Archives de catégorie : Santé

Chimie, pesticides, air, pollutions en tous genres

Ce si pauvre uranium appauvri

C’est l’été nucléaire. Logique : après l’hiver du même nom, l’été. Brûlent les terres de toutes les Russies, et meurent les enfants de Falloujah. Cette ville irakienne d’environ 300 000 habitants, à 70 kilomètres à l’ouest de Bagdad, est bordée par l’Euphrate. Faut-il vraiment vous rappeler que ce fleuve est l’un des lieux d’origine de notre belle civilisation ? Faut-il rappeler que Turcs, Persans, Kurdes, Arabes, Arméniens lui donnent un nom différent ? L’Euphrátês des Grecs de l’Antiquité devrait être notre flambeau, il est notre honte.

En 2004, un an après la si glorieuse invasion américaine, la ville est aux mains d’insurgés fondamentalistes, qui défient l’ordre nouveau à coup de massacres et de bombes. Dans la nuit du 6 au 7 novembre, les troupes américaines y lancent l’opération Phantom Fury, qui durera un peu plus de trois semaines. Les fantoches de l’armée irakienne servent de supplétifs à la reconquête du bastion extrémiste. Chacun sait alors, et les Américains mieux que personne, qu’une part importante de la population civile est demeurée en ville. Mais Falloujah est un symbole, et les symboles doivent être traités comme tels. Rien de tel qu’une bonne préparation d’artillerie contre des écoles, des immeubles, des dispensaires et des mosquées. Il est établi depuis des années que la soldatesque étasunienne – entre 10 000 et 15 000 soldats suréquipés – a bombardé massivement une ville, utilisant notamment des obus au phosphore blanc, qui vitrifient sur place leurs victimes. Il est probable que du napalm, en théorie interdit, a également servi à nettoyer les rues. Charmant, le napalm, il suffit de demander aux Vietnamiens rescapés des folles années 60 et 70 du siècle passé.

Ce qu’on vient d’apprendre ajoute à la fraîcheur de ces événements. Un article (lire ici) publié dans International Journal of Environnemental Research and Public Health démontre par des chiffres précis que Falloujah a été le théâtre de crimes contre l’homme. Contre l’humanité, si vous préférez, et au diable les simagrées juridiques ! Entre 2005 et 2009, le risque relatif de développer un cancer était 4,22 fois plus élevé dans la ville irakienne qu’en Égypte par exemple. Et 12,6 fois chez les moins de 14 ans, ce qui explique en partie une mortalité infantile quatre fois plus forte que dans les pays voisins ! Ajoutons que les cancers constatés semblent bien proches de ceux observés dans la ville japonaise d’Hiroshima après la bombe de 1945. Enfin, et comme à Hiroshima, le nombre de garçons a brutalement chuté après 2005.

C’est un constat, qui n’explique rien des causes de ce massacre silencieux. Mais tout concorde pour désigner un coupable possible et même infiniment probable : l’uranium appauvri ( lire ici). Cet uranium-là est utilisé dans les charges d’obus destinés à percer les blindages les plus épais et les bunkers de béton. L’Amérique vertueuse, évangéliste, puritaine et criminelle de mister W. Bush, maintes fois accusée depuis six ans d’utiliser ce matériau radioactif, ne s’en est que mollement défendue. Pardi ! Quelle armée se priverait d’un si merveilleux instrument de destruction ? Croyez-vous sérieusement que la France des droits de l’homme fait exception ? Les armées de l’Otan n’ont-elles pas massivement utilisé des obus de ce type dans l’ancienne Yougoslavie ? La règle d’or des militaires a toujours été de tester ses nouveautés in the field, sur le terrain même d’opération.

Voilà donc. Presque rien. Des gosses qui meurent. Des familles qui pleurent. De bon Chrétiens qui continuent d’aller à la messe le dimanche, la main bien placée sur le cœur. Rien d’autre que notre monde en action. Et cette nausée authentique qui me prend au moment où j’écris ces lignes. Que se passe-t-il en Afghanistan, bande de salauds ?

