Archives de catégorie : Santé

Chimie, pesticides, air, pollutions en tous genres

Un parafoudre qui attire le feu (nucléaire)

Les amis, ce n’est pas de la flemme, quoique. En octobre 2008, ici même, j’ai écrit un article que vous lirez peut-être ci-dessous. Si je le remets en ligne, c’est que je viens d’entendre France-Info rendre enfin compte de cette grave question des surtenseurs radioactifs. Quatre ans et demi après Planète sans visa, on applaudit bien fort. Faut-il s’interroger une fois encore sur la marche du monde et le désastre de l’information officielle ? Pardi ! Bien sûr ! Évidemment ! Notez avec moi que c’est une raison supplémentaire de lire les articles de Planète sans visa. C’est de la pub ? Aucun doute.

Publié le 11 octobre 2008

On peut toujours rêver, je ne sais rien de plus agréable. Oui, on peut toujours rêver que l’information que je vous fais passer ce samedi 11 octobre fera l’ouverture d’un quelconque journal, fût-il du Maine-et-Loire, mais je dois confesser mes doutes. Il est bien possible que jamais personne – ou presque – ne soit au courant. Notez que je peux me tromper, greffier, et notez aussi que je serais ravi de me tromper. On peut maintenant y aller.

Soit un syndicat CGT d’Auvergne, conseillé par un homme d’exception, que je m’honore de connaître : Henri Pézerat. Je ne m’attarde pas sur son cas ce matin, car je souhaite parler de lui une autre fois, en longueur, en épaisseur. Henri est d’une race peu commune, croyez-moi sur parole en attendant mieux. Donc, ce syndicat, qui lance une alerte sanitaire démente. Démentielle. J’écris ces mots alors que passent en boucle à la radio des avis sur des bonbons et des gâteaux made in China, chargés de mélamine, un poison.

Je ne prétends pas qu’il ne faut pas avertir, cela va de soi. Mais alors, que faudrait-il dire d’un million de sources radioactives dispersées partout en France, qui ne seront jamais récupérées ? L’affaire est simple. Depuis la fin des années quarante du siècle passé, ce qu’on appelait alors l’administration des PTT (Postes, télégraphes, téléphones) a utilisé des surtenseurs et des parafoudres destinés aux lignes du téléphone. Avec un petit problème : ces boîtiers contenaient des éléments radioactifs, dont du radium 226, du tritium et du thorium 232.

En 1978, l’usage des radioéléments est prohibé – preuve, d’ailleurs, qu’on pouvait s’en passer -, mais rien n’est seulement tenté pour récupérer ne serait-ce qu’une partie du million de boîtes utilisées, qui mesurent de 1 à 5 cm en longueur. Et on ne prévient aucun salarié des risques qu’ils auraient pu prendre avec ces saloperies. Dans les conditions concrètes de travail, il est certain que ces sources potentiellement dangereuses sont restées des semaines dans des poches, ont pu être tenues entre les dents le temps d’une manoeuvre occupant les deux bras, et il va de soi qu’elles ont séjourné des mois et des années même dans des locaux plus ou moins publics.

En 1997 – vingt ans ont passé -, France Télécom, qui vient d’ouvrir son capital au privé, créé un groupe de travail. L’année suivante, un médecin, préoccupé par le nombre de cancers qu’il constate, alerte comme c’est son devoir sur les mesures prises à propos des surtenseurs et parafoudres. En 1999, patience, France Télécom demande le recensement, le démontage et le stockage. En 2001, rappel par une note interne.

L’année suivante – 2002 – France Télécom demande un inventaire à un bureau extérieur, Hémisphères. Le bilan est vite fait : presque rien n’a été sérieusement entrepris. Il y aurait entre 700 000 et un million d’appareils encore en place ou en balade. Rien de notable à signaler jusqu’à aujourd’hui, en dehors de cette toute récente prise de position de la CGT.

Belle histoire, dans son genre sinistre. Et qui montre je crois, une nouvelle fois, l’extrême folie du nucléaire. Dans cinquante ans, dans cent ans, combien de sources – probablement bien plus dangereuses encore – auront été dispersées à la surface de la terre ? Et combien grâce à nous, qui supportons encore qu’un Sarkozy se fasse le VRP planétaire des technologies nucléaires d’EDF et d’Areva ? Le radium 226 perd la moitié de sa radioactivité au bout de 1 600 ans. Ce qu’on appelle sa demi-vie. Qui est légèrement plus longue que la nôtre entière.

 PS : Je laisse une adresse électronique pour un éventuel contact, mais ne les dérangez que si vous avez quelque chose à leur apporter. Car vous vous doutez qu’un syndicat local n’a guère de temps à perdre (cgtptt.cantal@wanadoo.fr).

Martine Aubry sur le même toboggan que Fabius ?

Publié dans Charlie-Hebdo du 17 octobre 2012

Ça craint. L’ancienne patronne socialiste risque bel et bien une mise en examen dans le criminel dossier de l’amiante. Et l’affaire, à la fois politique, sociale, écologique, est très lourde. Comme Fabius avec le sang contaminé ?

