Le ridicule Plan cancer du bon M.Hollande

J’ai honte de nos gouvernants. Ce n’est pas la première fois. Et d’un certain point de vue, cela m’étonne un peu, car je n’attends rigoureusement rien d’eux. Ma rupture avec la gauche ne saurait être plus complète, mais je m’empresse de dire une fois encore que la gauche est une histoire, une invention de deux siècles, et qui n’a pris au reste son sens actuel qu’au moment de l’affaire Dreyfus, il y a un peu plus de cent ans.

Entre Nord et Bouches-du-Rhône

Les formes politiques sont une chose et les valeurs humaines leur préexistent et leur survivent. Moi, je défends ces dernières et conteste radicalement les premières en leur nom. J’espère que c’est suffisamment clair. Je suis du côté de la liberté et de l’égalité, mais de l’égalité pour tous. Je suis pour la fraternité, mais dans une acception qui englobe tous les êtres vivants de cette planète, dont nous sommes certes. Mais les gauches réelles n’ont-elles pas toujours méprisé, au fond, les peuples lointains et les bêtes, et les plantes ?

Fin du préambule. Hollande. Un homme pleinement dépourvu du moindre intérêt pour la nature. Totalement immergé dans une sous-culture politicienne où ne compte, au fond, que le rapport de forces entre courants et territoires. Je rappelle qu’il a été onze ans – 11 ! – secrétaire national d’un mouvement d’une rare médiocrité, le parti socialiste. De 1997 à 2008, le quotidien de cet homme a consisté à arbitrer entre pathétiques factions défendant chacune son bout de gras dans l’appareil. Oui, lecteurs de Planète sans visa, regardez la vie en face, telle qu’elle fut : quand brûlait la planète, lorsque ses équilibres essentiels s’effondraient, M. Hollande ménageait un M.Guérini, dans les Bouches-du-Rhône, ou un M.Percheron, dans le Nord. Et préparait le fameux congrès de Reims – 2008 – au cours duquel les valeureux de son mouvement ont truandé, qui du côté de Martine Aubry, qui du côté de Ségolène Royal, la première gagnant d’une poignée de voix grâce au bourrage des urnes.

Dicky Tricky dans ses œuvres

Fin du deuxième préambule, en vous priant de m’excuser, mais ces phrases m’ont permis de contenir la fureur que je ressens depuis hier, quand Hollande a rendu public son Plan cancer. Vous avez sans doute vu, dans les grandes lignes (ici), ce qu’il contient. 1,5 milliard d’euros pour officiellement réduire les inégalités sociales reliées à cette si terrible maladie. Ce serait burlesque, mais c’est seulement pitoyable. Hollande ressort des chiffres vieux de décennies, qui montrent que des millions de personnes sont exposées à des produits cancérogènes dans le cadre du travail. Mais ces êtres, monsieur le grand Socialiste, sont pour l’essentiel des prolos, dont vous n’avez que foutre. Ce qui n’a pas été fait hier pour eux – s’attaquer au patronat, s’attaquer à la chimie industrielle – ne le sera pas demain. Et l’on rapportera dans dix ans la même chose qu’il y a vingt ans : a moins 10 % des travailleurs morflent du produit cancérigène dès le matin, au boulot.

Le pire n’est pas encore là, oh non ! Commençons par un point d’histoire : en 1971, un certain Tricky Dicky faisait déjà un grand show télévisé, prétendant vaincre le crabe. Tricky Dicky, c’est Richard le Tricheur, c’est-à-dire Nixon, ci-devant président des États-Unis. Il y a quarante-trois ans, donc, Dicky annonce une « guerre totale contre le cancer », qu’il compare explicitement à la mobilisation qui a conduit à la « conquête » de la Lune, à l’été 1969. Des milliards de dollars sont mobilisés, car il s’agit, en toute simplicité, d’éradiquer le cancer avant le bicentenaire de la Déclaration d’indépendance américaine, en 1976. Il faut donc se dépêcher, n’est-ce pas, car Nixon, qui croit encore être au pouvoir pour profiter du triomphe, ne s’est donné que cinq ans. Cinq ans. Bouffon. Qui aura profité des crédits publics ? Les labos, l’industrie, les médecins bien en Cour.

