail abstrait en en dévoilant son caractère fétiche, ainsi que les marchandises qui contiennent dans leur face abstraite ce travail abstrait.

    Le travail donc et pas les machines, l’industrie ou l’argent, (bien qu’ils aient aussi leur importance, ils découlent de cette forme de socialisation), comme le marxisme traditionnel de la gauche et des altercapitalsites (euh…altermondialistes, pardon) s’est accoutumé à faire se satisfaisant et rêvant d’un capitalisme pour tous, un réaménagement, une redistribution de toujours les mêmes catégories de base (le travail, la marchandise, l’argent,la valeur), ou une simple relocalisation, un retour de l’artisanat, ou de la paysannerie bio ou pas (mais qui produit majoritairement des marchandises et qui se voit comme les paysans d’antan qui eux, passaient la plupart de leur temps a faire des activités vivrières pour eux et vendaient les surplus).

    Bref c’est un choc salutaire pour les endormis que nous sommes tous, nous qui suivons la cadence du sujet automate -le capital- qui nous fait tous danser et se lever pour aller bosser tous les matins.

    Cette critique a été faite par des intellectuels il est vrai, mais elle n’attend que d’être reprise par des vulgarisateurs « de terrain »

    D’ailleurs l’editio du SDE4 explique ça mieux que moi :
    http://sortirdeleconomie.ouvaton.org/sde-n4-p4.pdf

    Après si vous ne comprenez pas de quoi il s’agit, je ne pourrai pas faire mieux.

  64. dans l’Histoire, comment ont fait les gens d’avant l’ordi pour se soulever lorsqu’il a fallu le faire? et cet ordi-net n’est-il pas un instrument d’asservissement dans le fond? on pleure, on écrit, on dénonce et puis? quoi d’autre? dans le fond un dérivatif bien utile au système.
    je pense toujours aux premiers chrétiens face à l’ordre romain

  65. Lionel,

    D’accord, mais allez dire à un bénévole qu’il ne bosse pas quand il s’est levé l’âme !

    Et le « changement majeur historique » peut aussi être vu simplement comme une évolution.

  66. Lionel

    Vous allez me trouver présomptueuse, mais cette critique j’ai l’immense prétention de l’avoir faite, de la faire, jour après jour, seule et avec d’autres : mon travail « abstrait » est derrière moi, et totalement, depuis quelques années déjà ; je n’ai jamais cru que les classes, l’industrie ou les machines portaient à elles seules la responsabilité de quoi que ce soit et qu’il suffirait donc de etc. etc., tout simplement parce qu’il se trouve que je n’ai absolument jamais réfléchi de cette façon. Il faut croire que ce n’est pas votre cas, et que vous avez du mal à imaginer d’autres cheminements que le vôtre.
    Vous avez le droit de manquer d’imagination, vous avez le droit de ne rien savoir de mon cheminement(quoique j’aie donné pas mal d’éléments au fil des discussions. En revanche, vous avez beaucoup moins celui de partir du présupposé que, forcément, ce sont dans ces cadres étroits que je pense. Je ne peux que voir là de la projection de votre part (autre effet du manque d’imagination).
    Je ne crois pas être en train de dormir, ni avoir besoin de la critique de la valeur pour me faire réfléchir au travail, à la marchandise, à la valeur, à l’argent. Il y a des tas d’autres façons de le faire, des tas d’autres pensées pour s’y aider, et la sienne pour commencer. J’essaie de m’en servir.
    Je ne rêve à aucun altermondialisme, encore moins au capitalisme pour tous, je ne suis pas la cadence du capital, je ne suis pas un sujet automate, et j’apprécie modérément d’être fourrée par vous dans le même sac que « les endormis que nous sommes tous », ce qui vous permet peut-être de vous sentir moins seul mais qui me semble une façon un peu cavalière de procéder.

    Bref, je crois que je comprends maintenant, et si j’ai mis longtemps, c’est parce que c’était étonnamment simple : je ne « comprends » pas ces théories, c’est parce qu’au mieux, pour ceux qui ont déjà commencé depuis longtemps non seulement de « cerner » et de « recentrer » l’analyse, mais d’en tirer les conséquences pratiques, elles enfoncent des portes largement ouvertes.

    Bien le bonsoir
    Valérie

  67. mariemelina,

    Avant ou maintenant, une révolte se fait avec la volonté du peuple et quelques leaders. L' »ordi-net » facilite les échanges, il peut donc faciliter les révolutions quand le reste est réuni, comme l’a montré le printemps arabe. En France, un mouvement « indignés » a commencé à naître sur Facebook, s’il n’y a pas eu de suite le problème n’est pas dans les ordinateurs mais dans les mentalités.

