Ce juin 40 qui nous pend au nez

Amis et lecteurs, je suis en train de lire un livre de très grande qualité. Il s’agit en fait d’une série bien connue de certains, qui s’étend sur des milliers de pages. Dans La grande histoire des Français sous l’occupation, Henri Amouroux raconte en huit tomes la période qui court  de 1939 à 1945. Le tout a paru chez Robert Laffont à partir de 1976.

Je ne suis pas très fier, car j’ai soigneusement éviter de lire Amouroux lorsque j’étais jeune. À partir de mes quinze ans – 1970 – et pendant plus de dix ans, je n’ai cru qu’en la révolution sociale, qui redistribuerait toutes les cartes. Et sauverait au passage la planète de la destruction. Enfant, je suis entré dans l’incandescence par le souvenir de la Résistance antifasciste. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment cela m’a été transmis, car mon père Bernard, ouvrier communiste, est mort quand j’avais huit ans. Or il est le seul qui ait pu me faire entrer dans le panthéon des héros nommés Maurice Fingercwajg, Spartaco Fontano, Marcel Rajman ou encore ????? ?????????, c’est-à-dire Missak Manouchian.

Amouroux était pour moi un homme de droite, ce qui reste vrai. Qui trouvait quantité d’excuses à Pétain et à son régime, ce qui reste vrai. D’une certaine manière, j’avais donc raison de laisser cela à tous ceux, très nombreux, qui auraient rêvé d’une réconciliation entre Pétain et de Gaulle sur fond de Marseillaise. Moi, je ne voyais qu’une  chose : quelques-uns s’étaient levés quand la plupart se vautraient. L’ignominie antisémite de Vichy continue de me raidir, et je ressens toujours l’envie immédiate d’une extrême violence contre qui défend ce temps maudit. Mais je me contiens. Désormais, je me contiens.

Reste que la somme d’Amouroux est passionnante, car il donne à voir ce que, justement, je ne souhaitais pas voir il y a quarante ans. Je pourrais aisément vous fournir 150 exemples, mais évidemment, ce n’est pas le lieu. En revanche, une grande question, qui relie l’an 40 et la crise écologique, me poursuit. Et celle-là, vous allez y avoir droit.

Juin 1940 marque un effondrement de la France tel que beaucoup, aujourd’hui encore, le jugent sans équivalent dans l’Histoire du pays. Les Allemands se jouent alors de nos magnifiques fortifications de la ligne Maginot, et occupent une à une des centaines de villes françaises. Le 22, après ce qu’il faut appeler une déroute, cette vieille baderne de Pétain accepte de signer un honteux armistice, dans cette clairière de Rethondes (Oise) où l’armée impériale allemande avait admis sa défaite le 11 novembre 1918, après quatre années de combats atroces.

On ne refait pas l’histoire. Amouroux excelle à montrer l’affaissement des consciences, sur fond d’exode et de rationnement, dès les premiers mois de l’occupation nazie. Je suis bien d’accord avec lui, qui intitule son tome 2 : Quarante millions de pétainistes. Au cours de l’abominable été 1940, il ne fait guère de doute à mes yeux que la très grande majorité des Français célébraient Pétain comme un sauveur. Et même comme le Sauveur. Mais les responsables ? Mais la classe politique ? Mais les soi-disant élites intellectuelles et morales ? Personne ne parlera. Personne n’agira. Sauf de Gaulle, à Londres, entouré d’une poignée de personnes totalement inconnues en France.

Personne. C’est vertigineux. Et ça l’est d’autant que c’est la République qu’on abat. Non pas celle, sociale et révolutionnaire, dont j’aurai tant rêvé. Mais bel et bien leur République. Celle, faussement bonhomme, qui leur a garanti pendant des générations prébendes et pensions. Tous ces journalistes, avocats, dentistes, médecins, politiciens, polytechniciens, flics et tous autres, qui forment dit-on l’ossature d’une société, son cadre hiérarchique, ont laissé crever sans broncher celle que les fascistes, si nombreux en ce temps, nommaient La Gueuse.

Si je parle ainsi de la mort de la République, c’est qu’il s’est agi d’un assassinat pur et simple. Le 10 juillet 1940, dans ce Vichy de carton-pâte, Laval et ses sbires ont installé des sièges qui copient grossièrement la disposition de la Chambre des députés. Où ? Dans la grande salle du Casino – en italien, il casino est un bordel – de Vichy. Que la fête commence ! La proposition de loi est limpide : le Parlement disparaît de facto et tous les pouvoirs, y compris constituants, sont accordés à un vieillard de 84 ans, Pétain. La victoire des vieilles droites françaises annonce le Statut des Juifs du 3 octobre, première infamie d’un régime qui les collectionnera.

649 parlementaires – députés et sénateurs – votent, dont 569 acceptent le coup d’État. Les communistes, virés de leurs postes après le pacte germano-soviétique de 1939, ne sont pas de la partie. Mais à peu près la moitié des 569 sont considérés de gauche. Seuls 80 refusent de donner les clés de la France à Pétain, dont Blum. Au total, le bilan est accablant, car aucun de ces derniers n’exprimera clairement le refus de se soumettre à un maréchal d’extrême droite, qui a déjà accepté le principe de la collaboration avec les nazis.

Je me répète sans plaisir : personne. Personne n’aura été à la hauteur de cette tragédie. Sauf de Gaulle, je me répète encore, mais que nul ne soutient à ce moment, ni même ne comprend. Y a-t-il matière à réfléchir ? Et comment ! Je regarde la pénible comédie en cours autour de la crise écologique avec les yeux d’un réfractaire, d’un refuznik de l’ordre pétainiste de 1940. Et je vois qu’il n’y aura personne, cette fois non plus, pour éclairer un chemin encore bien plus ténébreux que celui de la dernière Guerre mondiale. Un de Gaulle, à la puissance dix, qui serait la seule efficace ? Peut-être. Peut-être.