Plus 111 % chez la femme

Chez nous, pareil. Notre roi fainéant Chirac, en 2003, avait lui aussi lancé son petit plan anti-cancer maison. 500 millions d’euros sur cinq ans. À l’arrivée, en 2008, les Verts de l’époque réclament la création d’une commission d’enquête parlementaire, qui ne verra jamais le jour. Il eût été passionnant, pourtant, de comprendre pourquoi ce fric n’avait servi à rien d’autre qu’à nourrir une fois de plus labos et industrie. Car le fiasco est total : selon les chiffres officiels de l’Institut national de veille sanitaire (InVs), le nombre de cancers a augmenté de 107,6 % chez l’homme et de 111,4 % chez la femme entre 1980 et 2012.

La question que tout esprit modérément ouvert devrait poser est bien sûr : pourquoi ? Pourquoi une telle explosion ? Je ne conteste nullement le rôle de l’augmentation de la durée de la vie. Ni d’ailleurs celui du dépistage précoce. Je ne le conteste pas, mais les charlatans qui prennent les décisions, eux, nient effrontément l’une des causes à coup sûr essentielles : la contamination générale de tous les milieux de la vie. Je ne vous ferai pas un cours complet sur le sujet – patience, cela viendra -, mais enfin, il existe des centaines d’études concordantes, qui pointent dans la même direction. L’omniprésence de molécules toxiques dans l’eau, l’air extérieur comme intérieur, les aliments, les sols, les peintures, les vêtements, les cosmétiques, les jouets, dans des milliers de produits de la vie quotidienne est devenue l’une des plus graves questions de notre époque.

Soyons précis : il y a beaucoup d’incertitudes. Et elles dureront. Mais il y en avait pour la clope en 1920. Mais il y en avait pour l’amiante en 1930. Et dans le même temps quantité de signaux sans ambiguïté disaient déjà l’extrême danger. Seules de sordides manœuvres de retardement, lancées par des cabinets spécialisés à la botte de l’industrie, ont fait perdre des dizaines d’années à la société. Et tué du même coup des millions de pauvres couillons comme nous sommes tous.

Il faudrait

La même chose recommence sous notre nez. Lutter réellement contre ce qu’il faut nommer une épidémie de cancers imposerait de mettre en question la liberté d’empoisonner qui est laissée à l’industrie chimique. Ce qui conduirait par entraînement à une refondation morale de la société tout entière. On comprend donc pourquoi Hollande est à ce point couché devant les lobbies de toujours. Mais cela ne console pas. Mais cela n’empêche pas d’insulter dans son for intérieur ce ridicule président de notre pauvre République. En son for intérieur, car l’injure publique – et c’est d’ailleurs normal – mène droit au tribunal. À vous lire.

27 réflexions sur « Le ridicule Plan cancer du bon M.Hollande »

  1. A ce sujet, une émission que j’ai trouvée très intéressante d’Offensive sonore (émission d’Offensive Libertaire et Sociale sur Radio Anarchiste) :

    Une autre histoire des « Trente Glorieuses »

    Invité-e-s : Céline PESSIS, Sezin TOPÇU et Patrick Marcolini

    Ca vaut le temps d’attention, comme un texte de notre hôte.

    La revue OLS a freiné ses publications, peut-être a-t-elle besoin de soutien, n’hésitez pas à l’acheter en kiosques car c’est une revue vraiment nécessaire.

  2. Je lis actuellement « Toxique planète » (merci Fabrice pour ce conseil de lecture, et pour les autres aussi !). Le lien cancer (entre autres maladies) et dégradation de l’environnement y est longuement expliqué (bien qu’on s’en doutait).
    Mais aussi, l’impact économique sur notre système de santé de cette dégradation : le montant des maladies de longue durée est supérieur au déficit de la sécu ! Mais personne ne s’inquiète de cela.
    Que nos politiques n’aient que faire de la protection de l’environnement est une chose (qui nous désole), mais qu’ils ignorent aussi la dimension économique des maladies qui font exploser la Sécu, là on nage en plein délire ! Comprennent-ils quelque chose au monde dans lequel nous vivons ?
    Alors un plan cancer qui parle de tabagisme ou d’égalité des chances de traitement, c’est bien mais n’y a t’il pas d’autres urgences ?

