Archives mensuelles : décembre 2014

Madame Theo Colborn vient de mourir

Theo Colborn était l’un des grands personnages de mon Panthéon personnel, et comme je viens d’apprendre sa mort, je suis encore sous le choc. Née en 1927, elle allait avoir 88 ans. Zoologiste, formidable fouineuse, géniale tisseuse de liens, de fils et de causalités, elle avait compris avant tout le monde qu’une nouvelle menace pesait sur la vie des êtres. Ce qu’elle allait appeler, en 1991, avec une poignée d’amis méconnus, les perturbateurs endocriniens. Je n’ai guère le goût ce soir d’aller plus loin, et je me permets de glisser ci-dessous quelques lignes de mon livre, Un empoisonnement universel, passage dans lequel je raconte la renversante épopée du groupe de Wingspread. Si elle pouvait m’entendre, si elle peut m’entendre, je veux lui dire combien je pense à elle.

Cela n’a (presque) rien à voir. Ce matin, à 8 heures, la radio publique France-Inter ouvre son journal sur une prise d’otages à l’autre bout de la planète. Ces gens-là refusent quantité d’informations sur la crise écologique, au motif rigolo que ce serait trop anxiogène pour leurs chers auditeurs. Et les font flipper des journées entières à propos d’histoires sans nulle signification particulière. Car quoi ? Un siphonné joue les suicidaires dans un bistrot des antipodes, et il faudrait pratiquement arrêter de respirer. J’attends, sans le moindre espoir, de voir la place qui sera laissée, dans leur si vaste cimetière des chiens, au décès de Theo Colborn, héroïne de l’humanité.

Extrait

L’Américaine Theodora Colborn, née en 1927, est zoologiste. À la fin des années 80, Theo participe à la rédaction d’un livre sur les Grands Lacs américains (Great Lakes, Great Legacy, 1990). Le livre n’a rien de révolutionnaire, qui dresse la liste des problèmes habituels : les zones humides sont sacrifiées, les lacs les plus petits meurent lentement sous les pluies acides, les PCB et le DDT continuent d’empoisonner les écosystèmes, les moyens de dépollution sont trop faibles.

Rien de révolutionnaire ? Si, précisément la contribution de Theo, qui a découvert ce que personne n’avait encore considéré. Dans un entretien passionnant  donné au site américain Frontline, en février 1998, elle explique en quoi a consisté sa contribution au livre. Après avoir rassemblé toute une littérature scientifique dispersée dans quantité de revues, elle constate qu’« aucun [des signataires de ces articles] ne savait ce que l’autre était en train de faire ». Personne n’avait songé à faire une synthèse utile de tant de recherches. Combien de graves problèmes restent dans les limbes de la conscience collective, faute d’avoir rencontré leurs découvreurs ?

L’Histoire s’est arrêtée à Wingspread
En dressant des listes d’animaux grâce à des feuilles de calcul du genre Excel, Theo réalise que la plupart de ceux qui vivent autour des Grands Lacs ou dans leurs eaux ont des problèmes. Ici, les populations déclinent, là elles disparaissent, ailleurs elles ont des difficultés à se reproduire. Des jeunes naissent avec des défauts congénitaux. Les poissons ont des thyroïdes malades. Les oiseaux mâles ne défendent plus le nid contre les prédateurs. L’ensemble des symptômes observés ont un point en commun : ils signalent un désordre du système endocrinien. Ce dernier est formé de glandes qui secrètent des hormones permettant ou régulant la croissance, la reproduction, le métabolisme, la glycémie, la pression artérielle. C’est donc peu de dire qu’il se trouve au cœur de nos fragiles organismes. Theo dira plus tard : « Mais c’était incroyable ! Et bien sûr, la chose la plus importante est que le cancer n’était pas le problème ». En effet, jusque-là, le cancer était considéré comme la menace suprême, sinon unique. Cette fois, « autre chose » apparaissait sous le regard des scientifiques.

Theo réalise qu’elle est en face d’une gigantesque énigme. Que faire ? Mais alerter le monde, bien entendu. Le livre sur Les Grands Lacs est publié en 1990, et dès juillet 1991 – on ne perd pas de temps -, elle réunit en urgence 21 collègues. Où ? Dans une salle obscure – le Wingspread Conference Center – de la petite ville de Racine (Wisconsin). L’Histoire ne choisit visiblement pas les lieux où elle a décidé de changer son cours. Les trois jours du Wingspread Center – du 26 au 28 juillet 1991 – resteront un moment authentique de la si profuse aventure humaine. Et d’autant peut-être que les scientifiques présents, s’ils sont excellents, demeurent des inconnus. Outre Theo, on trouve rassemblés toxicologues, zoologistes, anthropologues, biologistes, endocrinologues. Et même un professeur de psychiatrie, Richard Green. Les universités où ils travaillent n’ont rien à voir, au moins sur le plan de la notoriété, avec Harvard, Princeton et Yale. Et pourtant ! Cette improbable équipée va couvrir de honte ces innombrables scientifiques de la place, qui cherchent et trouvent sans jamais réussir à nous apprendre l’essentiel.

