Archives mensuelles : octobre 2024

Hugo Clément parle avec les chefs du Rassemblement national

Je dois commencer par le commencement : je connais très mal Hugo Clément, et ne le lis pas. On le dit écologiste, et comme ce mot est si dévalué qu’il ne veut plus rien dire, pourquoi pas ? Il défend la “cause animale” – une étrange expression, à la vérité -, et il est omniprésent sur des réseaux sociaux comme X, Instagram, Facebook. Ajoutons que le peu que je sais le désigne comme un journaliste n’ayant pas froid aux yeux.

Voilà. Je viens de lire la page que lui consacre Wikipédia, et pour être sincère, cela ne me le rend pas sympathique. Je ne peux me défaire d’une vilaine impression, celle de découvrir un homme amoureux de lui-même, qui papillonne au gré de fleurs multicolores pouvant servir son image.

Notons qu’il y a des éléments troublants. Profitant de l’image qu’il a construite, grâce à la télévision notamment, Clément entend refaire la carte politique de ce pays. L’ambition est grande, le personnage peut-être un peu moins. Au moment où il paraît découvrir, en 2018, l’écologie – qu’il appelle d’ailleurs, souvent, l’environnement (1) -, Clément travaille pour un site apprécié des djeunes, Konbini.

Ce qu’il ne dit pas, et qui n’intéresse personne, c’est que Konbini est la propriété de la multimilliardaire famille Perrodo. Laquelle fait entre autres dans le pétrole et possède des holdings immatriculés dans des paradis fiscaux comme les Bahamas, Guernesey, le Luxembourg. Il n’est pas responsable ? Il ne l’est pas. Mais on a le droit d’interroger un journaliste qui se présente constamment comme un preux à l’affût du scandale.

D’autant qu’il remet cela en 2022 en créant le journal en ligne Vakita. Il se garde bien de prévenir que se trouvent, parmi les investisseurs, des hommes comme les milliardaires François Pinault ou Xavier Niel. Cela commence à faire beaucoup, quand cela n’est encore rien. Car en avril 2023, Clément accepte de participer au “Grand débat des valeurs” – organisé par l’un des pires journaux de la place, Valeurs Actuelles. Clément accepte un débat avec le responsable du Rassemblement national, Jordan Bardella, qui en conclura qu’il faut « moins de Sandrine Rousseau et un peu plus d’Hugo Clément. »

Après les législatives, il appelle à l’union nationale. Avec le RN ? Avec : « Dans un tel contexte, la meilleure solution ne serait-elle pas un gouvernement d’union nationale, qui regrouperait toutes les sensibilités ? » Il y a quelques jours à peine, il remercie le maire RN de Fréjus, David Rachline, de son soutien à l’écologiste Paul Watson, emprisonné au Groenland. Je ne m’étends pas sur Rachline dont Clément, lui si bien informé, ne peut ignorer les turpitudes.

Je crois que cela suffit. Pourquoi fait-il cela ? Officiellement, parce que l’écologie serait l’affaire de tout le monde. Je n’entrerai pas dans trop de détails, mais il me faut encore aborder deux points. Un, bien sûr, le RN est l’héritier d’infâmes idéologies du passé. C’est un parti protofasciste, ce qui veut dire qu’il n’est pas encore, et ne sera peut-être jamais fasciste, du moins au sens historique. Mais évidemment, il est raciste, ce qui devrait disqualifier d’emblée ceux qui s’en approchent.

De cela, Clément se contrefout. On pourrait attendre qu’il prête davantage attention à ce qui suit : il est inculte. Il sait sans doute plein de choses, mais il ignore quantité de fondamentaux. Un parti politique a sa logique, son histoire, ses pesanteurs. Il obéit à des règles contraignantes dont, visiblement, Clément n’a aucune idée. Jamais, jamais, jamais, même s’il y consacrait mille ans, il ne parviendrait à influer sur le cours politique du RN.

C’est donc un peu gênant, car enfin, tel est le but proclamé : parler et convaincre. Au-delà, la contradiction est flagrante : Clément, qui se prétend obsédé par la crise écologique; Clément qui répète à l’envi que le temps est compté; Clément qui jure qu’il faut secouer d’urgence toutes les formes politiques; Clément s’adresse à un parti climatosceptique. C’est à dire à un parti d’infects négateurs de la crise diabolique dans laquelle nous sommes plongés. Parler avec de tels gens ? Mais pourquoi ?

