Une flopée de livres en courant

Comme je réfléchissais à l’avenir de Planète sans visa (*), et depuis un moment déjà, j’ai laissé s’accumuler quantité de livres dont il me faut aujourd’hui parler d’un seul mouvement. Avant de vous livrer quelques commentaires, sachez une chose : j’estime que nul ne doit me faire confiance. Les livres coûtent affreusement cher, et sont très souvent décevants. Avant d’acheter quoi que ce soit, vérifiez par vous-même que cela vous correspond, et que la promesse de départ sera tenue, plus ou moins en tout cas. L’acte d’acheter un livre n’est pas une affaire simple.

Et maintenant, en avant !

D’abord un mot d’un livre que j’ai rouvert avant-hier au soir. Dans L’Humaine condition (Quarto Gallimard, 1056 pages, 26 euros), on trouve plusieurs essais de la si grande Hannah Arendt, publiés entre 1958 et 1972. J’ai souligné, page 525, les phrases suivantes, qui poursuivent leur chemin en moi : « En d’autres termes, la libre entreprise n’aura été un bienfait sans mélange que dans la seule Amérique, et c’est un bonheur bien relatif comparé aux libertés politiques proprement dites, telles la liberté de parole ou de pensée, de réunion ou d’association, fût-ce dans les meilleures conditions. La croissance économique  se révélera peut-être un jour un fléau plutôt qu’un bienfait mais en aucune circonstance elle ne pourra mener à la liberté ou constituer une preuve de son existence ». Je dédie ces mots aux si nombreux imbéciles et néanmoins libéraux qui se réclament d’Arendt sans l’avoir jamais lue.

Un deuxième livre qui n’a rien à voir, quoique. Stéphane Foucart est journaliste au Monde, un excellent journaliste selon moi. Dans La fabrique du mensonge (Denoël, 302 pages, 17 euros), il décortique pour commencer la manière dont l’industrie du tabac a organisé la désinformation sur les dangers de la clope. Il l’avait déjà fait pour partie dans Le Monde, mais il développe cette fois, et le résultat est stupéfiant, même pour un vieux briscard dans mon genre. Car le mensonge a été planifié de bout en bout, et s’il n’y a plus place au doute, c’est parce qu’un procès historique, en 1998, a eu lieu devant une cour fédérale américaine. Les cigarettiers ont chopé une amende de 188 milliards d’euros, dont le versement a été étalé sur vingt ans. Sont-ils morts pour autant ? Non. Ils ont également dû livrer des dizaines de millions de documents internes – mémos, discours et réunions, mails, etc – qui on révélé leurs méthodes en direction des scientifiques. En deux mots, l’industrie a payé, cher, pour allumer des contre-feux, financer des études périphériques destinées à créer de fausses controverses, s’attacher par le fric quelques grands noms de la science, y compris en France. Grâce à quoi ils ont fabriqué de la confusion, laquelle leur a permis de gagner des dizaines d’années de tranquillité. En bref, ils se sont comportés en truands, les truands qu’ils sont.

Vous le saviez ? Oui, vous le saviez. Mais Foucart livre les clés du système, les noms, les procédés. Je rappelle que selon des estimations sérieuses, et si rien n’est fait pour stopper la machine, le tabac tuera au cours de ce siècle 1 milliard d’humains. Bilan de la Seconde guerre mondiale : un peu moins de 65 millions de victimes. J’ajoute que l’affaire du tabac n’est que le début du livre de Foucart. Il considère, avec de solides éléments à l’appui, que cette industrie de la mort est un archétype, qui a inspiré toutes les industries mortifères dans la suite : l’amiante, les pesticides, l’industrie de la chimie en général, qui diffuse massivement ses perturbateurs endocriniens en prime. On lira également avec intérêt la manière dont Foucart critique Séralini et ses travaux sur les OGM.

Un dernier point : ce livre devrait être en tête des ventes d’essais. On n’en parle que peu. Tout est donc dans l’ordre.

