Archives de catégorie : Mouvement écologiste

Putain, ces gens me rendent malade (sur le nucléaire)

Je manque affreusement de mots pour dire le dégoût que m’inspirent nos politiciens. Je parle bien entendu du désastre nucléaire en cours, qui me mène chaque quart d’heure au bord des larmes. Oui, sincèrement, j’ai envie de pleurer. Et qu’on ne me vienne surtout pas m’emmerder avec cette antienne du « tous pourris », censée écarter la critique radicale de ce monde exténué, et d’ailleurs perdu. Avant d’être pourris – et certains le sont, plus nombreux qu’on ne l’écrit -, ces gens sont des imbéciles. De purs connards, qui ne comprennent rien, et d’ailleurs s’en foutent, car leur intérêt d’individus dérisoires est ailleurs. En février 2007, tant Ségolène Royal que Nicolas Sarkozy, alors candidats à l’élection présidentielle, répondirent n’importe quoi à une question du journaliste de RMC Jean-Jacques Bourdin. Et la question était tout de même de savoir le nombre de sous-marins d’attaque nucléaires dont disposait alors la France. Misère ! Sarkozy montra au passage, pour faire le compte, qu’il ignorait tout des différences entre musulmans sunnites et musulmans chiites, clé pourtant, parmi quelques autres, de la situation politique mondiale. Il n’y a rien à attendre. Il faut renverser, et refonder.

À propos de l’horreur nucléaire japonaise, je dois confesser que j’ai en moi des pulsions extrêmes. Ce n’est pas la gloire, mais c’est un fait. Jack Lang, désastreux personnage entre tous, sur LCI :« Un peu de calme, un peu de responsabilité, c’est un sujet trop grave pour que ce soit source d’affrontements entre politiciens (…) L’énergie nucléaire est une énergie pacifique, une énergie non polluante, une énergie qui représente pour l’économie française, je crois, 30% de son énergie, on ne va pas d’un coup d’aile ou d’un coup de main écarter cette source d’énergie ». Comment réussir à dire autant de conneries en si peu de phrases ? J’avoue ne pas le savoir. J’aimerais mieux que Lang explique dans quelles conditions sa femme Monique a pu être salariée par la Lyonnaise des Eaux, et pour quoi. Et pourquoi Google garde-t-il si peu de traces de cet événement pourtant si éclairant.

Côté droit, l’ancien ingénieur agronome Pierre Méhaignerie, ancien ministre UMP, vient de déclarer des choses qui lui ressemblent, et ce n’est pas un compliment. Sur le Talk Orange/Le Figaro : «Un référendum n’aboutirait pas à grand-chose parce qu’à un problème complexe, on ne peut pas répondre par une réponse simple ». Et j’arrête là, car je veux dormir un peu cette nuit. Aucun, aucun politicien de droite ou de gauche ne peut nous aider dans cette tache historique : abattre les féodalités de l’énergie, abattre le corps des ingénieurs de Mines, sortir du nucléaire, imposer à l’industrie des process qui divisent par cinq la consommation unitaire d’énergie.

Il est clair à mes yeux que le moment arrive de sortir à l’air libre. Et d’agir. Nous nous le devons. Nous le devons à nos enfants. Nous le devons au Japon crucifié. Nous le devons à l’humanité.

Un grand rassemblement cet été (sur l’énergie)

Je ne sais si cette idée aboutira, mais nous sommes quelques-uns à en discuter. Il s’agirait d’organiser cet été un très grand rassemblement – 100 000, 200 000, 300 000 personnes ? – à la fois festif et infiniment sérieux. Centré sur la question des gaz de schistes, ce rendez-vous s’ouvrirait, par force, à la tragédie du nucléaire et aux questions de l’énergie en France. Il serait, il pourrait devenir la pierre de touche d’un immense débat national sur l’énergie. Pas les conneries habituelles de la Commission nationale du débat public (CNDP). Non, non ! Bien plutôt l’irruption de la société dans le lieu décisif où se prennent en son nom les décisions les plus folles.