Cloper n’est pas bon pour la santé (morale)

J’en connais qui cherchent encore le moyen d’arrêter la machine à mourir plus vite. J’en connais qui ont débranché. Je viens juste glisser mon grain de poivre au milieu de tout cela, moi qui ai fumé comme un abruti pendant quinze ans. Ce qui suit n’est pas une leçon de morale. Ce qui suit est une leçon de morale. Ce qui suit est une leçon de moral. Ce qui suit est ce que vous voudrez. Le quotidien britannique The Guardian (lire ici) a publié ces derniers jours un résumé d’une fracassante enquête de l’association américaine Human Rights Watch (lire ici).

Bon, inutile d’en faire des tonnes, d’autant qu’il fait  réellement chaud. Vous ne trouvez pas qu’il fait chaud ? Chez vous aussi ? Ça ne m’étonne pas. Où en étais-je ? Une enquête, oui, menée au Kazakhstan, où entre 300 000 et 1 million de cueilleurs migrants se vendent à la puissante industrie du tabac locale. D’où viennent ces gueux ? Du pays lui-même, bien entendu, mais aussi des contrées voisines. On leur confisque alors, quand les maîtres le jugent nécessaire, leurs passeports, et pour être sûr qu’ils resteront jusqu’à la fin de la saison, on ne les paie qu’au dernier moment. Certains se retrouvent par quelque étrangeté les débiteurs de leurs employeurs. Ils ont travaillé, mais ils doivent encore payer. Est-ce malin ! Le travail, dans la fournaise de l’été, peut durer jusqu’à 18 heures par jour.

Inutile avec vous, je pense, d’insister sur les effets fortifiants des pesticides et autres produits de synthèse sur la santé des paysans. Un dernier point tout de même : Human Rights Watch a documenté 72 cas de gosses dont l’âge varie entre 10 et 17 ans, qui triment eux aussi dans les champs surchauffés. On se doute qu’il y en a des centaines, sans doute des milliers. Les 72 cas se situent tous dans le district d’Enbekshikazakh (désolé, je ne connais pas le nom français de cette région). Et là, le seul destinataire de la récolte du tabac est Philip Morris International, et donc Marlboro, sa marque phare. En France, une cigarette sur trois est une Marlboro (lire ici). Eh ! les fumeurs n’attendent pas.

Sans espoir d’éviter un malentendu (sur les OGM)

Je reprends la parole une seconde sur le sujet d’hier. Si je suis radicalement contre les OGM, c’est pour les mêmes raisons que je suis un antinucléaire définitif. Les hommes produisent comme à volonté des mirages, mais des mirages qui deviennent peu à peu des forces matérielles. Si grandes, si mystérieuses, si potentiellement dévastatrices qu’elles représentent un danger per se. En soi. Pour la raison évidente que ces artefacts créent leur propre puissance, bien supérieure aux moyens de contrôle humains.

J’ai voulu dire qu’il est vain de nier une évidence. Il peut se trouver, car il s’est trouvé, et il se trouvera des découvertes angoissantes dont une application apparaîtra, au moins un  temps, comme indiscutable. Le mieux est tout de même d’être préparés, pour ne pas perdre pied face à ceux qui triompheront alors. Je répète, et je suis bien d’accord avec Jeanne, que l’on nous a fait le coup cent fois d’une invention médicale permettant de « justifier » tout un édifice industriel et commercial. Et le travail évoqué sur les moustiques n’est jamais qu’une annonce dont rien, à cette date, n’indique qu’elle pourrait être efficace contre le paludisme réel, celui qui frappe dans ces innombrables trous du cul du monde où aucun touriste n’ira jamais.

Voilà. Ouvrir l’œil, et le bon. C’est tout.

Peut-on se fier à la créosote (NON) ?

À qui se fier ? Mais à personne, ce sera nettement plus simple. Commençons par un mot sur l’association Robin des Bois, créée jadis par Jacky Bonnemains et les sœurs Kanas. Il y a trois ans, je me suis fâché – grave – avec Jacky, que je connais depuis bien vingt ans (lire ici). Je trouve que la querelle avait un sens, un sens qu’elle conserve pleinement. Mais je dois dire que j’ai pour Jacky Bonnemains de l’estime, une estime ancrée en moi, en dépit de tout. Et une pointe d’affection, peut-être ? Bien qu’il n’entrouvre jamais son impressionnante cuirasse, oui, une pointe d’affection.

