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Chimie, pesticides, air, pollutions en tous genres

Flagrant délit sur le staphylocoque doré (ce qu’on nous cache)

On se fout de nous. Ce n’est certes pas une nouvelle bien fracassante, mais elle fera l’affaire. Une sacrée affaire, qui m’éberlue moi-même. Premier temps : un  communiqué en français de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA, selon son acronyme anglais). Le texte, daté du 26 novembre 2009 (ici), rend compte d’une enquête européenne portant sur le Sarm, autrement dit le Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline. En anglais, le Sarm s’appelle MRSA (Methicillin-Resistant Staphylococcus aureus), qui n’est autre qu’une bactérie, mais ô combien redoutable : le staphylocoque doré. Pour comble, ce dernier est, dans le cas du Sarm, une bactérie mutante, qui résiste désormais à l’antibiotique qui la terrassait jadis, la méthicilline, et de plus en plus à d’autres. Aussi incroyable que cela paraisse, le Sarm aurait tué en 2005, aux États-Unis, près de 19 000 personnes, davantage que le sida (ici).

En avez-vous entendu parler ? J’en doute, pardonnez. Moi, j’ai consacré un morceau de mon livre Bidoche (éditions LLL, oui, c’est de la pub) à cette folle histoire. Pour les humains que nous sommes, l’existence du Sarm n’a rien de réjouissant, car la viande peut être contaminée par une de ces bactéries mutantes et multirésistantes qui rendent encore plus ingérable le dossier des antibiotiques. Aux États-Unis, une coalition d’ONG, Keep Antibiotics Working, s’est penchée avec le plus vif intérêt sur le Sarm. Elle a interrogé à l’été 2007 la Food and Drug Administration (FDA) sur les travaux entrepris au sujet de cette bactérie. Tout de même, 19 000 morts en une année pourraient susciter un peu d’intérêt public. Mais la FDA a bien dû reconnaître qu’elle ne s’était pas encore souciée de ce qui se passe dans les fermes concentrationnaires du pays. C’est d’autant plus dommage que tout converge vers les porcheries industrielles.

En octobre 2007, un article retentissant de la revue Veterinary Microbiology révèle des faits graves. Menée dans 20 porcheries industrielles de l’Ontario (Canada), elle montre que le Sarm est présent dans 45 % d’entre elles. Qu’un porc sur quatre environ est contaminé. Qu’un éleveur sur cinq l’est aussi. Les souches de Sarm retrouvées dans l’Ontario incluent une souche répandue dans les infections humaines par la bactérie au Canada. Et 9 millions de porcs du Canada sont importés chaque année aux États-Unis.

L’Europe n’est pas épargnée. Voyons d’abord les Pays-Bas, terre fertile, du moins en élevages industriels. En décembre 2007, une étude américaine des Centers for Disease Control établit qu’une souche de Sarm jusque-là repérée exclusivement chez les porcs est la même que celle que l’on trouve chez 20 % des humains malades. En Belgique – on se rapproche –, toujours en 2007, un autre travail, commandé par le ministre de la Santé publique Rudy Demotte, indique que, dans près de 68 % des porcheries étudiées, une souche de Sarm est présente chez les animaux. Et cette même bactérie résistante est retrouvée chez 37,6 % des éleveurs de porcs et des membres de leur famille. Or, dans une population sans rapport avec l’industrie porcine, elle n’est que de… 0,4 % !

Et en France, donc, où en sommes-nous ? Nulle part. Que fait-on du côté du ministère de l’Agriculture ? Du côté de ces innombrables agences sanitaires qu’on nous a présentées comme essentielles autant qu’exemplaires ? Du côté de l’Institut de veille sanitaire (InVS) ? De l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) ? Pourquoi aucune étude importante n’est-elle lancée sur les liens entre élevage industriel et développement foudroyant d’une maladie qui tue les hommes ?

Revenons-en au communiqué de l’EFSA, autorité européenne. Le texte français est très édulcoré par rapport au travail en anglais qu’il est censé résumer (ici). Je n’ai pas le temps d’en faire une analyse complète, et je le regrette bien. Le texte anglais commence par exemple comme suit : « Methicillin-resistant Staphylococcus aureus (MRSA) is a major concern for public health ». C’est-à-dire que le Sarm est un problème de santé publique majeur. Or il faut attendre le troisième paragraphe du communiqué français pour lire : « Le SARM représente un problème de santé publique important », ce qui n’est pas la même chose. Important n’est pas majeur.

