Le climat, la sécheresse et la FNSEA

Publié en avril 2021

Y a vraiment plus de saison. Une étude montre que le dérèglement va dangereusement faire baisser les récoltes. Mais où est passée la FNSEA ?

Lectrice attentive, lecteur concentré, tu auras peut-être remarqué qu’il a fait chaud avant que cela ne se gâte. Tous ces derniers jours de mars, on s’est beaucoup baignés, jusque dans le sud de la Bretagne. C’est bien ? Ben faut quand même voir de plus près. Il n’y a plus aucun doute que, comme le disait ma grand-mère, que je voyais comme une vieille folle, y a plus de saisons.

Un étude originale confirme l’affaire à sa façon. Son auteure principale, Teresa Bras, est chercheuse à l’université Nova de Lisbonne. L’un des signataires, Jonas Jägermeyr, travaille à l’Institut Goddard d’études spatiales de la Nasa. Et leur travail vient d’être publié par la revue Environmental Research (Letters). On apprend sans surprise dans « Severity of drought and heatwave crop losses tripled over the last five decades in Europe » (https://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/abf004/meta) que les désastres naturels peuvent menacer les récoltes même au cœur de l’Europe, et chez nous, donc.

Mais les chiffres les plus percutants concernent les sécheresses et les vagues de chaleur, de plus en plus prononcées, de plus en plus rapprochées. Entre 1961 et 2018, les premières ont réduit la récolte de céréales de 9% en moyenne, et les secondes de 7,3%. Et ce n’est que le début d’un feu d’artifice prolongé, car ces pertes de production ont triplé en l’espace de cinquante ans. La tendance lourde a toutes chances de se maintenir et d’aggraver les choses à mesure que le dérèglement climatique deviendra plus vif encore.

Parmi les leçons à tirer, on se permettra de rappeler que les producteurs de betteraves industrielles ont obtenu l’été passé les retour des néonicotinoïdes tueurs d’abeilles. Pour mieux produire ce que les consommateurs ne veulent plus. Les défenseurs de ces cultures – ceux de L’Association de recherche technique betteravière -, souvent accusés de partialité, parlent d’une baisse de la production de betteraves comprise entre 10 et 12 % en l’absence de néonicotinoïdes.

Un chiffre voisin de celui que provoque déjà le dérèglement climatique. Dont ils ne parlent pas. Dont la FNSEA, ce « syndicat » étrange qui accompagne de près la mort de ses membres ne parle pas. Ça fait penser.

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