Amis des causes communes

Ce qui suit est un message de Frédéric Wolff

 

C’est un soir de novembre. Un soir de rendez-vous devant toutes les mairies de France. Ici, en nord-Bretagne, comme dans des centaines de villes, des attroupements se forment. Il y a des visages familiers, d’autres que l’on ne connait pas. Des souvenirs remontent, ceux des grandes heures où nous avons mêlé nos voix. Notre-Dame-des-Landes, Linky, l’antenne-relais tout près de l’école maternelle… Il y a dans l’air une complicité immédiate, sans qu’il soit besoin de parole.

Ce soir, c’est une autre cause qui nous rassemble. Cette cause a un visage : celui du coquelicot. Chacun a apporté le sien, posé à l’endroit du cœur, collé sur un carton de récupération. Autour de lui, un univers rayonne, à la manière d’une galaxie dont la fleur serait l’étoile. Les épis dans le ciel, le bruissement des insectes, les chants d’oiseaux, les regards étonnés, la beauté… La vie. Celle des herbes en liberté, des arbres, des animaux, des rivières, des humains. Et ce qui détruit la vie. Un grand trou noir qui fait la nuit. Ces molécules que l’on retrouve partout, jusque dans les cours d’eau, dans l’Arctique, dans nos corps en sursis. Car oui, les pesticides tuent. Ils ne nourrissent pas le monde. Ils le font mourir. Et en plus, ils coûtent plus qu’ils ne rapportent, ce ne sont pas des écologistes radicaux qui l’affirment, mais l’INRA.

Ce modèle agricole est devenu fou. Fomenté par quelques potentats industriels et leurs valets – les politiques au pouvoir et le syndicat majoritaire –, il dévaste tout. Les coquelicots, les sols, la grande chaîne de la vie, les paysans du Sud, les agriculteurs de chez nous, les uns éliminés, les autres asservis, quand ça n’est pas empoisonnés. Ce que nous faisons aux coquelicots, aux arbres, aux rivières, aux animaux, nous le faisons aux humains.

Il est extravagant de voir avec quel acharnement nos sociétés industrielles s’appliquent à rendre inhabitable une Terre qui, à l’échelle de l’univers, est un miracle. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : une civilisation en guerre contre le vivant. Ses armes portent des noms anodins, presque désirables. Produits pour la bonne santé des plantes, croissance économique, innovation, transition énergétique faite de métaux rares… Autrement dit, empoisonnement massif, servitude technologique, irradiation ionisante, non ionisante…
Alors que tout aurait pu être différent. Alors que tout pourrait l’être encore. Sur qui compter ? Sur la classe politique ? La bonne blague. Autant attendre que les lobbies se préoccupent de l’intérêt général. Les agences sanitaires ? Il suffit de se pencher sur les prouesses de ces instances pour être saisi de perplexité. Qu’il s’agisse de la téléphonie mobile, des antibiotiques dans les élevages industriels, du glyphosate… la santé défendue par ces experts est plutôt celle des industriels (Lire l’excellent article de Charlie Spécial Pesticides du 12 septembre dernier, page 15). Alors qui ? C’est nous, et c’est nous seuls qui pourrons porter haut l’étendard.

Les coquelicots. Ce soir, ils ont gagné les cœurs. Nous étions une bonne soixantaine, ce qui, pour une première dans une ville de taille modeste, est prometteur. Car il y aura d’autres soirs, avec des calicots de coquelicots, avec de grandes marées rouges de la vie ardente. Il y aura des alliances, des ralliements de tous les horizons, et, j’en formule le souhait autant de fois que mon cœur peut battre, des boycotts des achats toxiques et des emplois nuisibles. Et tout ce qu’un rassemblement des âmes peut inventer d’inattendu, d’inespéré. Nous avons deux ans pour faire vivre cet Appel, pour le vivre plus encore, pour le faire fleurir. Deux ans. C’est peu et c’est beaucoup. L’urgence est absolue, et l’enjeu exige un sursaut inédit, une fraternisation des cœurs comme jamais.