Et tout est à l’avenant, tricoté, si l’on veut être charitable, pour ne pas affoler le monde. Si l’on veut être charitable, mais l’on n’est pas obligé de l’être. L’étude anglaise pointe ce qu’il faut bien appeler des anomalies. Sur les 24 États membres de l’Union, 7 ne signalent aucun cas de Sarm, ce qui ne se peut. On ne trouve que ce que l’on cherche, et visiblement, on n’a pas cherché. Mais les autres alignent des taux de prévalence étonnamment élevés. Souvent plus de 50 % de présence du Sarm chez les animaux étudiés.

Les autorités dites de contrôle ont-elles peur, en France, de découvrir que nos élevages industriels sont farcis de cette bactérie résistante, menaçant les éleveurs de porcs et de volaille en priorité, le reste de la population juste derrière ? Ont-elles peur une fois encore de déstabiliser un marché qui est structurellement en crise ? Ce serait d’autant plus insupportable que l’élevage industriel, si la société n’en vient pas à bout très vite, nous entraînera tôt ou tard dans une catastrophe sanitaire majeure.

Qu’attend-on ? Le désastre final ? Telle est la question que je me pose. Telle est la question que je vous pose. Pour vous aider à mettre des points sur les i, j’ajouterai que madame Catherine Geslain-Lanéelle est la directrice exécutive de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Qui est-elle ? Un haut-fonctionnaire proche de la gauche qui s’est toujours bien entendu avec la droite. J’ai eu l’occasion, dans un autre livre (Pesticides, révélation sur un scandale français, avec François Veillerette, de détailler son rôle très controversé dans l’affaire de l’insecticide Gaucho, qui tuait les abeilles par millions et milliards. Elle était alors la patronne de la surpuissante Direction générale de l’alimentation (DGAL), place-forte du ministère de l’Agriculture.

En juin passé, le journal Le Monde publiait un article vif sur l’EFSA, pour la raison que cette autorité européenne donne toujours des avis positifs sur la commercialisation des OGM. Titre de l’article en question : « Génétiquement pro-OGM ». Il me semble, il m’a semblé que je devais vous mettre au courant. Car tandis qu’on joue aux imbéciles avec le vaccin contre la grippe porcine, opportunément rebaptisée A, puis H1N1 – ni vu ni connu -, le Sarm se répand inexorablement. La raison m’en paraît limpide. Non ?

Barbara Burlingame et les mystères de la courge cireuse

Si vous connaissez Barbara Burlingame, c’est que vous travaillez auprès d’elle, ou que vous êtes son voisin de palier. Et pourtant, elle mérite bien ce (très) modeste coup de projecteur. Cette femme est ce que l’on appelle une experte, salariée à Rome de la FAO, l’agence mondiale des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation. Cette FAO, créée en 1945 à Québec, fourmille d’employés et de cheffaillons dont l’objectif est d’aider « à créer un monde libéré de la faim ». Sa devise latine, au reste, est « Fiat panis ». Qu’il y ait du pain, en français.

Comme le sujet est grave, on tentera de ne pas rire. La FAO a si misérablement échoué – plus d’un milliard des nôtres ont faim d’une manière chronique -, après avoir tant promis, que dans un monde mieux fait, elle se serait dissoute depuis des lustres. Mais elle est là, copinant comme toujours avec les intérêts les mieux compris de l’agriculture industrielle. Celle des tracteurs, des engrais, des pesticides, des OGM, des nécrocarburants. La FAO, c’est la FAO. J’attends avec impatience le livre qui racontera comment cette institution a pu s’abaisser à ce point. Mais au milieu et malgré tout, Barbara Burlingame. Spécialiste de la nutrition, elle signe la préface d’un livre en anglais de la FAO – Joelle, merci – qui s’appelle : « Indigenous Peoples’ food systems ». On peut le lire en ligne (ici).

En douze chapitres, les différents auteurs passent en revue les systèmes alimentaires de peuples autochtones de la planète. Dans sa préface, tout empreinte de prudence bureaucratique, Barbara Burlingame parvient à dire des choses essentielles, ce qui est à son honneur. Je la cite, et la traduis du même coup : « Les systèmes traditionnels alimentaires des peuples indigènes utilisent l’ensemble du spectre de la vie, ce que ne parviennent pas à faire les systèmes modernes. Les développements technologiques de l’agriculture, au cours des six décennies d’existence de la FAO, ont entraîné de grandes coupures entre les peuples et leur alimentation. La mondialisation et l’homogénéisation ont remplacé les cultures alimentaires locales. Les récoltes à haut rendement et la monoculture ont pris la place de la biodiversité. Les méthodes agricoles industrielles à forts intrants ont dégradé les écosystèmes ainsi que les zones d’agro-écologie. Enfin, l’industrie alimentaire moderne a conduit à des maladies chroniques liées à la diète et d’autres formes de malnutrition ».

