Archives de catégorie : Mouvement écologiste

Un démenti peu crédible du WWF (sur les gaz de schistes)

Je reviens sur l’article consacré hier au WWF. J’ai écrit qu’un responsable de premier plan du WWF – Stephan Singer – avait accepté de siéger ès qualités avec les industriels qui tentent de nous imposer l’extraction des gaz de schistes. J’ai reçu ce matin, de source très autorisée, un démenti auquel je ne crois pas une seconde. Mon correspondant m’écrit : « Stephan Singer n’avait pas donné son accord pour participer a cette conférence et était donc absent au Martiott ce matin ». Et moi, je lui ai répondu : « Je réponds calmement que je ne crois pas cette version. Si M.Singer est contre, si on lui a extorqué sa signature, qu’il nous livre au plus tôt un démenti officiel expliquant tous les détails. Je me ferai un plaisir d’en informer les lecteurs de Planète sans visa ».

Mais je sais à quoi m’en tenir. Certains membres du WWF sont épouvantés par les initiatives prises par leurs propres responsables internationaux, qui pactisent avec les pires ennemis de la terre. Et ils sont intervenus en catastrophe pour sauver les meubles. Cela ne durera pas. Singer n’est qu’un épiphénomène. Ou plutôt le signal d’une dégénérescence à mes yeux sans espoir.

Le WWF avec l’industrie du gaz de schiste (une honte totale)

Demain mardi 1er février et après-demain, les maîtres du monde se réunissent à l’hôtel 5 étoiles Marriott, 70 Avenue des Champs-Elysées, Paris, France. Pour discuter de leur nouvel Eldorado, qui est notre nouvel Enfer : les gaz de schistes. Ne croyez jamais les autorités, jamais ! Sarkozy et madame Kosciusko-Morizet peuvent bien prétendre ce qu’ils veulent, le coup est parti, avec leur accord. Les transnationales du pétrole et du gaz veulent mettre la France et l’Europe en coupe réglée, et tuer ce qui reste encore à peu près vivant. Attention ! Ce n’est pas une plaisanterie. C’est une agression directe contre nos vies et nos pays. Et il va donc falloir se lever d’une manière spectaculaire, inattendue, imprévisible.

Voici la liste des participants officiels :US Department of State, Ministry of Economy Poland, Polish Geological Institute, Institute of Eco-Development Poland, Ministry of Environment Poland, Ministry for Economy and Energy of North Rhine-Westphalia, Danish Energy Agency, Energy Resources Conservation Board, Alberta Canada, Ministry of Foreign Affairs Ukraine, Department of Economic Policy Poland, Ministry of National Development Hungary, Hungarian Energy Office.

Toute l’industrie sera là, bien sûr. Mais aussi, comme vous le verrez par vous même, un certain Stephan Singer. Qui est le responsable de la politique de l’énergie au WWF, cette association internationale qui n’a plus d’écologiste que le nom. Honte ! Shame on it ! Je crois très sincèrement que les masques sont en train de tomber. Il y a eux. Il y a nous. Comme l’a écrit jadis quelqu’un : « Aux barricades ! Aux barricades des cœurs et des âmes ! ».

Speakers

David L. Goldwyn
David L. Goldwyn
Special Envoy and Coordinator for International Energy Affairs
U.S Department of State
Guy Lewis
Managing Director Unconventional Gas
Gas Technology Institute (GTI)
Tony Atherton
Tony Atherton
Director Business Development Europe, Africa & Middle East
Talisman Energy
Kamlesh Parmar
Kamlesh Parmar
Country Manager Poland
Lane Energy
Maciej Kaliski
Maciej Kaliski
Director of Oil and Gas Department
Ministry of Economy Poland
Chris Hopkins
Chris Hopkins
Vice President Shale Gas
Schlumberger
Mark Reid
Mark Reid
Chief Financial Officer
Aurelian Oil and Gas
Isabelle Moretti
Isabelle Moretti
Non Conventional Gas Project Leader
Institut Francais du Petrole
Peter Cockcroft
Peter Cockcroft
CEO and Managing Director
European Gas Limited
Simon Blakey
Simon Blakey
Special Envoy
Eurogas
Alan Murray
Alan Murray
Head of New Ventures Research
Wood MacKenzie
Brian Horsfield
Brian Horsfield
Research Director
GFZ German Research Centre for Geosciences
Anne Højer Simonsen
Anne Højer Simonsen
Deputy Director General
Danish Energy Agency
Pawel Poprawa
Pawel Poprawa
Chief Specialist & Head of Petroleum Geology
Polish Geological Institute
Grzegorz Pytel
Grzegorz Pytel
European Commission Advisor and Senior Expert
Sobieski Institute
Yurdal Öztas
Yurdal Öztas
Vice President
TPAO
Attila Aydemir
Attila Aydemir
Coordinator for Unconventional Resources Project
TPAO
Alan Riley
Alan Riley
Professor City Law School
City University London
Andrzej Kassenberg
Andrzej Kassenberg
Chairman
Institute of Eco-Development Poland
Bruno Courme
Bruno Courme
Managing Director Gas Shales Europe
Total
Michael Gessner
Michael Gessner
Director of the Energy, Climate Protection and Mining Department
Ministry for Economy and Energy of North Rhine-Westphalia
Nick Grealy
Nick Grealy
Publisher
No Hot Air
Andrzej Jasinski
Andrzej Jasinski
Advisor to the Chief Inspector for Environmental Protection
Ministry of Environment Poland
Adrian Topham
Reservoir Development Services
Baker Hughes
Ambassador And?e Mernier
Ambassador And?e Mernier
Secretary General
Energy Charter
Andrew Ross
Andrew Ross
Managing Director
Elixir Petroleum
Brian Horn
Director of Geology
ION ISS
Craig McKenzie
Craig McKenzie
President and CEO
Toreador Resources
George Eynon
George Eynon
Board Member
Energy Resources Conservation Board, Alberta Canada
John Corben
John Corben
Senior Technical Advisor
International Energy Agency
Michal Zielinski
Michal Zielinski
Journalist, RFM FM Poland & formerly journalist
BBC
Nathan Meehan
Sr. Executive Advisor
Baker Hughes
Nina Bowyer
Partner – Global Energy Practice
Herbert Smith LLP
Stephan Singer
Director Global Energy Policy
WWF
 
Tomasz Maj
Tomasz Maj
Country Manager and VP
Talisman Energy Poland

Sur l’anarchie (Pour Laurent et tous autres [éventuellement] intéressés)

Je réponds ici en vrac, et en bien peu de lignes, à des interrogations qui ne cessent de renaître sur Planète sans visa. Souvent gentiment, parfois de manière comminatoire, on me demande mon avis. On m’interpelle, on me soumet des arguments, des questions, on souhaiterait que je réponde à tout et au reste. Je laisse de côté ceux qui pensent ainsi me coincer, et démontrer je ne sais quoi à mon encontre. Je ne peux rien pour eux, ils ne peuvent rien contre moi. Si j’étais à leur place, ce qu’à Dieu ne plaise, je passerais mon chemin. Il y a tant de belles choses à faire !

Quant aux autres, que je considère comme des lecteurs, et avec qui j’entretiens, fût-ce à distance, des relations de compagnonnage et de fidélité, je leur dirai simplement la vérité. En premier lieu, je n’ai pas le temps. Matériellement parlant, ce rendez-vous me prend du temps et de l’énergie. Bien moins qu’à une autre époque, mais encore beaucoup. J’en suis ravi, évidemment, mais c’est un fait. Or le temps nous est à tous compté. Et je réalise bien des choses dont je n’ai aucune raison de parler ici. En somme, je fais rigoureusement ce que je peux. Et si je ne réponds pas à vos attentes, j’en suis désolé, mais c’est inévitable. Chacun à sa place, comme il peut, et pas au-delà.

Il est un autre point que j’ai déjà abordé et qui reste central. Je n’ai réellement rien d’un gourou, et j’ai toujours détesté l’autorité, la hiérarchie, les chefs. À un point qui devrait faire peur à M. Mélenchon et à ses amis, qui me bassinent ici jusqu’à plus soif. Je ne crois pas à l’anarchie en tant que système politique, à mon grand regret. Mais j’aime follement, et depuis ma jeunesse – malgré mes contradictions, nombreuses – cette admirable philosophie de la liberté. Même si l’écologie est et restera la seule grande affaire politique de ma vie. Disons que je suis un écologiste fervent, et que je combats comme je peux, chemin faisant, toute soumission à l’autorité. Je vois que ce trait si pesant, fort bien décrit jadis par Stanley Milgram, est l’un des ressorts les plus puissants des catastrophes provoquées par l’homme. Chacun doit donc penser, aidé de ses lectures, encouragé par ses rencontres, mais en restant ce qu’il est. Pour ma part, j’ai la claire conscience et le vif contentement de n’être qu’un atome de la vie, tourneboulé comme nous tous par des forces incommensurables. Je suis un écologiste habité, éclairé de l’intérieur, par ce grand rêve humain qui signifie la vraie liberté. L’anarchie, oui.

Et pourquoi pas Jean-Louis Borloo (Arrest him) ?

Et si on faisait un concours doté d’un prix véritable ? Et s’il s’agissait de tenter d’arrêter l’un de nos politiciens favoris ? Allez, je vous raconte : il existe en Grande-Bretagne un jeu qui fait fureur – au moins sur le Net – et qui s’appelle Arrest Blair (ici). Les règles en sont strictes. Évidemment, toute violence est proscrite. Pour gagner le quart du pot existant au moment où quelqu’un estime avoir réussi, il faut avoir essayé, symboliquement, une interpellation de Tony Blair, ancien Premier ministre, pour crimes contre la paix. Ce charmant homme a lancé son pays dans l’invasion de l’Irak en mentant, tel un arracheur de dents, sur l’existence d’armes de destruction massive dans l’arsenal de Saddam Hussein. Il faut également des témoignages et des traces écrites ou filmées dans la presse. Ce qui me semble assez juste. L’émulation est saine.

Moi, je crois que l’on s’amuserait bien en France si l’on savait faire de même avec quelques-uns de nos préférés. Je pense immédiatement à Jean-Louis Borloo, que les écologistes officiels et de salon ont propulsé sur la scène médiatique depuis le si funeste Grenelle de l’Environnement. Il en est bien d’autres, y compris des dames, mais Borloo me plaît décidément. Ministre de l’Écologie, officiellement en première ligne dans la lutte contre la crise climatique, il a signé le 1er mars 2010 des autorisations d’exploration en vue d’exploiter en France des gaz de schistes. Des dizaines de milliers de km2 sont concernés, et si les marchands, en cheville avec nos damnés politiques, parviennent à leurs fins, c’en sera fini, bien sûr de la loi de 2005 sur l’énergie. Laquelle prévoit de diviser par quatre au moins nos émissions de gaz à effet de serre.

Le triomphe des gaz de schistes, voulu et contresigné par Borloo, signifierait évidemment la fin de ces promesses qui n’engagent que ceux qui les croient. Et même la fin de toute négociation internationale, car si un pays riche comme la France augmente massivement ses émissions, tout autre pays se sentira autorisé à le faire. Je crois pouvoir écrire que la signature de Borloo qualifie un crime écologique. Et je suggère donc respectueusement à qui en aurait le temps et l’envie de se pencher sur la création d’un site Internet sur le modèle de nos amis british. Tiré du Blues parlé du syndicat, adapté de Woody Guthrie par Béranger : « Enfin ce que je vous en dis…Prenez-le comme vous voulez ! Mais faites-le ».

Ce qu’Obama nous dit de la France

La situation aux États-Unis annonce exactement ce qui se passe et se passera en France.

Rappelons aux oublieux, nombreux ce me semble, que la crise écologique planétaire est notre destin. Nul n’y échappera. Elle devrait conduire nos politiques, en Europe comme ailleurs, depuis des lustres, mais elle en est absente. Totalement. Sans être décisive, la responsabilité des écologistes officiels, estampillés et même régulièrement décorés, est engagée. Je parle là du WWF, de Greenpeace, de la fondation Hulot et de France Nature Environnement (FNE). Quant à Europe Écologie, dont bien des lecteurs de ce blog sont des électeurs, je ne vois aucune raison de ne pas lui appliquer le même traitement.

La crise écologique, c’est maintenant. Pas quand on aura accumulé tant de forces, dans 5600 ans, que l’on pourra enfin mener les affaires autrement. Maintenant. Ou nous sauvons une partie des équilibres écosystémiques, ou ils disparaîtront. Et nos sociétés d’opulence ne survivraient pas à la perte d’incommensurables services rendus gratuitement. N’insistons pas, en ce début d’année 2011, sur les conséquences hautement probables qui s’ensuivraient. Je veux en tout cas vous parler du cas Obama. J’ai écrit ici, en novembre 2008, plusieurs articles pour dire que je ne misais pas un cent sur le mandat du nouveau président Obama. Ce qui m’a valu – je ne m’en plains aucunement – de nombreux courriers de protestation. Vous pouvez relire ce que j’écrivais alors, car je n’en retire pas un mot. Le premier papier, celui du 5 novembre, résume bien mon propos (ici).

Nous sommes le 5 janvier 2011, plus de deux ans après, et Obama n’a rien fait de réellement important. Le peu qu’il a tenté – une réforme de la santé que nous jugerions ici insultante – risque d’être détricoté par la nouvelle majorité républicaine du Congrès. En deux mots, elle entend opérer des coupes drastiques dans tous les budgets publics, notamment dans ceux de la santé et de l’écologie. Normal ? Oui, normal. Mais poursuivons. L’excellent journaliste du Monde Sylvain Cipel, installé à New York, a publié hier un papier intitulé Plus c’est gros…, dans lequel il revient sur la commission Financial Crisis Inquiry Commission (FCIC), instituée par Obama pour tenter de dénouer les fils et intrigues de la crise financière commencée en 2008 (ici). Comprenant à la fois des démocrates et des républicains, dont deux anciens conseillers de W.Bush, elle devait éclairer le peuple ébloui sur la responsabilité évidente, écrasante, de la dérégulation de l’économie et la puissance hypertrophiée des transnationales. J’ajoute qu’il y a un précédent célèbre : la Commission Pecora, créée en 1932, au milieu de la Grande Dépression, et dont les travaux débouchèrent sur de vraies décisions. Par exemple, la séparation entre les activités bancaires de dépôt et celles touchant directement au business.

Tel n’a pas été le cas avec la FCIC. Incapable de se mettre d’accord, cette commission ne rendra pas de rapport unique. C’est que les Républicains refusent tout net l’emploi de (gros) mots comme fonds spéculatifs, Wall Street, corruption, risque systémique, etc. Le seul responsable à leurs yeux de cette énième catastrophe du capitalisme, c’est l’État. Il serait trop ou pas assez intervenu, il aurait incité les Américains à s’endetter, il aurait tenté même de réguler ce qui ne doit en aucune circonstance l’être – l’avidité -, bref, il serait le monstre venu des profondeurs. Il s’agit certes d’idéologie, et concentrée. Mais est-ce bien là le problème ?

La situation américaine montre de manière limpide l’impasse historique qui est la nôtre. On vote, ou pas. Mais de toute façon sur des sujets totalement secondaires, qui embuent le regard, et font perdre un temps qui ne reviendra jamais. Les énergies – pensez à la jeunesse américaine pro-Obama, enflammée tout au long de l’année 2008 ! – se dispersent et se changent en aigreur. Pendant ce temps, la destruction avance, sans masque. Il faut sortir du cadre, sachant qu’on n’y retournera jamais ! Voyez ce qui se passe en cette année 2011 chez nous. Les quelques forces pour l’heure disponibles sont polarisées par la ridicule élection présidentielle du printemps 2012 qui ne changera rien à la seule question politique qui vaille. Qui est, comme chacun devrait le savoir, la création d’une coalition mondiale des refusants, des dissidents, des solidaires, des combatifs, des courageux. Tous ceux qui ne renoncent pas à l’idée de l’homme. Tous ceux qui ne renoncent pas à l’idée de l’animal. Tous ceux qui ne renoncent pas à l’idée de la plante. Tous ceux qui ne renoncent pas à l’idée d’une vie digne d’être vécue. Potentiellement, cela fait du monde. Il faut et il suffit de rassembler. Les élections, oui, oui et encore oui : un piège à cons.