Martine a les jetons, et elle a raison. Convoquée par la juge Bertella-Geffroy, Aubry risque une mise en examen dans l’abominable pastis de l’amiante. Interdit en 1997 seulement, alors que tout était connu depuis des décennies, l’amiante tue 3 000 personnes par an en France, et en tuera encore, probablement, 100 000. Pour le moment, Martine Aubry essaie de se défiler en comptant sur des ruses procédurières, mais l’affaire est aussi grave que celle du sang contaminé, qui a fait exploser la carrière politique de Fabius. Et cela, elle le sait.

Personne ne pense que la socialo-en-chef a elle-même distribué des fibres d’amiante aux prolos empoisonnés, mais voilà : elle a été directrice des relations du travail au ministère du Travail entre 1984 et 1987. À un moment-clé du scandale, car de 1983 à 1987, la France a bloqué la transposition d’une directive européenne qui divisait par deux la valeur limite d’exposition. Mais surtout, elle a été le chef direct d’un certain Jean-Luc Pasquier, qui dirigeait alors le bureau CT4 du ministère, sous les ordres d’Aubry. Pasquier a été lui-même mis en examen en mars dans l’affaire de l’amiante pour « homicides, blessures involontaires et abstentions délictueuses ». Il n’est pas encore coupable, mais une chose est certaine : il a siégé ès qualités dans une structure créée de toutes pièces par l’industrie de l’amiante en 1982, le Comité permanent amiante (CPA). Et il a défendu avec vaillance, au ministère, la trouvaille décisive du CPA, c’est-à-dire « l’usage contrôlé de l’amiante ».

Cette merde reposait sur le mensonge selon lequel on pouvait utiliser l’amiante sans danger, à condition de respecter les règles. Même si tous les salopards de l’industrie ont servi la même soupe pour les produits les plus dangereux, le CPA a vraiment inventé quelque chose. Voyons un peu l’histoire. En 1982, les jeux sont faits : l’amiante, compte tenu de son extrême dangerosité, ne peut qu’être interdit. Mais quand ? L’industrie trouve un prodigieux allié dans la personne de Marcel Valtat, ancien stalinien de choc reconverti dans le lobbying. Valtat parvient à réunir en une seule structure informelle – le fameux CPA – administration publique et d’État, patrons de l’amiante, scientifiques, et syndicalistes de la CGT et de la CFDT notamment, dont aucun n’a jugé bon s’excuser auprès des milliers de victimes. Gloire lui soit rendue, un syndicaliste, membre de FO, refuse la combine. Dans une lettre historique de 1986, Paul Malnoë gueule : « Aussi, nous considérons que chacun doit rester à sa place. Il ne faut pas confondre les rôles (…) Demain, on nous demandera peut-être de participer à un Comité permanent du chlorure de vinyle, du benzène ou tout autre produit cancérigène ».

Le CPA est une totale réussite pour l’industrie de la mort, qui parviendra à gagner quinze ans de profit avant une interdiction de l’amiante en France. Et l’ami Jean-Luc Pasquier, là-dedans ? Non content d’adhérer au mythe de l’usage contrôlé, il en convainc sa patronne, qui prétend aujourd’hui que tout n’est que menteries, et qu’elle a fait ce qu’elle pouvait pour limiter la casse. Seulement, des faits extrêmement lourds racontent une autre histoire. Tout d’abord, Pasquier va passer douze ans au CPA, à jouer du piano et du fifrelin avec le patronat. « Si [Martine Aubry] avait voulu qu’on sorte du CPA, elle ou ses successeurs, elle n’avait qu’à le décider (1) ».

Elle ne l’a pas fait. Autre épine du genre mahousse, Marianne Saux. Fonctionnaire à la direction des relations du travail – le service d’Aubry -, Saux est embauchée en 1987 par Saint-Gobain, champion de l’amiante, et fait une tournée au Brésil, en 1990, pour y vanter « l’usage contrôlé de l’amiante ». Charmante personne. Mais le pire est qu’en 1991, lorsque Martine Aubry devient ministre, elle nomme à la tête de la médecine du Travail la même Marianne Saux, qui a quitté pour l’occasion Saint-Gobain.

C’est dégueu ? Ma foi. En 1993, Martine Aubry perd ministère et siège de député. Profitant de ses liens étroits avec le patronat, elle crée la Fondation Agir contre l’exclusion (Face), financée en quinze jours – 50 millions de francs de l’époque – par des philanthropes comme Riboud (Danone), Gandois (Pechiney), Monod (Lyonnaise des Eaux), Bébéar (Axa). Qui est allé frapper aux portes pour elle ? Son excellent ami Alain Minc. Il faut bien avouer que cela fait sens.

(1) Amiante, 100 000 morts à venir, par François Malye, Le Cherche Midi

Mort aux tulipes (et aux jacinthes) !

Marie-Hélène et Marie-Josée, chacune de leur côté, m’envoient une nouvelle que je qualifierai prudemment d’intéressante. Je les en remercie, bien sûr, car c’est la première fois – leur procès a finalement été reporté – que des bulbiculteurs sont déférés devant un tribunal correctionnel pour usage de pesticides. Quelques commentaires. Un, la zone concernée, autour de la pointe de la Torche  (Finistère) est l’une des plus belles que je connaisse au bord de nos mers. J’ai eu l’extrême bonheur d’y voir Bruno Bargain, l’un de nos grands ornithologues, y baguer des phragmites aquatiques avant leur grand départ vers l’Afrique. Je le revois souffler sur le poitrail de ces puces de l’azur et dévoiler ainsi de minuscules boules de graisse affleurant sous la peau, entre les plumes. Chacune pesait un gramme, et chacune permettait au phragmite de parcourir un millier de kilomètres pendant sa migration.

