Archives de catégorie : Forêts du monde

Mon ami Sylvain Angerand est en taule

Je n’ai pas l’habitude ici de relayer des communiqués de presse, mais je le fais aujourd’hui, car mon ami Sylvain Angerand est en taule en République du Congo, l’ancien Congo-Brazzaville. Sylvain est un authentique écologiste, membre des Amis de la terre, et l’un des meilleurs connaisseurs en France des problèmes de la forêt mondiale. Il est parti vers l’Afrique pour une enquête que je sais difficile, et dont je ne dirai rien ici. Bien sûr, qu’il sorte, et au plus vite ! Madame KM, nouveau ministre de notre sous-Écologie, ne manquera pas d’appeler notre ambassadeur sur place, je n’en doute pas. En attendant, Sylvain, un abrazo fuerte.

Ci-dessous, le communiqué des Amis de la Terre.
Arrestation d’un salarié des Amis de la Terre France au Congo

Montreuil, le 17 novembre 2010 – Alors qu’il était en mission à Pokola au Congo pour évaluer la certification FSC de l’entreprise CIB et l’impact de l’exploitation forestière sur les populations locales, Sylvain Angerand, chargé de campagne forêt aux Amis de la Terre France, a été arrêté ce matin par la police. Il était accompagné de Karine Dridi, réalisatrice indépendante et de deux salariés du CED (les Amis de la Terre Cameroun).

Mandaté pour évaluer la certification FSC (Forest Stewardship Council) de l’entreprise CIB (Congolaise Industrielle des Bois) à Pokola, Sylvain Angerand et les personnes qui l’accompagnent bénéficient des autorisations nécessaires pour filmer et photographier. Alors que la journée d’hier s’est déroulée dans de bonnes conditions avec une visite organisée par l’entreprise CIB, les choses se sont compliquées quand l’équipe a voulu recueillir les témoignages d’ex-salariés récemment licenciés. La police est alors intervenue, a arrêté Sylvain Angerand et les personnes qui l’accompagnent et a saisi le matériel video et photo. Un policier a déclaré : « la CIB vous a abandonnés ». Plus étrange encore, la CIB a mis à disposition de la police un technicien pour extraire les films déjà tournés et stockés sur l’ordinateur de Sylvain Angerand.

Pour Martine Laplante, présidente des Amis de la Terre, « Il est inadmissible qu’un salarié des Amis de la Terre en mission officielle au Congo soit arrêté simplement parce que l’entreprise CIB  souhaite faire taire les 150 salariés qui ont été licenciés récemment. Sylvain Angerand et les personnes qui l’accompagnent doivent être relâchés immédiatement et leur matériel doit leur être rendu. »

Statistiques et salopards (sur la faim)

Je ne sais pas. Je ne peux rien garantir. D’ailleurs, il n’y a rien à garantir. Seulement, la FAO, cette agence de l’ONU bureaucratisée jusqu’à l’os, infestée par les grands lobbies industriels, vient de proclamer à la face du monde que les affamés chroniques seraient passés de 1,023 milliard en 2009 à 925 millions en 2010 (ici). Ces chiffres sont absurdes, ils sont à la fois politiques et criminels, bien que repris par la totalité de la presse française. Absurdes, car nous sommes le 15 septembre, et comment oser tirer un bilan de cette nature, foutus bureaucrates, sur moins des trois quarts d’une année ? Criminels, car même s’ils étaient vrais – et ils sont faux -, ils ne pourraient que conduire à démobiliser le peu qui se lève contre cette lèpre universelle. Or, de l’aveu même des crapules – je répète, crapules, de la FAO – cette diminution providentielle apparaît après  quinze années d’augmentation constante.

Tout cela n’est que bluff abject. Savoir qui a faim est une entreprise colossale, qui implique l’envoi de milliers de gens de bonne foi, militants et honnêtes, dans les villages des trous du cul du monde, où personne n’ira jamais. Évidemment, la FAO ne s’appuie que sur des courbes et statistiques, des tableaux qui ne disent rien sur rien. C’est lamentable. Je n’insiste même pas, car mon écœurement est sans bornes. La vraie raison de ce ramdam médiatique est que les bureaucrates qui ont le cul vissé sur leur si confortable fauteuil, Viale delle Terme di Caracalla, au siège romain de la FAO, ont besoin de chiffres pour continuer à jouir de secrétariats, de voitures climatisées avec chauffeurs, de notes de frais arrosées de grappa. La FAO, en sa munificence, a promis de réduire de moitié le nombre des affamés à l’horizon 2015. Les chiffres doivent suivre. Et ils suivront. Parce qu’il le faut bien.

