Sur le front pyrénéen (où en sont les ours ?)

Cela continue d’être l’été, et je serai bref, ce qui changera. Le 26 juillet prochain, Chantal Jouanno, secrétaire d’État à l’écologie, sera à Toulouse. Elle devrait y présenter des mesures en faveur de l’ours dans les Pyrénées. Je rappelle en courant que cet animal vit dans la chaîne depuis plus longtemps que l’homme lui-même. De cette formidable présence, il ne reste plus, je crois bien, que deux ours « autochtones » dans le Béarn. Point barre. La sous-espèce qui faisait des Pyrénées un lieu à part est donc morte, tuée par des armées inépuisables de barbares.

Mais des lâchers d’ours capturés en Slovénie, qui ont commencé en 1996, ont permis la reconstitution d’un noyau significatif dans les Pyrénées centrales. Malgré les animaux tués comme à la foire, il y a eu des naissances, et au total, il y a peut-être une trentaine d’ours vivant le long de cette immense étendue entre Méditerranée et Atlantique. Seulement, il est certain que cette population n’est pas viable sans renforcement. Si rien n’est fait, concrètement, ces animaux exilés sont condamnés, à terme, au même sort que leurs cousins béarnais. On comprend donc l’importance de la visite de Jouanno à Toulouse.

Pour résumer, il y a ceux dont la haine de l’animal est telle qu’ils en deviendraient risibles. D’ailleurs, à respectable distance, ils le sont. J’ai déjà évoqué ici la figure renversante d’un homme dont je ne veux même plus écrire le nom (lire ici). Ses amis préparent, pour madame Jouanno, une réception houleuse, car ils craignent une annonce favorable à l’ours (lire ici). De son côté, l’association écologiste Ferus note, dans un communiqué à l’adresse de la secrétaire d’État : « Toute annonce de principe sans échéance concrète pour 2011 serait considérée par nos associations comme un renoncement de votre part et nous n’aurons alors d’autre choix que de relancer les actions citoyennes et juridiques, notamment auprès du Parlement et de la Commission européenne. C’est parce que nous refusons ce scénario catastrophe que nous vous demandons une nouvelle fois, et solennellement, d’annoncer lundi 26 juillet à Toulouse non seulement le principe, mais aussi la mise en œuvre concrète du nouveau plan de restauration de la population d’ours dans les Pyrénées, incluant des lâchers dès le printemps 2011 ».

Qu’ajouter ? Il est des situations où, malgré qu’on en ait, l’affrontement est frontal. Où l’on ne peut tergiverser. Où il faut faire face. Où reculer ne fait que rendre plus agressif l’ennemi de la nature. Où il faut savoir se lever sur les pattes arrière, comme sait d’ailleurs le faire l’ours. L’ours, notre véritable humanité.

PS 1 : Je vous renvoie à un autre texte écrit l’an passé : lire ici.

PS2 : Un salut à François Arcangeli, Alain Reynes et Sandrine Andrieux Rolland, sans qui l’ours serait déjà un lointain souvenir.

PS 3 : Un autre salut à Yves Salingue, pour lui dire que nous irons ensemble là où il sait. Et en espérant qu’il continue à trouver des traces.

29 réflexions sur « Sur le front pyrénéen (où en sont les ours ?) »

  1. L´ours, ancien roi des animaux avant que l´Eglise ne le diabolise, le ridiculise, l´humilie, comme elle sait si bien le faire:

    « L´OURS – Histoire d´un roi déchu » de Michel Pastoureau (éditions du Seuil). Un ouvrage passionnant.

  2. L’ours fut diabolisé, et de même les femmes. Terrible logique si redoutablement efficace.

    Saut de puce : merci à celui ou celle qui avait parlé dans les commentaires du site de « Shantaram ». Je viens de terminer ce pavé sur et dans l’Inde : les deux tiers dans le bidonville sont réellement extraordinaires d’humanité ; le reste, la fin de brigand, m’a moins touchée. Bref, merci de cette découverte.

  3. L’Église,à l’époque de Charlemagne, pour combattre des rites païens qui vouaient à l’ours des cultes d’une concurrence impardonnable, a remplacé toutes les fêtes du calendrier (*) et a désigné le lion, animal plus exotique et moins controversé, comme nouveau roi des animaux.