Je ne l’ai pas vu depuis trois ans, car en général, je ne fais pas semblant de m’engueuler. Mais ces derniers temps, nous avons tout de même échangé quelques mots au téléphone. On verra bien la suite. En tout cas, Jacky est non seulement un écologiste, mais aussi une sorte d’artiste, doublé d’un enquêteur hors-normes. Aurait-il été flic que je n’aurais pas aimé être voyou. Quoique. Au long de trente années de militantisme, il aura mis au jour des dizaines d’histoires passionnantes, inquiétantes, édifiantes. Des dizaines. Qui pourrait dire mieux ?

Il y a de cela peut-être quinze ans – ou dix ? -, il m’avait entretenu des traverses de chemin de fer. Des anciennes traverses réformées par la SNCF et qui étaient revendues à je ne sais quel mercanti, qui les changeait en charbon de bois pour les barbecues. Et Jacky m’avait alors dit : « Mais c’est bourré de créosote ! ». Sans doute avait-il ajouté d’autres noms ésotériques, que j’ai oubliés depuis. La créosote, en tout cas, est une merde hautement toxique et cancérigène. Si les traverses en sont recouvertes, c’est pour les protéger de la pluie et du soleil. Quelle bonne idée ! Et quelle bonne idée de faire cramer cela en même temps que les saucisses ou les côtes de porc ! Toujours penser au déficit de la Sécu. Toujours.

Donc, Jacky en précurseur. Mais le voilà rattrapé par le ministère de l’Écologie qui n’aura jamais mis que des décennies à réagir. Hourra ! Borloo et Jouanno viennent de signer une charte avec plusieurs utilisateurs de bois à la créosote – dont Réseaux ferrés de France (RFF) et France Telecom – de manière à  « tracer » les traverses et les poteaux téléphoniques en fin de vie. Oui, il y a aussi les poteaux téléphoniques en bois, évidemment. On retrouve de ces charmants souvenirs jusque dans certaines maisons, où ils peuvent, selon, servir de poutres, de séparations dans les potagers, de bois de chauffage, etc. Croyez-moi, cela fait du volume. Si l’on en croit madame Jouanno, «  80 000 tonnes de bois traités usagés sont retirées chaque année des réseaux d’infrastructures de RFF, France Telecom et ERDF ». 80 000 tonnes, et combien de cancers à l’arrivée, gente dame ?

Je n’insiste pas, car à quoi bon ? Allez regarder le site de Robin des Bois, qui a beaucoup publié sur le sujet (lire ici). La sombre morale de cette ténébreuse affaire, c’est la même que si souvent. Le monde est victime d’un empoisonnement universel. Ou l’on abattra, je ne sais comment, l’industrie – notamment chimique – qui s’est insinuée dans le moindre interstice de nos vies, ou l’on pleurera misère jusqu’à la fin des temps. Qui risquent de ne pas être si éloignés que cela. Ou, ou. On appelle cela une alternative. Laquelle contient deux choix, et pas trois.

Pesticide mon amour (oh oui, encore)

Vous avez vu ? Vous avez lu ? L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) vient de publier un rapport sur les pesticides (ici). Restez avec moi jusqu’au bout de ce papier, je crois que cela mérite un quart d’heure. Je n’ai cessé de dénoncer ici même, et depuis septembre 2007, les lamentables palinodies du Grenelle de l’Environnement. Il suffit d’aller voir ce que j’ai alors écrit, quand tous les écologistes officiels criaient au triomphe et à la « révolution écologique » made in Borloo and Kosciusko-Morizet. Alors, j’étais seul. Non pas dans l’opinion vivante, je ne sais que trop – triple hourra ! – que vous existez, mais chez les journalistes, sûrement. Il serait cruel de relire aujourd’hui la prose de certains, et cela n’aurait, au reste, aucun intérêt, car les choses sont ainsi de toute éternité.