Les étangs de Trunvel, où j’ai vu cette merveille, sont un peu au nord de la pointe de la Torche. Au total, 320 espèces d’oiseaux ont été vus sur place, ce qui est beau, ce qui est grand. En regard, l’activité humaine, outre qu’elle est en l’occurrence criminelle, est d’une petitesse à faire douter de nous tous. Depuis  1965, mais surtout depuis les années 80 (ici), la bulbiculture se développe. On fait pousser en baie d’Audierne, sur des centaines d’hectares, des bulbes de jacinthes et surtout de tulipes. Le compost ? Il vient droit des ordures ménagères, sans tri préalable. On trouve donc, entre les rangs de ces si « jolies » tulipes qui font tant penser à la si « mignonne » Hollande, des stylos, des seringues, des plastiques divers. Très beau, face à l’océan.

Bien entendu, on pulvérise au printemps, et plusieurs fois par jour, des pesticides. Qui connaît le vent de ces terres océanes comprend d’emblée que tout le monde en profite. Apparemment, les trois de Quimper sont poursuivis pour avoir utilisé des produits non homologués en France, mais légaux en Hollande. Pour avoir sommairement regardé ce qui se cache derrière des marques – citées dans l’article ci-dessous – comme Goltix, je peux vous confirmer ce que vous imaginez déjà : ces merdes sont très toxiques pour les organismes vivants et, je cite scrupuleusement, peuvent « entraîner des effets néfastes à long terme pour l’environnement aquatique ». Tout partira à la benne, qui s’appelle ici la mer. Et personne ne se plaindra jamais, car ses habitants parlent une langue que nous ne comprenons pas.

Pour quel profit ? On en jugera au visionnage d’un petit film de trois minutes qui montre l’un des bulbiculteurs de la Torche. Écoutez ses explications, qui donnent envie de pleurer (ici). Le pire est, que dans ce monde-ci, elles se tiennent. Elles sont logiques, elles en paraîtraient presque imparables. Heureusement, la colère monte visiblement. Et je ne parle pas de vagues pétitions signées depuis un ordinateur. Non. Mes amis d’Alerte à l’Ouest – Marie-Hélène, Gérard, je vous embrasse – font monter la pression sur le terrain, et repoussent même (ici), dans la gaieté, de pauvres flics employés à protéger le crime. Si ça continue, il faudra que ça cesse ? Je crois bien. Mais c’est long ? J’en suis sûr.

Pesticides. Trois bulbiculteurs renvoyés devant le tribunal (Le Télégramme)

18 octobre 2012

Trois bulbiculteurs installés à la pointe de La Torche, à Plomeur, devront répondre, cet après-midi, d’utilisation de pesticides non homologués.

Pointée du doigt depuis de nombreuses années, l’utilisation des produits phytosanitaires par la bulbiculture va conduire le tribunal correctionnel de Quimper à instruire le premier procès du genre, cet après-midi. Au terme d’une enquête de la Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, les trois exploitations installées sur les terres proches de la pointe de La Torche sont renvoyées devant le tribunal pour utilisation de produits phytosanitaires sans respecter les limitations et conditions d’utilisation déterminées par l’autorité administrative. Des faits qui auraient valu de nombreux rappels à l’ordre. Jusqu’à une série de contrôles effectuée par les agents de la Draaf, au printemps 2010. Leurs procès-verbaux avaient conduit le parquet à décider de poursuivre les exploitations devant le tribunal correctionnel.

Question d’homologation ??Goltix, Camix, Banko 500, Prowl 400… Les produits visés par la procédure sont des herbicides ou des fongicides. Des produits classés nocifs et dangereux pour l’environnement. Des produits autorisés pour une série de cultures. Mais visiblement pas homologués pour la bulbiculture. Du moins en France. Soutenant que ces produits sont autorisés en Hollande, ils sollicitent une harmonisation européenne de la législation. Faute de pouvoir investir dans une demande d’homologation. Le dossier, lui, ne se résume pourtant pas à cette question administrative. Il vise également les conditions d’utilisation des produits interdits. ??Tensions ??Sans préjuger de la décision du tribunal, le renvoi des bulbiculteurs est une première victoire pour les associations mobilisées depuis de nombreuses années. Cet après-midi, l’association Eau et Rivières de Bretagne se constituera partie civile. Un conflit qui cristallise les tensions entre les deux parties. Notamment depuis l’organisation des marches du collectif «Alerte à l’ouest». En mars dernier, la dernière manifestation avait réuni quelque 500 personnes. Son parcours avait été modifié à la dernière minute par les autorités pour éviter le face à face avec les agriculteurs. Aujourd’hui, il reviendra à la justice de trancher.
•    Jean Le Borgne

trois-bulbiculteurs-renvoyes-devant-le-tribunal.pdf

Ajout le 23 octobre: Arnaud Clugery – salut, Arno ! -, a envoyé ce commentaire : « Salut Fabrice,

Je profite de cette actualité qui me concerne en partie (j’ai potassé le dossier pour la constitution de partie civile d’Eau et Rivières) pour te faire mes amitiés et t’informer que les 3 bulbi ne passeront finalement pas en correctionnel mais par une procédure de Comparution en Reconnaissance Préalable de Culpabilité (CRPC le plaidé coupable de Sarko)… La bonne nouvelle c’est qu’ils admettent leurs fautes, la mauvaise c’est que cette procédure n’a absolument pas la même portée éducative, puisqu’au lieu de devoir se défendre dans une audience publique et contradictoire, ils iront dans un bureau du tribunal négocier leur peine avec un procureur qui pourrait être plus sensible au paysage de carte postal qu’au nuisance à long terme des pesticides. Ils traverseront alors le couloir du Tribunal de Quimper pour voir un juge qui validera le deal (trop content de se débarrasser d’un dossier).

Nous essaierons malgré tout de nous glisser à ce moment là dans la procédure, histoire de rappeler au juge que, non content d’utiliser des produits non homologués, ils se sont fait toper ce jour là pour d’autres irrégularités (traitement de fossé, non respect de la ZNT au bord des étangs, cuve qui déborde au remplissage…) bref de vrais professionnels en qui on peut avoir toute confiance. Prochaine échéance début décembre. J’te raconterai ! ».

Je n’ai pas le temps, mais quand même (l’étude Séralini sur les OGM)

Ce long texte est la faute exclusive de Sancho, lecteur de Planète sans visa, qui m’a poussé dans mes retranchements. Il avait bien raison. Tu avais bien raison. C’est long, mais cet article contient des informations que vous ne trouverez pas ailleurs, notamment à propos de deux personnages, Gérard Pascal et Catherine Geslain-Lanéelle. C’est de l’aguichage ? Il n’y a pas d’autre mot.

Je pense que vous êtes au courant. Gilles-Éric Séralini est l’auteur principal d’une étude sur les OGM. Publiée dans la revue réputée Food and Chemical Toxicology, qui a accueilli des recherches de Monsanto sur le même sujet, elle annonce une sorte d’Apocalypse. Des rats ont été divisés en trois groupes. Le premier soumis à un régime à base de maïs OGM NK 603, le deuxième à ce même maïs OGM traité au Roundup, herbicide bien connu, et le troisième à un maïs non OGM, mais traité au Roundup (ici). Je n’entre pas dans le détail des résultats, qui sont, comme vous savez, accablants pour les OGM.

Je n’y entre pas, car je suis bien incapable, aujourd’hui comme demain, de juger l’étude Séralini. Je connais cet homme, je sais son honnêteté foncière, sa vaillance, sa valeur scientifique. Ce n’est pas rien, mais ce n’est pas tout. En 2005 – sept ans, comme le temps passe, hein ? -, j’ai mené avec lui un long entretien dans le magazine Terre Sauvage, auquel je collaborais alors. En voici un extrait : « (Séralini) Nous n’avons plus, pour ainsi dire, d’observatoire global, ni de l’homme ni de la nature, ce qui a de nombreuses et fâcheuses conséquences. N’oublions jamais que ce sont les physiciens à l’origine de la bombe A qui ont développé à la fois  la biologie moléculaire et l’informatique. Physiciens et mathématiciens ont en quelque sorte dit aux biologistes : vous devez saisir le code génétique des humains. Et en le comparant explicitement au code informatique ». « (Moi) À vous suivre donc, les OGM seraient le fruit d’une certaine vision, discutable, de la science. Mais au fait, à quand remontent vos premiers contacts avec les OGM ? ».

« (Séralini) Dès mes années d’étude, j’ai travaillé sur des OGM de laboratoire. J’ai pratiqué la manipulation, le clonage, le séquençage des gènes. Quant aux OGM qui allaient devenir commerciaux, ceux dont on parle tant, je les ai découverts en 1991, quand j’ai été nommé professeur de biologie moléculaire à l’université de Caen. J’étais au courant des essais d’OGM en plein champ, et comme je devais faire un enseignement sur le sujet, j’ai lu les rapports de la Commission du génie biomoléculaire de l’époque – de 86 et 96 – et surtout le premier bilan qu’avaient écrit Axel Kahn et ses collègues. Les fabricants d’OGM assuraient qu’ils allaient permettre une réduction de l’usage des pesticides, dont je savais le rôle dans les dérèglements hormonaux et les cancers. J’étais donc non seulement favorable, mais enthousiaste devant ces nouvelles perspectives. J’ai pris les dossiers en mains et là, la stupéfaction m’a… ». « (Moi) …saisi ? ». « (Séralini) …Atterré ! Car je me suis rendu compte que la principale stratégie des industriels était de “fabriquer” des plantes capables d’absorber des pesticides sans en mourir. Alors qu’on prétendait réduire ces produits ! Et du reste, dix ans après le lancement des OGM commerciaux, les trois quarts des plantes transgéniques ne sont que cela. Seconde stratégie, tout aussi curieuse : la création de plantes OGM qui sécrètent leur propre insecticide. Lequel est, je le rappelle, aussi un pesticide ».

