Archives mensuelles : juillet 2013

La guerre aux bêtes (un été pourri)

Qu’il fasse beau, qu’il vente ou qu’il gèle, qu’il pleuve sur les plaines ou que les plages brûlent, cet été 2013 est évidemment pourri. Pour les bêtes, dont les hommes n’ont rien à faire. Les animaux dégustent, autant qu’hier, peut-être moins que demain, et nul ne se lève pour les défendre. A part vous ? Oui, à part vous. Mais cela ne sera pas suffisant.

Sus aux loups et aux louveteaux

Vous qui aimez ces êtres, pardonnez à l’avance ce qui suit, car les nouvelles ne sont pas fameuses. On commence par une lettre adressée au préfet des Alpes Maritimes le 2 juillet 2013 par six associations, dont la LPO, l’Aspas, Ferus, France Nature Environnement (FNE), qui demande des éclaircissements. Le 18 juin, dans le cadre d’un plan d’État scélérat, des agents de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) ont buté une louve. Or elle était allaitante. Or elle allaitait probablement 5 louveteaux, qui ont fatalement rejoint, depuis, le vaste domaine où s’égaillent les loups assassinés.

Les associations suggèrent au préfet de décompter les cinq louveteaux sacrifiés du total des loups – 24 – que le plan Loup prévoit de tirer. J’espère qu’elles ne m’en voudront pas, mais je ne supporte pas que l’on prête la main, fût-ce d’une manière aussi indirecte, à la décision étatique de tuer des loups, dont je rappelle qu’ils sont officiellement protégés par la Convention internationale dite de Berne. J’ai déjà dit ou écrit quantité de fois que le retour du Loup en France, après 1992, posait des problèmes, et que toute solution passait par des compromis.

Je ne me suis jamais moqué des éleveurs, même si certains sont d’évidence de simples chasseurs de prime. Je suis pour le débat libre, mais de l’autre côté de la ligne de mire, il n’y a personne. La Confédération paysanne, en qui je plaçais des espoirs, se déshonore chaque jour un peu plus, qui réclame la peau du Loup chaque fois qu’un micro s’ouvre devant un responsable. Communiqué de la Conf’, en date du 22 mai, qui dénonce la : « pression insoutenable que produit la prolifération de l’espèce loup ». La biodiversité, c’est bon pour les peuplades. C’est bon pour les Africains, qui voient leurs cultures dévastées par des éléphants en mal de migration. C’est bon pour les paysans de l’Inde, dont plusieurs dizaines sont tués chaque année par les derniers tigres du pays. Pas pour nous, qui nous gorgeons de mots sans signification et de grandes envolées du haut des tribunes. Putain, comme les blablateurs me pèsent !

Le 9 juillet, on apprenait que le préfet du Var recherche des tueurs spécialisés de loups, en Amérique du Nord ou en Russie.

Ces si sympathiques paysans industriels

J’ai croisé Christian Pacteau par l’intermédiaire de Générations Futures, une association de combat contre les pesticides, et je savais son engagement en faveur des busards dans le Marais poitevin, notamment autour de la baie de l’Aiguillon. Ces oiseaux nichent à terre, dans des prairies ou des champs, et sans le concours des paysans, il est difficile de sauver nombre de poussins. Une lame de fauche utilisée au mauvais moment détruit évidemment un nid qui se trouve au sol. Bref. Christian, dans un mail adressé au réseau Busards au début de cet été  :  « Vous connaissez tous les hécatombes de prédateurs, notamment du Milan royal en raison de l’usage de la bromadiolone (…) Les agriculteurs de la Baie (…) ont décidé, sans jamais proposer de dialogue à la LPO, de refuser de collaborer à la protection des Busards, donc de refuser la localisation dans les champs et, puisqu’ils sont propriétaires des chemins de remembrements payés à 50% au moins par le Conseil Général, d’interdire leur usage aux stagiaires chargés de la surveillance (…) Ce n’était pas toujours facile, cela devient impossible
La nature n’est pas en sursis, sous nos yeux elle s’effondre »
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Les loups et les busards ne sont pas seuls dans le collimateur. La Fédération des acteurs ruraux (FAR), lancée dans les Alpes en novembre 2010, veille. L’un de ses responsables, Joseph Jouffrey, est président de la Fédération départementale ovine (FDO) des Hautes-Alpes. Son genre à lui, c’est ça : « Alors que nous vivons en symbiose avec la nature nous voilà considérés comme des terroristes ». La faute au « néocolonialisme environnementaliste ». Mais ça devrait s’arranger dès que les loups et les ours auront été exterminés. Jouffrey ne dit pas ces derniers mots explicitement, mais je jure bien que l’esprit du monsieur n’est pas éloigné de la lettre.