Mais en tout cas, ceux qui, d’un bout à l’autre du spectre – quel mot bien trouvé – prétendent guider l’avenir sont des fantoches. Parfaitement incapables de mobiliser en nous ce qui fut grand dans l’aventure de la Résistance, et que l’on peut nommer vaillance. Ou surpassement de soi. Surpassement de cette minuscule enveloppe de chair, d’os et d’âme que nous avons héritée, et qui est notre seul viatique. Tous, et je dis bien tous – de Le Pen à Mélenchon, passant par tous ces pompeux cornichons appelés Sarkozy, Hollande et tant d’autres – ne font que s’agiter sans que rien de neuf ne surgisse de leurs dérisoires palabres. Or, qu’y a-t-il de plus radicalement neuf que la crise écologique ?

Je l’ai déjà écrit : nous devons grouper nos maigres forces. Échanger, fortifier les nœuds qui nous lient et nous rapprochent, préparer le terrain intellectuel, moral et psychique pour des épreuves qui seront d’autant plus dures qu’elles le sont déjà. Mais pour d’autres que nous, ailleurs, perdus dans la lointaine brume de notre indifférence. De grandes batailles ont d’ores et déjà été perdues. Mais la guerre où nous sommes de toute façon sera longue, et consumera des forces aujourd’hui invisibles, mais puissantes. Celles de la vie. Cette guerre-là peut être gagnée. À condition de se lever.

47 réflexions sur « Ce juin 40 qui nous pend au nez »

  1. J’ai lu « 40 millions de pétainistes » il y a quelques années et ce gros bouquin d’Henri Amouroux m’avait laissé un goût pour le moins amer que je n’ai pas oublié…

    Fabrice, tu as bien raison, la période que nous vivons est finalement très proche de ces funestes années par les infinis renoncements et les petits arrangements confortables dont beaucoup s’accommodent face à l’inéluctable désastre annoncé.

    Pourtant tous les voyants sont au rouge et clignotent depuis quelques décennies. Combien faudra-t-il d’épisodes caniculaires , d’inondations destructrices, de tornades meurtrières, pour qu’enfin un choc salutaire nous conduise enfin par millions dans les rues ?

    N’est-il pas dérisoire de voir des foules considérables se mobiliser pour défendre leurs retraites ou leur niveau de vie alors qu’une poignée seulement battent le pavé pour défendre la Vie tout court ?

    Alors, attendrons-nous la suite sans bouger, tétanisés et indignés devant nos écrans ?

    http://www.bastamag.net/La-pollution-de-l-air-creuse-le-trou-de-la-secu-et-coute-cher-a-la-societe

  2. Bravo Fabrice ! Face à l’inconscience du désastre qui s’annonce, il faut croire en notre combat et persévérer à essayer d’ouvrir les yeux à tous ces gens qui ressemblent tant à ceux de cette triste époque de la France de Vichy…

  3. Tu parles Fabrice, de la possible efficacité d’un « de Gaulle à la puissance dix ». Mais de Gaulle était alors tout aussi inconnu que ceux qui étaient partis à Londres sans même, pour nombre d’entre eux, avoir entendu son appel. Pas besoin d’un homme providentiel (c’est ce que veulent être tous les « pompeux cornichons » dont tu parles). Et aujourd’hui, il y a beaucoup plus qu’une « poignée de personnes totalement inconnues en France » qui ont la conscience aiguë de la crise écologique en cours. La voix de certains, dont la tienne, porte déjà bien loin. Chaque loi votée aujourd’hui par le parlement est comme un armistice qui veut faire croire que nous vivons en paix alors que nous sommes en guerre. Mais la résistance s’organise, vaille que vaille. L’exode en cours des migrants du sud n’est qu’un épisode qui n’empêchera pas nos sociétés d’être un jour sur la ligne de front. Nous sommes déjà beaucoup (et très peu) à camper aux avant-postes. Nul doute qu’on verra alors si les humains ont les qualités qui pourront les sauver. Merci d’appeler à la mobilisation.

  4. Bonjour a toustes, Merci,

    Z’en faites pas, ils sont déja bien en place les hommes providentiaux!

    http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/De-Cuba-aux-Etats-Unis-le-voyage-tres-politique-du-pape-Francois-2015-07-01-1329972

    http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/08/03/le-charbon-au-c-ur-de-la-problematique-climatique-aux-etats-unis_4709903_3244.html

    http://reinformation.tv/onu-fonds-objectifs-developpement-durable-odd-milliers-milliards-39345/

    Désolée pour la bousculade!

    Si vous attendez sur qui que cela soit pour avancer dans le bon sens, vous êtes mal barrés. Vous allez penser que mon cerveau nage dans de la confiture de myrtilles, m’en fiche!

    Leurs solutions durables ne le seront que pour eux, a tout les niveaux financiers, mais pas que. Je vous laisse réfléchir a quel point cette manipulation est perverse. Vous ne sentez pas le bouchon? Ils se servent de notre Grand Amour de la Planète, du tout vivants, pour mettre leurs pions en place. N’y perdez pas vos âmes. Merci. Comprenne qui voudra.

    Humour, = amour, 🙂

    Fabrice, tu n’as rien remarqué de bizarre? Ton dos? Ton dos est couleur bleu pétrole. Le sofa de chine?

    Allez, gros gros poutoux a toustes, heureuse de voir que « notre » Fabrice aille mieux et qu’il n’a rien perdu de sa plume. Que le meilleur vous soit, a toustes, accordé.

  5. La justesse de votre analyse flanque le bourdon !
    En effet, nous vivons dans une dictature, et la plupart de nos contemporains y ronronnent, contents, drogués et débilisés par ce que la société de consommation leur offre d´anesthésiant. Et c´est de plein gré qu´ils alimentent ce système monstrueux, qu´ ils en sont l´énergie toujours renouvelée.
    Je veux encore espérer mais je m´attends de moins en moins à un éveil des consciences. Trop d´indifférence chez les humains, trop d´ignorance et de déni pour croire raisonnablement à un renversement de vapeur.