Je suis un poil embarrassé pour parler du livre du groupe Pièces et main d’œuvre, qui s’appelle Sous le soleil de l’innovation (L’Échappée, 12 euros), car je n’arrive pas à remettre la main dessus. Je vous invite en tout cas à le lire, car il offre une histoire remarquablement racontée de Grenoble, vue sous l’angle de la perpétuelle innovation. Ce dernier mot n’est pas seulement ironique, mais bel et bien polémique. Un même fil délirant relie un Aristide Bergès, industriel à cheval sur les XIX ème et XX ème siècles et les promoteurs des nanotechnologies aujourd’hui, ainsi que leurs soutiens politiques. La droite et la gauche façon Dubedout – ancien maire – ou Destot – maire actuel – et sa vieille copine Fioraso – la ministre de l’Enseignement supérieur – partagent le même enthousiasme pour le neuf, en particulier dans ses versions militaro-industrielles. Ni les staliniens et la CGT, ni Mélenchon, ni les gauchistes ne sont épargnés, ce qui me fait, à moi, de belles vacances.

René Dumont, une vie saisie par l’écologieBon, avouons pour commencer que je connais Jean-Paul Besset depuis un quart de siècle, et que nous sommes de vieux amis. La biographie qu’il consacre au vieux Dumont, Une vie saisie par l’écologie (Les Petits Matins, 506 pages, 20 euros) est une réédition car le livre a paru une première fois en 1992. Je dois dire que j’avais été déçu, et le demeure, de certains raccourcis. Jean-Paul a été proche de Dumont, à qui il vouait une grande affection. Quant à moi, je regrette toujours, vingt ans plus tard, la place si faible accordée aux années de la Seconde Guerre mondiale. Que diable ! Quand le nazisme déferle, Dumont, qui est né en 1904, n’est pas un enfant. Son ultrapacifisme ne le conduira pas, comme d’autres, à la collaboration. Mais l’empêchera de prendre clairement position contre les hitlériens et leurs complices.

Heureusement, il y a le reste, et le Dumont de l’après-guerre est formidable. D’abord productiviste, il saura défendre dans les années 60 les paysans du Sud, sans s’illusionner sur les fausses indépendances ou le mirage castriste. Et dans l’après-68, on le sait, il bascule du côté de l’écologie avec une force, une fougue, une jeunesse que ceux de ma génération n’ont pas oubliées. Au total, un bon livre. Un beau livre.

Désolé, mais je n’y peux rien : Marc Giraud est un ami, lui aussi. Son dernier livre, La nature en bord de chemin (Delachaux et Niestlé, 250 pages, 24,90 euros), est une merveille. Non seulement il parle de la nature à chacune des quatre saisons, mais en plus d’une manière simple et belle. Ce fameux naturaliste qu’est Marc attrape le premier lecteur qui passe, et l’entraîne, jumelles autour du cou, pour une vraie balade de terrain. Même si vous ne savez rien à rien, vous être le bienvenu. Une multitude de photos permettent de « voir» aussi bien un talus qu’une pie, un cheval qu’une guêpe, une toile d’araignée qu’un blaireau. Moi, je crois que je préfère encore davantage les courts textes que Marc consacre à tous ces êtres du quotidien. Eh ! saviez-vous vraiment que la plupart des araignées mangent la précieuse soie de leur toile chaque jour ? De vous à moi, si vous avez envie de briller auprès de vos gosses, apprenez par cœur tout ce que vous pourrez.

Je ne pouvais pas laisser passer Auster. Je vous fais grâce des romans que je lis, même quand ils me transpercent, car Planète sans visa n’est pas là pour cela. Mais Auster, comment vous dire ? Je crois avoir lu La trilogie new-yorkaise dès sa sortie, en 1988. Et j’ai pleuré comme bien rarement en lisant, cette même année, L’invention de la solitude, livre consacré à la mort de son père. Depuis, j’ai à peu près tout lu, et même si je n’ai pas aimé tel ou tel de ses romans, je vois en lui un écrivain. Le mot est banal, mais le sens que je lui donne, non pas. Auster est le créateur de mondes où je n’aurais jamais pensé me promener un jour. Si peu que ce soit, il a changé ma vie. Dans Chronique d’hiver (Actes Sud, 250 pages et un horrible prix de 22,50 euros), il nous livre une sorte d’autobiographie. Ce qui m’aura, je crois, le plus touché, est la rencontre avec celle qui deviendra son épouse, la romancière Siri Hustvedt. Auster a une manière de parler de l’amour qui convainc de son existence. J’ajoute qu’il n’a plus conduit de bagnole depuis le jour où, lui d’habitude si irréprochable au volant, a failli tuer sa femme et leur fille Sophie. Ah oui ! Auster parle de lui-même à la deuxième personne du singulier.

