Je sais qu’il y a plus drôle, mais je suis bien certain qu’il faudrait chercher longtemps. Car les adieux de Laurent Cabrol aux téléspectateurs de TF1 relèvent d’un burlesque total, prodigieux, hilarant. Quel as !
Je n’ai pas la télé et ne la regarde donc pas, mais j’ai beaucoup, beaucoup donné, inutile de mentir. J’y ai vu les pires absurdités, et je situe parfaitement Cabrol, ci-devant monsieur Météo de la grande chaîne privée. Je le situe, mais je l’avais comme qui dirait perdu de vue, et le retrouve tout décati, vieillard tremblotant essayant de fourguer encore quelques friteuses aux Alzheimer qui ont oublié qu’ils et elles en ont déjà cinq. À ce qu’il semble, l’émission Téléshopping, qu’il animait depuis quinze ans, ne marchait plus assez bien au goût immodéré de Martin Bouygues pour le béton et le blé réunis.
Exit donc le pauvre Cabrol, lourdé et tôt remplacé par une Marie-Ange Nardy que je connais aussi, hélas. En tout cas, je vois très bien la tête qu’elle a(vait) et me souviens même qu’un jour, et en direct, un lion s’est jeté sur elle et lui a mordu sévèrement le bras. Je jure que c’est vrai.
Donc, combat de titans. Le vieux Cabrol rejoint le cimetière des éléphants d’opérette. La (plus) jeune dompteuse entre en piste, tout cela est déjà bien distrayant. Mais il y a encore mieux. J’ai dit ici à de nombreuses reprises l’admiration que je voue à Claude Allègre, ce grand révisionniste que nul ne nous envie.
Eh bien, Laurent Cabrol suit la voie. Par un livre. Sur le climat, bien sûr. Paru au Cherche-Midi, une maison que je vous recommande chaudement, d’autant qu’elle a édité le grand ami d’Allègre, le Danois Lomborg qui dit que tout va mieux et de mieux en mieux.
Je n’ai pas lu le livre de Cabrol, non, je ne compte pas rire aux éclats plus d’une heure aujourd’hui. Mais j’ai regardé pour voir ce que je trouvais sur le net. Quel observateur, ce Laurent ! Dans un entretien avec le grand Morandini, compère d’Europe 1, il dit notamment, et c’est du mot à mot : « J’ai été le premier à parler du réchauffement climatique il y a vingt ans, mais j’ai décidé de prendre du recul. En gros, on nous dit que le réchauffement, c’est le C02 des voitures. En emmenant nos enfants à l’école le matin, nous réchaufferions la planète. Mais moi, en lisant tous les auteurs, je me suis rendu compte qu’y avait pas que le CO2. Y a le rôle du soleil, dont on ne sait que peu de chose. Y avait le rôle des nuages, dont on ne sait rien. Y avait les océans, dont on ne parle pas… ».
Je prends un exemple, pour rendre plus accessible la profondeur de la pensée cabrolienne, tiré du même entretien, un peu plus loin : « Il n’y a aucune certitude. Un nuage, c’est un parasol ou une couverture ? ». Je vous laisse méditer, car cela vaut la peine, je le crois. Et je passe dans la foulée à un autre entretien du même, mais avec un(e) autre. Et là, Cabrol, qui n’oublie pas qu’il est un vaillant journaliste, nous livre pleine poire un scoop mondial. Comme ça, sans prévenir, en grand pro de l’information : « C’est vrai qu’on a tendance à occulter le fait qu’un tel réchauffement s’est déjà produit dans l’histoire entre l’an 900 et l’an 1300, à l’heure de l’optimum médiéval ». Cabrol contre le reste du monde, cela vaut Intervilles, non ?
Enfin, concernant cette fois l’inégalable Allègre, Cabrol se montre généreux : « Je suis tout à fait en phase avec lui lorsqu’il dit qu’avant de nous rendre coupables, il faudrait en savoir plus sur la mécanique climatique. Et j’avoue qu’il a eu beaucoup de courage d’apporter la contradiction dans un domaine où la pensée unique fait des ravages… ».
Et ainsi, et au-delà, sans vraie limite discernable. Je vous laisse tirer les conclusions de cette pantalonnade sublime, car je vous en sais capables. Les plus grands médias de masse français. TF1, Europe1, pour commencer. Une maison d’édition ayant pignon sur rue, où travaillait – travaille encore ? – un anarchiste de salon bien connu, justement, dans les salons. Et au beau milieu, le drame. Non d’un siècle, mais d’une épopée, celle de l’humanité. La crise du climat, et un Cabrol, qui ne vendra plus d’aspirateurs à la télé, car il part à la casse. Nous en sommes là, exactement à ce point où tout doit recommencer. Je parle de la pensée.
PS1 : un ajout concernant le titre, pour les plus jeunes d’entre nous. De mémoire, Don PaTillo est un personnage de pub télé qui imite le Fernandel de la série de films Don Camillo et Peppone. Le tout est en faveur des pâtes Panzani.
PS2 : J’ai rectifié le titre de ce papier grâce à Patric Nottret. Qu’il en soit remercié ! J’avais nommé Don PaTillo Don PaPillo, comme un idiot…