Par ailleurs, je vous laisse lire  le début d’un article de Peuples solidaires ( la suite ici). Il n’y a pas de commentaire.

Kenya : Carburant contre paysans

En janvier 2010, les populations de la région de Malindi sont alertées par des fumées inhabituelles émanant de la forêt de Dakatcha. Elles comprennent que des bulldozers ont commencé à raser les arbres : une entreprise étrangère vient d’obtenir l’accord des autorités pour exploiter 50 000 hectares de terres afin de produire du jatropha, une plante dont l’huile sera utilisée comme carburant. Vingt mille personnes pourraient être déplacées et l’équilibre écologique de la région est menacé.
Ce projet est emblématique d’un phénomène global : l’accaparement des terres pour la production d’agrocarburants, dont l’impact sur la faim dans le monde et le climat risque d’être catastrophique. Il est donc essentiel de soutenir les organisations kenyanes qui se mobilisent face à cette situation.

Au Kenya, comme ailleurs en Afrique, le gouvernement est aujourd’hui partagé entre deux politiques contradictoires : d’un côté, il renforce les droits des communautés à cultiver leurs terres ; de l’autre, il cède aux appétits d’entreprises et Etats qui veulent exploiter ces mêmes parcelles.

Ainsi, dans la région côtière de Malindi, le gouvernement vient de confier 50 000 hectares de terres à une entreprise privée qui projette de raser une forêt de 30 000 hectares et d’exploiter les terres des communautés locales. D’après ActionAid Kenya, 20 000 personnes seraient affectées et éventuellement déplacées. Parmi elles, de nombreux paysans dont les productions vivrières nourrissent la population et une communauté indigène, les Wa Sanya, qui vit de la chasse et de la cueillette.

Ce qu’est réellement une forêt (et un village Potemkine)

Ce qui suit n’est qu’un exemple d’une manipulation mondiale. D’une mise en scène planétaire visant à dissimuler la réalité de la destruction de nos seuls joyaux. Je vous le dis simplement : imaginez l’émeraude du duc de Devonshire, et ses 1384 carats. Un barbare ordinaire l’écrase sous vos yeux d’un coup de marteau. Elle n’est plus. Et un autre soudard, de passage, tente de vous convaincre que cette pierre synthétique, qu’il a acheté trois sous, pleine de discrètes bulles d’air, c’est la même chose. En plus beau, qui sait ?

Si vous marchez dans la supercherie, laissez-moi vous plaindre. La beauté authentique est aussi une vérité. Un mouvement de l’âme qui ne peut se travestir. Où veux-je en venir ? À un terrifiant rapport du ministère de l’Environnement et des Forêts de l’Inde. Vous n’aurez pas forcément la patience de regarder de près, en langue anglaise qui plus est, le rapport de 226 pages que les bureaucrates de service ont pondu sur l’état des forêts de ce monde lointain (lire ici). Ai-je tout lu moi-même ? Non, bien sûr. Je me suis contenté des appréciations qui portent sur la forêt indienne en général. Et pour vous dire modérément ce que je pense avec violence, ces gens se foutent de tout.

À les croire, il faudrait admettre que la forêt, dans ce pays où la nature comme les hommes sont également martyrisés, avance sans relâche. Je cite : « Forest cover of India has shown an increased trend in the last decade despite the ever increasing pressure on forests due to population growth ». Je traduis ce morceau de pure science-fiction. En dépit de la pression accrue sur les forêts due à la croissance de la population, la surface des forêts indiennes marque une tendance à la hausse au cours des dix dernières années. Y a-t-il des chiffres ? Vous pensez bien que des bureaucrates en chef ne se déplacent jamais sans chiffres. Les voici : entre 1997 et 2006/2007, les forêts de l’Inde auraient grossi de 3,13 millions d’hectares. Les trois quarts d’un pays comme la Suisse. 31300 km2 de mieux. Dans un pays surpeuplé. Dans un pays livré pieds et poings liés à l’industrie transnationale. Est-ce crédible, les amis ?