À lui seul, le thème de la rencontre apparaît, un quart de siècle plus tard, prophétique : Chemically Induced Alterations in Sexual Development : The Wildlife-Human Connection. Autrement dit : Les modifications dans le développement sexuel provoqués par la chimie : la connexion entre l’Homme et la faune. L’énoncé du problème, tel que décrit par les participants de la rencontre, est limpide : « De nombreux composés libérés dans l’environnement par les activités humaines sont capables de dérégler le système endocrinien des animaux, y compris l’homme ».
Fin de l’extrait

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Sur le site de Tedx (ici), l’ONG qu’elle avait fondée.

Theo Colborn, 1927–2014

theo-final

©2014 Julie Dermansky for Earthworks

If you ever had the chance to meet her, even once, you knew Theo Colborn. She didn’t have a single hidden agenda. Her commitment to uncovering the truth was out there for the world to see.

For nearly 30 years she dedicated herself to revealing the dangers of endocrine disrupting chemicals to wildlife and humans. More recently she alerted us all to the threats posed by chemicals associated with oil and gas development. She wove the two together beautifully in her statement The Fossil Fuel Connection, which she worked on until the day she died.

Theo’s visionary leadership and passion shone most brilliantly when she made direct connections between new ideas, scientists whose work confirmed them, impacted individuals, and people in positions to change what needed changing. She will be remembered for many generations to come, generations that she worked tirelessly to protect.

Theo often feared that we had already passed the tipping point — that our intelligence and compassion had been so compromised by endocrine disruptors that we could no longer think our way out of the crises we had created.

As the living embodiment of her legacy, we at TEDX say, “No. It is not too late. There are people out there who ‘get it’ and who care — a lot of people — and we won’t let you down Theo.”

— From the Staff and Board of Directors of TEDX

 

Theo’s family has requested that in lieu of flowers, donations be sent to TEDX.

Pourquoi on ne peut pas s’entendre avec eux

La rupture ne saurait être plus totale. En ce qui me concerne, jamais je ne pourrais plus faire un pas dans la direction de ces gens-là. Eux, les socialistes. Je sais que bien des événements peuvent surgir, qui modifieront peut-être cette fière sentence. Peut-être. Ou pas. Ce qui est sûr en tout cas, c’est que leur imaginaire de pacotille, leurs lamentables positions morales et politiques les placent dans un territoire mental où je n’ai jamais posé le moindre orteil.

Dans le papier de l’AFP que je vous mets ci-dessous, on voit donc Valls lancer un chantier Pierre et Vacances, sur le modèle, à très peu de choses près, des Center Parks. Oui, comme celui de Roybon, en Isère, dont le chantier est occupé par une poignée de zadistes que je salue évidemment. Dans ce texte, tout est perverti, à commencer par cet affichage « éco-touristique » que reprend sans rien y comprendre la journaliste. Nous en sommes bel et bien là : les mots ne veulent plus rien dire. Le Pen est écologiste. Valls est écologiste. Mélenchon, qui veut industrialiser la mer, est écologiste. Le parti communiste, qui a toujours soutenu le programme électro-nucléaire français, notamment via son emprise sur EDF, est écologiste. Les Verts, obsédés par le moindre poste, la moindre place, sont écologistes.

J’ai connu par le plus grand hasard le lieu où Fabius, alors Premier ministre, a imposé cette grande misère humaine appelée Disneyland. Ces plaines briardes étaient certes aux mains de l’agriculture industrielle, mais elles représentaient en tout cas une prodigieuse promesse d’avenir. Des milliers d’hectares d’une des terres les plus riches au monde ont été sacrifiés sur l’autel du néant. Je me souviens encore de Fabius, il y a trente ans, vanter le projet, parler des emplois, justifier les colossales aides publiques de l’époque, dont la création d’une station de RER dédiée. Voilà que cela continue, et que 60 millions d’euros d’argent public iront rejoindre les fouilles sans fond de Gérard Brémond, patron de Pierre et Vacances, 77 ans aux prunes. Ce pauvre garçon entend détruire jusqu’à la dernière minute de sa vie.