    « La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s´évader. Un système d´esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l´amour de leur servitude… »
    Aldous Huxley – Le Meilleur des Mondes

    Nous y sommes, les esclaves aiment tant leur servitude qu´ils se mutineraient si on la leur enlevait !

  6. Attention à un site comme reinformation.tv, c’ est une source… d’extrême-droite. Comme tout ce qui se nomme « réinformation »

    1. Mes excuses, 🙂 🙁

      C’est l’info qu’il faut lire. D’ou qu’elle sort …. ben, si nous devons faire le tri, entre gauche, droite, extrême, machin, truc, chose, nous ne sommes pas sorti de l’auberge.

      Bien a vous,

      Le plan d’action de l’ONU pour la planète coûtera 3 500 milliards de dollars par an
      Le Monde.fr avec AFP | 04.08.2015

      En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/paris-climat-2015/article/2015/08/04/le-plan-d-action-de-l-onu-pour-la-planete-coutera-3-500-milliards-de-dollars-par-an_4710629_4527432.html#R4BUMsBtwqeM72wP.99

      1. tout à fait d’accord avec vous, s’informer c’est lire ce qui nous intéresse, quelle que soit la « couleur » de l’informateur; pourquoi refuser la capacité de réfléchir et prendre de la distance au lecteur? Ne soyez donc pas désolée d’être ouverte, c’est vous qui avez raison

        1. Bonjour Colettou,

          Être « ouvert » à une source d’extrême-droite ?

          Je ne suis pas du tout d’accord. S’ « ouvrir » ainsi à nos ennemis n’est pas très malin il me semble, cela participe aux amalgames et peut même crédibiliser ce genre de source qui véhicule aussi beaucoup d’horreurs.

          Pas besoin de se tirer une balle dans le pied.

          Être ouvert, oui, mais pas à tous les vents.

          1. Bonjour Mr Olivier,

            Pardon?

            « Être « ouvert » à une source d’extrême-droite ? »

            Etre « ouvert » a recevoir une info, la faire suivre, peut importe le site, ne veut pas dire adhérer a ce qu’il « véhicule » en général! C’est vous qui faite un moche amalgame.

            C’est un argument non valable, qui incite a ne plus rien faire suivre du tout! Les grands journaux alignés, vu leurs financements et actionnaires sont tout aussi puants …. La liste des médias serait infinie.

            En bande dessinée. 🙂

            Quand votre voisine vous donne une info, vous n’allez pas fouiller dans sa culotte pour voir si elle est proprette. C’est l’info seule qui vous intéresse. Si les autres voisins pensent, que parce que vous avez écouté votre voisine, avec sa culotte, propre ou sale, que les vôtres sont dans le même état, ce n’est pas vôtre problème , mais le leur!

            Dites donc! Mr Olivier. Vous ne manqueriez pas de confiance en vous? Dès fois?

            Bien a vous, bisous,

          2. Je crois au contraire, et de plus en plus, qu’il faut se forcer a lire particulierement ceux que nous considerons etre nos « ennemis ». Non pas seulement « pour mieux les combattre » comme on dit parfois de maniere assez simpliste, non, mais justement parceque « nos ennemis », pour la raison precise que nous percevons en eux une malveillance profonde, intrinseque, envers « nos valeurs », ont une vue particulierement percante. Je ne vais pas faire ici de la provocation facile en citant la liste de « mes ennemis » que je lis de temps en temps, mais je peux dire que je trouve extremement instructif de les lire, et avec sincerite.

      2. Bonjour Porcinette,

        Je te cite : « C’est l’info qu’il faut lire. D’ou qu’elle sort …. ben, si nous devons faire le tri, entre gauche, droite, extrême, machin, truc, chose, nous ne sommes pas sorti de l’auberge. »

        Bien sûr qu’il faut faire le tri, trier l’info est indispensable, surtout de nos jour avec le flux permanent.

        Dans une info, il y a l’info elle-même, mais la date de publication et la source de l’info sont des composantes chacune aussi importante que l’info elle-même.

        1. Bonjour Olivier et Porcinette,

          Dans notre culture, on nous rend attentifs à l’importance du tri dès l’enfance, par exemple dans le conte de Cendrillon des frères Grimm (eh oui, j’ai mes références 😉 : https://fr.wikisource.org/wiki/Cendrillon_%28Grimm%29 ) ou avec la parabole du bon grain et de l’ivraie dans la bible.

          A toutes et tous : n’oubliez pas de trier vos déchets ! Le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas.

  7. Même s’ils étaient peu nombreux, les résistants de la première heure ont su compter sur mille et un réseaux d’entraide et de solidarité. Je pense, pour mon pays d’origine, à « Lou Grand », le « fou dans les bois », Guingoin, instituteur à Saint-Gilles-les-Forêts, dès 40 sur la liste rouge de Vichy et la liste noire de la direction du PCF… Et ils étaient bien là, anonymes et ordinaires, à ressentir la résistance comme une évidence, une nécessité impérieuse, voire, tout de même aussi et malgré tout, une passion et une aventure.
    Dans les débâcles et les résistances futures qui s’annoncent (et ont même largement commencé), une des questions est de savoir si ce maillage de résistances se tisse et se prépare à quelque chose de totalement inédit, à y faire face ensemble, à inventer aussi…
    En lisant les aventures de Boro, reporter photographe, après la mort du regretté Vautrin au mois de juin, on (re)découvre comme un continent oublié de ce qui fait un peuple, ce qui fait l’amitié et l’entraide, loin des lustres, des paillettes et de « face de bouc »…
    Je suppose Fabrice que tu as déjà lu les Boro, mais ça peut être une idée de lecture pour lutter contre la peine et la douleur…
    Bien à toi, bien à vous,
    amitiés,
    Leyla

  8. Tiens tiens, c´est bizarre, Google rappelle souvent un anniversaire quelconque, de la naissance ou de la mort de quelqu´un, un jubilé, une commémoration sans intérêt, mais Google ignore le 6 août 1945. Hiroshima, l´amour de l´Amérique pour le Japon.
    Je vous fiche mon billet que Google laissera aussi passer l´anniversaire du 9 août 45, Nagasaki.