Ce rassemblement serait mondial, et inviterait à la fois des Chinois et des Africains, des Latinos, des Européens de partout. On y dirait enfin, ensemble et dans la liberté, ce dont nous avons besoin. Quels sont nos vrais besoins énergétiques, et comment nous entendons les satisfaire. Sans le nucléaire, cette industrie atroce, insupportable, folle et criminelle. Sans les combustibles fossiles qui sont en train de ruiner l’équilibre climatique. La voie est étroite ? Elle l’est. On ne la distingue pas même. Mais c’est la seule que je suis capable d’entrevoir. Si vous adhérez à ce projet, je vous en prie, réagissez. Car pour l’heure, il est dans les limbes. Il ne peut advenir qu’avec vous, il ne peut se produire que si nous nous y mettons tous ensemble. Merde aux tenants de la mort industrielle ! Merde au nucléaire et à ses sbires !

Qui a tué l’écologie ? (un livre à paraître)

Le 16 mars prochain paraît aux éditions LLL un livre intitulé : « Qui a tué l’écologie ? ». Il est de moi. J’ai grand besoin de vous.

Ceci est de l’autopromotion. Je vous dois une explication, car si certains me connaissent, la plupart ignorent qui je suis. Je suis un militant écologiste de longue date, mais je ne suis pas dans les clous. Je crois, comme je l’écris ici depuis des années, que la crise écologique est le cadre de la pensée humaine. Ce n’est pas un choix, c’est une réalité. Nous sommes confrontés à l’impensé radical, peut-être à l’impensable. Moi, je veux croire malgré tout à la vie, dans sa splendeur. Je ne peux plus changer, ni ne le souhaite : je postule que tous les êtres humains sont égaux. Je réclame leur liberté. Je proclame leur fraternité. Mais comme ce n’est pas à mes yeux une blague inscrite au fronton de nos mairies, je me situe du côté des grands humiliés de la terre, des affamés perpétuels, de ceux sur qui ce monde pisse du matin au soir.

Et j’y ajoute tout ce qui vit. Car la vie ne saurait être découpée. Elle est. L’homme n’a nul droit de faire disparaître la moindre espèce, aussi futile qu’elle lui paraisse. En outre, s’attaquer à quelque forme que ce soit, c’est s’attaquer au principe lui-même. Qui tolère la mort des abeilles ou des chauves-souris prépare les grands désastres humains de demain. Je plains les aveugles qui nous conduisent, car ils nous mènent à l’abîme. Je ne les plains pas, à la vérité, car leurs yeux brillent du feu de la rapacité, et de la si complète sottise qui l’accompagne.

Ce préambule pour vous dire que l’autopromotion qui suit n’est pas de nature commerciale. Je pourrais gagner de l’argent. Au lieu de quoi j’ai écrit ici en trois ans et demi près d’un millier d’articles, pour lesquels j’ai dû payer de mon temps, et du reste. Et qui n’ont rien coûté à ceux qui les lisaient. Je l’ai fait avec bonheur, mais qu’au moins on m’accorde ce crédit-là. J’écris des livres pour faire avancer les idées auxquelles je crois. Pas seulement sans doute, mais surtout, je le pense. Et j’ai besoin de votre aide active, si vous me la concédez. Car l’ouvrage que je vous présente ci-dessous n’a qu’une seule chance : le bouche-à-oreille. Peu de journalistes en relaieront l’existence, pour des raisons que j’aurai l’occasion de détailler une autre fois. Par ailleurs, il a de fortes chances de mettre en colère quantité de petits marquis, éventuellement écologistes. En revanche, je vous tiens collectivement pour la chance de ce bouquin.