Sur le site internet de la FAR, en ce triste été, on trouve cet extrait d’un article du quotidien régional Le Dauphiné Libéré, en date du 10 juillet : « Entre colère et inquiétude à Plan-de-Baix dans le Vercors drômois. Hier mardi, une vache laitière qui venait de vêler dans une prairie à quelques mètres du domicile d’un exploitant agricole, a été attaquée, vivante, par 150 vautours. “Ils ont tout mangé, ils sont même entrés à l’intérieur !” témoigne l’agriculteur. “Ces vautours doivent crever de faim ! Mais qu’allons-nous faire avec nos bêtes”… ? »

Et un autre, tiré d’un article du même journal, deux jours plus tôt, soit le 8 juillet. Nous ne sommes plus dans le Vercors, mais en Savoie : « Samedi, entre 13 h 30 et 14 heures, une génisse en pension au lieu-dit Fondorsol à Saint-Julien-Montdenis a été attaquée par une cinquantaine de vautours. Ces derniers ont réussi à l’isoler du reste du troupeau avant de se jeter sur l’animal âgé de deux ans. Des vététistes passant à proximité ont assisté à l’attaque, mais ils n’ont rien pu faire, à part prévenir les propriétaires se trouvant plus bas, en train de faire les foins. Ces derniers ont signalé l’attaque à la Direction départementale des territoires de Savoie ».

Les « déificateurs » du monstre

Et encore d’autres extraits, d’autres journaux, rapportant les mêmes histoires de vautours découpant, au rasoir de leur bec, vaches et veaux, en attendant les tendres bébés aux joues rondes, victimes toutes désignées des futures agapes. Une randonneuse de 53 ans, tombée en avril dans un ravin pyrénéen, n’a-t-elle pas aussitôt été dépecée par ces salopards ? Commentaire avisé de la FAR : « Les déificateurs de ce prédateurs tous comme l’administration qui les autorise a créer et entretenir une surpopulation de prédateurs sont responsable de ces attaques ». Je ne me suis pas permis de retoucher, car je tiens à ma peau de « déificateur ». Où l’on voit en tout cas que les vautours feraient bien de planquer leurs miches, car il s’agit comme il se doit de les éliminer.

Faut-il vous faire un dessin ? J’en doute. Les ennemis des bêtes retrouvent, intacte, leur haine du sauvage et de tout ce qui échappe à leur délétère emprise. Ils ne tarderont pas à planter les rapaces nocturnes sur leurs granges en polystyrène. Enfin, ils trouveront autre chose, car tout de même, ne sont-ils pas nos vrais « progressistes » ? Comment voulez-vous que les vautours, conformés par l’évolution pour être des charognards se mettent à tuer des animaux vivants ? C’est inepte, contraire aux connaissances de base, mais que s’en foutent les abrutis ? Il s’agit de montrer qu’on en a, n’est-ce pas ? Que l’on ne va pas se laisser emmerder par des écolos-des-villes et des animaux-des-champs. Qui commande la nature, dites-moi donc ?

En conséquence directe, ce n’est pas à ces dangereux crétins que je m’adresse, mais à vous. Le Vautour fauve, réintroduit à si grand-peine en France – je m’incline au passage devant la ténacité des frères Jean-François et Michel Terrasse – compte quelques centaines d’individus, et c’est de loin le plus nombreux dans nos ciels. Le Vautour moine, le Percnoptère, le Gypaète barbu – les trois autres espèces vivant en France – ont des effectifs dérisoires. Et il leur faut échapper aux lignes à haute tension, aux pesticides, aux chasseurs fous, beaucoup moins rares qu’eux. Vous trouverez au bas de cet article un commentaire avisé du grand naturaliste Roger Mathieu, auquel il n’y a rien à ajouter. Et poursuivons ce chemin de croix.

Un si joli terrier artificiel

Philippe Charlier – merci ! – m’envoie un compte-rendu de l’Assemblée générale de la Fédération des chasseurs de la Nièvre, qui date d’un an. Elle s’est en effet tenue le 5 mai 2012, mais le texte n’en a, semble-t-il, jamais été rendu public. On va donc y remédier, mais avant cela, sachez que le maire-adjoint de Nevers, Christophe Warnant, a ouvert cette belle séance sur des mots d’anthologie. Voici : « Nous faisons annuellement appel à vos services. Nous allons le faire prochainement pour éliminer les oiseaux qui sont en trop grand nombre dans cet espace urbain ». Bienvenue à Nevers, ville socialiste, et merci à Christophe Warnant, vaillant militant du parti au pouvoir.