Un livre charmant, préfacé en outre par Dominique Guillet, le fondateur inspiré de l’association Kokopelli. L’auteur a découvert l’apiculture dans l’Essonne, en 1963, à une époque où l’on ne parlait pas encore de pesticides. Il y en avait, mais on n’en parlait pas. Benoît Laflèche a écrit un livre très simple, ultrapédagogique et pour dire le vrai, enthousiasmant sur le monde des abeilles et des apiculteurs. N’y cherchez pas des théories ou un pamphlet : il s’agit d’un hommage à des êtres que l’auteur aime. Signalons en outre que ce livre est édité par une toute petite maison, dont la responsable s’appelle Anana Terramorsi, fidèle lectrice de Planète sans visa. Le livre : L’homme et l’abeille, même combat, par Benoît Laflèche (La voie de l’autre, 160 pages, 20,50 euros, avec un CD de sons d’abeilles).

 

Bon, c’est un livre un brin paradoxal. Disons que ma lecture me conduit à en voir les paradoxes. Mais d’abord deux choses. Un, je connais Valérie Chansigaud, j’ai rendu compte ailleurs de plusieurs de ses livres, très remarquables, dont une Histoire de l’ornithologie qui m’a transportée. Elle n’est pas une amie, mais elle n’est pas une inconnue. Deux, je n’ai pas fini le livre. Non qu’il tombe des mains, mais simplement parce que je l’ai commencé il y a peu. Commençons par l’évidence : L’Homme et la Nature (Delachaux et Niestlé, 270 pages, 34, 80 euros !) est un bon livre, bourré d’informations qui sont pour l’essentiel inconnues en France. Valérie Chansigaud ouvre par exemple le passionnant dossier des relations entre les civilisations passées, éventuellement lointaines, et la disparition d’animaux aussi inouïs que le mastodonte d’Amérique, le Genyornis d’Australie, le mégacérin d’Algérie. Nos ancêtres étaient-ils vraiment plus respectueux que nous de la vie sur Terre ?

Chansigaud entreprend ainsi quantité de chantiers, et répétons-le, nous offre un grand nombre d’exemples, très documentés, qui forcent l’intérêt et la réflexion. Et à ce stade, j’applaudis. Mais je dois aussi confier ma déception. Quand on annonce un titre pareil, on doit me semble-t-il apporter davantage au lecteur. Je déplore notamment que l’industrialisation du monde, qui est un grand basculement, ne soit traitée qu’en une dizaine de pages (compte non tenu des exemples qui agrémentent chaque chapitre). Je ne dis pas que telle était l’intention de Chansigaud, mais en tout cas, le lecteur que je suis peut en retirer le sentiment qu’il n’y a pas de solution de continuité entre l’Antiquité, le Moyen Âge et les nanotechnologies. En outre, on parle du monde comme s’il était un, comme si les formations sociales qui se sont succédé n’avaient aucun rapport avec les formes de la destruction. Il me faut appeler cela de la frustration. Et pourtant, je le redis : c’est un bon livre. N’était son prix extravagant, j’estime qu’il a sa place dans toute bibliothèque qui se respecte.

« L’homme est le cancer de la Terre », « l’humanité, si bête et si méchante ». Je ne crois pas trahir l’esprit du livre L’humanité disparaîtra, bon débarras ! (une édition « revue et augmentée » parue chez Arthaud, 256 pages, 15 euros) en extrayant d’emblée ces deux phrases. En tout cas, Paccalet réussit là un excellent pamphlet. Est-on obligé d’être d’accord avec un livre pour le lire ? J’espère que chacun connaît la réponse.

