Vous m’excusez, n’est-ce pas ? Ce 12 septembre, je vais à la capitale, où j’ai tant de choses à régler que je ne rentrerai chez moi que vers 22 heures. Comment voulez-vous que j’écrive quelque chose si tard et que quiconque soit encore là, ensuite, pour le lire ?
Comme je suis gêné malgré tout, car on prend des habitudes, je vous laisse un petit cadeau, royal en vérité. Le naturaliste américain Aldo Leopold, mort depuis des lustres, a parcouru l’Amérique sauvage des débuts du XXème siècle comme aucun autre. Je le tiens, et je ne suis pas le seul, pour un géant de la littérature de la vie. Il est l’auteur d’un chef d’oeuvre, A Sand County Almanac, and Sketches Here and There, traduit en français (chez Aubier, 1995) sous le titre : Almanach d’un comté des sables. Je ne l’ai pas relu depuis si longtemps que les odeurs inouïes qu’il contient se sont un peu éloignées. Mais je me souviens et me souviendrai toute ma vie de la descente d’Aldo dans le delta du Colorado en canoë, quand existait encore un delta.
Je n’ai pas grand-chose dans ma besace, pardonnez, mais je vous offre ces quelques mots de Leopold, en espérant qu’ils vous aideront à traverser sans encombre ce 12 septembre 2007 à Paris, France. “Voilà que j’entends un faible aboiement dans les nuages. On croirait un chien au loin. C’est étrange comme le monde tend l’oreille à ce bruit, et reste songeur. Bientôt il s’amplifie : les oies ! Invisibles, mais elles se rapprochent. Le troupeau émerge des nuages bas. C’est une bannière dépenaillée d’oiseaux, montant et descendant, s’écartant, se rapprochant, avançant tout de même, sous le vent qui lutte amoureusement avec chaque aile vanneuse. Quand le troupeau n’est plus qu’une tache tout là-haut, j’entends sonner le clairon des funérailles de l’été.”