Lanillis, riante commune bretonne (avec pesticides)

Foldingue comme tout. Lannilis est une petite ville bretonne de 5 000 habitants, coincée entre deux abers, c’est-à-dire des rias. Qu’est-ce qu’une ria ? Bonne question. Un aber – donc une ria -, est cette partie de la vallée d’un fleuve que la mer recouvre à marée haute. C’est beau. Cela peut être très beau, comme l’est le Goyen entre Pont-Croix et Audierne, pour ceux qui connaissent.

Donc, Lannilis, au nord de Brest, tout près de ce furieux Atlantique que j’adore. Mais la zone entière, alentour, qu’on appelle le Léon, est sinistrée. Sur le plan écologique, qui commande tout, je radote. Avant, le Léon était pauvre, très pauvre. Une terre à paysans, s’échinant sur des parcelles toujours plus petites, à mesure que se succédaient les héritages. Si j’écris cela, c’est pour me faire bien voir. Pour montrer que je ne suis pas un nostalgique. Alors que je le suis.

Et puis vint Alexis Gourvennec. Un paysan pauvre, lui aussi, plein d’idées neuves, dont certaines ont tout révolutionné ici et là. En 1961, alors qu’il n’a que 25 ans, il lance la Société d’intérêt collectif agricole (Sica) du pays de Léon. Puis quantité d’autres choses. Il triomphe. La Sica devient une arme de guerre commerciale, qui permet aux petits paysans de se fédérer, et de ne plus brader leurs choux-fleurs et leurs artichauts.

Ce mouvement obtient de Paris, ce Paris gaulliste des années 60 – Edgard Pisani en tête -, quantité de crédits, qui seront utilisés pour des routes, un port en eau profonde, Roscoff, des lignes téléphoniques, etc. Le progrès, quoi. Côté légumes, idem. Engrais, tracteurs et pesticides à tout va transforment le Léon en ce que les journalistes appelèrent la « ceinture dorée » de la Bretagne. Un monde avait changé de base.

Et maintenant que le progrès a passé ? Eh bien, la région ne peut plus boire son eau, farcie par toutes les molécules chimiques épandues depuis cinquante ans. J’écris cela en pensant aux Chroniques martiennes, livre de science-fiction de Ray Bradbury. Car nous sommes dans la science-fiction, non ? Un pays soi-disant moderne qui ne peut plus boire son eau n’existe plus que dans les romans, non ?

Si. La suite le démontre aisément. En mai dernier, on découvre une extraordinaire pollution dans un forage en profondeur, à plus de 140 mètres, censé abreuver Lannilis à partir de 2010. Désormais, en effet, il faut aller chercher de l’eau là où les molécules ne sont pas – pas encore – arrivées. Tout est très bien détaillé sur le site de l’association S-EAU-S (ici). J’en profite pour signaler l’excellent travail critique de l’écologiste breton Gérard Borvon.

Revenons à la pollution du Lanveur, ce fameux forage. Au cours d’un simple contrôle de routine, on découvre 5,9 microgrammes par litre de métazachlore, un herbicide redoutable. Soit la bagatelle de 59 fois la dose légale admissible. Le maire porte plainte, la population s’affole, à juste titre. À l’heure où j’écris, le plus probable est qu’un foutu connard a jeté du poison dans ce qui devait servir à toute la communauté.

Mais les questions ne s’arrêtent pas là. Car pour l’heure, les besoins de Lannilis en eau dépendent à 60 % d’une usine de traitement située sur une rivière affreusement polluée, l’Aber-Wrac’h. L’usine de Kernillis joue à répétition un épisode de Mission Impossible : rendre buvable ce qui ne le sera plus jamais. Pour ne pas priver d’eau une zone de 80 000 habitants, la rivière jouit – est-ce bien le mot ? – de dérogations sans fin. Une loi européenne interdit en effet d’utiliser une eau qui contient plus de 50 mg de nitrates par litre d’eau, même pour la dénitrifier et la rendre « potable ». Après d’innombrables discussions de marchands de tapis, l’Aber-Wrac’h a obtenu un dernier (?) sursis. À la fin 2009, elle ne devra pas dépasser plus de 18 jours dans l’année la valeur maximale de 50 mg de nitrates par litre. Or elle l’a fait 200 fois en 2008 !

Résumons. Le captage en eau profonde, prévu en 2010, a été salopé par un salopard. Sera-t-il aux normes d’ici là ? Nul ne sait. Il faudrait sans aucun doute prévoir des mesures – sévères – de protection de la zone de captage. Bonjour l’ambiance. Et dans le cas où ce forage ne serait pas utilisable l’an prochain, Lannilis pourrait bien dépendre à 100 % de l’usine de Kernilis, qui pompe dans une rivière si dégueulasse qu’elle pourrait, au moins théoriquement, devoir fermer.

Voici une gracieuse boucle qui se referme sur le clac d’une mâchoire d’acier. Dernier point : faut-il incriminer Gourvennec, l’homme de la « modernisation » du Léon ? Là est toute la question, à laquelle je vous laisse réfléchir. Mais si vous en arriviez à cette conclusion, je vous conseillerais alors de penser aussi à Edgard Pisani. Oui, le vieux sage. Je ne me moque pas, je le jure. Pisani a pris les armes contre les fascistes allemands, ce qui ne peut s’oublier. Aujourd’hui qu’il a 91 ans, plus personne n’ose dire le moindre mal de lui. Il est celui qui a tout vu et tout compris avant le reste du monde.

