Une publicité pour Charlie-Hebdo (et pour Notre-Dame-des-Landes)

Aucun doute : ce qui suit est une grossière publicité pour le numéro en kiosque de Charlie-Hebdo. Les deux pages centrales contiennent un reportage que j’ai fait là-bas, en compagnie du dessinateur Tignous. Inutile, je vous en prie, d’envoyer un scud numérique concernant Charlie. Ce journal n’est plus dirigé par Philippe Val, et si tel n’était pas le cas, je n’y écrirais pas. Voici les premières lignes de ce reportage : « Le Bois Rignoux est à main gauche, le Bois du Vivier plus haut sur la droite et les Fosses Noires devant. Sur cette départementale 281, à 20 km au nord de Nantes, plus personne ne passe. Pas un bruit de bagnole ne dérange la balade, le monde a été arrêté net par une série de barricades. On est loin de celles de la Commune, mais dès la première, on a le sourire aux lèvres. Car la jeunesse est là, déconneuse et sérieuse, planquée derrière des cagoules, des foulards, des entortillements de cache-nez. Un arbre vert est étendu en travers de la route, un feu de bois attaque le goudron, quelques caillasses attendent leur flic ».

Rien d’autre. Si. Le 17 novembre, ce samedi, MANIFESTATION DE RECONSTRUCTION à Notre-Dame-des-Landes. Je radote, c’est parfaitement exact.

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16 réflexions sur « Une publicité pour Charlie-Hebdo (et pour Notre-Dame-des-Landes) »

  1. Ni Dieu ni Maître

    « La cigarette sans cravate
    Qu´on fume à l´aube démocrate
    Et le remords des cous-de-jatte
    Avec la peur qui tend la patte
    Le ministère de ce prêtre
    Et la pitié à la fenêtre
    Et le client qui n´a peut-être
    Ni Dieu ni maître

    Le fardeau blême qu´on emballe
    Comme un paquet vers les étoiles
    Qui tombent froides sur la dalle
    Et cette rose sans pétales
    Cet avocat à la serviette
    Cette aube qui met la voilette
    Pour des larmes qui n´ont peut-être
    Ni Dieu ni maître

    Ces bois que l´on dit de justice
    Et qui poussent dans les supplices
    Et pour meubler le sacrfice
    Avec le sapin de service
    Cette procédure qui guette
    Ceux que la société rejette
    Sous prétexte qu´ils n´ont peut-être
    Ni Dieu ni maître

    Cette parole d´Evangile
    Qui fait plier les imbéciles
    Et qui met dans l´horreur civile
    De la noblesse et puis du style
    Ce cri qui n´a pas la rosette
    Cette parole de prophète
    Je la revendique et vous souhaite
    Ni Dieu ni maître »

    Léo Ferré
    Un de ses plus beaux textes, pour tous ceux qui se battent contre l´occupant à Notre-Dame-des-Landes.

  2. la jeunesse tant mieux mais j’espère que tout un peuple est, sera là : jeunes, vieux,et tout âge, enfants intellos et bouseux bureaucrates médecins et commerçants, ménagères et coiffeuses tout un monde tout un peuple qui aurait en commun et à coeur de défendre quelque chose de plus grand qui les dépasserait tous.

  3. Rouvert ce soir The air-conditioned nightmare (Le cauchemar climatisé), le livre qu’Henry Miller a consacré en 1945 (!) à son pays, les États-Unis. On y lit ceci, à la page 20 :

    « What have we to offer the world beside the superabundant loot which we recklessly plunder from the earth under the maniacal delusion that this insane activity represents progress and enlightenment ? »

    (Qu’avons-nous à offrir au monde, à part le butin surabondant que nous arrachons sans relâche à la terre dans l’illusion délirante que cette activité insensée représente le progrès et la connaissance ?)

    A samedi, à Notre-dame des Landes

  4. Fabrice et chers lecteurs,

    Les opposants au projet de l’aéroport de Notre-Dame des Landes qui assurent une présence physique sur place, permanente ou temporaire, ont tout mon soutien, leur action est indispensable pour faire fléchir les décideurs. Le combat n’est pas gagné d’avance, et pourtant les arguments contre ce grand projet inutile sont foison et ne se réduisent nullement à de l’anticapitalisme primaire, voir par exemple la courte lettre ouverte d’une association parmi de nombreuses autres:
    http://paysagesdefrance.org/IMG/jpg/2012-10-25_-lettre-ouverte-jean-marc-ayrault-1.jpg

    Un bon reportage sur la résistance sur place -un peu long mais poignant- est à voir sur :
    http://www.youtube.com/watch?v=w0MN2nb9ofc (lien trouvé sur le site de France Info comme quoi il ne faut pas désespérer de cette radio qui semble par ailleurs assujettie au lobby automobile).

    Les seuls défenseurs que je trouve sincères de ce projet d’aéroport sont les habitants riverains de l’aéroport actuel de Nantes-Atlantique qui invoquent la gêne (bruit, pollution, risques,etc.) provoquée par le trafic des avions sur l’aéroport actuel et qui pensent qu’un aéroport en « rase » campagne éloigné de Nantes les soulagerait.
    A eux, il faut dire et répéter: NI ICI NI AILLEURS :
    la solution n’est pas dans la délocalisation des nuisances !
    La solution est dans l’élimination des nuisances : réduisons de façon significative le transport aérien ! En tant qu’individus, ne prenons jamais l’avion, refusons l’achat ou l’utilisation de biens transportés par avion et faisons-le savoir.
    Bien à vous et demain matin vendredi à 6h j’achète Charlie, c’est promis !
    PS: et j’espère qu’il n’a pas pris l’avion pour arriver dans ma commune de Craponne (Rhône)

  5. Bonjour à tous, je n’ai pas résisté au désir de partager avec vous cette information, lue ce matin dans « The Hindu », et qui n’est pas sans résonances avec Notre-Dame-des-Landes (colonisation intérieure, gouvernement, démocratie, etc.). Le résumé en Français et le titre sont de moi…

    Production d’énergie et démocratie, ce que la France peut apprendre de l’Inde ?