  68. mariemelina,

    Avant ou maintenant, une révolte se fait avec la volonté du peuple et quelques leaders. L' »ordi-net » facilite les échanges, il peut donc faciliter les révolutions quand le reste est réuni, comme l’a montré le printemps arabe. En France, un mouvement « indignés » a commencé à naître sur Facebook, s’il n’y a pas eu de suite le problème n’est pas dans les ordinateurs mais dans les mentalités.
    Mais effectivement, l’imprimerie comme le web sont superflus.

  69. Laurent Fournier,

    Je suis content que cette critique vous intrigue et j’espère vous intéressera, et si je peux vous conseiller ces livres (surtout le premier) :

    -Crédit à mort d’Anselm Jappe – ed. Lignes 2010.
    -Les aventures de la marchandise, Anselm Jappe – Denoël, 2003.
    -Vies et mort du capitalismes, Robert Kurz, ed. Lignes 2011.

    Après il y a le blog de palim-psao qui est une mine, avec différentes perspectives pour appréhender la critique de la valeur, avec des articles et des recensions assez régulières :
    http://palim-psao.over-blog.fr/

    Et les bulletins gratuits sortir de l’économie :
    http://sortirdeleconomie.ouvaton.org/

    Merci pour votre commentaire sur l’article de The Hindu, intéressant.

    A mon sens, si ces gens sont vus comme pauvre par les gens insérés dans l’économie, c’est qu’à leurs yeux ils ne produisent pas (assez) de marchandises puisqu’ils ont une activité d’abord qui répond à leurs besoin (ou celle du groupe) et non destiné à la vente.
    Ou bien ils n’ont pas assez d’argent (qui est la marchandise équivalent-général), donc ne font pas montre d’assez d’obéissance à la valeur.

    Il faut dont les faire adopter un plan de modernisation de rattrapage (i.e. : les déposséder et s’accaparer les ressources)

  70. Yoda, les telephones portables, smartphones, tablettes etc. sont a double tranchant ! Le dernier i-phone d’Apple a une camera qui peut etre desactivee a distance par le gouvernement. Vous etes temoins d’un crime d’Etat, vous filmez une arrestation, une manifestation, voire un bombardement… et vous vous apercevez que votre Apple n’a rien filme du tout ! Tous les smartphones munis de GPS transmettent vos coordonnees au gouvernement. Ceux qui n’ont pas de GPS le font aussi mais en moins precis. Et de plus en plus de smartphone ont 2 cameras, une devant pour filmer ce qui est devant vous, et une derriere pour filmer celui qui le tient en main. Le GPS ne peut pas etre desactive. Les logiciels qui prennent des photos et enregistrent a votre insu sont disponibles dans le commerce. Ben Laden a ete repere en partie parceque sa maison etait la seule du quartier a n’avoir pas internet. En Libye les cibles de bombardements etaient transmises avec les i-phones. En Syrie les mercenaires ont deja les i-phones, ils sont prets. Et d’une maniere generale comme bientot on payera tout avec son smartphone, on ne pourra plus du tout s’en passer. Il va falloir s’habituer a un monde sans aucune intimite, et ou ceux qui essaient de proteger leur intimite seront suspects de terrorisme.

  71. Laurent,

    En fait j’ai du mal à voir le tranchant positif des smartphones et tablettes, à part pour le côté gadget qui rend la vie plus pratique…
    Je vois celui d’Internet (accessible avec un ordinateur classique ou cyber-café), celui des téléphones mobiles (uniquement pour de rares cas particuliers : professions de santé par exemple), mais le reste est plus gadget que réellement utile.

  72. C´est drôle, quand je raconte que je n´ai pas de smartphone, ou i-phone ou tablette, je lis dans les yeux de mes interlocuteurs comme de la pitié mêlée de commisération 🙂 Et pourtant, on peut très bien vivre sans tout cela, vraiment. Pas sûr que le côté gadget rende la vie plus facile, surtout quand l´utilisateur (ou « trice ») hypnotisé par son bidule, les yeux rivés sur l´écran, traverse sans regarder juste devant ma bicyclette. Je dirais plutôt que dans ce cas le gadget peut se transformer en instrument de mort 🙂 !