Non, ce n’est pas crédible pour un rond. La suite est affreuse, mais bien plus proche du vrai. Les chercheurs Jean-Philippe Puyravaud, Priya Davidar et William F. Laurance viennent de publier une étude dont voici le titre traduit de l’anglais par mes soins : « La destruction secrète des forêts primaires de l’Inde ». Il s’agit d’un « article accepté », pour reprendre le jargon scientifique, à paraître dans la revue Conservations Letters (ici). Que dit le trio ? Que les bureaucrates indiens confondent allègrement forêt primaire et plantations industrielles d’arbres. Que les quatre écosystèmes forestiers prodigieux de l’Inde – la forêt tropicale humide des Western Ghats, la forêt de mousson proche de la Birmanie, la forêt de montagne himalayenne, la forêt pluviale des îles Nicobar – sont plongés dans un déclin majeur.

Les chiffres ? Accablants. Les forêts primaires seraient passées de 514 137 km² en 1995 à 389 970 en 2005. Non seulement l’Inde a perdu 80 % de sa surface forestière d’origine – 80 % ! qui peut imaginer ? -, mais la baisse se poursuit au rythme de 1,5 à 2,7 % de ce qui reste, suivant les années. Or donc, la réalité s’appelle en bon français un cataclysme écologique. Mais qui s’en soucie, dites-moi ? La coalition de la mort, la confrérie du désastre tient en mains une arme de destruction massive qu’on appelle en général le vocabulaire. Qui tient les mots tient les hommes. Et qui tient la légitimité de la parole publique conservera longtemps le pouvoir.

Les bureaucrates indiens, comme Lula au Brésil, comme les corrompus d’Indonésie, comme les maîtres de la Chine, comme les ministres à comptes numérotés du bassin du Congo ont tous appris la même leçon. Une forêt est une collection d’arbres vus du ciel. Les peupliers transgéniques, les eucalyptus destinés aux biocarburants valent une grandiose cathédrale d’arbres majeurs, tous différents, entretenant mille milliards de connections entre eux. Une monoculture puant la mort à cent lieues vaut un écosystème ayant atteint son climax, stable depuis des centaines de siècles. Ces gens sont en train de gagner la mère des batailles sous nos yeux de Candide. Ils disent que la forêt avance à mesure qu’elle disparaît. Cette fois, nous sommes en 1984. Cette fois, « La guerre, c’est la paix », « La liberté, c’est l’esclavage », « L’ignorance, c’est la force ».

Nous allons vers un monde sans forêt, dans lequel les marchands auront conservé des rangées d’arbres le long des routes, comme Grigori Alexandrovitch Potemkine, prince de son état, faisait bâtir de faux villages sur le parcours du carrosse impérial de sa belle, Catherine, pour lui faire croire à la prospérité générale. Le monde devient un gigantesque village Potemkine.

GDF-Suez, mes factures, les barrages, et la haine

Deux nouvelles, dont l’une fracasse. Un, je donne du fric à GDF-Suez en échange du gaz qui me chauffe. Avant, je donnais à une société nationale qui, certes, arrachait des contrats comme n’importe quelle boîte privée, avec les mêmes moyens, mais qui incarnait une histoire, liée à la Libération. Gaz de France (GDF) avait été créée, en effet, par une loi de nationalisation du gaz et de l’électricité, en 1946. Avant de se vendre, sur ordre de Villepin, à Suez, en 2006. Encore merci, monsieur le grand gaulliste.

Deux, GDF-Suez vient de fusionner avec un groupe énergétique britannique, International Power (lire ici), ce qui en fait un géant mondial. Youpi, nous avons un géant mondial de plus dans notre petite escarcelle, c’est le bonheur. Seulement – le croirez-vous ? – GDF-Suez détruit le monde à peu près partout où le groupe passe. Ainsi de la rivière Madeira, dans l’État brésilien du Rondônia, principal affluent de l’Amazone. C’est à ce point magnifique que GDF- Suez, qui contrôle le consortium Energia Sustentável do Brasil, y construit le barrage géant de Jirau, qui sera accompagné de quatre centrales hydroélectriques.