Dans les conditions réelles du débat politique en France, cette posture ne sert que les intérêts du RN. Bien sûr ! Clément nous rejoue pour la millième fois le coup de “l’idiot utile”, dont l’origine se perd dans les nuées. L’expression renvoie à ces imbéciles qui servent sans forcément le comprendre une cause à laquelle ils se prétendent étrangers. L’archétype de l’idiot utile, c’est l’intellectuel de gauche visitant l’Union soviétique dans les années 30, et acceptant ensuite de défendre le totalitarisme au nom de la liberté et de la paix.

Clément est-il seulement un idiot utile ? Ce serait le réduire que d’affirmer cela. Certes, il sert de (petite) caution à un projet politique dévastateur, mais enfin, à mes yeux, il y a autre chose. Je crois pour ma part qu’il aime à se regarder dans la glace, et qu’au temps de l’hyperindividualisme, il a fort bien compris qu’il lui fallait se distinguer. Je l’ai dit, il papillonne, choisissant des sujets susceptibles de lui valoir admiration. Et détestation ? Et détestation, car pour ce type de caractère, il n’y a jamais qu’un but : apparaître et briller, fût-ce d’une lumière noire.

Je gage – on verra plus tard si j’ai raison – que Clément ne s’arrêtera pas là. Il y a, il y a toujours eu, il y aura toujours une place pour un histrion. L’avenir semble donc assuré. Mais comment tant de dupes tombent-elles dans un si misérable panneau ? J’aimerais comprendre mieux.

(1) J’espère que l’on me pardonnera. L’environnement, mot que je honnis, place bien sûr l’homme au milieu. Ce qui compte, c’est ce qui “environne” les humains.C’est une vision du monde. L’écologie n’a rien à voir. L’homme y est resitué dans un ensemble de liens, de relations, parfois de rets, d’une insurpassable complexité. Le débat est essentiel.

Pourquoi l’Anses est une nullité complète

Oh ! comme j’ai pu contester, étriller, malmener l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES). Cette structure publique est censée nous protéger, mais elle ne le fait pas. En 2018, j’ai lancé le mouvement des Coquelicots – 2 300 000 signatures pour l’interdiction des pesticides de synthèse -, réclamé la démission de son directeur d’alors, Roger Genet, manifesté devant les portes de l’Agence, et publié en 2019 un livre sur une nouvelle classe de pesticides, les SDHI. L’un des directeurs de l’ANSES, Gérard Lasfargues, avait peu après sa publication, parlé d’élucubrations. J’en arriverai presque à plaindre ce pauvre bureaucrate qui, ne sachant quoi répondre à des mises en cause très précises, préféra faire semblant. De comprendre. De répondre. D’être utile à la société.

Pourquoi ce retour vers l’ANSES ? Parce que, comme dirait l’autre. L’émission Envoyé Spécial vient de reparler des métabolites, auxquels j’avais consacré une enquête privée, mais très fouillée il y a…cinq ans. Regardez pour commencer ce message posté sur X, que je ne fréquente ni de près, ni de loin. Lisez comme moi qu’on y découvre ces jours-ci, l’invraisemblable scandale des métabolites dans l’eau, embouteillée en l’occurrence. Celle du robinet, croyez-moi ou pas, c’est bien pire.

Un monsieur Yves Levi déclare sans s’étrangler : « Un phénomène aussi global, c’est la première fois que j’en entends parler. »

Ce M. Lévi est un expert, j’espère qu’il a la Légion d’honneur. Il travaille à l’occasion pour l’ANSES, et il est membre des académies de médecine, pharmacie et technologies. Que des médailles à son plastron. Le même Yves Lévi estimait en mars 2024 que boire de l’eau du robinet, c’était formidable. Comme on n’a pas le droit d’insulter publiquement, je ne le fais pas.

Je me contenterai de dire que moi, Fabrice Nicolino, spécialiste ès élucubrations, j’ai écrit et documenté la présence de métabolites partout, ainsi que les manœuvres, dont celles de l’ANSES, pour faire l’oublier l’affaire en classant les milliers de métabolites existants en « pertinents » et non-pertinents ». L’ANSES est d’une nullité crasse. À moins que ce ne soit pire, bien pire encore. Je me suis souvent posé la question dans mes livres.