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Barroso vend l’Europe à la marchandise

Cet article a paru dans Charlie Hebdo le 3 juillet 2013

En catimini, notre glorieuse Commission européenne négocie un nouvel Accord commercial avec l’Amérique impériale. Bienvenue aux gaz de schiste, au poulet chloré et aux OGM.

Expliquons. Le libre-échange est une théorie devenue « force matérielle », pour paraphraser le vieux Marx, qui avait oublié d’être con. Certes, il parlait d’autre chose, mais d’évidence, le capitalisme ne connaît qu’une position, et c’est la marche avant. Témoin l’affaire, toute chaude encore, du « Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement », ou PTCI.

Oui, c’est déjà chiant, mais la suite vaut la peine. Les ministres du Commerce de l’Union européenne, dûment « briefés », viennent de donner mandat à la Commission européenne pour négocier un nouvel accord commercial avec les Amerloques, le PTCI. Rappelons pour les sourds et malentendants que le président de la Commission s’appelle José Manuel Barroso, ce fin lettré portugais qui ne supporte pas que l’on mette la culture hors le champ de l’économie.

Donc, le PTCI. Son but principal est d’abaisser les barrières douanières qui existent encore, de manière que les marchandises circulent mieux, plus vite, plus loin. Ne pas croire que les États-Unis seraient les gros méchants de l’histoire. La Commission européenne, incapable de la moindre idée, multiplie depuis 2006 les accords bilatéraux de ce genre. Avec la Colombie, la Corée du Sud et le Pérou, en attendant Singapour et les pays dits ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique).

Et le drôle est que la bande à Barroso n’arrive pas même à justifier le PTCI, qui n’apporterait au mieux, selon ses propres calculs, que 400 000 emplois. Or il existe 26,5 millions de chômeurs dans l’Union européenne. Kempf, journaliste au quotidien Le Monde, a fait le calcul : ces emplois nouveaux feraient passer le taux de chômage de 11 % aujourd’hui à 10,83 % demain. Côte PIB, c’est encore plus mignon : les experts qui nous représentent si bien parlent d’un gain de croissance possible de 0,5 % à l’horizon 2027. Ergo, on se fout de notre gueule, mais grave.

Et c’est d’autant plus vrai qu’Américains et Européens conviennent que les barrières tarifaires sont déjà basses, à l’exception des biens culturels et de l’agriculture. « Ce projet d’accord, note l’association Attac dans une lettre adressée à notre ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq, ambitionne donc de s’attaquer en priorité aux barrières “non-tarifaires” et aux normes et règlements ». Et c’est là qu’on entre dans le dur.

L’un des points les plus vicelards concerne le règlement des conflits commerciaux. Par le biais de ce que le jargon appelle Investor-State Dispute Settlement – déjà en vigueur dans d’autres Accords -, des transnationales pourraient attaquer la politique d’un État via une procédure ad hoc. Commentaire du Corporate Europe Observatory (1), une ONG basée à Bruxelles : « [Le PTCI] ouvrira les vannes à un flot de millions d’euros de poursuites des entreprises, contestant les politiques démocratiques de protection de l’environnement et de santé publique ».

Les viandes clonées ou passées au chlore, les produits OGM, ou encore les gaz de schistes obtenus par fracturation hydraulique – la technique est interdite par la loi française – pourraient être les premiers à profiter du micmac. Faut-il compter sur les socialos pour refuser le PTCI ? Ce serait audacieux. Rappelons que le patron actuel de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), boîte noire du libre-échange, n’est autre que le grand socialiste Pascal Lamy. Rappelons de même qu’un certain DSK a dirigé le FMI, chantre des mêmes valeurs, entre 2007 et 2011.

Pourquoi un énième accord, après tant d’autres déjà signés, dont le si funeste Accord général sur le commerce des services (AGCS) ? Parce que. Ce n’est pas un complot, c’est une politique. Une obsession. Il n’y a qu’un seul monde, et c’est celui de la marchandise.

PS qui n’a presque rien à voir : notre beau Conseil d’État pourrait prochainement renvoyer devant le Conseil constitutionnel la loi du 13 juillet 2011 interdisant l’exploitation des gaz de schiste en France. En cas d’inconstitutionnalité, la porte serait ainsi entrouverte aux forages made in France.

(1) http://www.tni.org/briefing/transatlantic-corporate-bill-rights?context=70931
(2) http://www.no-transat.be

Anecdote sur Marion Bougeard et Cahuzac (donc Stéphane Fouks)

À l’été 2010, j’ai pris conscience de ce qui se préparait autour des gaz de schistes. J’y ai été aidé par la chance, et j’ai écrit le premier papier qui annonçait la grande bagarre (Charlie Hebdo du 6 octobre 2010). J’avais alerté dès avant cela José Bové, et même si je n’oserai prétendre que tout est venu de là, le fait est que je me suis retrouvé en toute première ligne quand commençaient les tirs de barrage. Ici même, sur Planète sans visa, j’ai écrit une flopée d’articles, y compris quand personne ne se préoccupait encore du sujet. Je vous renvoie à la lecture de ceux qui parlent de Julien Balkany (ici, ici, ici, ici, ici,  et là).

La suite est très plaisante, si toutefois on se bouche le nez avant de rire. Évidemment, il convient de vous resituer la personne de Julien Balkany. Il est le demi-frère de Patrick Balkany, grand ami de Nicolas Sarkozy. Lequel Patrick, malgré ses ennuis avec la justice, est redevenu maire de Levallois-Perret après avoir été patron de radio sur l’île antillaise de Saint-Martin, où il s’était réfugié. Je n’invente rien. Julien, bien plus jeune, a monté des affaires autour du pétrole au Texas, où il a connu des déboires et de viles attaques sur sa manière de concevoir le business.

Au moment où je m’intéressai à lui, en décembre 2010, il était vice-président de la société Toreador, et sur le point de réussir un deal extravagant en s’appuyant sur une grande société américaine, farcie d’anciens pontes de l’administration (W) Bush, Hess. Hess était apparemment tentée d’investir 200 millions de dollars dans des projets d’extraction de pétrole de schiste en Île de France, où l’on disait que dormaient dans le sol 70 années de production pétrolière d’un pays comme le Koweit. Je vous passe les détails, qui figurent dans les articles précités. Un mot encore pour le contexte : deux grands milliardaires, Albert Frère et Paul Desmarais, étaient visiblement intéressés par les perspectives françaises. Deux hommes décorés des mains de Sarkozy de la plus haute distinction française, la grand-croix de la Légion d’honneur, qui compte moins de 65 personnes en vie. Singularité supplémentaire : cette décoration ne peut pas être donnée à plus de deux étrangers chaque année. Or Desmarais est Canadien, Frère est Belge.

Ayant écrit de la sorte sur Planète sans visa, j’ai fatalement attiré l’attention de ces excellentes personnes, qui paient des professionnels pour surveiller ce qu’on dit d’eux. Et quand j’ai appelé plusieurs fois la société Toreador pour demander à rencontrer Julien Balkany, je n’ai d’abord eu droit qu’au silence. Soyons franc, cela n’a pas duré. Le 28 février 2011, j’ai reçu le mail suivant :

Le 28 févr. 11 à 18:00, bougeard.+++@+++.com a écrit :

> Bonjour
> Comme dit dans mon message, il serait mieux de se rencontrer autour
> d’un cafe.
> Julien vous propose demain a 18h, mercredi a 8h30 ou 17h ou 18h ou
> jeudi matin entre 8h30 et 11h30.
> Confirmez moi quel creneau vous convient.
> Marion Bougeard

Son contenu signifie que j’avais eu un premier échange avec madame Bougeard, que je n’ai pas conservé. Mais qui était Marion Bougeard ? Je l’ignorais totalement. Je pensais qu’elle était la secrétaire de Balkany, en quoi j’avais tort. À tout prendre, l’inverse aurait été plus vrai. En tout cas, le 1er mars, à 18 heures, je me trouvais au café de la Paix, à Paris, où le rendez-vous avait été fixé. Si je me souviens bien, nous ne sommes pas restés café de la Paix, pour une raison de place, et sommes allés dans un bistrot calme du quartier de l’Opéra. Oh, un détail : Balkany était accompagné. Par Marion Bougeard, qui n’était pas sa secrétaire.

Quand ai-je su qu’elle était salariée d’Euro RSCG ? Je ne sais plus. Probablement ce soir-là. Je me rappelle deux choses saisissantes, ou plutôt trois. Un, j’ai demandé confirmation auprès de Balkany d’un voyage express en Falcon – un coûteux avion privé – entre Paris et Brazzaville, pour fêter l’anniversaire du fils du chef bien-aimé du Congo, Denis Sassou-Nguesso. Denis, c’est le père, au centre aujourd’hui d’une enquête sur les biens mal acquis, c’est-à-dire payés par le vol des ressources naturelles du pays. Denis, c’est le père, et Denis Christel le fils, qui tient le pétrole, et donc les milliards de dollars. Je rappelle en un coup de vent sinistre qu’une guerre civile a fait là-bas en 1997 peut-être 40 000 morts, peut-être plus sur une population de moins de 4,5 millions d’habitants. Cela ferait 650 000 morts chez nous. Et le pétrole, ainsi que notre compagnie nationale Elf étaient au centre des affrontements entre « Zoulous » et « Ninjas ».

Un donc, j’obtins la confirmation des belles relations entre Denis Christel et Julien Balkany. Je ne serais pas venu pour rien. Mais, deux, j’appris ce soir-là jusqu’à quel point l’on peut être ventriloque. Car ce n’était pas Julien Balkany qui parlait, avec des phrases pratiquement apprises par cœur, sans oublier une gestuelle parfaitement rodée. Non, c’était Marion Bougeard, qui coachait son jeune poulain en feignant d’être une nunuche. Le numéro, sans doute testé bien d’autres fois, était vraiment au point. Trois enfin, je compris physiquement ce que je savais intellectuellement : cette affaire de pétrole dans le Bassin parisien était incroyablement sérieuse. On m’envoyait une manipulatrice, mais d’autres, ailleurs, dans des circonstances moins « démocratiques », auraient certainement employé d’autres moyens. Je m’en tirais bien.

J’ai repensé quelquefois à Marion Bougeard, surtout depuis les débuts de l’affaire Cahuzac. Car cette experte était jusqu’à ces dernières semaines la conseillère en communication du ministre déchu. Tout en étant l’une des plus haut responsables de cette agence de pub appelée Euro RSCG, devenue l’été passé Havas Worldwide. Je ne suis pas sûr de devoir insister. Ou si ? La pub est-elle autre chose que l’industrie du mensonge ? Bougeard, après avoir conseillé Liliane Bettencourt – mais oui, je vous assure -, formatait en vue de grands horizons Julien Balkany avant de servir la cause de Cahuzac. Ne pas y voir la parabole de notre monde malade serait une faute contre l’esprit.

Oh ! pourquoi au fait avoir évoqué la noble figure de Stéphane Fouks dans le titre de cet article ? Parce que Fouks est lui aussi l’un des patrons de Euro RSCG. Si vous avez lu mon papier précédent, vous savez le rôle qu’il a joué dans le courant rocardien du PS. Et ses liens d’amitié puissants avec le ministre de l’Intérieur Manuel Valls et l’ancien conseiller sarkozyste Alain Bauer. Oh ! ne pas oublier que Fouks et sa petite bande étaient les grands conseillers permanents de DSK jusqu’au moment de sa chute finale. Preuve qu’on ne gagne pas à tous les coups ? En effet. Mais c’est la loi du genre pour ceux qui misent à tous les coups et sur tant de chevaux à la fois.

Un branleur parle des gaz de schiste (le cas Rocard)

Michel Rocard est un (vieux) branleur. De la même façon que Sarkozy, plus jeune que lui d’une génération (voir ici). Avant de laisser tomber votre lecture, deux précisions. La première, c’est que dans l’acception que je retiens, branleur veut dire : « Personne qui emploie une partie significative de son temps à ne rien faire d’utile ». La seconde : je vous demande de considérer que Rocard a été le Premier ministre de la France, et qu’il a bien failli être président de la République. On ne présente plus Sarkozy. Et en tout cas, ou j’insulte pour mon seul plaisir onaniste deux hautes personnalités; ou bien notre pays est malade, qui hisse au sommet des hommes incapables d’une œuvre utile aux autres. Ou, ou, ce qui s’appelle une alternative.

Vous lirez plus bas le long entretien que Rocard a accordé au journal Le Monde, dans lequel il déclare de façon burlesque :  « Avec le gaz de schiste, la France est bénie des dieux ». Il y proclame son extraordinaire ignorance de tout. Ainsi dit-il avec aplomb que les gisements de gaz de Lacq (Pyrénées-Atlantiques) auraient été exploités par fracturation hydraulique – le procédé utilisé pour les gaz de schiste – sans nul problème. Je suis convaincu qu’il croit ce qu’il dit, oubliant même que cette technique n’a jamais été utilisée à Lacq (ici). Et au passage ce qui distingue radicalement la récupération des gaz conventionnels de ceux stockés dans les couches sédimentaires.

Parmi les évidentes différences, je pense spontanément à deux d’entre elles. Un, le gaz conventionnel est en règle très générale concentré dans des zone délimitées, ce qui exclut donc de dévaster des régions entières, sur des dizaines ou centaines de kilomètres. Deux, si l’on utilise – à tort d’ailleurs – l’expression gaz de schiste pour évoquer le gaz non conventionnel, c’est que celui-ci est piégé dans des roches sédimentaires, jusqu’à quatre ou cinq kilomètres de profondeur. La perméabilité de ces roches profondes est incomparablement moindre que celle de roches comme celles de Lacq. Le gaz des roches profondes se trouve dans des pores mille fois plus petits que ceux par exemple du grès, roche qu’on rencontre souvent dans les réservoirs traditionnels. Et c’est bien pourquoi, quand on veut exploiter du « gaz de schiste »,  il faut exploser les couches sédimentaires profondes par fracturation hydraulique pour espérer récupérer un gaz s’étendant sur de vastes surfaces souterraines. Avec des conséquences que l’industrie ne maîtrise pas.

J’espère ne pas avoir été trop chiant. J’ajoute que je suis tout, sauf un spécialiste, et que je ne serais aucunement vexé d’être repris sur tel ou tel point. Mais moi, au moins, je me renseigne. Pas ce pauvre Rocard. Pas lui ! Il dit n’importe quoi sur les gaz de schiste, et les journalistes politiques du Monde – responsables et coupables à mes yeux – le laissent déblatérer, d’autant plus aisément qu’ils sont aussi ignares que lui. Je n’ai pas fini. Oh non ! Cet imbécile de Rocard se présente dans l’entretien ainsi : « Sur ce sujet, étant très écolo, je me suis longtemps abstenu ». Il serait donc écolo. Pourquoi pas ? Jean-Vincent Placé prétend bien l’être. Et ma foi, ne l’est-il pas ?

Le 13 mars 2009, Sarkozy – voyez qu’il n’est pas loin – nomme Rocard « ambassadeur de France chargé des négociations internationales relatives aux  pôles Arctique et Antarctique ». On se doute que la disparition accélérée de la banquise arctique est la question la plus urgente à étudier. En juillet de la même année, François Fillon demande à ce même Rocard, qui flirte alors avec les 80 ans, de présider une conférence d’experts sur le climat, laquelle remettra peu après un rapport impeccable sur le sujet, directement jeté à la broyeuse. Or donc, il est manifeste que Rocard est un expert de la question climatique, et un gigantesque « écolo ». Qui n’est pas même foutu de considérer deux éléments qui se contredisent totalement.

D’abord, la loi Énergie de juillet 2005 oblige la France à diminuer de 80 % ses – nos – émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050. Pour atteindre un objectif aussi colossal, il va de soi que nous devrions commencer maintenant. Plus exactement, nous devrions avoir diminué notablement nos émissions. Ce n’est pas le cas, et malgré divers subterfuges à destination des gogos, elles augmentent. Deuxième élément, contradictoire : exploiter le gaz de schiste se trouvant en France augmenterait dans des proportions géantes nos émissions. D’une manière parfaite et mécanique. Ce qui signifie que Rocard, dans son entretien au Monde et avec la bénédiction de ses journalistes, suggère de violer la loi de son pays. Je note avec vous qu’il n’est pas en taule.

Allons un peu plus loin. Rocard se fout du climat avec une gourmandise qui laisse rêveur, mais cela ne date pas d’hier. Le 8 janvier 2010, l’AFP, noble agence de presse, écrit de Rocard qu’il « travaille de longue date sur la question du réchauffement climatique, de la mise en place – lorsqu’il était à Matignon – de la Mission de l’effet de serre à ses travaux récents sur la taxe carbone ». Voyez-vous, le vrai tragique est que c’est vrai. Dans l’insondable vide qui occupe nos politiciens, il y a de la place pour des gestes, quantité de gestes qui ne seront jamais des actes. Rocard a bien accumulé des gestes, sans rien d’autre derrière.

Poursuivons. Cette dépêche de l’AFP arrive après une déclaration fantastique de notre excellent ami sur France-Inter, le 29 juillet 2009. Repérez cette date : à ce moment de sa drolatique histoire, Rocard est censé présider une Commission sur le climat. Et il en profite pour faire de la pédagogie à propos de l’effet de serre. Ce qui donne, en un saisissant verbatim : « Le principe, c’est que la Terre est protégée des radiations excessives du soleil par l’effet de serre, c’est à dire une espèce de protection nuageuse, enfin protection gazeuse qui dans l’atmosphère est relativement opaque aux rayons du soleil. Et quand nous émettons du gaz carbonique ou du méthane ou du protoxyde d’azote, un truc qu’il y a dans les engrais agricoles, on attaque ces gaz, on diminue la protection de l’effet de serre et la planète se transforme lentement en poêle à frire. Le résultat serait que les arrière-petits-enfants de nos arrière-petits-enfants ne pourront plus vivre. La vie s’éteindra à sept huit générations, ce qui est complètement terrifiant. »

Je ne ferai pas l’exégèse de ce grand document. Tout est déconnant à la racine. J’ai beaucoup ri en pensant à ces gaz – hilarants ? – qui attaquent d’autres gaz. C’est une bien jolie pignolade, et elle démontre que Rocard ne sait rien. Rien. Mais qu’il parle pourtant au nom de tous. Est-ce grave ? Chacun jugera en conscience. Sachez du moins que, lorsqu’il sort des inepties sur les gaz de schiste, il ne fait que poursuivre sur une route déjà encombrée. Par ailleurs, si vous voulez avoir une idée de la lamentable carrière politique de Michel Rocard, qui aura raté dans ce domaine toutes ses entreprises, jusqu’à devenir le petit télégraphiste de Mitterrand, qui le méprisait tant, vous pouvez lire un mien article, qui date de près de trois ans.

Sur ce, je vais lire quelque chose qui me plaira. Peut-être Ferdynand Ossendowski, auteur de récits magiques sur la Sibérie sauvage, entre 1898 et 1905.

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Michel Rocard : « Avec le gaz de schiste, la France est bénie des dieux »

LE MONDE |

L'ancien premier ministre Michel Rocard, vendredi 9 novembre à Paris.

L’ancien premier ministre Michel Rocard, vendredi 9 novembre à Paris. | Philip Provily pour Le Monde

Il a accepté l’entretien bien volontiers, même s’il s’amuse qu’on soit venu le voir alors qu’il n’est plus, comme il dit, « en service actif ». A 82 ans, pourtant, c’est un Michel Rocard en pleine forme qui reçoit Le Monde dans son bureau des Champs-Elysées où trône une immense photo de lui emmitouflé dans le froid, qui rappelle qu’il est depuis 2009 ambassadeur chargé des négociations internationales relatives aux pôles Arctique et Antarctique.Fidèle à ce qu’il a toujours été, enchaînant les phrases à rallonge sans jamais perdre le fil de raisonnements truffés de digressions, l’ancien premier ministre parle avec liberté et une pointe de badinerie. Sauf quand il évoque la crise, pour laquelle il va chercher dans une liasse de papiers une caricature qui illustre son état d’esprit : on y voit un paquebot au bord d’une chute d’eau, dont un membre de l’équipage dit : « Peut-être faudrait-il songer à changer de cap. »

Partagez-vous le diagnostic de Louis Gallois, dans son rapport sur la compétitivité, sur le « décrochage » français ?

Absolument. Nous vivons en France une étrange situation. Il y a d’abord l’influence du mouvement mondial (on l’appelle crise mais c’est une mutation), c’est-à-dire un gros ralentissement de la croissance, la montée généralisée de la précarité au travail, l’empêchement de la baisse du chômage et la réapparition d’une vraie pauvreté qui touche 3 %, 4 %, 5 % de la population et qui avait disparu dans les années de la grande croissance. Tout cela, c’est la crise, et elle dure depuis vingt ans.

De l’épisode 2007-2008, il reste, outre la disparition de plusieurs centaines d’établissements financiers, une situation d’inhibition des banques devant le crédit interbancaire et le financement des entreprises. Le tout donne l’entrée en stagnation que nous subissons. A cela s’ajoute en France l’effondrement soudain de notre appareil de production. Ce diagnostic-là, posé par Louis Gallois, est essentiel. Il appelle une conscience de l’urgence et une réponse forte.

Les conclusions tirées par le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, sont-elles à la hauteur ?

L’économie n’est pas une science exacte. Mais ce qui est à la hauteur du défi qui nous est posé, c’est l’action conjointe du gouvernement et du patronat pour mettre l’économie française en état de redémarrer. Il y aura des gens pour dire que l’effort fiscal de 20 milliards d’euros n’est pas suffisant, et qu’il aurait fallu 50 ou 60 milliards d’euros, comme en Allemagne et aux Pays-Bas. Mais la vingtaine, c’est probablement le maximum possible aujourd’hui. Et c’est l’une des plus grosses frappes conjoncturelles des gouvernements de la République française qu’on ait vu faire depuis des décennies. C’est à la fois courageux et pertinent.

M. Ayrault a décidé d’augmenter la TVA. Qu’en pensez-vous ?

J’aurais accepté une augmentation de la CSG , même si je sais que cet impôt – parce qu’il est proportionnel au premier euro, général et à peu près sans niches – est brutal et même cruel. Mais j’y étais prêt car c’était une garantie d’un allégement massif des charges des entreprises. Alors bien sûr, on aurait dit : ‘Comment ? Mais le pouvoir d’achat est déjà stagnant !’ Il fallait répondre fermement : le danger, c’est un million de chômeurs de plus et rapidement. Mieux vaut donc partager la charge entre les ménages pour contribuer à remettre notre système productif en route.

Le gouvernement a-t-il eu raison de ne pas suivre M. Gallois sur le gaz de schiste ?

Sur ce sujet, étant très écolo, je me suis longtemps abstenu. Mais je n’ai rien lu qui soit complètement convaincant. On a un réflexe fantasmé un peu du même type que face aux OGM. Quand on sait que le gaz de Lacq était extrait par fracturation hydraulique sans dégâts sur place, on s’interroge. Or la France est bénie des dieux. Pour l’Europe, elle serait au gaz de schiste ce que le Qatar est au pétrole. Peut-on s’en priver ? Je ne le crois pas.

Comment avez-vous vécu les premiers mois du retour de la gauche au pouvoir ?

Je ressentais un petit malaise. Après tout, le président, le gouvernement, ce sont mes copains, mon monde ! Mais j’avais trouvé dangereux que le PS fasse campagne en tenant pour acquis qu’on aurait chaque année une croissance de 2,5 %. C’était évidemment impossible et je croyais dommageable – je le lui ai dit – que François Hollande ait repris cette antienne…

Du coup, nous venons de vivre six mois pendant lesquels ceux qui produisent, les entreprises et leurs patrons, se sont sentis les boucs émissaires de la nouvelle majorité. Or dans la crise actuelle, nous n’avons qu’un instrument de défense : notre appareil productif. M. Gallois le dit, je l’avais dit aussi à ma manière : il faut d’urgence signaler au monde de l’entreprise qu’on sait qu’il est là, qu’on veut qu’il tienne le coup et qu’on va l’y aider. Ce signal a été donné cette semaine. Il était temps.

L’automne a été dominé par les discussions sur les 3 % de déficit du produit intérieur brut (PIB) dès 2013. Que pensez-vous de cet objectif ?

Les gouvernements d’Europe restent trop monétaristes. Ils pensent que les marchés s’auto-équilibrent et que moins l’Etat s’occupe d’économie, mieux l’on se porte. On le voit dans la priorité donnée à l’équilibre des finances publiques et dans le traité budgétaire européen. Or la crise a montré la fausseté de cette analyse, et ce n’est pas un hasard si depuis quinze ans, le jury du prix Nobel couronne des néokeynésiens, comme Armartya Sen, Joseph Stiglitz ou Paul Krugman. Je pense qu’ils ont raison, qu’il vaut mieux payer ce que l’on peut de ses dettes mais que la dépense publique est l’un des moteurs de l’activité. La freiner trop pousse à la récession. La brutalité des 3 % peut être dangereuse.

