Archives de catégorie : Santé

Chimie, pesticides, air, pollutions en tous genres

40 articles sur la bouffe industrielle

 Amis lecteurs de Planète sans visa, je ne pouvais manquer de vous signaler le hors-série de Charlie Hebdo qui vient de paraître. Au moins pour deux raisons. La première, c’est qu’il parle de l’industrialisation de la bouffe, phénomène inouï qu’il est très difficile – je dirais : impossible – d’appréhender dans toutes ses dimensions. En un peu plus d’un siècle, ce qu’on appelait jadis la nourriture est devenu une abstraction, une activité transnationale dont l’un des piliers est l’amoralité.

La seconde raison, c’est que j’ai écrit la totalité de la quarantaine d’articles que contient ce hors-série. Les dessins sont de Charb, de Luz, de Catherine, d’Honoré, de Cabu, de Riss, de Tignous, et les textes sont de moi. Autrement dit, en bien ou en mal, tout me revient.

Dois-je faire de la réclame pour mon propre travail ? Ben oui, quand même un peu. Et puis, il serait curieux que je ne parle pas de ce qui m’a occupé un peu et parfois beaucoup au cours des mois écoulés. Si vous voulez en savoir (un peu) plus, je vous renvoie à un site qui donne à lire un des quarante articles dans sa totalité (ici). À ceux qui achèteraient ce hors-série, qui le liraient et qui finalement l’apprécieraient, il n’est pas interdit d’en parler. Sans hypocrisie, je dois écrire ici que cela me ferait plaisir.

PS : Je continue à réfléchir à l’avenir de Planète sans visa, mais soyez sûrs que cela ne durera pas dix ans.

L’affaire des irradiés de Brest

Publié dans Charlie Hebdo le 10 avril 2013

Pendant un quart de siècle, l’armée a fait bosser des prolos de l’Arsenal de Brest sur des têtes nucléaires destinées aux sous-marins. Sans la moindre protection. Résultat : un début d’épidémie de cancers et de leucémies.

Brest, 2 avril 2013. Francis Talec, formidable lutteur social, raconte. Cet ancien ouvrier de l’Arsenal, aujourd’hui à la retraite, dénonce un invraisemblable scandale. Seul au début, aidé peu à peu par des vieux prolos de son syndicat, la CGT, il a reconstitué l’histoire des irradiés de Brest. C’est à chialer, mais c’est finalement simple.

Le beau pays de France entretient à l’Île Longue, près de Brest, une base de quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE). Lesquels peuvent envoyer une prune nucléaire à 9 000 km de distance. Depuis n’importe quelle mer. Mais avant cela, il faut bien régler divers problèmes techniques. Entre 1972 et 1996, environ 130 ouvriers hautement spécialisés se sont succédé sur les têtes nucléaires, travaillant au contact rapproché des missiles avant leur embarquement. Des civils de l’Arsenal, dûment habilités par les flics de la Marine. Mais des civils.

Or pendant près de 25 ans, ces types ont travaillé sans la moindre protection. Rien. Ils arrivaient le matin, pouvaient en cas de pause se reposer en appuyant le coude sur l’engin nucléaire, sifflotaient, vissaient à l’abri de leurs seules vestes de travail. Le dogme des ingénieurs du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), c’est qu’il n’y avait aucune radiation. Les prolos l’ont cru. On ne doit jamais faire confiance à pareil patron. En août 1996, branle-bas de combat, car un employé du CEA a laissé traîner un film dosimétrique, qui révèle le désastre. L’armée impose en décembre de la même année le port de dosimètres individuels. Mais c’est trop tard. La CGT réclame alors une commission d’enquête, qui ne sera jamais réunie. Et le silence recouvre tout. Jusqu’au début des années 2000.

À partir de cette date, Francis Talec écoute, rassemble des infos, pose des questions. Le 29 janvier 2002, un pyrotechnicien de 51 ans meurt de leucémie, qui sera reconnue en maladie professionnelle. Suivent un appareilleur, des électriciens, un soudeur, des mécaniciens. Leucémies, cancers, cataracte. Les malades – et bientôt, les morts – ont souvent autour de la cinquantaine. Le bel âge pour souffrir.
La veuve du premier mort attaque, soutenue par le vieux lion Talec. Dans un mémoire destiné à obtenir la reconnaissance de la « faute inexcusable » de la Direction des constructions navales (DCN), l’employeur direct, elle note l’essentiel : « de 1971 à 1996, la DCN a caché la vérité à ses salariés, elle les a maintenus dans l’ignorance des risques d’irradiation par les  têtes nucléaires ».