Revenons au présent. Je ne sais donc pas la valeur scientifique du travail de Séralini. On le saura fatalement, un jour ou l’autre. En attendant, le spectacle des réactions m’amène à m’interroger, car cette soudaine montée au créneau de tant de scientifiques pour disqualifier à ce stade le travail du professeur rappelle inévitablement des souvenirs. Qui s’inscrivent dans les stratégies désormais connues de l’industrie pour sauvegarder ses intérêts. L’exemple le plus abouti est celui des cigarettiers américains, car depuis la date de 1998, le Master Settlement Agreement – un accord à l’américaine clôturant un immense procès contre les industriels de la clope – a peu à peu rendu publics des millions de documents internes à Marlboro and co.  Le résultat est ahurissant, même si je ne suis pas tout à fait né de la dernière pluie. L’historien des sciences Robert Proctor en a tiré un livre de 750 pages, Golden Holocaust, que j’ai commandé aux Amériques, que j’ai reçu, que je n’ai pas encore lu. La quatrième de couverture fait peur.

Je vous ai signalé déjà, par ailleurs, un excellent article de l’excellent Stéphane Foucart, qui rapporte la parution du livre et ses a-côtés (ici). Sachez, si vous ne le savez, que des pontes de la science française ont servi les intérêts mortels de la clope. Des pontes. Et que le centre de la stratégie des cigarettiers consistait à gagner du temps en finançant des études parallèles, inutiles, confuses autant que contradictoires, avec pour seul but de créer du doute. Est-ce que le même scénario se reproduit autour de ce que la science officielle appelle déjà « l’affaire Séralini » ? Je rappelle qu’on l’accuse désormais de mensonge, de biais évidents, de choix plus que contestables de la souche de rats ayant servi à l’expérience, etc, etc. Ce qui est proprement incroyable, c’est que nul n’a pu, en un temps si bref, examiner l’étude pilonnée. Personne. Est-ce que cela a empêché des flopées de scientifiques bardés de diplômes de déblatérer à la télé ou à la radio ? Non. A-t-on vu, fût-ce de loin, pareille mobilisation lorsque des études payées par Monsanto ont prétendu que les OGM ne posaient aucun problème de santé publique ? Non.

Attention, ce qui suit est une interrogation, et elle n’est pas formelle. Je n’accuse personne. Je ne sais rien. Et même le pire criminel reste innocent tant qu’on n’a pas démontré sa culpabilité. Or donc, je n’accuse pas Gérard Pascal et Catherine Geslain-Lanéelle. Mais comme je connais – un peu – les deux, je me sens tenu de vous confier quelques éléments en ma possession. Gérard Pascal a longtemps été un homme-clé de notre système de surveillance alimentaire. Il a ainsi été le président, entre 1998 et 2002, du conseil scientifique de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), aujourd’hui dissoute dans l’Anses. Je vous mets à la fin de l’article un CV du monsieur, qui date de 2007. C’est instructif. En tout cas, Gérard Pascal, arborant ses titres comme autant de médailles, s’est autorisé une sortie terrible contre Séralini : « Le protocole d’étude de M. Séralini présente des lacunes rédhibitoires (Le Monde du 20 septembre 2012) ». Ce n’est pas une critique, c’est du tir au gros.

L’étude ayant été validée par des pairs, et publiée par une revue de haute réputation, à comité de lecture précisément, il me paraît difficile de croire, au plan de la simple logique, qu’elle soit à ce point ridicule. Par ailleurs, et je me répète, nul ne pouvait dire le 20 septembre, quelques heures après publication, ce que pouvait valoir une étude ayant mobilisé de bons scientifiques pendant deux ans. So what ? Quand j’ai écrit Pesticides, révélations sur un scandale français (paru chez Fayard en 2007) avec mon ami François Veillerette – la bise à tous les trois -,  j’ai eu l’occasion d’égratigner Pascal. Page 226 de l’édition générale, nous constations, François et moi, que Gérard Pascal avait été le conseiller d’une agence de com’ et de lobbying, Entropy Conseil, laquelle a par exemple mené des campagnes de promotion en faveur de l’industrie des pesticides. Hum. Lorsque j’ai écrit Bidoche (paru aux éditions LLL en 2009), j’ai retrouvé sur mon chemin Gérard Pascal. Extrait du livre :

« La société créée par Serge Michels à son départ de Que Choisir, Entropy, reste à bien des égards une entreprise fascinante. Outre son fondateur, dont on apprend au passage qu’il a participé aux travaux du Conseil supérieur d’hygiène de France, du Conseil national de l’alimentation, de l’Inra, de la Commission européenne et du Codex Alimentarius, les scientifiques d’Entropy sont vraiment fameux. Il s’agit, dans l’ordre d’apparition à l’écran d’ordinateur, de Gérard Pascal, Philippe Verger, Claude Fischler, Serge Hercberg, Jeanne Brugère-Picoux, Adam Drewnovski. Regardons un peu mieux le cas Gérard Pascal, personnage clé de la sécurité alimentaire en France. On ne peut détailler un curriculum aussi prestigieux que le sien, mais même en élaguant, on demeure surpris par l’étendue et la durée des responsabilités qu’il a occupées. Il fut – et parfois reste – président du conseil scientifique de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), membre de la Commission du génie biomoléculaire, chercheur au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), au CNRS puis à l’Inra, expert pour l’évaluation des projets de recherche à la direction générale « Recherche » de l’Union européenne, président du comité scientifique directeur de l’Union européenne. Il a reçu en 1993, comme Mme Bellisle en 2007, le prix de la recherche de l’IFN. Et il est donc en relation commerciale avec Protéines, agence au service de l’industrie ».