    Sur le blog de David Haskell, le son de la cloche du Children Peace Memorial à Hiroshima.
    https://davidhaskell.wordpress.com

  9. Les balises sont lancées.
    La peur au ventre face aux horreurs encore à venir.
    Esclave de mes habitudes de consommateur,
    aller courage, debout ! Debout !

  10. Merci Fabrice pour vos articles et votre prodigieux blog, mine d’information.

    J’ai pensé à la même chose en lisant les mémoires de guerre de de Gaulle, récupéré dans la bibliothèque de mon grand-père.
    Dans le premier chapitre, il décrit l’état d’esprit des élites dirigeantes: corruption intellectuelle, incapacité à voir, attentisme prélude au collaborationnisme.

    Pour continuer avec la métaphore de juin 40, la proposition de Rob Hopkins est de mettre en place une économie de guerre pour commencer à traiter les défis innombrables qui menacent l’humanité. Ils sont rares ces moments historiques où tout un peuple s’unit et sacrifie son bien-être quotidien pour repousser la menace nazi.

    Salutations

  11. De gaulle s est opposé au nom du patriotisme et nationalisme, il s’est battu ( à Londres ) pour rétablir l Etat français, Etat colonialiste, capitaliste en utilisant les staliniens pour museler la classe ouvrière. Cela n’ en fait pas un homme qui s’ est révolté contre l antisémitisme et même pas contre le nazisme en tant qu’ idéologie.
    C est curieux mais sur ce forum on a pas l air de comprendre que la crise de la vie (comme on lit souvent )
    c’ est juste la conséquence de la permanente crise du capitalisme, que dis je c ‘est le cours normal du capitalisme qui fait de toute une chose une marchandise, qui permet à des gens ( une classe ) de faire du fric ( profit ) avec les forêts, avec les poissons, avec les céréales, avec les minerais, avec les animaux .. Cette classe , la bourgeoisie détient les états qui sont leur instrument, Oui ou Non ? Alors de ce constat quelle conclusion en peut on en tirer ?

  12. Fabrice, j’ai repensé à tes textes pendant mes vacances. Grâce à des amis marocains, j’ai pu parcourir pendant quelques jours la magnifique vallée des Aït Bouguemez, dans le Haut Atlas. J’y ai vu des cultures de pommiers, qui constituent une source importante de revenus pour les paysans du coin. Ceux-ci les traitent en employant des produits achetés au souk, qu’ils pulvérisent sans protection ni parcimonie.

    Mon hôte sur place, qui donne des cours du soir aux gamins du village, m’a raconté que ceux-ci avaient presque tous des problèmes de vue. Des problèmes de peau aussi, des taches bizarres sur les mains, sur le visage. Ils aident leurs parents à répandre les produits. Ils sont fiers de donner un coup de main.

    Il y a aussi des cas de cancers. Lors d’une balade, j’ai vu plusieurs petits oiseaux morts le long des champs. Curieusement, il n’y avait pas d’insectes charognards autour de leurs cadavres.

    Les habitants de la vallée ont plusieurs ruches, mais, toujours d’après mon hôte, les dernières récoltes de miel ont été très mauvaises, car un grand nombre d’abeilles sont mortes.

    Et pourtant c’était si beau, tout ce vert, à quelques kilomètres du désert.

      1. Bonjour Marie,

        Encore faut-il que les gens de cette région soient informés à propos de « nos erreurs ». Pour cela, il faudrait déjà que chez nous, l’on considère l’usage de tels produits comme « des erreurs ». Je vis en Bretagne, je connais plusieurs personnes qui travaillent dans l’agriculture, quand on leur parle du danger des pesticides, elles haussent les épaules. Pour les paysans d’Aït Bouguemez, notre hôte a bien essayé de les inciter à faire preuve de prudence, à s’équiper, à réduire leurs pulvérisations… Mais il est déjà considéré comme un étranger dans la vallée (il y est depuis 7 ans) et n’a pas été pris au sérieux.

  13. Bonjour à tous.

    Des résistants, il y en a pourtant. Certes, ils sont dramatiquement peu nombreux : sur toute la France, en triant bien, deux ou trois mille ? Bien entendu dispersés en de nombreuses chapelles sans communication. Quelques voix s’élèvent, Sapir, Nikonoff, Cotta…. et d’autres, mais déjà ces Frères Jacques de l’indignation apportent de belles pistes.

    Bien sûr, un grand redémarrage s’impose, surtout dans les têtes. C’est ce que il y a déjà plusieurs années j’avais proposé au risque de choquer certains, qui se posaient pour « gauchistes » (ah ah ah…). Il y a trois jours j’ai accompagné un ami, un grand homme qui avait tout compris à sa dernière demeure. Michel Tarin avait été de toutes les luttes, le Larzac, Plogoff, le Pellerin… et bien entendu Notre Dame des Landes. Co-fondateur de la Confédération Paysanne, cerveau de SOS Paysans, il aimait sa terre avec passion, ce qui l’avait amené à co-fonder aussi l’ACIPA. Mais il n’était pas seul, il n’est pas seul. La graine a été mise en terre, elle va germer et pousser sous le soleil de l’amitié et du respect de la terre.

  14. Cher Fabrice, je partage le sentiment de gravite de ce texte, tres inspirant. Il me pose la question: Suis-je a la hauteur?