Contre toute attente, elle gagne la partie. L’armée, dans une lettre du 24 juin 2004, reconnaît la « faute inexcusable », et banque, évidemment dans l’espoir de tout étouffer. La « faute inexcusable » est ce qu’il y a de plus grave, car le patron admet ainsi qu’il « avait ou aurait dû avoir conscience d’un danger et n’a pas pris les mesures nécessaires pour le prévenir ». C’est un aveu. Impossible de dresser ici une liste complète, mais dix cas de maladies graves sont d’ores et déjà documentés, et quatre d’entre eux ont entraîné la reconnaissance de la « faute inexcusable ». De nombreux éléments permettent de penser que bien d’autres ouvriers de l’Arsenal ont été, sont ou seront les victimes « collatérales » des missiles de l’Île Longue.

Talec et ses copains sont désormais fortement épaulés par l’Association Henri Pézerat (http://www.asso-henri-pezerat.org), du nom du toxicologue qui a révélé l’affaire de l’amiante en France. L’association est présidée par une autre combattante, la sociologue du travail Annie Thébaud-Mony, qui a refusé avec éclat, l’été dernier, la Légion d’Honneur que nos Excellences voulaient lui refiler.

Au-delà, cette saloperie ouvre une porte sur toutes les victimes de nos bombinettes depuis le début des années 60. On découvre pour la première fois que la bombe nucléaire a tué et tue tout près de chez nous, dans la bonne vieille métropole. Demain des révélations sur Valduc ? Dans ce centre ultrasecret non loin de Dijon, on fabrique depuis des dizaines d’années nos engins nucléaires. Combien de malades ? Combien de morts ?

PS : Je suis membre moi-même de l’association Henri-Pézerat (ici), qui soutient les victimes de la bombe, et je me suis rendu à ce titre à Brest, le 2 avril, pour une conférence de presse, en compagnie d’Annie Thébaud-Mony. Il n’est pas interdit d’adhérer. Il est même possible de soutenir.

Que crèvent ces pauvres cons d’Indiens

Publié dans Charlie Hebdo le 3 avril 2013 (depuis cette date, l’Atlantic Star a changé de route, et se trouverait en Turquie)

Bateau sur l’eau. L’Atlantic Star, un navire de 241 mètres de long, part se faire démanteler en Inde. Le fric pour les armateurs, l’amiante et le cancer pour les peigne-culs au pied nu.

Le Karaboudjan ! Dans Le Crabe aux pinces d’or, Tintin est prisonnier à bord de ce foutu cargo au nom arménien. Or l’Arménie n’a pas d’accès à la mer, ce qui n’est pas bien grave, car le navire sera bientôt rebaptisé, après un faux naufrage, Djebel Amilah. La suite de l’histoire s’appelle l’Atlantic Star. Ce bateau de croisière immensément étiré – 241 mètres de longueur, 1585 passagers possibles – a été construit aux chantiers navals de La Seyne (Var) en 1982, et livré en 1984 à une compagnie italienne, sous le nom de FairSky. Il s’appellera aussi Sky Princess, Pacific Sky, Sky Wonder, changeant au moins quatre fois d’armateur.

Le dernier, l’Espagnol Pullmantur Cruises, est une filiale – attention, ça devient complexe – d’une énorme boîte américano-norvégienne, Royal Caribbean International, basée à Miami mais inscrite au registre du commerce de Monrovia, charmante capitale de l’État fantôme appelé Liberia. Mais simplifions. Après divers suicides à bord, le viol et l’assassinat d’une passagère, une méningite mortelle, et diverses pannes très graves, le navire manque s’échouer sur les côtes turques après une collision en 2008. L’affaire est devenue de moins en moins rentable. Le 13 septembre 2010, portant enfin le nom d’Atlantic Star, il jette l’ancre dans le port de Marseille, où il devient, dans le jargon maritime, un navire ventouse, car il ne bouge plus.