    (*) : par exemple le 11 novembre on fêtait l’entrée en hibernation de l’ours, l’Église l’a remplacé par la St Martin qui est un Saint des plus importants.

    Dans le magazine OLS (Offensive Libertaire et Sociale) de décembre 2009 « Nature et animalité », il y a un article très intéressant sur l’ours dont le titre est « Quelle place pour l’ours ? », p.20.

    Vu que ce bon numéro n’est pas encore disponible en ligne, du coup je recopie ici une partie du texte, mais je ne peux que vous encourager à lire leur très bon dossier en le commandant ( http://atheles.org/offensive/numeros/offensiven24/index.html )

    On y apprend, le rôle du prédateur rapporté par l’historien Reynes :

    Dans un village pyrénéen, en 1852, un ours énorme a dévoré un vache et en a blessé une autre.
    « La rumeur lui trouve une compagne et toute une dynastie »
    Mille traqueurs et deux cents chasseurs se retrouvent sur la place du village à deux heures du matin.
    Mais, après la battue, le journaliste qui conte l’évènement apprend que « L’ours ne les avait jamais visités ».
    Pour l’historien on voit bien là que la battue avait une autre fonction que de tuer des ours…
    en cas de tensions dans la vallée, définir un ennemi commun et le combattre ensemble permettait de resserrer les liens et d’apaiser les relations.
    au besoin, les dégâts étaient exagérés, ce qui rendait la battue plus urgente encore.
    La journée ne se terminait pas sans un banquet, bien entendu.

    On voit clairement le rôle de bouc émissaire que l’ours a eu à cette époque.

  4. Mercredi dernier, les Estivales du Pays de l’Ours à Arbas, ont permis aux partisans du renforcement de se rencontrer et d’échanger , toujours dans l’incertitude quant aux propositions que doit faire Chantal Jouanno.
    Un « individu saugrenu » (selon sa propre définition) représentait le Comité écologique ariégeois, et il a parlé simplement de l’action qu’il menait en tant que citoyen pour « protéger les espèces et les espaces », c’est sans doute un bon résumé de ce que nous essayons de faire, avec plus ou moins de bonheur.L’ours est un magnifique symbole de ce combat quotidien.

  5. @ Lionel,
    C’est vrai; le 11 novembre on fêtait les ours qui hibernent???
    Je ne savais pas que c’était le roi des animaux; près de chez moi; il y a un carnaval des ours; je vais un peu aller fureter pour connaitre son origine…

    Moi je connais l’origine des teddy bear; mais c’est d’un triste cette histoire de « chasse présidentiel »…

    Il faut y aller; il y a des pays où on cohabite avec; je ne vois pas pourquoi ce ne serrait pas possible en France; il faut le faire connaitre encore et encore… Les gens on peur parce qu’ils ne savent pas(ou plus!) ce que c’est!
    J’imagine bien que se doit-être impressionnant d’en croiser un; mais ici il y en a une trentaine; je ne vois pas comment on pourrait arriver à en croiser un sans le chercher!

  6. @Sylviane :

    « Il fallait en effet tout le prestige de Martin (*), de ses miracles et de sa légende pour venir à bout d’un fête ursine particulièrement résistante »

    « Progressivement, l’exemple de la Gaule fut imité dans une bonne partie de l’Europe de l’Ouest : le 11 novembre, ancienne fête célébrant l’hibernation de l’ours, devint presque partout la Saint-Martin, date clé du calendrier hagiographique, économique et populaire ».

    in Michel Pastoureau, « L’ours histoire d’un roi déchu », 2007 p.144.

    (*) immense Saint, à la fin du Moyen-, quatre mille églises du royaume de France lui étaient consacrées.Âge

  7. Il me semble que, dans nombre d’histoires, les ours portent le nom de Martin.
    Petit pied de nez à cette fête de l’hibernation oubliée et remplacée par celle consacrée à un Saint éponyme ?