Donc, cette assemblée générale. Intervention tout en beauté de madame Émilie Philippe, secrétaire de l’association Vénerie sous terre. Pour ceux qui ne connaissent pas ce délicieux passe-temps, je précise que la vénerie sous terre consiste à acculer dans leurs terriers des animaux comme le Blaireau ou le Renard, par exemple à l’aide de chiens entraînés. Puis de les sortir de force, par exemple à l’aide de pinces. Puis de les tuer. Puis de s’embrasser pleine bouche en essuyant le sang qui coule.

Ce jour d’assemblée, madame Émilie Philippe a besoin d’un coup de main. On ne parle pas assez des soucis et tracas des équipages de vénerie. Voyez-vous, et c’est madame Émilie Philippe qui parle, « nous recherchons une bonne âme, habitant à proximité, qui accueillerait un couple de renards ». Voilà qui est bien mystérieux si l’on ne connaît pas le reste. La suite : « Nous avons pour projet la mise en place d’un terrier artificiel, pour que toute personne qui le souhaite vienne entraîner ses chiens, c’est un outil qui manque cruellement ». Ces excellentes personnes font donc prisonnier un couple de renards, de manière que leurs chiens puissent les terroriser, dans un terrier artificiel, le temps d’un nécessaire apprentissage. En deux mois, conclut madame Émilie Philippe, « à deux équipages, nous avons déjà comptabilisé une centaine de renards ». Vous aurez probablement remarqué l’euphémisation de l’assassinat, qui devient par extraordinaire un simple acte comptable. Les vrais tueurs ont toujours trouvé des mots de remplacement pour décrire leurs activités.

Les tigres fantômes du parc Jim Corbett

Est-ce tout ? Encore deux bricoles. Le journal indien Down to Earth – ohé ! Laurent Fournier –  publie une enquête formidable et désastreuse sur le sort fait aux tigres sur le territoire du parc national Jim Corbett, le plus ancien du pays. C’est long, et en anglais (ici). Également en anglais, une chronique du grand journaliste britannique George Monbiot, que je ne lisais plus depuis un atroce papier sur le nucléaire qu’il avait commis. Je m’y remets, apparemment. Dans ce texte (ici), Monbiot constate cette évidence que les défenseurs de la nature ont très souvent baissé pavillon, et se contentent des miettes et confetti qui leurs sont concédés. Son titre : « The Naturalists Who Are Terrified of Nature ».

Enfin, un très remarquable effort de l’association Robin des Bois, qui lance un trimestriel consacré au « braconnage et la contrebande d’animaux » (lire-ici.pdf). Que vous dire d’autre ? Si même nous n’étions que dix à défendre nos frères les animaux, il faudrait encore se lever pour eux. Or nous sommes un peu plus, et cela ne se sait pas assez. Savez-vous ? Je vomis ces barbares, et leurs innombrables soutiens. Comme dirait l’autre, on ne lâche rien. Ni personne. Pas la moindre libellule. Pas le dernier des orvets. Pas un seul ver luisant. Nous avons raison, car la vie est un principe supérieur à la mort qu’ils répandent.

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Les explications du naturaliste Roger Mathieu sur les vautours :

Pour ceux qui veulent essayer de comprendre et ne pas mourir idiots, voici “comment ça marche” :

Pour se nourrir, la plupart des organismes vivants répondent à des stimuli. Concernant les vautours, le stimulus majeur est l’immobilité totale et prolongée d’un animal avec absence de réaction lors des manœuvres d’approche des oiseaux. Ce comportement est celui d’un cadavre. Un animal sain et en pleine possession des ses moyens laisse les vautours indifférents et n’a rien à craindre.

Entre ces deux scénarios classiques, Il existe des circonstances exceptionnelles qui leurrent les vautours et les incitent à se poser. Le comportement anormal d’un animal immobilisé, incapable de se mouvoir à l’approche des oiseaux et présentant des plaies importantes ou des saignements peut déclencher l’intervention des vautours. Ces stimuli se rencontrent, par exemple, à la suite d’une mise bas particulièrement difficile d’un animal allongé, isolé, et incapable de se mouvoir. Dans ces circonstances et en l’absence d’intervention humaine les vautours peuvent intervenir et entraîner la mort par hémorragie. S’agissant d’animaux domestiques, ces faits qui supposent l’accumulation de facteurs défavorables, sont rarissimes.

Un peu plus fréquents sont les interventions des vautours ante mortem sur des animaux couchés, incapable de se mouvoir, victimes de blessures graves ou d’une pathologie avancée ou aiguë ( entérotoxémie bovine par exemple). Dans ces cas, les vautours ne font qu’anticiper la mort d’animaux condamnés. Ces scénarios exceptionnels ne peuvent s’apparenter à des comportements de prédation. Le comportement de prédation  sous entend qu’il existe une volonté délibérée du prédateur de mettre à mort sa proie avant de la consommer ; le stimulus déclenchant la prédation est précisément le mouvement de la proie.

A l’inverse, dans le cas des vautours, le stimulus est l’immobilité absolue de l’animal cible (animal mort) ; les cas d’intervention ante mortem se produisent sur des animaux qui, par leur immobilisme et leur absence de réaction, leurrent les vautours, les incitent à consommer, entraînant la mort par hémorragie « sans intention de la donner ».

Roger Mathieu

Delphine Batho, comique de l’État

Cet article a paru dans l’hebdomadaire Charlie Hebdo, le 10 juillet 2013

La blague est goûteuse, mais il est temps de passer à la suite. Batho se foutait autant de l’écologie que son bon maître François Hollande. Ceux qui tiennent vraiment le secteur restent prudemment dans les coulisses.

Faudrait voir à pas trop déconner. Batho. Pauvre Batho, qui tombe à gauche, en martyr, prétendant avoir été la victime des lobbies industriels. C’est vrai, Hollande ne rêve que gaz de schiste, car il y voit le retour à la croissance. Et pour ce qu’on sait, ça frétille autour de l’Élysée et des industriels concernés, dont Philippe Crouzet, patron de Vallourec. Cette boîte fabrique des tubes sans soudure qui iraient très bien dans des puits de forage made in France. Et comme la tendre épouse de Crouzet est conseillère à l’Élysée, il était tentant pour Batho de sous-entendre un complot contre elle et l’écologie.

Selon les informations de Charlie, tout cela n’est que pipeau. Batho, très proche de Montebourg – grand défenseur du nucléaire et des gaz de schistes – aurait cru, selon l’un des principaux témoins du mélodrame, pouvoir renforcer sa position en poussant sa chansonnette, sans bien mesurer le risque.

Pour ceux qui croient à la pureté de la dame, un coup d’œil sur son itinéraire, archipoliticien. Élevée à la belle école de Julien Dray – à 19 ans, en 1992, elle est propulsée par lui à la vice-présidence de SOS Racisme -, elle se passionne depuis quinze ans pour la police, au point de devenir dès 2004 secrétaire nationale du PS en charge de la sécurité. L’expression « ordre juste », brandie en 2007 par Ségolène Royal, c’est elle. L’encadrement militaire des jeunes voleurs, aussi.

On ne peut raconter, faute de place, par quel micmac elle se retrouve ministre de l’Écologie en juin 2012, mais la chose certaine est que le sujet l’emmerde, d’autant qu’elle n’y connaît que dalle. De très nombreux témoignages la montrent, elle ou ses sous-fifres, incapables de préparer ou tenir telle ou telle réunion technique. Mais surtout, elle aura soutenu du début à la fin la ligne politique d’un gouvernement pour lequel l’écologie n’existe pas.

Prenons des exemples, ce sera plus clair. Comme ces gens s’en foutent, ils s’accrochent à ce qu’ils peuvent, comme la fameuse « transition énergétique », tarte à la crème des réunions interministérielles. Rappelons qu’il s’agit de préparer un monde où le charbon, le gaz, le pétrole laisseraient progressivement la place. En novembre 2012, quand il s’agit de trouver un « comité de pilotage du grand débat », Delphine Batho finit par y placer cinq membres. Deux venus du nucléaire – CEA, Areva -, deux autres dirigeant un Institut payé par Lafarge, Saint-Gobain, Total, Bayer, Vinci, etc., et un petit dernier qui mange dans la main des socialos.