Jirau déplacera au total des milliers de familles riveraines et saccagera à jamais les terres de plusieurs tribus indiennes, y compris celles de groupes isolés, pratiquement sans contact avec notre si joli monde. Le Prix Nobel de littérature Jean-Marie G. Le Clézio et le directeur de Survival en France, Jean-Patrick Razon – salut, Jean-Patrick ! -, ont dénoncé ensemble et publiquement l’opération. Il ne fait aucun doute à leurs yeux retors que nous cautionnons ainsi « non seulement la destruction d’une région d’une exceptionnelle biodiversité, mais surtout la disparition, plus que probable, de quelques-unes des dernières sociétés qui constituent une part essentielle de la diversité humaine (ici) ».

Ce n’est pas tout, car ce ne sera jamais suffisant. Survival publie en anglais un rapport accablant, déprimant, désespérant sur la relance des grands barrages partout dans le monde (ici). Cette frénésie s’était un peu calmée après la parution il y a dix ans d’un autre rapport, celui de la Commission mondiale des barrages. Ce texte livrait sans fard le bilan des 45 000 grands barrages qui existaient alors sur terre. Écologique, bien sûr, mais aussi social, culturel, humain. Des centaines de millions de pauvres avaient été déplacés de force pour laisser place à la fée Électricité, celle qui aide si bien à la fabrication des bagnoles, des télés, des ordinateurs et des téléphones portables.

Une sorte de pause – une sorte seulement – donc, ces derniers temps, mais voilà que ça repart, avec en première ligne la Chine, avide comme aucun autre pays dans l’histoire de tout enfourner, avant de tout recracher. Que dit Survival en 2010 ? C’est la curée. La Banque mondiale, des banques chinoises, brésiliennes, la Banque africaine de développement financent des centaines de nouveaux projets, dont la plupart s’attaquent de plein fouet aux peuples autochtones jusqu’ici épargnés. Dans les forêts d’Afrique, en Malaisie, dans le bassin amazonien, partout. Notre monde fou avance, et de plus en plus vite. Ce mot d’un chef tribal du Sarawak (Bornéo), qui tente de lutter contre le barrage de Bakun : « Même si nous étions payés des millions de dollars, cet argent ne pourrait garantir notre survie. L’argent peut être imprimé, mais la terre ne peut pas être créée ».

Je cherche, et j’espère ne pas être le seul,  le moyen de faire payer son infamie à GDF-Suez, à qui je suis contraint pour l’heure de payer mes factures de gaz. Mais il doit bien exister d’autres comptes, et d’autres factures. Il faudra bien régler cela.

Sauver la forêt russe de Khimki (contre Vinci)

(Je me rends compte, après avoir tout écrit, que le plus important est vers la fin. Soit le rôle du groupe de BTP français Vinci, et la pétition lancée par un groupe russe. J’aurais dû commencer par là, mais c’est trop tard.)

Le provincialisme franchouillard finira bien par nous perdre, ce n’est qu’une question de temps. Que foutent donc les structures officielles de l’écologie, ces grands acteurs lyriques du « Grenelle de l’Environnement », où l’on aura tant ri avant de tant pleurer ? Oui, que font-ils ? Une dernière coupe de champagne en compagnie de Borloo, pour la route ?

En ce moment, une bataille est en cours (merci à miss Gimmick pour l’info) à Moscou pour la sauvegarde de la forêt de Khimki, jusqu’ici protégée. Je vous résume l’affaire, et vous renvoie à une dépêche en français plus complète (ici). Les bureaucrates qui mènent le bal dans toute la Russie, dont la plupart sont des anciens du système policier, ont décidé en 2004 la construction d’une autoroute reliant Moscou à Saint-Pétersbourg (650 km). Banal ? Banal. Ce qui l’est moins, c’est l’extraordinaire déploiement de moyens illégaux pour parvenir au résultat escompté.