C’est avec ces pensées, non formulées mais bien présentes, que nous nous promettons de nous retrouver, d’imaginer la suite. Un bon vin chaud, déjà… Bio, le vin… Et des gobelets en carton… Une banderole de plusieurs mètres de large… Un rendez-vous place de la cathédrale, la prochaine fois… Des masques de coquelicots… Des chants avec la chorale… La participation au collectif des pisseurs involontaires de glyphosate (analyses d’urine en vue de porter plainte)… Un grand rassemblement, au printemps, de tous les amis des coquelicots du département… Les amis des coquelicots sont nos amis ! Et des coups de fil encore et encore, pour élargir le cercle, pour qu’il devienne spirale !
Le soir va vers la nuit, abandonnant au silence les paroles et les pas qui s’éloignent.
Il est tard à présent. Des mots virevoltent en moi, le sommeil se dérobe. Quand je ferme les yeux, c’est une fleur que je vois. A cette image, s’en superpose une deuxième, celle d’un tout jeune garçon, plein d’inquiétude, de questions graves. Est-ce qu’il y aura des coquelicots l’année prochaine ? Et des chants d’oiseaux ? Des abeilles ? Dis, tu crois qu’ils reviendront ?

L’enfant, le coquelicot, l’enfant… Et ses questions.
Un jour, on se réveille, et l’évidence est là. Dire que l’on a failli oublier ça. La beauté d’un matin coquelicots. La beauté et la force qu’il porte en lui. L’importance qu’il acquiert à nos yeux. Une terre habitable pour nous, pour les autres que nous, à tout jamais indissociables.

Combien de graines pour une simple fleur ? Des dizaines ? Des centaines ? Combien de fleurs au bout de deux années ? Des milliers ? Des millions ?
La réponse ? Elle est entre nos mains. Et elle peut être belle.

35 réflexions sur « Amis des causes communes »

  1. Bonjour Fabrice et bonjour à chacun, j’envie ceux qui ne se retrouvent pas seul… Mon coeur était lourd l’autre soir dans le soir déjà noir. Point d’étoile. Point de coquelicot. Si ce n’est le mien, résistant et tenace.
    L’Aveyron résiste… aux coquelicots. Terre rurale mais terre « agricole » et beaucoup plus attaché, emprisonné dans les pesticides que ce que l’on pourrait croire. Une étude écotoxicologique menée il y a quelques années par l’association SOS busards l’avait bien montré, en lien certainement avec le fort pourcentage d’oeufs non éclos trouvés chez le Busard Saint-Martin.
    Alors je veux bien y croire et entendre l’espoir des rassemblements réussis. Et je persisterai car je suis ainsi, têtue pour ce que je crois profondément être essentiel au maintien de la Vie.
    Avec vous tous, Viviane

    1. Busards12, moi aussi j’envie ceux qui se sont retrouvés à plusieurs dizaines devant leur mairie. Vendredi, j’étais toute seule devant la mairie d’Aix-en-Othe. J’avoue que je ne sais pas quelle suite donner dans ma région.

      1. Cheres Viviane, Sylvie: Vous n’etes pas seules, vous etes les premieres! Merci pour votre courage, qui m’en donne aussi!

        Je dirais humblement, faisons chacun de nous les choses a notre gout. Pas question de se mettre soi-meme dans des situations bizarres ou genantes.

        N’etant pas un bon organisateur, un des rares francais dans une grande ville en Inde, je ne vais pas me retrouver comme par miracle au milieu d’un rassemblement de coquelicots! Mais je porte le petit coquelicot en toute occasion, de preference sur une chemise bleue ou verte (pas rouge) pour qu’il se voit bien, et parfois ca declenche une conversation (ca vaut bien un selfie, comme initiateur de conversation!), que ce soit dans une reception au consulat, dans le metro, invite chez des amis, en rendez-vous avec des clients, sur un chantier, ou donnant une conference a des etudiants! Toute occasion est bonne a saisir, et le fait est que les gens (meme si a peine 10% vont signer je pense) trouvent le geste sympathique, et je pense que c’est parcequ’en general on est touche par quelqu’un qui tient ses engagements sans faire de la provocation, sans tenir « les autres » pour responsables de la misere du monde. Au fond, c’est comme l’interdiction de l’esclavage, ou beaucoup de choses similaires: On ne sait pas combien de temps ca prendra, on n’est meme pas sur d’y arriver entierement, et ca ne rendra a aucun de nous (qui avons le luxe d’etre en etat de prendre position) la vie plus facile. Mais on sait que le mensonge ne passe pas par nous. Et ce plaisir est immediat, pas pour demain, et il ne peut pas etre vole.