Je ne vous demande aucunement de me faire confiance a priori. Je vous demande d’enregistrer que ce livre sort le 16 mars prochain, aux éditions LLL. Je vais reproduire ce qu’on appelle dans le jargon la quatrième de couverture, qui est une très courte présentation, suivie de la couverture elle-même. Si vous jugez le sujet digne d’intérêt, je vous en prie instamment : faites circuler dans vos carnets d’adresse. C’est tout bête à écrire, mais vrai ô combien : j’ai besoin de vous.

La quatrième de couverture :

Ce livre va faire mal, parce qu’il décrit ce qu’est devenu le mouvement écologiste officiel, celui des salons dorés, des petits-fours, des photos de groupe devant les palais officiels. Ce livre va faire mal, parce qu’il révèle pour la première fois l’histoire, les histoires, les coulisses. On peut donc le lire comme un roman vrai, un polar implacable, rempli de personnages aussi étonnants qu’Anton Rupert, l’un des véritables fondateurs du WWF International.

Mais l’acte d’accusation vise bien au-delà la « bande des quatre » qui s’est autoproclamée représentante de la société française. Et qui a décidé de se soumettre aux ruses et risettes de l’État français, Nicolas Sarkozy, Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet en tête. Certes, il existe de nombreuses différences entre le WWF, Greenpace, la Fondation Nicolas Hulot et France Nature Environnement (FNE). Ce document rend à chacun ce qui lui appartient.

Mais au total, le bilan est désastreux. Alors que les mêmes clament que la planète est en perdition – et elle l’est -, ils préfèrent compromis et compromissions, tapes dans le  dos et décorations. Dernière dérobade : l’affaire des gaz de schistes, qui exigerait pourtant une mobilisation immédiate. « Qui a tué l’écologie ? » ne se contente pas de poser une question, mais y répond. Le livre a été écrit par un écologiste engagé depuis des décennies dans le combat pour la vie sur terre. Il appelle à un sursaut historique, seul capable de nous aider à faire face à la crise écologique qui arrive. Qui est déjà là. C’est donc un cri d’espoir. Et un appel majeur.

Et la couverture:

Qui a tué l’écologie ?

Un article d’Arrêt sur images (sur les gaz de schistes)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Après accord du site Arrêts sur images (ici) – merci -, je publie ci-dessous l’enquête signée Sébastien Rochat. Elle rebondit sur le papier de Planète sans visa dont le titre était : « La bande des Quatre se fout des gaz de schistes ».

Gaz de schiste : pourquoi les écolos officiels ont réagi avec retard
WWF, FNE, Greenpeace et la fondation Hulot répondent

« La bande des Quatre se fout des gaz de schiste ». L’accusation de Fabrice Nicolino, journaliste et auteur de nombreux ouvrages sur l’écologie, est directe : WWF, France Nature environnement, Greenpeace et la Fondation Nicolas Hulot ne seraient pas suffisamment mobilisés contre les gaz de schiste, dont la technique d’extraction est particulièrement polluante. ??On avait déjà constaté qu’une bonne partie de la presse était passée à côté de ces gaz de schiste alors que l’exploration avait été autorisée en France par le ministère de l’Ecologie en mars 2010.

Mais comment expliquer que les grandes associations écologistes ne se mobilisent que mollement ? A la tête de la contestation, on trouve en effet des groupes locaux, le député européen José Bové, mais pas ces associations écologistes, plutôt en retrait. Pour Nicolino, qui a été le premier à sonner l’alerte en octobre dernier, ce silence coupable est lié aux structures mêmes de ces associations : trop proches du pouvoir, des industriels ou simplement paralysées par leur bureaucratie. Face à ces accusations, les associations avancent plutôt leur spécificité pour justifier leur temps de réaction.

C’est par lui que l’affaire des gaz de schiste a éclaté en France. Comme nous vous l’avions expliqué, dès le mois d’octobre 2010, le journaliste Fabrice Nicolino avait publié un article dans Charlie Hebdo pour dénoncer les permis d’exploration de gaz de schiste octroyés en catimini par Jean-Louis Borloo en mars 2010. C’est Nicolino qui avait alerté José Bové, devenu par la suite le porte-voix de cette mobilisation jusqu’alors locale.

Après la période d’alerte et le moratoire décrété par le gouvernement, l’heure est visiblement aux règlements de compte. Sur son blog, Nicolino, qui doit publier un livre sur les associations écologistes, accuse ces dernières de ne pas être engagées dans ce combat contre le gaz de schiste. Ou du moins de le faire avec un retard suspect et un impact limité. Se disant « écœuré » par l’inertie de WWF, France Nature environnement, Greenpeace et la Fondation Nicolas Hulot, Nicolino attaque fort.

Un membre de WWF était censé participer à une réunion des industriels du gaz de schiste

Première association sur le banc des accusées : WWF France. Le 31 janvier, Nicolino annonce que des politiques et des industriels du gaz de schiste doivent se réunir à l’hôtel Marriott à Paris. « Les transnationales du pétrole et du gaz veulent mettre la France et l’Europe en coupe réglée, et tuer ce qui reste encore à peu près vivant » accuse Nicolino qui révèle au passage la participation d’un certain Stephan Singer à cette réunion, « le responsable de la politique de l’énergie au WWF, cette association internationale qui n’a plus d’écologiste que le nom ». Que venait faire le WWF à une réunion d’industriels du gaz de schiste ? Mystère. Mais Nicolino assure que « le WWF des États-Unis, lié de fort près à l’industrie, n’a rien tenté pour contrarier la réalisation des 500 000 puits de forages existant là-bas ».

Trois jours après les révélations de Nicolino, hasard ou coïncidence, Serge Orru, le directeur général du WWF France consacre sa chronique dans Terra Eco au gaz de schiste pour s’y opposer fermement et encourager la signature de la pétition « Gaz de schiste : non merci ! » lancée le 11 janvier. Mais pour Nicolino, c’est un peu court : « La bagarre est en route depuis au moins deux mois en France, et le WWF, qui dispose de moyens financiers très importants, ne fait strictement rien ».

WWF n’intervient sur le gaz de schiste qu’en février

Contacté par @si, Orru répond point par point. D’abord sur la présence d’un responsable de WWF à une réunion d’industriels du gaz de schiste : « Ce n’est pas vrai, Singer n’a jamais été à cette réunion. Il a refusé cette invitation, il n’y est pas allé. Il était bien dans le programme, mais en petit ». Selon lui, les organisateurs ont mis son nom alors qu’il n’avait pas donné suite à cette invitation sentant le piège.

A propos du retard à l’allumage du WWF dans la mobilisation, Orru explique : « On ne peut pas être sur tout. C’est clair et net, nous sommes contre. Peu importe que Nicolino ait avancé le thème avant nous, l’important, c’est qu’on se coalise. En France, les industriels se régalent des divisions des écologistes ». En l’occurrence, le WWF n’est pas la structure forcément la mieux adaptée pour lancer des alertes de ce type : « Lorsque vous faites un budget, il est clos six mois à l’avance, vous définissez vos actions à ce moment-là. On ne réagit pas en fonction de ce que fait la presse, explique-t-il. Il faut une stratégie, ce n’est pas simplement de l’incantation. Il y a l’alerte mais surtout la proposition d’alternative, et pour ça, il faut une expertise scientifique. Tous les jours, je reçois 5 à 6 coups de téléphone pour des combats locaux, des demandes de soutiens financiers pour telle ou telle cause. Mon boulot, c’est d’éviter la dispersion. Aujourd’hui, il n’y a pas une équipe qui travaille sur les gaz de schiste. Par contre, nous sommes engagés contre les extractions de pétrole. Toute extraction est dangereuse pour l’environnement, notamment l’extraction en mer, ce qui est le cas au large de Marseille ».

S’agissant du WWF Etats-Unis, Serge Orru assure qu’ils « sont opposés au gaz de schiste, il y a suffisamment de dégâts pour l’être ». Etant donné la puissance de feu du WWF outre-Atlantique, on peut tout de même s’étonner de la facilité avec laquelle 500 000 puits ont été creusés. Mais Orru assure que le WWF France est mobilisé : l’association demandera « que les candidats à la présidentielle interdisent la fracturation hydraulique », technique d’extraction du gaz de schiste.

????Pourquoi Greenpeace n’a pas organise de campagne nationale??

Greenpeace est la deuxième association écologiste pointée du doigt par Nicolino : « Dans cette association verticaliste, nul ne bouge tant que la bureaucratie internationale qui dirige tout depuis Amsterdam ne le décide, s’agace-t-il. Et, donc, Greenpeace France ne fait rien. Encore bravo, les vaillants défenseurs de la planète ! »??Greenpeace a pris position contre les gaz de schiste, dans un article publié sur son site le 13 janvier 2011, c’est-à-dire au moment où l’affaire avait déjà éclaté médiatiquement. Pourquoi pas avant ?

« On ne peut pas ouvrir des fronts sur tout, on est sollicité tous les jours par nos adhérents, nos associations, on a beau être une grosse association, on ne travaille pas sur tout, se défend Sylvain Trottier, chargé de communication de Greenpeace sur le pétrole. On a une expertise sur le pétrole, à l’international et en France, mais pas sur le gaz ». Trottier avance aussi une autre raison, plutôt curieuse. Ce serait une question de stratégie : « On ne va pas se mobiliser uniquement sur des problèmes locaux ». Et Trottier de donner un exemple bien connu des @sinautes : « sur les algues vertes, on n’a pas développé de campagne car c’est très localisé, ça ne s’inscrit pas dans une campagne plus large. Or, pour nous, les enjeux doivent être locaux et globaux. On essaye de faire campagne avec plusieurs pays en même temps, car avec cette logique globale, on a plus d’influence ». Et ce ne serait pas le cas du gaz de schiste ? Alors que les Etats-Unis ont développé cette technique depuis près de dix ans, que les dégâts écologiques sont connus et que les industriels se ruent maintenant vers l’Europe ?

« A propos du gaz de schiste, on s’est demandé si c’était aussi grave que le pétrole, tente de se justifier ce responsable de Greenpeace France. Mais les choses ne se font pas en deux jours. Et en général, en France, les associations locales n’aiment pas que ce soit récupéré par des grosses associations ». Pour autant, il soutient que Greenpeace n’est pas absent du débat : « on a une campagne internationale sur le pétrole non conventionnel [dont fait partie l’huile de schiste]. Pour nous, c’est notre priorité parce qu’on construit nos campagnes de manière globale ». Greenpeace centre plutôt sa campagne sur la dépendance au pétrole

A France Nature Environnement : « avant de sortir un truc, on vérifie

« ??Dans « la bande des Quatre » dénoncée par Fabrice Nicolino, il y a également France Nature Environnement, qui rassemble près de 3000 associations réparties sur l’ensemble du territoire. Cette structure délocalisée apparaissait comme la plus à même de faire remonter les contestations au niveau local. Et pourtant, Nicolino accuse le FNE de n’avoir rien fait, pour des raisons politiques : FNE « qui tire sans doute plus de 65 % de ses ressources de fonds publics, joue son rôle traditionnel de tranquillisant social, si utile en ces temps troublés. Elle ne conteste pas les gaz de schiste pour ce qu’ils représentent d’évidence, elle réclame que les formes soient mises (…) Le message de FNE au pouvoir est clair : servez-nous une sauce acceptable ». France Nature Environnement, qui a participé au Grenelle de l’environnement, est-elle dans la main du gouvernement ?

« C’est un procès d’intention, la théorie du complot fait vendre du papier », dénonce Benoît Hartmann, porte-parole de France nature environnement. Et d’expliquer : « On a commencé par faire remonter les informations de nos associations locales. Dans les arrêtés, il n’était pas écrit gaz de schiste mais simplement hydrocarbures. Il a fallu faire le tri de toutes les autorisations. Ca a commencé à monter il y a un an, en Ile de France en particulier. Mais on pensait que ces associations locales nous alertaient à propos d’hydrocarbures classiques ».

FNE se prononce contre les gaz le 17 janvier

Jointe par @si, la responsable du réseau énergie, Maryse Arditi, nous explique pourquoi tout ce travail prend du temps : « Il faut être honnête, on n’était pas branché sur les hydrocarbures. Il n’y a pas d’hydrocarbures, plus de mines en France. On a tellement de sujets sur le feu ». Et l’association ne peut pas se lancer sans être certain de ce qu’il avance : « Si je suis José Bové, si je me trompe, ce n’est pas grave. Nous, avec toutes nos associations partenaires, avant de sortir un truc, on vérifie si on est tous sur la même ligne. La démocratie, ça prend du temps. Tout seul, c’est plus facile ».

En outre, comme WWF et Greenpeace, FNE explique qu’il ne peut pas être partout : « ce n’est pas de la mauvaise volonté, il y avait plus d’urgence. De mars à juin, j’ai par exemple travaillé exclusivement sur la question de l’EPR. Actuellement, je travaille sur les plans de prévention des risques technologiques. Certains particuliers vont être expropriés », explique Maryse Arditi.

Du côté de la Fondation Nicolas Hulot, qui a pris position contre les gaz de schiste sur son site avec deux articles les 3 et 22 février, on justifie la réaction tardive par le manque d’information : « On n’était pas au courant des autorisations Borloo. Comme les populations locales », nous explique-t-on. Aujourd’hui, la Fondation veut resituer l’affaire dans un contexte plus large : « Nous, notre entrée, c’est plutôt sur l’énergie. Mais c’est plus en terme de réflexion sur le long terme, le manque d’investissement dans les énergies renouvelables ».

Comme une grande partie de la presse, les gaz de schiste ont donc échappé aux radars des grandes associations écologistes. Toutes les quatre assurent aujourd’hui qu’elles suivront le dossier de près, même si elles ne sont pas à la pointe de la contestation. En attendant, au moment où le New York Times vient de révéler que l’eau rejetée par les puits de gaz de schiste était radioactive, la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a confié ce matin à Jean-Jacques Bourdin qu’elle a demandé l’abrogation des permis d’exploration de gaz de schiste à François Fillon.

Par Sébastien Rochat le 02/03/2011

Greenpeace joue et gagne (sur les gaz de schistes)

Pour signer :  http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci

Je n’ai pu me rendre à la manifestation de Doue (Seine-et-Marne) hier, à mon très grand regret. Ce rassemblement contre l’extraction de pétrole de schistes a été, me semble-t-il à distance, un beau succès. Et j’en suis bien entendu ravi. Un bémol, un vrai bémol : le jeu politicien de Greenpeace. Ceux qui ont lu mes précédents papiers sur cette association jadis écologiste comprendront mieux ce qui suit. Greenpeace, qui traîne des pieds depuis plus de deux mois, pour la raison que l’ordre d’agir n’est toujours pas venu de la bureaucratie dirigeante d’Amsterdam, a décidé en France de se faufiler dans l’immense mobilisation en cours. Grâce à des contorsions que je n’ai pas le temps de détailler.

D’un côté, nous ne serons jamais trop nombreux. Et donc, fort bien. Mais de l’autre, quelle misère ! J’ai lu des compte-rendus des journaux Le Monde, Le Figaro et Le Parisien, et à chaque fois, Greenpeace apparaît au centre de l’action, comme si, pratiquement, elle était l’organisatrice de l’événement. Cette captation ne doit rien au hasard, mais tout à une stratégie de com’ que, pour ma part, je juge déshonorante. Pour Greenpeace, cela va sans dire.