    Il est connu qu’en Inde, les grands barrages et grands projets industriels subventionnés sur fonds publics ont systématiquement spolié des millions de gens, chassés de leur terres sans compensations, parfois sciemment terrorisés ou fuyant littéralement devant la montée des eaux, morts dans leur sommeil durant cette nuit de 1984 où le nuage mortel a survolé la ville de Bhopal, ou empoisonnés lentement par les poisons des industries chimiques ou des mines d’uranium qui percolent dans les nappes aquifères.

    C’est la dimension écologique, la plus visible, de ce qui est appelé en Inde : « colonisation intérieure ».

    l’Etat Himalayen de l’Uttarakhand n’est pas épargné, et son écologie, dont dépend la survie de ses paysans, est menacée par plusieurs dizaines de projets de barrages à divers stades d’avancement.

    Pourtant, c’est dans le même état de l’Uttarakhand, qu’une quinzaine de villages ont installé leur propre turbine de production d’électricité, refusant officiellement, par écrit, la connection au réseau national. Selon que les villages aient décidé d’avoir des compteurs ou non, les villageois payent leur électricité 2Rs./kW (3 centimes d’Euro du kW, le tiers du prix moyen en Inde), ou bien un taux fixe de 50Rs./mois (71 centimes d’Euros). Il n’y a pas de politique uniforme, les modalités et les inévitables problèmes sont gérés au coup-par-coup par des comités de l’électricité dans chaque village.

    Les villageois ont maintenant accès, en plus de la lumière électrique et des inévitables gadgets de la modernité que sont la télé et les smartphones, aux fers à repasser, aux moulins à farine et autres machines utiles aux petites entreprises, à l’eau chaude sanitaire, aux bouilloires et à la cuisson électriques et même – concept horrible ? au chauffage électrique ! Ce qui n’est pas du luxe lorsque le manque de bois dans une région souffrant des glissements de terrain dus à une déforestation massive –encore la « colonisation intérieure »-, fait que l’eau gèle parfois même à l’intérieur des maisons en hiver, et illustre le fait qu’une solution technique « écologique ici » n’est pas forcément « écologique là-bas »…

    Détail intéressant, dans certains villages où il n’y a pas de route, les villageois ayant jugé plus urgent d’avoir l’électricité que la route, ils ont porté à dos d’homme (et de femme) les sacs de ciment et tout le matériel.

    Tous ces projets ont été portés par un ingénieur de I.I.T. et soutenus par le gouvernement.

    Comme quoi le gouvernement est, contrairement à l’idée reçue, peut-être moins dogmatique, plus soluble dans la démocratie en Inde qu’en France, qui vient de rejeter le tarif progressif de l’électricité –instauré par les communistes il y a plus de 30 ans au Bengale Occidental et toujours en vigueur – au nom du concept dogmatique et idiot de « tarif unique »…

    L’article complet (en Anglais) est ici:

    http://www.thehindu.com/life-and-style/society/power-to-the-people/article4101098.ece

  6. J’ai bien l’impression qu’en effet il y a aussi des « vieux » (de mon âge) sur le coup. Et que la diversité sociale est au rendez-vous. C’est dans ce sens là que j’ai assez vite pensé au Larzac, et je vois que cette comparaison est devenue fréquente.

    Ceux qui n’ont pas vu le film « Tous au Larzac » devraient essayer de le voir. Beaucoup de similitudes. De jeunes militants peu soucieux de leur image, adeptes de « Le pouvoir est au bout du fusil » (??), de vieux paysans plutôt sur la ligne « Action Catholique Ouvrière », des pacifistes genre Lanza del Vasto… et la France entière en train de regarder les tracteurs sur la route de Paris et les moutons sous la tour Eiffel.

    Aujourd’hui, les jeunes sont plutôt type décroissant, genre on construit nous mêmes nos cabanes on cultive nos jardins et on se lave à l’eau froide (brrr…), ya des élus, écolos ou socialistes qui se démarquent de leurs directions, ya des vieux genre ex-68, et le coup du vigile semble désormais faire flop, comme avaient fait flop, dans le Larzac, les tentatives de séparer les jeunes « irresponsables et violents » des gens raisonnables à qui on pouvait proposer, simplement, une meilleure indemnisation de leur terre.

    Un événement dont je n’avais pas gardé le souvenir, un attentat à l’explosif dans une vieille ferme habitée par une famille nombreuse: les briques avaient volé au dessus du berceau du bébé. Jamais élucidé, ce coup tordu. Barbouzerie vraisemblable.

    Soyez prudents et vigilants, ceux de NDDL

  7. Moi aussi j’aimerais faire de la publicité.

    Pour un livre qui sort aujourd’hui, que je viens de commander, et qui est à mon sens essentiel pour appréhender le sujet de la critique de la technique, et du dernier avatar du capitalisme : le numérique.

    Nombre de militants ont un discours encomiastique des réseaux sociaux, des téléphones portables, des TICE à l’école pour nos enfants confondant accès à l’information et intelligence.

    C’est L’emprise numérique, L’échappée 2012 de Cédric Biagini.

    http://www.lechappee.org/l-emprise-numerique-0

    pour commander à leur librairie :

    http://www.librairie-quilombo.org/L-emprise-numerique

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