Ce papier a été publié par Charlie le 18 novembre 2015
Les tueurs sont des agents du totalitarisme. Contre eux, pas de pitié. Contre eux, s’il le faut, des armes. Mais pas question de faire semblant de défendre un monde condamné, qui nous enfonce dans une crise sans issue. Il faut penser et repenser. Il faut agir et réagir. Mais pas avec n’importe qui.
La réunion allait se terminer, car les frères Kouachi s’apprêtaient à nous tuer. Mais par une coïncidence digne d’Alexandre Dumas, nous avons eu le temps de nous engueuler une dernière fois, à propos des djihadistes français. Autant que je puisse m’en souvenir, deux partis s’opposaient. Je revois mon pauvre cher Tignous s’emporter, s’empourprer. Il défendait l’idée que nous étions bel et bien responsables de l’apparition du monstre. Les banlieues n’étaient-elles pas devenues des lieux d’infamie et de relégation ? Avions-nous fait ce qu’il fallait ?
Mon pauvre cher Bernard Maris l’avait alors envoyé promener. Mais enfin, bordel, la France n’avait-elle pas donné beaucoup de son temps, de son énergie, de son argent aux cités-ghettos ? Qu’aurait-il fallu faire de plus, merde alors ? Quant à moi, j’ai simplement dit que j’en avais plus que marre de chercher des explications si filandreuses qu’elles valaient excuse. Hitler comme Staline, Gengis Khan comme Torquemada ont eu leurs problèmes, ainsi que beaucoup d’autres. Et alors ? Ensuite, Tignous et Bernard ont été massacrés sur place, j’ai pris trois balles, et le monde a paru changer de base.
Dix mois plus tard, je reprends mon propos. Il arrive un moment où l’on juge les actes, sans se soucier du reste. En tout cas, sans se laisser aveugler. Les attaques islamistes, à Paris comme à Bagdad ou Alep, sont la pointe avancée d’un totalitarisme nouveau, qui entend régner des siècles – tel le Reich de 1 000 ans – sur des sociétés démantibulées par la terreur. La première des réponses doit être de nommer le phénomène, sans se contenter de formules éculées sur la barbarie, ou même « l’islamofascisme ». Et l’ayant fait, il faut au plus vite unir, et combattre. On n’abat une muraille totalitaire qu’avec des instruments plus puissants qu’elle. Dont des armes, assurément.
L’union, mais avec qui ? De ce point de vue, l’histoire récente se montre troublante. Nul n’a vraiment vu en temps réel – pas même ses opposants – la nature profonde du fascisme hitlérien. Et bien des gauches françaises ont longuement cheminé avec le stalinisme, qu’il soit de Moscou, de Pékin ou de La Havane. Cette innommable perte de temps a permis au poison de se répandre bien au-delà des territoires où l’on aurait dû le confiner, de gré ou de force. De force ? La France redécouvre après 70 ans paisibles – du moins ici – que l’Histoire des hommes est le plus souvent tragique. Et qu’il faut parfois, comme aujourd’hui, accepter des batailles meurtrières pour éviter des guerres bien plus dévastatrices.
L’union, mais avec qui ? La question est redoutable. Et légitime. Hitler aurait-il été vaincu sans l’alliance avec Staline, qui aura servi, au passage, à légitimer le grand Assassin du Kremlin ? Au reste, ne serait-ce pas plutôt aux victimes des deux brasiers de répondre ? En France même, la résistance antifasciste n’a-t-elle pas rassemblé staliniens, gaullistes et chrétiens ? Le glorieux Conseil national de la résistance (CNR) est issu en droite ligne de ce salmigondis, ce qui fait réfléchir.
Comment oublier pourtant, fût-ce un instant, les montagnes de cadavres des aventures coloniales ? Même après la guerre contre le pire, même après 1945, la France « de gauche » a lancé ou couvert d’infernales tueries contre les Insoumis des colonies. En Algérie, à Madagascar, au Vietnam, au Cameroun, et dans bien d’autres lieux. Combien de martyrisés au napalm ou à la mitrailleuse lourde ? Combien de gosses, combien de femmes, combien de familles ? Comment oublier un instant notre indifférence aux morts récentes de l’Afghanistan ou de la Syrie ? Le « miracle » de ces drones, actionnés depuis de confortables bureaux de Washington ou de Paris-sur-Seine ? Comment oublier un instant ce crétin de Sarkozy partant mettre le feu en Libye, et toujours prêt à recommencer ailleurs, comme l’ont fait en Irak W. Bush et sa petite bande criminelle ?
