Archives mensuelles : février 2013

Malvenue aux trolls sur Planète sans visa

Je me sens comme obligé de faire un peu de pédagogie à propos des trolls, et vous allez comprendre pourquoi. Mais d’abord, qu’est-ce qu’un troll ? Je n’entends pas ici évoquer la haute figure des êtres surnaturels des contes et légendes scandinaves, bien sûr. Je veux parler de ces excellentes personnes qui viennent pourrir le débat sur le net, partout où cela paraît utile pour la défense de leurs intérêts. Si vous jetez un regard à la définition du mot sur Wikipédia, que je reprends à mon compte, « En argot internet, un « troll » est une personne qui participe à une discussion ou un débat (par exemple sur un forum) dans le but de susciter ou nourrir artificiellement une polémique, et plus généralement de perturber l’équilibre de la communauté concernée ».

Cela fait un moment que je soupçonne la présence de ces manipulateurs sur Planète sans visa. Mais comment savoir ? La censure d’un commentaire n’est jamais un acte anodin, et je n’y ai eu recours qu’à de rarissimes exceptions. Car enfin, je crois sincèrement qu’il faut accepter le flux de la critique, qui charrie parfois de très désagréables effluves. Seulement, il y a une différence entre critiquer et désinformer en conscience. Je viens de décider d’être plus vigilant, et je vais vous expliquer mes raisons. Il m’est arrivé ces derniers temps de stopper des messages signés d’un pseudonyme, et dont le contenu m’intriguait au plus haut point. J’ai envoyé un courrier à ces personnes – une adresse électronique, que vous ne lisez pas, est attachée à tout envoi -, en leur demandant, compte tenu de leur ton, de lever leur anonymat. Au total, j’ai écrit à trois personnages a priori différents, mais sans obtenir une seule réponse.

Ensuite est venu un commentaire d’un familier de Planète sans visa, Lionel Fu[…], qui répondait au message de Lina, que j’avais hésité à publier. Lionel émettait l’hypothèse que Lina puisse être un – une – professionnel(le) au travail. Nous n’aurons peut-être pas de réponse définitive, mais en tout cas, voici qu’apparaît ce matin un nouveau message, dont je pense qu’il obéit à de toutes autres règles que celles du débat. Il répond à un article que j’ai écrit ici sous le titre Massacre au bois de Tronçay. J’y dénonce les auteurs de la destruction de 100 hectares d’une superbe forêt de la Nièvre, et mets en cause notamment le président du Medef de Bourgogne, Pascal Jacob. Lequel vient d’ailleurs d’annoncer des plaintes en diffamation contre des personnes, des messages de Twitter, des blogs. Suis-je visé ? Je n’en sais rien. On verra.

C’est dans ce contexte qu’arrive en tout cas le message que vous allez lire. Je sais que votre temps n’est pas extensible, mais c’est intéressant à analyser. Ophrys aime M.Nicolino – d’habitude -, mais pas cette fois, car le Nicolino ne respecte pas les règles sacrées de la profession, par exemple en ne vérifiant pas ses sources. C’est un vieux truc qui consiste à disqualifier. Je doute que cela marche auprès de beaucoup d’entre vous, mais qui sait ? Le reste sent le montage : Ophrys défend le projet avec les arguments des promoteurs, mais il – elle ? – aimerait par ailleurs la prose du Nicolino. C’est crédible, en effet. Le texte  :

—————————————

Ophrys18 | ca.meregarde@laposte.net |

Bonjour M. Nicolino,

Habituellement, j’apprécie vos propos, ainsi que vos ouvrages qui dénoncent bien des attaques à la nature et à la santé de l’homme, menées par des multinationales sans scrupules.