    Il faut se mefier de nous-memes lorsque nous designons (meme interieurement) une personne comme une (un) sauveuse (sauveur). Que voulons-nous vraiment « sauver » de cette maniere exactement? Apparemment De Gaulle fut tout aussi utile a la conscience des Francais en 1945 que Petain le fut en 1940. Le jugement sur ce que furent (ou ne furent pas) ces personnes n’a en realite guere d’influence sur notre « election d’opportunite ». Mefions-nous enormement de notre desir d’etre « sauves »…

    D’ailleurs il y a un etrange parallele entre l’adulation de certains personnage et l’execration de beaucoup d’autres, comme si nous avions besoin de personaliser les maux qui nous accablent. Mais ces gens sont-ils vraiment aussi bons ou aussi mauvais que nous aimerions le croire?

    Sapons leur(s) pouvoir(s), petit a petit, tous les pouvoirs, et osons affronter la difficile realite que le pouvoir est entierement entre nos mains, a condition d’en avoir le courage.

    Porcinette, votre « Leurs solutions durables ne le seront que pour eux » m’a fait eclater de rire! Voila une formule qui tape exactement la ou il faut! Je deteste de plus en plus ce mot « durable » et voila que vous le couvrez du ridicule qu’il merite!

  15. Amouroux, je le trouve odieux et infâme, tous les Français n’étaient pas pétainistes en 1940.
    Si jusqu’en 1942, une majorité gardait l’image de « l’homme de Verdun » et voyait en lui un « sauveur » , les résistants même s’ils étaient minoritaires existaient dès juin 1940 les connus Georges Guingouin, Jean Moulin, De Gaulle, Aubrac, Manouchian…
    et de nombreux inconnus assurant des évasons des camps d’Argelès, Septfonds…, la cache de Juifs et autres persécutés du Reich.
    Que des fachos comme lepen, soral … travestissent l’histoire, rien d’étonnant, c’est leur idéologie, mais qu’un « historien » en fasse autant je trouve cela plus dangereux et plus injurieux pour ces hommes et ses femmes qui risquaient leur vie dès le début du conflit.

    Sinon au sujet de l’article, je suis en accord avec le constat sur la situation actuelle, nous ne sommes qu’une minorité à agir contre la crise actuelle, et que le combat doit s’étendre.

    1. Cher Pascal,

      As-tu bien lu Amouroux ? Je ne défends certes pas sa façon détestable d’exonérer Vichy de ses crimes. Mais quand il évoque les 40 millions de pétainistes de 4O, il signale cette évidence qu’un peuple à terre a perdu la tête. Ce serait pur anachronisme de mettre sur le même plan « pétainistes » de 40, de 42 ou de 44. Cela ne change rien à la totale infamie de ce régime.

      Bien à toi,

      Fabrice Nicolino

  16. Bonjour Fabrice,

    Je partage entièrement votre constat et me trouve souvent désemparé et démuni face à l’immensité du désastre ,tant matériel que moral qui s’affiche sous nos yeux .

    Et là-dedans pourquoi ne pas citer l’ impensable faillite (trahison) intellectuelle et morale de la gauche ?(dixit Michéa)

    Cependant il existe quand même certaines voix (dont la vôtre) qui ,malgré leur audience insuffisante, maintiennent allumée cette petite flamme qui nous permet de ne pas sombrer dans le défaitisme.
    Par exemple nous pouvons trouver dans le dernier numéro du mensuel la Décroissance les prises de positions bien senties de personnalités mondiales de tous secteurs:économiques,intellectuels, scientifiques..
    Pourquoi ne pas citer l’encyclique Laudato si du pape et saluer son audace et son courage dans ce domaine et dont le contenu écolo politique ne peut guère être contesté par une conscience sincère et bien informée?

    Merci encore Fabrice et bientôt pleine guérison pour vous.

  17. En juin 1940, la quasi totalité des Français avait perdu la tête, mais une minorité résistait déjà (passeurs, justes, saboteurs…), tout comme une minorité agis actuellement contre la crise écologique, avec une différence, les risques sont moins important qu’en 1940. Et Amouroux qui minimise leur rôle, les insulte, tout comme sont attitude face à Guingouin qui n’avait rien à envier à celle des staliniens.
    Je préfère lire Marc Ferro ou les mémoires de De Gaulle que Amouroux.

    Sinon je suis d’accord avec ton article.
    En cas de crise, peu de personnes résistent pour plusieurs raisons.
    Actuellement : la politique de l’autruche; la peur de représailles : chômage, harcèlement administratif; l’opportunisme de certains « écologistes »; la propagande; l’égoïsme ; le fatalisme, l’effet de groupe (acheter le dernier iphone pour faire comme les autres…), la recherche de bouc émissaires… peu le font réellement par idéologie anti-écologiste.

    En 1940, les causes étaient souvent les mêmes : c’était le choc de la défaite; l’égoïsme, le fatalisme, la propagande, l’image de Pétain (il n’avait pas été choisi par hasard), la peur de représailles, l’effet de groupe, la recherche de bouc émissaires…

  18. Pour en terminer sur Amouroux, je le met dans le même sac que ceux qui dénoncent les crimes des gouvernement américains, et qui ne voient pas ceux des gouvernement soviétiques, et ceux qui voient les crimes des gouvernements soviétiques mais qui occultent ceux des américains, j’y trouve des informations intéressantes mais vu le manque d’objectivité, un tri s’impose.

    Sinon je te souhaite un rétablissement le plus rapide possible.