Faire partie de la grande parade patriotique qui se profile sur fond bleu horizon ? Tout bien pesé, je n’en serai pas. Si les djihadistes frappent avec autant de haine et de réussite, c’est aussi parce que notre monde se décompose. Et à quelle vitesse ! Les innombrables promesses universalistes faites depuis deux siècles, tantôt à droite, tantôt à gauche, n’illusionnent plus personne. Sur cette Terre qui rétrécit à mesure que flambent les réseaux électroniques, les limites physiques sont atteintes. Jamais les gueux ne profiteront des douteux bienfaits de notre hyperconsommation de biens matériels. Il y faudrait trois, quatre ou cinq planètes, ce qui ne semble pas envisageable. Si ?
Malgré la confusion des âmes, qui ne sent que nous vivons les derniers jours de Pompéi ? À elle seule, l’angoissante crise climatique – après 10 000 ans de relative stabilité – rebat toutes les cartes. Aucune barrière policière, quelles que soient les sinistres enthousiasmes lepénistes, ne retiendra longtemps les flots de réfugiés écologiques, qui se comptent déjà par dizaines de millions. Croit-on sérieusement que la jeunesse du Maghreb – simple exemple parmi bien d’autres – restera longtemps à sa place, sans avenir, sous un soleil de feu et de mort ?
Les nombreux François Hollande de notre si petit univers politique n’ont rien à proposer que la poursuite d’une course sans but ni fin prévisible. Celle de la grande bataille pour la possession de colifichets de toute sorte. Il faudrait, d’après nos maîtres provisoires, travailler, suer, éventuellement tuer pour acheter et racheter des objets inutiles qui contribuent en retour à la destruction du monde et de ses écosystèmes. Cette atroce maladie mentale est une manière de prôner la guerre de tous contre tous. Ou plus exactement la guerre d’un Occident pensé comme un réduit, qu’il faudrait défendre par les barbelés et les drones contre des hordes se pressant aux frontières.
S’il s’agit de tenir vingt ou quarante ans, le temps de mourir soi-même de vieillesse, c’est peut-être jouable. Mais il faudra alors s’allier au pire, et jouer les soutiers des sombres crapules du Front National. Si l’on veut en revanche parler demain au Sud, avec quelque chance d’y être entendu, il faut s’atteler dans la plus extrême des urgences à une révolution morale et politique. Et cette dernière ne pourra être qu’écologique, clamant l’évidente nécessité du Grand partage des espaces et des biens entre tous les hommes, toutes les bêtes, toutes les plantes.
Cela semblera grotesque à ceux qui n’ont jamais éprouvé la puissance des rêves humains. Et ils sont nombreux. Mais à ce compte-là, que penser de ces milliers de valeureux qui préparèrent dans l’ombre, au péril de leur liberté et de leur vie, notre grand soulèvement démocratique de 1789 ? Combien de colporteurs sur les routes, pour combien de libelles distribués clandestinement ? Notre XVIIIème siècle n’aurait évidemment pas connu la fin des privilèges sans ces combattants de la nuit, sapant année après année le mythe d’une royauté de droit divin.
D’évidence, le souffle historique venu de ces folles années est désormais épuisé. Et je gage qu’une partie de la terrible puissance des tueurs djihadistes n’est que le pendant de notre si grande soumission au règne de la marchandise. Sommes-nous déjà morts ? C’est bien possible. Si non, mettons-nous debout, face au crime et face à l’avenir. Nous devons mobiliser la meilleure part de nous-mêmes et imposer enfin des valeurs telles qu’aucune kalachnikov ne leur soit supérieure. Cela vaut la peine de penser. Et d’agir.
Salut!
Cela semble un peu jouer sur les mots, mais je ne suis pas du tout certain qu’il s’agisse d’un totalitarisme « nouveau ».
Il me semble que la partie du phénomène qui se réfère à la Religion comme ciment de l’idéologie est un très vieux truc. C’est à la base de toutes les sectes d’assassins. Le pouvoir, le contrôle, la mort.
Une des nouveautés est peut-être dans le heurt entre un mode de vie occidental plutôt pacifique (les rapports de force ont pris une autre forme) et ouvert et un système fermé et violent.