Je comprends que ce projet soulève des questions : y a-t-il d’autres solutions pour exploiter le bois du Morvan, qui, de toute façon arrive à maturité ? si le projet Erscia se réalise, les scieries locales seront-elles menacées ? Faut-il fabriquer de l’électricité en brûlant du bois ? etc…

Mais là, vos attaques, je ne les comprends pas. Ou bien si, je pense que vous avez été victime de désinformation (en partie).
En effet, lorsque vous écrivez :
“…pour la raison évidente que le bois de Tronçay est une merveille de biodiversité. On y trouve, au milieu de quantité d’autres beautés, des insectes très protégés, comme le Grand capricorne, la lucane cerf-volant, et ce pique-prune…”
J’aimerais préciser qu’aucune de ces espèces n’a été trouvée sur place. Et ce, pour une bonne raison, c’est que le bois de Tronçay n’est pas un espace naturel exceptionnel. Voyez vous-même sur les photos que vous publiez : il s’agit d’un bois de chênes on ne peut plus ordinaire, dont les chênes mesurent en moyenne 40 à 50 cm de diamètre, donc bien loin des fantasmes de chênes de 400 ans que Jerem D évoque dans son commentaire du 14 février !!! Des arbres de 50 cm de diamètre ne sont pas un biotope pour les espèces que vous citez. D’ailleurs, ce bois n’a jamais reçu le moindre classement au titre de la protection de la nature, même pas en ZNIEFF ! Normal, dans la Nièvre, il y a 220 000 ha de forêt, dont environ 2/3 de feuillus et à nouveau 2/3 de forêt “de plaine” similaire au bois de Tronçay (soit environ 100.000 ha !).
Alors, comment reprocher aux élus locaux de défendre un projet qui, effectivement, détruira 86ha de forêt (dernier chiffre présenté au CNPN) mais qui est le seul projet qui concerne ce territoire alors que les résineux qui y seront sciés ont été plantés voici 50 ou 60 ans. Alors, oui, facile de critiquer tout le monde, mais qu’ont fait ceux qui s’opposent aujourd’hui pour préparer un ou plusieurs contre-projets : ils ont eu 50 ans pour ça.

Bref, je ne dis pas que tout est rose dans le projet Erscia, mais votre argumentaire vous décrédibilise. Dommage…

PS : un journaliste ne doit-il pas toujours vérifier ses sources ?

————————————–

Est-il néanmoins concevable qu’Ophrys ne soit pas un troll au service des intérêts que j’attaque ? Oui, mais je crois cette possibilité proche de zéro. J’ai lu ces derniers temps de très intéressants papiers sur les trolls. L’un d’eux signale que l’Union européenne vient d’embaucher des trolls pour intervenir notamment sur les réseaux sociaux, dont les blogs, de manière à contrer la montée des opinions eurosceptiques. Je serais très étonné que l’UE soit la première structure de pouvoir à vouloir contrôler l’opinion de cette manière.

Moralité : la liberté est un combat. Mais je ne vous apprends rien.

Les navires de Sea Shepherd éperonnés !

Breaking News, comme on dit de l’autre côté de l’Atlantique. Dernière heure, ce 20 février 2013 à 21 heures, heure de Paris. Ça chauffe dans l’Antarctique, où les défenseurs des baleines affrontent notre monde barbare.

Sea Shepherd Newsrss_icon_20

Les navires de Sea Shepherd éperonnés par les baleiniers japonais dans le sanctuaire antarctique

20 février 2013 - Escalade de violence en AntarctiqueLes navires de Sea Shepherd Conservation Society, le Bob Barker et le Steve Irwin, ont été éperonnés par le navire-usine de la flotte baleinière japonaise, le Nisshin Maru dit « l’étoile de la mort » – un monstre d’acier de plus de 8 000 tonnes. Cet abattoir flottant est 10 fois plus lourd que le Steve Irwin.

Le Bob Barker et le Steve Irwin étaient derrière le Sun Laurel, le navire-ravitailleur de la flotte baleinière nippone – le Steve Irwin à bâbord, le Bob Barker à tribord.

Avec un haut-parleur, le Shonan Maru #2, le navire de sécurité japonais, a ordonné au Sam Simon, navire australien de Sea Shepherd se trouvant en eaux antarctiques australiennes, de quitter la zone sur ordre du gouvernement japonais. Des grenades assourdissantes ont été lancées sur le Bob Barker et le Steve Irwin par l’équipage du Nisshin Maru.

Le Capitaine Peter Hammarstedt a informé le navire-usine Nisshin Maru par radio que le Bob Barker maintiendrait son cap et sa vitesse et que l’obligation légale et morale d’éviter la collision incombait au Nisshin Maru.

Le Nisshin Maru a alors viré de bord et s’est approché par tribord. Il a presque percuté le Bob Barker avant de se tourner vers le Steve Irwin et de l’éperonner au niveau de la proue.