Le texte est visiblement celui d’un homme qui se lâche, multipliant les (bonnes) formules contre notre consternante humanité. Il faut bien reconnaître que l’état des destructions, étroitement corrélée à cette soif sans rivages de pouvoir et de domination, interroge quiconque s’interroge. Que celui qui n’a jamais douté de notre espèce se fasse connaître au plus vite. Pour ce qui me concerne, j’ai plus d’une fois envoyé les hommes aux pelotes devant le spectacle de l’ignominie, auquel j’aurai assisté bien trop souvent. Mais bien sûr, je ne partage pas le sentiment exprimé par Paccalet (qui ne souhaite pas la catastrophe, précise-t-il , et qui aimerait tant l’éviter). Je crois, je suis sûr qu’il faut chercher des voies humaines de sortie de cette épouvantable crise écologique. Et en attendant, refuser un bon livre ne se fait pas.

 

De Dieu ! Il faut aimer les oiseaux, aimer la Bretagne, et oser dépenser 45 euros. À ce compte-là, on se précipite fatalement sur l’Atlas des oiseaux nicheurs de Bretagne (par le Groupe ornithologique breton, Delachaux et Niestlé, 510 pages et donc 45 euros). Moi, j’ai adoré ce bouquin savant, basé sur des dizaines de milliers d’observations d’environ 350 bénévoles. C’est donc bien un somptueux livre de terrain – qui ne tient pas dans la poche, hélas -, rempli de photos, de cartes précisant la localisation, et de monographies sur les espèces qui nous font l’honneur d’enfanter en Armorique.

On saute sur les grèves, derrière les pattes du gravelot, on s’endort près d’un bouquet d’ajoncs où chante la fauvette pitchou, on enfonce le pied dans la lande humide, guettant le fabuleux hibou des marais. En prime, une fois le livre refermé, on part en voyage, là-bas, où la mer est si grande. Bref, vous faites ce que vous voulez.

Enfin deux livres que je n’ai fait que commencer. D’abord ce texte bourré de solides informations scientifiques sur le frelon asiatique, l’ambroisie, le ragondin, l’herbe de la pampa… Vous aurez reconnu Les invasions biologiques (par Jean-Claude Lefeuvre, Buchet Chastel, 292 pages, 20 euros). Beaucoup d’espèces acclimatées chez nous font désormais partie du paysage. Parfois sans problème, parfois au détriment des écosystèmes et des espèces déjà installées. Je pense par exemple à la funeste écrevisse américaine, qui fait tant de mal à notre petite écrevisse à pattes blanches. Lefeuvre est l’une des vraies vedettes en France de l’écologie scientifique, et il a contribué comme bien peu à répandre des visions sérieuses sur ce qui m’obsède tant. Professeur émérite au Muséum national d’histoire naturelle, il paraît tout savoir. C’est pas juste.

Pour terminer, Le jaune et le noir (par Tidiane N’Diaye, 184 pages, 18,50 euros, Gallimard). Je le répète, je n’ai fait que commencer. Ce livre me paraît formidable, qui décrit la politique chinoise en Afrique. Très visiblement, les Chinois sont en train de réussir sur le continent noir ce que les Européens ont échoué à faire durer : le colonialisme. La France, l’Angleterre, le Portugal, l’Allemagne ont été chassés – ouf -, mais les Chinois prennent leur place avec un savoir-faire sans égal.

That’s all folks Salut les amis.

(*) Ce n’est évidemment pas pour ennuyer qui que ce soit, mais ma réflexion n’est pas achevée.

25 réflexions sur « Une flopée de livres en courant »

  1. J’ai lu les livres d’Hannah Arendt et de Paccalet mais pas les autres. En tout cas cela me semble être une bien belle et sans aucun doute passionnante guirlande littéraire.

  2. A propos de bouquins, je viens de terminer « Pesticides, révélations sur un scandale français », de Nicolino et Veillerette. C’est excellent !!!
    Lou

  3. coucou,

    Suis en train de me demander si mon grand amour, mon immense respect pour vous est raisonnable!