Il y a de toute façon une bataille pour l’Europe dans les règles actuelles, 3 % compris. Puis il faudra mener et gagner une deuxième bataille de doctrine économique, sur ‘comment vivre avec de la dette sans entrer en récession’.

L’Allemagne peut-elle entendre ce discours ?

L’Allemagne est certes fondamentalement monétariste, mais elle sait depuis la crise des dettes souveraines que la solution pour l’Europe passe par plus de fédéralisme. En outre, elle est en stagnation, sinon en récession. Elle a donc évolué. De son côté, le Royaume-Uni, qui bloque tout progrès de l’intégration européenne depuis 1972, s’est mis à l’écart de la zone euro. Profitons-en. Cette double situation offre la perspective de repartir vers la construction européenne. Ce doit être la priorité du gouvernement français.

La France s’éloigne-t-elle trop de l’Allemagne en ce moment ?

Probablement. La relance européenne ne peut partir qu’avec les Allemands. Il ne faut jamais l’oublier.

M. Hollande va faire sa première conférence de presse mardi. Qu’attendez-vous de lui ?

C’est toute la France qui attend d’y comprendre quelque chose. On a besoin de savoir si François Hollande pense toujours que la croissance peut revenir assez vite, ou s’il admet que nous sommes dans une crise plus profonde. On attend qu’il parle de l’Europe et qu’il reconnaisse que le commandement est allemand, tout en menant campagne contre le monétarisme ambiant.

La CGT aime tant le nucléaire (et le gaz de schiste)

Je rappelle, à toutes fins utiles, que Bernard Thibault est non seulement le secrétaire général de la CGT, mais aussi membre – longtemps très influent – du parti communiste depuis 1987. À ce titre, il fait également partie du Front de Gauche de M.Mélenchon. Lequel ne manquera pas de nous faire savoir ce que tout cela signifie. Mon point de vue est simple : l’imaginaire social de la gauche française est en fait le même que celui de la droite. De la croissance, des objets inutiles, des bagnoles pour aller perdre sa vie au boulot, des cancers made in France (ici).

Je crois qu’il faut retenir comme un emblème de cette gauche absurde, totalement dépassée par les événements la phrase de Thibault que vous trouverez ci-dessous : « [La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim] ne sera acceptable que si elle est socialement gérable ». Je rappelle, à toutes fins utiles, que la grande centrale ouvrière de M.Thibault – la CGT, donc – a siégé ès qualités au Comité permanent amiante (CPA), lobby créé par l’industrie pour tenter de fourguer encore quelques années de plus son produit massivement cancérigène. Grâce à quoi l’amiante n’a été interdit en France qu’en 1997. Au moins 3 000 personnes meurent chaque année d’avoir été exposées à cette fibre. Des dizaines de milliers vivent avec des plaques pleurales, des asbestoses, des cancers broncho-pulmonaires, etc. Jamais personne n’a seulement osé mettre en accusation la CGT pour avoir donné la main à un patronat criminel. Pourquoi se gênerait-elle, dites-moi, avec le nucléaire ou le gaz de schiste ?

Il y a une distance définitive entre le mouvement écologiste tel que je le défends et des organisations syndicales simplement incapables de défendre la vie de leurs mandants. Et la nôtre. Ne parlons pas des non-humains.

Thibault : « Ne pas fermer la porte » au gaz de schiste

Créé le 16-09-2012 à 11h03 – Mis à jour à 11h03

Le secrétaire général de la CGT met en garde le gouvernement contre des choix liés à des « coalitions » entre les partis de la majorité.

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. (CHARLES PLATIAU / POOL / AFP)

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. (CHARLES PLATIAU / POOL / AFP)

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, estime qu’il ne faut « pas fermer la porte » aux recherches sur le gaz de schiste et met en garde le gouvernement contre des choix liés à des « coalitions » entre les partis de la majorité, en allusion aux écologistes, dans une interview au « Journal de Dimanche ».

« Nous ne devons pas fermer la porte aux recherches dans le domaine de l’énergie, y compris pour les gaz de schiste. Investissons au moins pour explorer. S’il s’avère, à partir de recherches incontestables, pour des raisons environnementales ou de sécurité, qu’il n’est pas souhaitable d’extraire ces gaz, cela ne me pose pas de problème », affirme le numéro un de la CGT.

« Une problématique politique »

Mais, selon lui, « renoncer à l’exploration est un peu inquiétant. Nous allons finir, alors que notre pays a de véritables atouts énergétiques, par être de plus en plus dépendants dans ce domaine ».

« Chacun a conscience qu’on est là dans une problématique politique qui met en jeu les relations entre partis formant la majorité présidentielle », estime Bernard Thibault, en allusion à EELV.

« Il ne faudrait donc pas que la solution apportée à certains problèmes soit seulement le résultat de coalitions plus politiques qu’efficaces pour l’avenir du pays », dit-il.

« Une annonce précipité »

« Tous les éléments d’appréciation doivent être mis sur la table et présentés aux Français avant de faire des choix uniquement idéologiques », prévient-il.

Bernard Thibault redit aussi son « regret » d’une « annonce précipitée » de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim fin 2016.

« Cette fermeture ne sera acceptable que si elle est socialement gérable ». Selon lui, « on parle un peu trop aisément de reconversion professionnelle » mais « des personnes exerçant des métiers depuis des décennies ne peuvent pas forcément se reconvertir dans une activité alternative ».

Le président François Hollande a annoncé vendredi la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) fin 2016 et le rejet de permis d’exploration de gaz de schiste.

Et une con-fait-rance environnementale, une !

La bouffonnerie est reine. Rions donc comme à Carnaval. Pleurons de même, puisque, de toute façon, notre impuissance est totale. Pour ce qui me concerne, je regarde avec stupéfaction la pantomime qui se prépare. Comment ? Vous n’êtes pas au courant ? Je résume pour les sourds et mal-entendants : M.Hollande réunit vendredi 14 et samedi 15 septembre, au palais d’Iéna de Paris, une Conférence environnementale. Sur le modèle, mais en parodie, du Grenelle de l’Environnement voulu par Sarkozy en septembre 2007. Je vous glisse sous forme de PDF deux documents que l’on a le droit de juger hilarants. Un sur le déroulement (organisation des débats.pdf), l’autre qui donne la liste des participants (invités.pdf).

Mon premier commentaire sera évident : le simple fait que se tienne pareil conclave marque une défaite du mouvement écologiste. En effet, le cadre imposé par les socialistes est digne de l’émission télévisée des années 70 qui s’appelait Chefs-d’œuvre en péril. On y considérait la France des villages et l’affreuse atteinte du temps sur les nobles monuments légués par l’Histoire. Il s’agissait de dépenser quelques picaillons pour sauvegarder un clocher ou l’aile d’un château. Ma foi, cela ne mangeait pas de pain. Refaire le coup près de cinquante ans plus tard n’est pas seulement ridicule : il s’agit d’une insulte jetée au visage des centaines de millions – qui seront bientôt des milliards – de victimes de la crise écologique planétaire.

Hollande and co, qui se moquent tant de l’écologie qu’ils ne savent pas ce que c’est, prétendent donc, avec l’aval des écologistes officiels qui participent, incarner une vision nationale des écosystèmes. C’est baroque, inutile de s’appesantir, mais comme il faut entrer dans les détails, allons-y. La question de l’énergie ? Les pauvres âmes qui nous gouvernent ne pensent qu’à une chose : gagner un point de croissance pour éviter d’être jetés au prochain scrutin. Le dérèglement climatique ? Plus tard, un jour, peut-être. Je sais que Hollande a vu à plusieurs reprises Christophe de Margerie, patron de Total, par l’entremise de Jean-Pierre Jouyet, cousin de ce dernier et patron de la Caisse des dépôts et consignations (ici).

C’est on ne peut plus normal compte tenu de leurs rôles respectifs, mais que se sont-ils dit ? Selon ce que j’ai glané – je ne suis pas certain -, ils ont abordé la question des gaz et pétrole de schiste. Côté cour, Hollande et ses amis refusent toute exploitation en France, où la technique de fracturation hydraulique est interdite par une loi votée par la gauche et la droite l’an passé. Côté jardin, les mêmes misent sur un retournement de l’opinion, qui sur fond d’augmentation continue du prix du gaz domestique, pourrait accepter des forages en France. À la condition, par exemple, que les pétroliers bidouillent une technique présentée comme différente de la fracturation hydraulique. En façade, donc, intransigeance gouvernementale face aux gaz de schiste. Et en privé, encouragements donnés à Total pour malaxer l’opinion publique. L’affaire Bezat montre que nous sommes face à un plan concerté. En deux mots, Jean-Michel Bezat, journaliste au Monde, y publie le 26 juillet un reportage réalisé aux États-Unis – 700 000 puits en activité, des régions entières transformées en Lune aride – sur les gaz de schiste. Surprise relative – Bezat est un grand admirateur de l’industrie -, ce reportage est très favorable au point de vue des pétroliers. Et puis plus rien.

Et puis on apprend que le voyage de Bezat a été payé par Total (ici). On, mais pas les lecteurs du si déontologique quotidien du soir, qui n’ont évidemment pas le droit de pénétrer dans l’arrière-boutique. En résumé : Total prépare le terrain, en accord avec Hollande, pour qui l’exploitation des gaz de schiste en France serait une bénédiction électorale. Et une violation grossière de la loi Énergie de juillet 2005, qui prévoit une division par quatre des émissions de gaz à effet de serre en France à l’horizon 2050. Mais que représente la loi au regard d’une possible réélection ?

Revenons à la Conférence qui commence demain. Si j’ai abordé en commençant le dossier des gaz de schiste, c’est parce qu’il est emblématique. Comme l’est le nucléaire, défendu sans état d’âme par ce gouvernement, ainsi que par le précédent. Reportez-vous plus haut au déroulement des festivités. La table-ronde numéro 1 s’appelle : « Préparer le débat national sur la transition énergétique ». On devrait mettre au centre de toute discussion la crise climatique et les extrêmes dangers d’une industrie sans contrôle, le nucléaire. Or non. On va comme à l’habitude blablater, de façon à « définir les enjeux du débat national », puis « définir les grandes règles du débat national ». En 2012, après tant de centaines de rapports, tant d’alertes et de mises en garde, d’engagements passés – le référendum sur le nucléaire promis par Mitterrand en janvier 1981 -, nous en sommes encore au point mort.

Et nous le resterons, je vous en fiche mon billet. Deux ministres en exercice participent à cette table-ronde truquée : Delphine Batho, ministre de l’écologie, et Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif. Les deux sont en faveur du nucléaire. Le second clairement en faveur de l’exploitation des gaz de schiste. Et de même madame Batho, qui, en hypocrite accomplie, fait semblant de croire que le dossier ne bouge pas. La fracturation hydraulique n’est-elle pas interdite par la loi ? À côté des deux ministres, une « facilitatrice » du nom de Laurence Tubiana. J’ai écrit sur elle en 2008, si cela vous intéresse : c’est ici.

Ceux qui acceptent de siéger dans ces conditions sont des dupes ou des manipulateurs. Peut-être les deux. Il n’y a pas de débat sur l’énergie, car les décisions ont déjà été prises. Ce que le pouvoir veut, c’est une caution. Il l’aura. Les écologistes officiels qui ont servi la soupe à Sarkozy il y a cinq ans peuvent bien aujourd’hui feindre qu’on ne les y reprendra plus. Si, on les y reprendra, aussi longtemps que les structures dégénérées qu’ils conduisent existeront. Voulez-vous qu’on parle des autres tables-rondes ? Bon, soit. L’intitulé de la deuxième est saisissant. La biodiversité s’effondre partout, mais, cocorico, on va s’atteler à la mise en œuvre de « la stratégie nationale pour la biodiversité » de manière à « favoriser la prise de conscience citoyenne ». C’est tellement con que ce n’est même plus drôle. On trouve ceci sur le site de notre ministère de l’Agriculture : « Grâce à l’Outre-mer, avec 11 millions de km2 de zone économique exclusive (ZEE), la France dispose du deuxième espace maritime mondial, après celui des USA. Dans l’Océan Indien, les zones sous juridiction française s’étalent sur une surface huit fois plus grande que celle de la métropole. Cet immense espace maritime, réparti dans tous les océans, dote la France d’une grande richesse en matière de biodiversité marine, ce qui constitue à la fois un atout et une responsabilité. »

Formidable, hein ? Alors que l’Europe, pour une fois inspirée, souhaite interdire progressivement le chalutage profond, notre France vertueuse s’y oppose. S’y oppose, à nouveau pour de sordides intérêts politiciens. Or le chalutage profond est une catastrophe écologique planétaire (ici). Autre menu exemple : le nickel est en train de tuer à jamais des espèces endémiques de Nouvelle-Calédonie, venues en droite ligne du  Gondwana, supercontinent créé il y a 600 millions d’années et dont la Nouvelle-Calédonie est l’un des ultimes morceaux, à la dérive depuis bien avant l’arrivée des hommes sur terre. Non, bien sûr que non, on ne parlera pas de biodiversité. Et pas même chez nous, dans notre vieille France où l’agriculture industrielle est reine. Le Foll, ministre de l’Agriculture, a dealé depuis des semaines avec la FNSEA, puissance dominante, au point de ne pas même inviter à la Conférence de demain la Confédération paysanne, pourtant proche de la gauche. Au point d’aller visiter le 3 septembre les industriels français des biocarburants, fiers défenseurs d’une filière criminelle (ici). Je dois bien reconnaître que ces gens me dégoûtent.

Le reste ? Quel reste ? Table-ronde 3 : « Prévenir les risques sanitaires environnementaux ». Ministre présente : Geneviève Fioraso, militante déchaînée du nucléaire, des nanotechnologies, de la biologie de synthèse (ici). Les deux dernières tables-rondes, chiantes comme la mort dès leur énoncé, devraient causer fiscalité et gouvernance. Tout cela est à chialer. Mais comme je n’écoute que mon grand cœur, je n’entends pas vous quitter sans positiver un peu. Attention ! ce qui suit est à prendre au premier degré, malgré ce qui précède. Un certain nombre d’écologistes officiels, qui se rendront demain au palais d’Iéna, gardent ma sympathie. Notamment ceux du tout nouveau Rassemblement pour la planète (ici), comme André Cicolella, Nadine Lauverjat, Franck Laval ou François Veillerette. Ils vont tenter d’arracher quelques mesures dans le domaine de la santé, et même si je crois qu’ils se trompent sur le fond, ils ont mon estime et mon affection. Ceux-là du moins pensent à l’avenir.