Le Nisshin Maru a maintenu son cap de collision et a éperonné le Steve Irwin une nouvelle fois à bâbord.

Le Nisshin Maru a ensuite éperonné le Bob Barker. Le Steve Irwin a accéléré afin d’éviter un nouvel éperonage.

Le Bob Barker a remplacé le Steve Irwin sur le côté gauche du Sun Laurel.

Le Steve Irwin a fait demi-tour et le Nisshin Maru a poussé le Bob Barker contre le Sun Laurel, le coinçant en sandwich. Le Nisshin Maru a ensuite reculé derrière le Bob Barker et l’a éperonné à pleine vitesse contre le flanc gauche du Sun Laurel, détruisant l’un de ses deux radeaux de sauvetage et détruisant le bossoir permettant de lancer l’autre radeau. Le Nisshin Maru a ensuite de nouveau éperonné le Bob Barker par l’arrière, détruisant l’un de ses radars et la totalité de ses mats.

2013_escalation_in_antarctica_01Tout le courant a été coupé à bord du Bob Barker qui a émis un signal de détresse May Day. A l’émission de ce signal de détresse, le Nisshin Maru s’est retourné et s’est enfui vers le nord.

Le co-chargé de campagne de Sea Shepherd Australie, l’ancien sénateur Bob Brown, a informé le gouvernement australien des mutltiples violations des lois internationales par la flotte baleinière et a demandé à ce que Tokyo soit sommé de retirer ses navires de cette region située au nord de la base Case australienne et de cesser de violer ouvertement les lois australiennes et internationales. Des navires de la Marine devraient être dépêchés sur place pour faire respecter la loi.

Actuellement, le Sun Laurel est en train d’être escorté vers le nord par la flotte de Sea Shepherd puisqu’il n’a pas d’équipement de sauvetage de secours adapté aux eaux très dangereuses de l’Océan austral.

Jeff Hansen, directeur de Sea Shepherd Australie a affirmé: « Le Nisshin Maru s’est rendu responsable de collision volontaire et d’un délit de fuite. Il a éperonné le Sun Laurel, mettant la vie de son equipage en danger et les a ensuite tout simplement abandonnés. »

Tous les navires font maintenant route vers le nord, les braconniers japonais, se trouvant à deux miles au devant de la flotte de Sea Shepherd.

Les trois navires de Sea Shepherd ont été éperonnés, le Bob Barker essuyant les plus gros dégâts. Le courant est maintenant rétabli à bord du Bob Barker. Heureusement, aucun membre d’équipage n’a été blessé.

Nous avons rempli notre mission en empêchant le Sun Laurel de réapprovisionner l’abbattoir flottant, le Nisshin Maru en carburant. Nous continuerons jusqu’au bout à protéger les baleines de ce sanctuaire.

 

Bienvenue dans un monde meilleur. À propos de viande industrielle

Je vous fais toute confiance : vous saurez lire comme il se doit ce papier publié ici il y a plus de cinq ans. De vous à moi, le soi-disant scandale de la viande de cheval est-il, ou non, plus grave que celui du mersa, dont tout le monde se fout si totalement ? 

Publié une première fois le 20 décembre 2007

Ne finassons donc pas, et terrorisons à la seconde tous ceux qui oseront me lire ce 20 décembre : le MRSA – prononcez mersa -, ça craint. Mais commençons par rendre à Jean-Yves Morel ce qui lui appartient. Depuis des mois, ce grand connaisseur breton des arbres et de l’eau me tanne pour que je parle du MRSA. Et je ne fais rien, occupé par d’autres sujets. Et j’ai tort, à l’évidence.

Il vient de m’adresser la copie d’un article paru dans le New York Times (http://www.nytimes.com), et je m’y mets enfin, espérant qu’il n’y a aucun lien de cause à effet. Entre la réputation du grand quotidien américain, veux-je dire, et mon soudain empressement. Mais sait-on jamais ? Le MRSA, c’est le staphylocoque doré qui résiste à la méthicilinne. Une bactérie épouvantable longtemps confinée dans les hôpitaux, où elle tuait les plus faibles.