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Valls lance le grand chantier « éco-touristique » des Villages Nature

Villeneuve-le-Comte (France) (AFP) – 12.12.2014 17:59 – Par Audrey KAUFFMANN

Le Premier ministre Manuel Valls le 11 décembre 2014 à Bailly-Romainvilliers pour la pose de la première pierre du chantier des « Villages Nature »

voir le zoom : Le Premier ministre Manuel Valls le 11 décembre 2014 à Bailly-Romainvilliers pour la pose de la première pierre du chantier des Villages Nature

Le Premier ministre Manuel Valls le 11 décembre 2014 à Bailly-Romainvilliers pour la pose de la première pierre du chantier des « Villages Nature » (afp.com – Miguel Medina)

voir le zoom : Un appartement témoin des Villages Natures à Bailly-Romainvilliers, près de Disneyland Paris, le 11 décembre 2014

Un appartement témoin des Villages Natures à Bailly-Romainvilliers, près de Disneyland Paris, le 11 décembre 2014
(afp.com – Miguel Medina)

voir le zoom : Le Premier ministre Manuel Valls le 11 décembre 2014 à Bailly-Romainvilliers pour la pose de la première pierre du chantier des Villages Nature

Le Premier ministre Manuel Valls le 11 décembre 2014 à Bailly-Romainvilliers pour la pose de la première pierre du chantier des « Villages Nature » (afp.com – Miguel Medina)

Manuel Valls a posé jeudi la première pierre du chantier des « Villages Nature », apportant son soutien à ce gigantesque concept de destination « éco-touristique » qui doit ouvrir en juillet 2016 à côté de Disneyland Paris, au sud-est de la capitale française.

Le chantier, installé entre deux forêts domaniales de Seine-et-Marne, est censé créer un lieu de loisirs conçu en forme de « cité végétale » et centré sur la nature, avec hébergements en cottages et appartements, parc aquatique, lagon extérieur, jardins suspendus, immeubles à l’architecture végétale, ferme bio, forêt « sportive », commerces…

La première phase de ce programme commun des groupes Pierre et Vacances et Euro Disney, qui brandit la thématique du développement durable, concerne 175 hectares et un investissement d’environ 500 millions d’euros. Si la phase ultime se concrétise, d’ici une décennie, le site pourrait couvrir au final jusqu’à 500 hectares et représenter deux milliards d’euros d’investissements.

C’est le plus grand projet de « resort » touristique en Europe. Il cible d’ailleurs largement la clientèle européenne, et espère un demi-million de visiteurs dès sa première année d’exploitation.

Pour M. Valls, qui s’exprimait sur le chantier du site à Villeneuve-le-Comte en Seine-et-Marne, ce projet classé Opération d’intérêt national (OIN) est « un exemple de ce qui doit être fait pour concilier l’économie et l’écologie, le développement de nouvelles activités et la protection de la nature ».

Dominique Cocquet, directeur général de Villages Nature, explique qu’il s’agit là d' »écrire une nouvelle page en matière de tourisme, qui prenne en compte les grands défis environnementaux du XXIe ».

« On est dans la modernité. Ce n’est pas la campagne ou un bout de safari », dit-il.

Aux yeux du Premier ministre, « cette offre de loisirs plus en retrait, plus proche de la nature, correspond bien aux aspirations de notre époque ». M. Valls a salué le fait qu’il y ait eu un « premier grand débat national pour un projet touristique », estimant que, « de ce point de vue là, ce projet est également exemplaire ».

Dix ans de gestation, sept enquêtes publiques et « aucun recours » malgré certains bémols écologistes: les élus locaux et régionaux et les promoteurs présents jeudi se congratulaient.

Au moment où plusieurs autres grands projets en France sont contestés, parfois violemment — aéroport de Notre-Dame-des-Landes, barrage de Sivens, Center Parcs en Isère… — Manuel Valls en a profité pour dénoncer la « prise en otage » pratiquée selon lui par des opposants à certains de ces chantiers en France, qualifiés par Europe Ecologie-les Verts (EELV) de « grands projets inutiles ».

Pour développer le projet Villages Nature, environ 60 millions d’euros d’argent public doivent être injectés, dans la voirie et les infrastructures en priorité.

Un engagement conséquent, justifié selon les élus par l’argument économique de l’emploi et de « l’attractivité » de la destination, qui va attirer des devises.

La première phase de Villages Nature, à elle seule, doit permettre la création de 2.000 emplois dans le bâtiment et 1.600 emplois directs pour l’exploitation touristique, a souligné Gérard Brémond, le président de Pierre et Vacances/Center Parcs.

Pour Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d’Ile-de-France, « ce projet est un peu du trois en un: bon pour l’emploi, bon pour l’environnement et bon pour l’égalité des territoires », a-t-il dit.

Le député de Seine-et-Marne Christian Jacob a pour sa part interpellé le Premier ministre sur le fait que certains aménagements promis pour améliorer des infrastructures à proximité du site se font attendre.

Dans un premier temps, un millier de cottages seront implantés autour d’un « Aqualagon » qui devrait devenir l’un des parcs aquatiques couverts les plus grands d’Europe avec ses 11.500 m2.

A l’extérieur, un lagon extérieur de 3.500 m2 sera chauffé en certains endroits par géothermie à plus de 30 degrés. Un projet qui suscite certaines critiques. « Faire de la géothermie pour chauffer un lac, c’est stupide », juge le président des élus écologistes d’EELV d’Ile-de-France, Mounir Satouri.

La géothermie alimentera aussi le chauffage et l’eau des logements, « sans émission de CO2 », selon les promoteurs. Villages Nature sera « une destination absolument unique », a promis Tom Wolber, le patron d’Euro Disney.

© 2014 AFP

Henri Trubert m’a téléphoné

Allez, je vous dis (presque) tout. Hier matin, mon téléphone antédiluvien sonne. C’est Henri, Henri Trubert, mon éditeur de la maison Les Liens qui libèrent (www.editionslesliensquiliberent.fr). Il était chez Fayard quand j’ai écrit en 2007, avec François Veillerette, un livre sur les pesticides, Révélations sur un scandale français. Quand je dis qu’il était chez Fayard, je pense en vérité qu’il nous a reçus, puis publiés, dans des conditions de confiance parfaites. Depuis, je le tiens pour un ami.

Hier donc, il m’appelle pour me demander d’être prêt. Il vient de lire l’article du journal Le Monde que vous trouverez ci-dessous, et qu’une lectrice de Planète sans visa, Marie-R – merci ! -, a déjà signalé. Il constate l’évidence que ce papier important recoupe parfaitement le sens de mon dernier livre, Un empoisonnement universel (Comment les produits chimiques ont envahi la planète). L’ayant constaté, il souhaite remuer Paris et obtenir que je passe sur les télés – Canal, TF1, que sais-je, mais au JT comme on dit – de manière à commenter à ma manière ces épouvantables informations.

Henri est ainsi, et je l’aime ainsi. Il y croit. Il a tort. Ces questions n’entrent dans aucune case de l’univers médiatique. Attention, je ne suis pas en train de me plaindre. Ce système aveugle et imbécile m’a laissé parler en septembre, au moment de la sortie du livre. Plutôt beaucoup. Non, il ne s’agit pas de moi, c’est beaucoup plus grave. On peut dire à peu près n’importe quoi, même la vérité, mais à la condition que cela soit bref et figure coincé entre ces insignifiances qui rendent le tout à peu près indestructible. Y a-t-il quelque chose à faire ? Tout de suite, je ne vois pas. Mais la suite n’est pas encore écrite. Lisez plutôt ce qui suit, qui exigerait bien entendu une réunion extraordinaire de notre si pathétique Conseil des ministres. Lisez.

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La pollution met en danger le cerveau

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Stéphane Foucart

Des enfants exposés in utero à des niveaux élevés de deux phtalates présentent en moyenne un quotient intellectuel (QI) inférieur de plus de six points à celui d’enfants moins exposés. Cette conclusion préoccupante est le fruit d’une étude au long cours, conduite par des chercheurs de l’université Columbia (New York), et publiée mercredi 10 décembre dans la revue PLoS One.

Les phtalates sont des plastifiants présents dans de nombreux produits courants – objets en PVC, textiles imperméables, cuirs synthétiques, mais aussi rouges à lèvres et à ongles, bombes de laque ou certains shampooings. Ils sont interdits dans les jouets, en Europe comme aux Etats-Unis, mais rien n’est fait pour éviter l’exposition des femmes enceintes.

L’étude a porté sur 328 New Yorkaises, dont l’urine a été analysée au cours du troisième trimestre de grossesse pour y mesurer la concentration en quatre phtalates. Les tests de QI ont été réalisés auprès de leurs enfants à l’âge de sept ans. Pour les 25 % de ceux nés de mères dont les taux de DnBP et DiBP étaient les plus élevés, le QI était respectivement de 6,6 et 7,6 points inférieur à celui du quart des enfants dont la mère montrait la concentration la plus basse de ces deux phtalates. L’étendue des concentrations n’avait rien d’inhabituel et se situait dans l’échelle de celles mesurées au niveau national par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).

« Ampleur troublante »

« L’ampleur de ces différences de QI est troublante, note Robin Whyatt, qui a dirigé l’étude. Une baisse de six ou sept points pourrait avoir des conséquences substantielles sur la réussite scolaire et le potentiel professionnel de ces enfants. »

Cette étude n’est que la dernière en date d’un corpus toujours plus vaste de travaux qui pointent l’impact sur le développement cérébral de différents polluants, au premier titre desquels figurent les perturbateurs endocriniens. La montée de l’incidence de l’autisme pourrait être l’un des symptômes de l’imprégnation de la population – notamment de l’enfant à naître – par ces produits chimiques.

De toutes les maladies non transmissibles, l’autisme est l’une de celles dont la fréquence augmente le plus rapidement. Si vite qu’il est même difficile d’y croire. En mars, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains, l’équivalent de notre Institut de veille sanitaire (InVS), rendaient publiques les dernières estimations de la prévalence des troubles du spectre autistique chez les garçons et les filles de 8 ans aux Etats-Unis. Selon ces chiffres, un enfant sur 68 est désormais touché par cet ensemble de maladies du développement, regroupant l’autisme profond, les syndromes de Rett et d’Asperger, etc.

Augmentation quasi exponentielle

Le plus impressionnant n’est pas tant le chiffre lui-même, que la rapidité de son évolution : il est supérieur de 30 % à celui publié seulement deux ans auparavant (un enfant sur 88) par le même réseau de surveillance mis en place par les CDC, et a plus que doublé en moins d’une décennie. Au cours des vingt dernières années, les données américaines suggèrent une augmentation quasi-exponentielle de ces troubles, aujourd’hui diagnostiqués « vingt à trente fois plus » que dans les années 1970, selon le rapport des CDC. 40 % de ces enfants dépistés aux Etats-Unis présentent un quotient intellectuel (QI) inférieur à 70.

D’autres troubles neuro-comportementaux sont également en forte croissance ces dernières années. Outre-Atlantique, l’hyperactivité et les troubles de l’attention touchaient, selon les chiffres des CDC, 7,8 % des enfants entre 4 et 17 ans en 2003. Ce taux est passé à 9,5 % en 2007, puis à 11 % en 2011. Par comparaison, en France, leur fréquence est estimée entre 3,5 et 6 % pour les 6-12 ans.

Aux Etats-Unis, un enfant sur six est concerné par un trouble du développement (troubles neuro-comportementaux, retard mental, handicaps moteurs, etc.).

Dans un ouvrage scientifique tout juste publié (Losing Our Minds. How Environmental Pollution Impairs Human Intelligence and Mental Health, Oxford University Press, 2014) Barbara Demeneix, directrice du département Régulations, développement et diversité moléculaire du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), soutient que cette augmentation rapide de la fréquence des troubles neurocomportementaux est, en grande partie, le résultat de l’exposition de la population générale à certaines pollutions chimiques diffuses – en particulier les femmes enceintes et les jeunes enfants.

Selon la biologiste, cette situation n’est, en outre, que la part émergée d’un problème plus vaste, celui de l’érosion des capacités cognitives des nouvelles générations sous l’effet d’expositions toujours plus nombreuses à des métaux lourds et à des substances chimiques de synthèse. Le sujet est, ces dernières années, au centre de nombreuses publications scientifiques. Philippe Grandjean, professeur de médecine environnementale (université Harvard, université du Danemark-Sud), l’une des figures de la discipline et auteur d’un livre sur le sujet (Only One Chance. How Environmental Pollution Impairs Brain Development — and How to Protect the Brains of the Next Generation, Oxford University Press, 2013), va jusqu’à évoquer une « fuite chimique des cerveaux ».

La thyroïde en cause

« L’augmentation de la fréquence de l’autisme que l’on mesure ces dernières années est telle qu’elle ne peut pas être attribuée à la génétique seule et ne peut être expliquée sans faire intervenir des facteurs environnementaux, dit Barbara Demeneix. De meilleurs diagnostics et une meilleure information des médecins et des familles permettent certainement d’expliquer une part de cette augmentation, mais en aucun cas la majorité. » Et ce d’autant plus que les critères diagnostiques utilisés par les CDC sont demeurés identiques entre 2000 et 2013. « En France et en Europe, il n’existe pas de suivi historique de la prévalence de ces troubles aussi précis qu’aux Etats-Unis, mais il est vraisemblable qu’on assiste aussi à une augmentation de leur incidence », ajoute Barbara Demeneix.

Autre argument fort suggérant que l’augmentation de fréquence de l’autisme ne relève pas d’un biais de mesure : le sexe-ratio est constant. Les garçons sont toujours cinq fois plus touchés que les filles. Or, si l’accroissement constaté était artéfactuel, une modification du sexe-ratio aurait de grandes chances d’être observée.

Comment expliquer une telle épidémie ? Pour la biologiste française, l’une des causes majeures est la prolifération de molécules de synthèse capables d’interférer avec le fonctionnement de la glande thyroïde. « Depuis de nombreuses années, mon travail consiste à comprendre comment un têtard devient une grenouille. Les molécules-clés de ce processus sont les hormones thyroïdiennes, qui jouent un rôle crucial dans les transformations lourdes du développement, explique Barbara Demeneix. En cherchant à comprendre comment ces hormones agissent dans la métamorphose du têtard, je me suis posé le même type de questions sur leur importance dans le développement du cerveau humain. »

Lire aussi : Pollution : « L’intelligence des prochaines générations est en péril »

Les hormones thyroïdiennes sont connues pour moduler l’expression des gènes pilotant la formation de structures cérébrales complexes comme l’hippocampe ou le cortex cérébelleux. « Nous savons avec certitude que l’hormone thyroïde joue un rôle pivot dans le développement du cerveau, précise le biologiste Thomas Zoeller, professeur à l’université du Massachusetts à Amherst et spécialiste du système thyroïdien. D’ailleurs, la fonction thyroïdienne est contrôlée sur chaque bébé né dans les pays développés et la plupart des pays en développement, ce qui montre le niveau de certitude que nous avons dans ce fait. Pourtant, malgré le fait que de nombreuses substances chimiques ayant un impact documenté sur la thyroïde soient en circulation, les autorités sanitaires ne font pas toujours le lien avec l’augmentation des troubles neurocomportementaux. »

Dans Losing Our Minds, Barbara Demeneix montre que la plupart des substances connues pour leur effet sur le développement du cerveau interfèrent bel et bien avec le système thyroïdien. Ces molécules ne sont pas toutes suspectées d’augmenter les risques d’autisme, mais toutes sont susceptibles d’altérer le comportement ou les capacités cognitives des enfants exposés in utero, ou aux premiers âges de la vie. C’est le cas des PCB (composés chlorés jadis utilisés comme isolants électriques, lubrifiants, etc.), de certaines dioxines (issues des processus de combustion), de l’omniprésent bisphénol A, des PBDE (composés bromés utilisés comme ignifuges dans l’électronique et les mousses des canapés), des perfluorés (utilisés comme surfactants), des pesticides organophosphorés, de certains solvants, etc.

« Le travail de Barbara Demeneix est très important, estime la biologiste Ana Soto, professeur à l’université Tufts à Boston (Etats-Unis) et titulaire de la chaire Blaise Pascal 2013-2014 de l’Ecole normale supérieure. Elle a conduit un travail bibliographique considérable et c’est la première fois que l’ensemble des connaissances sont rassemblées pour mettre en évidence que tous ces perturbateurs endocriniens, mais aussi des métaux lourds comme le mercure, sont capables de perturber le fonctionnement du système thyroïdien par une multitude de processus. »

Substances très nombreuses

Les composés bromés peuvent inhiber l’absorption d’iode par la thyroïde qui, du coup, produit moins d’hormones. Les molécules chlorées peuvent en perturber la distribution dans les tissus. Le mercure, lui, peut inhiber l’action des enzymes qui potentialisent ces mêmes hormones… Lorsqu’une femme enceinte est exposée à ces substances, son fœtus l’est également et, explique Barbara Demeneix, « le risque est important que la genèse de son cerveau ne se fasse pas de manière optimale ». Pour limiter au mieux les effets de ces substances, la biologiste insiste sur la nécessité d’un apport d’iode conséquent – absent du sel de mer – aux femmes enceintes, garant de leur bon fonctionnement thyroïdien.

Le problème est que les substances susceptibles de perturber ces processus sont très nombreuses. « Les chimistes manipulent des phénols auxquels ils ajoutent des halogènes comme le brome, le chlore ou le fluor, explique Barbara Demeneix. Or les hormones thyroïdiennes sont composées d’iode, qui est aussi un halogène. Le résultat est que nous avons mis en circulation des myriades de substances de synthèse qui ressemblent fort aux hormones thyroïdiennes. »

Les scientifiques engagés dans la recherche sur la perturbation endocrinienne estiment en général que les tests mis en œuvre pour détecter et réglementer les substances mimant les hormones humaines sont insuffisants. D’autant plus que les effets produits sur les capacités cognitives sont globalement discrets. « Si le thalidomide [médicament retiré dans les années 1960] avait causé une perte de 10 points de quotient intellectuel au lieu des malformations visibles des membres [des enfants exposés in utero via leur mère], il serait probablement encore sur le marché », se plaisait à dire David Rall, ancien directeur de l’Institut national des sciences de la santé environnementale américain (NIEHS).

Lire aussi : Pollution : les coûts faramineux de la perte de QI

L’érosion du quotient intellectuel de même que les troubles neurocomportementaux comme l’hyperactivité et les troubles de l’attention ou l’autisme « sont le talon d’Achille du système de régulation, souligne le biologiste Thomas Zoeller. Ce sont des troubles complexes, hétérogènes et aucun biomarqueur caractéristique ne peut être identifié. Du coup, il y a beaucoup de débats sur la “réalité” de l’augmentation de leur incidence. Ce genre de discussions ne décide pas les agences de régulation à être pro-actives, en dépit du fait que l’incidence des troubles du spectre autistique augmente si rapidement que nous devrions tous en être inquiets. »

L’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), l’organisme intergouvernemental chargé d’établir les protocoles de test des substances chimiques mises sur le marché, a cependant appelé, fin octobre, au développement de nouveaux tests susceptibles de mieux cribler les molécules interférant avec la thyroïde. Et ce, avec « une très haute priorité ».