        1. Merci Laurent. Pour ma part, je n’ai jamais eu l’âme d’une militante, pour avoir été élevée par des parents compagnons de route des communistes qui ont refusé de voir et d’entendre, ou pire, qui justifiaient, ce qui se passait dans les pays de l’Est et à Cuba. J’ai développé une méfiance instinctive pour toute idéologie. Dans le domaine qui nous intéresse, j’essaie donc de faire ma part, ça passe par des actes quotidiens, des discussions. Je suis très fière par exemple d’avoir appris à ma petite-fille à ne plus tuer les araignées ou autres insectes qui lui faisaient peur quand elle était petite et qu’elle en trouvait dans sa chambre. Vivre à la campagne reconnecte à la nature, apprend à aimer même la pluie (qui tombe enfin) et le froid, à ne plus être consommateur de nature comme le sont souvent les citadins, qui se rappellent de vous aux beaux jours et disparaissent avec les premières gelées.

          1. Oui! En Inde, les gens n’ecrabouillent pas les bestioles. Lorsqu’elles son dangereuses (comme un scorpion ou un serpent veneneux), ils les chassent hors de la maison, sans les tuer. Ca m’a frappe, au debut. Comme nous sommes laids, lorsque nous ecrabouillons! C’est une question de culture, de civilisation. Mais maintenant, les pesticides (qui sont habilement vendus sous le nom de « dhabaille » en Hindi, « oshoude » en Bengali, c’est a dire « medicament », comme en Francais, ou c’est « phytosanitaire », c’est a dire des « produits de sante ») nous permettent de massacrer sans en avoir l’air, et ca y va, « traitement » par-ci, « traitement » par-la!!!

  2. Accord de Paris sur le climat : aucun pays de l’Union Européenne n’a tenu parole, pas un.

    Pas un seul État membre de l’UE ne figure parmi les 16 pays sur 197 qui, selon une étude réalisée par un centre de recherche américain et deux centres de recherche britanniques, ont pris les mesures politiques appropriées promises dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat.

    La Norvège, le Monténégro et la Macédoine sont les seuls pays européens à avoir pris les mesures politiques appropriées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre correspondant aux promesses faites lors de la signature de l’accord de Paris sur le climat.

    L’étude du think tank américain World Ressources Institute et de deux centres de recherche britanniques (le Grantham Research Institute et le Center for Climate Change Economics and Policy), qui font partie de la London School of Economics, en apporte la preuve .

    À Paris, plus de 197 pays se sont portés volontaires pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre lors de la conférence COP21 en décembre 2015. 

    L’UE ne compte pas un seul bon élève.

    Selon l’étude, 16 pays sont de «bons élèves» de l’accord de Paris sur le climat, mais aucun d’entre eux n’appartient à l’Union européenne. 

    Outre les trois pays européens susmentionnés, le Canada, le Costa Rica, l’Indonésie, le Japon, la Malaisie, le Pérou, l’Algérie, l’Éthiopie, Singapour, le Samoa, les Tonga, le Guatemala et la Papouasie-Nouvelle-Guinée ont également reçu une mention honorable.

    https://fr.express.live/2018/10/31/accord-de-paris-sur-le-climat-aucun-pays-de-lue-na-tenu-parole-pas-un

  3. Merci Frederic! Au fond c’est quoi des amis? C’est des gens en compagnie de qui on fait des choses dont on est content, dont on est fier. Parfois on se retrouve avec plus d’amis qu’on ne pensait!

