J’écoute désormais du coin de l’oreille, et continue de dormir de l’autre. À quoi bon mobiliser tout son esprit pour de telles sornettes ? Ce matin, Jacques Attali, pérorant comme à son habitude sur France-Inter. La crise économique. Les moyens d’en sortir. Les magnifiques idées qu’un magnifique penseur – lui – a imaginées dans le secret de son cerveau surdéveloppé. Etc. Ad nauseam.
On reparlera tantôt de ce grand minuscule monsieur, car le procès dit de l’Angolagate est annoncé lundi prochain, et il en sera. Je ne préjuge de rien, et c’est sincère. Je ne sais rien du dossier, sauf qu’il est infâme. Jacques Attali, Jean-Christophe Mitterrand, Jean-Charles Marchiani, Paul-Loup Sulitzer, Charles Pasqua sont poursuivis à des titres divers dans le cadre d’un présumé trafic d’armes géant à destination du président angolais Edouardo Dos Santos. Une honte absolue, qui n’a profité dans tous les cas qu’aux corrompus du parti au pouvoir, le MPLA.
Mais je voulais juste vous dire deux mots du jour où l’on aurait dû tout arrêter pour de vrai. Le krach économique, dont je ne sous-estime certes pas la puissance destructrice, n’est encore rien en face du krach écologique vers lequel nous nous précipitons avec ardeur. Il existe une ONG canadienne, Global Footprint Network, qui a mis au point un indicateur écologique frappant, c’est le moins que l’on puisse dire. Allez lire – c’est un lecteur de ce blog, salut ! – ce qu’en dit Sandro Minimo (ici). Le résumé est simple : le 23 septembre passé, nous avons dépassé la limite.
Adapté, développé à partir de la notion d’empreinte écologique, le Global Overshoot Day est le Jour du dépassement global. Entre le 1 janvier et le 23 septembre, estime Global Footprint Network, nous aurions consommé, nous les humains, tous les biens naturels que nous offre la terre chaque année. Au-delà, les « intérêts » ayant été croqués, nous dévorerions à pleines dents le « capital ». La date fatidique aurait été l’an passé le 6 octobre, et la situation ne cesserait donc de se dégrader. Selon les comptables canadiens, les activités humaines auraient commencé à dépasser les possibilités de renouvellement des écosystèmes naturels en 1986.
Je ne garantis rien de tout cela, et personne ne peut le faire sérieusement. Ce qui est certain, en revanche, c’est que la tendance lourde, et même fatale, est là. Il est évident pour quelqu’un comme moi, je dis bien évident, que nous surexploitons d’une manière folle la planète. Non parce que je serais plus malin, mais simplement – si je peux écrire de la sorte – pour la raison que je digère chaque jour des informations significatives. Et que je les organise dans un cadre de pensée différent. Profondément différent de celui où se perdent des milliers d’Attali.
Il faut sortir du cadre. Si possible ensemble.