L’affaire ne concerne pas uniquement l’intelligence des prochaines générations mais leur santé au sens large. « Les épidémiologistes remarquent depuis longtemps que les gens qui ont un quotient intellectuel élevé vivent plus longtemps, et ce même lorsqu’on corrige des effets liés à la classe sociale, dit Barbara Demeneix. Or selon la théorie de l’origine développementale des maladies, notre santé dépend en partie de la manière dont nos tissus se sont développés au cours de notre vie intra-utérine. Les facultés cognitives pourraient ainsi être une sorte de marqueur des expositions in utero et pendant la petite enfance à des agents chimiques : avoir été peu exposé signifierait un quotient intellectuel élevé et, du même coup, une plus faible susceptibilité aux maladies non transmissibles. »

Le nucléaire fait la manche

Ce papier a été publié par Charlie Hebdo le 3 décembre 2014

Ils nous avaient promis la Lune et le cul de la crémière. Les voilà qui font faillite, et comme l’État est derrière, nous aussi. Pas d’argent pour les gosses, les malades ou l’air pur, mais Hollande cherche deux milliards pour renflouer Areva la désastreuse.

C’est là qu’on rigole : le nucléaire français est dans une merde si noire que plus personne ne peut l’ignorer. Titre en une du quotidien qu’on appelle « de référence », Le Monde, le 20 novembre : « Les échecs à répétition d’Areva menacent la filière nucléaire française ». Areva, monstre public de 45 000 salariés – l’État en possède 87 % -, ne cesse de perdre de l’argent. Plus de trois milliards d’euros pour les seules années 2011, 2012, 2013. L’an 2014 devrait s’achever sur une baisse de 10 % du chiffre d’affaires et plus d’un milliard d’euros de perte sèche.

Qui lit en vrai Charlie sait cela depuis longtemps, et l’on excusera cette autocitation du 9 juillet dernier : « Areva est un groupe public dans une panade telle que, si l’État ne laissait pas filer les déficits, ce serait la faillite, la fermeture des crédits, le chômage de masse ». Mais reprenons dans l’ordre. Le 18 novembre, Areva avoue sans fard que ça va très mal, annonçant qu’elle suspend pour 2015 et 2016 la publication très attendue de ses perspectives financières. La Bourse, qui n’apprécie guère la vision nocturne, assassine le cours d’Areva, qui chute de 15 % en une séance.

On ne sait plus qui accuser, mais une évidence s’impose : les nouveaux réacteurs EPR, censés remplacer les vieux clous, sont des inventions du Diable. Les deux prototypes européens en construction font rire la communauté mondiale du nucléaire. Celui d’Olkiluoto, en Finlande, sera fini dans le meilleur des cas en 2018, avec la bagatelle de 9 ans de retard, et une facture qui sera passée de trois milliards d’euros à environ neuf. Le second, à Flamanville (Manche), n’a pour l’heure que cinq ans de retard, et si l’on en croit les nucléocrates, pourrait fonctionner en 2017. Son coût atteindra ou dépassera les neuf milliards d’euros, soit au moins trois fois plus que ce qui était juré-promis en 2007.

Face à un tel merdier, que faire ? Il n’y a plus un sou en caisse, rien pour les pauvres, les chômeurs, les handicapés, les autistes, les banlieues, les gamins, la beauté du monde et les papillons, mais il y en aura toujours pour le nucléaire, cette surpuissance. L’État – MM. Hollande et tous autres socialistes en peau de lapin -, envisage sérieusement de sortir deux milliards d’euros de sa boîte à malice. Ou bien de créer une « structure de défaisance » sur le modèle éprouvé du Crédit Lyonnais failli. On y jetterait aux oubliettes tout ce qui peut nuire au chiffre d’affaires d’Areva.

Reste une troisième possibilité : une noble intervention d’EDF, client essentiel d’Areva, qui pourrait augmenter sa présence dans le capital de cette dernière. Rappelons pour l’occasion qu’Areva construit des réacteurs nucléaires qu’EDF – autre mastodonte public – exploite pour la grande joie des chargeurs de téléphones portables. Conscient qu’EDF et Areva sont dans le même bateau, Hollande vient de nommer à la tête de ces entreprises publiques deux copains de régiment, ou presque. Philippe Varin – Areva – et Jean-Bernard Lévy – EDF – sont en effet ingénieurs des Mines – la caste des castes – et issus de la même promotion de Polytechnique, en 1973.

Faut-il vraiment rappeler que le nucléaire est une très grossière arnaque ? Certes oui, les ingénieurs et techniciens qui ont lancé cette grande folie étaient sûrs d’eux. La France, dépourvue de pétrole, allait conquérir une place à part grâce à l’énergie de l’atome. Mais pourquoi les politiques ont-ils été aussi cons ? Mille excuses pour la longueur des citations, mais il s’agit de la grandeur de la France, amis lecteurs. Ne mégotons pas.