L’autoroute est dans son principe une abjection, où qu’elle se situe. Elle coupe à jamais des territoires, interdit quoi qu’on dise l’essentiel des passages d’animaux ainsi que le plus lent mouvement des plantes, elle transforme la nature vivante en une dépendance de cet objet criminel qu’est la voiture individuelle. Soit. Mais autour de Moscou, on en rajoute. Le projet d’autoroute, concocté comme il se doit dans le secret des bureaux moscovites, mobilise les brutes et les anciens kaguébistes. En novembre 2008, le journaliste Mikhaïl Beketov, qui travaille pour Khimkinskaïa Pravda, a été passé à tabac avec une telle violence qu’on a dû l’amputer d’une jambe. Il reste, on le comprend, très affaibli. Et bien entendu, il avait publié des révélations sur le dossier de l’autoroute, la corruption généralisée qu’il a généré, les violations de la loi sur lequel il repose.

En deux mots, les promoteurs de cette autoroute maudite ont fait subir au tracé un changement brutal vers le nord-ouest de Moscou, en direction de l’aéroport Cheremetievo. En effet, les voleurs au pouvoir, lorsqu’ils rentrent de virées à Nice ou en Suisse, le nez encore poudré de coke, ne veulent pas perdre de temps dans d’insupportables embouteillages. Et comme il semble qu’il n’y ait pas assez d’hélicoptères pour tous, il fallait bien une autoroute en plus pour « décongestionner » le ballet des Mercedes, non ?

Si. Mais le changement de tracé implique de couper en deux une forêt protégée par la loi, Khimki. Mais quelle loi ?  Cette forêt est l’une des dernières forêts « anciennes » de la région de Moscou. Pleine de vieux chênes, de cerfs et de sangliers, pleine de cette beauté si absurde qui ne rapporte rien à personne. Tout est donc truandé de la première à la dernière ligne du projet, faute de quoi il n’aurait pas pu passer la rampe. Ce que les pontes n’avaient pu prévoir, c’est la révolte populaire bien réelle qui agite une partie de Moscou. La forêt est personnage vivant du pays russe, et l’hymne actuel du pays contient d’ailleurs ces quelques mots sans ambiguïté : ?? ????? ????? ?? ????????? ????/??????????? ???? ???? ? ????. Ce qui veut dire, du moins je l’espère : Des mers du sud au cercle polaire/S’épanouissent nos forêts et nos champs.

On ne plaisante pas avec le sacré. Ou l’on plaisante moins. Une association a vu le jour, dont la présidente, Evguenia Tchirikova, elle aussi agressée, mène le combat de David contre Goliath le corrompu. Avec au programme des manifs, des appels, des lettres, etc. L’une des dernières initiatives concerne le fleuron du BTP français Vinci, dont une filiale a obtenu des chantiers de construction de l’autoroute. Vinci est cette taule d’où a été chassé Antoine Zacharias, son patron, en 2006. Un licenciement réellement sauvage, puisque Zacharias est parti avec 12,8 millions d’euros d’indemnité, une retraite complémentaire annuelle de 2,1 millions d’euros et un joli lot de stock-options.

Ces gens-là sont-ils, finalement, si gentils ? Le Mouvement pour la défense de la forêt de Khimki a écrit au PDG actuel de Vinci, Xavier Huillard, pour lui demander de renoncer aux travaux. Vinci aurait commencé à abattre des arbres sans autorisation. Et puis quoi, encore ? L’association d’Evguenia Tchirikova décrit avec précision le processus même de la corruption, qui impliquerait le ministre des Transports. Le vertueux groupe Vinci a de son côté répondu : « Le tracé a été décidé et reste du ressort des autorités russes et à ce stade Vinci n’intervient pas sur le chantier ». Non, Vinci n’intervient que pour couper les arbres, et détruire le monde.

Je viens pour ma part de signer une pétition (c’est ici). Je n’ai pas la naïveté de croire que cela empêchera de dormir les salopards de Moscou. Mais ça soulage une courte seconde. J’en suis là. Et nos franchouillards de service, qu’attendent-ils pour bloquer le siège français de Vinci ?

PS : J’ai assez souvent critiqué Dominique Voynet, maire de Montreuil, pour reconnaître quand il est nécessaire ses mérites. À ma connaissance, elle est la seule en France à avoir envoyé une lettre au patron de Vinci à propos de la forêt de Khimki.