Il n’empêche que je suis tout de même soufflé par ce rapport parlementaire. En mars 2007, j’ai publié avec mon ami François Veillerette un livre qui est devenu ce qu’on appelle un best-seller (Révélations sur un scandale français, Fayard). Il contient, je le dis sans forfanterie, nombre d’informations jamais publiées. Il démontre l’extrême dangerosité des pesticides, à partir de centaines d’études publiées dans les meilleures revues scientifiques de la planète. Il rapporte l’histoire de la diffusion de ces produits en France. Il raconte comment l’industrie a pu copiner de très, très près avec l’administration française chargée des autorisations et des contrôles. Il examine en détail des affaires comme celles du Gaucho, du Régent, du chlordécone. Il cite des noms, beaucoup de noms, et d’une manière telle que nous aurions pu, François et moi, nous retrouver devant les tribunaux de la République.

Pas une fois, mais dix, mais cent fois. Or rien. Rien du tout. Aucun démenti, aucune contestation sur aucun point. Aucune réponse de l’industrie ou, tiens, de la surpuissante Direction générale de l’alimentation (DGAL) – sévèrement étrillée – et de ses dirigeants successifs. Au passage, je signale que l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), née début 2002, est dirigée par madame Catherine Geslain-Lanéelle, qui fut la patronne de la DGAL en pleine tourmente du pesticide Gaucho, accusé de massacrer les abeilles. Ceux qui disposent d’un accès au livre pourront s’y reporter, ils ne seront pas déçus du voyage. Venons-en au rapport de l’Opecst. Il n’aurait pas été incongru d’être entendus parmi d’autres, François et moi. Car nous connaissons tous les deux, et globalement à la différence de tant de spécialistes, la question des pesticides. Mais nous avons été oubliés, comme c’est bête.

Les deux auteurs du rapport s’appellent Claude Gatignol, député UMP de la Manche, et Jean-Claude Étienne, sénateur UMP de la Marne. Ah quels cocos ! Le premier, Gatignol, a été militaire professionnel – garde-à-vous ! – et vétérinaire. Ce qui l’a nécessairement mis au contact de l’industrie de l’agriculture, pesticides compris, pendant des décennies. Est-ce un crime ? Nullement. Mais nous avons encore le droit de savoir deux ou trois bricoles, non ? Gatignol est par ailleurs un amoureux, un fervent de l’industrie nucléaire. Sa circonscription parlementaire comprend notamment la Hague, et il a milité sans aucune cesse pour que Flamanville – toujours sa circonscription – accueille le premier prototype du type EPR.

Ajoutons qu’une plainte a été déposée contre lui en 2005, au motif qu’il aurait détourné 10 000 euros du Fonds de développement économique de l’après-chantier de La Hague (FDEACH). Malgré le non-lieu de 2007 – Gatignol est donc blanchi -, le président UMP du conseil général de la Manche, Jean-François Legrand, a décidé de se mettre en congé de parti. Pour protester contre la bienveillance de l’UMP à l’endroit de Gatignol. Allez comprendre. Ultime détail : à l’automne 2008, Mediapart révélait que Gatignol acceptait des invitations à des chasses payées par l’assureur Groupama. Du lobbying ? M’enfin, voyons, cet homme est député de la République, non ?

L’autre rapporteur, Jean-Claude Étienne, est donc sénateur de la Marne. Il est lui un constant défenseur des biotechnologies et des biocarburants, cette ignominie morale. Voici ce que je lis sur son site personnel (ici) : « Lorsqu’il était premier Vice-président du Conseil régional (1996) et Président de la Commission Enseignement Supérieur, Recherche Scientifique, Vie sociale et culturelle, le Professeur Etienne a été à l’origine de nombreux programmes scientifiques appliqués au développement de l’économie ; rechercher de nouveaux débouchés alimentaires et surtout industriels permettant le maintien à très haut niveau de productivité des entreprises agricoles de la région ». Le gras est dans le texte d’origine, évidemment. J’ajoute, ce qui classe ce type au plus bas dans ma hiérarchie personnelle, qu’il recherche des débouchés « surtout industriels » à l’agriculture. Un professeur de médecine – sa profession première -, dans un monde qui compte un milliard d’affamés chroniques.