Le sénateur communiste Arthur Ramette, le 10 juillet 1952, quand bat encore le cœur de notre grand Staline à tous : « En Union soviétique, la désintégration de l’atome permet de faire sauter les monts du Tourgaï, et les eaux des fleuves Obi et Ienisseï, se perdant jusqu’alors dans les mers glaciales, arroseront et fertiliseront l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, l’Asie centrale, brûlés par le soleil ». Chirac soi-même, le 8 septembre 1975, raccompagnant sur les marches de l’hôtel Matignon notre grand ami de l’époque, Saddam Hussein : « L’accord de coopération nucléaire est au point. Nous l’avons même complètement conclu ». Giscard, en janvier 1980, à propos de Superphénix, définitivement arrêté en 1997 : « Avec ce type de réacteurs et ses réserves en uranium, la France disposera d’autant d’énergie que l’Arabie Saoudite avec tout son pétrole ».

Chevènement, alors socialiste « de gauche » et ministre de l’Industrie, le 6 octobre 1981 : « Si nous voulons l’emporter sur nos concurrents étrangers, les Mexicains, par exemple, doivent savoir que nous poursuivons nos efforts dans le domaine nucléaire ».  En janvier 1984, Laurent Fabius, ministre de l’Industrie lui aussi : le surgénérateur [de Superphénix] est «  parmi les technologies en gestation, l’une des plus prometteuses en termes d’indépendance ». Le 16 décembre 2009, Geneviève Fioraso, actuelle sous-ministre à l’Enseignement supérieur : « Je trouve dommageable qu’en période de reprise du marché mondial, la France, où l’expertise est la plus solide, et qui, avec le développement du nucléaire, a conduit depuis des années une politique de diversification énergétique très forte, se trouve en situation de faiblesse ».

Rebelote : pourquoi ? Mais parce que le nucléaire est désormais inexpugnable, sauf à changer de direction, ce qui s’appellerait une révolution. L’agence américaine de notation Standard and Poor’s, dont Charlie se contretape – mais pas eux, nos maîtres – vient de dégrader sans façon Areva. Notre fleuron du nucléaire va devoir faire très gaffe avant de lancer des emprunts à long terme, car il est désormais considéré comme un « émetteur spéculatif ». Le nucléaire : leur merde, notre fric.

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ENCADRÉ

Le syndrome de la Rolls

Faut-il être nigaud ? Nos géniaux ingénieurs du nucléaire sont fiers d’avoir inventé un machin invendable, l’EPR., dans la lignée des Rafale et des Concorde. Si Anne Lauvergeon, l’ancienne patronne d’Areva, n’avait pas perdu tant de temps à se faire plumer dans l’affaire Uramin, elle aurait peut-être songé à arrêter les frais de l’EPR. Car en effet, c’est le cauchemar. Dès 2009, Abu Dhabi refuse la technologie EPR et fait « perdre » à la France le « contrat du siècle », portant sur quatre centrales et plus de 20 milliards de dollars. Les émirs ont préféré la robuste technologie, bien meilleur marché, du Coréen Kepco. Honte.

Depuis, les échecs n’ont pas cessé, et le dernier date d’octobre : l’Afrique du Sud a signé avec la Russie de Poutine pour la construction d’un parc nucléaire d’au moins 40 milliards d’euros. Pour la France atomique, une pure horreur. Et l’avenir est encore plus sombre, qui s’écrira en chinois. Dans un rapport publié il y a quelques jours, l’économiste en chef de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) Fatih Birol, écrit sobrement : « La Chine est le marché du nucléaire civil le plus prometteur. Il produira près de 50% de l’énergie atomique d’ici 2040 (…). C’est un processus naturel de changement d’architecture de l’ordre énergétique mondial ».

Ségolène Royal en amuseur public (sur le bisphénol A)

En complément des quelques lignes précédentes. Madame Royal amuse la galerie – consentante, il est vrai – en proclamant qu’elle va abolir un arrêté préfectoral qui interdit les feux de cheminée à Paris à partir du 1er janvier 2015. Dans le même temps, son gouvernement se heurte au lobby du plastique, qui refuse d’obtempérer (ici).

Résumons. Un, le bisphénol A est un toxique, entre autres perturbateur endocrinien. Deux, on en trouve dans des centaines de produits d’usage courant. Trois, notre pauvre petit pays décide de l’interdire dans les emballages alimentaires à compter du 1er janvier 2015. Quatre, il existe des dizaines de substituts au poison. Cinq, l’industrie, qui sait sa puissance, envoie paître Royal et ses gens.

Constatons ensemble que la même date – 1er janvier – vaut pour les feux de cheminée et le bisphénol A. Sans jeu de mots, je crois que madame Royal a allumé un plaisant contrefeu. Comme elle ne peut rien contre les puissants, elle excite des médias dociles, de manière à occuper l’espace et à montrer quelle poigne elle a au moment même où sa faiblesse ontologique se montre en majesté.

Bis repetita : à quoi servent les socialistes ?