Ce téléphone est (insup)portable

Publié sur Charlie

Essayons de prendre cela avec bonne humeur, mais ça va chier. Vraiment navré. Des petits salopiauds allemands viennent de réaliser une méta-analyse – analyse d’analyses – portant sur 190 études publiées. Sur le total, 83 ont été jugées scientifiquement relevant – pertinentes – et 72 de ces dernières montrent que les ondes des téléphones portables ont des effets négatifs sur les abeilles, les guêpes, les mouches.

Les effets décrits sont nombreux : désorientation des bestioles, ce qui peut conduire au drame, atteintes au « matériel » génétique et à la santé des larves, dégradation des champs magnétiques, vitaux pourtant. Est-ce possible ? Apparemment, ça l’est. Le rayonnement des portables et des réseaux sans fil, type WIFI, pourrait provoquer, chez les insectes exposés, une ouverture de leurs canaux calciques. Qu’est-ce donc, ami de la science ? D’abord un canal ionique, présent dans la membrane de toute cellule, qui permet le passage au travers d’un ou plusieurs ions à très grande vitesse. Des ions de sodium, de potassium, de calcium dans le cas qui nous intéresse. Leur rôle, dont tu n’as jamais entendu parler, mon ami lecteur de Mickey Parade, est essentiel.

Si une petite main anonyme – le portable, simple exemple – entrouvre les canaux calciques d’une abeille, celle-ci laisse passer dans un grand désordre des ions calciques qui sèmeront leur merde dans le maintien des insectes et leur reproduction. Car la prolifération d’ions calcium provoque ce qu’on nomme un stress cellulaire. Bien entendu, il ne s’agit que d’un facteur aggravant. La cause centrale de la mort accélérée des insectes – probablement, et en moyenne, la biomasse des arthropodes des prairies a diminué des deux tiers en dix ans -, c’est bien sûr les pesticides. Et la perte des habitats favorables qui lui est associée.

Il n’empêche, mon bel ami. Le portable, dont on savait déjà qu’il est une bouse, renforçant l’individualisme délirant de l’époque, menace donc les insectes de ses ondes. Ne surtout pas croire que cette étude est unique en son genre. En vérité, d’autres travaux scientifiques, depuis au moins dix ans, rapportent les mêmes conclusions que personne ne veut voir.

J’extrais pour ta complète information cet extrait du journal Daily Telegraph du13 mai 2011 : « Signals from mobile phones could be partly to blame for the mysterious deaths of honeybees, new research shows ». De Nouvelles études montrent que le portable pourrait être en partie responsable de la « mystérieuse mort des abeilles ». Et il y en a plein de la sorte, tout au long de chaque année, comme cette conférence en anglais, que je recommande, et qui date, elle, de 2013 (2).

Nous ne sommes pas, j’en conviens, dans le champ si restreint de la preuve scientifique parfaite et définitive. Les démonstrations de cette sorte sont rarissimes, même pour des poisons aussi évidents que l’amiante. Le tabac n’a-t-il pas fait l’objet de polémiques télécommandées par l’industrie pour mieux tromper les sociétés humaines ?

À ce stade, un peuple adulte aurait l’obligation de mettre le sujet des portables sur la table, et de ne plus lâcher. Mais ce n’est pas du tout ce qui se passe. Ayant interrogé quelques écologistes estampillés, je constate que l’affaire n’a pas pénétré leur esprit. Ah ! si l’on pouvait incriminer une transnationale, il en irait tout autrement. Mais en la circonstance, il suffit d’un examen de conscience, et c’est déjà trop.

Ce que révèle après bien d’autres prises de tête l’affaire des portables, c’est que la guerre en cours est d’une nature inédite. Oui, assurément, il s’agit d’une guerre d’extermination de tant de merveilleuses formes vivantes. Mais à la différence des conflits passés, il n’y a pas eux et nous. Il n’y a pas cette ligne capable de désigner les bons et les méchants. Le front passe à l’intérieur de nous-mêmes, qui ne cessons d’envoyer nos obus personnels, dessinés, décorés et contresignés de nos propres mains. Tant que nous n’aurons pas reconnu l’aliénation par les objets, nous ne ferons plus un pas en avant.

(1) baden-wuerttemberg.nabu.de/imperia/md/nabu/images/regional/bw/einmaligeverwendung/thill_2020_review_insekten_komplette_studie_mit_zusammenfassung.pdf

(2)researchgate.net/publication/246044829_The_Effect_of_Cell_Phone_Radiations_on_the_Life_Cycle_of_Honeybees

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Regain zadiste sur les rives de la Loire

Pas de cris, pas de désespoir : on y reviendra. Et même, on ira sur place. Mais en attendant mieux, et vous savez le peut-être, une nouvelle Zone à défendre (ZAD pour les heureux intimes) s’est installée tout contre notre Loire. C’est à 35 km en aval de Nantes. Le Carnet, c’est un territoire naturel de près de 400 hectares, que les aménageurs, qui aménageraient aussi sur Mars, avaient placé en réserve foncière, pour le cas où.