  73. A Laurent Fournier,
    Le flicage permis par ces technologies sans fil du type smartphone a de quoi faire frémir, en effet.
    Par contre, lorsque vous écrivez qu’il « va falloir habituer à un monde sans aucune intimité » ou qu’on « payera tout avec son smartphone », je me demande à qui s’adresse cet impératif, s’il s’agit de cette idée a laquelle vous avez pensé.
    Pour ce qui me concerne, et je ne suis pas le seul, je ne m’habituerai jamais à ces camelotes électroniques. Je n’en ai pas, je n’en veux pas et tant pis si je suis désuet ou rétrograde, tant mieux si ça me coupe d’une grande partie de la modernité.
    Concernant les personnes (de plus en plus nombreuses) que les ondes pulsées rendent malades, je ne pense pas non plus que cette injonction soit pertinente.
    S’agissant des enfants particulièrement fragiles, des adultes qui ne ressentent rien aujourd’hui mais dont les ondes attaquent de jour en jour la santé jusqu’à les rendre un jour allergiques, je crois sincèrement qu’ils vont devoir s’habituer à vivre sans smartphone sous peine de voir leur vie gravement menacée.
    Ces gadgets ont une capacité de nuisance qui va bien au-delà de la surveillance électronique. Qu’il s’agisse des dégâts liés à leur production, à leur utilisation et à leurs déchets, nous avons à nous interroger, chacun, chacune : Quel est le prix à payer ? Est-ce que ça vaut ce prix ? Qui paye ce prix ? Est-ce que vraiment, j’en ai besoin ?
    Quant à la notion de « double tranchant », cela supposerait des bénéfices à mettre en regard des risques. Cela suggère l’idée que l’on pourrait établir une sorte de bilan avec d’un côté des utilisateurs ayant trouvé le bonheur sur terre, de l’autre côté des victimes. Une comptabilité assez macabre, quand on sait ce qu’il en coûte à ces victimes. Et vraiment, je ne vois pas, vraiment pas, où sont les bénéfices de ces gadgets. Bénéfices financiers, certainement. Bénéfices humains, il faudra m’expliquer.
    Frédéric

  74. Et on oublie aussi souvent d´évoquer les conséquences désastreuses sur la santé des « esclaves » (comment les nommer autrement?) qui s´échinent et se tuent au travail dans les mines de ce fameux coltan, en Afrique par exemple, la destruction des espaces forestiers et donc de l´habitat des gorilles. C´est pourquoi on l´appelle, comme les diamants, le « blood-coltan ».

  75. Charlotte, je ne connaissais pas Nenki, je viens de parcourir son site et c’est un drole de melange, a mon gout. Je ne dis pas qu’il a tout faux partout, loin de la ! Mais melanger le 11-septembre (sur lequel presque tout reste a comprendre a mon humble avis), les extra-terrestres et l’energie libre… tout en s’amusant avec photoshop sur des photos de la lune pour y voir des choses que je n’y vois pas du tout… Je veux dire, il y a des structures immensement plus belles et plus interessantes et plus mysterieuses dans un insecte, une termitiere, des nuages, des montagnes, ou une photo satellite de la terre !

    Et puis, la derniere fois qu’on nous a parle d’energie libre, ca s’appelait « energie atomique », non ? On voit ou ca nous a menes ! On peut meme se demander si l’enthousiasme naif, la stupeur, n’ont pas ete une cause d’aggravation majeure de nos problemes nucleaires. Sans cet enthousiasme fou, cette stupeur, nous n’aurions ni Hiroshima ni Chernobyl, ni Fukushima. Seulement Marie Curie. Un mort, au lieu de millions.

    Je ne dis pas qu’il n’y a rien de mysterieux, surtout dans le concept d’energie. Ce concept a remplace celui de « travail », pour etablir, sur la base d’un postulat de conservation (que l’energie n’est ni cree ni detruite) cette image qu’il y aurait, existant tout seul, comme ca, du travail dont il suffirait alors de s’emparer.

    Il faut se mefier du desir que recele le passage du travail a l’energie. Le travail est une quantite sensible, mesurable: Monter un sac de ciment au 3eme etage, c’est du travail ! L’energie est une construction intellectuelle. Pas forcemment illegitime dans tous les cas, (car des qu’on construit une machine la conservation de l’energie est un concept bien utile) mais le remplacement systematique du concept bien reel de travail par l’idealisation de l’energie cache un desir illegitime tant qu’il est inconscient, qui n’est autre qu’un avatar moderne du « mouvement perpetuel ».

    Dans la pratique, toute l’energie et les materiaux que nous utilisons sont le resultat du travail incommensurable d’etres vivants: le petrole, le charbon, le calcaire (le ciment), le bois, et bien sur toutes les plantes et animaux dont nous nous nourrissons. Dans la pratique, on ne voit que du travail : Des etres qui, litteralement, « poussent » dans la direction opposee a ce qui se fait automatiquement, mecaniquement, passivement.

    Alors l’idee qu’il existerait une « energie libre » que l’on nous cacherait ressemble plus a une realite psychologique que physique : La fascination des annees 1950 pour l’energie atomique.

    Moi non plus je n’ai aucun enthousiasme pour les questions de changement de climat et de carbone. (Entre autres apres avoir lu Dominique Guillet, de Kokopelli, sur ce sujet) Le probleme c’est que l’on tente de remplacer dans notre conscience des problemes que nous pouvons constater, etudier nous-memes, et dont la reponse est entre nos mains, (la pollution, la destruction des semences et de la bio-diversite, les pesticides, etc, etc.) par un probleme unique, surmontant tous les autres, compatible avec le capitalisme (marche carbone), dont l’analyse est si complexe qu’elle depasse les capacites du commun des mortels, et dont la resolution demande des moyens fous, comme l’energie nucleaire, ou qui n’existent pas. Alors qu’il existe pour justifier les memes luttes, des moyens accessibles a tout le monde, intellectuellement et materiellement: En somme, tout ce qui a constitue l’ecologie politique depuis le milieu des annees 1960. Et qui n’est toujours pas resolu, ni en voie de l’etre.

    Donc je comprends que l’on puisse s’agacer de l’obnubilation exclusive sur le carbone et le climat. Mais lire dans le meme site des references aux extra-terrestres ou a « l’energie libre », c’est remplacer une abstraction intellectuelle par des abstractions intellectuelles au carre, non ?

  76. Frederic, il n’y a pas, surtout pas, d’imperatif ni d’injonction dans ce que j’ai ecrit. Je fais le meme constat que vous, mais aussi que l’etau se resserre progressivement, et qu’il faut travailler a des echappatoires qui ne soit pas illusoires. Il faut travailler a sauver la vie. Comment, c’est une question que je me pose. Mais ignorer ces choses nous rend plus vulnerables encore ! Il faut voir la fascination pour la tele ou les smartphones dans les campagnes en Inde. Tous les jeunes ado sans boulot, sans le sou, ont des copies Chinoises de i-phone ! Des familles continuent d’utiliser les lampes a petrole pour economiser la batterie solaire pour pouvoir regarder la tele ! Moi-meme j’ai eu une fascination profonde pour l’ordinateur il y a 25 ans, dont l’offre de donner des cours d’informatique a des adolescents m’a permi ensuite de « guerir » en faisant un effort de reflexion sur le sujet. Ceux qui semblent a priori le moins prepares tombent dedans comme les autres, peut-etre meme plus brusquement encore.

  77. Laurent,
    Je n’ignore pas cette fascination pour les smartphones et compagnie. Il y a quelque chose d’une hypnose collective là-dedans, une relégation de l’essentiel derrière le futile, une illusion de communication et c’est plus qu’inquiétant.
    Si je réagis presque au quart de tour sur ce sujet, c’est qu’il me semble trop souvent absent du discours écologique. On parle de temps en temps du flicage et de l’asservissement, on parle moins des « esclaves du coltan » qu’évoquent justement Martine et quasiment jamais des personnes devenues allergiques à ces « instruments de mort ». Tout au plus, trop souvent, y-a-t-il une moue dubitative, comme, si au fond, ces personnes hyper-sensibles aux ondes n’étaient que des malades imaginaires. Quant au terme même d’hyper-sensible, il devrait nous faire réfléchir sur ce qu’il recèle de monstrueux, puisqu’il reporte sur l’individu la cause du problème. Trop sensible, voilà tout.
    Quant à la question de se passer de ces gadgets, si nous ne nous la posons pas au moins à nous-mêmes, si nous n’essayons pas d’en tirer les conséquences dans notre vie réelle, nous qui écrivons sur ce blog, quelle occasion ratée.
    Frédéric

  78. Laurent Fournier,

    De mon côté, je serais preneur pour avancer sur le plan de la non violence dont vous faites montre dans vos commentaires et semblez être pétri.

    Avez-vous lu des livres ? Suivi un enseignement ?

    Vous savez rester imperturbable et posé dans des situations assez de type terrain glissant (comme lors des débats récents sur la démographie, ou lorsque vous donnez votre avis sur la crédibilité d’un site new-âge bon marché, scientiste et conspirationniste ) ce qui n’est pas mon cas et je me rends compte que lors des débats d’idées, celui qui arrive à faire passer quelque chose est celui qui est resté calme et posé, même s’il a dit n’importe quoi.

  79. Frédéric,

    Je n’ai pas encore vu entièrement ce documentaire sur le colombo-tantale (coltan) :

    « Blood and the mobile »
    http://www.dailymotion.com/video/xq6r4z_blood-in-the-mobile-l-industrie-gsm-morbide_news

    Il m’a semblé qu’un autre film serait en préparation, je confirmerai.

    Lorsque je parle autour de moi du fait que je n’ai ni de tablettes, ni de téléphone portable à cause des conséquences sociales et environnementales, mes interlocuteurs sont interloqués et semblent ne pas m’entendre.