  19. Merci pour ces lignes. J’ai (modestement) le même genre d’itinéraire dans le cheminement des idées. Pour s’en sortir, il faut (peut-être) un grand homme (ou une grande femme, bien évidemment). Mais surtout, il faut de toute urgence sortir des sectarismes ancrés dans nos gènes, et tenter un impossible rassemblent pour sortir la planète de la merde effroyable dans laquelle elle s’enfonce.
    Le dernier bouquin de Naomi Klein (Tout peut changer) est peut-être un espoir planétaire. Qu’en penses-tu ?
    Commentaires sur ce bouquin sur mon blog : http://lignesenstock.blogspot.fr/2015/06/livre-tout-peut-changer-naomi-klein.html
    Bises à toi.
    Jean-Michel

  20. J’ai (modestement) un itinéraire identique au tien dans le cheminement des idées. Je ne sais si nous avons besoin d’un grand homme (ou d’une grande femme, bien évidemment), mais je sais que nous devons laisser nos sectarismes au vestiaire, et retrousser les manches pour sauver la planète de la merde effroyable dans laquelle elle s’enfonce. Avec des politiques de tous les pays qui continuent d’appuyer des deux mains…
    Le récent bouquin de Naomi Klein (« Tout peut changer ») essaye de construire une perspective au niveau mondial, me semble-t-il. Qu’en penses-tu ?
    Bises, et bravo pour tout.
    Jean-Michel
    Jean-Michel

  21. L’année prochaine, peut être, je suis octogénaire.

    J’ai vécu directement l’invasion allemande, (Abbeville: mai 1940) les bombardements anglais, la Libération (des femmes tondues publiquement par des mâles cons, çà m’a marqué profondément ) avec les Allemands en déroute qui tiraient de vraies balles et qui fusillaient un jeune Résistant de 17 ans à un carrefour où j’avais l’habitude de passer, et mon instituteur Résistant dont on a été sans nouvelles quelques jours.

    J’ai découvert brutalement l’extermination des Juifs 5 ans après la fin de la guerre en jouant avec un jeune enfant élevé par sa grand mère après l’arrestation du reste de sa famille (son grand père, sa mère et sa jeune soeur ne sont pas revenus)

    J’ai découvert progressivement l’érosion de la pellicule d’êtres vivants entourant la planète au cours de mes études (1954- 1960), Roger Heim, Rachel Carlson etc, puis les nombreux problémes écologiques qui ont émergé depuis, toute ma vie, en commençant par une pollution chimique très visible sur les poissons côtiers, de l’usine Tioxide. de Calais, que j’ai fait découvrir à mes élèves en 1966 en même temps que les oiseaux mazoutés du détroit du Pas de Calais.

    Le 16 Juillet 1945 n’est aucunement lié à la bombe atomique et à son essai réussi; dans la famille c’était le lendemain de la naissance d’une deuxiéme petite soeur.

    De Gaulle, j’ai suivi surtout la progression de sa politique vis à vis du conflit algérien à travers ses discours. Je n’avais pas fait mon service militaire. Par la suite , il venait aussi de temps en temps à Coulogne où j’habitais, voir le fermier qui s’occupait des propriétés de la famille Vendroux, la famille de Mme de Gaulle.

    Par ailleurs notre voisine, Mme Pétain vivait très isolée ayant perdu son mari, le frère du maréchal, et son fils. Elle en avait fait la confidence à mon épouse.

    Dans mon enfance, ma famille était elle pétainiste ? Peut être. Et peu importe. Ma mère institutrice a réouvert des écoles après l’incendie d’Abbeville en Mai 1940; la famille, sans mon père, soldat, s’était réfugiée à Drucat (sans 1000 vaches, mais avec des cadavres de militaires sommairement enterrés, comme on me l’ a raconté). On a hébergé des personnes qui fuyaient la Belgique occupée.

    Bref, lire Amouroux reste utile pour Fabrice, mais pas indispensable pour moi. Comme de Gaulle d’ailleurs, que j’ai lu. Et l’histoire de ma famille (mon arrière grand père est né en Belgique ) et de ma vie reste bien liée à l’histoire de France, comme celle de Fabrice, dont malgré des parcours de vie différents je partage maintenant entièrement l’analyse.

    En 2015, on vit maintenant dans l’anthropocène. Encombrés d’un tas de bazars que nous avons fabriqués. Sur une planète dévastée.

    Le projet actuel : résister.

    Faire évoluer l’histoire de la Terre dans des conditions qui restent favorables à la Vie .
    Pour cela s’organiser au niveau mondial maintenant . Comme on peut .

    Merci, Fabrice pour ton aide.

    1. Quel touchant témoignage Jean Pierre ! Merci. Ton évolution est un magnifique espoir pour nous tous.
      Tu écris :
      « Le projet actuel : résister.

      Faire évoluer l’histoire de la Terre dans des conditions qui restent favorables à la Vie .
      Pour cela s’organiser au niveau mondial maintenant . Comme on peut .  »

      J’ajoute que la langue internationale ESPERANTO peut et doit nous aider à atteindre le niveau mondial ! Je n’ai aucune illusion sur notre capacité à y parvenir sans un tel outil.

  22. Fabrice,
    Si vous aviez assisté au procès Papon, vous sauriez que le jeune Henri Amouroux, jeune journaliste à la Petite Gironde (l’ancêtre de Sud-Ouest) assistait aux réunions de la Propaganda Staffel, envoyé par le directeur de la Petite Gironde, Jacques Lemoine pour faire le compte-rendu des recommandations des Allemands. J’ai en mémoire cette réflexion de l’avocat des parties civiles, Gérard Boulanger : « si vous avez écrit 40 millions de pétainistes, c’est pour vous sentir moins seul ». À la vérité, il n’y avait pas 40 millions de pétainistes, mais un « marais » de Français indéterminés. S’il y avait eu autant de collabos, il y aurait eu beaucoup plus de juifs déportés (c’est en France que la proportion de juifs cachés et protégés a été la plus importante).
    Ce que l’on a appris aussi du procès Papon, c’est qu’il ne serait jamais resté en place et n’aurait pas connu ce parcours s’il n’avait pas été protégé par de Gaulle. Au fond, le sort des juifs importait peu à de Gaulle. À la Libération il avait besoin de hauts fonctionnaires efficaces comme Papon pour faire tourner la machine alors que les Américains menaçaient de prendre le contrôle de l’administration (l’AMGOT) et que les communistes avaient des velléités de garder les armes (c’est Moscou qui les a obligés à se rallier). Des Papon (Papon n’était pas le seul de son espèce), c’était tout bénef pour de Gaule, ils étaient tellement mouillés avec les Allemands qu’ils lui mangeaient dans la main.