Comme dirait certainement Sun Tzu, si l’on veut combattre l’ennemi, il faut le connaître mieux que soi-même. Cette compréhension donnera les clés, aussi non-violentes que possible, pour l’abattre.
Cher Fabrice , je voterai blanc au deux tours est-ce baissé les bras ? est-ce lâche ?
Merci pour tout , vs m’aider à réfléchir différemmnt depuis des années mais là je dis stop , je n’y crois plus , de quel engagemnt écologique parlez – vs ?pour moi ces hommes et femmes qui se présentent pr êtr élus ne sont plus crédibles. J’agis au quotidien pour utiliser au » mieux » les ressources de notre planète mais que faire d’un point de vue politique ? bien à vous , bonne santé du fond du coeur et encore MERCI d’être là tj et encore malgré tout .
Ne votez pas blanc , à aucun des tours : votez pour celui qui incarne vos idées , même s’il n’est pas dans la liste des choix proposés . Si au moins un des participants au dépouillement découvre ce nouveau nom et s’enquiert de découvrir ses idées , alors le vote ne sera pas inutile . J’ai voté Reeves , Jacquard ( il manque vraiment celui-là …) , je voterai Gérard Charollois dorénavant .
Vous pouvez aussi voter FN , il n’y a aucune honte à cela , je l’ai aussi fait !
Oui : FN . F comme qui , et N comme qui ?
Car qu’est-ce qu’une élection ? Un QCM , dont les réponses proposées sont selectionnées par des maires , si 500 d’entre eux donnent leur accord à celui qui se propose . Or les maires sont des individus intellectuellement et moralement aussi faibles que la moyenne , et sont donc incapables de comprendre et de juger plus finement que la moyenne . On voit alors que ce système ne peut générer que sa propre duplication : la masse des esprits ordinaires désigne des représentants ordinaires , qui à leur tour n’admettent que les vecteurs des idées ordinaires pour les présenter à la masse des esprits ordinaires . Dit autrement , » l’homme providentiel » dans une éléction n’accédera jamais à un poste politique important . A supposer que Gérard Charollois ( ou Fabrice ) soit candidat en 2017 , ils ne trouvera pas 500 intelligences suffisantes pour lui acorder leur aval , toutes étant d’accord pour écarter » les candidatures farfelues » , argument fallacieux car ceux qui voteraient pour le candidat du parti anti-radar , du plaisir , de la monarchie ou autres niaiseries , sont peu nombreux et ne voteraient sûrement pas pour des candidats plus classique , et verraient dans le suffrage accordé au candidat farfelu un défouloir/bras d’honneur .
Moi aussi Azer, s’il m’arrive encore de voter je voterai Gérard Charollois.
« il faut s’atteler dans la plus extrême des urgences à une révolution morale et politique. Et cette dernière ne pourra être qu’écologique, clamant l’évidente nécessité du Grand partage des espaces et des biens entre tous les hommes, toutes les bêtes, toutes les plantes. »
Pas mieux c’est la solution mais les Humains sont ils prêts? nos politiques non en tout cas
En passant que penser du mouvement commun lancé par Pouria Amirshai ?
Une lecture qui fait du bien, mais qui assurément générera moins de commentaires que les articles trollés de rue 89, ou les posts xénophobes likés de facebook.
Pour ma part je suis arrivé ici grâce à framasphère/diaspora, j’espère que ce réseau libre continuera longtemps à me faire découvrir des pépites comme ce texte.
La première des sécurités, c’est la Liberté.
Patriotard au sens attardé patriote je comprend ce refus.
Par contre j’aime assez le point de vue:
« Le patriotisme, c’est l’amour des siens. Le nationalisme, c’est la haine des autres. » Romain Gary – 1914-1980
Combien étions nous dans les rues de Lyon à manifester pour le climat (200,300 tout au plus)
Combien étaient (seront) ils dans les rue de Lyon pour consommer notre climat (des milliers et des milliers)
Non je n’y crois plus, en tout cas, pas dans la « sérénité »
Et pourtant « le Sud », il aime l’Europe. Les penseurs les plus populaires y sont Foucault, Derrida, Deleuze… Le nombre de gens en Inde qui m’ont téléphoné ou écrit après les attentats de Paris, ceux de janvier et ceux de novembre, pour me faire part de leur tristesse, pour me dire qu’ils s’unissaient en prière avec les victimes.
Le Sud sait faire la part des choses, aussi incroyable que ca puisse paraitre, entre les sommets de la culture européenne et la politique génocidaire de ses élites depuis 200 ans (qui a commencé par le génocide des Indiens d’Amérique et qui se poursuit aujourd’hui avec la destruction continue et acharnée des états d’Asie Occidentale par divers moyens y compris « daech », la destruction de l’Afrique par « boko haram », en passant par les grandes famines génocidaires de la fin de l’époque coloniale Britannique, et bien sur notre génocide « entre nous », celui des juifs européens, et les bombes atomiques testées « en grandeur réelle » sur des Japonais, puis sur des Syriens et dernièrement sur des Yemeni, et tant d’autres meurtres de masse moins connus). L’Europe et les Etats-Unis ont des bases militaires et des installations d’écoute dans le monde entier. Il n’y eu pas une seule année du XX siècle sans une ou plusieurs expéditions militaires européennes hors d’Europe. Expéditions « officielles », sans parler des opérations secrètes, qui sont forcément bien plus nombreuses, probablement incessantes. Il n’y a pas un seul trafic de drogue dans le monde qui ne soit contrôlé, discrètement ou non, par les « services » et les « forces spéciales » européennes.
Est-ce le point de vue d’un « européen éclairé » (comme disent malicieusement mes amis) vivant hors d’Europe ? Le fait est que je suis beaucoup plus inquiet pour l’Europe que pour le reste du monde. Le sentiment de catastrophe imminente est un sentiment européen. Peut-être justifié.
Si nous pouvions, nous les européens, nous calmer un peu, s’occuper un peu de nous, cesser de faire la guerre au monde entier. Il y a tant à faire chez soi !
Derrida remarque malicieusement, dans « De la grammatologie », qu’en se culpabilisant à outrance comme le seul maitre de l’écriture et par conséquent comme l’unique responsable du mal qu’elle engendre (le pouvoir, la propriété, le mensonge, la domination, et au fond toute la violence du monde), Lévi-Strauss se met du même coup dans une position… essentiellement dominatrice, et source d’un pouvoir très probablement… encore plus radical !
Tiens, le « radicalisme »… Un mot intéressant. Ceux qui parlent de « radicalisation » devraient lire « le fondamentaliste récalcitrant ». (« The reluctant fundamentalist »). Lire aussi Derrida et Edward Saïd, deux penseurs qui étudient la même réalité, mais de deux points de vue très différents, et qui se complètent magnifiquement. Et aussi René Girard.
Girard a étudié la violence et le mal, et sa pensée offre une alternative au « conspirationnisme » (qu’il soit officiel, du « Figaro » à « Libération », ou bien qu’il soit désigné comme tel), et qui tend à faire des raccourcis séduisants mais parfois un peu rapides. Girard (en particulier dans « Je vois Satan tomber comme l’éclair »), pense qu’une entité que l’on peut nommer « Satan » existe réellement, et qu’on peut la caractériser comme étant en quelque sorte la logique intrinsèque, la cohérence propre du mal. Personne n’est surpris lorsqu’on parle de logique, de cohérence du bien, comment des actes généreux et sages ouvrent des possibilités pour d’autres actes généreux et sages… Mais il y a plus d’hésitation lorsqu’on parle du mal, comme si ce n’était que l’absence de bien.
Il faut lire Girard. On dit bien « l’occasion fait le larron ». Porté à une autre échelle, soutenu par suffisament d’intelligence, et par une intelligence suffisamment « froide », cette réalité donne un pouvoir inouï et dévastateur.
Tout indique que soit les terroristes de janvier et de novembre ont lu Girard, soit ils ont pris connaissance par d’autres moyens de ce dont Girard parle. Nous devons tous le lire aussi.
Certains disent que le terrorisme est l’arme des pauvres, leur « réaction ». Mais cette pose « charitable » est terriblement mensongère. C’est comme dire que les armées sont une « réaction des pauvres » sous prétexte que l’infanterie est en grande majorité composée de pauvres et de minorités défavorisées ! Le terrorisme est l’arme favorite des puissants et des riches. L’hyper-puissance et l’hyper-richesse engendrent l’hyper-terrorisme. C’est l’arme favorite des riches et des puissants à l’ère démocratique. C’est leur vengeance. Et elle n’a jamais été aussi facile, aussi efficace, aussi abordable.
Le monde a besoin que l’Europe devienne un peu sage, regarde en face son terrorisme, et y mette fin. Le ciel ne lui tombera pas sur la tête.
C’est possible, c’est faisable. Un certain nombre de pays ont renoncé à la peine de mort, au moins officiellement. Un certain nombre de pays ont renoncé à la bombe atomique. Il est possible de renoncer aux drones, au terrorisme et au génocide comme moyens de faire la guerre.
L’Europe a mené le monde ces 200 dernières années, elle peut souffler un peu. Et s’abstenir d’entrainer les autres dans sa chute possible, ce qui ne la rendra pas plus douce ni plus humaine, au contraire.
Bravo ! encore une fois, tant de choses dites en peu de mots. Merci mille fois.
je reste persuadé que Ghandi (et Martin Luther King et Mandela et …) sont au moins une partie de la solution.
Je n’oublie pas que les résistants n’avaient pas de fleurs dans les cheveux, mais la bonne réponse à la violence m’échappe pour l’instant.
Ces questionnements sur la violence… Il faut savoir que les attentats de Paris sont inintelligibles en dehors de la guerre que mene la coalition de l’OTAN contre la Syrie et l’Irak. Deja les mots sont importants. La presse nous dit que cette guerre est « contre l’IS », « en » Syrie et « en » Irak, avec le soutien des « Kurdes », des « Sunni », des « terroristes moderes », etc. bref la Syrie et l’Irak ont d’ores et deja cesse d’exister en tant qu’entites. Donc nommer ces pays, admettre que cette guerre est dirigee contre leurs habitants, c’est deja faire acte de resistance. A quel point la presse est lourdement impliquee dans la guerre. Bizarre comme il faudrait etre patriote en France, mais ne pas l’etre en Syrie ou en Irak. Comment les Francais devraient mettre de cote leur ideologie pour se rassembler sur l’essentiel, et comment les Syriens et les Irakiens devraient au contraire n’obeir qu’a leurs affiliations communautaires et ideologiques. Mais passons. La question de la violence ne se pose pas de la meme maniere selon le cote ou l’on se trouve. Ce n’est pas la meme question pour un bourgeois allemand qui fait des affaires dans l’industrie de la chimie en 1942, et pour un juif, un rom ou un communiste, qui se trouvent de l’autre cote du canon, involontairement ou volontairement, ou le plus souvent de maniere bien plus complexe, comme ce fut le cas pour Primo Levi, arrete comme resistant mais, suite a son « erreur » (ou innocence, ou honnetete), traite comme juif. Aujourd’hui il faut d’abord prendre conscience de l’endroit ou l’on se trouve. Les gouvernements de la coalition font tout ce qu’ils peuvent pour envoyer des troupes au sol, car c’est la seule solution qui reste pour proteger l’ISIL contre l’assaut de la Russie, de la Syrie, de l’Irak et de l’Iran. La Turquie vient d’envoyer des troupes en Irak a Mosul aupres de l’ISIL. Pour « former » qu’ils disent… Sans preciser « former » qui, au coeur de la region tenue par l’ISIL. Les Allemands envoient des avions a Diyarbakir, qui est essentiellement la base aerienne de l’ISIL, et les Americains sont sur le point d’envoyer des troupes a sol, bref les europeens tentent de contenir la debacle de l’ISIL en envoyant leurs troupes au sol comme « bouclier humain »… sachant que l’OTAN est un morceau un peu trop gros a avaler pour les Russes, pour le moment.
Donc, lorsqu’un Francais se demande en 2015 « faut-il repondre a la violence par la violence? » je me demande de quoi il parle exactement. Envisage-t-il serieusement de poser des bombes au ministere des affaires etrangeres ou de la defense? Meme les Russes, les Syriens, les Irakiens savent tres bien que ce n’est pas la reponse. Que ce n’est SURTOUT PAS la reponse, car ceux qui poussent a la guerre a grands frais n’attendent que ca, n’esperent que ca. Il faut etre plus malin, il faut ruser.
Gandhi et Martin Luther King, et aussi Mandela, oui, ils savaient ruser, et ils n’avaient pas peur non plus d’en payer le prix.
