Carthago delenda est (de la Tunisie à la Côte d’Ivoire)

Bien que ces événements soient mal connus – ils le resteront, en toute hypothèse -, on pense généralement que la troisième guerre punique, opposant Romains et Phéniciens, s’acheva par la destruction totale de la ville de Carthage, en 146 avant notre ère. On prête au discours politique romain de l’époque cette phrase fameuse : « Ceterum autem censeo, Carthaginem esse delendam ». Ce qui veut dire : « En outre, je pense que Carthage doit être détruite ». Que l’on résume souvent par la citation : « Delenda Carthago ». Ou encore « Carthago delenda est ».

Or Carthage, bien que rasée, existe toujours. En Tunisie, où le tyran vient d’être chassé du palais par son peuple. Songeant au sort de Ben Ali, je mesurais, comme vous j’imagine, l’extrême fragilité des sociétés humaines. Chacun savait depuis longtemps que la Tunisie subissait un pillage invraisemblable de ses ressources par le clan Ben Ali et celui de son épouse Leïla, née Trabelsi. Et tout le monde fermait les yeux. La droite évidemment. La gauche évidemment. Au nom d’intérêts divers, dont le moins obscur est que Ben Ali combattait les islamistes par la prison, la torture, l’assassinat. Beau résultat, rien à redire. Sauf que la Tunisie a toujours été présentée comme un îlot de stabilité dans un Maghreb on ne peut plus menaçant – potentiellement – pour les intérêts français. Cela change sous nos yeux éblouis.

Idem, dans un autre genre, pour la Côte d’Ivoire, présentée dans les gazettes de chez nous comme le grand, comme le seul « miracle économique » de l’Afrique de l’Ouest d’après les indépendances. Pardi ! Le vieil Houphouët n’avait-il pas volé un milliard de francs (français) de l’époque – 1986 – pour bâtir son immense cathédrale de Yamoussoukro, plus grande église de la planète ? Notre groupe de BTP Dumez n’avait-il pas empoché comme par miracle ce contrat du siècle ? Quinze ans plus tard, le pays sombrait dans le chaos, dont il n’est pas sorti.

Morale de ces deux historiettes : que se passera-t-il demain, sur fond de désastres écologiques à répétition ? Quand l’Égypte se battra contre l’Éthiopie pour l’eau du Nil ? Quand la Chine ne pourra plus dévaster davantage de pays qu’elle ne le fait pour assurer son « développement » et acheter nos turbines et nos réacteurs ? Quand la Russie verra exploser l’une de ses milliers d’engins nucléaires encore amorcés, mais non plus surveillés ? Je me répète : les sociétés humaines sont d’une fragilité de cristal. Et la ruine des écosystèmes aussi dure que le métal le plus dur de l’écorce terrestre. Nous avons grand intérêt à rassembler nos intelligences et nos cœurs.

21 réflexions sur « Carthago delenda est (de la Tunisie à la Côte d’Ivoire) »

  1. Fragile (Sting)
    No change, no change, in entropie (Peter Hammill)
    Où est notre espoir ? En avons-nous encore un ?
    Pauvres enfants de la Planète, quelle Terre nous allons vous laisser !

  2. Il n’y a pas de miracle économique, nulle part sur cette planète. Tout est exploitation. Il n’y a malheureusement plus que certains pays émergents qui, sortant de la famine récente, comme la Chine par ex., se jettent encore à corps perdu dans le consumérisme stupide. Alignés devant les Vuitton ou Hermès pour la plupart, ils se bousculent pour rejoindre la cohorte des nouveaux riches qui vont imiter nos anciens fricés occidentaux, enfoncés maintenant dans la crise, et privés de leur sac tendance. La nature humaine est ainsi faite: en Tunisie ou alleurs, donnez leur la liberté et ils choisiront très vite la liberté d’entreprendre et d’exploiter. Il n’y a qu’une seule victime: la planète, la biodiversité, la nature en général, les plantes, les animaux.