    1. Gilbert Duroux,

      Vous déconnez sévèrement. J’ai dit qu’Amouroux était un homme de droite, qui trouvait des tas d’excuses au régime de Pétain. Et pas moi.

      Cela dit, bis repetita, vous déconnez. Amouroux a été un brave. Un résistant de janvier 1942, quand la victoire de l’Allemagne était encore considérée comme certaine ou presque. Devant un homme de cette sorte, et bien qu’il soit de droite, je salue, et bien bas.

      Je vois par ailleurs que vous parlez de ses écrits sans les avoir lus. C’est votre droit, mais ce serait mieux de le préciser. Dans « 40 millions de pétainistes », Amouroux parle de la situation telle qu’elle apparaît en juin 40, sur fond d’exode biblique ! Arrêtez donc d’écrire n’importe quoi ! Dans les livres suivants, il décrit comment le sentiment profond du peuple français évolue. Et c’est formidable, malgré certains parti-pris. Pour le reste, je préfère ne pas insister. Votre propos est simplement idéologique. La réalité est telle que vous l’envisagez à 70 ans de distance, parce que vous êtes doté d’une ligne politique juste. Croyez-moi, je n’ai cessé de rencontrer cela, et rien n’y pourra rien.

      Fabrice Nicolino

      1. « Pour le reste, je préfère ne pas insister ».
        Le blanchiment des Papon par de Gaulle, ça vous est donc indifférent ?
        Et c’est moi qui ait des parti-pris ?
        Au passage, j’ai lu Amouroux, je sais de quoi il cause. Quand à son engagement dans la Résistance, permettez-moi d’avoir de sérieux doutes. Il a adhéré au réseau Jade Amicol, le même réseau que Maurice Papon et son patron Jacques Lemoine. Si vous lisez les compte-rendu du procès Papon, vous vous rendrez compte que ce réseau est plutôt fumeux. Vous êtes journaliste, ne vous contentez pas de Wikipédia.

        1. Non, Gilbert, vous n’avez pas lu Amouroux, vos si grandes approximations le prouvent. Et, deux, mes sources, qui n’ont rien à voir avec Wikipédia, sont sûres. Amouroux a été un très précoce résistant. Quelle résistance aurait grâce à vos yeux ? Je serais très heureux de l’apprendre. Celle des staliniens ? Celle des trotskistes refusant de prendre position face à une « guerre impérialiste » ? Votre façon de penser est celle de l’amalgame. Par exemple, si Papon a fait partie de tel réseau, alors c’est un réseau pourri. Vous oubliez un pesant détail : tous, je dis bien TOUS les réseaux ont connu leurs crapules. Votre logique consisterait à clamer que TOUTE la résistance a été pourrie. Bon courage.

          Je vois surtout que vous embête ce fait indiscutable : la Résistance antifasciste, souvent mue, il est vrai, par des considérations nationalistes qui me dégoûtent, a compté en son sein nombre de gens de droite. Dont Amouroux. Et voilà.

          Fabrice Nicolino

          1. « Votre façon de penser est celle de l’amalgame. Par exemple, si Papon a fait partie de tel réseau, alors c’est un réseau pourri ».
            Si je fais des amalgames, vous, vous faites des procès d’intention. Ce n’est pas très correct. Si je mets en doute le réseau Jade Amicol, ce n’est pas parce que Papon s’en réclamait mais parce qu’ayant suivi le procès Papon (toutes les audiences, pendant six mois de rang, pour un hebdomadaire), j’ai pris connaissance des rapports du BCRA sur ce réseau. Moi aussi, j’ai mes sources.
            Autre procès d’intention de votre part, qui ne repose sur rien : je n’ai jamais prétendu que les réseaux de résistance ne comportait que des hommes de gauche. Je ne suis pas ignorant, contrairement à ce que vous dites, et je sais très bien qu’il y avait des gens de droite, et même d’extrême droite dans ces réseaux. Daniel Cordier, par exemple, le secrétaire de Moulin, vient des Camelots du roi. Il y avait aussi ceux que l’historien Jean-Pierre Azéma a appelé las Vichysto-résistants, comme Henri Frenay, l’adversaire de Moulin (pour prendre le contrôle de la résistance unifiée), fondateur de Combat, qui a rompu complètement avec Vichy en 1942. Je sais tout cela, ne me prenez pas pour un imbécile ou pour quelqu’un de manichéen.
            Je sais aussi, toujours pour avoir suivi le procès Papon (reportez-vous aux compte-rendus, toutes les sources sont en ligne), que votre idole de Gaulle a blanchi Papon (et d’autres) en connaissance de cause, pour les raisons mentionnées dans mon précédent post.
            Bien à vous
            Gilbert

  23. Fabrice, ce que j’ai retenu du livre de Daniel Cordier, c’est que les chefs des réseaux de résistance détestaient De Gaulle, mais étaient liés à lui par l’argent et les moyens techniques qu’il leur apportait.
    Sans cet argent, je pense qu’il n’aurait jamais rassemblé -fait plier- les résistants, ses idées n’auraient pas suffit.
    Doit-on en conclure que le prochain grand homme sera blindé ?

  24. Sur les questions qui reviennent souvent ici, de la violence, de la destruction et de la guerre, il y a un article interessant ici:

    http://www.erziehungskunst.de/en/article/violence-abuse/the-heavens-rumble/

    Selon Michael Birnthaler, enseignant dans une ecole Steiner, la violence ne s’explique ni par un exces de stress exterieur, ni par un exces de volonte interieure, mais au contraire… par leur insuffisance!!!