  4. Le Sikkim a gagne la medaille d’or de la FAO pour etre devenu le premier etat de l’Inde a avoir mis en place l’interdiction de tous les pesticides de synthese:

    https://www.deccanherald.com/opinion/second-edit/sikkim-shows-organic-way-701611.html

    Le Sikkim importe de la nouriture depuis longtemps, mais l’importation des legumes est maintenant interdite, et chaque annee le nombre de produits alimentaires interdits a l’importation augmente, ce qui favorise la production locale:

    https://www.telegraphindia.com/states/west-bengal/ban-on-non-organic-produce-in-sikkim/cid/1455183

    Mais le quotidien britannique de centre-gauche « de reference », « The Guardian », trouve que toute cette operation est de tres mauvais gout:

    https://www.theguardian.com/global-development/2017/jan/31/sikkim-india-organic-revolution-at-risk-as-local-consumers-fail-to-buy-into-project

    L’article du Guardian est tout de meme tres interessant, comme « etude de cas » de propagande, noyant l’ignorance sous le sentimentalisme: Ainsi, l’interdiction des pesticides au Sikkim serait « le contraire de la revolution verte », presentee comme une initiative du gouvernement Indien, « soucieux d’eviter une repetition de la famine de 1943 »!!! La famine de 1943 a fait entre 3 et 6 millions de morts. L’Inde n’a pas arrete d’EXPORTER de la nourriture durant TOUTE la famine.

    « the unfortunate fact is —this was not dealt with either by Lord Hailey or by any other of your Lordships who have spoken—that considerable quantities of food continued to be exported from India for war purposes to the Middle East. »

    Lord Strabolgi, Lords Sitting, 20 octobre 1943
    https://api.parliament.uk/historic-hansard/lords/1943/oct/20/food-situation-in-india

  5. Un mois apres l’inondation la plus catastrophique en un siecle, le Kerala se transforme en desert sec! Ou est passe toute cette eau?

    https://www.thehindubusinessline.com/specials/india-file/where-has-all-the-water-gone/article25159724.ece

    Une explication possible: Les crues et l’erosion sans precedent auraient retire la couche d’humus et de sol qui joue un role essentiel dans le cycle de l’eau. Dans ce cas, il faudra des decennies d’efforts en agro-ecologie pour patiemment refaire ces couches, et sortir de cette extreme vulnerabilite aux inondations et aux secheresses.

    Mais c’est pas grave: Avec le « Green business model » on va faire autant d’argent en essayant de proteger les riches des effets de ces catastrophes, qu’on en a fait en leur vendant du beton et des pesticides!

  6. Frederic

    Tu écris :

    Ce modèle agricole est devenu fou. Fomenté par quelques potentats industriels et leurs valets – les politiques au pouvoir et le syndicat majoritaire –, il dévaste tout.

    Tu as raison mais la réalité est encore plus large.

    C’ est le modèle global qui est fou, il est fomenté NON par quelques potentats industriels mais par toute une classe sociale qui possède les moyens de production.

    Les politiques au pouvoir, OUI et aussi ceux qui aspirent à l’alternance car tous sans exception bien qu’ élus ( démocratie bourgeoise oblige) ils sont dans la réalité mandatés par la bourgeoise.

    Les coquelicots c’ est bien si cela peut mobiliser, c’ est un tout petit pas parmi d’autres, mais après ?

    La seule solution est de renverser ce système fou et que l’ immense majorité de la population se réapproprie l’ économie pour la faire fonctionner de manière rationnelle, planifiée en vue de satisfaire les besoins essentiels. Au 19 ème siècle on appelait cela la gauche socialiste et communiste ….

    1. Si elle devait être condamnée à payer une amende et aussi pour payer son avocat, il me semble que nous devrions créer une cagnotte pour qu’elle n’aIt pas à débourser un centime

  7. Je tiens à informer ici le maître de maison de Planète sans visa et ses hôtes qu’une première victoire a été obtenue par les Amis de la Forêt de la Corniche des Forts de Romainville : https://drive.google.com/file/d/0B-vxVG1QBVz1U0lTNnNiVVlONDVvUlRCd01XWm9lQ3JqMEUw/view?usp=sharing

    Toutes celles et ceux qui sont dans le coin sont invités à venir savourer la victoire et la soupe chaude au lieu-dit La Sapinière, en lisière de la forêt, rue du Trou Vassou, à Romainville, dimanche 11 novembre à 13h00.