    Bravo! Vous allez me mettre sur la paille!

    Pourquoi ne les faites vous pas passer?
    Nous sommes tous et toutes assez grand(e)s pour prendre bien soin d’un « prètage ».

    Et pis d’ailleurs, vous ne les emmènerez pas avec vous, que je sache. Si? Ah bon? Alors ….

    Désolée de vous avoir bousculé 🙂

    Bien a vous, merci,

  4. Merci pour cette liste de bouquins.
    Et merci de parler de cette grande dame qu´était Hannah Arendt.
    Je me permets de conseiller celui que je finis en ce moment et qui m´a bouleversée : »Le dernier homme de Fukushima », d´Antonio Pagnotta.
    Et avant cela, j´ai relu « Bidoche » et dévoré le hors-série de Charlie sur la malbouffe. Depuis je n´ai plus faim 🙂 !

  5. Après avoir entendu la présentation de « La nature en bord de chemin » (Vivre avec les bêtes, F Inter) je suis allée regarder le site de Fabrice Cahez . Lumières des Vosges, de Laponie, de l’Allier, et des goupils, des sangliers, des chats sauvages, des cervidés, plein d’oiseaux et j’en passe, une merveille aussi.
    http://www.fabricecahez.com/galerie/index.asp

  6. On peut peut-être en trouver certains en bibliothèque ? Ou alors proposer aux bibliothèques de les acheter !

    😉

  7. Belles nourritures de mots. Revigorant, après Charlie Hebdo et ses usines à malbouffe. Je tenterais bien Paul Auster, il doit être en bibliothèque, un lieu à fréquenter, voire à orienter, comme le suggère Véronique.
    C’est à la bibliothèque que j’ai fait ma dernière découverte en date : « Jacques Ellul, l’homme qui avait presque tout prévu », de Jean-Luc Porquet. J’ai lu dix pages et j’ai refermé le livre. J’ai appelé ma librairie préféré pour le commander d’urgence. Epuisé. J’ai fini par le dénicher d’occasion. Une merveille de clarté et de pensée profonde.
    D’accord, je date un peu, l’ouvrage est paru en 2003 et les premières grandes réflexions d’Ellul remontent à 1954. La préhistoire, au temps de la vitesse technologique.
    C’est ça aussi qui fait la valeur des bons livres : ils sont intemporels et universels.
    A propos de la culture, Ellul rappelle qu’elle exige du temps et de la lenteur, aux antipodes de la tyrannie technique. Quant à l’enseignement, il n’est plus « une imprévisible aventure dans l’édification d’un homme, mais une conformisation et l’apprentissage d’un certain nombre de trucs utiles dans un monde technique. » Cette culture « n’existe que si elle soulève la question du sens de la vie et de la recherche des valeurs. » Elle repose « sur un sentiments tragique de la vie… »
    Le livre est rempli de ces pages essentielles que l’on annote au crayon de bois, quand on a cette manie comme je l’aie.

  8. Merci Fabrice pour ces conseils de lecture !

    J’espère pouvoir encore de nombreuses fois venir faire mon détour régénérant, lecture presque quotidienne, sur ‘Planète sans visa’ !

  9. Frédéric? Ellul: « le bluff technologique? »; aussi « l’enseignement de l’ignorance » de Michéa! et aussi « le journal » de Jules Renard » de très belles pages sur la nature et les paysans, à sa manière, sans pathos. et aussi « l’oeuf et moi » me rappelle plus l’auteur; excellent livre américain des années 50; l’installation dans la nature sauvage d’un jeune couple; drôle et super bien écrit..

  10. Fabrice,
    Je ne sais pas trop dans quelle rubrique insérer ce commentaire. Dans le doute, je le propose dans le dernier article en date, mais vous pouvez le glisser ailleurs. Le sujet me semble crucial, accablant.

