Calade et cagadou (une mauvaise odeur)

Bon, j’ignore si vous savez ce qu’est une calade. C’est une technique, une trouvaille, une invention de l’esprit humain, qui n’est pas la pire. Une calade, c’est un chemin, une ruelle, une rue éventuellement. En pente. Oui, en pente. On en fait dans le Sud depuis des siècles et des siècles, depuis mon enfance au moins. Quelquefois, l’artisan génial à l’œuvre place à la verticale dans le sol des pierres serrées entre elles que le mouvement des roues de la charrette et des bœufs finira par polir. Je m’égare, car ce temps a disparu pendant que je me retournais, et il n’y a plus de bœufs chez nous. Chez vous, peut-être ?

Donc, des calades, des restes de calades qui témoignent de ce que fut l’histoire pénible des hommes, lorsqu’il fallait monter des pierres et du bois depuis le ruisseau. Ou, de manière plus drolatique, quand les gosses du village glissaient dans la couche de cagadou qui obstruait le passage dès le haut du chemin. Le cagadou, oui, c’est de la crotte.

Je précise pour les lecteurs de ce rendez-vous que je suis dans un hameau entre Causses et Cévennes, par bonheur. Sauf que j’ai deux côtes cassées, pour cause d’imbécillité, qui ne saurait disparaître de ma vie, car c’est un destin. L’autre soir, l’esprit surchargé d’humeurs de vin rouge et bio, je suis sorti dans la nuit, et j’ai marché au hasard des pas. Et dans une calade pleine de ronces, je me suis proprement étendu de ma hauteur sur le sol. Lequel avait conservé assez de pierre dure pour me faire (très) mal.

Depuis, je suis un petit vieux égrotant, qui va sa route en se tenant le flanc. Así están las cosas. Mais comme je suis par ailleurs vaillant, faut pas croire, je continue de tailler au sécateur ce qui peut l’être. Je remets en état, ainsi, une calade de Jean, qui descend jusqu’au fond du vallon. En faisant attention à mes gestes, oui da. Un matin vers 8 heures, Jean, passant avec son troupeau de brebis devant l’entrée de la calade où je me trouvais, m’a engueulé. À sa façon, n’est-ce pas. Il redoutait apparemment que je ne disperse ronciers et prunelliers sur la petite route, en quoi il avait tort. Le temps que j’explique mes plans, il était parti, emporté par ses bêtes. Ahimè ! J’ai continué mon travail, mais qui oserait appeler cela un travail ? Une tâche, peut-être ?

J’en oublie de vous parler du reste. Je viens de lire que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) demande un moratoire sur les biocarburants. L’OCDE ! Cette structure abominable abreuve les États membres, tous développés, de conseils avisés sur la manière – libérale – de détruire ce qui peut l’être encore. On peut trouver pire, mais il faut chercher.

Quoi qu’il en soit, cette prise de position a un sens. Au moment où je vous parle, la presque totalité des institutions les plus infâmes de la planète ont pris position contre les biocarburants. C’est le cas, mais la liste n’est pas limitative, du FMI, de la Banque mondiale, et de l’OCDE donc. Tous les doctes experts de ces assemblées reconnaissent un rôle clé des biocarburants dans l’affolement qui s’est emparé du prix des aliments de base dans le monde. Je vous le rappelle, la Banque mondiale estime que cette criminelle production est responsable pour 75 % de l’inflation en cours.

Et puis quoi ? Et puis me voilà à radoter, ce qui ne surprendra guère les lecteurs les plus assidus de ce blog. Car dans le même temps, le mouvement écologiste, qui devrait être au premier rang de ce combat humain essentiel, décisif, ontologique, n’a pas encore bougé le moindre orteil. Pas plus tard qu’avant-hier au soir, croisant José Bové en voisin – ou presque -, je l’ai pressé une nouvelle fois d’engager son nom dans cette bataille. Le fera-t-il ? Hum.

En France, les chiffres existent pourtant, et n’ont rien de secret. J’en ai publié certains dans mon livre de l’automne dernier, La faim, la bagnole, le blé et nous (Une dénonciation des biocarburants). Si je suis à ce point furieux, mais furieux à mordre, c’est que ce monde sans âme saigne plus que jamais. Je vous disais l’autre jour que selon Jacques Diouf, de la FAO, 50 millions d’humains de plus ont été jetés dans la famine en 2007. Les biocarburants jouent un rôle essentiel dans cette abomination.

Je ne suis pas amer, mais, je le répète, follement furieux. Surtout, je dois le dire, contre les écologistes, qui forment pourtant ma famille. Je vous jure solennellement que j’ai fait ce que je pouvais pour remuer Greenpeace, le WWF, Nicolas Hulot, José Bové donc. Et beaucoup d’autres. Mais rien ne vient. Nous nous retrouvons ainsi dans une situation inouïe : les maîtres du monde laissent filtrer des vérités premières sur le crime, et la critique se tait, se rendant complice.

Car ce n’est pas la peine de se voiler la face : ceux qui ne luttent pas contre le déferlement des biocarburants acceptent du même coup la multiplication des famines, la détérioration accrue du climat et la destruction de forêts tropicales. Osons dire l’évidence : le mouvement écologiste français se déshonore. Et je me permets de renvoyer à un article écrit sur ce blog voici quelques semaines (ici). Oui, le mouvement qui est le mien va avoir quarante ans. Et il est malade. Et il sent la mort.

59 réflexions sur « Calade et cagadou (une mauvaise odeur) »

  1. En Corse, le contraire des calades (qui montent), ce sont les falades (qui decendent), et le génie des lieux en a répandu en quantité, quel bonheur. Puis le maquis joue à les cacher, le terrible! Heureusement il y laisse traîner ses odeurs en plus de ses épines.
    En plongeant dans un recoin du Cap Corse, j’étais entourée de bans de poissons, peu farouches, qui acceptait de nager à moins d’un mètre de moi. On en est presque surpris, la vie grouille. Et, ce qui devrait me réjouir m’inquiète en même temps : tant qu’on voit la vie, on ne prend pas vraiment conscience de ce qu’elle devrait être, de ce qu’elle a été. Tant qu’il y aura un poisson, une fleur, un arbre, un ours… je crains que l’homme ne se comporte comme si rien ne menaçait : tant que la catastrophe définitive ne sera pas là, devant sa porte, dans son quotidien, l’homme continuera à expurger la terre, l’air, la mer. Les écologistes ne nous rendent pas fiers en effet…

  2. A propos de catastrophe définitive :
    « Les terres humides de la planète, menacées par le développement et l’assèchement des sols, pourraient si elles étaient détruites libérer dans l’atmosphère une « bombe de carbone », ont prévenu dimanche des spécialistes de l’environnement.
    Ces terrains renferment 771 milliards de tonnes de gaz à effet de serre, soit approximativement autant que ce que contient déjà l’atmosphère, ont estimé des chercheurs avant une conférence internationale sur les terres humides et le réchauffement climatique. » (AFP)
    Entre ça et les « incidents » du nucléaire franchouillard, si quelqu’un a des bonnes nouvelles, je suis preneur…

  3. Essaie quand même de revenir entier, Fabrice…
    Moi ce qui me sidère, c’est le silence assourdissant des politiques concernant la vie quotidienne. Quand prendra t-on de vraies mesures pour limiter les déplacements ? Multiplier les pistes cyclables ? Encourager le co-voiturage ?
    Le prix de l’essence flambe, et constate t-on moins de circulation ? franchement non. Je suis sûre que le prix serait multiplié par 3, ça serait la même chose…

  4. Je te souhaite un prompt rétablissement, Nicolas ! Quant à ton analyse sur la situation relative aux biocarburants, elle ne m’étonne nullement. Le fait que de plus en plus d’organismes et d’organisations internationales viennent à dénoncer les conséquences catastrophiques de la « prolifération » de ces biocarburants, ne constitue pas une garantie d’une prise de décision intelligente ou même à défaut d’une régulation limitant la casse. Il suffit de mettre en exergue certains exemples de l’incapacité de notre société à régler des questions essentielles pour lesquelles presque tout le monde est en accord : combattre la faim dans le monde, limiter la spéculation financière, préserver la diversité des cultures, sauvegarder la biodiversité, etc… etc…
    La liste est interminable. Le dénominateur commun à tous ces échecs est en nous : la courte vue.
    Courte vue de privilégier notre confort quotidien et nos habitudes de consommateurs. Courte vue que de ne pas faire l’effort d’une véritable réflexion personnelle et de suivre le troupeau. Courte vue de ne pas tirer les enseignements du passé et de refuser la vision d’un futur qui nous fait peur. Courte vue de croire que nous ne sommes pas responsables. Courte vue de croire que nous ne sommes pas décisifs. Courte vue de croire que nous sommes impuissants.
    Alors, j’aurai tendance à rappeler les premiers mots de cette Marseillaise : « aux armes, citoyens… », non pas pour appeler à une insurrection armée, mais plutôt pour appeler à une insurrection des consciences. La vie d’un homme pèse le même poids que celle d’un autre. L’avis d’un homme pèse le même poids que celui d’un autre. Contrairement à tout ce que l’on veut nous faire croire. Certes, certains hommes qu’on appelle « décideurs » semblent avoir plus de poids. Mais ils s’appuient précisément sur les « non-avis » du gros du troupeau. Pourquoi croyez-vous que nos décideurs suivent d’aussi près les résultats des sondages et des enquêtes ? Le décideur a pour stratégie d’influencer, certains diront de manipuler, les pensées et donc les opinions du gros du troupeau. Pour les faire adhérer à un projet ou une situation, ou pour qu’ils ne rejettent pas un projet ou une situation.
    « One man, one vote » était un slogan de prise de conscience.
    Sachons que nous possédons collectivement un pouvoir incroyable : celui de choisir en conscience sa consommation ou sa non-consommation. Là est le véritable pouvoir, direct et pesant sur ce pouvoir financier qui nous semble si inaccessible.
    Notre société s’est construite un cauchemar qui semble de plus en plus inéluctable. Le temps de l’éveil ne serait-t-il pas venu ?
    Tout un chacun aura sa responsabilité. Tout un chacun possède sa mission.
    Charge à chacun de la trouver ou de la définir.
    Charge à chacun d’agir.
    Ce n’est pas gagné… mais ce n’est pas perdu !

  5. Ben là !!….Se casser les côtes …dans les pentes !!! Bon pour six mois de douloureux rappels à l’ordre ( beaucoup moins j’espère ). Chez moi , les boeufs , ne sont pas une espèce en voie de disparition , au sens politique ,(les vrais ne font de tort à personne et sont sympas ). Je pense aussi qu’il existe beaucoup d’hybrides : les beaufs .Avant il y avait…aucun village n’était vraiment isolé. Maintenant non plus. Chacun a sa voiture…le TGV…l’avion…ah! ..l’avion ! Mais avant…ces tortillards à voie étroite…ces calèches pour aller à la gare…cette autre façon de vivre !.Voui..voui..maintenant on dirait décroissance..

  6. A Valérie. »Ce qui devrait me réjouir m’inquiète ». Personnellement je suis constamment dans cette situation. Mais ..dis moi..Que feras-tu lorsque la catastrophe définitive sera là..Devant ta porte..Au quotidien !.?.Autrement, pour cette superbe plongée…Le Conservatoire du Littoral y est-il pour quelque chose ?

  7. A Stan : ben oui, il faut se réjouir, malgré tout – même si, pour aller dans le sens d’Hélène, on peut voir encore pas mal de gens qui prennent leur voiture pour aller acheter leur pain à 250 m. Pour ce qui est de « faire des efforts », c’est un peu : vous d’abord, je vous suivrai…

  8. @stan, bruno et les autres: tombez pas trop dans la nostalgie, on(nous!) ne supprimera pas l’avion le TGV et la bagnole comme ça, ils mourront de leur »belle » mort, faute de carburant fossile!
    Militons activement(je vais bosser ne vélo, 40kms par jour) pour un autre mode de vie en donnant l’exemple autour de nous!
    Fabrice: bien fait, alcolo! (Je suis jaloux, j’aimerais être à ta place, dans les Cévennes, à boire latin…) Reviens vite, tu nous manques.

  9. Eh bien, je voulais dire qu’il ne faut pas attendre la catastrophe : la question n’est pas ce que je ferai, mais ce que je fais. Je me déplace à vélo, ne mange pas de viande, consomme bio au maximum, ne vais pas dans les grandes surfaces, n’ai pas de gadget inutiles chez moi, pas de tv, pas de téléphone portable……… et, surtout, je siuis de ceux qui pensent qu’on a tous les pouvoirs : celui de notre porte-monnaie. Je crois qu’on est nombreux à nous comporter ainsi, mais les inconscients de la catastrophe qui s’approche sont encore plus nombreux!
    Pour les poissons du Cap Corse, il n’y a pas beaucoup de chalutiers, que des tous petits pêcheurs amateurs, et, oui, le littoral est préservé.

  10. Moi aussi j’essaie de faire le maximum, même si cela ressemble à une goutte d’eau dans l’Océan – « Le peu que l’on peut faire, il faut le faire », a dit Monod (je crois).
    A Frédéric : je partage ta jalousie envers Fabrice…

  11. Je confirme et je vous transmets, même si beaucoup d’entre vous doivent connaître :
    « Je dis souvent, il y a des choses qu’un homme bien élevé ne fera jamais ni dans une église, ni dans une synagogue, ni dans une mosquée, ni dans un désert. C’est la même idée, le respect.
    Dire qu’il y a des gens qui s’ennuient sur terre, c’est incroyable, inconcevable. C’est pourtant vrai qu’il y a quantité de gens qui s’abrutissent à regarder la télévision d’état et à lire le journal bien pensant du jour.
    La curiosité est la clé de mon existence et de mon activité. Je suis sans défense contre la curiosité. Oscar Wilde disait « je peux résister à tout, sauf à la tentation « . Moi je peux résister à tout, sauf aux appels de la curiosité.
    Alors c’est une espérance, encore un motif d’espérer, mais on ne peut pas dire que dans la pratique les choses avancent beaucoup, même pas du tout, ça va de mal en pire.
    Je dis toujours le peu qu’on peut faire, il faut le faire, le peu, le très peu qu’on peut faire. »
    (Théodore Monod)

  12. Oui Valérie, le pouvoir du porte-monnaie et la fameux boycott à l’anglo-saxonne, utilisé avec efficacité par Gandhi et dont nos gouvernants ont une peur bleue, à tel point que les »class-actions »ne sont pas autorisées en France Je ne suis pas sûr en revanche que nous soyons si nombreux que cela à vivre et aspirer à vivre ainsi…vive la décroissance!

  13. Nous sommes très peu à faire le peu – mais c’est toujours mieux que rien ! Et puis nous ne pouvons sans doute pas faire autrement, non ?

  14. A Bruno. Une goutte d’eau de plus dans l’océan !!! et les réfugiés climatiques alors !!! ( je  » blague  » et refuse le passage  » à tabac  » ) A Valérie: vive le conservatoire..alors! mais seraient ils pas un peu écolos… des fois ?.Stan radoteur à tous: A quand ce grand mouvement apolitique pour la « sauvegarde  »  » restauration  » de notre planète…bleue…et l’arrêt des idioties tel…le développement durable…par exemple.

  15. Bonjour (merci à Jean-Paul le cantalo-texan)
    Prière de ne pas jeter l’eau du bain avec le bébé difforme, ridicule et triste de l’agrocarbu/bagnole systèmatique à la pompe.Fibres, alcools, huiles, gaz de « bio »-sources +/- combinées selon les terroirs, activités et peuplements peuvent aussi alimenter des moteurs lents, des chaudières urbaines ou agro-industrielles et participer à des rotations agro-forestières, avec de bons bilans globaux….

  16. cher Fabrice ça fait mal de lire que le mouvement écologiste sent la mort, mais alors à quelles branches se raccrocher? une branche d’un chêne qui aura bientôt disparu des forêts morvandelles? le douglas ça pique et ça sent la citronelle que je déteste. pour les agrocarburants voilà que tu as trouvé des alliés dans les forestiers destructeurs des forêts en France qui ne jurent que par le bois énergie en arguant que ça permettra de limiter les agrocarburants. Foutaise, la destruction de la forêt morvandelle continue soutenue par une politique forestière à court terme et ceci dans la plus grande indifférence des morvandiaux qui espère des milliers d’emplois qui ne viendrons pas . Le monde est fou et les mouvements écologistes sont de plus en plus méprisés. Notre société ne veut pas de contraintes, elle veut la bagnole, le beurre et l’argent du beurre , alors que faire ?

  17. Le beurre et l’argent du beurre ? Peut-être même l’argent et l’argent du beurre !
    Lulu, y a un problème avec le lien de ton site…

  18. A Bruno. Noitseuq eht si that. Mais…..les milliers de personnes qui viennent sur ce blog….des milliers de colibris (pensée pour Pierre )appelant tous les colibris existants sur cette planète….

  19. Question pour Stan : les milliers de personnes qui viennent rendre visite à ce blog avec une fréquence plus ou moins grande sont-elles toutes convaincues, vraiment convaincues non seulement que la décroissance est nécessaire, mais aussi qu’elles s’y épanouiront ?
    Pour continuer sur les référence à Pierre, insurrection des consciences, oui, mais à ce jour combien de consciences ? D’aucuns pensent que la masse critique pour faire basculer les choses se situe à environ 5%. On y est pas encore, mais on s’y achemine. Ce serait alors suffisant pour que la masse des immobiles, des attentistes, des je-m’en-foutistes, … suive.
    En tout cas, si ça se fait vraiment, même avec un petit nombre d’adhérents, j’en fait partie…

  20. Cher Fabrice,
    je suis vraiment désolé d’apprendre que tu t’es cassé deux côtes …voilà ce qui se passe quand on fait des folies de son corps ! Bon courage pour cela..
    J’ai bien lu ton billet du 21 sur les agro carburants et ton coup de gueule contre les ONG environnementales. Je me permet de te rappeler, mais tu le sais déjà sans doute, la campagne d’Agir pour l’Environnement contre les agrocarburants ( http://www.agirpourlenvironnement.org/campagnes/c28.htm ) à laquelle participe le MDRGF et les Amis de la Terre entre autres. Il serait tout à fait important de porter l’existence de cette campagne à la connaissance des lecteurs de ton blog afin de leur fournir la vivion la plus objective possible de l’état des réactions des ONG sur ce sujet si important.
    Amitiés et à bientôt !
    François Veillerette
    Président du MDRGF
    http://www.mdrgf.org

  21. François,

    Tu sais mon amitié pour toi et mon soutien aux activités du MDRGF. Mais là, tu déconnes, excuse-moi. J’ai constamment signalé le travail remarquable des Amis de la terre et de Christian Berdot notamment. Mais cela ne change rien à l’inaction du mouvement écologiste. Et puis, je vais te dire : il y a une grande différence entre l’action virtuelle sur le Net et la bataille publique, frontale, audacieuse.

    Je n’ai aucune envie de me trouver seul ou avec quelques autres dans la bataille contre l’industrie criminelle des biocarburants, crois-moi sur parole. Je veux que le mouvement auquel j’appartiens se batte tout de suite, car c’est tout de suite qu’on meurt. Pas quand les dormeurs se réveilleront. Amitiés, bien sûr,

    Fabrice Nicolino

  22. c’est tout de suite qu’on meurt …voilà ce qui m’obsède chaque jour . Et pas seulement des biocarburants qui ont été un accélérateur terrible , certes . mais il y a aussi (surtout)les politiques de grandes entreprises comme nestlé, qui promotionne fortement le lait en poudre en afrique au détriment du lait maternel , bilan : des milliers d’enfants morts régulièremùent à cause de l’eau des marigaux . bien-sûr, nestlé a la parade : la privatisation de l’eau à venir ! Ailleurs, ce sont des hectares de soja par million estampillés nestlé, ect , la surproduction pour un surbénéfice à n’importe quel coût . les agrocarburants sont l’aboutissement assassin de ces politiques économiques où les valeurs humaines et environnementales ne sont jamais comptabilisées à défaut d’être prises en compte . J’avoue que je suis en colère également, j’informe et tâche d’être honnête vis à vis des paysans (ceux qui forgent le paysage et nous nourissent) . et après ? toujours pas de réveil, de prise de conscience générale , et il est déjà si tard .
    Bon ,j’espère que c’était du bon au moins (vin de pays) , et bon rétablissement Fabrice ! profites en pour converser avec les rouge-queue noirs , tsitsitsitsi krch !

  23. A Hacène. La possibilité que ces personnes soient à différents stades dans cette démarche est pour moi quasi certaine. L’épanouissement semble naturel…mais peut-être que la survie aussi. Pour les je m’en foutistes, disons qu’ils n’ont pas la chance d’être tombés dedans lorsqu’ils étaient petits ( nature, comportement Animal et humain )…à nous de les pousser…à leur sortie, ils trouveront: une corbeille pour y mettre leur étiquette politique, un porte manteaux pour y accrocher leur » moi je  » et une glace pour pouvoir , enfin , se regarder en face.

  24. @ Stan. Très joliment dit. Je suis d’accord. Voilà pour tous ceux qui rendent visite au blog de Fabrice. Ils ne viennent bien sûr pas par hasard. Mais tous ceux qui ne viennent pas ? Je dois être assez mal entouré, mais je rencontre beaucoup de gens qui ne veulent rien entendre, seulement continuer comme avant, insouciants. Et pas seulement des quadras, quinquas et plus ! Même parmi les 25-35 ans, c’est pas gagné. Mais peut-être que petit à petit…

  25. C’est pas que je sois pessimiste (mais bon, un peu quand même !) mais je reste persuadée que l’immense majorité des gens ne VEULENT tout simplement pas savoir que leur mode de vie est à remettre en cause… Si on attend que les consciences se réveillent, ça va mettre des siècles.
    Voir par exemple l’obésité : ce n’est pas faute d’informer encore et toujours la population sur ce problème, et pourtant… qui n’a pas vu des gens acheter des frites AVEC de la mayo + hamburger + crème glacée. Pourtant, c’est leur santé, leur propre corps qui sont en jeu.
    Alors, la planète ?? Faire des efforts pour le bien commun et, qui plus est, pour des gens qui vivent à des milliers de kilomètres ? hum…
    Non, les gens feront ce qu’on leur dit de faire, un point c’est tout. Si une municipalité (comme en Allemagne) demande aux particuliers d’installer des panneaux solaires chez eux, ça se fera. Sinon, non. Si on impose le co-voiturage, ou moins d’éclairage public dans les villes, etc, etc…. ça se fera, sinon, non.
    Pour l’instant, on n’a pas trouvé mieux que le bulletin de vote, mais là aussi ça risque d’être très très long…

  26. Oui très long, les comportements consuméristes affolants (que j’ai envie d’appeler crimes contre l’humanité) sont le modèle que hurlent les médias grand public nauséabonds. Je hais la télévision qui répand l’uniformisation et le culte de l’avoir.
    Un article intéressant d’Hervé Kempf qui dresse un bilan à pleurer:
    http://www.monde-diplomatique.fr/mav/99/KEMPF/16157

  27. @ valérie, ce sont clairement des crimes contre l’humanité, tels , d’ailleurs que lucie aubrac et ses comparses du passé les dénoncent sur dailymotion .
    Profites bien de la Corse si belle !

  28. APPEL DES RESISTANTS

    Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et retransmettre l’héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.

    Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et soeurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n’a pas totalement disparu et notre colère contre l’injustice est toujours intacte.

    Nous appelons, en conscience, à célébrer l’actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d’accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s’éteigne jamais :

    Nous appelons d’abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l’anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des « féodalités économiques » , droit à la culture et à l’éducation pour tous, presse délivrée de l’argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc.

    Comment peut-il manquer aujourd’hui de l’argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l’Europe était ruinée ?

    Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.

    Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l’intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.

    Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l’amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous.

    Nous n’acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.

    Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection :
    «Créer, c’est résister. Résister, c’est créer».

    Signataires :
    Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.

    vendredi 12 mars 2004
    Cet appel existe en image sur Dailymotion : http://www.dailymotion.com/relevance/search/appel%2Bdes%2Bresistants/vid

  29. ?
    « noitseuq eht is taht » : manque l’utopie, Stan, et l’ époque où l’on vit est rationnelle jusqu’à l’absurde.

  30. chers Fabrice et François, vous avez écrit un merveilleux livre sur les herbicides et ouvert les yeux à des milliers de gens pour l’instant silencieux…mais la révolte chatouille plus d’un au fond de son estomac… pour votre livre, mille merci.Faut excuser Fabrice, il a l’art de se brouiller avec ceux qui lui veulent du bien.

  31. je me trompe peut être Fabrice: tu prônes la révolte mais les révoltés te glacent le sang et te voilà très embêté entouré d’âmes faibles.bises

  32. Di martino,
    merci infiniment pour les âmes faibles… je crois que beaucoup ici agissent dans leur coin, ce qui peut paraître encore trop peu, mais qui n’est pas rien ! Et toi, tu proposes quoi ?

  33. l’année prochaine je gagne le droit de m’exprimer et j’apprends dans une école traitant de l’impacte de l’homme sur l’environnement,c’est la première étape:je prends du poids.Puis je fais mon travail sur le sujet qui m’interresse grandement :l’eau poubelle et son délicat « nettoyage ».,et concrètement je me balladerai en France et ausculterai l’eau de nos cours d’eau puisque l’on ne sait rien, nous ,grand public .Voilà, c’est tout Hélène:je ne me tue pas et ne tue personne,je comprendrai et expliquerai puis j’espère avoir le grand bonheur d’agir,évidemment pas seule.Bises

  34. Je viens de temps en temps lire toutes ces reflexions sur militantisme et ecologie. Tout ca me parait bien pessimiste et tres « intellectualisé ».
    Comme je l’ai deja dit je crois sur un commentaire je tente de defendre l’environnement a mon niveau local sur un sujet tres a la mode depuis peu : les OGM (il faut dire que j’habite dans la region principalement concernee par le MON 810 : midi pyrenees).
    Eh bien parfois j’ai envie de penser comme vous. Je me dis qu’il y a bien des moutons en ce bas monde. Ca me plonge dans des souvenirs de mes cours de communication sur la majorite silencieuse et je ne sais plus quels autres concepts qui expliquaient comment semblent fonctionner nos societes.
    Mais quoi qu’il arrive je cherche toujours la lueur d’espoir qui me donne envie de continuer. La plupart du temps je la trouve a l’endroit meme ou vous puisez votre desespoir : au fil des rencontres avec les gens, ceux qui ne sont pas militants.
    Certes il leur manque un peu de ce recul que vous avez la chance et le courage d’avoir acquis, mais ils ne sont pas tous betes a manger du foin. Peut etre qu’ils ont simplement besoin qu’on leur explique.
    Et puis l’important pour moi c’est de ne pas avoir de verite. Quand je parle avec des pro ogm j’essaie de les comprendre meme si je me rends vite compte que leurs arguments sont rigides et limités.
    Bref je crois que je partage votre vision du mouvement ecologiste (meme si je connais surtout le mouvement anti ogm) et des risques qui menacent notre planete. Mais je garde la conviction qu’on reussira a faire bouger tout ca et que ce sont les Hommes, ceux du terrain (loin des enjeux de pouvoir), qui y parviendront.
    Je viens de finir mes etudes d’assistante sociale qui m’ont permis de rencontrer des publics tres differents. Celui qui m’a le plus touche c’est celui des jeunes des quartiers dits sensibles. Parfois je me dis que l’espoir est peut etre aussi la, dans ces barres d’immeubles ou naissent des reflexions interessantes et ou les gens n’ont pas grand chose a perdre …

  35. A Di martino. Pour l’instant j’y ai laissé ma  » réussite sociale  » par mes prises de positions personnelles. Maintenant c’est pas drôle tous les jours …mais je ne regrette rien. Seule une question me  » turlupine « : me suis je vraiment planté d’époque et de planète ?. Les cours d’eaux sont , je pense, quand même analysés par les agences de bassins. Je suis resté très surpris d’apprendre par la presse que le bassin Rhin Meuse était tout autant pollué que les autres par les pcb. J’ai habité dans un village où l’eau était potable sans traitement, mais c’était en

  36. 1977. Seul un forfait minimum était demandé pour l’entretien du réseau. Depuis j’ai trouvé une astuce pour obtenir un verre d’eau potable: il suffit de le remplir de produit chimiques utilisés par l’agriculture…mais en respectant ( par rapport au volume )les pourcentages autorisés, par la dass, pour chaque produit !…..Santé !!!On peut aussi appeler cela…l’art de passer de la turbidité à la turpitude….

  37. Stan…ce n’est pas à cause des « produits chimiques » que l’eau de nos puits n’est plus potable, que la consommation de fruits de mer est interdite et ce depuis 15 -20 ans:c’est à cause de notre obligation du tout à l’égoût, ou pour être plus clair, du chier dans les wc.oui c’est mon truc à moi, ma petite découverte perso, mon petit trésor:je ne chie plus dans l’eau,je le composte religieusement dans un coin de nature;c’est mon acte citoyen, ça ne coute rien et ça ne regarde que moi et l’eau, et je pleure 1870 qui passa la loi du tout-à-l’égout etc….et plus je lis, plus je me rends compte que nous sommes facilement influencés par des idées simples et fausses,que l’on va pourtant lancer avec ferveur

  38. Dans le même registre: j’habite les Alpes Maritimes, où mon beau-père entretient des jardins de propriétés appartenant à de riches particuliers. Il va se fournir auprès d’un réseau de coopératives agricoles qui vend encore sous le manteau moyennant paiement en espèces des produits chimiques aujourd’hui interdits…car on a des stocks à finir, mon cher monsieur! Et on va tout de même pas jeter, hein? Faut pas gâcher, en ces temps de crise, on relance le petit commerce. Bon, après, promis, juré craché, on fera de l’écologie.

  39. A Di martino. L’association dont je suis membre a réalisé des WC  » secs  » pour notre Berger ( salut Yves! )et cela fonctionne très bien. Ce système est à encourager chaque fois dès lors que possible.Vrai que c’est un peu un retour…aux sources!.Sous assainissement on comprend: eaux vannes ( ce dont on parle ), eaux usées ( éviers..etc..), eaux pluviales. Donc trois réseaux distincts. Il existe aussi un réseau sur lequel je ne suis pas d’accord; le speudo séparatif.Le problème des stations d’épurations est qu’en plus des eaux vannes, elles reçoivent les eaux usées ou ( et ) les speudo- séparatifs et de ce fait fonctionnent très très mal…voire pas du tout…à cause de la présence de produits chimiques et de métaux lourds. Si eles ne traitaient que les eaux vannes ,cela marcherait. Pour les clarifications et les bactéries, on sait faire…pas pour le chimique…d’où les lagunages lorsque cela est possible ( comme pour les déchets nucléaires ).Attention à l’eau du puit…quarante deux mille morts dans le Nord de mon département par le choléra avant que l’on découvre qu’il faut faire bouillir l’eau avant de la consommer. Autrement dit les produits chimiques sont pires que le choléra!!!.Pour la détente j’ai entendu un jour une excellente chanson des Frères Jacques sur ce sujet. Quant au futur pélerinage religieux…attention…les orties poussent très vite en milieu riche!!.

  40. Désolée d’interrompre le fil de la discussion mais quelqu’un ici cherchait (p’têt ne cherche plus…) un terrain agricole sur l’Hérault. Je consulte les p’tites annonces pour tout autre chose mais je vois passer de temps en temps quelques offres : aux alentours de Pézenas, à vendre diverses parcelles morcelées (jusqu’à 3,5 ha) pour loisirs ou cultures… Est ce que ça vous intéresse toujours ? Comment faire pour transmettre les annonces ?

  41. A Frédéric Hermann. Oui….exact pour les stocks. En agriculture l’atrazine a été interdite, mais les stocks existants pouvaient être utilisés!!!. pour les nappes phréatiques il se dit que les produits utilisés sont contrôlés au niveau des dosages…ok…mais les surfaces cultivées étant de plus en plus importantes, le problème reste inchangé pour les nappes. Belle écologie en effet.

  42. Là c’est hors sujet !
    Eh bien nous on garde notre caca pour nous, puisqu’on n’a pas le tout-à-l’égout…. comme dans beaucoup de maisons anciennes, même en ville ! Finalement, c’est beaucoup plus écolo, ce sont les bactéries qui se débrouillent. On n’utilise que des lessives et autres produits ménagers dits « verts ».
    Le jour où on va nous demander de passer au tout-à-l’égout, peut-on refuser cela et argumenter dans le sens où notre fonctionnement nous semble « propre » ? Quelqu’un a t-il une idée là-dessus ?

  43. Chaperon rouge . Contacter DON NICOLINO le commandant de bord qui en parlera à….qui….et cela arrivera au destinataire car le monde écolo finalement est petit.

  44. A Hélène. Je suis dans le mëme cas. Mais  » la loi est la loi  » ( ça fait garde chasse chez…..Jacob et Delafond…non? ) et le fric c’est la taxe!!.On peut en reparler début septembre.

  45. Merci à l’ami(e) di martino de nous avoir recentré sur le vrai sujet : cagade et galejade!

    @ hélène : j’espère que chez vous personne ne prend jamais d’antibiotiques, ni d’hormones contraceptives ou autres, ni aucune molécule de l’industrie pharmaceutique car sinon danger pour la biodiversité. Excusez-moi, ce n’est pas une critique mai une simple réflexion …
    maintenant légalement parlant le maxima cloaca semble incontournable, dura lex, sed lex.Bon courage!

    @ Chaperon rouge, c’était David Rosane.

    Merci stan, « mon » berger, salut Paul, a attrapé la fièvre avec l’eau des brebis (on en reparle en septembre)

  46. Marthe, je n’avais pas pensé à tout ça.
    à priori non, pas ce genre de choses. On est plutôt peu malades, et du genre à faire des inhalations de plantes en cas de gros rhube…

  47. Utiliser un  » activateur pour fosse sceptique  » c’est bien et permet de relancer le processus biologique en cas de problème. Je n’ai pas dis  » inhalateur pour fosses… nasales « 

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