    Nous n’oublions pas le texte qui nous fédère, qui nous donne l’énergie de poursuivre la lutte pour sauvegarder TOUTE cette forêt :
    https://fabrice-nicolino.com/?p=1671

    1. à vu de Sirius : j’en ai trouvé en magasin bio, Dame bio pour ne pas la nommer, du rouge, pour le blanc c’est très rare… sur internet on doit pouvoir en trouver aussi, non ?

  8. Quelqu’un qui dit ce que je voulais dire, mais mieux que moi:

    https://reporterre.net/L-armee-ca-sert-aussi-a-faire-la-guerre-au-climat

    Merci Ben Cramer et Reporterre!

    Et mon ancien combattant prefere, Gordon Duff:
    https://www.veteranstoday.com/2018/11/11/make-it-rememberance-day-it-was-never-about-veterans/

    Il y a quelquechose de « Gebe » chez Gordon Duff! S’il pouvait dessiner!

    Comment « fox news » demande a Veterans Today de promouvoir une de leur emissions, et leur reponse:
    https://www.veteranstoday.com/2018/11/10/fox-news-misrepresentation/

    Comme quoi, les media « conspirationnistes » font bel et bien partie du paysage, et seraient officiellement admis au serail, si seulement ils acceptaient parfois « d’aider un peu »! Mais ce sont les conspirationnistes qui se mettent a part, ha ha! Comme ils sont snob!

  9. Pardon pour ces quelques lignes qui n´ont pas grand chose à voir avec les sujets qui nous occupent ici, mais je suis écœurée.
    Quelle indignité, quelle farce grossière que cette commémoration de l´armistice ! Tous ces dignitaires compassés dans leurs manteaux sombres, l´air faussement grave mais qui dirigent des états gros exportateurs d´armes, comme la France, au troisième rang mondial, derrière les USA et la Russie, suivie de l´Allemagne et de la Chine ! La guerre, un business juteux !
    Quelle hypocrisie ! Qui peut encore les prendre au sérieux ?
    Et puis l´armistice ne voulait pas dire le retour à la paix, comme cela a été souvent présenté ces derniers jours, la guerre a continué dans d´autres régions du monde. Sans oublier le génocide arménien qui débuta en 1915.

    1. Oh oui Martine, non seulement on trouve au premier rang les plus gros marchands d’armes, qui en plus sont tous en guerre, en ce moment meme, et tous hors de leurs frontieres, et tous contre des pays beaucoup plus pauvres et qui eux, ne vendent pas d’armes, et en plus, ont une empreinte carbone et ecologique infiniment plus faible. Ou bien contre des populations chassees de chez elles, comme les Palestiniens, les Chretiens d’Orient, ou les Indiens du Canada, qui sont encore, aujourd’hui meme, sterilises de force! L’armistice? Il faut l’exiger tout de suite! Beaucoup de bonheur contre un peu de notre comfort.

    2. Bonjour Martine… Je partage le même écœurement. Depuis quelques années j’écoute le déserteur de Boris Vian chaque 11 novembre…. ☺ Et là cette année j’ai traversé quelques villages de Bourgogne… Quelques drapeaux épars de ci de là…et entre les villages quelques champs, quelques forêts, petites, de plus en plus petites, se sont habillées d’or et de lumière… Je préfère cette lumière à celle des canons…moi l’arrière petite fille d’un ouvrier de l’usine Schneider au Creusot…..

    3. Deux citations, à ressortir chaque 11 novembre (et pas seulement).
      Paul Valéry : « La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas ».
      Anatole France : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels ».