    Imaginez un Etat européen qui déciderait d’interdire l’exploitation des gaz de schistes. Demain, une entreprise canadienne pourrait attaquer cet Etat devant un tribunal international privé. Ce pays soucieux de préserver la nature pourrait être condamné à verser à la multinationale un dédommagement de plusieurs centaines de millions d’euros. Motif : réparer le préjudice de l’entreprise qui serait privée d’un profit potentiel ! Quand bien même elle n’aurait pas investi un centime.
    Toute loi protectrice, dans les domaines environnementaux, sanitaires ou sociaux pourrait ainsi être assimilée à un caprice et déboucher sur une amende, pour « traitement injuste et inéquitable » des industries « expropriées d’opportunités d’investissements » !
    Ce dispositif résulterait de l’accord économique et commercial global (AECG), actuellement négocié entre le Canada et l’Union européenne.
    Que ce texte puisse être discuté en catimini en dit long sur la démission du politique face aux multinationales.
    A ce stade du désastre, une évidence s’impose : protéger le bien public va nécessiter des actes d’une radicalité nouvelle.

    http://www.bastamag.net/article3074.html
    http://aitec.reseau-ipam.org/IMG/pdf/UE-Can_DeclCommune_FINAL-Octobre11.pdf

  11. Super, le hors-série. Une mine, comme tout le reste ici. Devrait être distribué gratos à la sortie des écoles et du métro. Mais que le chemin va être long !

    Merci pour tout.

    PS : facebook, c’est pas la panacée, mais pour diffuser et partager, ça reste le plus simple. L’envisages-tu éventuellement comme suite possible de PSV ?

  12. Nicolas D

    Merci pour ton mot. Facebook, non, je ne le sens pas. Le net semble bien être ma limite personnelle. Bien à toi,

    Fabrice Nicolino

  13. Puisqu’il est question de livres, je voudrais remercier Stan pour m’avoir fait découvrir « Le grand orchestre animal » de Bernie Krause, ouvrage que je me permets de recommander aux lecteurs de ce blog.

  14. Alain non D, je ne vois pas le rapport. Puis ce n’est pas le sujet ici. C’était une simple question adressée à Fabrice que je remercie au passage. En effet, Les Bourguignon utilisent FB ainsi que le mouvement des Colibris et bien d’autres gens très bien comme moi … et certes quelques crapules aussi, je vous le concède !

    Bon courage à tous

  15. Bonjour a tous,

    Une lettre ouverte tres interessante, de l’un des ecologistes les plus celebres en Inde. Au dela du contexte particulier, ce qui est decrit en des termes extremement clairs rappellera beaucoup de choses qui se passent en France comme ailleurs.

    ———————————

    Cher Dr. Kasturirangan,

    J.B.S. Haldane, le célèbre savant et humaniste du XIX siècle qui quitta l’Angleterre en dénonçant son invasion impérialiste de Suez pour devenir un citoyen Indien, dit un jour : « la réalité est non seulement plus étrange que ce que nous supposons, mais plus étrange que ce que nous sommes capables de supposer ! »

    Je n’aurais jamais pu imaginer que vous accepteriez de contribuer à un rapport tel que celui du « Groupe de Travail de Haut Niveau sur les Ghats Occidentaux », mais, c’est bien la preuve que la réalité est effectivement plus étrange que ce que nous sommes capables de supposer !

    Dans notre rapport aux Ministère de l’Environnement et des Forets, base sur des discussions et études de terrain à grande échelle, nous avions défendu une approche mesurée avec un rôle majeur pour les contribution locales et de terrain, pour sauvegarder les Ghats Occidentaux à l’écologie fragile. Vous avez rejeté ce cadre et a sa place, vous défendez une ségrégation entre a peu près un tiers de ce que vous appelez paysages naturels, a protéger par des fusils et des gardes, et deux tiers de soi-disant paysages culturels a livrer au développement, comme ce qui a déclenché le scandale à 350 milliards des mines illégales de Goa.

    Cela revient à essayer de garder des oasis de diversité dans un désert de dévastation écologique. L’écologie nous enseigne qu’une telle fragmentation mène, plus vite qu’on le réalise, au désert engloutissant les oasis. Il est vital de penser à la préservation de la continuité de l’habitat, et à un milieu écologiquement et socialement favorable pour garantir la protection à long-terme des régions de riche biodiversité, et c’est ce que nous avions proposé.