    Ces nouveaux riches, sauf à trouver une forme de sagesse pratiquée par certaines peuplades primitives au fin fond de l’Amazonie face à leur biotope, continueront à exploiter leurs congénères et à spolier le bien commun, car l’intelligence du coeur s’apprend très très tôt, sur les bancs de l’école, mais nos élites intellectuelles préfèrent leur apprendre à compter…

  3. et ce n’est pas faute d’alerter!pourquoi aucune reprise de vos sonnettes d’alarme par les « grands médias », écrits, parlés, filmés? pourquoi si peu de résonance chez les politiques , y compris les auto-labellisés « verts »? encore merci pour vos infos, même si c’est désespérant, nous ne disparaitrons pas innocents…

  4. Colettou écrit « pourquoi si peu de résonance chez les politiques ? »;
    parce que les politiques réagissent en fonction de leurs clients électeurs et que ceux-ci ne sont pas plus alertés que çà en majorité, voilà pourquoi; oui, les élections sont vraiment un piège à cons! je suis en train d’observer cela de très près en ce moment; mais ce n’est pas drôle du tout. car que faire pour faire bouger tout çà? ce sont nos concitoyens auquels dans le fond il faut s’opposer, pas les élus.

  5. puisqu’entre la Tunisie et la Côt d’Ivoire il y a le Niger, pays que j’aime et où j’ai passé la moitié de ma vie (grosso modo, il faut rappeler aussi que dans le Sahel, sur les terres des éleveurs nomades et de ces pâysans si âpre à la tâche et si rudes face aux privations, se passe un drame immense. Uranium, pétrole, mais aussi bien d’autres ressources attirent les grandes conjurations, les grandes alliances, les grandes trahisons, les grands épouvantails. au nom d’un ennemi fabriqué de toute pièces (AQMI), on est en train d’amener ces territoires mangifique et peuplés de gens si passionants, dans des décennies de guerres. ils en sortiront hagards, acculturés, américanisés, mais toujours plus pauvres. déjà à Termit (Niger centre), l’exploitation pétrolière répand des lacs de brut, braconne les reliques de faune saharienne, réduit les habitants à moins que rien, les chassant de leur espaces s’il kle faut. A Imouraren, rien de mieux, à Arlit, RAS…… et il y bien d’autres sites d’exploitations en projets, partout, par tous les moyens. soyons sur que cette gueguerre contre de soi-disant terrorsites, et la mort des deux jeunes français récemment, ne sont que les épouvantail destinés à faire main basse sur les ressources au seul profit des sociétés françaises et américaines.

  6. Hammel, j’ai une intuition concernant la nature de l’AQMI, mais j’ai besoin de choses plus solide que mon intuition pour en parler et proposer l’idée…

    Suis-je un complotiste idiot si je pense qu’il est possible qu’AQMI soit une fabrication des services secrets algérien (ou autres, la Sahara est vaste et injustement saucissonnés), pour justifier une présence militaire protégeant les exploitants de mines (Areva par exemple) et sous prétexte de guerre contre AQMI, faire en vérité une guerre justifié aux Touaregs?

  7. @ Fabrice suite,

    L’autolimitation est d’abord un processus « inconscient » en chacun où s’analyse la sériation naturelle de nos projets. La non indifférence d’un projet à l’autre nous met ainsi en mouvement à l’égal des animaux, mais c’est l’ analyse formelle en nous cette fois qui va l’autoréguler pour ne pas s’autoriser tout et n’importe quoi; là où l’animal n’a pas la possibilité de démultiplier à l’infini ses besoins faute de posséder également nos autres facultés.

    Ce processus peut déconner de deux façons différentes et totalement opposées:
    1- par excès et je simplifie, çà donnera une des formes de névrose. Le névrosé se paralyse au point de tjs demander l’autorisation de dire de faire etc et va donc ainsi plus ou moins facilement aller consulter un psy quelconque pour retrouver des marge de liberté.
    2-par défaut, çà donnera une des formes de psychopathies dont les addictions. Mais il n’y a pas que l’alcool ou les drogues, l’objet de la pulsion peut être n’importe quoi, le chocolat, le travail, l’argent etc. Avec les deux derniers nous voilà ainsi au coeur des difficultés parce qu’elles sont socialement valorisées par les imbéciles (suivez mon regard) au point
    qu’il deviendra difficile de corriger cette institutionalisation imaginaire dans la tête de pioche des citoyens aurait dit Castoriadis.