  10. Même chez les Caussenards quelques voix isolées (non rôdées au labeur de la Terre) saluent l’aubaine économique que représente l’installation et le retour des militaires à proximité et parfois sur leurs terres. Je leur dédie un cours extrait d’une chanson de Graeme ALLWRIGHT, et je leur souhaite de connaitre : ce jour de clarté pour faire le ménage dans leurs idées

    Le Jour De Clarté

    « On ne veut plus parler de toutes vos guerres
    Et on n’veut plus parler d’vos champs d’honneur
    Et on n’veut plus rester les bras croisés
    Comme de pauvres spectateurs
    Dans ce monde divisé
    Il faut des révoltés
    Qui n’auront pas peur de crier

    Pour que les affamés
    Et tous les opprimés
    Entendent tous l’appel
    Le cri de liberté
    Toutes les chaînes brisées
    Tomberont pour l’éternité « 

  11. Il n’ y a rien de fou là-dedans. Ce n’est que le capitalisme.

    Le capitalisme, c’est faire de l’argent avec de l’argent, par l’intermédiaire de biens, de services, de produits financiers ou de la spéculation. Ce système a besoin de croissanc eexponenetielle pour rester au même niveau de valeur économique du fait des gains de compétitivité.

    Ce que nous considérons aujourd »hui comme fou, sauvage n’est que le capitalisme dans sa triste réalité.

    Nous tous sommes impliqués avons notre part de responsabilité.

    Ce ne sont pas mes banquiers, les financiers, les investisseurs qui détruisent, c’est ce système capitaliste.

    Quand on voit le barouf pour le carburant, on peut se poser des questions.

    La plupart d’entre nous ne souhaitent absolument pas changer de mode de vie.

    La seule question à se poser est: quand allons-nous sortir du capitalisme pour choisir ce que l’on souhaite produire et comment?

    Le reste n’est que pansement sur jambe de bois.

  12. Nous avons atteint les 350 00 aujourd’hui
    On va continuer encore et encore à faire signer l’Appel des Coquelicots…
    C’est une course de fond… ça démarre doucement…
    Juste notre joie, notre bonne humeur et la force à la vie !

  13. Je voudrais vous faire part d’une bonne nouvelle, car c’est peut-être aussi un bon début, même si c’est en Bavière et que les Français ne sont pas touchés directement, c’est quand même porteur d’espoir : les juges ont autorisé le 15 novembre le référendum sur la biodiversité.
    À nous de jouer ici dès fin janvier, car il faudra mobiliser près d’un million de Bavarois/es pour qu’ils ou elles aillent voter… en l’espace de deux semaines ! Ça va être ricrac, mais on va le faire !

  14. Je souhaite partager le message de JOAN BAEZ suite à la situation en Californie, je pense que son contenu ne laissera personne insensible.

    « Après presque un an de route, je suis rentré en Californie pour terminer la tournée dans mon pays d’origine, alors que des incendies de grande ampleur ont éclaté dans plusieurs régions, provoquant des dégâts considérables. J’ai écrit la déclaration suivante à lire lors des derniers concerts.

    * * * * *

    «Il n’existe pas de brûlure lente maintenant. Une destruction ultrarapide et des résidus de cendres flottantes. La brume est réelle. C’est une fumée remplie de cendres qui recouvre une bonne partie de l’état de Californie. Ceci est notre Armageddon. Et maintenant, à la suite de milliers de pompiers qui risquent leur vie, c’est nous qui devons être les pompiers. Personne n’apparaîtra sur les nuages de gloire pour nous délivrer.

    Nous devons être les pompiers.

    Je veux d’abord honorer les terribles pertes. Vies. Les maisons des gens, leurs rêves. Leurs arbres, leurs jardins, leurs vélos, leurs jouets. Poisson rouge et lézards de compagnie. Tous leurs trésors. Et tous les animaux, sauvages et non sauvages. Les oiseaux, les insectes et le plus petit des êtres vivants sont essentiels à la prospérité de la race humaine. Que nous honorions tout cela.

    Nous sommes les pompiers.

    Le moment est venu d’être le gardien de nos frères et soeurs. Le moment est venu de nourrir ceux qui ont faim et de vêtir ceux qui sont nus. C’est le moment d’aimer.

    Et malgré les cendres, la brume, le chaos et le chagrin, le moment est venu d’affronter les plus grandes forces des ténèbres.