Et soudain, le 18 mars 2013, l’Atlantic Star se fait la malle. Ses moteurs sont-ils en si mauvais état ? En tout cas, il est tiré par un remorqueur panaméen, Ionion Pelagos. Et il ne s’appelle plus Atlantic Star, mais seulement Antic : les proprios se sont contentés de faire effacer quelques lettres sur la coque. À Paris, l’un des meilleurs connaisseurs du transport maritime, Jacky Bonnemains, sursaute. Le président de Robin des Bois voit immédiatement l’embrouille, car l’Antic est bourré jusqu’à la gueule d’amiante, et probablement de quantité d’autres saloperies, très dangereuses à manipuler. Des leurres sont lancés comme bouteilles à la mer, probablement par l’armateur. Le navire irait en Turquie, pour s’y faire démantibuler. Ce bon Antic, ne donne pas sa position, mais le remorqueur, si.

« Il est entre la Sicile et l’île de Malte, raconte pour Charlie Christine Bossard, de Robin des Bois [le 28 mars], et il devrait être en vue de Port-Saïd, sa nouvelle destination, le 30 mars. Juste à l’entrée dans le canal de Suez ». Pour les détectives de Robin des Bois, il n’y a pas de doute : le navire pourri part en direction des chantiers navals d’Alang, en Inde, où atterrissent la plupart des bateaux de croisière en fin de vie. « Ce n’est pas certain, mais c’est désormais le plus probable, ajoute Christine Bossard. L’Antic risque de rejoindre, dans l’indifférence générale, quantité de navires européens, et par exemple un fleuve entier de porte containers allemands, qui vont se faire démanteler en Inde ».

À l’automne 2012, la merveilleuse revue de photojournalisme 6 mois publie une enquête du cinéaste bangladais Shaheen Dill Riaz. Dans les chantiers navals de Chittatong, le grand port du Bangladesh, les vrais pauvres du monde éventrent les navires du Nord les pieds nus dans la boue et les déchets de métal, sans aucune des protections conquises au Nord. Ils n’ont pas le temps de se plaindre, car ils meurent, remplacés par d’autres candidats au suicide.

Comme c’est étrange ! En 2006, un vaste show avait permis à Greenpeace de monter une opération héliportée contre le porte-avions Clemenceau, qui partait se faire désosser en Inde. Farci d’amiante, le bateau était revenu piteusement à Brest. Et aujourd’hui, total silence de la galaxie écologiste.

Comme c’est étrange ! Charlie vous gardait le meilleur pour la fin. L’Antic n’appartient plus, en fait, à Pullmantur Cruises, qui l’a opportunément revendu à STX France, juste avant son départ de Marseille. Or STX, c’est nous : l’État est actionnaire à hauteur de 33,34%. Pourquoi Hollande et Ayrault ont couvert l’opération ? Parce que Pullmantur a promis d’acheter à la France un mégapaquebot de la classe Oasis of the Seas, qui remplira les carnets de commande de Saint-Nazaire. Que crèvent donc ces connards d’Indiens au pied nu.

Chantal Jouanno for ever (très sérieux)

Du temps qu’elle était sous-ministre à l’Écologie de Sarkozy, j’ai consacré plus d’un papier moqueur à Chantal Jouanno. Et même plus d’un papier rageur, car elle ne manqua (presque) jamais l’occasion de servir les intérêts de son maître de l’époque (ici, ici et). Mais au moins une fois, je lui ai envoyé un bouquet de petite fleurs (ici), ce qui m’a été reproché, car enfin, enfin ! Je regrette d’autant moins que je ne m’étais pas trompé, au moins sur un point. Cette dame a été percutée par l’écologie. Elle reste de droite, je doute fort qu’elle devienne jamais une écologiste au sens exigeant que je donne à ce mot, mais elle a été changée par le contact avec de vraies questions. Et nous avons tous un besoin vital de ces cheminements inattendus.

Le papier que vous allez lire est tiré du quotidien en ligne Le Journal de l’Environnement, dont j’ai dit le bien que j’en pense. Pour ceux qui voudraient voir de plus près, le site du Journal.

Chantal Jouanno: «Le système économique vit de la maladie»

Quand elle prend son poste de secrétaire d’Etat chargée de l’écologie en janvier 2009, Chantal Jouanno déclare qu’elle veut se concentrer «sur la biodiversité, la santé environnementale et la consommation durable». Mais le Grenelle I, puis II passent par là, avant que la championne de karaté ne soit nommée ministre des sports. Ensuite, Chantal Jouanno quitte les palais de la République pour celui du Luxembourg (le Sénat) et émigre de l’UMP à l’UDI de Jean-Louis Borloo. Ce matin 27 mars, la sénatrice de Paris partageait un petit-déjeuner (bio) avec des associations écologistes –Agir pour l’environnement, Générations futures, l’Union nationale de l’apiculture française- à l’occasion du lancement du comité des élus pour les alternatives aux pesticides.

Elle a répondu aux questions du Journal de l’environnement sur son travail au sein de la Commission des affaires sociales, qu’elle a choisie, pensant «pouvoir y faire bouger les choses», notamment sur le dossier des perturbateurs endocriniens.

JDLE – Le sujet des perturbateurs endocriniens (PE) émerge-t-il un tant soit peu dans la classe politique en général, et à la Commission des affaires sociales du Sénat, en particulier?

Pas du tout! C’est un sujet connu de quelques experts, porté par quelques convaincus.
A la Commission des affaires sociales siègent majoritairement des élus issus du corps médical; les autres parlementaires leur ont délégué ces questions, ça ne les intéresse pas. Or ces élus ont tôt fait de classer ceux qui évoquent la question des PE dans le clan des déclinistes, en brandissant des arguments du type «vous voyez bien que la durée de vie augmente»… Il y a une sortie de «barrage pasteurien» dans les esprits, qui structure le discours médical: il faut d’abord un facteur, qui engendre une maladie, qui engendre une réponse. C’est ça, leur schéma mental. Alors prendre conscience que les systèmes sanitaires basés surbasés sur l’axiome que «la dose fait l’effet» ne sont plus adaptés aux défis que pose la santé environnementale, cela ne se fait pas. Sans oublier la question des effets cocktails. La formation des médecins, puis leur pratique, ne prennent pas en compte ces réalités-là.

JDLE – Parlez-vous de santé publique, en Commission des affaires sociales du Sénat?

Jamais… on ne parle jamais de santé publique. On parle tarifs opposables, déremboursements de soins… On a parlé une seule fois du bisphénol A… mais la discussion n’a jamais dérivé sur la question essentielle, à savoir l’exposition globale des populations aux PE à travers l’eau, l’air, etc. Pourtant, essayez aujourd’hui de trouver un groupe humain indemne de tout PE: c’est impossible. Il y en a partout! Il n’est jamais question de prévention non plus, comme de la pratique du sport. Mais le trou budgétaire dans les dépenses de soins, ce sont les affections longue durée qui l’engendrent. On verse des pelletées d’argent dans le tonneau des Danaïdes qu’est le système de soins, alors que c’est en amont qu’il faut agir. L’explosion du nombre de cas de diabète de type 1, la multiplication phénoménale des cas d’obésité que les mauvaises habitudes alimentaires ne peuvent seules expliquer, les cancers qui se multiplient chez les enfants… A chaque fois, on voit que les PE sont impliqués. Alors oui, la durée de vie progresse encore. Et vivre longtemps, c’est bien. Mais vivre longtemps en bonne santé, c’est mieux.

JDLE – Comment expliquez-vous une telle inertie?

On me dit que ça coûte, que c’est trop cher, que c’est la crise… on me dit «on va voir, on va faire une loi de santé publique…». Mais il y a une dimension économique très peu rassurante derrière ces questions: cela n’est pas rassurant, pour un homme politique, de devoir dire qu’il va falloir globalement réduire les expositions aux polluants. Et puis tout le système économique vit de la maladie. On n’a aucun tuyau économique pour vivre de la prévention. Or il faut inverser la logique, comme les médecins chinois qui sont payés quand leurs patients sont en bonne santé. Il faut encourager la pratique du sport et encourager la consommation de produits bio, par exemple. Bien se nourrir, ça ne coûte pas cher; bien au contraire.

Je n’ai (presque) rien contre l’UFC-Que Choisir

Sans le hasard d’une conversation téléphonique – Hervé B. se reconnaîtra peut-être -, je n’aurais rien su d’Olivier Andrault. Et je précise de suite que je n’ai rien de personnel contre cet homme que je ne connais aucunement. Il est peut-être, il est sans doute une excellente personne, et même si les mots qui suivent risquent de le blesser, je tenais à cette précaution. Mais commençons, ce sera plus clair.

J’ai écrit en 2009, on finira par le savoir, le livre Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde (LLL, puis en poche chez Babel). Chemin faisant, je me suis posé quantité de questions, dont certaines concernant l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. Je me demandais régulièrement ce qui était arrivé à cette structure qui menait tant de beaux combats dans les années 70 du siècle passé. En 1980, l’UFC avait lancé un retentissant boycott du veau aux hormones, qui avait fait plier l’industrie de la viande. Et puis de moins en moins d’actions authentiques. Et puis à peu près rien. Je reconnais que cette involution a été parallèle à celle de la société tout entière, passée sans transition des bagarres de l’après-68 au calme plat des années mitterrandiennes.

En tout cas, je m’interrogeais. Et quand a éclaté le soi-disant « scandale de la viande de cheval », j’ai de nouveau été étonné de l’impressionnant silence de l’UFC. Certes, elle a dû publier des communiqués, je n’en doute pas. Mais à part ce service on ne peut plus minimum ? J’en étais là jusqu’au coup de fil de cet après-midi. Mon interlocuteur, très critique sur l’état de l’UFC, m’a signalé l’existence d’Olivier Andrault. Qui est-il ? Vous irez voir si vous le souhaitez l’un de ses articles publiés sur le site du très libéral Atlantico (ici). Ma foi, d’un côté, il a certes bien le droit. Mais d’un autre, sa courte biographie, proposée sous sa photo, m’a aussitôt fait sursauter.

Je vous la livre in extenso : « Olivier Andrault est ingénieur en agro-alimentaire. Il est chargé de mission « agriculture et alimentaire » pour l’association de consommateurs UFC-Que choisir. Il effectue aussi des missions pour Programme national nutrition santé, pour le Ministère de l’Agriculture et de la pêche, où il travaille pour l’amélioration nutritionnelle des aliments. Il fait aussi parti du groupe d’orientation de l’observatoire de la qualité de l’alimentation ». Ce qui me cloue vraiment sur place, c’est la bonhomie avec laquelle Olivier Andrault présente ses activités. Il bosse à la fois pour le ministère de l’Agriculture industrielle, coresponsable majeur du désastre général, pour le Programme national nutrition santé, dirigé par le très contestable Serge Hercberg, que j’ai étrillé dans mon livre Bidoche, et pour l’UFC Que Choisir. Et pas, dans ce dernier cas, sur des questions annexes. L’agriculture et l’alimentation sont en effet au centre de notre monde.

Question légitime : quand éclate le soi-disant « scandale de la viande de cheval », où va la loyauté d’Olivier Andrault ? Au ministère, à Serge Hercberg ? Aux consommateurs ? Voyez-vous, le pire n’est pas encore là. Le pire est que ce mélange ahurissant des genres n’émeut personne, ne choque personne, ne provoque aucune mise en demeure de choisir clairement entre des intérêts parfaitement contradictoires. Y a-t-il quelque chose de pourri au royaume de Que Choisir ? C’est possible. Y a-t-il quelque chose de pourri dans notre manière de voir le monde et ses acteurs ? J’en suis sûr.

AJOUT CONSIDÉRABLEMENT IMPORTANT EN DATE DU 22 MAI 2013

Amis lecteurs, j’ai reçu le 16 avril un mail d’un responsable juridique de l’UFC Que Choisir, Nicolas Godfroy. En voici le texte :

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Monsieur Nicolino,

Je vous contacte en qualité de responsable juridique au sein de l’UFC Que Choisir.

Nous avons été particulièrement surpris par votre article intitulé « Je n’ai (presque) rien contre l’UFC-Que Choisir » mettant en cause notre action mais également l’engagement d’un de nos salariés.

Il nous semble que cette présentation que nous jugeons erronée résulte d’une certaine méconnaissance de nos actions et de l’implication de nos salariés.

Nous souhaiterions donc pouvoir en discuter avec vous.

Vous pouvez me joindre à l’adresse ngodfroy@quechoisir.org ou au 01.44.93.19.50

Bien cordialement,

Nicolas Godfroy
Responsable Juridique
UFC Que Choisir

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J’ai répondu le même jour ceci :

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Cher monsieur,

Je n’arrive pas à vous joindre, et comme je l’ai expliqué à une personne de l’UFC au téléphone – au numéro que vous indiquez -, je pars demain matin pour une douzaine de jours à l’étranger, sans portable.