    En revanche, les arguments de mouchardage par géolocalisation permanente ou comme passerelles pour mesh network (réseau reconfigurant) des puces RFID qui réduirait les libertés individuelles ou ceux de la santé de leurs enfants les interpelle plus.

  80. @Lionel,
    connaissez-vous le livre de Christophe André, « Les états d´âme : un apprentissage de la sérénité » ?
    La pratique de la pleine conscience, de la méditation (complètement laïque, sans contenu religieux) ?
    Si cela vous intéresse, voilà le blog de Christophe André :
    http://www.psychoactif.blogspot.com
    C´est ce qui m´aide à gérer le stress quotidien parfois très fort et à ne pas me laisser submerger par les émotions, surtout les négatives. Attention, cela ne veut pas dire les combattre, ni perdre la fougue avec laquelle vous défendez vos idées et qui n´est pas faite pour me déplaire 🙂

    Pour le coltan, voilà un document un peu aride mais qui en explique asez bien la filière de commercialisation :
    http://www.unites.uqam.ca/grama/pdf/Martineau_coltan.pdf

  81. Martine,

    Non je ne connais pas Christophe André, mais merci beaucoup pour la référence, je regarderai cela de près et essaierai d’emprunter à la bibliothèque ou d’acheter le livre dont vous parlez.

    :o)

  82. face à la marée de tel portable, de bagnoles etc.. on peut toujours se raconter des histoires! de pacifisme et autre légende! les gens interpellés? a mon avis pas longtemps!

  83. et la sérénité pendant un bombardement? ou pendant que certains vous expulsent de votre maison pour la détruire? ou lorsque vous voyez se détruire peu à peu les espaces naturels? ou lorsque vous étes noyés dans une mer de voiture?

  84. Marie,

    Quand on ne peut pas changer les choses, en quoi serait-il plus néfaste que bénéfique de rester serein ? La sérénité dans de telles ciconstances n’est pas facile à atteindre, mais n’est en rien à blâmer, bien au contraire. Elle permet d’agir plus efficacement et sans faire subir son énervement à d’innocents spectateurs.
    Etre noyé dans une mer de voiture, c’est le cas des automobilistes qui vont au travail aux heures de pointe. Ceux qui perdent leur sérénité vivent ce souci encore plus douloureusement et appuient comme des fous sur le klaxon, ce qui pourrit la vie des piétons. Les sereins (et les piétons) n’arrivent pas moins vite.

  85. Lionel, merci de votre compliment ! Si je ne m’enerve pas souvent c’est que je ne vois pas souvent de raison de m’enerver. Je ne sais pas si c’est l’ecole Steiner ou j’etais, ou l’ecole d’archi, ou de vivre en Inde, ou les gens formidables que j’ai rencontre, ou les livres que j’ai lu… Mais je ne crois pas que je sois « non-violent ». La non-violence reclame enormement de force et de courage, c’est plus que simplement s’enerver difficilement ! Mais, il y a un exercice que j’aime bien faire, qui consiste a considerer un point de vue totalement oppose au sien (ou au point de vue generalement accepte) et a voir comment il pourrait etre defendu, en toute honnetete et en toute logique. Ca ne veut pas dire qu’il faut se plonger dans le relativisme generalise et le « tout se vaut » ! Mais ca permet souvent de remonter aux fondations de nos opinions, qui sont hors du champ de notre conscience la plupart du temps (et c’est legitime, on n’arriverait pas a resoudre des problemes rapidement si on remontait toujours aux causes premieres !) Et en remontant a ces fondations on se donne les moyens d’assumer pleinement la responsabilite de ses choix.

    J’aime beaucoup cette phrase de Novalis: « Tout symbole peut etre a son tour symbolise par ce qu’il symbolise : Contres-symboles » (Fragments, Aubier-Montaigne). J’ai ete aussi influence par l’analyse que fait Rene Girard entre les mythes « du texte » (qui ne sont pas decrits dans le texte mais sont presupposes) et les mythes « dans le texte » (qui sont decrits dans le texte). J’ai aussi beaucoup appris de « La sagesse de l’amour » de Finkielkraut, de « Lettres sur l’education esthetique de l’homme » de Schiller, et de « La structure des revolutions scientifiques » de Thomas Kuhn.

    Rudolf Steiner faisait souvent cet exercice. J’ai lu recemment dans une de ses conferences ce passage : « En Orient la pensee est persecutee par la police, au milieu elle est apprivoisee par la police, et en Occident elle est protegee par la police » et un peu apres il ajoute (devant son auditoire bien sur Occidental) : « Mais ceci est unilateral. On peut tout aussi legitimement prendre un point de vue contraire et dire, « En Orient la pensee est persecutee, au milieu elle est apprivoisee, et en Occident elle nait apprivoisee ».