    De plus, la biodiversité de l’eau douce est beaucoup plus importante que la biodiversité des forets et elle existe en large proportions dans ce que vous appelez paysages culturels. La biodiversité de l’eau douce est aussi vitale au gagne-pain et à l’alimentation de vastes catégories de notre population.
    C’est la raison pour laquelle nous avions fourni une étude de cas détaillée du complexe industriel de Lote dans le district de Ratnagiri au Maharastra, ou la pollution, dépassant toutes les limites légales, a dévasté l’industrie du poisson d’eau douce en mettant 20,000 personnes au chômage, alors que seulement 11,000 d’entre eux ont obtenu un emploi industriel. Et malgré cela, le gouvernement veut installer encore davantage d’industries polluantes dans la même région, et par conséquent a délibérément supprimé son propre atlas des zones industrielles.

    Votre rapport balaye de manière choquante notre dévolution de pouvoir démocratique de décision, pourtant garantie par la constitution, en observant que les communautés locales ne peuvent pas avoir de rôle dans les décisions économiques. Nous ne sommes pas surpris que votre rapport passe complètement sous silence le fait, que nous avions rapporté, qu’alors que le gouvernement reste totalement inactif contre la pollution illégale de Lote, il a utilise la police pour réprimer les manifestations complètement légitimes et non-violentes contre la pollution, durant 180 jours parmi 600 jours en 2007-2009.

    Le paysage culturel de l’Inde héberge de nombreux éléments de biodiversité. 75% de la population des macaques à queue de lion, une espèce de singe propre aux Ghats Occidentaux, prospère dans le paysage culturel des jardins de the. Je vis dans la ville de Pune et un grand nombre d’arbres Banyan, Peepal et Gular croissent dans mon quartier ; des arbres qui appartiennent au genus Ficus, réputés dans l’écologie moderne pour être des ressources « clef de voute » qui font vivre une grande variété d’autres espèces. Toute la nuit j’entend les pans qui s’appellent les uns les autres, et quand je me lève et regarde depuis ma terrasse je les vois danser.

    C’est notre population, ancrée dans la forte tradition culturelle Indienne de respect de la nature, qui a vénère et protège les forets sacrées, les arbres Ficus, les singes et les pans.

    Apparemment, tout cela est voué à disparaitre. Cela me rappelle Francis Buchanan, un agent reconnu de l’impérialisme Britannique, qui écrivait en 1801 que les forets sacrées de l’Inde n’étaient qu’un obstacle destine à empêcher la compagnie des Indes de bénéficier de sa propriété légitime.

    Il semble que nous soyons devenus plus Britanniques que les Britanniques et que nous prétendons qu’une approche respectueuse de la nature dans le paysage culturel n’est qu’un obstacle destine a empêcher les riches et les puissants dans le pays et dans le monde globalise de prendre possession de toutes les terres et de toutes les eaux afin d’exploiter et de polluer tant qu’ils le souhaitent tout en continuant une croissance économique illégale et détruisant des emplois. Il est incroyable que votre rapport approuve une telle approche. La réalité est effectivement plus étrange que ce que nous sommes capables de supposer !

    Madhav Gadgil, Chairman, Western Ghats Ecology Expert Panel

    http://www.thehindu.com/opinion/op-ed/shocking-betrayal-on-western-ghats/article4724986.ece#comments

  16. Un GRAND moment de journalisme et de démocratie :
    la vidéo de l’audition de Fabrice Arfi et
    Edwy Plenel, ce jour,à l’assemblée nationale à propos de l’affaire Cahuzac

    http://videos.assemblee-nationale.fr/media.12.4282.0

    Merci de nous faire partager tes lectures Fabrice,
    à mon tour de vous conseiller un très joli film sur la vie de paysans éleveurs roumains : « Hors des sentiers battus »
    http://www.lemonde.fr/cinema/article/2012/01/24/hors-des-sentiers-battus-les-derniers-bergers-roumains_1633442_3476.html

  17. Peut-être aurez-vous l’occasion de lire et de parler de « La Haine de la Nature » de Christian Godin (éditions Champ Vallon, sept. 2012) ?

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