  8. Heu; Lionel; je ne sais même pas ce que sont les miracles de Saint-Martin 😉
    Mais ça n’a pas d’importance!

    C’est pas déjà un miracle en soit; de dormir tous l’hivers; de se réveillier avec des bébés; de se tenir debout; et de manger de tous???
    L’ours devait être vénéré parce qu’on lui ressemble un peu…Et puis quel indicateur des saisons pour nos ancêtres agriculteurs…

    Bon je sais qu’on a remplacés des fêtes dites « païennes » par des fêtes religieuse; mais elles persistent…Chez nous on a les feux de la saint-jean…On fête le pritemps quoi; puisque Saint-Jean n’est plus si populaire 😉
    Cette année ou l’hivers fut long; j’était particulièrement contente d’y participer…Le feu n’a pas pris facilement; le bois était trop mouillier…Les anciens disaient que lorsque le feu ne prennait pas bien; l’hivers n’était pas fini…Cette année il s’est prolongé jusqu’en mai…
    Et je pense que plus personnes ne crois que Jesus soit née un solstice d’hivers…Creusont un peu nos traditions; nous retrouverons nos fêtes qui nous liait à la vie!

  9. loin des Ours mais terrible!

    La nappe de pétrole s’étend déjà au minimum sur 435 km² dans la mer Jaune. L’injection d’un produit chimique dans un oléoduc serait à l’origine de l’explosion.
    Une réaction chimique serait à l’origine de la marée noire la plus inquiétante qu’affronte la Chine depuis ces dernières années. L’injection dans un oléoduc de produits chimiques destinés à enlever le souffre du brut aurait causé l’explosion du pipeline vendredi dernier dans le port de Dalian, au nord-est du pays, a révélé vendredi l’administration. En effet, la manœuvre a lieu juste après qu’un pétrolier terminait de déverser dans le pipeline sa cargaison de brut. Cette erreur a provoqué la fuite en mer Jaune de 1500 tonnes de pétrole. Au fil des jours, le gouvernement a revu à la hausse son estimation de l’étendue de la marée noire, passant de 183 à 435 km². Mais selon le Shenyang ….suite sur figaro.fr
    Plus de 23 tonnes de bactéries mangeuses de pétrole ont été déversées ;

  10. Hello,

    L’ours est il dangereux pour les hommes?Nennnnni….

    Et les accidents de chasse,alors?

    Bon samedi-dimanche,gros bisous,Léa.

  11. Je te salue aussi, Fabrice, en t’assurant d’être une fois de plus demain, droit debout sur mes pattes de derrière !

    Assez partant aussi pour une sortie de terrain avec Yves…

    Amitiés

  12. chez nous à cluny, c’est une foire qui lui est dédiée: à saint Martin, mon fils Ours (arthur) sera heureux de savoir que sa fête est le 11 novembre.

  13. Jouanno, la desespérée d’il y a quelques mois:
    Elle doit effectuer lundi une visite à Toulouse sur ce thème sensible, qui suscite la colère des éleveurs (à mort!les ours!)et la mobilisation des organisations écologistes.

    « Je ne souhaite plus, comme on l’a fait il y a quelques années, parler de réintroduction d’ours, car cela a entraîné de fortes réactions de rejet dans les Pyrénées », déclare Chantal Jouanno dans un entretien au Parisien/Aujourd’hui en France.
    La secrétaire d’Etat française à l’Ecologie, Chantal Jouanno, veut limiter la réintroduction d’ours dans les Pyrénées, qui ne sera plus systématique…:
    « Il y a eu trop de problèmes, de heurts, de crispations locales lorsqu’on a imposé aux Pyrénéens un renforcement de la population d’ours en 2006. C’est néfaste pour l’écologie, qui ne se résume pas à ces symboles, ajoute-t-elle. Mais il n’est pas question non plus de laisser la population d’ours s’éteindre ».

    ménager la chèvre et le chou! c’est pas facile!

  14. Bon ben voilà…
    Désolé mais les maigres espoirs étaient vains. La Jouanno a parlé. L’ours disparaîtra tranquillement, petit à petit.

  15. Bonjour,

    Pyrénées: la population d’ours sera « conservée, pas renforcée ».

    TOULOUSE – La population d’ours dans les Pyrénées -de 19 à 22 actuellement- ne sera pas renforcée, mais de nouveaux lâchers interviendront si un ours vient à disparaître, a annoncé lundi la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Chantal Jouanno.

    Une ourse sera introduite dans le Béarn, pour remplacer l’ourse Franska, tuée lors d’un accident de la circulation en 2007, mais pas avant 2011.

    « L’objectif est de conserver une population viable, c’est à dire qui se reproduit, sans besoin d’introduction », a déclaré Chantal Jouanno face aux membres du Comité de massif des Pyrénées.