    Parfois j’essaie d’imaginer, non pas « comment peux-t-on etre Persan ? », mais « comment peux-t-on etre un anti-nucleaire Persan ? », et qui est le pire ennemi de l’anti-nucleaire Persan… Je ne crois pas que ce soit la police Perse aujourd’hui… mais plutot les groupes qui construisent la politique etrangere Occidentale vers la Perse, et qui rendent sa voix inaudible, sa pensee d’avance illegitime, en la privant de tout interlocuteur possible. Et ce qui vaut pour l’anti-nucleaire vaut surement pour les autres. Comment peux-t-on etre Persan, vraiment !

    Enfin ce vieux proverbe, « Si tu ne peux pas faire ce que tu aimes, aimes ce que tu fais »… qui est un equivalent simplifie de la phrase de Maitre Ekhart, qui disait dans un sermon « si on te demande pourquoi tu operes tes oeuvres, la seule vraie reponse est « j’opere parce que j’opere » et que Simone Veil repetait a sa maniere en ecrivant que le critere ultime de verite ne peut etre que la beaute (dans l’enracinement). (Je cite tout ca de memoire, c’est surement approximatif)

    Bref, vous m’avez donne l’occasion de m’etendre encore… j’en ai bien profite ! 😉
    Bien a vous

  86. Gérer son stress, gérer ses émotions… Drôle d’époque on l’on devient des gestionnaires de son temps, de ses relations, de sa vie. Il y a même des stages pour ça, payées par les entreprises sur le temps de travail. On oppresse des salariés et on leur paye deux jours de séminaire pour être sereins, pour continuer à accepter leur condition, pour être productifs comme il se doit.
    En somme, on nous serine d’être serins calmes et paisibles enfermés dans nos cages.
    Moi, je proposerais bien des stages de colères, où l’on apprendrait à ne pas sourire quand on vous marche sur les pieds, à ne pas rester placide quand on vous explique que le monde est ainsi fait et qu’il faut s’adapter, à ne pas rester stoïque quand on vous plonge la tête sous l’eau.
    La sérénité, me semble-t-il, est le résultat d’un long cheminement, celui de l’harmonie. Harmonie de soi avec le monde, harmonie d’une vie où l’on applique ses valeurs au quotidien.
    Je ne dis pas non plus qu’il faille être en colère à plein temps. C’est épuisant et contre-productif comme on dit aujourd’hui. Je suis le premier à me chercher des refuges de l’âme, dans mon jardin, sur les sentiers solitaires, dans cette quête de l’harmonie que j’évoquais.
    Mais ce développement personnel très tendance, qui fait de la gestion des émotions un horizon ultime, me semble finalement bien en phase avec ce monde moderne qui me sort par les yeux.
    Frédéric

  87. Frédéric,

    Je ne veux pas gérer quoi que ce soit.
    Je suis d’accord avec vous sur le long cheminement, qui peut passer par des livres, il me semble.

  88. Mais non Frédéric, ce « développement personnel très tendance » comme vous l´écrivez n´a rien de personnel ni de tendance 🙂 Il vient tout simplement du travail pluri/interdisciplinaire entre la neurobiologie occidentale (avec la découverte de la plasticité du cerveau) et des pratiques ancestrales de la religion boudhiste (méditation). Ceci n´a rien à voir avec des chichis de bobos :-)! Depuis plusieurs décennies, ces « techniques » sont étudiées, développées et utilisées dans le traitement de la douleur chronique, de la dépression, chez des enfants qui souffrent de l´autisme (recherches de la neurobiologiste Sarah Lazar au General Hospital du Massachusett), dans les écoles, les prisons, etc… Je ne voudrais pas vous vexer, mais ce jugement assez sommaire reflète bien le peu de connaissances que l´on a, dans cette France cartésienne et assez imbue d´elle-même, de ces nouvelles découvertes dans la recherche sur le cerveau, et je comprends pourquoi je m´y sens de plus en plus étrangère (en France, pas dans le cerveau) ! Par pitié, informez-vous avant d´écrire sur un sujet qui ne vous est pas familier, ceci dit en toute amitié, soyez-en convaincu, parce qu´en général, j´aime beaucoup ce que vous écrivez.

    Merci à vous Yoda pour votre réponse pleine de bon sens.

  89. Bonsoir,

    Ben Laden a ete repere en partie parceque sa maison etait la seule du quartier a n’avoir pas internet.

    Et d’une maniere generale comme bientot on payera tout avec son smartphone, on ne pourra plus du tout s’en passer. Il va falloir s’habituer a un monde sans aucune intimite, et ou ceux qui essaient de proteger leur intimite seront suspects de terrorisme.

  90. Martine,
    Soit nous ne parlons pas de la même chose, soit nous n’avons vraiment pas la même vision du monde.
    Loin de moi l’idée de réduire le vivant à ce que la science peut ou pourra expliquer. Tout à fait d’accord pour considérer que le réel peut être aussi appréhendé de façon non cartésienne. Prétendre tout expliquer de certains recoins mystérieux de l’âme humaine et du monde, me semble une imposture, dont la science n’a pas le monopole, loin de là. D’ailleurs, on prête souvent à la science ce qui arrange bien des puissances économiques et politiques.
    Dans la vie, je serais plutôt du genre pragmatique : si j’ai un problème de santé, j’essaie de remonter à la cause, j’expérimente des soins alternatifs sans a priori favorable ou défavorable. Et j’observe les effets, souvent bienfaisants, mais pas toujours. Je suis un adepte de la médecine traditionnelle chinoise, du magnétisme, de l’ostéopathie, de la naturopathie, du soin par la parole et j’en oublie. Je n’appelle pas ça du développement personnel ni de la gestion du stress, mais des soins naturels qui tentent de remonter à l’origine des maux. Voyez, je ne suis pas un affreux cartésien.
    Mon précédent commentaire n’abordait pas « le traitement de la douleur chronique, de la dépression, chez des enfants qui souffrent de l´autisme, dans les écoles, les prisons… » Qu’il y ait des techniques en dehors de la médecine occidentale, pour soulager et pour guérir, j’en suis le premier pratiquant convaincu, sans non plus dire : moi, jamais d’examen radiologique ou sanguin, jamais d’opération…
    Ce qui me navre, en revanche, c’est la mouvance très en vogue de ces techniques de management de l’âme, ce sont ces mots auxquels je suis devenu totalement allergique, le verbe « gérer » en premier lieu et ce n’est pas le seul, je pourrais en ajouter bien d’autres. Ce qui m’exaspère, c’est l’utilisation qui en faite par le système économique, mais pas seulement. L’entreprise rend les gens malades et voilà les coachs en développement du potentiel humain qui rappliquent. Marché fructueux, s’il en est. On va vous booster le mental, cher monsieur, on va vous exploser votre performance, chère madame… Parce que vous comprenez, ce qui vous arrive, c’est vous qui en êtes responsable, c’est vous et vous seul(e) qui avez les clés pour changer. Eh bien voyez-vous, ce discours me révulse.
    Il se retrouve dans bien d’autres domaines de la vie, on n’y prête même plus attention. Le simple fait d’employer le mot gérer pour parler de ses émotions est révélateur de cette imprégnation des consciences.
    Appelons ça développement personnel ou comme vous voudrez, peu importe, l’essentiel est de s’entendre sur les mots.
    Du reste, développement personnel et développement durable, sont à mon sens les deux faces d’une même médaille, d’une même duperie.
    Quant à dire qu’il faut rester serein face à ce que nous ne pouvons pas changer, c’est une attitude qui, à titre personnel, ne me convient pas. Je n’ai jamais cru pouvoir changer grand-chose à ma petite échelle, face aux dérives en cours, ce qui ne m’empêche pas d’agir, au moins pour aller vers cette harmonie dont je parlais. Devrais-je pour autant rester serein quand une amie voit sa vie partir en lambeaux sous l’effet des pollutions modernes ? Devrait-elle faire appel à un coach et se dire que finalement, tout est dans le regard qu’elle porte sur les choses ? Tant mieux pour vous si vous avez cette sagesse, moi, je ne sais pas faire.
    Peut-être trouverez-vous encore une fois mes « jugements assez sommaires » reflétant mes « manques de connaissances », peut-être penserez-vous encore que je devrais « m’informer par pitié sur un sujet qui ne m’est pas familier » pour ne pas ressembler à cette « France cartésienne et assez imbue d’elle-même ». Je vous avouerais que je ne suis pas un spécialiste du sujet. Faut-il être physicien diplômé pour critiquer le nucléaire ? Faut-il avoir fait médecine pour constater les limites des thérapies allopathiques ? Je ne voudrais pas vous vexer non plus, mais je ne suis pas convaincu, bien au contraire, par cet argument de renvoyer l’autre dans son ignorance supposée abyssale, sous-entendu : « je connais le sujet, je vais vous expliquer », avec un accent que je pourrais qualifier d’un tantinet imbu de lui-même, si j’étais en colère contre vous, mais ne l’étant pas, je n’irai pas jusque-là. Voyez, je « gère » ! Pardon, c’était pour finir sur une note légère.
    Frédéric