    L’absence « d’images vraies » sur lesquelles les jeunes puissent s’appuyer, que ce soit pour y adherer ou pour s’y opposer, a la maniere du sol sur lequel nous marchons, non pour nous y fondre mais plutot pour nous en distancer, cree une sorte de « famine d’images » et un deperissement de la volonte, par manque de substance pour s’y nourrir.

    Ce vide interieur et cette absence de volonte propre ouvrent la porte a la violence.

    Voila qui ne sera probablement pas contredit par Rene Girard, qui explique la violence par « le mimetisme », c’est a dire par l’absence de reponse personelle et originale aux difficultes de la vie, ni par Chakravorty-Spivak, qui essaie de lutter contre les injustices sociales par l’education et le renforcement de l’imagination (« training of the imagination »).

    Quel contraste face au discours d’Etat sur le terrorisme, qui designe comme ennemi le « radicalisme » et voudrait y repondre par une sorte de catechisme fade!

    Ainsi la question n’est plus tant de savoir si oui ou non, nous sommes une espece violente et nuisible, constat probablement indeniable mais qui ne mene guere loin, que celle-ci: Que pouvons-nous faire en pratique, pour nous ameliorer?

  25. Les resistants etaient des femmes et des hommes qui eurent la force interieure de s’opposer a la masse molle de l’aquiescement au mal. Qu’il y eut des engueulades entre eux, voire des coups tordus, des haines et meme parfois surement des trahisons, des lachetes, grandes ou petites, rien de plus normal. Il n’en reste pas moins que ce sont eux qui nous ont sauves. Cela ne veut pas dire que les opportunistes de la derniere heure valent ceux qui n’ont rien cede depuis le debut, avec toutes les nuances (et en supposant qu’il y ait meme un accord sur ce sur quoi il convient precisement de « ne rien ceder », ce qui est deja extremement douteux) mais nous devrions toujours avoir a l’esprit que c’est bel et bien notre substance interieure qui seule peut nous sauver, et en aucun cas un consensus en un Etat abstrait, qui deja incarne l’evolution vers le vide de la violence mimetique. Avoir confiance en soi permet d’avoir confiance en les autres, et est la premiere condition pour avoir le courage de vivre en consequence!

  26. Bonsoir Fabrice,

    C’est mon premier commentaire sur ton blog que je parcours avec beaucoup d’intérêt depuis peu, t’ayant plutôt lu épisodiquement sur la Buvette des Alpages de Baudouin de Menten, d’où réaction tardive sur cette note.
    Ce parallèle 1940 – crise écologique actuelle m’a toujours frappé mais au niveau tactique. Les généraux français de l’époque, le médiocre Gamelin en tête, avaient une guerre de retard, comme nos dirigeants actuels, incapables d’imaginer autre chose qu’une croissance infinie.
    Dans les premiers jours de l’offensive de la Wermacht, plusieurs équipages de reconnaissance aérienne avaient risqué leur vie en identifiant les immenses colonnes de panzers traversant le Luxembourg et les Ardennes, l’état-major n’avait jamais voulu les croire car « il était impossible de traverser les Ardennes ». Actuellement, les rapports alarmants des scientifiques sur le changement climatique et l’érosion accélérée de la biodiversité (6eme extinction de masse) attendent trop souvent dans les placards quand ils ne sont pas mis à la benne (cf entre-autres rapports de l’ONCFS et du MNHN sur l’ours brun).
    Et l’apparent volontarisme français pour la COP21 n’est-il pas seulement dans le but inavoué de faire les VRP pour nos centrales nucléaires ?
    Les généraux français en 1940 se sont réveillés quand les panzers étaient sur Sedan, l’endroit le plus vulnérable du front, on connait la suite. En 3 jours de tergiversation et d’attentisme la France avait perdu la guerre …
    Cet aveuglement, cette incompétence, voire ce négationisme, trouvent d’ailleurs une parfaite illustration dans l’actualité suite à l’épisode cévenol dramatique de la Côte d’azur le week-end dernier.
    Connaissant l’oiseau, je me doutais que C. Estrosi allait inévitablement sortir une saillie nauséabonde.
    Ça n’a pas loupé : une charge avec son pote Ciotti contre Météo France pour la vigilance orange au lieu de rouge, alors que rien dans les modèles ne permet de prévoir l’ampleur de ce phénomène localisé. C’est ce qu’on appelle un bouc émissaire (il a déjà l’habitude avec son attitude sur le dossier loup); ce que cherchait à trouver aussi, avec le Front populaire, le procès de Riom pour disculper l’état-major. Et C.E. serait d’ailleurs le premier à gueuler contre des vigilances rouge pour rien, qui bloqueraient l’activité économique.
    Le vrai problème, c’est lui-même, ses copains élus du secteur, et leurs prédecesseurs, qui ont sur-urbanisé de façon anarchique la région, qui a un relief propice à ce genre de phénomène. Changement climatique x urbanisation anarchique = situation explosive. Il n’y a qu’à voir la Siagne, qui passe à Mandelieu, canalisée comme un vulgaire fossé entre les zones bétonnées.
    S’il veut des solutions, c’est l’arrêt des permis de construire à tout va, voire l’expropriation des zones potentiellement dangereuses, comme à la Faute sur mer (nom prédestiné…).

    Mais c’est vrai (désolé pour cette grossièreté, mais qui résume à merveille ce genre d’attitude), que c’est plus facile de faire la burne que d’avoir des couilles…

    S’il faut en rire plutôt qu’en pleurer, dans la série Groland on rêverait d’un gouvernement d’union nationale Estrosi-Royal.

    Quant au spectre politique actuel, c’est vrai qu’il confine au désespoir, jusqu’à la médiocrité collective d’EELV. Peut-être Nouvelle Donne, superbement ignoré par les médias, mais issu de mouvements citoyens, comme le Collectif Roosevelt, et des longues pérégrinations des Larrouturrou et autres Hessel, et en phase avec certains blogueurs d’Alternatives éco, comme Jean Gadrey, et les Economistes Atterrés.

    Continue à bien te retaper.

    PL

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