Ce pourrait être vrai, mais c’est faux. Nul davantage que lui n’a voulu cette Bretagne folle de ses élevages concentrationnaires, de ses lisiers et de ses eaux innommables. D’ailleurs non, il n’a rien voulu. Mais il a fait, Dieu sait. Avec l’aide d’une armée de technocrates, d’ingénieurs, et de Gourvennec. Et maintenant que sonne l’heure des bilans, tiens donc, il n’y a plus personne pour assumer quelque responsabilité que ce soit. Je rappelle que Pisani est devenu sur le tard socialiste. Je rappelle que Cresson, Rocard, Nallet, tous socialistes ci-devant ministres de l’Agriculture, pensaient comme Pisani, et firent de même. Je rappelle que je n’aime pas ces gens. Je rappelle que leurs clones sont au pouvoir, qui lancent sans que nul ne se lève les nanotechnologies et les biocarburants. Je rappelle que j’en ai marre.

29 réflexions sur « Lanillis, riante commune bretonne (avec pesticides) »

  1. Concernant l’eau, la Bretagne est l’exacerbation de ce qu’on retrouve partout ailleurs. Et il y a effectivement de quoi en avoir assez, MARRE. Qu’on ait pu croire à ces mirages à une certaine époque, on peut comprendre (même si certains, rares, voyaient clair), mais il serait temps de regarder les choses en face, pour de bon.

    NB : pour être plus précis, une ria est une paléo-vallée fluviatile envahie par la mer suite à un relèvement eustatique. Ce qui est plus restrictif que la définition que tu en donnes, qui concernerait tous les fleuves…

  2. Concernant l’eau, la Bretagne est l’exacerbation de ce qu’on retrouve partout ailleurs. Et il y a effectivement de quoi en avoir assez, MARRE. Qu’on ait pu croire à ces mirages à une certaine époque, on peut comprendre (même si certains, rares, voyaient clair), mais il serait temps de regarder les choses en face, pour de bon.

    NB : pour être plus précis, une ria est une paléo-vallée fluviatile envahie par la mer suite à un relèvement eustatique. Ce qui est plus restrictif que la définition que tu en donnes, qui concernerait tous les fleuves…

  3. Moi aussi, j’ai souvent l’impression qu’on est dans de la science-fiction. Elle ne prend hélas pas un tour des plus riants. Mais les choses bougent, lentement mais sûrement. Dans les villes, on ne voit plus d’arrosage des pelouses en plein été, ce qui était une gabegie. Les plantes en pot sont désormais des essences peu gourmandes en eau.
    ça n’est qu’un tout petit exemple, je sais…

  4. Hélène, je ne sais pas de quelles villes tu parles et peut-être est-ce une vraie tendance, mais je peux te dire que dans certaines stations balnéaires, ces arrosages ont toujours lieu, y compris les lendemains de jours de pluie !

    Fabrice, profite de ton vallon à l’eau pure et la nuit regarde le ciel étoilé.
    Pour nous remettre à notre place (sidérant !) : http://www.dailymotion.com/video/x2zgyl_piistar_news

  5. Eh bien c’est scandaleux ! (je parle des villes). Ils ne sont pas « tendance verte » ceux-là ! Maintenant que c’est la mode d’être écologiste et que tout le monde s’en réclame…

  6. on est de plus en plus nombreux à en avoir marre, et à le dire !
    Mais qu’ont ils donc dans les oreilles tous ces politico-techno-empoisonneurs ? de la m…e ? il va falloir les leur déboucher au karcher !!!

  7. Mon père était paysan jusque dans les années 60. Un tout petit paysan de petite montagne.
    Et « gràce » à Pisani il a du abandonner son métier et aller travailler en ville. Parce que Pisani avait décidé que l’agriculture devait être « modernisée » et que les petits paysans devaient disparaître, au profit (c’est le mot juste) des agro-industriels.
    Je peux dire que mon père ne portait pas cet individu dans son coeur (c’est un euphémisme).
    J’ai donc aujourd’hui (après l’article de Fabrice) une raison de plus de ne pas porter cet homme aux nues comme on le fait souvent. Que de dégats !!

    Louis

  8. Cher Fabrice, c’est avec grand plaisir que je lis régulièrement cette « autre façon de voir la même chose ». Tu connais peut-être Yves Blanc, qui fait un peu la même chose que toi – essayer de nous enlever cette merde qui nous aveugle – à la radio avec son émission « La Planète Bleue ». Pour ceux que ça intéresse, vous pouvez réécouter les anciennes émissions avec: http://podcast.rsr.ch/media/c3/planetebleue/la_planete_bleue20090620-180000.mp3 et il suffit de remplacer 20090620 (20 juin 2009) par la date du samedi de votre choix, vu que l’émission passe tous les samedis.

    A part ça Fabrice, j’ai une question à te poser. C’est une question toute simple mais sa réponse provoquera une révolution de mon paradigme. Dans ton livre « La faim, la bagnole, le blé et nous », tu parles à un moment d’une association qui utilise de l’huile « domestique » comme carburant, et ensuite tu dis quelque chose comme « ne me dites pas que vous cautionnez cette action et que vous luttez contre les agrocarburants, ne me dites pas que vous êtes aussi schizophrènes ». Et bien je suis resté longtemps attardé sur ce passage, parce que si je suis contre les agrocarburants, j’ai de la peine à comprendre quel est le problème avec des personnes qui utilisent de l’huile usagée (je crois que c’est ça) comme carburant. J’ai l’impression d’avoir de la merde dans les yeux, et de ne pas voir quelque chose de très important, de crucial. Je te serais très reconnaissant si tu pouvais m’éclairer.

    Une autre réflexion que je me suis faite après avoir lu ton livre. Tu regrettes que tant de choses se fassent autour de la bagnole, ou que ce soit elle qui définisse notre vision de l’espace. J’espère ne pas déformer trop ta pensée. Très bien, faisons maintenant abstraction de tous les problèmes liés à la voiture, ¿ne crois-tu pas que la bagnole est l’évolution naturelle dans le besoin de mobilité de l’homme? ¿No crees? Si je regarde dans le passé, toujours les hommes se sont déplacés, pour aller au marché, pour aller vendre leurs produits, pour rendre visite à quelqu’un,… Avant, ces déplacements s’effectuaient à cheval, avec des charrettes. Pour moi, la voiture a simplement remplacé le cheval, et le camion a remplacé la charrette. Avant il y avait la Via Appia, la Via Aurelia, la Via Tiberina, … pour que les chevaux et les charrettes puissent se déplacer facilement, aujourd’hui il y a les routes nationales, les autoroutes,… Pour moi, cela semble logique, mais ma vision des choses a été très altérée par la propagande, alors comme dirais Cabrel: « qu’est-ce que t’en dis? »

    Estoy perdido… Qué cosa possiamo fare?

    Gregory

  9. Le train…train…naturellement. Comme dirait Léon à son pote Richard, après un combat de poules, pour la paradigmatique, J’sais pas. Simplement; la  » connerie  » a remplacée le bon sens sur cette route Impériale. Bien que * trop tard, on peut toujours se laver les yeux et il existe un grand choix pour les produits appelés Eau…Naturellement. Je m’en retourne brosser les crins…Anormal à tous crins ? * presque…pour les âmes  » sensibles  » qui refusent de regarder la réalité en face.

  10. Pour Greg,

    En préambule, et malgré des apparences qui jouent, je le reconnais, contre moi, je ne pense pas avoir raison en toute chose.

    Et maintenant mes réponses. Je n’ai pas mon livre sous la main, mais je sais heureusement ce que je pense. Je n’ai rien contre l’idée que tel ou tel utilise un peu d’huile usagée pour faire tourner quelque moteur que ce soit. Au contraire, même.

    En revanche, je crois certain que vanter, comme le fait Roule ma fleur, les usages d’une huile alimentaire pour faire tourner un engin ramène symboliquement et d’ailleurs pratiquement au niveau des marchands de biocarburants. Car il s’agit en fait de planter – du tournesol, par exemple – et d’en tirer un carburant. J’extrais ceci du site même de Roule ma fleur : « POLLUER 3 FOIS MOINS. Gaz d’échappement moins toxiques, huile biodégradable, haut rendement énergétique de production, culture de tournesol sans eau ni engrais ». Au-delà d’arguments de pure propagande – « polluer trois fois moins ! »-, cette présentation est sans appel. Au motif qu’on n’utiliserait pas d’engrais, on aurait le DROIT de distraire ne fût-ce qu’une infime fraction d’une huile alimentaire pour le plaisir de rouler en auto. Eh bien, sans moi, définitivement.

    J’ose le dire, il y a derrière cette histoire une question de principe. Une question ontologique. Dans ce monde réel où un milliard d’humains souffrent de faim chronique, il faut dire, répéter, hurler sans fin qu’on n’a PAS LE DROIT. Peu importe que cela ne représente qu’une infime fraction de tous les carburants. Ou l’on dit oui, ou l’on dit non.

    À propos de ta deuxième question, je ne peux, tu t’en doutes, développer. Bien sûr que la bagnole a sa logique, son intérêt, évidemment qu’elle exprime une certaine « liberté ». Mais de qui ? Mais pour qui ? À mes yeux, elle est l’aboutissement d’un processus étendu sur de siècles, et qui considère l’individu comme une fin en soi. Cet individu qui conquerrait perpétuellement des droits sans jamais équilibrer son destin terrestre par des devoirs. Car telle est désormais la situation : un individu a le droit. Et quiconque met en question ce soi-disant progrès est voué aux gémonies.

    Il est vrai, il est certain que l’homme s’est toujours déplacé. Mais il est tout aussi certain que l’humanité vient de rencontrer un mur physique infranchissable. Les besoins exponentiels exprimés par 6,5 milliards d’humains se heurtent à des écosystèmes dont l’élasticité est de plus en plus réduite. La bagnole est simplement impossible. C’est embêtant, c’est ennuyeux, c’est révoltant peut-être, mais c’est comme ça.

    Puis, ne t’arrête pas en si bon chemin. Il n’y a pas que la bagnole. Il y a l’avion, par exemple. À te suivre, il faudrait admettre que des centaines de millions de Chinois et d’Indiens, à terme, auront eux aussi le droit de venir photographier la Tour Eiffel. Combien de centaines d’aéroports nouveaux, dans le cas – heureusement virtuel, et qui le restera – où cela arriverait ?

    La situation est (presque) simple. La pensée dominante, occidentale en l’occurrence, a fait croire des sornettes à l’individu. Qu’il était roi, qu’il serait bientôt empereur. Or, sans une dialectique de la vie, qui relierait l’homme à sa communauté, nous irons droit au chaos.

    Enfin, un mot sur la démocratie. Je crois profondément à la liberté. Mais je vois également que cette mobilité tous azimuts que vantent les marchands dans tant de publicités, n’a aucun avenir concevable. Mon obsession, l’une de mes obsessions est d’essayer de trouver une voie qui concilie la liberté et la fin du rêve individualiste, qui est devenu un cauchemar.

    J’en reste là, car je suis loin de Paris, et que je dois aller à la découverte d’une superbe mare cachée sous les arbres. J’espère t’avoir éclairé, du moins sur moi.

    Fabrice Nicolino

  11. Hélène: je ne sais pas où tu vis, mais je te
    certifie que sur la côte d’azur où je demeure, des municipalités continuent l’arrosage en plein jour sous un soleil de plomb des « espaces verts »
    souvent composés d’espèces très gourmandes en eau, le gazon par exemple!
    Greg: si la mobilité est effectivement un besoin pour nous, homidés, pourquoi ne pas « revenir en arrière », comme disent les médias bien- pensants: Vélo(comme moi, avec toutes les contraintes que cela impose même si je suis passionné), cheval, carrioles, voiliers…etc…etc? pourquoi ne pas travailler au développement de transports collectifs écologiques? Curieusement, je réalise que les gens les plus mobiles géographiquement, mobiles dans le sens déplacements tous azimuts par tous les moyens, le sont beaucoup moins mentalement et intellectuellement lorsque l’on veut remettre en cause leur petit confort personnel; j’ai l’exemple de collègues de travail qui font 2 kms en voiture, en ville, pour venir travailler!
    amitiés à vous tous et toutes

  12. Dans un monde ou l’on croit que l’on peut tout obtenir grâce à l’argent comment faire comprendre au gens malgré les incessants discours des associations de protection de la nature,de scientifiques….Que la qualité s’empire de jour en jour?
    Ton mot me rappelle que dans mon village un contrôle de la qualité de l’eau avait été fait et donc afficher sur le mur de la Mairie.
    Quel fut l’étonnement de mon père quand il a vue que nulle part n’apparaissait la quantité de Nitrate dans l’eau. On nous dit pas de danger elle est potable mais comment vérifier? Faire faire un test par nos propre moyen?

    Quel est mon étonnement quand je vois à Paris l’utilisation de l’eau comme moyen de nettoyer les caniveau, bien sur ça viens de la seine ce n’est pas de l’eau Potable. Je ne comprend pas, dans mon village le cantonnier nettoie les caniveaux avec un balai et une pelle.Faut il vraiment aller chercher de l’eau via des pompes qui utilise de l’énergie alors que l’homme pourrait aussi bien faire ce travaille.Sans compter la pollution de l’eau que ça engendre l’eau doit bien se charger des déchets qu’elle ramasse non?
    Question de budget me direz vous. Mais quand je vois que pour un petit village de 130 habitants je reste sceptique sur cette argument.

    Je vois que vous parlez de transport, je ne comprend pas pourquoi ,à l’heure ou on nous dit utilisez les transports en commun, ceux ci ne sont pas Gratuit? Car quand je vois la quantité de voiture avec une seul personne dedans ça me choque. Surtout au vu de la qualité quoi qu’on en dise de la desserte en IDF.

    Merci de nous permettre de réagir à tes interrogations et surtout de nous les faire partager.

  13. Merci Fabrice, tu as effectivement éclairé ma lanterne, et j’en ai appris plus sur ta manière – magnifique – de penser.

    Désolé d’avoir retardé la découverte de ta mare, et encore une fois mille mercis pour ta réponse.

    Puisse la Nature toujours t’emplir de joie!

  14. Eh bien j’habite en Seine-et-Marne, où le déficit des nappes phréatiques s’aggrave d’année en année. On risque 1500 euros d’amende si on arrose sa pelouse (de toute façon il faut être cinglé pour arroser de l’herbe. ça repousse, non ?) On n’a le droit d’arroser son potager que de 20 h à 8 h le matin. Le nettoyage des rues se fait par aspiration et non plus avec de l’eau. etc etc…
    C’est comme tout : on prend conscience des choses et on s’adapte.

    Pour les transports en communs, je ne vois pas pourquoi ils seraient gratuits (de toute façon c’est nous qui les payerions avec nos impôts) étant donné qu’on paye bien pour sa voiture, son essence + l’assurance etc. Cela fait des budgets transports très conséquents, ce que sous-estiment sans doute les ménages. Les transports en communs sont déjà subventionnés et hélas saturés en permanence, des vraies bétaillères où on crève de chaud, les uns sur les autres.
    J’ai beaucoup de chance de travailler chez moi et de pouvoir me déplacer à vélo en ville et donc d’échapper à cela, mais beaucoup de gens n’ont pas le choix : voiture ou train pour aller travailler à Paris. Les loyers exorbitants en sont la cause !
    Les gens rentrent le soir dans leur village, et bonjour l’étalement urbain, les lotissements qui poussent les uns sur les autres au détriment des terres agricoles.
    Voilà. Il y a beaucoup de choses à changer, oui !……… à commencer par réurbaniser Paris et y construire ou réhabiliter des logements sociaux. Puis encourager des entreprises à s’installer où sont les gens : en banlieue.
    Vous voyez, c’est du lourd ;))

  15. http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/ogm-solution-finale-a-la-59122

    A propos de routes, de train:
    mercredi après-midi.
    Les gendarmes ont contrôlé Benjamin Castaldi à près de 210 km/h sur la N12 où la vitesse est limitée à 110 km/h. De retour de sa maison de campagne, le présentateur télé au volant de sa Porsche Carrera filait à toute allure.
    La capitale et les plateaux de Secret Story, l’émission quotidienne qu’il devait présenter à 18 h 15. L’excès de vitesse étant supérieur à 50 km/h, les militaires lui ont aussitôt retiré son permis. Mais, Benjamin Castaldi n’a pas tout perdu. La personne qui l’accompagnait a pu prendre le volant du bolide et conduire le présentateur sur les plateaux de télé. »
    chevreuils et hérissons en pâté? le gentil animateur télé s’en tape? en France: 4 heures de télé quotidienne

    Lancement d’une vaste campagne européenne de mesure de la pollution de l’air
    Cette campagne sera la plus importante jamais lancée au sein de l’Union Européenne.
    projet MEGAPOLI
    Elle mobilise 20 équipes de recherche de toute l’Europe, …. méthodes telles que les observations au sol sur sites fixes ou plate-formes mobiles.

    http://www.agropolis-fondation.fr/news/39/133/Innovation-et-developpement-durable.html

    Montreuil
    Le matin du mercredi 8 Juillet, la police a vidé une clinique occupée dans le centre-ville. La clinique, en référence aux expériences venues d’Italie, avait pris la forme d’un « centro sociale » à la française : logements, projections de films, journal, défenses des sans papiers, repas… Tous ceux qui réfléchissent au vivre ensemble regardaient cette expérience avec tendresse.
    Le fils de Stéphane Gatti, Joachim Gatti, 34 ans, cameraman, a perdu un oeil à la suite d’un tir de flashball lors de cette évacuation. C’est la quatrième fois qu’une personne est ainsi défigurée par un tir de flashball.

  16.  » Il y a beaucoup de choses à changer, oui !……… à commencer par réurbaniser Paris et y construire ou réhabiliter des logements sociaux. Puis encourager des entreprises à s’installer où sont les gens : en banlieue. »
    Hélène, je me souviens d’un certain Pierre Fournier(paix à son âme) et de sa « Gueule Ouverte », à l’époque (les 70 passées) ce journal dénonçait ce mouvement d’urbanisation dont tu parles et qui commençait: les riches dans l’intra muros parisien et les moyens, pauvres dehors, en banlieue. En plus, beaucoup plus facile à mater en cas de révolte. le peuple est hors les murs. ce type d’urbanisation a été voulu.; il n’est pas le fruit du hasard.

  17. Je ne suis pas sûre que le « peuple » soit plus facile à mater en banlieue. L’actualité nous dit souvent le contraire. Je crois surtout qu’on a voulu rester « entre soi », que Paris était trop belle pour les pauvres… hormis les immeubles pourris assez bons pour les familles africaines, bien sûr.

  18. Un extrait certainement encore trop long de:
    « Du Sentiment de la nature dans les sociétés modernes » par Élisée Reclus (1830-1905). écrit en 1866:
    « Les développements de l’humanité se lient de la manière la plus intime avec la nature environnante. Une harmonie secrète s’établit entre la terre et les peuples qu’elle nourrit, et quand les sociétés imprudentes se permettent de porter la main sur ce qui fait la beauté de leur domaine, elles finissent toujours par s’en repentir.Là où le sol s’est enlaidi,là où toute poésie a disparu du paysage, les imaginations s’éteignent, les esprits s’appauvrissent, la routine et la servilité s’emparent des âmes et les disposent à la torpeur et à la mort. Parmi les causes qui dans l’histoire de l’humanité ont déjà fait disparaître tant de civilisations successives, il faudrait compter en première ligne la brutale violence avec laquelle la plupart des nations traitaient la terre nourricière. Ils abattaient les forêts, laissaient tarir les sources et déborder les fleuves, détérioraient les climats, entouraient les cités de zones marécageuses et pestilentielles ; puis, quand la nature, profanée par eux, leur était devenue hostile, ils la prenaient en haine, et, ne pouvant se retremper comme le sauvage dans la vie des forêts, ils se laissaient de plus en plus abrutir par le despotisme des prêtres et des rois….. « Les grands domaines ont perdu l’Italie », a dit Pline ; mais il faut ajouter que ces grands domaines, cultivés par des mains esclaves, avaient enlaidi le sol comme une lèpre. Les historiens, frappés de l’éclatante décadence de l’Espagne depuis Charles-Quint, ont cherché à l’expliquer de diverses manières. D’après les uns, la cause principale de cette ruine de la nation fut la découverte de l’or d’Amérique ; suivant d’autres, ce fut la terreur religieuse organisée par la « sainte fraternité » de l’inquisition, l’expulsion des Juifs et des Maures, les sanglants auto-da-fé des hérétiques. On a également accusé de la chute de l’Espagne l’inique impôt de l’alcabala et la centralisation despotique à la française ; mais l’espèce de fureur avec laquelle les Espagnols ont abattu les arbres de peur des oiseaux, « por miedo de los pajaritos », n’est-elle donc pour rien dans cette terrible décadence ? La terre, jaune, pierreuse et nue, a pris un aspect repoussant et formidable, le sol s’est appauvri, la population, diminuant pendant deux siècles, est retombée partiellement dans la barbarie. Les petits oiseaux se sont vengés.
    C’est donc avec joie qu’il nous faut saluer maintenant cette passion généreuse qui porte tant d’hommes, et, dirons-nous, les meilleurs, à parcourir les forêts vierges, les plages marines, les gorges des montagnes, à visiter la nature dans toutes les régions du globe où elle a gardé sa beauté première. On sent que, sous peine d’amoindrissement intellectuel et moral, il faut contre-balancer….
    http://www.larevuedesressources.org/spip.php?article790

  19. C’est étonnant ! (j’avoue que je n’ai pas tout lu).
    Mais cela prouve à quel point ‘Homme est changeant et les civilisations, fragiles.

  20. Fabrice,
    Je suis d’accord sur tout sauf la fin: contre les nanotechnologies, les biotechnologies, les dérives des labos, le nucléaire innommable… PMO ( Pièces et main d’oeuvre ) de Grenoble se lève. Ils font un vrai boulot intelligent et plein d’humour. Mais tu dois connaître.
    Cordialement.
    Annick

  21. Tiré de http://www.wrm.org.uy/inicio.html

    Inde : la déclaration de Dehradun des habitants des forêts

    Du 10 au 12 juin 2009, des Adivasis, des travailleurs forestiers et d’autres habitants des forêts de 16 États de l’Inde se sont réunis autour du thème « Résister à la marchandisation des forêts; établir un gouvernement communautaire des ressources naturelles ». Après quelques discussions et débats, ils ont rédigé ensemble une forte communication intitulée « Déclaration de Dehradun 2009 ».

    Les forêts, leurs habitants et le monde entier sont plongés dans une situation qui est bien plus qu’une crise : « Il ne s’agit pas d’une crise ordinaire. Il ne s’agit pas d’une simple crise climatique, ni de la crise financière que vous appelez un monstre auto-engendré. Nous pensons qu’il s’agit d’une crise de civilisations ». D’un côté, la civilisation qui « est basée sur les idées de pouvoir, de territoires, de frontières, de profits, d’exploitation et d’oppression ». Cette civilisation qui essaie « de tout posséder, y compris la Mère Nature. Voilà le moteur de votre civilisation. Vous avez besoin de ce monde d’oppression et d’exploitation pour survivre et être à l’aise ». De l’autre côté, la civilisation de tous les autres. De ceux qui ne considèrent pas le monde comme une marchandise. Celle des habitants des forêts du monde, qui disent : « Nous, les habitants des forêts du monde – qui vivons dans la forêt, survivant grâce aux fruits et aux récoltes, cultivant des champs jhoom [1], replantant les terres boisées, errant avec nos troupeaux – nous avons occupé cette terre depuis des siècles. Nous annonçons bien fort, dans l’unité et la solidarité, pour qu’il ne subsiste aucun doute à propos de l’avenir : nous sommes les forêts et les forêts sont nous-mêmes, et l’existence des unes dépend de l’existence des autres. Sans nous, la crise que subissent aujourd’hui nos forêts et notre environnement ne pourront que s’intensifier ».

    Ces deux civilisations sont essentiellement incompatibles : « Si vous voulez nous intégrer à votre monde en nous ‘civilisant’, nous choisirons allègrement de rester incivilisés. Appelez-nous sauvages, peu importe ! Nous avons appris, au milieu de ces arbres, de cette eau, de cet air et des autres habitants des forêts, à vivre une vie de liberté, d’absence de frontières, mais sans jamais oublier les frontières de la nature ».

    La Déclaration de Dehradun devient la voix des habitants des forêts de l’Inde qui parlent fort : « Par conséquent, nous rejetons votre législation contre nature, votre civilisation tyrannique et cruelle. De quelle liberté parlez-vous ? Nous ne voyons pas où est la liberté si on nous force à quitter nos forêts, à rester séparés de l’eau, de la terre, des champs, des arbres, de l’air et des bêtes familières, de l’écosystème auquel nous appartenons. Quelle est cette liberté qui permet d’enchaîner ses propres frères et sœurs ? Une fausse liberté ! Nous ne voyons aucune vérité dans une société qui reste hantée par la prospérité d’une poignée de capitalistes mais n’oublie jamais d’opprimer les travailleurs, les Adivasis, les Dalits, les femmes et les pauvres du monde ! Nous vous répudions !

    Et ils préviennent : « Il y a une crise climatique en ce moment mais ni le libre-échange, ni l’argent ni la technologie n’en élimineront les racines. Vous oubliez que la crise découle de la structure de votre société, une construction fondée sur un désir inépuisable de richesses et sur un mode de vie qui voit la nature comme un objet d’exploitation et d’extraction. Fous que vous êtes ! Vous êtes condamnés à payer le prix et à subir les peines de vos actions, mais nous vous demandons : pourquoi devons-nous souffrir ? Vous vous êtes ingérés dans notre mode de vie, dans le rythme de la Terre Mère. Vous avez corrompu l’environnement avec vos véhicules, vos industries, vos armes et votre développement, et vos actions ont créé une crise dans nos foyers. Vous avez péché contre l’essence de notre existence et, au milieu de notre colère et de nos larmes, nous rejetons les bases de votre existence : la méfiance, le contrôle, la recherche immorale de l’intérêt personnel, l’injustice, le blâme.

    Comment osez-vous rejeter sur nous la responsabilité de la crise climatique ? Cette crise est le résultat de pratiques contre nature et elle a dévasté notre vie. Comment avez-vous pu couper nos arbres sans réfléchir ? La température monte, la pluie diminue et les forêts brûlent, se consument dans la douleur. Et maintenant, vous voulez nous faire quitter notre habitat sous prétexte de conserver nos forêts ! Vous tuez inlassablement, vous trouvez plaisir à orner vos cheminées de têtes de tigres ‘terrifiants’, mais vous avez l’audace de nous dire que nous devons quitter la forêt pour que vous puissiez protéger les tigres ! Quelle loi connaissez-vous ? Qui êtes-vous pour nous dire ce qui est légal ? C’est vous qui êtes dans l’illégalité, qui contredisez les lois de la nature et celles de la coexistence. Vous n’apportez aucune solution, vous ne faites que détruire.

    Si notre époque ne vous intéresse pas, du moins pensez un instant aux générations futures, à leur héritage. Souhaitez-vous leur léguer un monde où règnent le chaos et la destruction ? Êtes-vous à ce point aveuglés par votre cupidité ? Au moins en ce moment de crise nous devons nous unir, toutes les civilisations et tous les peuples des forêts du monde, pour trouver une solution, pour restaurer nos rapports avec la nature.

    Aujourd’hui, à Dehradun, nous appelons à la solidarité et à l’harmonie tous les habitants des forêts du monde, les travailleurs, les Adivasis et nos compagnons de route, dans ce voyage vers la réalisation de notre existence en communion avec nos forêts. Nous prévenons votre civilisation que nous sommes un peuple uni dans la lutte contre la structure du capitalisme, fondé sur la convoitise, le vol et l’appât du gain. Nous prévenons les nations du monde qu’elles ne doivent pas oublier de respecter notre existence ; autrement, du plus profond de nos cœurs nous allons crier bien fort : PLUS DE SILENCE ! Nous nous relèverons des cendres de vos incendies dévastateurs pour nous opposer à votre ordre sans nous laisser décourager par vos pièges. Nous nous lèverons comme un seul peuple des forêts, fort et solidaire, pour défier la structure même de votre civilisation et ne faire qu’un avec la nature, de nouveau !

    Levez-vous ! Habitants des forêts du monde, unissez-vous ! Zindabad !
    Forum des peuples et des travailleurs des forêts, Inde. »

    [1] Parcelle de terre arable en forêt.

    Le texte intégral de la déclaration est disponible à l’adresse : The full declaration is available at: http://www.wrm.org.uy/countries/India/Dehradun.html

  22. Annick,

    Bien sûr. Évidemment. Mais de quoi pèse PMO, dont j’apprécie tout spécialement le travail ? Où est la société ? Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  23. J’aime bien Elisé Reclus, géographe anarchiste plein d’intuitions, mais il faut le lire attentivement. Dans la citation donnée par Marie, il est aussi le chantre appliqué d’une certaine idée de la nature et du progrès qui ne supporte pas quand celle-ci est par trop libre (ils laissaient « déborder les fleuves »), ou par trop humide (« entouraient les cités de zones marécageuses et pestilentielles »). Son bel éloge de la forêt est contemporain de la « découverte » de la forêt de Fontainebleau… C’est une certaine image de la nature, pas si originale et révolutionnaire que ça, bien présente dans la seconde moitié du XIXe siècle, qui est défendue là.

  24. François, j’ai trouvé dans ce texte sagesse, plutôt qu’originalité, et n’y ai pas lu cette limite que vous indiquez.
    … »Puisque la nature est profanée par tant de spéculateurs précisément à cause de sa beauté, il n’est pas étonnant que dans leurs travaux d’exploitation les agriculteurs et les industriels négligent de sa demander s’ils ne contribuent pas à l’enlaidissement de la terre. Il est certain que le « dur laboureur » se soucie fort peu du charme des campagnes et de l’harmonie des paysages, pourvu que le sol produise des récoltes abondantes ; promenant sa cognée au hasard dans les bosquets, il abat les arbres qui le gênent, mutile indignement les autres et leur donne l’aspect de pieux ou de balais. De vastes contrées qui jadis étaient belles à voir et qu’on aimait à parcourir sont entièrement déshonorées, et l’on éprouve un sentiment de véritable répugnance à les regarder. D’ailleurs il arrive souvent que l’agriculteur, pauvre en science comme en amour de la nature, se trompe dans ses calculs et cause sa propre ruine par les modifications qu’il introduit sans le savoir dans les climats. De même il importe peu à l’industriel, exploitant sa mine ou sa manufacture en pleine campagne, de noircir l’atmosphère des fumées de la houille et de la vicier par des vapeurs pestilentielles. Sans parler de l’Angleterre, il existe dans l’Europe occidentale un grand nombre de vallées Quant à l’ingénieur, ses ponts et ses viaducs sont toujours les mêmes, dans la plaine la plus unie ou dans les gorges des montagnes les plus abruptes ; il se préoccupe, non de mettre ses constructions en harmonie avec le paysage, mais uniquement d’équilibrer la poussée et la résistance des matériaux…..
    Certainement il faut que l’homme s’empare de la surface de la terre et sache en utiliser les forces ; cependant on ne peut s’empêcher de regretter la brutalité avec laquelle s’accomplit cette prise de possession..
    La nature sauvage est si belle…..