  91. Frédéric,
    ce que l´on appelle la « pratique de la pleine conscience » (mindfulness) et dont Christophe André a parlé il n´y a pas longtemps sur France Inter n´a rien à voir avec du « management de l´âme ». Ce n´est pas fait non plus pour « booster le moral » Ça, c´est le boulot des grandes religions monothéistes :-).
    Il faudrait aussi définir ce qu´on appelle l´âme, la conscience, l´esprit. Sinon on part sur des malentendus. Je ne suis pas assez intelligente pour le faire et en plus, je ne baigne pas au quotidien dans la langue française. Ce dont je parle ici, c´est la conscience en tant que faculté mentale qui nous permet d´appréhender le monde, les autres, ce que nous sommes en tant qu´individu, notre place dans l´univers, les conséquences de nos actes (pardon, c´est très rudimentaire comme explication).
    Cette pratique de la « pleine conscience » a été développée par des médecins américains charismatiques, qui auraient très bien pu continuer à servir le système dans lequel ils faisaient carrière, mais qui l´ont remis en question au cours des dernières décennies et n´ont pas hésité à « marier » les sciences cognitives aux techniques ancestrales de la méditation. Et ce n´est pas du tout fait pour plaire à la mafia des laboratoires pharmaceutiques qui craignent pour leurs profits. Ils veulent des gens malades, encore plus malades, anxieux, maniaco-dépressifs, parce qu´avec des populations en bonne santé (tout est relatif), ils peuvent mettre la clé sous la porte. Ils voient d´un mauvais oeil que cette alliance est de plus en plus à l´ordre du jour, qu´elle porte ses fruits, attestés par un grand nombre d´études scientifiques internationales d´une grande rigueur. Non, non, l´industrie pharmaceutique préfère que nous continuions sur notre lancée, en pilotage automatique. Que nous fulminions au volant de nos bagnoles, bloqués dans les embouteillages, la tension artérielle au plafond, enchaînés dans un cycle de pensées et d´émotions négatives, ballotés entre « l´anticipation, le jugement de valeur ou l´introspection ».
    Je n´ai pas la naïveté de penser que nous sommes responsables de tout ce qui nous arrive et que la pratique de la méditation apporte un remède miracle à tous les maux, les drames qui, au cours de notre vie, peuvent malheureusement nous accabler. Mais je la défends quand on la réduit à une toquade en vogue, une « mouvance ». Les progrès de l´imagerie médicale montre de manière certaine qu´elle modifie favorablement le fonctionnement du cerveau en diminuant le stress dont les effets néfastes sur la santé sont bien établis.
    Dans le monde anglo-saxon et dans les pays nordiques, elle fait de plus en plus partie des soins palliatifs. Avec, comme effet « collatéral », une réduction des médicaments contre la douleur.

    Non, Frédéric, je ne prétendrai jamais avoir la sagesse, à soixante ans passés je sais même « que je ne sais rien ». C´est ce que qu´une vita en dents de scie m´aura appris. C´est peu mais c´est mieux que rien.

    Vous avez sans doute raison, nous ne parlons pas le même langage, mais ce n´est pas grave, si le respect mutuel n´en souffre pas.
    Bien à vous.

  92. sérénité…en raisonnant à partir d’exemples extrèmes, je parlerais plutot de tenter de garder ses forces vitales pour survivre et son énergie lorsque la situation devient trop inhumaine..la sérénité pour moi est associée à une idée d’harmonie, de beauté.etc

  93. Valérie,
    Juste un clin d’oeil pour les inviter à reposer leurs neurones quelques instants, sachant combien l’engouement peut nous enfermer sans que l’on s’en rende vraiment compte.
    Je vis comme tout le monde Valérie,je veux dire comme tous ces êtres humains qui aspirent à une vie digne; je tâche de ne pas être dans un idéal rêvé tout ou partie mais dans le concret des actes quotidiens sans concession qui me permettent de ne pas participer à ce génocide planétaire.
    « oui-mais- moi- c’est- pas- pareil! » quel drôle d’état d’esprit!
    Je vous trouve bien énervée et je pense que vous devriez en faire autant, vous reposez les neurones ou bien prendre de la distance par rapport au sujet qui fait débat agité (mais à l’heure où j’écris ces quelques mots,c’est fait!).
    Nous sommes sur la planète sans visa, celle peuplée par des humanistes, des citoyens au grand coeur et aux idées larges(?), tolérants(?), des pollinisateurs d’idées….
    Oui, Frédéric est un très chic type car il sait rester délicat dans la divergence, développe ses idées avec une intelligence remarquable et apporte un brin de poésie et de sensibilité au passage. Qui a dit le contraire?
    Je ne porte pas de jupon, je vais à la cueillette sans sautiller dans le vent….quoique pas impossible ….juste une image Valérie.

    Je vous souhaite le meilleur en cette nouvelle journée.
    Charlotte

Répondre à Mouton noir Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *