Le dernier week-end de l’été s’achève. Olivier Besancenot, du NPA, le communiste Pierre Laurent, le Vert Jean-Vincent Placé ont posé sur la même photo que le socialiste Benoît Hamon au Vieux-Boucau (Landes) où se tenait l’université de rentrée du courant Emmanuelli-Hamon. De son côté, Ségolène Royal rassemblait sa « Fête de la fraternité » à Arcueil (Val-de-Marne) sous l’œil hypocrite de tous les crocodiles socialistes, excepté DSK, retenu au FMI pour une énième saignée d’un peuple lointain. Un livre récent éclaire sur l’état d’esprit véritable de nos socialistes à nous, Petits meurtres entre camarades, par David Revault d’Allonnes (Robert Laffont, 20 euros)
Ne me dites pas que je perds du temps, car je le sais. Il n’y a rien à attendre. Je perds du temps, et ne vous recommande pas de perdre le vôtre. J’ai eu la curiosité malsaine d’aller jeter un regard sur le blog (ici) de François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste entre 1997 et 2008, date de l’arrivée de Martine Aubry à ce poste. Hallucinant reste un faible mot pour décrire mon sentiment. Ce machin est lamentable de la première ligne à la dernière image (il y en a beaucoup, évidemment). Si vous en avez le temps et le courage, tapez donc sur le moteur interne de recherche des mots comme écologie ou biodiversité. Vous ne serez pas déçu de ce court voyage. Hollande n’est au courant de rien. Cet homme de 56 ans – ce n’est pas le perdreau de l’année – aura donc passé au moins trente ans à faire de la politique sans se rendre compte que la vie sur terre, et donc l’avenir des sociétés humaines, et donc celui des désolants politiciens dans son genre, étaient désormais en question.
Il ne sait foutre rien. Et il a commandé le principal parti de la gauche pendant onze années. Jospin, qui occupait le poste avant lui, était aussi ignare, tendance stupide. Et Aubry ne vaut pas mieux, tandis que Royal feignait – feignait seulement – d’avoir des lumières qui lui font radicalement défaut. Mais pourquoi radoter une fois encore au sujet si navrant de la social-démocratie ? Mais parce qu’ils souhaitent remplacer Sarkozy dans deux ans ! Voilà pourquoi. Que feraient-ils dans ce domaine plus important qu’aucun autre ? Rien. Je vous le dis, et vous en faites ce que vous voulez : rien. Ils n’ont rien lu, rien compris, et ne savent rien de la nature, du rôle des écosystèmes, des extrêmes menaces qui pèsent sur eux, rien.
Mais que font-ils donc de leurs saintes journées ? Ils s’exècrent. Ils attendent de pouvoir dégainer, de se venger, de mordre, ou plutôt mordiller, car leurs dents sont de dentiers. Le livre du journaliste de Libé David Revault d’Alonnes, cité plus haut, le montre avec précision. Je précise que ce journaliste ne s’en indigne pas plus que cela. Il est visible qu’il considère tout cela comme normal. Et je lui donne raison, puisque c’est moi, qui ne suis pas normal. J’allais presque oublier : d’abord, ils truandent. Ce sont des truands de cette démocratie qu’ils convoquent dix fois par discours. Des truqueurs, des tricheurs qui bourrent les urnes sans état d’âme, comme en 2008, lorsque Martine Aubry a fini par l’emporter sur Ségolène Royal de 42 voix. Le récit de cette vaste opération, reconnue dans le livre par ses acteurs, est impressionnant. La fraude, massive, était dans les deux camps. Aubry, épaulée par des voyous au sang très froid, est parvenue in extremis à repousser Royal dans les ténèbres extérieures.
Je m’arrête une seconde, tant nous sommes tous blasés. Les socialistes violent le principe de base sur lequel est basé le système démocratique. Ils refusent la loi du vote et de la majorité. Je dois hélas rappeler que cette triche est un délit pénal. Et que si elle avait été établie devant les tribunaux, elle aurait pu – dû ? – conduire ses auteurs en taule. Je vous laisse en compagnie de deux questions. La première : est-il crédible de s’attaquer à ce ruffian de Woerth en absolvant les trucages électoraux socialistes ? Seconde question, neuneu à n’en pas douter : des politiciens de ce calibre s’arrêtent-ils en route ? Arrivés au pouvoir, changent-ils brutalement de comportement ? Deviennent-ils vertueux ? Respectent-ils la parole donnée au moment de la campagne électorale ? Hésitent-ils à utiliser les services d’un cabinet noir ? Reculent-ils devant l’usage d’écoutes téléphoniques sauvages ? Etc, etc. J’ai mon idée, soyons sincère.
Et puis ? Vous lirez, plus probablement vous ne lirez pas. Tous ces gens sont d’une médiocrité à faire peur. Ce sont de toutes petites personnes, qui n’ont pas la moindre idée de l’avenir. Pas la moindre, vous pouvez m’en croire. Osons le mot : ce sont des nains, et pardon à ces derniers, qui n’ont rien à voir là-dedans. Disons qu’ils ont les dimensions de leur carrière et de leur rêve. Dans les deux cas, il s’agit de niquer ceux qui s’opposent à leur appétit de pouvoir de pacotille. Le niveau de haine, de mépris, de mensonge, de coups bas, d’intrigues que l’on rencontre dans ce parti m’a soufflé. Moi, qui en ai tout de même vu d’autres. Hollande vomit Aubry, qui le traite de « couille molle ». Mais il est vrai qu’elle agonit d’insultes tous ceux qu’elle exècre, et elle exècre tout le monde. Ségolène Royal lévite, ce qu’on savait, sans jamais dépasser le niveau du comice agricole. Les flingueurs patentés – Cambadelis ou Bartolone -, les apprentis tueurs, bien plus nombreux, se côtoient dans un pandémonium où tout semble pouvoir arriver. Et tout finira par arriver, peut-être même la victoire en 2012.
Mais quelle victoire, grands dieux ! Je ne suis plus assez naïf pour croire qu’une structure de pouvoir dégénérée peut se réformer de l’intérieur. Le parti socialiste est au moins aussi corrompu, moralement parlant, que l’était la SFIO de Robert Lacoste et Guy Mollet en 1956. Seules les circonstances l’empêchent, pour le moment en tout cas, de verser dans le déshonneur public. Non, je ne rêve pas d’un parti qui serait vertueux. Mais je m’étonne sincèrement, profondément qu’aucun responsable ne soit capable de sortir le pied de cette fange et d’assumer une rupture franche avec cette merde. Ce n’est vraiment pas bon signe. Tous, je dis bien TOUS – et Mélenchon, qui tente de faire croire, avec son Parti de Gauche, qu’il serait un autre, a tout partagé avec cette joyeuse bande – acceptent le jeu sordide de la lutte à mort pour les places.
La gauche ? Mes pauvres orphelins, je vous rappelle que le parti communiste a truqué ses congrès tout au long de son histoire de sang. Je vous rappelle que l’ancienne direction d’Attac, venue du Monde Diplomatique, a été lourdement accusée d’avoir triché au cours d’élections internes décisives. Et je viens de vous raconter ce qu’il en est des socialistes. Si vous pensez que ces structures-là peuvent incarner, si peu que ce soit, un avenir désirable, soyez sûrs que je vous envie. La foi du charbonnier, c’est émouvant. Le sourire de l’enfant, imaginant le gros Père Noël passer par la cheminée, c’est émouvant. Je vous envie, il n’y a pas de doute.