  25. Comme tout le monde, Reclus était de son temps et marqué par lui. On ne peut le lui reprocher, pas plus que de ne pas être un parfait visionnaire. Les marais n’ont jamais eu bonne presse, et il en est encore de même aujourd’hui, malgré un discours scientifique qui a quand même une certaine audience (encore que ce discours se contente le plus souvent de réprouver les assèchements supplémentaires. Personne ne semble se réjouir du « laisser-aller » qui a cours dans certains coins, on en appelle vite au génie écologique pour ratiboiser « écologiquement » et recreuser les anciens fossés -mais c’est ceux d’avant, c’est pas pareil !). Concernant les fleuves et leurs débordements, il faut quand même remmettre ça dans son contexte. Après une période qu’on a facilement oubliée pendant laquelle les crues étaient bien vues et attendues dans les plaines aux pieds des montagnes, on a changé de manière de voir durant le XIXe siècle, durant lequel on a chanté les louanges de l’arbre et surtout des forêts. Les populations montagnardes étaient montrées du doigts, accusées de tous les maux. Rien ne devait gêner la bonne circulation des flux, y compris les cours d’eau, c’était l’âge d’or du saint-simonisme, l’avènement des ingénieurs (à commencer en l’occurrence par Surell) et de la RTM. C’est à cette époque que des expressions comme « manteau forestier » (et d’autres du même tonneau) sont nées. Et même si depuis des études scientifiques ont bien relativisé ces certitudes, on continue le plus souvent à faire sans ces nouvelles données. Comme toujours, mais ce n’est pas la question… Elisée Reclus était, me semble-t-il, un honnête homme à qui, pour ce que je sais de lui, je serrerais sans hésitation la main, plutôt chaleureusement…

  26. Le Canard enchaîné – 22 juillet 2009

    Des nanoparticules dans l’assiette

    Leur nom vient du grec « nanos », qui signifie « nain ». Cinq cent mille fois moins grosses qu’un cheveu, les nanoparticules échappent aux lois de la physique classique. Grâce à elles, les industriels nous promettent des pantalons ou des chemises qui résistent aux taches et aux plis, des vitres qui se nettoient toutes seules, des peintures pour voiture impossibles à rayer… Mais ils ne disent pas qu’ils ont déjà commencé à en saupoudrer notre assiette. On en trouve dans le ketchup, comme épaississant, dans certaines vinaigrettes industrielles, comme agent blanchissant, ou certaines soupes en sachet afin d’empêcher la formation de grumeaux…

    Pour éviter que le chocolat ne blanchisse en vieillissant, notamment, on le badigeonne avec des nanoparticules de dioxyde de titane. Un procédé que s’est empressé de breveter, il y a six ans, le groupe Mars, leader mondial du chocolat et du chewing-gum. De son côté, Unilever, le roi de la crème glacée, planche sur des nanoémulsions qui rendraient ses glaces moins grasses mais plus onctueuses. Kraftfood, numéro deux de l’agroalimentaire, a créé Nanotech. Un consortium qui mobilise une quinzaine d’universités et d’instituts de recherche sur les nanotechnologies appliquées à la bouffe.

    Et que dire des nanoparticules bourrées d’arômes et de colorants synthétiques qui éclatent sous l’effet de la chaleur ou quand on les secoue ? Parmi les joyeusetés expérimentées : des sodas qui changent de couleur et de goût. Au fait, une fois avalées, ça donne quoi, les nanoparticules ? Eh bien, on n’en sait rien : comment elles sont absorbées par l’organisme, comment elles se diffusent, ou interagissent avec les aliments, mystère. En mars dernier, dans un rapport sur le sujet, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments tirait la sonnette d’alarme : « il n’est pas possible, aujourd’hui, d’évaluer l’exposition du consommateur ni les risques sanitaires liés à l’ingestion de nanoparticules. » Et de conclure : « La prudence s’impose. »

    Le plus drôle, dans tout ça, c’est que les nano-ingrédients ne sont jamais indiqués sur l’étiquette. Sans doute les effets de la nanotransparence…

  27. Fabrice,

    Je constate que je ne suis pas le seul à apprécier les devinettes. Les derniers indices que vous avez donnés devraient faciliter, grâce à leur précision, la localisation des ruines du château de V., du hameau de C ., qui se trouve près de D. , même si la mention de la gare de M. a l’air de compliquer les choses.
    Plus sérieusement, le discours de Lorca est plus que jamais d’actualité. Cependant, ce n’est pas seulement dans les régimes totalitaires que l’on trouve les ennemis de la pensée et la haine des intellectuels, même s’ils y sont particulièrement bien représentés. On peut les rencontrer d’une manière générale, aussi et plus que jamais maintenant, dans les médias et chez ceux qui ont le pouvoir politique ou économique. Vingt siècles après, le « Panem et circenses » de Juvénal est encore le meilleur moyen de gouverner. Et dans l ‘Education nationale, il ne s’agit plus que de former des femmes et des hommes pour le marché du travail. Il y a déjà pas mal de temps hélas! que la poésie et la pensée ne sont plus à l’ordre du jour. 

    Cordialement.

    René.

    P.S. Pour Hacène. La route est longue et semée d’embûches, mais votre ténacité devrait à terme être couronnée de succès.

Répondre à Hélène Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *