Décidément ! Après Anne et Gérard, voilà qu’un autre lecteur de Planète sans visa – Daniel – m’envoie une note qui mérite amplement publicité. À nouveau, le Loup est menacé de toutes parts en France. Revenu naturellement d’Italie au tout début des années 90 du siècle passé, il tente de reconquérir quelques-uns de ses territoires historiques. Car le Loup a été partout dans ce petit bout de continent que les hommes appellent la France depuis une poignée de siècles. Et ces mêmes hommes l’ont éliminé à coups de fusils et d’appâts à la strychnine : vers 1920, il ne restait plus chez nous aucun de ces grands sauvages.
Je vais tâcher de ne pas radoter inutilement : la défense du Loup fait pour moi partie du bagage de route de tout écologiste. Et il sert de marqueur très sûr pour juger de l’état d’esprit des humains. J’ai souvent dit – et je maintiens – que des gens respectables, tel José Bové par exemple, ne pouvaient en même temps se prétendre écologistes et vouloir la mort de la Bête, pour une seconde fois. Dans le meilleur des cas, ces gens, aussi sympathiques qu’ils puissent être, ne sont que des environnementalistes. Ce qui compte à leurs yeux, c’est ce qui entoure, « environne » le domaine des humains, le seul à ne pas tolérer la moindre limite. Mais moi, qui défends l’existence de toutes les formes de vie, dont celle des hommes bien sûr, je vois bien ce que leur point de vue dissimule de refus définitif du sauvage.
Encore un mot, personnel. Des amis me demandent, en référence à mon message précédent, ce que signifie au juste des « nuages anthracite ». Eh bien, une violente bourrasque de tristesse et même de désespoir. Qui s’ajoute à des douleurs physiques parfois incontrôlables. Cela passera, n’est-ce pas ?
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L’envoi de Daniel, qui relaie le texte de Pierre Peyret, de l’association Ferus. Le contexte est celui-ci : l’État est en train de se coucher devant les nombreux lobbies qui ne supportent pas la coexistence. La biodiversité, c’est pour les autres, toujours pour les autres. Du coup, on cherche les moyens de « légaliser » des tirs contre ces contrebandiers et saute-frontières que sont les loups. Comment osent-ils ?
LE TEXTE
La consultation publique du nouveau projet d’arrêté fixant les conditions et limites dans lesquelles des dérogations aux interdictions de destruction peuvent être accordées par les préfets concernant le loup et du Projet d’arrêté fixant le nombre maximum de spécimens de loups dont la destruction pourra être autorisée pour la période 2015-2016 vient de s’ouvrir.
Le premier fixe les conditions et limites aux tirs de loups accordés, prévoyant une extension des territoires et des périodes d’autorisation, le second fixe le nombre de loups à tuer à 36 individus.
En résumé le premier rappelle que les unités d’actions correspondants aux zones où la prédation est probable, fixées par le préfet, ne peuvent inclure le cœur des parc nationaux.
Les [directions départementales des territoires et de la mer] DDTM gardent la main sur l’interprétation de la notion de « troupeau protégé ou ne pouvant l’être » permettant de mettre en œuvre ou pas les dispositifs de tirs d’effarouchement au moyens de tirs non létaux notamment, tirs toujours interdits au sein des parcs nationaux sauf pour les parcs nationaux qui autorisent la chasse en zone cœur (Cévennes) (soumis à autorisation du directeur de parc).
Il en est de même pour les tirs de défense consécutif à une prédation qui peuvent être mis en place pendant toute la durée de la présence du troupeau sur le territoire soumis à la prédation et pour ce qui concerne les communes en unités d’actions durant toute la durée de l’arrêté ministériel jusqu’à 5 ans maximum.
Le tir de défense renforcé est maintenu, toujours sous contrôle de l’ONCFS ou lieutenant de louveterie, et peut être réalisé par plusieurs personnes simultanément (max 10) désignées par le préfet après avis de l’ONCFS.
Les tirs de prélèvement sont maintenus et suspendus du 1er mars au 30 avril.
Des tirs de prélèvements renforcés pourront être mis en œuvre et maintenus sur une période de 6 mois tant que les troupeaux demeurent exposés à la prédation.
Ces tirs de prélèvements pourront se réaliser à l’occasion de battues de chasse ordinaires ou administratives, sous la responsabilité d’un agent ONCFS, ou lieutenant de louveterie ou chasseur désigné, mais aussi à l’occasion de chasse à l’approche ou à l’affût de grands gibiers.
Pour ce qui concerne le second projet, la ministre Ségolène Royal et le ministre Stéphane Le Foll viennent de porter le plafond pour juin 2015- juin 2016 à 36 loups « mâles, femelles, jeunes ou adultes ».
consultation complète ici :
Cordialement,
Pierre Peyret
Vice président Ferus- coordination loup
www.ferus.fr