    La question supplémentaire théorique et pratique consiste ensuite à construire des lois et codes qui mettraient en évidence la processus implicite mais déréglé par défaut pour ne plus confier de pouvoir quelconque à ces addicts mais pas seulement puisque je n’ai pris comme exemple qu’une des 4 formes de ces déréglement.

    Tu vois bien qu’il faut ansi remettre le concept de valeur à sa place, car il n’y ainsi même plus de ‘valeur morale’ possible (concept mythique). Les croyants addicts et par trop prosélytes sont également concernés bien que leurs ‘valeurs’ soient unanimement et à tort jugées supérieures. Le résultat en est ces formes de fanatismes religieux.

    Bref il ne te reste plus qu’à digérer la dialectique axiologique…

  8. Et bien bonne digestion, moi je vais m’octroyer un
    Maalox !
    J’ai failli passer votre texte au « Google traduction », mais je me suis aperçu que j’avais du français sous mes yeux !
    Pardon mille fois, je vous taquine 😉
    Voilà ce qui arrive lorsque l’on prend des chemins de traverses au lieu des chemins de l’école.

  9. @ bakounine,

    C’est à moi que tu causes?
    Si c’est bien le cas, saches qu’on a que les mots pour essayer d’appréhender la réalité. Le mot valeur est un mot valise ou attrape tout. Impossible d’avoir la moindre rigueur si on ne recadre pas le sens possible.

    Venez pas ensuite vous plaindre que ce que vous tentez a si peu d’effet

  10. @ Eugène;
    si la taquinerie ne prend pas, tant pis !

    vos mots:
    « …qu’on a que les mots pour essayer d’appréhender la réalité… »
    « Venez pas ensuite vous plaindre que ce que vous tentez a si peu d’effet »

    Croyez vous que le peuple Tunisien se soit autant réellement pinaillé l’esprit pour foutre en l’air ce système pourrit de Ben Ali, ses sbires, et les intellectuels européens, qui avec des mots pendant si longtemps, n’ont fait que des pets dans l’eau !!!
    Discourir, cela va un temps, allez parler de dialectique et autre analyse neuronal à des gens qui n’ont plus qu’une chose à faire: foutre en l’air ou se faire foutre en l’air.
    Dans l’histoire de l’homme, la révolution des
    mots et de l’esprit ont rampé pendant des siècles, les révolutions
    des peuples n’ont pris que quelques jours !
    Toutes les 6 secondes, un enfant disparait dans le monde, c’est juste pour relativiser nos algarades et nos jongleries d’esprit et de mots.

  11. @ winston Mc Clellan

    je suis assez proche en effet de votre interprétation. mais tout ceci n’aurait pas pour but de faire la guerre aux « touaregs ». les rébellions touaregs selon moi, n’en étaient pas vraimeent. elles étaient d’autres épouvantails créés par les lobbys miniers, Areva-Gogema, afin de faire pression sur le gouvernement nigérien, d’intimider les autres prétendants (Chine), etc…. et ils s’agissait à chaque fois de piognées de mercenaires, de quelues jeunes vraiment convaincu aussi, mais tous au service d’un intérêt qui les dépasse. la population touareg n’est pas guerrière, n’est plus marginalisée qu’une autre au Niger, n’est pas uniforme non plus mais très diverse, et surtout, ne souhaite pas , jamais, lles guerres qui se déroulent sur son territoire et qui la réduise à la misère la plus noire.
    donc AQMI comme épouvantail oui, pour créer la confusion oui, mais pas contre les populations touaregs.
    c’est compliqué, et un long débat.
    mais ici sur planète sans visa, c’est le lieu surtout de mettrre en évidence tout ce que cela impliquera comme désastres écologiques.

  12. ce qui est marrant, c’est que tout le monde en a après Ben ali, à présent, mais avant? qui en parlait? de ce que je me rappelle, pas grand monde..quant au pourri emblématique de service j’ai toujours lu son nom, dans les journaux et il se finit en « i ».

  13. Les Touaregs traversent d’Est en Ouest l’Afrique du nord, et ce par delà plusieurs pays(frontières)
    celà peut « déranger » beaucoup de personnes et sociétés.
    Regardez ce que nous pensons et faisons, ici, de nos gitans, manouches, roms et autres voyageurs non « bétonisés » !

  14. @ bakounine,

    J’avais bien pigé la double tonalité de ta réponse mais j’avais peu de temps pour te répondre, comme maintenant d’aileurs. je n’enlève ni ne rajoute rien à mon propos dont tu comprendras aussi qu’il a pour objet de construire des codes qui auraient pour effet que les sbires sans aucun sens moral ne puissent parvenir à une forme de pouvoir quelconque. (QUELCONQUE = politique, religieux, médiatique, industriel financier pour ne citer que les domaines les plus importants… tu peux ainsi prolonger la liste à ta guise)

  15. @ Eugène;
    « …construire des codes qui auraient pour effet que les sbires sans aucun sens moral ne puissent parvenir à une forme de pouvoir quelconque… »

    Construire des codes !!!
    Sur le plan physique et donc concret, en vu de déboulonner ces « sbires », celà nous ammène à quoi ?
    Je peux me liguer avec d’autres êtres en groupe armé de banderoles ou d’armes, protester par un vote ou non-vote, mais pour le reste, je vois pas !
    Si par « codes » tu entends des écrits et autres pensées couchées sur papier, ne crois-tu pas qu’on nous a assez assèné sur la tête, toutes sortes de manifestes, de pavés parfois indigestes pour le commun des mortels, qui meurent justement d’attendre le « grand soir » ou le beau matin, pendant ce temps, nous nous délectons en pensées fumeuses, prises de paroles et de positions, d’indignations, tout celà se résume à laisser ces « sbires » avoir les mains libres avec notre devenir !
    « Des actes ! que diantre ! » Comme disait je ne sais plus quel révolutionaire décapité d’avoir trop attendu et palabré 😉

  16. « les sbires sans aucun sens moral, au pouvoir », Eugène, ces sbires c’est NOUS qui les y mettons et c’est aussi nous qui y sommes! voisins, cousins, collègues, commerçant du coin, médecin, l’agriculteur du village d’après, le chauffeur de bus, le conseiller général en place, le conseiller municipal en place etc..etc..
    sinon ce serait trop simple; d’un côté les bons (nous) de l’autre les mauvais (ceux que nous avons élus)

  17. @ bakounine,
    @ marie,

    codes=légalisation de processus de légitimation
    soit l’interférence des deux dialectiques sociologique et axiologique; là:http://bcc.pagespro-orange.fr/idxmed.htm.

    Je suis d’accord, çà un côté bla-bla qui plus est imbitable si on ne se donne pas le temps de comprendre ces clés du psychisme humain, mais je ne vois pas mieux côté reflexion théorique.

    Des actes? Mon projet est pour l’instant bloqué par absence de moyens financiers adéquats alors qu’ils sont largement disponibles pour les spéculateurs… via les voisins etc (ta liste marie, ci-dessus) qui alimentent le mécanisme de la financiarisation mondialisée (95% dans la spéculation contre les 5% nécessaires à l’économie réelle) en attendant l’excellente rentabilité de leur petite épargne…

  18. Vous avez envie de changer les choses, rejoignez le Groupe de travail sur une Assemblée Constituante :

    http://laconstituante.forumgratuit.fr/

    Certains posts ne vous intéresseront peut-être pas, mais celui sur l’écologie, le climat certainement.

    En espérant que vous y trouverez votre place, je vous souhaite une très bonne journée.

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