Hollande va donc représenter la gauche à l’élection présidentielle. Il a gagné hier contre Martine Aubry. La tentation est grande d’écrire, comme ce pauvre Louis XVI dans son journal, au moment de la prise de la Bastille : rien. Mais ce ne serait pas rendre justice à François Hollande, qui face à la seule question qui vaille – la crise écologique – est certainement bien au-dessous de rien. L’an passé, le 19 septembre 2010, j’ai écrit ici un papier intitulé : « Hollande, Aubry, Royal et leurs petits poignards ».
J’en extrais ces quelques mots : « J’ai eu la curiosité malsaine d’aller jeter un regard sur le blog (ici) de François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste entre 1997 et 2008, date de l’arrivée de Martine Aubry à ce poste. Hallucinant reste un faible mot pour décrire mon sentiment. Ce machin est lamentable de la première ligne à la dernière image (il y en a beaucoup, évidemment). Si vous en avez le temps et le courage, tapez donc sur le moteur interne de recherche des mots comme écologie ou biodiversité. Vous ne serez pas déçu de ce court voyage. Hollande n’est au courant de rien. Cet homme de 56 ans – ce n’est pas le perdreau de l’année – aura donc passé au moins trente ans à faire de la politique sans se rendre compte que la vie sur terre, et donc l’avenir des sociétés humaines, et donc celui des désolants politiciens dans son genre, étaient désormais en question. Il ne sait foutre rien. Et il a commandé le principal parti de la gauche pendant onze années ».
Je reprends la parole ce 17 octobre 2011, et derechef, je me rends sur le blog de Hollande. Le masochisme est un plaisir complexe, je n’apprends rien à personne. Tout a changé, et la place est désormais entièrement prise par les primaires socialistes, et je n’ai pas même retrouvé le moteur de recherche qui m’avait permis de sonder l’ignorance abyssale de Hollande l’an passé. Bah !
Aubry aurait-elle été préférable ? Bien sûr que non. Élevée à la conduite des transnationales, comme son vieil ami DSK – elle a tout de même été numéro 3 de Pechiney, spécialiste de l’aluminium, du combustible nucléaire, de la chimie ! -, elle se fout elle également de ce qu’elle ne connaît de toute façon pas. Assurément, blanc bonnet et bonnet blanc. Sauf sur un point de détail : Sarkozy.
S’il est un point de détail vrai, c’est bien de savoir si Sarkozy sera ou non lourdé l’an prochain. J’ai pour cet homme une détestation authentique, et à titre personnel, comme dirait l’autre, je serais heureux qu’il déguerpît. Cela ne changera rien à rien, car la marche des machines se marie aussi bien avec la droite que la gauche. Mais je ne peux nier que je ne supporte pas sa présence sous mes fenêtres. Et de ce point de vue, Hollande n’égale pas Aubry, non. Il me semble certain que François Hollande a plus de chances contre l’usurpateur que la maire de Lille.
Et pourquoi ? Parce qu’il me paraît moins corrompu. Attention ! je ne parle pas là de valoches pleines de billets, mais de corruption de l’esprit et de l’âme. Il est parfaitement possible que je me trompe. Hollande a, dans son staff, des gens déplorables comme Julien Dray, Jean-Marc Ayrault, Jack Lang, Gérard Collomb, Vincent Peillon. Je me trompe peut-être. Au moins, s’il est élu, nous n’aurons pas de DSK au gouvernement. Déjà ça.
PS : grâce au commentaire de Renaud – merci ! -, je peux ajouter, plus tard ce 17 octobre, une phrase sublime de François Hollande à mon billet. Nous sommes le 27 août 2011, à l’Université d’été socialiste de La Rochelle, et Hollande va dire une énorme connerie, qui sera comme de juste applaudie. La voici : « On ne peut pas transiger avec la croissance, je ne crois pas à la décroissance. Lorsque le PIB décroît, les conséquences sociales sont extrêmement négatives, chômage, déficit, dette. La décroissance, c’est un facteur de crise sociale ».