Annie Genevard, misère de nous autres

C’est comme une déclaration de guerre, mais singulière. D’un côté les avions de combat, les chars les plus modernes, les mitrailleuses lourdes du type XM214, capables de tirer jusqu’à 6000 balles à la minute, avec des chargeurs de 500 cartouches. Et de l’autre, nous, avec nos arcs et nos flèches, qui ne sommes que piedra pequeña, cette petite pierre chère à León Felipe.

Donc, à l’Agriculture, une certaine Annie Genevard. Du parti Les Républicains. C’est une militante, et comme beaucoup de militants – bornés -, elle fait le tri instantané entre ce qui lui convient et ce qui pourrait contrarier son sommeil profond. Elle a ainsi volé au secours du journaliste Patrick Cohen, qui en novembre 2023 prenait la défense du glyphosate à la télé. Cohen se voit en grand journaliste, et un autre jour, je raconterai une mésaventure qu’il m’a fait subir. Disons pour être très charitable qu’il est un adepte de l’information industrielle. Tout propos venant de l’agrochimie est sérieux, « scientifique », quand la moindre critique des pesticides ne peut venir que des illuminés.

Genevard. À la suite de la franche déconnade de Cohen, elle commente : « Excellente mise au point de Patrick Cohen sur le glyphosate et la désinformation dont ce produit fait l’objet. » Avant de poursuivre, voyons qui est madame Genevard. Elle a passé un CAPES de Lettres il y a un moment et a enseigné le français dans le Doubs. Maman était députée – de droite, faut-il se demander ? -, papa était patron. Elle se marie en 1983 avec un pharmacien, dont le père est lui aussi député. De droite, faut-il préciser ?

C’est donc une notable de province. On aurait dit hobereau en d’autres temps. Que sait-elle du monde et de ses problèmes ? Rien. Si je m’autorise cette phrase abrupte, c’est qu’elle a passé sa vie dans l’univers sans oxygène de la politique la plus politicienne. Un espace clos – la petite ville de Morteau, autour de 7000 habitants, dont beau-papa a longtemps été maire, elle aussi -, un milieu clos, celui de la droite la plus étroite qui se puisse concevoir. Elle a été au RPR de Chirac dès 1996, puis à l’UMP, enfin aux Républicains. J’aimerais savoir ce que cette prof de français a pu lire de romans. Sans l’ombre d’une preuve, que je ne cherche d’ailleurs pas, je ne peux imaginer qu’elle ait aimé Tolstoï, Balzac, Miguel de Cervantes, Rimbaud, Shakespeare. Elle eut été transformée.

Elle n’aurait pu mener carrière aussi médiocre. Non. Et la voilà ministre de l’Agriculture, aux ordres de la FNSEA et des lobbies industriels. Le site Vakita, que je ne connais pas, liste certains de ses faits d’armes. Souffrons ensemble, cela me soulagera. Elle est pro-chasse, pour le déterrage des blaireaux et renards, pour la chasse à la glu, contre le Loup bien sûr. Je vous avais prévenu.

Mon sentiment, mille fois exposé, c’est que nous nous battons dans un cadre inadapté. L’heure n’est plus aux sempiternels accommodements des « écologistes » du genre France Nature Environnement (FNE), qui vivent d’argent public et ne cessent de tendre leur sébile. L’heure est au combat, aussi désespéré qu’il paraisse.

5 réflexions sur « Annie Genevard, misère de nous autres »

  1. Fabrice,
    Tu les habilles pour l’hiver nos ministres. Ils ne vont pas avoir froid . Cela dit, pour résister ça va être très, très difficile. On peut espérer que ce gouvernement ne tiendra pas longtemps.

  2. Bonjour,

    Je sui électeur du Ht Doubs, fief de Mme Genevard depuis 12 ans.
    Mme est une vraie politicienne de la petite bourgeoisie locale, elle imite Chirac lors de tous les comices et se sert des agriculteurs pour ses ambitions.
    Véritable girouette elle n’hésite pas à voter des lois écocides mortifères.
    Merci pour votre article qui remet les pendules à l’heure.

  3. Bonjour Fabrice,

    Je viens de lire l’article sur Vakita.fr (Hugo Clément), et du coup je me suis empressée de venir ici pour voir si tu avais fait un article. A chaque fois on semble toucher le fond, mais je crois qu’il va falloir pelleter encore un peu pour réellement le toucher.
    Pourtant il y a encore des paysans qui veulent croire qu’ils peuvent encore faire quelque chose… (pas des agriculteurs)… et tant que j’en aurai autour de moi, je résisterai à l’envie de rejoindre ma grotte d’ours….

    L’entraide va être de plus en plus nécessaire, et dans le monde rural, la culture s’organise (théâtre / concert chez l’habitant), les paysans s’organisent (de plus en plus en vente directe et en petit marché de producteurs), le monde médical officiel et officieux s’organise (pas mal de maisons médicales regroupent kiné, médecin, osthéo, acupuncteurs….sophrologues…) et je ne parle pas de toutes les initiatives…. Alors je me dis que oui la machine destructrice du vivant est en marche, et avance comme un rouleau compresseur, mais en face il y a du monde, de plus en plus de monde, et une nouvelle façon de vivre qui avance aussi….. lentement mais sûrement… Après quand atteindrons nous le point de bascule? nul ne le sait, ni dans quel sens…

  4. https://www.shnd.fr/wp-content/uploads/2020/07/Article-complet-M%C3%A9tabolites-SHND-03.07.2020.pdf pour Mme Genevard
    extrait: « elle [ cette courte étude] confirme que même les eaux certes d’origine karstiques du Doubs à quelques Km de sa source sont déjà polluées de manière importante par des centaines de pesticides et molécules associées (15 % de la diversité moléculaire et 16,8 % de la concentration estimée en pesticides au sens large) : l’imprégnation par ces polluants est importante par le nombre des molécules présentes et détectées (et qui ne correspondent qu’à une forte proportion de celles recherchées, et alors que l’ensemble des métabolites est loin d’être recherché). Cette imprégnation est durable, du fait de molécules interdites en France et Europe depuis des décennies et présentes dans cette analyse.  »
    J’aimerais que la ministre prenne conscience de l’urgence à arrêter cette folie chimique qui d’un côté empoisonne les sources et de l’autre fournit des médicaments
    là je pense aux enfants souffrant de cancers pédiatriques…

  5. J’aime beaucoup la ministre de l’Education Nationale aussi : elle a créé un boîte pour apprendre aux expats de Singapour à bien mater leurs domestiques !!! Ahurissant…
    Extrait de son site internet :

     » Une expérience dans une famille expatriée n’est pas toujours un atout

    Après une expérience en famille occidentale, l’employée a pris de l’assurance, croit déjà tout connaître et peut être difficile à gérer, refusant parfois de se soumettre à vos exigences. Même après une telle expérience , le temps de formation est tout aussi important et long et ne doit pas être négligé.
    Une absence d’expérience dans une famille expatriée n’est pas un handicap
    Bien au contraire ! Les employées qui n’ont connu que des familles locales, chinoises par exemple, sont souvent plus flexibles, plus attentives aux consignes et ont pour la plupart développé un grand sens du service « à l’asiatique ».

    Stratosphérique !

    Il est magnifique ce gouvernement illégitime d’ « A qui perd gagne », non ? Et les français acceptent ça ? Vraiment ?

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