    En tant que Californien, je suis fier de faire partie d’un État tourné vers l’avenir. Ici, nous comprenons non seulement la dévastation, mais la seule cause de la dévastation sur laquelle nous pouvons faire quelque chose. La vérité est que le monde se réchauffe. Le mensonge est que tout ira bien.

    La seule façon dont nous pouvons combattre un monde en feu de cette démocratie blessée est de créer un mouvement de masse, à partir de la base. Cela signifie marcher la conversation. Cela signifie prendre des risques. Cela signifie trouver la bonne organisation pour vous aider à résister au mal. Cela signifie que vous devez vous adresser à votre législateur avant-gardiste et lui dire «Oui! Je me tiendrai derrière cela! »Et en ignorant tous les soi-disant dirigeants qui vous ont trahi.

    Cela signifie parler à vos enfants de la vérité et des mensonges, du mouvement des étudiants de la Parkland High School et de la manière dont ils peuvent avoir un mouvement. Cela signifie de remettre l’empathie et la compassion dans le dialogue et dans la pratique. Gandhi a déclaré que l’action non-violente organisée n’était rien de plus qu’un amour organisé.

    Donc, vous êtes ici ce soir, par la grâce de Dieu et l’accident de votre naissance, faites la promesse à vous-même et à votre famille de ne pas rester à l’écart de cette tempête de feu. Vous ferez le saut de la foi de votre vie. Et ensuite, soyez fidèle à votre promesse et à vous-même. Faites-le pour les enfants, afin qu’ils aient la possibilité de bien vivre.

    Nous sommes les pompiers. Ensemble, nous pouvons créer une force imparable pour de bon. Nous n’avons qu’à commencer.  »

    —————————————————

    Je vais terminer par une note personnelle et positive, je rentre de mon jardin avec quelques pommes de terre, un oignon et des panais, de quoi préparer notre soupe du soir (origines certifiées semences biologiques variétés ancienne, du terroir, régionales et paysannes). Avec quelques pommes cuites de notre verger en dessert voilà de quoi solder notre black Friday !!!!

    Pendant ce temps là dans notre beau pays de France on se bat pour le litre de gazoil (vaste débat)

  15. Notre président s’exprimera mardi, pour répondre au mouvement des gilets jaunes. La prospective n’étant pas mon fort, j’ai imaginé ce qu’il ne dira pas. Tant qu’à faire, j’y suis allé franchement, histoire d’éviter le démenti. Non que je dénie à Emmanuel Macron toute faculté de mutation morale ou que je sois moi-même dénué de naïveté, mais à ce point-là, autant tabler sur le retour du Messie.