Si vous êtes encore là – sait-on jamais -, vous me direz peut-être : et l’IFN, c’est quoi ? Comme je veille à mes intérêts – et plutôt à mon temps -, je me permets respectueusement de renvoyer à mon livre. Encore un bout : « Que peut-on ajouter sur les experts d’Entropy ? Trois fois rien. Ils sont (presque) tous membres de l’IFN, eux aussi. Serge Michels fait partie du grand institut indépendant, ainsi que Serge Hercberg, Claude Fischler, Gérard Pascal – membre du conseil d’administration –, et même Adam Drewnovski. Comme le monde est petit ! Ce n’est certes pas un crime, juste une considération géographique. Tous les points de l’univers semblent parfois se rejoindre. Même l’agence Protéines, ès qualités, fait partie de l’IFN. C’est ainsi. Appelons cela une bizarrerie de la nature ».

Quant à madame Catherine Geslain-Lanéelle, sachez qu’elle est la patronne de l’EFSA, acronyme anglais pour Autorité européenne de la sécurité des aliments. Elle a annoncé ces derniers jours que son agence analyserait l’étude Séralini. Oui, mais avec les mêmes experts que ceux qui avaient donné le feu vert au maïs OGM si gravement mis en cause par ce même Séralini, qui a aussitôt déclaré : « Pas question que ceux qui ont autorisé le NK 603 réalisent la contre-expertise de nos données. Il y aurait un conflit d’intérêt avec leur autorité et leur carrière ».

Au passage, je signale que l’EFSA a été gravement mise en cause pour des conflits d’intérêt, jusques et y compris dans son panel de scientifiques qui suivent le dossier OGM. Cela donne le tournis, mais j’y ajoute volontiers ma touche personnelle. Dans Pesticides, cité plus haut, nous avions, François et moi, évoqué le cas Geslain-Lanéelle, réputée de gauche, mais oui, faudrait pas croire. Un premier extrait, qui concerne la gestion de l’épouvantable dossier Gaucho, du nom d’un pesticide dévastant ruchers et abeilles : « Le juge Ripoll, qui a ouvert une instruction à Paris à la suite d’une plainte d’un syndicat d’apiculteurs, perquisitionne avec éclat au siège de la Direction générale de l’alimentation (DGAL), une administration majeure qui dépend du ministère de l’Agriculture et dirigée alors par Catherine Geslain-Lanéelle. Il réclame communication du dossier d’autorisation de mise sur le marché du Gaucho. Inouï : Geslain-Lanéelle, pourtant haut fonctionnaire, en théorie au service de la République, refuse avec hauteur. Ripoll est si furieux qu’il l’oblige à rester dans une pièce sous contrôle. On frôle la garde à vue ! Finalement, la directrice peut appeler le ministre de l’Agriculture, Jean Glavany, et seulement lui. Sans céder pour autant. La justice n’obtiendra pas gain de cause. Le ministère est une forteresse qui n’est pas près d’être investie ».

Oh oh ! Deuxième extrait : « On pourrait presque achever là ce chapitre, mais on serait trop loin du compte. Il faudrait pour cela oublier le plus grave, le plus sombre du secret entourant le Gaucho et le Régent. Sous Guillou et Geslain-Lanéelle, la gestion du dossier a amplement démontré que l’administration française soutenait les intérêts industriels contre ceux de la santé publique. Mais l’arrivée de Thierry Klinger aggrave encore les choses : elle coïncide avec des méthodes faites de franche intimidation ». Un troisième, pour la route :

« Catherine Geslain-Lanéelle a failli rater une très belle promotion. Nommée à la tête de la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt (DRAF) en Île-de-France après son passage à la DGAL, elle guignait sans trop le cacher un poste à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Jacques Chirac en personne, sans doute inspiré par des ennemis plus proches, a tenté de l’en empêcher. Mais le vieux chef n’a plus la main depuis des lustres, et en février 2006 Geslain-Lanéelle a été nommée directrice exécutive de l’EFSA, à Bruxelles. Comment vous priver de ses premières paroles ? Les voici : « J’entre en fonction à l’EFSA à un moment opportun. En effet, sur la base de l’énorme travail d’ores et déjà fourni, je m’engage à faire de l’EFSA une référence européenne en matière d’évaluation des risques concernant la sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux au niveau tant européen qu’international. Les gestionnaires des risques en Europe doivent pouvoir se fier à des avis scientifiques indépendants et transparents pour élaborer des politiques et des mesures de sécurité alimentaire. » Seul un impudent personnage oserait poser la question suivante : Mme Geslain Lanéelle aurait-elle été nommée si elle avait choisi de coopérer avec la justice de son pays au moment de la perquisition du juge Ripoll ? ».

Voici ma contribution. Dans tous les cas, elle peut aider, ce me semble, à réfléchir.