Une Batho réellement courageuse aurait commencé par expliquer que l’administration centrale du ministère de l’Écologie est aux mains de la « noblesse d’État », pour reprendre le mot de Bourdieu. Les vraies orientations, les grandes décisions sont prises par le corps des ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts (IPEF), qui regroupe depuis 2009 les ingénieurs des ponts et chaussées – une institution née en 1716 – et les ingénieurs du génie rural, des eaux et des forêts (IGREF), dont les origines remontent lointaines remontent à Philippe Le Bel.

Les Ponts et le Génie rural sont les responsables directs des grands massacres écologiques perpétrés en France depuis deux siècles. Dont les barrages, les routes et autoroutes, les ports et aéroports, le remembrement, le maïs, l’arasement des talus boisés et des haies, la transformation de la forêt en objet industriel, le drainage des zones humides, sans oublier une partie notable du nucléaire.

Exemple entre cent autres, Christian Leyrit. Ingénieur des Ponts, il est le chef – on parle comme cela – du corps des Ingénieurs des ponts, des eaux et des forêts, mais aussi vice-président du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), qui fait la pluie et le beau temps au ministère de l’Écologie. Le CGEDD est en effet chargé officiellement des audits, du conseil, des expertises, de l’inspection.

Le vrai pouvoir est donc là. Le père Leyrit est, depuis avril 2013, président de la Commission nationale du débat public (CNDP), pot de vaseline destiné à faire avaliser par un « public » présélectionné et préenregistré les aménagements les plus pourraves. Qui l’a nommé à ce poste de grand manipulateur ? Ben oui, la Batho.

Un cadeau pour ceux qui traînent du côté du Vercors

Je n’ai pas une minute à consacrer à Planète sans visa, et j’en suis bien désolé. En passant, je vous signale deux journées d’éducation et de formation naturalistes, les 27 et 28 juillet. Sur le plateau du Vercors, qui est l’un des lieux les plus beaux que je connaisse. Ces deux journées sont organisées par Véronique Thiery et Jean-Marie Ouary, que je considère comme des amis, même si je ne les ai pas vus depuis des années.

Je puis vous assurer d’une chose : ces deux-là sont vrais. Vrais connaisseurs de la nature, vrais défenseurs de la vie, et au moins en ce qui concerne Jean-Marie, vrai baroudeur. Il est vrai que Jean-Marie, venu de Noisy-le-Sec, où j’ai moi-même habité, reste à sa façon une grande gueule de banlieusard. J’ajoute qu’il est l’un des plus grands défenseurs du Loup – présent sur le Vercors – en France.

Bref. Deux jours. L’un consacré aux ongulés, et l’autre aux carnivores. Le tarif est de 60 euros par jour, ce qui n’est pas rien, je le sais parfaitement. Mais je peux au moins vous assurer que ces deux-là ne volent personne. Si vous êtes dans le coin, et que vous avez décidé de casser votre tirelire, ma foi. Vous pouvez éventuellement vous recommander de moi.

L’association Mille Traces : http://www.mille-traces.org/

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Les 27 et 28 juillet, mille traces organise deux journées de formation :

le 27 : les ongulés du Vercors
le 28 : les carnivores du Vercors

Ces journées se déroulent au départ de Saint-Agnan en Vercors (26420), elles s’adressent aux adultes uniquement. (Étudiants en biologie, passionnés de faune et flore etc.). Elle se déroulent en majeure partie sur le terrain, avec malgré tout un temps de présentation en salle. Prévoir un pique-nique.

Tarif : 60€/jour coût pédagogique.
Inscriptions sur réservation (formulaire-inscription-stage-2013.pdf)

Pour nos autres activités consultez notre site : http://www.mille-traces.org

Montebourg, Batho, Hollande et le parti de la laideur

Vous avez peut-être entendu ce bel abruti productiviste qu’est Arnaud Montebourg, qui propose la création d’une compagnie nationale pour lancer une « exploitation écologique » des gaz de schiste. Il est censé représenter l’aile gauche des socialistes, et demeure un grand ami politique de Delphine Batho, qui tente de faire croire qu’elle aurait été lourdée du gouvernement à cause de son opposition au gaz de schiste. Excusez-moi, la phrase est lourdingue. Mais vous aurez compris mon sous-entendu : tout cela n’est que mise en scène.

Je n’ai aucune preuve, mais je parie la totalité de mes biens matériels que Montebourg agit en accord étroit avec Hollande. Lequel souhaite ardemment trouver une solution politique lui permettant de passer par pertes et profits la loi imprudemment votée en juillet 2011, qui interdit la fracturation hydraulique pour récupérer pétrole et gaz de schiste. Dieu du ciel ! que ces gens sont laids. Une fois tous les arguments échangés, il reste cette évidence-là : ils sont du parti de la laideur.

Barroso vend l’Europe à la marchandise

Cet article a paru dans Charlie Hebdo le 3 juillet 2013

En catimini, notre glorieuse Commission européenne négocie un nouvel Accord commercial avec l’Amérique impériale. Bienvenue aux gaz de schiste, au poulet chloré et aux OGM.

Expliquons. Le libre-échange est une théorie devenue « force matérielle », pour paraphraser le vieux Marx, qui avait oublié d’être con. Certes, il parlait d’autre chose, mais d’évidence, le capitalisme ne connaît qu’une position, et c’est la marche avant. Témoin l’affaire, toute chaude encore, du « Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement », ou PTCI.

Oui, c’est déjà chiant, mais la suite vaut la peine. Les ministres du Commerce de l’Union européenne, dûment « briefés », viennent de donner mandat à la Commission européenne pour négocier un nouvel accord commercial avec les Amerloques, le PTCI. Rappelons pour les sourds et malentendants que le président de la Commission s’appelle José Manuel Barroso, ce fin lettré portugais qui ne supporte pas que l’on mette la culture hors le champ de l’économie.

Donc, le PTCI. Son but principal est d’abaisser les barrières douanières qui existent encore, de manière que les marchandises circulent mieux, plus vite, plus loin. Ne pas croire que les États-Unis seraient les gros méchants de l’histoire. La Commission européenne, incapable de la moindre idée, multiplie depuis 2006 les accords bilatéraux de ce genre. Avec la Colombie, la Corée du Sud et le Pérou, en attendant Singapour et les pays dits ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique).

Et le drôle est que la bande à Barroso n’arrive pas même à justifier le PTCI, qui n’apporterait au mieux, selon ses propres calculs, que 400 000 emplois. Or il existe 26,5 millions de chômeurs dans l’Union européenne. Kempf, journaliste au quotidien Le Monde, a fait le calcul : ces emplois nouveaux feraient passer le taux de chômage de 11 % aujourd’hui à 10,83 % demain. Côte PIB, c’est encore plus mignon : les experts qui nous représentent si bien parlent d’un gain de croissance possible de 0,5 % à l’horizon 2027. Ergo, on se fout de notre gueule, mais grave.

Et c’est d’autant plus vrai qu’Américains et Européens conviennent que les barrières tarifaires sont déjà basses, à l’exception des biens culturels et de l’agriculture. « Ce projet d’accord, note l’association Attac dans une lettre adressée à notre ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq, ambitionne donc de s’attaquer en priorité aux barrières “non-tarifaires” et aux normes et règlements ». Et c’est là qu’on entre dans le dur.

L’un des points les plus vicelards concerne le règlement des conflits commerciaux. Par le biais de ce que le jargon appelle Investor-State Dispute Settlement – déjà en vigueur dans d’autres Accords -, des transnationales pourraient attaquer la politique d’un État via une procédure ad hoc. Commentaire du Corporate Europe Observatory (1), une ONG basée à Bruxelles : « [Le PTCI] ouvrira les vannes à un flot de millions d’euros de poursuites des entreprises, contestant les politiques démocratiques de protection de l’environnement et de santé publique ».

Les viandes clonées ou passées au chlore, les produits OGM, ou encore les gaz de schistes obtenus par fracturation hydraulique – la technique est interdite par la loi française – pourraient être les premiers à profiter du micmac. Faut-il compter sur les socialos pour refuser le PTCI ? Ce serait audacieux. Rappelons que le patron actuel de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), boîte noire du libre-échange, n’est autre que le grand socialiste Pascal Lamy. Rappelons de même qu’un certain DSK a dirigé le FMI, chantre des mêmes valeurs, entre 2007 et 2011.

Pourquoi un énième accord, après tant d’autres déjà signés, dont le si funeste Accord général sur le commerce des services (AGCS) ? Parce que. Ce n’est pas un complot, c’est une politique. Une obsession. Il n’y a qu’un seul monde, et c’est celui de la marchandise.

PS qui n’a presque rien à voir : notre beau Conseil d’État pourrait prochainement renvoyer devant le Conseil constitutionnel la loi du 13 juillet 2011 interdisant l’exploitation des gaz de schiste en France. En cas d’inconstitutionnalité, la porte serait ainsi entrouverte aux forages made in France.

(1) http://www.tni.org/briefing/transatlantic-corporate-bill-rights?context=70931
(2) http://www.no-transat.be