Et le cas est. Le Grand port maritime de Nantes Saint-Nazaire (autrefois appelé le port autonome) est un tout-puissant Établissement public, qui a salopé depuis des décennies notre plus bel estuaire, celui de la Loire. À coups de terminaux pétroliers ou à soja, et d’installations pétrochimiques. Mais le géant n’a jamais assez d’espace et veut maintenant choper 110 des 400 hectares évoqués, dont 51 sont une zone humide, officiellement intouchable. On parle là de 116 espèces animales et végétales protégées.

Côté zadistes, l’ambiance est combative. Extrait de leur site (https://stopcarnet.fr) : « La Zad du Carnet s’est implantée le 31 août aux entrées du site du Carnet que le gouvernement et les industriels veulent convertir en zone industrielle. Nous ne quitterons pas les lieux tant que le projet ne sera pas abandonné».

Côté massacreurs, il y a de la drôlerie et de la novlangue dans l’air. Ils avancent que les 110 hectares serviront à un « parc technologique » plus vert tu meurs. La distrayante présidente – Les Républicains – de la région pays de la Loire, Christelle Morançais : «Le site du Carnet, qui à terme pourrait générer 1200 emplois directs, portera l’écologie de demain. C’est ici que va s’inventer un avenir plus vert et plus écoresponsable ».

Ce qui commence ne sera pas simple, car les écolos endimanchés ont déjà accepté le projet, avec réserves, au moment de l’enquête d’utilité publique de 2017. La LPO – amie de Charlie -, France Nature Environnement (FNE), Bretagne Vivante – dont je suis membre – sont salement coincées. Mais changer d’avis n’a jamais fait de mal à personne.

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Les blaireaux ne sont pas ceux qu’on croit

Parlons-nous tous la même langue ? Partageons-nous assez d’idées et d’émotions pour habiter la même terre ? Lectrice et lecteur, envoyez-moi vos réponses, car la question m’angoisse.

Un ami lointain mais vrai, Pierre Rigaux, m’adresse une vidéo de trois minutes sur un massacre coutumier de ces blaireaux qui ressemblent tant, parfois, à des petits ours. J’en ai vu bien des fois sur le chemin d’un hameau où je suis allé vingt années, entre Causses et Cévennes.

Que voit-on ? Des humains qui d’abord élargissent la piste d’entrée d’un terrier de blaireau. À la pelle. L’un d’eux fourre ensuite à coups de pompes un chien – un jack russel, je crois – au fond du trou. Le chien et ses dents horribles sont là pour choper l’animal au museau. Quand il a harponné la bête, il tente de sortir du trou en reculant. Dans une variante qui n’est pas dans la vidéo, un mec à casquette et combinaison verte de travail tire les pattes arrière du chien.

Quand le blaireau apparaît, les rires des tueurs fusent. Deux armes différentes servent au massacre. De longues pinces en acier, qui permettent de le saisir par le nez en l’écrasant. Et des bêches, avec lesquelles on lui détruit le cerveau. On entend : « Vas-y ! Prends ça ! Il faut un bon coup ! ». Et en effet, ça cogne.

Si on veut en savoir plus, on peut se renseigner auprès de One Voice (2) ou de l’ASPAS. Commentaire des premiers : « Combien de milliers de cadavres et d’images ignobles faudra-t-il pour rallier le public et les politiques à la cause de ces animaux martyrs ? ». Pas mieux à dire.

(1) https://vimeo.com/454047065

(2) https://one-voice.fr/fr/blog/chasse-des-blaireaux-lenfer-sous-terre.html

2 réflexions sur « Ce téléphone est (insup)portable »

  1. BASF, qui vend beaucoup, mais alors vraiment beaucoup de pesticides et autres -cides, pousse à la roue pour que la nouvelle technologie 5G s’implante illico presto. Je trouvais la corrélation bizarre jusqu’au moment où j’ai vu l’autre soir une présentation d’un p’tit gars, ma foi, il avait l’air sympa, de chez BASF qui montre des paysans au fin fond de l’Inde ou d’ailleurs, penchés sur leur Smartphone pour que l’aide de BASF sous forme de produits chimiques puisse être répartie selon les besoins des plantes poussant dans des déserts agricoles, je parle de monocultures et ceci le plus rapidement possible grâce à la manne providentielle (je ne dis pas pour qui…) qu’est la communication numérique.
    Alors, c’est un fait, pour atteindre les petits paysans qu’on aura roulés dans la farine comme des petits poissons, il faut encore des satellites, toujours plus de satellites, y’en a déjà tellement qu’on finira par plus voir le ciel.
    Bref, tout ceci marche main dans la main et c’est écœurant !

    En attendant signez la pétition suivante, merci, ça se passe au Sud-Tyrol :
    https://www.change.org/p/arnold-schuler-cessez-l-atteinte-%C3%A0-la-libert%C3%A9-d-expression-arr%C3%AAtez-le-proc%C3%A8s-des-pesticides

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