  3.  » La liberté d’empoisonner donnée à l’industrie chimique. »

    Oui,c’est exactement le cœur du problème.
    Car,pas de produit, pas d’utilisateur et pas de malade !
    On en est arrivé à un point tel avec ces produits chimiques ,qui nous aident dans de si multiples occasions , qu’il devient invraisemblable de s’en séparer…
    Ton idée serait d’interdire la fabrication de ces produits, si j’ai bien compris…merveilleuse idée.
    Idée révolutionnaire, et pas qu’un peu ! Jubilatoire aussi.
    Quelle libération ce serait….
    On commence quand ?

  4. La réaction de Marieline me rappelle un truc que j’avais lu : les groupes pharmaceutiques appartiendraient l’industrie chimique (ou bien le contraire !).
    Auquel cas, ces groupes gagneraient sur tous les tableaux.
    Je n’ai jamais vérifié cette information, aussi cynique soit-elle. Fabrice, est-ce vrai ?

  5. Bonsoir,

    Merci Fabrice. Merci a tous,

    Les principes actifs utilisés dans l’industrie pharmaceutique, s’obtiennent au terme de nombreuses réactions chimiques en série pour donner les médicaments de demain.

    Pfizer est une société pharmaceutique américaine fondée en 1849.

    Pfizer est né en 1849 à New York de l’association du chimiste d’origine allemande, Charles Pfizer, et de son cousin et confiseur, Charles Erhart.

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    Abbott Laboratories est une entreprise pharmaceutique américaine, fondée à Chicago en 1888 par Wallace Calvin Abbott.

    En 2001, Abbott augmente considérablement sa taille en acquérant les activités pharmaceutiques du groupe chimique allemand BASF, les laboratoires Knoll AG.

    ——

    Le Groupe Fournier ou Laboratoires Fournier était une entreprise française de produits pharmaceutiques, aujourd’hui disparue.

    En 2006, le groupe pharmaceutique et chimique Solvay acquiert les « Fournier Pharma » pour 1,3 milliard d’euros auprès de la famille Le Lous

    Solvay revend la filiale de principes actifs Synkem à Chemical Investor en 2007

    En 2009, les laboratoires Abbott rachètent les activités pharmacie du groupe Solvay, qui se recentre sur la chimie.

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    Bayer AG est une société chimique et pharmaceutique fondée en 1863.

    Bayer devint part de IG Farben, un conglomérat d’industries chimiques allemandes créé dans les années 1920.

    En 2002, Bayer AG acquiert la branche agronomique d’Aventis (Aventis CropScience). Celle-ci devient alors Bayer CropScience AG. Cette branche s’occupe d’agrochimie (entre autres de pesticides comme le Gaucho) et de semences génétiquement modifiées : céréales, coton, etc.

    —–

    Merck & Co a été fondé en 1891 à New York aux États-Unis.

    À titre de dédommagement après la Première Guerre mondiale, les États-Unis ont créé une société américaine avec une partie de ce qui était à l’époque Merck KGaA.

    Merck KGaA est une société industrielle allemande dont le siège est à Darmstadt dans le Land de Hesse. Fondée en 1668, elle opère dans les domaines de la pharmacie (Merck Serono) et de la chimie.

    —–

    AstraZeneca est un groupe pharmaceutique, né de la fusion en avril 1999 du suédois Astra et du britannique Zeneca.

    Zeneca, appartenant auparavant au groupe Imperial Chemical Industries pharma.

    Imperial Chemical Industries (ICI) est une société britannique, filiale du conglomérat néerlandais AkzoNobel et l’une des plus grandes entreprises chimiques au monde.

    —–

    Novartis est un groupe pharmaceutique suisse qui a été créé en 1996 par fusion de Ciba-Geigy et Sandoz et dont le siège social est à Bâle, en Suisse.

    Ciba Specialty Chemicals (SWX : CIBN) est une entreprise chimique suisse basée à Monthey et à Bâle avec des usines dans d’autres pays dont les États-Unis.

    —–

    Cela va? La tête ne tourne pas trop? 🙂

    J’attend avec patience le prochain livre de Fabrice. Il a bien dit CHIMIE?

    Bien a vous,

  6. Je me demande là tout de suite combien l’accord de ce traité qui renait des cendres de feu l’AMI ferait de cancer en plus ! Quelle folie tout ça, après on ose parler l’égalité.
    Il y a des personnes qui vivent un enfer, une maladie peu connue qui s’appelle le syndrome d’hypersensibilité chimique multiple (MCS en anglais),c’est un peu comme ceux qui ne tolèrent pas les ondes, mais eux ne tolèrent plus aucun produit chimique. Des personnes dont le corps crie plus fort STOP, et bien sur qui sont psychiatrisées. D’autant que les syndromes sont des pathologies de seconde zone !

  7. Et bien!

    J’attends avec impatience le « cours complet sur le sujet »!!!

    avec toute la patience necessaire, bien sur!

    En tout cas ce billet me renforce infiniment dans mon attitude qui est d’eviter a priori tout produit malsain dans la construction… Si besoin en argumentant sur des criteres economiques: par exemple, un insecticide non toxique pour les mammiferes comme le borax et l’acide borique, reduit considerablement les couts lies a l’hygiene et a la securite!!! Par rapport a un produit pour lequel il faut mettre des gants, un masque, eloigner les enfants et la nourriture, (et pour lequel, mais ca souvent le client n’en a rien a foutre, on a mauvaise conscience lorsqu’on jette les vieux pots, vieilles brosses et residus a la poubelle, c’est a dire indirectement dans notre assiette)

  8. Dans un domaine semblable, et tout aussi répugnant:
    « Conflits d´intérêt : un réseau de l´industrie veut arrêter une nouvelle politique plus stricte sur les multi-résidus alimentaire de pesticides! »
    http://www.generations-futures.fr/pesticides/conflits-dinteret-un-reseau-de-lindustrie-veut-arreter-une-nouvelle-politique-plus-stricte-sur-les-multis-residus-alimentaires

    Une collusion entre les décideurs politiques, les experts et l´industrie ? Et moi qui les croyais tout ce qu´il y a de plus honnête ! Quelle déception !!! 🙂

  9. Quand les mots perdent à ce point leur sens, ce n’est pas seulement une défaite de la langue qui est en jeu, c’est aussi et surtout une débâcle de la pensée, l’une et l’autre étant indissociables à jamais.
    Je ne crois pas m’égarer, en parlant ainsi, d’autres l’ayant suggéré bien avant moi, du reste.
    Irrésistiblement, la « guerre totale contre le cancer » me fait songer à la guerre totale contre la vie menée depuis des décennies.

    Remonter à la source serait fatalement mettre en question le paradigme de la croissance, de la toute-puissance technique et, ni la gauche, ni la droite ne sont prêtes à quelque geste que ce soit dans cette direction.
    Alors on change le sens des mots et l’on prend les choses pour les mots. Parce que nous sommes attachés aux choses que la modernité nous impose, parce que c’est un sacré défi de s’en libérer, à commencer par celles qui nous rongent. Et nous nous rassurons tant que nous pouvons, en répétant à l’envi : jusqu’ici, tout va bien, alors que nous dégringolons, saluant, à chaque nouvel étage de notre chute, une innovation technique nouvelle. Nous nous tranquillisons en pensant que les hypersensibles aux poisons chimiques et électromagnétiques, ce sont les autres (pensée à Flore !).

    J’imaginerais bien un grand effort de solidarité nationale pour rendre accessibles les nouveaux traitements contre le cancer, je verrais volontiers une régulation des prix des thérapies « scandaleusement élevées ».
    Ainsi donc, nous aurions de quoi nourrir notre indignation. Que les riches payent, clameront les progressistes, sans rien remettre en cause du crime industriel. Développons la recherche pour de nouveaux traitements, demandera tout un chacun.
    Ce qui au fond, reviendra à revendiquer plus de passivité encore, plus d’emprise d’une machinerie médicale. Et plus les choses iront s’aggravant, plus cette machinerie deviendra incontournable, réduisant notre libre-arbitre à la peau du chagrin qui recouvre toutes les joies de nos vies quand la maladie submerge tout. Plus la santé sera au cœur des enjeux politiques, plus elle fera de nous des êtres malades en quête d’une machine à faire battre nos cœurs fragiles, à mettre sous perfusion notre société aux ressources épuisées.

    Interroger ce que le mal a dit de ce que nous sommes devenus, nous individus, nous civilisation, serait autrement plus salvateur. Si, collectivement, c’est mal parti, individuellement, il y a de quoi avancer sur des chemins de liberté.

  10. Bah, en termes de croissance, c’est-à-dire de production et de consommation pour faire tourner la Machine, le cancer est une grande réussite.
    Pourquoi la gauche, qui n’a de cesse de prouver sa maîtrise technique et son zèle dans l’approche gestionnaire et économiste désormais obligatoire de l’existence, devrait-elle s’attaquer à cet inépuisable réservoir de points de points de croissance ? C’est absurde, quand on y pense deux secondes.

    Comme les chiffres (et la simple observation) prouvent que le cancer ne cesse de se démocratiser, touchant toutes les couches sociales, tous les âges, tous les sexes, la gauche devrait être ravie plus encore que la droite et s’appliquer à la démocratiser plus encore : réduisons la fracture sociale face au cancer, du cancer pour tout le monde, etc.
    Ce serait logique, et d’ailleurs, c’est peut-être l’objectif : le fait que ce machin ne s’appelle pas « plan anti-cancer » mais « plan cancer » me laisse personnellement assez songeuse.

  11. Frederic, j’approuve a 100% votre brillant resume, en particulier les trois derniers paragraphes.

    Mais quand a votre derniere phrase, je crois au contraire que le debut d’une solution commence par l’inverser exactement.

    Si, individuellement, il n’y a guere d’espoir, collectivement, tous les chemins sont ouverts.

    Non non, je ne suis pas idealiste! J’essaye d’etre realiste au contraire. Observons un peu: Dans quasiment tous les cas, il est infiniment plus facile de proteger autrui que soi-meme!

    Exemple immediat, ma profession: un architecte n’a pas toujours la chance de vivre dans une maison d’architecte, ni meme dans sa propre maison. Mais cependant, a peu pres tout ce qui se construit passe peu ou prou par sa main…

    Les mesures individuelles, meme si elles sont une fondation necessaire, ne menent pas tres loin. Mais ce qui passe d’une personne a une autre, cette « co-education » collective qui fait que le geste d’une personne acquiere une signification parfois plus forte encore, plus riche meme, lorsqu’il est repris par un(e) autre, est ce qui ouvre toutes les possibilites.

    Comme disait un de mes profs d’archi lors d’un exercice sur table: « vous avez le droit de copier les uns sur les autres… Mais a une condition: De faire mieux que celui sur qui vous copiez! »

  12. Pardon. Je ne devrais pas dire « la gauche devrait s’appliquer à le démocratiser plus encore », puisque c’est exactement ce qu’elle fait, et avec quelle énergie (et quelle imagination) : construire plus d’aéroports, de méthaniseurs, de centrales nucléaires, d’antennes relais, de bagnoles, d’avions, de LGV ; encourager l’agriculture intensive et l’industrie mortifère ; faire le chantage au chômage pour que chacun rentre dans le rang ; « simplifier » les procédures, balayer tous les obstacles devant le rouleau compresseur industriel ; vénérer et financer toutes les folies néo-technologiques ; et enfin, dézinguer tout ce qui ressemble à une réappropriation individuelle de nos destins (ne parlons même plus de défense), à une reprise en mains de notre liberté : des semences agricoles au type d’habitation, de la fourniture d’eau à celle d’électricité, de la santé à l’éducation, du chantage des assurances à l’infantilisation publicitaire, il ne s’agit plus que de faire entrer et de maintenir le troupeau dans l’enclos que nos big brothers et big mothers bichonnent quotidiennement pour nous, avec parcours démocratico-ludique et pauses isoloirs récréatives (car, c’est la clef de tout, le mouton doit toujours se sentir acteur de son destin).

  13. Laurent,
    Je me pose de moins en moins la question de l’espoir de quoi que ce soit, ou des stratégies collectives pour parvenir à des grands changements. Le fruit tombera quand il sera mûr, ou pourri au train où vont les choses.
    Je ne me plaçais pas sur le plan des mesures individuelles ou collectives, mais du questionnement du système qui cause et nourrit la maladie, se nourrit d’elle pour reprendre l’idée de Valérie. A défaut d’être posé politiquement, il peut l’être par chacun(e), quand bien même les choix de vie qui en découlent suscitent la désapprobation ou la prise de risques. Même si la voie est de plus en plus étroite.
    Les effets d’entraînements des uns aux autres ne sont pas à négliger, sans doute. Pour ce qui en découlera, l’avenir le dira.

  14. Ce dernier texte de Fabrice contient (je crois) un indice concernant son prochain bouquin : « patience, cela viendra ».
    Bon, c’est pas que j’ai envie de vieillir mais… vivement septembre !

  15. Frederic, il ne s’agit surtout pas d’ « effets d’entrainement »! Ca ne peut pas etre mecanique. D’ailleurs si je me souviens bien, notre prof d’archi avait dit « vous avez le droit de copier si vous faite mieux que l’original ». Mieux que l’original. Ce n’est donc pas mecanique. C’est le travail humain considere comme education collective et de soi-meme, et l’education comme analogie avec le phenomene de la vie, qui se produit essentiellement a l’interface: interface entre interieur et exterieur de la cellule vivante, interface de la surface des feuilles d’arbres, des parois des poumons ou des intestins, interface de la surface de la terre elle-meme: exuberante sur les premiers 5cm, beaucoup plus lente 1m plus bas, et d’une lenteur « geologique » au-dela de quelques dizaines de metres de profondeur… Bien sur, sans separation, sans individus, pas d’interface, mais sans interface, rien ne se passe, absolument rien.

    C’est drole comment le mot « systeme » au sens pejoratif, evoque quelquechose de collectif. Alors que dans son sens pejoratif, le « systeme » signifie le refus d’evoluer, la rigidite, la soumission a la mecanique, a la force. Or tout cela prend sa source au moins autant dans l’individu que dans le groupe.

    Je crois qu’il faut creuser le concept de vie comme education. Il n’y a d’education que de soi-meme, certes (c’est souvent repete, a juste titre) mais aussi, aucune education n’est possible sans autrui, sans cette invitation a sortir de soi-meme.

    Donc, ce qui est collectif, ce n’est pas seulement des « stategies » (image guerriere? manoeuvres?) mais avant tout, la possibilite que quelquechose de nouveau puisse simplement survenir.

    L’ecologie est un excellent exemple. La diversite des fondements ideologiques, philosophiques, politiques, poetiques, artistiques… de l’ecologie est extraordinaire. Cette diversite est d’autant plus remarquable que la convergence pratique, dans l’action concrete, de ces differents courants, de ces differentes sources, est un fait constatable, que personne n’a jamais, n’aurait jamais pu planifier, ni en organiser la « strategie ».

    Il nous faut re-apprendre a penser le collectif comme un phenomene qui a aussi des aspects positifs, et meme necessaires, et pas seulement negatifs.

  16. Rien, absolument rien, ne sépare cette droite honteuse (il ne faut plus l’appeler gauche) de la droite décomplexée depuis très longtemps, depuis 40 ans. Cette caste PS s’abreuve aux mamelles du progrès, du PIB, de la croissance.
    Le cancer, les maladies chroniques, la pollution, les marées noires font des points de PIB.
    Il faut, pour une nouvelle preuve toute récente, voir à quel point l’évacuation de la tour Montparnasse est contrariée alors même que l’opération de désamiantage est conduite dans des conditions pourries et très dangereuses.
    Ces salauds sont drogués au PIB…La corrida génère du PIB, la chasse aussi, le projet de NDdL en génèrera, les forages de puits schisteux aussi.

  17. Enfin une vraie belle et bonne nouvelle.
    Bonne lecture à toutes et tous.

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    Collectif pour une agroécologie paysanne

    le 27 janvier 2014
    Communiqué

    Les organisations signataires de ce communiqué* ont décidé de se constituer en « collectif pour une agroécolgie paysanne ». Ce texte de position est un premier pas. Après l’agriculture biologique, le commerce équitable, l’éco-construction, le projet de société dont est porteur l’agroécologie est lui aussi en train d’ être détourné. Notre collectif ne croit pas que la fuite en avant technicienne puisse répondre aux problématiques environnementales et politiques. Il entend défendre les valeurs et
    promouvoir les initiatives portées par les paysans, les citoyens, et tout acteur du mouvement social et dénoncer les fausses solutions.
    Le présent communiqué marque l’amorce d’un travail de rapprochement, de convergence et d’organisation collective. Le collectif est ouvert à toutes les organisations qui se retrouvent dans cette démarche.

    – Pour une agroécologie paysanne –
    Nous, mouvements sociaux organisés, associatifs, syndicaux et professionnels, affirmons qu’une agroécologie paysanne existe aujourd’hui en France. Nous sommes obligés de la qualifier d’ « agroécologie paysanne » pour la distinguer de la campagne de communication du Ministère de l’Agriculture qui brandit le drapeau de l’agroécologie dans le seul but de mieux camoufler la fuite en avant de l’agriculture industrielle vers la marchandisation du vivant et la bioéconomie.
    En effet, les méthaniseurs industriels qui détournent la production alimentaire au profit de la poursuite du gaspillage énergétique, les semis directs avec l’herbicide Round Up® et les technologies génétiques destinées à breveter les semences sont des supercheries qui sont scandaleusement inscrites sous le vocable agroécologie par ce ministère. Par ailleurs, celui-ci, tout en élaborant la loi d’orientation agricole et en se réclamant de l’agroécologie , est en train de valider une loi sur les propriétés intellectuelles qui élargit, par les brevets sur les marqueurs biochimiques, moléculaires ou génétiques, le pouvoir des transnationales sur tous les domaines du vivant, et interdit les semences paysannes et reproductibles !
    L’agroécologie paysanne est avant tout un corpus de pratiques vivantes et de mouvements sociaux avec un objectif politique commun : une agriculture sociale et écologique ancrée dans les territoires.
    Elle s’inclut dans un mouvement de transformation sociétale global qui touche tous les secteurs d’activité (énergie, transformation, commerce, transport, habitat, éducation, santé, etc). Nous critiquons l’idéologie productiviste, le modèle agro-industriel et même le concept de développement agricole. Le terme de développement est assimilé à la notion de croissance économique illimitée.
    Cette notion est antinomique avec le vivant dont le développement n’est pas fait que de croissance, mais est contenu par des équilibres dynamiques complexes à tous les niveaux d’organisation.
    Appliqué à l’agriculture, le développement est un mirage entretenu par les intrants pétrochimiques et les subventions.
    Le projet du ministère français perpétue un modèle agricole industriel où le travail humain est taxé, l’emploi est détruit et les intérêts du capital préservés. L’énergie fossile est subventionnée, les impacts négatifs sont à la charge de la collectivité et les bénéfices sont privatisés. Actuellement, nous avons en France 5 millions de chômeurs, dont des paysans sans terre, et 500 000 agriculteurs.
    C’est une situation aberrante dans un contexte de réchauffement climatique qui nécessite une réduction de la consommation des énergies fossiles et une augmentation significative de la population agricole.
    Or depuis les années 80, il n’y a plus d’augmentation du rendement des cultures mais seulement une augmentation de la consommation des énergies fossiles qui remplacent le travail humain par la mécanisation, l’utilisation croissante des intrants chimiques et l’agrandissement des surfaces des exploitations. Seule aujourd’hui une réinstallation paysanne massive est capable de relever les défis écologiques, alimentaires et sociaux auxquels nous sommes toutes et tous confrontés.
    L’effondrement du modèle agro-industriel breton nous invite à regarder la réalité en face : plutôt que de se mettre la tête dans le sable en attendant le retour d’une croissance inaccessible, face à la crise et à la précarité administrée, nous sommes aujourd’hui arrivés à l’heure des choix fondamentaux. La généralisation d’une agriculture écologique n’est pas hors de portée mais constitue un véritable choix politique allant plus loin que de simples évolutions techniques.
    L’agroécologie renverse la hiérarchie des savoirs, en remettant en cause un académisme qui oppose savoir-faire et connaissance théorique. Les savoirs scientifiques et techniques ne peuvent être dissociés des savoirs et des pratiques populaires ; ils en sont même l’émanation. Les premiers savoirs agronomiques ont été les savoirs et savoir-faire paysans qui n’ont cessé de s’adapter à leur environnement et aux sociétés. Les pratiques qui se revendiquent de l’agroécologie sont vivantes et au coeur des processus créatifs, culturels et sociaux. En s’opposant à la privatisation du vivant, en revendiquant la réalisation concrète des droits collectifs d’usage des communs, elles combattent un modèle économique dominant fondé sur la primauté du droit de propriété.
    L’agroécologie paysanne est avant tout un outil de transformation sociale. Cette conception est partagée avec d’autres organisations paysannes et de la société civile dans le monde et notamment la Via Campesina, dans un projet de société nécessairement basé sur la paysannerie. Nous avançons avec une main tendue vers toutes les personnes qui par leur travail salarié, indépendant ou domestique participent à l’économie réelle. L’objectif est de replacer l’humain et la nature au centre des préoccupations sociétales, de sortir de la dictature de l’argent et de la finance.
    Nous continuerons à nous retrouver pour construire les bases de nos actions, pour faire poids contre les tentatives d’encadrer, par le travestissement des mots ou la contrainte réglementaire, les initiatives populaires à finalités sociales et écologiques.

    *Organisations membres du collectif : La ligne d’horizon – Confédération Paysanne – Réseau écobâtir – Nature et Progrès – Réseau semences paysannes – ASPRO pnpp (pour le reconnaissance des alternatives aux pesticides) – Mouvement InterRégional des AMAP – Minga – BEDE – Les amis de la terre – Terre et humanisme – FADEAR

    Pour contacter le collectif : agroecologie.paysanne@gmx.fr

  18. Tout sur la planète est alchimie, les organismes, les biotopes, les échanges moléculaires, le souffle qui nous anime! Pour nommer ces horreurs industrielles, parlons plus précisément de chimie « de synthèse » afin de ne pas jeter le bébé de la vie avec l’eau du bain de pollutions dans lequel nous barbotons.
    Tandis que l’empire du mal, du capital, nourrit de maladies artificielles son bétail esclave, dont les troupeaux humains, des réseaux de résistance, de partage d’expériences et de prise de conscience, des îlots d’irréductibles sauvages, de pacifiques barbares (au sens d’étrangers à cette « civilisation » guerrière) se développent dans l’ombre vivante de l’humus, comme le mycélium, puissant et discret régénérateur de sols.
    En voici au hasard un exemple actif dans un pays voisin de la France, la « Californie de l’Europe », que je découvre aujourd’hui grâce à une amie éclairée et que je m’empresse de partager avec la bonne compagnie de ce rendez-vous vert de terre, au cas où – plus on est de fous…
    http://www.tamera.org

  19. @Lionel, émission intéressante.
    Les trente glorieuses présentent au moins deux points négatifs : les guerres coloniales et une addiction à la modernisation dévastatrice.
    L’augmentation de la productivité aurait pu permettre un allègement important du fardeau travail
    si beaucoup ne s’étaient pas comportés comme des drogués « du progrès », ce qui a conduit au gaspillage, à la pollution, à la surconsommation, au chômage, à la destruction du lien social (automates, course au rendement…).

    Pour prendre une image : si boire du vin modérément apporte plaisir, être alcoolique apportent nuisances diverses, le problème et qu’à tous niveaux beaucoup d’Homo «  » » »sapiens?????? » » » »
    (publicité mensongère), se sont comporté et se comportent comme des alcooliques.

    De plus ils présentent toujours une utilisation réfléchie et raisonnée de la technique, pouvant impliquer un moratoire lorsqu’elle ne peut être maîtrisée comme pour les nanotechnologies qui serviront avant tout aux tyrans pour contraindre la population comme « le retour à la bougie ».

    PS Après les pêcheurs urbains, les pêcheurs ruraux ont connu partiellement une situation similaire. Si j’ai eu une conscience écologique dès l’enfance, c’est par la pêche, en écoutant et en lisant Monod, Dumont, Jacquard, Ferrat et par des émissions comme « Les animaux du monde »

  20. En ne considérant que la nourriture, on ne peut que s’incliner devant la terrible efficacité de l’industrie chimique.
    L’agriculture pratiquée par les riches engloutit engrais et pesticides tout droit sortis de ces belles usines chimiques dont on rêve comme voisinage immédiat : Bingo N° 1
    L’agro-industrie transforme les produits des sols malades avec force adjuvants issus des mêmes circuits pour antifongiser, stabiliser, amalgamer, colorer, parfumer, conserver, emballer et finalement vendre la bouffe : Bingo N° 2
    Cet empoisonnement généralisé génère bêtes et gens malades qu’il faut gaver de produits pharmaceutiques fabriqués avec encore des belles molécules bien chimiques : Bingo N° 3

    Tout ça sous couvert de sécurité alimentaire, de confort dans la cuisine et de tout le tremblement de la chasse aux bestioles pathogènes qui ne cherchent qu’à nous faire du mal.

  21. En réponse à RM, au sujet d’éventuelles accointances entre l’ industrie chimique et l’industrie pharmaceutique, cette petite phrase prononcée par un des agriculteurs du film de Marie-Monique Robin « Notre poison quotidien »:

    « Quand je suis arrivé à l’hôpital (pour soigner sa leucémie provoquée par les pesticides qu’il utilisait depuis des années), j’ai retrouvé sur les médicaments les mêmes marques que sur les produits chimiques qui m’ont amené ici. Ils gagnent sur les deux tableaux… »

    Lionel, je crois que c’était son prénom est décédé depuis, des suites d’une longue maladie, comme on dit.

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