    « Chaque ours sera remplacé », a-t-elle ajouté, et de la même manière si le suivi des experts met en évidence un taux de natalité trop faible pour assurer la sauvegarde de l’ours brun.

    Chantal Jouanno avait déclenché en janvier la colère des anti-ours -principalement des éleveurs qui dénoncent les attaques de troupeaux- en annonçant qu’il y aurait de nouvelles « réintroductions ».

    (©AFP / 26 juillet 2010 12h35)

    🙁

  16. Elle a dit non,Jouanno,,cette femme est immonde,elle a dit non,en résumé, et oui aux chasseurs,si un tué on le remplace,no comment,incapable de quitter le navire,sans conviction,je m’y attendait,demission elle connait!!

  17. Chantal Jouanno s’est donc dégonflée (voir l’actu).Pas étonnant de la part de ce pouvoir qui où sont les bulletins de votes amis. Une preuve de plus que le « Grenelle » pourtant porté aux nues par une foultitude d’associations, n’aura été qu’une farce de plus à mettre au bilan du septennat de Sarko.

  18. Que dire de cette nouvelle attendue tombée le 26 juillet ?

    A force de vouloir ménager l’ours et la brebis, on va à l’encontre de sa mission. Je crois que j’ai rarement lu des propos aussi inacceptables dans un même discours :
    – l’ours est un détail
    – on enfermera les mauvais élèves dans des zoos
    – les ours sont assez nombreux pour assurer la survie de l’espèce en France…

    Aujourd’hui, je suis amère.
    Tout ce que j’espère, c’est que la plainte devant l’Europe sera récompensée par une condamnation exemplaire et que tous les contribuables français pourront remercier la poignée d’ultrapastoraux pour leur action et le gouvernement pour son désintérêt.

    Madame Jouanno, vous rejoignez le groupe des politiques qui privilégient leur carrière sur l’action !

    Alors, que nous reste-t-il à faire ?

    A mon avis, toutes les associations doivent se mobiliser CONTRE la réintroduction d’une seule femelle et dénoncer ENCORE une fois cette arnaque devant la com. européenne.

    L’argent de l’ours sert à tout sauf à la conservation de l’espèce. Demandons donc à l’Europe de fermer le robinet et réclamons une condamnation de la France.

    Idem pour les indemnisations. Depuis des années nous réclamons que les aides soient conditionnées par la signature d’un contrat pour favoriser la cohabitation. Certaines associations ne voulaient pas en entendre parler. Aujourd’hui, fin de toutes les indemnisations. S’ils ne veulent pas d’ours, qu’ils rendent l’argent qu’ils ont perçu et qu’on en finisse avec les aides indirectes (héliportage et compagnie).

    En croyant ménager tout le monde, Jouanno ne fera que ressortir la hache de guerre. Personnellement, ça me scandalise qu’en France on ne supporte pas de vivre avec 20 ours alors que je suis maintenant en Roumanie où les gens vivent avec des milliers d’ours et cohabitent avec le loup… et l’élevage est très développé dans ma région !

    Vraiment, je crois qu’on doit tous faire front pour refuser cette réintro ridicule en 2011 et exiger du Sinistère (y’a pas de faute de frappe) une réponse claire :

    – un vrai plan ours

    ou

    – l’abandon de l’espèce

    L’entre deux n’est plus à l’ordre du jour.

  19. Bonjour,

    merci pour votre article, remis en lumière ce matin par la « décision » de Chantal Jouanno d’arrêter la réintroduction, à la grande joie des anti-ours (mais pourquoi ne disent-ils pas ‘anti-vie’ tout simplement, ça irait plus vite). Totémique est cet animal pour moi, triste je suis. Envie de me rouler en boule dans un caverne en attendant le printemps des idées…

  20. Hum… je me demande s’il faut insister et poursuivre la réintroduction dans un tel contexte où la vie de l’animal transplanté est menacée.
    Le contexte environnemental et social dans les Pyrénées est-il maintenant adapté à la présence d’une population d’ours viable ?
    Ne vous y trompez pas, je ne suis pas un anti-ours.
    Juste un militant écologiste de longue date qui se demande si la limite de l’acceptable est atteinte…

  21. Bonjour,

    Est ce que tout va bien?
    Cher Petit poucet Fabrizio aurait il perdu le chemin pour rentrer a sa maison?

    Un petit coucou,signe de vie,merci.

    Bises,Léa.

Répondre à petitefa Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *