Puisque c’est comme cela, parlons des législatives. Je me dois de préciser un point pour éviter des lettres pénibles de lecteurs. Je suis pour la distribution radicale des richesses, et il m’arrive de rêver encore d’un monde sans Dieu, ni César, ni tribun. Je me souviens très bien de ma mère, gagnant seule, pour elle et ses cinq enfants, quelque chose comme 800 francs par mois au début de 1968. Si donc quelqu’un a envie de me (mal)traiter, qu’il tienne compte de ces mots.
Et maintenant, voyons ensemble cette revendication de la gauche désormais unie : 1400 euros nets pour le smic mensuel. Qui pourrait être assez salaud pour écrire que c’est trop ? Hélas, le problème n’est pas celui-là. Du tout. D’abord, la question de la justice est universelle. Elle concerne aussi bien le sous-prolétariat français que les milliards de gueux de la planète, dont cette gauche ne parle jamais. Jamais. D’un point de vue planisphérique, les pauvres de chez nous sont les riches du monde. Ça embête, mais c’est un fait qui n’est pas près de disparaître. Que quantité d’immondes aient beaucoup, beaucoup plus, n’y change rien.
Donc, dès le premier pas, considérer le monde réel, et pas notre France picrocholine. Ensuite, réfléchir à cette notion largement utilisée dans les années 70, et malheureusement disparue : l’aliénation. Par les objets. Par la possession frénétique d’objets matériels qui déstructure l’esprit, rompt les liens de coopération, enchaîne dans une recherche jamais comblée de choses. Lorsque je tente de voir les êtres et leurs biens avec mes yeux d’enfant, je me dis fatalement que « nos » pauvres disposent de béquilles dont nous n’aurions jamais osé rêver : des bagnoles, des ordinateurs, des téléphones portables. Moins que d’autres ? Certes. Mais cette route n’en finira jamais.
À quoi sert de distribuer de l’argent dans une société comme la nôtre ? Même si cela heurte de le voir écrit, une bonne part de ce fric irait à des objets ou consommations détestables, qui renforcent le camp de la destruction et du commerce mondial. Qui aggravent si peu que ce soit le dérèglement climatique. Je crois qu’on devrait proposer tout autre chose. Un gouvernement écologiste, pour l’heure chimérique, s’engagerait bien sûr auprès des smicards.
Il s’engagerait aussitôt, mais en lançant un vaste plan vertueux. On créerait un fonds abondé sur le coût pour tous des émissions de gaz à effet de serre. L’industrie paierait, mais aussi le reste de la société, à hauteur des moyens financiers, bien sûr. Ce fonds garantirait à tous les smicards – et donc à leurs enfants – l’accès permanent à une alimentation de qualité, bio, locale autant que c’est possible. À un prix décent, c’est-à-dire bas.
Ce serait un merveilleux changement. La santé publique en serait sans l’ombre d’un doute améliorée. L’obésité, cette épidémie si grave, régresserait fatalement, ainsi que le diabète et tant d’allergies. Quant à l’industrie agroalimentaire, elle prendrait enfin un coup sérieux. Au passage, une telle volonté finirait par créer des filières économiques solides et durables. Car à l’autre bout se trouveraient des paysans. De vrais paysans enfin fiers de leur si beau métier. À eux aussi, on garantirait un avenir.
Parmi les questions les plus graves de l’heure, s’impose celle de la production alimentaire. Tout indique que les sols épuisés de la terre ne suffiront pas longtemps à (mal) nourrir le monde. La France, qui fut un très grand pays agricole, se doit d’installer de nouveaux paysans dans nos campagnes dévastées par la chimie de synthèse et les gros engins. Combien ? Disons 1 million. Ou plus. Le temps d’un quinquennat. C’est ainsi, et pas autrement qu’on aidera à faire face à ce qui vient et qui est déjà là. Le dérèglement climatique est une révolution totale.
Pour en revenir aux smicards, qui souffrent je le sais bien, sortons ensemble des vieux schémas. Inventons ! Faisons-les rentrer en fanfare dans cette société qu’ils n’auraient jamais dû quitter. Mais pas au son de la frustration et des sonneries de portables.
1000% d’accord!
« aliénation »… Oui, y réfléchir à nouveau !
La résilience vraie, profonde, il faut la construire par tous les savoirs-faire pratiques, les liens et échanges qui ont du sens, les relations humaines directes… Ca prends du temps, ca prends toute la vie, mais ça fait plaisir, lorsqu’on voit qu’on a construit quelquechose, une relation, un savoir-faire (un savoir-faire réellement technique est toujours social, c’est à ça qu’on le distingue d’une aliénation technologisante), qui survivra aux bugs informatiques, aux coupures de courant, aux centrales nucléaires qui pètent, et même au manque de nourriture…
A la magie noire technologisante, opposer la magie blanche de la vraie technique, celle pour qui les humains existent en tant qu’êtres humains complets, et pas en tant que matériau ou marchandise vivante…
Dans un grand pays d’Asie, le candidat à l’élection de premier ministre avait promis de déposer 1.500.000 Rs. (8 ans de revenu d’une famille en moyenne, 32 ans de revenu de la moitié la plus pauvre) dans le compte en banque de chaque citoyen… Les gens l’ont cru, et une fois élu il a fait autre chose: Il a rendu illégal la totalité de l’argent liquide, avec 4 heures de préavis… On a vu resurgir les monnaies locales, à l’échelle d’un ou de plusieurs villages, écrites à la main sur des bouts de papier! Rien ne vaut l’argent liquide ! Quand il faut continuer à manger, récolter, semer, aller aux toilettes, aller à l’école, faire rouler les bus… On a vu comment les réactions de la quasi-totalité des gouvernements de la planète ont fait immensément plus de victimes que le covid, et on voit comment l’Europe se saborde aujourd’hui, avec l’illusion que le reste du monde en souffrira plus encore. On imagine aisément que la prochaine panne sera peut-être internet, avec tous les paiements suspendus, comme il semble que cela a été déjà fait avec « succès » sur des banques de petits pays pauvres… On a vu comment les Syriens ont quasi-unanimement préféré soutenir un gouvernement, même brutal et corrompu, que ne plus avoir ni gouvernement ni même un pays où habiter… Et on voit même le « Proceedings of National Academy of Science » (PNAS, publication quasi-gouvernementale aux Etats-Unis) demande « une enquête indépendante » sur la relation entre les labos US et le covid…
Et on se dit que l’effondrement fait maintenant complètement, ouvertement partie de la panoplie capitaliste, et qu’à l’époque d’un capitalisme plus radical encore que les Bolcheviques d’il y a un siècle, être conservateur, protéger la vie telle qu’elle existe, est peut-être devenu le dernier acte révolutionnaire…
Plus j’y pense, plus je crois qu’une solution comme le compte carbone à l’échelle européenne (puis mondiale) est indispensable pour espérer un avenir sur Terre. Vous connaissez le principe: chaque français.e se voit attribuer un budget de 9 tonnes de CO2 le 1er janvier et à chaque dépense, le prix en carbone est débité en plus du prix payé. Pour un smartphone, c’est 300Kg, etc. Les riches se retrouveraient fort marris dès la fin de l’hiver et devraient racheter du carbone aux personnes plus sobres. C’est du rationnement démocratique et organisé en somme, pour une sortie sans trop de douleur de la société thermo-industrielle. Les moins favorisés auraient énormément à y gagner, les transferts de richesse pouvant être conséquents (si la tonne de carbone atteint ou dépasse les 1000 euros). Mais d’ici à faire accepter une telle mesure…
Le genre de mesure dont Bill Gates, Klaus Schwab et Elon Musk doivent rever le soir… Monetiser les choses ne resoud pas les problemes mais les precipitent en les escamotant, en les « apprivoisant » et en nous eloignant de la prise sur la realite, les causes directes et les consequences physiques, qui seules peuvent nous aider a trouver des reponses. Par exemple, vendre l’eau est une erreur fondamentale qui permet d’eviter le principe du pollueur payeur. La seule raison pour laquelle on ne vent pas encore l’air c’est parceque la technique physique n’existe pas encore pour compter les m3 respires et empocher l’argent. Le fils spirituel de Bill Gates y arrivera !
Je ne vois pas le rapport entre un rationnement démocratique et décidé collectivement et Bill Gates &co. Le compte carbone permettrait justement de prendre conscience de l’impact de nos activités sur le dérèglement climatique. Il ne serait pas question de vendre, mais de déterminer une part égale pour chacun.e. Les smicards en sortiraient gagnants.
Oui, chiffrer les choses permet de prendre conscience. Mais on ne peut aller jusqu’au point ou on peut acheter et vendre des droits. « racheter du carbone aux gens les plus sobres » c’est bien acheter et vendre un droit, non? Et si l’on fait ca alors que devient « la part egale »? Ensuite meme si l’on ne va pas jusqu’a echanger des droits (de polluer, de boire, pisser, respirer, etc.) le moment on on commence a compter ces choses on entre dans une zone dangereuse a de multiples niveaux. C’abord c’est definir l’humain comme un pollueur, ce qu’il n’est pas. Un humain qui vit correctement ne pollue pas, au contraire il amplifie la vie autour de lui. C’est ce qu’on fait les civilisations depuis toujours sauf tout recemment. Ca va a l’encontre d’une philosophie misanthrope tres « WWF » qui oppose l’homme a la « nature vierge »… qui n’a pas change depuis douze mille ans!!! (E.C. Ellis, 2021). Il y a belle lurette que la nature n’est plus « vierge » mais il n’y a pas tres longtemps que nous avons commence a detruire au lieu de construire. Le riz, naturel? Aucune espece de riz, des centaines de milliers qui existaient encore il y a 20 ans, des 10 mille qui existent peut-etre encore apres le massacre de la « revolution verte », aucune ne survivrait sans l’intervention de l’homme. C’est la signification de « domestique ». Le riz n’est pas « naturel » au sens ou les extremistes misanthropes du WWF l’entendent. Ce n’est pas l’humain qui pollue c’est l’argent. La difference? Fondamentale. Le livre de Herve Kempf « Comment les riches detruisent la planete » est tres clair et tres simple.
La solution ce n’est pas le rationnement c’est de retrouver le chemin d’une civilisation qui construit au lieu de detruire. On ne rationne rien d’humain. L’exemple le plus clair c’est l’eau. Le moment ou on la vend, on accepte de la polluer. Vendre l’eau c’est accepter qu’on rejette de l’eau sale. C’est cela qu’il faut changer. Pas rationner l’eau, l’element le plus abondant a la surface de la terre, qui fait la majeure partie de notre corps meme! « Naturelle », l’eau? Humaine, oui!
Apres la revolution « gauchiste » (communiste, bolchevique, etc.), la revolution
« conservatrice » (fasciste, fondamentaliste, etc.), apres la revolution « capitaliste » (20ieme siecle), voici la revolution « ecologiste »: Celle qui rationnera votre air et votre eau, vos pensees meme! (via votre smartphone). De meme qu’on ne peut plus vendre une bagnole, un camion, une clim, un avion, une centrale nucleaire, un laptop ou un telephone, sans obtenir auparavant un « label vert », on ne peut plus vendre une politique qui ne soit pas « verte »… Attention! Toute politique qui pose l’humain comme une nuisance nous mene droit a cela. Attention… Ne donnons pas a la prochaine dictature la corde pour nous pendre !
On peut mesurer et chiffrer tout ce qu’on veut et c’est toujours un exercice intellectuel interessant. Par exemple, le « jour du depassement » devient interessant lorsqu’on compare les pays. Il le serait d’ailleurs encore plus en comparant les regions, les villes, etc. On trouverait d’enormes surprises! Il y a quelques annees, cette mesure, qui bien sur a sa dose d’arbitraire et d’idees preconcues, mais a l’avantage d’etre definie en termes relativement clairs, donnait le jour de tous les pays, meme ceux qui ne « depassent » pas !
On peut concevoir que c’etait un peu genant pour certains d’appliquer la methode de maniere aussi mecanique, car que voyait-t-on? Que la Syrie, le Yemen, l’Afghanistan… non depassaient en mars, juin, aout… de l’annee suivante! C’est a dire qu’ils epuisaient toutes les ressources d’une annee… au milieu de l’annee suivante ! Et meme pour certains, vers la fin de l’annee suivante ! Tous ces pays qui enrichissent enormement nos industries de l’armement en servant de terrain d’entrainement et de bombardement (et de « demonstration commerciale », selon les mots si justes de notre si bon president « normal » et « de gauche » Francois Hollande) a nos valeureux soldats !
Et aujourd’hui c’est drole, le logiciel a ete « ajuste » pour effacer de la liste tous les pays vertueux, ceux qui ne « depassent » pas. Drole non comme l’application mecanique des regles trouve vite ses limites, les limites dictees par la politesse. On peut dire au Luxembourg qui « depasse » en fevrier qu’il est pire que la France ou la Colombie… Mais comparer avec le Yemen… Please !!!
Ces pays, donc, existent. Ce sont tous des pays dits non seulement « pauvres » mais survoles par les drones tueurs dont les commandes sont toutes en occident. Et pourtant ils sont si riches, ces pays qu’ils se permettent le luxe de subventionner notre air, notre eau, notre bois, notre petrole… Les pays les plus riches du monde, en fait, et de loin. Et les plus genereux. Et les moins dangereux.
Encore une version de « l’alienation », (merci merci cher Fabrice de rehabiliter ce mot !)
Donc, chiffer a titre d’exercice intellectuel et auto-pedagogique, bien sur !
Mais vendre… attention ! On ne vend jamais que soi-meme. Sa propre humanite.
Euh, je vous arrête tout de suite, j’ai oublié de vous dire que la quantité de carbone à émettre serait forcément limitée. Il ne s’agirait donc pas d’une révoltant « droit à polluer », avec des plafonds illimités, mais d’une masse de CO2 pré-établie et fixe qu’il ne faudrait pas dépasser. Masse qui diminuerait de 6% d’année en année. Et il ne serait pas question de rationner ni votre air, ni votre eau (tant qu’elle est utilisée à bon escient). Le rationnement sera long et lourd à accepter et mettre en place, mais ça me paraît une piste intéressante pour sortir de l’impuissance et de l’inefficacité actuelles. Allez voir sur le site comptecarbone, on est loin du régime autoritaire 🙂
Par principe il faut se méfier des idées abstraites et invérifiables par vos propres moyens. Par exemple en tant qu’architecte je ne dis jamais à mes clients que leur bâtiment a une empreinte carbone basse. D’abord parceque les calculs nécessaires pour le démontrer me passent complètement au-dessus de la tête, ensuite parceque où est l’effet immédiat et visible d’un bâtiment à basse empreinte carbone ?
En revanche, je leur dis qu’un bébé pourra se promener dans leur bâtiment et littéralement lécher toutes les surfaces et tous les matériaux sans s’empoisonner ! Voilà un effet immédiat, tangible. Je leur dit que puisqu’il n’y a pas de plastique dans le bâtiment (ni même de contre-plaqué car il y a 30% de colle c’est à dire de plastique) et que par conséquent en cas d’incendie les pompiers auront 1/2hr pour arriver et empêcher le désastre, au lieu de 4 minutes et 30 secondes dans les bâtiments modernes (cf. Essai de la compagnie d’assurances Underwriter Limited aux USA). On peut dire « je suis assuré incendie », mais une fois mort ça vous fait une belle jambe…
Je préfère toujours les artisans locaux car c’est une occasion pour le propriétaire de développer ses relations avec son voisinage.
Et voyez: Toutes ces mesures vont aussi dans le sens de la réduction de l’empreinte carbone.
Pourquoi aller chercher des raisons compliquées, ésotériques et invérifiables dans la pratique quotidienne, lorsqu’on a des raisons immédiates et tangibles ?
Pas de plastique j’exagère un peu: Il y a quand même des interrupteurs, gaines et fils électriques. Et joints de robinets… Pas la peine non plus de jouer les taliban anti-plastique. Eliminer la quasi-totalité est assez facile, la totalité absolue très très difficile… même si, esthétiquement, artistiquement, très beau… si un jour un(e) client(e) me demande cela je le ferais avec un immense plaisir !
Hélas ce vers quoi on va c est une aide financière de l Etat pour pouvoir continuer à acheter du Nutella sans lequel, tout le monde le sait, toute vie est impossible …..
Premier élément, les smicards ont une empreinte écologique (environ 2 planètes par habitant) généralement inférieure à la moyenne française (environ 3.5), donc ses efforts ne seront pas les mêmes que ceux des milliardaires.
Deuxièmement, une partie de leur empreinte (environ 1/3) est subie et non souhaitée : service publics locaux plus disponibles, importations non souhaitées, gaspillages imposés(ZAC…), obsolescence programmée, vente forcée (notamment numérique), absence de trains, compteurs linky…
Pour le reste, le choix des achats : boycot de la viande issue d’élevage intensif, réduire les achats en numérique, privilégier les circuits courts, les véhicules et les transports moins polluants suffit à rendre leur empreinte écologique acceptable sans passer par un monde orwellien (pass carbone, flicage…)
Il faut aussi montrer l’exemple en pratiquant une sobriété choisie : réduction du temps de travail, économies liées à la réduction du gaspillage, alimentation plus saine est plus intéressante que le mode de vie actuelle.