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Curriculum Vitae de Gérard Pascal, arrêté en 2007

I – ETUDES ET FORMATION GENERALE

1. Etudes
1964    –    Ingénieur de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Lyon, spécialité « Biochimie », avec les félicitations du Jury
1964    –    Certificat de Zoologie Appliquée (C4) (Université de Lyon)
1968    –    DEA de Nutrition (Université de Paris VI)
2. Stages de longue durée
Septembre 64 – Août 65    :    CEA-CEN-Saclay – Service des Molécules marquées
Novembre 65 – Février 66    :    (Ingénieur stagiaire, puis Scientifique du contingent
Juin 66 – Avril 67    :    puis  Agent  Contractuel  Scientifique  INRA  mis  à disposition)
Mars – Mai 66    :    Centre de Recherches du Service de Santé des Armées :
Hôpital Percy, Division de Radiobiologie (Scientifique du
contingent)
Avril 67 – Juillet 76    :    Centre de Recherches sur la Nutrition du CNRS : ACS,    Assistant, puis Chargé de Recherches INRA mis à disposition (à plein         temps, puis à mi-temps)
II – ACTIVITÉS DE RECHERCHE
1. Carrière à l’INRA
Juin 1965    :    Agent Contractuel Scientifique
Décembre 1967    :    Assistant de Recherche
Juillet 1970    :    Chargé de Recherches
Janvier 1980    :    Maître de Recherches
Mai 1986    :    Directeur de Recherches, 1ère classe
Mai 1999    :    Directeur de Recherches, classe exceptionnelle
Janvier 2004    :    Directeur de Recherches honoraire
2. Responsabilités à l’INRA
Avril 1983    Directeur Adjoint du Laboratoire des Sciences de la Consommation
Juillet 1984    Chargé des fonctions de Chef du Département des Sciences de la
Consommation
Juil. 1984 / Sept 1989    Directeur du Laboratoire des Sciences de la Consommation (24
agents dont 15 scientifiques et ingénieurs)
Juil. 1985 / Oct. 1989    Chef du Département des Sciences de la Consommation (105
agents dont 65 scientifiques et ingénieurs)
Oct. 1989 / Déc. 1992    Chef du Département de Nutrition, Alimentation, Sécurité
Nov. 1996 / Déc. 1997    Alimentaire (280 agents dont 145 scientifiques et ingénieurs)
Janv. 1993 / Déc. 99    Directeur du CNERNA – CNRS
Déc. 1997/ Déc.03     Directeur Scientifique pour la Nutrition Humaine et la Sécurité des
Aliments à l’INRA
III – ACTIVITÉS D’ENSEIGNEMENT
–    Professeur Consultant de Nutrition en 2ème année à l’ENSIA (Massy) de 1982 à 2005
–    Interventions régulières dans divers DEA et DESS
–    DEA National de Toxicologie : co-responsable de l’option toxicologie alimentaire de 1991 à 1999
–    Participations à des jurys de thèse : de 5 à 10 participations par an jusqu’en 2000.
IV – ACTIVITÉS DANS LES COMMISSIONS SCIENTIFIQUES
– Au niveau national :
–    Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France :
.    Membre consultant, puis membre de 1978 à 2000
.    Président du groupe de travail « Additifs alimentaires » et expert toxicologue du groupe « Matériaux au contact » de 1983 à 1988,
.    Président de la Section de l’Alimentation de Novembre 1988 à Novembre 1992
–    Commission d’Étude des produits Destinés à une Alimentation Particulière (CEDAP) : membre de 1980 à 1992
–    Conseil National de l’Alimentation : représentant du PDG de l’INRA de 1986 à Juin 1989, puis membre de droit jusqu’en 1999
–    Commission du Génie Biomoléculaire : membre depuis 1986
–    Commission de Technologie Alimentaire : membre de droit depuis sa création en Juillet 1989 jusqu’en 2000
–    Commission Interministérielle et Interprofessionnelle de l’Alimentation Animale : membre de droit depuis 1993 jusqu’en 2000
–    Président du Conseil Scientifique de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA) de 1999 à 2002. Membre du Conseil d’administration de 2002 à 2005.
– Au niveau international :
–    Comité Scientifique de l’Alimentation Humaine de la CEE : membre de 1986 à 1997. Président de septembre 1992 à septembre 1997.
–    Multi-Disciplinary Scientific Committee of the E.U. (centré essentiellement sur le problème de l’ESB) de juillet 1996 à octobre 1997.
–    Comité Scientifique Directeur de l’Union Européenne : membre depuis Juillet 1997 et Président de novembre 1997 à avril 2003.
–   Membre du groupe de travail « Expérimentation animale pour l’évaluation de la sécurité des OGM du Panel OGM » de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) depuis septembre 2004.
–    Consultation FAO/OMS sur les Biotechnologies et la Sécurité Alimentaire (Rome 1996) ; Expert invité.
–    Co-Président du Workshop de l’OCDE sur l’Evaluation Toxicologique et Nutritionnelle des Nouveaux Aliments- OGM (Aussois 1997).
–    Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, participation comme expert aux discussions sur la Nutrition Humaine et la Sécurité Alimentaire (1993, 1994, 1997 et 1998).
–    Expert en Sécurité Alimentaire de l’OMS depuis 1993.
–    Membre du Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives (JECFA) depuis 1995.
V – DISTINCTIONS
–    Médaille de bronze du Service de l’Hygiène et des Maladies Contagieuses de l’Académie Nationale de Médecine (1978)
–    Chevalier du Mérite Agricole (1987)
–    Lauréat de l’Académie Nationale de Médecine : Prix du Centre de Recherches Cliniques et Biologiques sur la Nutrition de l’Homme (1990)
–    Lauréat de l’Académie des Sciences : Prix du Docteur et de Madame Henri LABBE (1990)
–    Lauréat de l’Institut Français pour la Nutrition : Prix de Recherche de Nutrition (1993)
–    Médaille d’Or du Comité de l’Agro-Industrie de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale (1995)
–    Membre correspondant de l’Académie d’Agriculture de France (1996)
–    Officier du Mérite Agricole (1997)
–    Médaille CHEVREUL de l’Association Française pour l’Etude des Corps Gras (1999)
–    Chevalier dans l’ordre National du Mérite (2000)
–    Prix de Nutrition de l’Institut Benjamin Delessert (2002)
–    Élu membre de l’Académie des Technologies (2002)
–    Grand Prix des Industries Alimentaires de l’Académie des Sciences (2002)
–    Commandeur du Mérite Agricole (2004).
–    Prix de la Recherche en Nutrition de l’Association Ajinomoto (2006)
–    Médaille d’argent du Comité mixte FAO/OMS d’expert des additifs alimentaires (JECFA) (2006)

