Deux morts à la suite. Allègre, puis Le Pen. Parmi les cofondateurs de son soi-disant Front National – un mouvement avait été créé sous ce nom pendant la résistance antifasciste -, on trouve entre autres l’ancien de la Milice François Brigneau et l’ancien Waffen SS Léon Gaultier. Que pourrais-je ajouter ? Que je me suis heurté physiquement dans ma jeunesse à ces sbires ? Oui, je l’ai fait, et bien sûr, je ne regrette rien. Tous ces gens étaient de la racaille de la pire espèce. Je les haïssais en profondeur.
Ceci posé, il n’est pas interdit de réfléchir ensemble. Il est même urgent de le faire. La vague actuelle en faveur des idées glauques n’est pas seulement européenne, mais presque mondiale. J’ai beaucoup écrit, ici d’ailleurs, sur les inévitables conséquences du grand dérèglement climatique. J’ai cité des études, parmi les plus sérieuses, qui montrent qu’une bande de terre courant du Maroc à l’Iran, englobant le Maghreb, le Machrek et au-delà, est en train de devenir inhabitable. Elle abrite de plus en plus mal 550 millions d’habitants.
L’époque est, et sera toujours plus, aux migrations historiques. Et je déplore que tant de gens, dont certains pourtant valeureux, se réfugient dans des postures qui deviennent pathétiques. Il est certain que les sociétés d’Europe, vieillissantes, et d’une certaine manière sous-peuplées, attireront des millions, suivis peut-être par des dizaines de millions de réfugiés climatiques. Certes, nous payons ainsi le prix de notre inaction. De notre terrible aveuglement collectif. De notre soumission aux objets de l’hyperconsommation, moteurs de la crise climatique. Mais après ?
Se complaire dans les vieilles complaintes, se vautrer au pied d’un vulgaire caudillo, comme le font les adorateurs de Mélenchon, nous rapproche du gouffre. Il apparaîtra sans doute qu’un Le Pen – et sa fille – ne sont qu’un avant-goût de ce qui nous attend réellement. La question est simple, même si aucune réponse n’existe encore. Comment trouver ensemble une réponse humaine aux chocs colossaux qui se profilent ? Il le faut. Mais pour commencer, rompre avec les pensées mortes.