Un bug, comme on dit, a fait disparaître l’article précédant celui-ci, qui est consacré aux photos de Sylvia Tostain. Le texte est revenu, on peut donc le lire plus haut.
J’hiberne et j’attends tranquillement le 4 janvier 2012. Ce jour-là sortira un livre très doux à mon cœur, dont le titre est : Ma tata Thérèse. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une pure et simple réclame, car je suis l’auteur de ce livre, illustré par l’excellente Catherine Meurisse, qui officie par ailleurs, et comme moi, à Charlie-Hebdo.
Ce livre sort aux éditions Sarbacane (ici), que je souhaite vous présenter en quelques mots. Il y a quelques années, je ne sais plus trop, j’ai reçu un coup de fil d’Emmanuelle Beulque, qui se présentait comme éditrice, éditrice d’une maison dont je n’avais jamais entendu parler, du nom de Sarbacane. Je suis comme vous tous, j’ai été jeune – si -, et même enfant. Je ne saurais oublier plus d’une minute combien les sarbacanes ont joué un rôle perforant dans ma vie, et quelquefois enthousiasmant. Que celui qui n’a jamais lancé des fléchettes en papier sur des passants renonce dès à présent à lire Planète sans visa.
Emmanuelle, donc. Charmante, intelligente, imaginative. Elle connaissait une partie de mon travail, du temps où je marchais à pied, chaque mois, pour le magazine Terre Sauvage, et me proposait de faire un livre, qui deviendrait La France sauvage racontée aux enfants. Bon, j’ai oublié de dire que Sarbacane est une maison qui publie à destination des enfants. Je ne peux pas dire que la proposition d’Emmanuelle m’a emporté. Non pas. Je ne savais pas trop. Je ne voyais pas trop. Ce qui m’a décidé, c’est elle. Et son époux Frédéric Lavabre, aussi épatant qu’elle, je dois dire, et par ailleurs excellent graphiste. En somme, ces deux-là formaient un couple au travail, cherchant, trouvant, créant des formes, des ambiances, des couleurs souvent très belles.
J’ai donc fait avec eux cette France sauvage racontée aux enfants, et un peu plus tard un roman appelé Yancuic le valeureux, une histoire que j’avais inventée jadis pour mon fils aîné, quand il était gamin. Au fil des ans, même si je les vois peu, je dois confesser que j’ai pour Emmanuelle et Frédéric comme une affection. Au moment où je vous parle, j’ai sous le coude une nouvelle histoire, qui raconterait, par la voix d’un loup, l’incroyable périple qui l’a mené au début des années 90 des montagnes d’Italie – les Apennins – jusque dans les Alpes de chez nous, soixante ans après son abominable éradication.
Mais revenons donc à Ma tata Thérèse. Le club hélas réduit des mes vieux aficionados sait que j’ai écrit ici même plusieurs épisodes des aventures de ma si chère Thérèse. Il est facile de les retrouver en tapant Thérèse dans le petit moteur de recherche situé en haut et à droite de cette page. Bien entendu, le mieux sera encore d’acheter ce livre. Bien entendu. De quoi parle-t-il ? Ben, comme je crois l’avoir écrit plusieurs fois, de ma tante. Il s’agit de souvenirs personnels, qui remontent à mon enfance. Je jure solennellement n’avoir rien inventé, et j’ai d’ailleurs demandé à mon frère Régis, qui m’accompagnait souvent chez notre tata, de me signaler d’éventuelles outrances. Il m’a donné sa bénédiction ce qui veut dire, aussi incroyable que cela paraîtra aux yeux de mes lecteurs, que tout y est véridique.
Je dois avouer que même moi, qui ai vécu ces aventures, ai des moments de doute. Le perroquet Coco a-t-il existé ? Le moineau Nono ? Le singe atèle paralytique ? Les pigeons venant rendre visite des toits voisins ? La colombe diamant sur la pipe de Gaston ? La chatte Leuloeil et ses vilaines griffes ? Le faisan dans les cabinets ? Les fennecs ? Le tendre agneau devenu jeune mouton ? Inutile d’ajouter, ce que je fais pourtant, que ma tata entretenait des relations magiques avec les animaux de Paris et du monde, quels qu’ils soient.
Ma tata, qui n’avait jamais un sou vaillant, habitait dans l’une des premières HLM de Paris, rue Larrey, au-dessus de la Grande Mosquée, dont on pouvait voir les jardins intérieurs depuis son balcon. Moi, je vivais dans la banlieue Est de Paris, dans une HLM aussi, évidemment. Nous étions une famille de cinq gosses, élevés par ma mère après la mort de mon père ouvrier, quand j’étais encore un simple mioche. Si je voulais – ce n’est qu’une simple menace, restez donc -, je pourrais aisément faire pleurer dans la chaumière la plus lointaine. Car j’ai connu des situations aussi violentes qu’angoissantes. Par bonheur, il y avait Thérèse.
Elle aura changé le cours de ma vie, bien qu’il me soit impossible de savoir comment, et à quel point. Elle était dépourvue de culture, et sur le plan politique, elle lâchait parfois de telles énormités que je préfère, quarante années plus tard, les garder encore pour moi. Cela ne l’empêchait pas d’exprimer une générosité sans bornes, ainsi qu’un amour trépidant pour tout ce qui l’entourait. Certes, les animaux étaient du premier cercle. Mais sa petite-fille Laetitia, qui vivait avec elle, était aussi sa (grande) joie. Et quant à moi – je ne peux parler de mon frère Régis -, je tremble rétrospectivement à l’idée que j’aurais pu ne pas connaître cette vieille bique de tata Thérèse.
Entre mes six et mes douze ans, alors même que je n’allais la visiter que (bien trop) rarement, elle m’a donné l’inexprimable de la vie. Elle m’a montré sans discours qu’une autre existence est possible, aussi baroque et bancroche qu’elle ait pu paraître aux innombrables fâcheux du quotidien. Elle était la fantaisie, la folie, le bonheur, elle m’aura donné le meilleur sans jamais seulement le savoir. Elle illustrait à merveille le sous-titre de Planète sans visa. Car, oui, elle pratiquait chaque matin « une autre façon de voir la même chose ». Elle était dotée d’une âme. Elle m’a appris la présence de l’âme. Elle est donc immortelle. Et je l’aime par-delà la mort, qui n’est rien.
Enfin; le retour de tata Thérèse. Ne le dite pas à ma fille; je crois que je vais acheter ce livre plus pour moi que pour elle 😉
Le club hélas réduit des mes vieux aficionados sait que j’ai écrit ici même plusieurs épisodes des aventures de ma si chère Thérèse. Pure spéculation !
Et pour le reste : 😀
Bonjour,
Mon Dieu, Merci, qu’est ce que je l’aime vôtre tata! Elle manque …
C’est un merveilleux cadeau. Merci.
Nous devrions tous être comme elle!
Voir le monde avec des yeux et un coeur d’enfant.
Mais sans le truc avec les dents! Hein! Je plaisante, Tata thérèse est aimée comme elle est!
Belle journée,
C’est loin, le 4 janvier ?
bel hommage
cela me donne envie de l’achéter.alors a ce voyage au fond de cette autre réalité!!
Hors sujet:
Petite histoire belge, une grosses partie des artistes belges sont en cours de précarisation sévère… On remet en cause le statut d’intermittence de la création et ses spécificités.
Sont touchés aussi bien sur les techniciens du cinéma du spectacle, les auteurs de BD et j’en passe…
Pour celui qui veux donner un coup de pouce, il y a une pétition à signer ici.
http://petition.smartbe.be/fr/petition
Merci pour eux.
OuiOui est très contente et va mettre quelques sous de côté pour se faire un beau cadeau.
Pour tout dire, elle ne s’est jamais vraiment remise du fennec d’appartement …
Chouette.
« Que celui qui n’a jamais lancé des fléchettes en papier sur des passants renonce dès à présent à lire Planète sans visa ».
C’était pas des fléchettes en papier mais juste quelques minces jets d’eau pour rafraichir les passants, je suis bon pour continuer la lecture de planète sans visa.
Je n’ai pas « tapé » « thérèse » dans le moteur de recherche mais « baleine », rien à voir a priori mais ce billet sur les pleurs des baleines m’a marqué plus que d’autres, une histoire d’âme aussi, peut-être…
Et bien, en voilà une bonne nouvelle !
Vous n’êtes pas obligés de me croire, mais je pensais à elle, il y a quelques jours. Je me disais qu’elle manquait et qu’une petite parenthèse lumineuse serait bienvenue.
PS : je me rappelle bien le bon vieux stylo bic qui servait de sarbacane, mais, par ici, pas de « fléchettes » en papier, plutôt des « boulettes ». Je suppose que je peux tout de même rester ?
Un joli cadeau de Noël plein de tendresse à commander à ‘Dièd Moroz’, le père noël russe, qui justement descendra de son grand nord sibérien dans la nuit du 6 au 7 janvier, pour déposer ses cadeaux ( Noël russe, calendrier julien oblige ).
Moi c’est le général Atèle que je vais retrouver avec plaisir ! ce livre doit être aussi beau que « la France sauvage racontée aux enfants » , grand succès à l’école et en famille . Merci à ta tata et à toi de ré-enchanter le monde , et bonne hibernation .
» Elle était dotée d’une âme. Elle m’a appris la présence de l’âme. Elle est donc immortelle. »
Tata Thérèse est un Ange, désormais.
Un bel Ange gardien.
Elle me rend souvent visite. Si,si!
Vous ne me croyez pas?
Ange Tata Thérèse m’a dit de vous dire de ne pas oublier de sortir les petits cailloux de vos poches, ceux que vous ramassez, quand vous vous promener.
Alors, n’est ce pas juste?
Cordialement,
J’imagine l’impossible rencontre entre Tata et ma grand-mère maniaco-opressive, ma vie en eût été changé. Merci Hombre
merci mon cousin pour ces jolis mots elle me manque tant ma mémère je lui doit mon amour immodéré pour les animaux que je préfère a certains humains je lui doit ma liberté dans tout son sens elle envers et contre toutes ces injustices encore merci fabrice pour ce bel hommage
laetitia
cela fait qq années que je suis vos articles sur le net, & via charlie H.. mais celui là m’interpelle.
vous allez comprendre, ma tante (et marraine) habite, depuis toujours (elle a même déménagé du B au F avec vue sur le jardin de la mosquée aussi), exactement, à la description je suppose, dans l’HLM de la rue Larrey, que vous citez..bien que les lieux soient vastes..peut être connaissait elle votre tante ? un mouton ne doit pas se rater…
de quelles années datent vos souvenirs ? ma tante a 75 ans et pour ma part nous allions leur rendre visite les Dimanche également de 65 à 86.
bonne fin d’année
cordialement,
les quelques lignes lues m’ont fait faire un tel bon dans le passé..
Rien à voir avec Tata Thérèse ? Pas si sûr…
De là où elle est, nul doute que cette bien triste histoire de barbarie ordinaire ne peut la laisser indifférente.
Des OISEAUX CONGELES VIVANTS à l’aéroport de Roissy
En début de semaine, les services douaniers de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle ont saisi une petite centaine d’oiseaux, arrivés illégalement du Mexique. Comptant parmi eux des Chardonnerets gris, des Cardinaux rouge et des Cardinaux à poitrine rose, les oiseaux captifs ont alors été remis aux services vétérinaires.
Mais au lieu d’être soignés, puis réexpédiés vers leur pays d’origine, les volatils ont tout bonnement été congelés vivants. Selon la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), en l’absence de structures adéquates (sites de quarantaine etc.), l’euthanasie est une pratique courante dans l’enceinte de l’aéroport de Roissy.
Totalement opposée à cette option radicale, appliquée même sur des individus en bonne santé, l’association a dénoncé la congélation d’animaux vivants comme une « lente agonie ». Appelant les autorités hiérarchiques concernées à condamner de telles méthodes, elle menace de porter plainte, avec le soutien de la Fondation Brigitte Bardot. A l’aube de la nouvelle année, les associations ont déjà fait part de leurs résolutions, notamment l’ouverture d’un centre adapté à l’accueil des animaux saisis dans les aéroports parisiens.
Cécile Cassier (Univers Nature / 23 déc 2011)
Bonjour,
merci et bravo pour votre livre « ma tata Thérèse ».
Je suis enseignant, et je suis en train de le lire à la classe suite à notre participation au prix Chronos. Je me régale, et les enfants aussi.
De plus, ils sont en train de plancher sur l’écriture d’un chapitre, avec un animal de leur choix.
Est-ce que, si le résultat est sympa, je peux vous envoyer certains de ces chapitres ? Avec éventuellement un espoir de feed-back de votre part (ou juste pour le plaisir ?)
Sinon, merci encore pour ce livre.
Christophe Vallée
École Jacques Prévert
16300 Barbezieux