« je suis ton père »
…….. mon pauvre cher ecrit vainc, fait donc preuve d’un peu de pudeur en utilisant ce petit sabre laser qui te sert de stylo Tzzzzzzzz !!! Tzzzzzzzzzz !!!,.
T’es pas obligé de le tuer, ce père…. essaye ptet de t’en passer en commençant par lui foutre la paix. Si, si !! c’est possible mais ça a un prix. S’est à ce prix que CHARLIE pourra redevenir un CHER PAUVRE JOURNAL.
« Gandhi et Martin Luther King, et aussi Mandela, oui, ils savaient ruser, et ils n’avaient pas peur non plus d’en payer le prix. »
alors rusons !
Un ingenieur chimiste Allemand qui n’avait pas demissione de son boulot en 1942 etait-il un salaud? Et un cheminot Allemand? Et un policier Francais?
Et nous, qui remplissons les reservoirs de nos bagnoles avec du petrole vole par l’ISIL?
Francois Hollande a-t-il les moyens d’agir contre l’ISIL? Il faudrait pour cela qu’il bombarde le quartier general de l’OTAN, le port de Houston, la CIA, et les companies Americaines GENEL et GENIE, et un certain nombre de camps militaires en Israel et en Turquie. Il peut pas. Il nous « suiciderait » et lui avec.
Alors on se contente de bombarder les centrales electriques et les raffineries Syriennes juste avant que l’armee Syrienne ne les libere. Histoire qu’ils ne recuperent que des ruines, faudrait quand meme pas que les Syriens vivant hors des zones controllees par l’ISIL aient de l’electricite ou du petrole! Ils n’avaient qu’a pas voter pour Assad, bien fait!
Et puis on met un drapeau Francais a la fenetre. C’est vrai quoi, Hollande c’est pas un vulgaire dictateur oriental, quand meme!
Toute ma vie, j’espère en tout cas, je veux rester pacifiste, anti militariste. Mes convictions se sont forgées il y a bien longtemps. A une autre époque et dans un autre monde au fil de mes auteurs préférés entre autres Roger Martin du Gard et son roman Les Thibault que je trouve extraordinaire, Erich Maria Remarque, Anna Seghers, Bernard Clavel…
La guerre ne m’apparaitra jamais une solution! Et je condamnerai du premier maillon, celui qui tous les jours va à l’usine fabriquer les armes, les marchands d’armes et ceux qui s’en servent.
Voilà 2 articles que je viens de voir ce matin
http://france3-regions.francetvinfo.fr/centre/mbda-lance-une-campagne-de-recrutement-869907.html
Comme quoi le malheur des uns fait le bonheur des autres!
Et sur Rezo.net :http://visionscarto.net/irak-apres-les-feux-de-la-guerre les cancers
Je pense aussi à un reportage sur le Bangladesh. Que dira t on si un jour ils se révoltent?
Guerre, misère, famine, pollution tout est lié
Citation de Gandhi :
« Mon patriotisme ne connait aucune exclusive. Il est prêt à accueillir le monde entier. Je ne peux que rejeter toutes les formes de patriotisme qui tirent leur force des malheurs et de l’exploitation des autres nations. »
Le probleme c’est qu’il y a tellement d’autres armes que ce qu’on appelle conventionellement « les armes ». Le but du terrorisme est qu’il n’y ait plus de civils, plus que des combattants. C’est deja realise en Afghanistan, ou selon l’armee d’occupation, les drones ne tuent pas de civils. « par definition », pour ainsi dire. C’etait deja realise en principe avec la bombe atomique. Nos telephones portables nous transforment en cibles de drones. L’ISIL construit un aeroport, protege par les forces turques, lorsqu’ils auront des drones ce sera l’Afghanistan aussi en France. Ce coup-ci c’est nous qui auront eu un peu de retard sur eux, dans la course a la modernite! Donc nous sommes tous des cibles, il n’y a pas grand-chose qu’on puisse faire individuellement pour l’eviter, a part s’eloigner d’internet et des telephones. Mais comment eviter d’etre des fusils, d’etre des bombes, d’acheter du petrole et du cotton a l’ISIL, de contribuer par nos actions quotidiennes au terrorisme, voila ou nos actions individuelles sont determinantes. Et comment construire une societe qui depende moins d’internet et du telephone, qui se « de-surveille », qui soit plus resiliente, voila un projet a long-terme ou ecologie et lutte contre le terrorisme se rejoignent.