La suite. Le 21 octobre 2009, à 23 heures, parlant probablement devant trois vieillards ressemblant aux Assis de Rimbaud  – Oh ! ne les faites pas lever ! C’est le naufrage… -, il déclame :  « Aujourd’hui, on le sent avec les perspectives qui se dessinent, le monde industriel n’est plus étranger au monde de l’agriculture. Il arrive même à ceux-ci d’entrer en résonnance : on parle parfois d’agro-industrie ! Voilà que la nouvelle industrie, intimement liée à la problématique de l’agriculture, apparaît (…) Regardez la nouvelle industrie ! La chimie, par exemple, est une chimie verte. Adieu la chimie du charbon et de l’acier ! Adieu, probablement, les tours de cracking distillant du pétrole : c’est la production agricole qui sera « enfournée » dans ces nouvelles tours. On voit ainsi bouger la nature de l’industrie, qui revient vers la production agricole. La syncrétie entre les mondes agricole et industriel se trouve ainsi créée, régénérant la ruralité ». J’ai laissé les fautes de syntaxe et d’orthographe, dont je ne me sens pas responsable. Pour le reste :  tant d’inepties et d’horreur en si peu de phrases !

Ce sont ces deux hommes, croisés de l’industrie, militants de l’atome et des biocarburants, qui viennent donc de rendre public un rapport sur les pesticides qui va à l’encontre de tout ce qui se publie de sérieux sur le sujet depuis vingt ans. Ils auront même oublié en route l’expertise de l’Inra de 2005, qui pour la première fois mettait lourdement en cause ces poisons hélas certains. Mais nos deux hommes sont ailleurs, en compagnie qui sait, et notent sans état d’âme qu’ils « souhaitent rappeler les bénéfices de l’usage des pesticides et invitent les pouvoirs publics à anticiper les conséquences d’une diminution trop brutale de l’utilisation des pesticides en France ».

Encore faut-il entrer dans le détail de ce texte qui ouvre sur une forme d’aveu. Lisons ensemble une petite partie de l’introduction du rapport. Voici ce qu’ils écrivent dès la page 9, à l’entrée dans un texte de 195 pages : «  Les pesticides ont constitué un progrès considérable dans la maîtrise des ressources alimentaires. Ils ont grandement contribué à l’amélioration de la santé publique en permettant, d’une part, d’éradiquer ou de limiter la propagation de maladies parasitaires très meurtrières (lutte contre les insectes, vecteurs de ces maladies) et en garantissant, d’autre part, une production alimentaire de qualité ». C’est tout simplement extraordinaire. Avant que de développer leur « travail », ils savent. Les pesticides, c’est bon. Après une telle pétition de principe, que peut-on espérer de ce qui suit ? Exact : rien.

La suite n’est là que pour montrer tout le sérieux de l’entreprise. Et nous voici déjà rendus en page 189, pour la conclusion, dont je vous propose les premiers mots : « La mise sur le marché, au milieu du XXe siècle, de produits phytopharmaceutiques a permis aux agriculteurs de disposer de moyens efficaces et rentables pour lutter contre les diverses pressions parasitaires que subissent les cultures. L’augmentation significative des rendements des terres agricoles en résultant, bénéficie également au consommateur de produits frais ou transformés, qui se voit proposer une nourriture abondante et peu chère ». Relisons, chers lecteurs de Planète sans visa. L’introduction et la conclusion ne sont-elles pas proprement identiques ? Ite missa est. Je dirais même plus : Cum tacent, consentiunt. Ce qui veut dire : celui qui se tait consent.

PS : Pour écrire Révélations sur un scandale français, j’ai demandé et obtenu un entretien avec Jean-Charles Bocquet, directeur à Paris de l’Union des industries pour la protection des plantes (UIPP). Derrière ce gentil sigle se dissimule – mal – 98 % du chiffre d’affaires des pesticides en France. Ce charmant monsieur Bocquet m’a reçu le 30 août 2006, et après une petite heure d’entretien, il s’est levé, et m’a dit en souriant : « Vous m’excusez ? Je dois aller faire du lobbying au Sénat ».