Attention, mon savoir est tout récent, et je ne serais pas vexé d’être remis à ma place. Il semble bien que le mersa d’antan ait laissé la place – ou ait été doublé – par une nouvelle souche incomparablement plus virulente. Selon le NYT déjà cité, qui livre des chiffres officiels de 2005, 100 000 Américains seraient touchés en une année, et 19 000 mourraient. Soit plus que la totalité des victimes du sida.

Étrange et confondant, n’est-il ? La cause générale du MRSA est très bien connue : c’est l’abus insensé des antibiotiques. Aux États-Unis, et je doute qu’il en aille autrement chez nous, 70 % de tous les antibiotiques sont utilisés dans les élevages d’animaux destinés à la boucherie. Sans cette profusion, jamais nous ne mangerions autant de viande. Allons plus loin : l’agriculture industrielle n’aurait jamais atteint ce point de concentration et d’inhumanité.

Poursuivons. Interrogée cet été sur le MRSA, la puissante agence fédérale Food and Drug Administration (FDA) a bien dû reconnaître qu’elle ne s’était pas encore intéressée à ce qui se passe dans les innombrables fermes concentrationnaires du pays. C’est d’autant plus dommage qu’un faisceau désormais concordant d’indices converge vers les porcheries industrielles. Je vous passe les études, souvent menées en Europe d’ailleurs. Un nombre considérable de porcs, un pourcentage important de porchers seraient les hôtes de cette funeste bactérie.

Tout paraît indiquer, même si la France demeure sourde et aveugle, que les innommables traitements, y compris antibiotiques, que nous faisons subir aux animaux, nous rapprochent à chaque seconde d’un cauchemar sanitaire général. Je note, une fois de plus, que la presse officielle se tait. Soit elle ne sait. Soit elle ne peut. Soit elle s’en moque. Les trois rassemblés ne sont pas inconcevables. Bien entendu, c’est exceptionnellement grave, et vous admettrez avec moi – j’y reviendrai – qu’une société comme la nôtre devra tôt ou tard se doter d’une information digne de ce nom.

Au-delà, il faut se montrer vigilants, et responsables à la mesure de l’irresponsabilité de nos autorités. Considérez cela comme un appel, un appel de plus. Lisez tout ce qui vous tombe sous la main à propos du mersa et commencez à faire circuler ce que vous trouverez. Bien entendu, si l’alerte se confirme, elle mettra fatalement en question le système agricole en place, et tous les intérêts qui lui sont liés. Mais n’avons-nous pas l’habitude ?

Combat au couteau entre le panda et l’ours polaire (le cas WWF)

Cet article a été publié dans Charlie Hebdo du 13 février 2013

Un très court préambule. L’article que vous allez lire me conduit au bord de la rupture personnelle avec des amis, dont l’un reste pour l’heure cher à mon cœur. Mais j’écris en conscience ce que je crois devoir écrire. Je sais qu’il est plus facile de canarder le messager plutôt que de s’interroger sur le sens de qu’il dit. J’ai l’habitude. Mais cela fait quand même mal.

L’ours blanc est menacé par la fonte de la banquise et la chasse. Compter 75 000 dollars pour une peau. Problème : le WWF, dont l’emblème est le panda, refuse d’attaquer les chasseurs. Pourquoi ? Parce que.

L’affaire de l’ours polaire fout le bordel entre le WWF et les écologistes de terrain. Le bel animal n’en peut plus : il en resterait entre 20 000 et 25 000 sur la banquise Arctique et alentour. Une banquise qui a pu atteindre 15 millions de km2 au maximum de l’hiver, et un peu plus de 3 au cœur de l’été 2012. Plusieurs menaces, dont le dérèglement climatique, pourraient mener l’espèce au bord de l’extinction.

On s’agite ? Un peu. Dans quelques semaines, les bureaucrates de la nature se retrouveront à Bangkok pour une énième réunion de la Cites, qu’on appelle aussi Convention de Washington. Pour l’ours blanc, l’enjeu est essentiel, car les Etats-Unis, appuyés miraculeusement par les Russkoffs, proposent de placer l’ours dans l’Annexe 1, sommet de la protection. En théorie, le commerce international des parties de l’animal serait interdit. Un ours polaire naturalisé adulte se vend 40 000 euros à Paris, et beaucoup plus encore en Russie ou en Chine, où une simple peau peut atteindre 74 000 euros.

La situation est à ce point limpide que toutes les associations de protection de la nature devraient être sur le pont. Ne serait-ce que pour pousser au cul notre gouvernement, dont la voix à la réunion de Bangkok pèsera lourd. Mais pour l’heure, la France refuse de soutenir les Amerloques, et pense pouvoir se planquer en choisissant bravement l’abstention. La désunion écologiste ne va pas arranger les choses.

Résumons ce qui semble un beau mystère. D’un côté, 13 associations sont réunies pour aller au baston (1), parmi lesquelles Sea Shepherd, l’Aspas, la LPO, Robin des Bois. Elles soutiennent sans surprise l’inscription de l’ours blanc à l’Annexe 1 de la Cites. En revanche, d’autres poids lourds, comme Greenpeace, France Nature Environnement (FNE) et le WWF font semblant de ne pas être concernés. Ce dernier notamment – le WWF – risque d’en prendre plein la tronche publiquement, ce qui serait une grande première.

Personne ne souhaite encore sortir sous la mitraille, mais en off, c’est le grand dégueulis, au point que Charlie est obligé d’édulcorer pour éviter un procès en diffamation. En résumé, le WWF s’oppose avec ses petits bras à la proposition américaine de protection, avec des arguments que l’on qualifiera prudemment d’étonnants. Visite sur le site du WWF (2), où un pauvre ours polaire, par la grâce d’un effet graphique, souffle de la vapeur d’eau. Ça chiale direct, car « les jours sont comptés » et « 1498 ours polaires ont disparu depuis le 1er janvier 2009 », mais à condition de refiler 30 euros au WWF, la lutte contre le réchauffement de la banquise sera en de bonnes mains. Une belle manière de gagner des sous, qui rend hystériques de nombreux militants historiques de l’écologie.

L’un d’eux résume ainsi la situation pour Charlie : « C’est vraiment dégueulasse. Le WWF se remplit les poches en parlant de réchauffement climatique, contre lequel il ne peut évidemment rien. Et refuse la protection de l’ours réclamée par les Américains, en se taisant sur la chasse et les trafics internationaux qui en découlent. C’est la honte, et l’exaspération contre ces mecs est en train de monter partout. Je ne suis pas le seul à en avoir plein le cul, du WWF ».

Malgré les apparences, parole modérée. Mais voici déjà la séance Explication. Un, la chasse légale zigouille entre 600 et 800 ours par an, ce qui est énorme au regard du nombre de survivants. Pourquoi le WWF refuse-t-il de mettre en cause les porteurs de flingue ? Il n’est pas interdit de se replonger dans l’histoire de cette très curieuse ONG. Fondé en partie par des grands chasseurs d’animaux sauvages en Afrique – qui voulaient continuer à buter éléphants et gazelles -, le WWF n’a cessé de maintenir des liens puissants avec cet univers. Pour ne prendre qu’un exemple, le roi d’Espagne Juan Carlos est resté président d’honneur du WWF jusqu’à l’été dernier, alors qu’il avait été chopé à trucider des ours en Roumanie et des éléphants en Afrique.

Donc, le WWF aime les chasseurs. Mais est-ce bien tout ? Juste avant que la barque ne coule, encore deux bricoles. Un, le WWF est mutique sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Mais mutique. Y aurait-il un lien – hi hi – avec les nombreux financements venus de l’industrie ? Deux, le WWF vient de prendre un joli tournant en France, en embauchant deux nobles personnages. Nouveau directeur général : Philippe Germa. C’est un banquier, venu d’une entreprise transnationale d’origine néerlandaise, ABN AMRO. Nul besoin de détailler les belles activités d’une telle boîte. Nouveau directeur des programmes :  Christophe Roturier. Il a longtemps travaillé en Afrique, dans les « équitables » échanges de cacao entre la France et des pays comme la Côte d’Ivoire. Il a également bossé pour l’un des fleurons de l’agriculture la plus industrielle qui soit, Arvalis-Institut du végétal.

Moralité ? Y en a pas. Un dessin circule en ce moment dans les associations écologistes authentiques. On y voit un panda – symbole du WWF – sur la banquise, en train d’abattre au fusil un ours polaire.

(1) http://www.bioaddict.fr/article/13-associations-s-unissent-pour-la-protection-des-ours-polaires-a3669p1.html

(2) http://urgence-especes.wwf.fr/#/interview-jean-stephane-devisse