Je m’interroge bien sûr sur le sens de votre courrier. Le fait que vous vous présentiez comme responsable juridique a-t-il un sens particulier ? J’ai dit à mon interlocutrice que je lirai avec plaisir – et publierai sûrement – une réponse de l’UFC sur Planète sans visa. Mais pour le reste, j’estime que nous sommes dans la confrontation de points de vue, aussi éloignés qu’ils paraissent.

Bien à vous,

Fabrice Nicolino

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Et là-dessus, j’ai eu un ou deux échanges téléphoniques avec ce monsieur Godfroy, trouvant bien étrange de n’avoir aucun contact avec Olivier Andrault, que je mettais en cause à ma manière, et donc avec vivacité. Mais comme je n’ai souvent qu’une parole, je pensais bien mettre en ligne ici une réponse de l’UFC. Réponse qui n’est jamais venue. À la place, un nouveau courrier de M.Godfroy, qui à mes yeux ne saurait représenter l’association de consommateurs. Voici ce texte, daté du 23 avril  :

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Cher Monsieur,

Je fais suite à notre conversation téléphonique et comme convenu je reviens vers vous suite aux éléments mis en avant dans le cadre de votre article. En effet, comme je vous l’ai indiqué, l’objectif est en premier lieu d’éclaircir un malentendu qui porte atteinte à l’honneur de l’un de nos collaborateurs les plus anciens dans la défense des consommateurs

Tout d’abord, contrairement à ce qui est présenté dans le cadre de cet article, il ne s’agit pas d’articles de Monsieur Andrault mais d’articles rédigés par des journalistes du site Atlantico, comme d’ailleurs la fiche de présentation de Monsieur Andrault.

Il est dès lors inexact de présenter les articles d’Atlantico comme ses articles mais également d’indiquer  » c’est la bonhomie avec laquelle Olivier Andrault présente ses activités » qui sont de la seule responsabilité de la rédaction d’Atlantico. Et vous savez bien en qualité de journaliste d’expérience que l’interviewé n’intervient pas sur le contenu de la publication.

Ensuite, concernant plus spécifiquement votre déduction sur le fait que Monsieur Andrault aurait différents employeurs, celui-ci ne travaille que pour l’UFC Que Choisir et intervient, à ce titre et sur demande du conseil d’administration de notre association (plus spécifiquement notre bureau),  dans différentes instances pour faire valoir les droits des consommateurs, notamment face aux demandes des professionnels (ce qui est loin d’être toujours évident).

Il n’est bien sûr jamais rémunéré par des tiers tel que le ministère de l’agriculture pour ses interventions ou participations à des commissions, instances publiques ….

Exerçant auparavant ses fonctions au sein de la CLCV, cela fait donc plus de 10 ans que Monsieur Andrault œuvre en faveur des consommateurs, ce qui peut facilement être vérifié en consultant son profil linkedin (donc préparé par lui-même cette fois) accessible à tous.

N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions complémentaires

Nicolas Godfroy
Responsable Juridique
UFC Que Choisir
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Depuis cette date, je dois reconnaître que j’ai traîné. Pour plusieurs raisons. Un, comme indiqué, je ne considère pas M.Godfroy comme le représentant de l’UFC. Deux, M.Andrault ne s’est jamais manifesté. Trois, le texte précité entend rectifier quelque chose que M.Andrault continue étrangement de valider. Car à la date d’aujourd’hui, 22 mai, il n’est toujours pas intervenu auprès d’Atlantico pour modifier la présentation qui est faite de lui, et qui dit précisément : « Olivier Andrault est ingénieur en agro-alimentaire. Il est chargé de mission « agriculture et alimentaire » pour l’association de consommateurs UFC-Que choisir. Il effectue aussi des missions pour Programme national nutrition santé, pour le Ministère de l’Agriculture et de la pêche, où il travaille pour l’amélioration nutritionnelle des aliments. Il fait aussi parti du groupe d’orientation de l’observatoire de la qualité de l’alimentation ».

Je résume : M.Godfroy veut que je rectifie le tir, mais M.Andrault laisse complaisamment le site Atlantico écrire sur son compte qu’il travaille à la fois pour l’UFC et le ministère de l’agriculture industrielle. Bon, c’est comme ça. Dernier point : M.Godfroy vient, dans un dernier message, de me faire les gros yeux et de m’annoncer qu’il va m’adresser un droit de réponse. Eh bien, en attendant, voici.