    Mes chers compatriotes,
    La colère qui s’est manifestée à travers le pays m’a conduit à un examen de conscience au regard des enjeux qui sont les nôtres. Humblement, il me faut le reconnaître aujourd’hui : Je me suis trompé. Lourdement, je le concède. Nous nous sommes trompés. Individuellement, collectivement, nous avons fait fausse route.
    Nous avons réservé à la voiture une place exorbitante. Elle est devenue quasi-incontournable, faute de transports collectifs. Elle a directement contribué à allonger les distances pour aller travailler, faire ses courses. Elle nous a rendus impotents, incapables de faire usage de nos jambes pour des trajets de quelques centaines de mètres à peine. Par manque d’alternative ou par paresse, nous sommes devenus des toxicomanes de la bagnole. Pire encore, elle a instillé en nous le culte de la mobilité sans limites. Plus vite, plus loin, plus souvent. Elle a enlaidi notre monde. Elle le détruit.
    Il y a quelques jours, une nouvelle étude de l’Organisation Météorologique Mondiale est tombée, au plus fort de la mobilisation des gilets jaunes. Ce que révèle ce rapport est proprement affolant. Les gaz à effet de serre ont atteint un niveau de concentration record dans l’atmosphère en 2017. Jamais le niveau de CO2 dans l’atmosphère n’a été aussi élevé depuis 3 millions d’années. La voiture n’est pas seule responsable. Mais elle l’est, tout comme l’avion dont le kérosène est sous-taxé. Tout comme notre mode de vie.
    Enfin quoi ? On pourrait donc empoisonner le monde, dévaster le climat, mais surtout, surtout, ne pas toucher à la bagnole ? Quelle inversion des valeurs, quelle société malade que la nôtre !
    Entendons-nous bien. Il ne s’agit pas de remplacer un moteur par un autre. Encore une fois, je me suis fourvoyé. La voiture propre est un mensonge. Propre pour qui, d’ailleurs ? Pour les écrabouillés, les estropiés ? Pour les animaux morts ou agonisant le long des routes ? Pour le coût écologique faramineux de nouveaux véhicules à fabriquer ? Pour les irradiés de la voiture nucléaire ? Pour les riverains des « villages du cancer » où l’on fabrique nos voitures vertes bardées de métaux rares ? Pour les morts de faim des agro-carburants ? Pour les victimes des guerres du pétrole ?
    L’accord de Paris sur le climat est une coquille vide. Ce que nous appelons transition écologique relève de l’imposture. Elle ne fait que remplacer une dépendance par une autre. En lieu et place du pétrole, des métaux rares avec leur cortège de nuisances : empoisonnement des sols, de l’eau, de l’air et des habitants, menaces de pénuries et de guerres, dévastation de régions entières, financement de guerres aux millions de morts… Et cette transition nous incarcère dans une société de surveillance électronique où l’être humain devient une machine.
    C’est avec ce modèle qu’il nous faut rompre. La bagnole est un fléau absolu. Taxer le carburant comme nous l’avons fait était une erreur. Il aurait fallu prendre de vraies mesures d’accompagnement, développer un réseau de transports publics en tous points du territoire. Il aurait fallu un minimum de cohérence. Taxer lourdement le kérosène, relocaliser notre alimentation grâce à des circuits courts et une agro-écologie respectueuse du vivant. En finir avec la mondialisation et ses traités climaticides, ses flux incessants et mortifères de marchandises d’un bout à l’autre du globe. Et poser la question cruciale, enfin, celle que nous ne formulons jamais dans nos assemblées : qu’est-ce qui importe avant tout ? Nos bagnoles individuelles, nos téléphones portables, notre hyper-connexion dévastatrice, nos gadgets toxiques, nos industries et nos emplois polluants… ou ce qui est à la source même de nos vies ? Car nous ne pourrons pas tout avoir. Un climat favorable au vivant, une nature généreuse… ou une société de croissance infinie sur une planète finie. Prétendre le contraire, comme je l’ai fait avec d’autres, est une faute majeure. Nous devons en tirer toutes les conséquences. Pour ma part, en cet instant solennel, mes chers compatriotes, j’en déduis les leçons qui s’imposent. Ma santé mentale est excellente, je peux vous assurer que, jamais de ma vie, je n’ai été aussi lucide.
    Je n’ai pas été élu sur cette vision du monde que je viens de vous exposer. C’est pourquoi je démissionne de ma fonction présidentielle. Des élections anticipées seront organisées prochainement. J’annonce publiquement que je ne serai candidat ni à cette consultation ni à aucune autre. Notre système politique est, à mes yeux, incapable de faire face aux problèmes inédits qui nous sont posés. Ses représentants sont finalement interchangeables, inféodés à un paradigme dans lequel toute limite doit être anéantie. En aucune façon, je ne crois à notre salut par la bonne grâce d’un homme providentiel, aussi brillant soit-il. C’est à nos propres forces individuelles et collectives que nous devrons un sursaut moral. L’enjeu est autrement plus important qu’une taxation des carburants ou un ras-le-bol fiscal, vous l’aurez bien compris. Nous avons le devoir impérieux de restaurer des limites et de sauver ce qui peut l’être encore. La vie sur terre. Et notre humanité. Cela implique de sortir de la bagnole et de la société industrielle. Notre niveau de vie n’est pas soutenable. Les équilibres de la vie ne sont pas négociables.
    C’est sur cette pensée que je conclurai mon allocution. Vive la terre. Vive la beauté du monde.

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