La CGT aime tant le nucléaire (et le gaz de schiste)

Je rappelle, à toutes fins utiles, que Bernard Thibault est non seulement le secrétaire général de la CGT, mais aussi membre – longtemps très influent – du parti communiste depuis 1987. À ce titre, il fait également partie du Front de Gauche de M.Mélenchon. Lequel ne manquera pas de nous faire savoir ce que tout cela signifie. Mon point de vue est simple : l’imaginaire social de la gauche française est en fait le même que celui de la droite. De la croissance, des objets inutiles, des bagnoles pour aller perdre sa vie au boulot, des cancers made in France (ici).

Je crois qu’il faut retenir comme un emblème de cette gauche absurde, totalement dépassée par les événements la phrase de Thibault que vous trouverez ci-dessous : « [La fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim] ne sera acceptable que si elle est socialement gérable ». Je rappelle, à toutes fins utiles, que la grande centrale ouvrière de M.Thibault – la CGT, donc – a siégé ès qualités au Comité permanent amiante (CPA), lobby créé par l’industrie pour tenter de fourguer encore quelques années de plus son produit massivement cancérigène. Grâce à quoi l’amiante n’a été interdit en France qu’en 1997. Au moins 3 000 personnes meurent chaque année d’avoir été exposées à cette fibre. Des dizaines de milliers vivent avec des plaques pleurales, des asbestoses, des cancers broncho-pulmonaires, etc. Jamais personne n’a seulement osé mettre en accusation la CGT pour avoir donné la main à un patronat criminel. Pourquoi se gênerait-elle, dites-moi, avec le nucléaire ou le gaz de schiste ?

Il y a une distance définitive entre le mouvement écologiste tel que je le défends et des organisations syndicales simplement incapables de défendre la vie de leurs mandants. Et la nôtre. Ne parlons pas des non-humains.

Thibault : « Ne pas fermer la porte » au gaz de schiste

Créé le 16-09-2012 à 11h03 – Mis à jour à 11h03

Le secrétaire général de la CGT met en garde le gouvernement contre des choix liés à des « coalitions » entre les partis de la majorité.

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. (CHARLES PLATIAU / POOL / AFP)

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. (CHARLES PLATIAU / POOL / AFP)

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, estime qu’il ne faut « pas fermer la porte » aux recherches sur le gaz de schiste et met en garde le gouvernement contre des choix liés à des « coalitions » entre les partis de la majorité, en allusion aux écologistes, dans une interview au « Journal de Dimanche ».

« Nous ne devons pas fermer la porte aux recherches dans le domaine de l’énergie, y compris pour les gaz de schiste. Investissons au moins pour explorer. S’il s’avère, à partir de recherches incontestables, pour des raisons environnementales ou de sécurité, qu’il n’est pas souhaitable d’extraire ces gaz, cela ne me pose pas de problème », affirme le numéro un de la CGT.

« Une problématique politique »

Mais, selon lui, « renoncer à l’exploration est un peu inquiétant. Nous allons finir, alors que notre pays a de véritables atouts énergétiques, par être de plus en plus dépendants dans ce domaine ».

« Chacun a conscience qu’on est là dans une problématique politique qui met en jeu les relations entre partis formant la majorité présidentielle », estime Bernard Thibault, en allusion à EELV.

« Il ne faudrait donc pas que la solution apportée à certains problèmes soit seulement le résultat de coalitions plus politiques qu’efficaces pour l’avenir du pays », dit-il.

« Une annonce précipité »

« Tous les éléments d’appréciation doivent être mis sur la table et présentés aux Français avant de faire des choix uniquement idéologiques », prévient-il.

Bernard Thibault redit aussi son « regret » d’une « annonce précipitée » de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim fin 2016.

« Cette fermeture ne sera acceptable que si elle est socialement gérable ». Selon lui, « on parle un peu trop aisément de reconversion professionnelle » mais « des personnes exerçant des métiers depuis des décennies ne peuvent pas forcément se reconvertir dans une activité alternative ».

Le président François Hollande a annoncé vendredi la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin) fin 2016 et le rejet de permis d’exploration de gaz de schiste.