C’est un peu long, même pour les excellents lecteurs que vous êtes, mais cela valait la peine, il me semble. Le monde ancien craque de toutes parts, et la critique vraie, et donc dévastatrice, nous vient désormais du dedans des lieux les plus mal fréquentés. Mais je n’ai pas encore fini. Bien que n’ayant pas lu le livre entier, pas encore, je dois vous parler de son chapitre 8, consacré à un village karen du nord de la Thaïlande, pays qui n’est pas peuplé seulement de jeunes gars vendant leur cul au bourgeois parisien en goguette. Sanephong est un village de 661 âmes et 126 foyers, situé très près de la frontière avec le Myanmar, l’ancienne Birmanie.

On ne parvient à Sanephong qu’après un périple automobile en 4X4, et seulement pendant la saison sèche. Autrement, il faut venir à pied, par la montagne et dans la boue. Mais que diable peut-on manger à Sanephong ? De tout, rigoureusement de tout, au point que cela devient fascinant. Le village dispose de quatre zones agricoles, mais une seule, la principale, a été étudiée : une plaine alluviale dont 240 hectares sont utilisés pour l’alimentation. La rivière Kheraw-Khia permet non seulement de boire et de se laver, mais aussi de s’emparer de crabes, de coquillages, de grenouilles. Outre les plantes sauvages cueillies au gré des balades et furetages, les Karen cultivent beaucoup, à commencer par le riz. La chose inouïe, presque inconcevable pour nous, gens du Nord, est que ce peuple utilise pour se nourrir 387 espèces ou variétés différentes, dont 17 % animales et 83 % végétales.

Nous nous accommodons d’une incroyable monotonie alimentaire dominée par la viande industrielle, le soja, le maïs, le blé, le riz, quand une richesse sans limites apparentes existe encore, dans les recoins du monde. Vous savez comme moi que cette uniformisation imbécile autant que criminelle sert les intérêts de compagnies transnationales qui sont le vrai pouvoir sur terre. Vous le savez, je le sais, et je ronge mon frein en attendant mieux. Mais ! Mais admirez les habitants de Sanephong, qui mangent des racines, cultivent 89 végétaux différents et 37 fruits, sans se douter le moins du monde qu’ils sont des héros planétaires. Plus d’une centaine d’espèces ou de variétés consommées n’ont même pas de nom dans la langue du pays, le thai.

Ainsi cueille-t-on du baing-mei-muing, d’août à décembre. Mais que signifie ce mot karen ? Aucune idée. De même pour le cher-nge-phlo, qu’on cultive de septembre à mai. Dans la liste interminable, je n’aurai reconnu que le riz, le taro, le sésame, la patate douce, le manioc, le crabe, le buffle, la chèvre domestique, le poisson, le sanglier, le macaque. Sans oublier la courge cireuse, une cucurbitacée oblongue qu’on appelle aussi pastèque de Chine. Et si les Karen étaient notre seul avenir possible ?

Vous reprendrez bien un peu d’air intérieur ?

Belote, rebelote et dix de der. On prend les mêmes infos, on recommence, Sisyphe pas mort. Le rocher dévale la pente, toujours, encore, mais il faut bien remonter la pierre, encore, toujours. Qu’est-ce qu’on pourrait faire d’autre ? Il y six années, j’ai longuement parlé avec Georges Méar, auteur du livre Nos maisons nous empoisonnent (Terre Vivante). Ce fut un choc, car à l’époque, je le confesse, j’ignorais tout du syndrome de sensibilité chimique multiple (Multiple Chemical Sensitivity).

Ce syndrome est controversé par quantité d’institutions, mais des personnes dignes de foi estiment en souffrir, et je les crois. Oui, je les crois, puisque nous en sommes là. Georges Méar avait vécu une aventure extrême en faisant construire à Brest, en 1989, une maison neuve. Dès l’entrée dans les meubles, Méar avait connu un calvaire, victime d’une infinité de symptômes, dont des saignements de nez, des maux de têtes, des oppressions thoraciques, des difficultés à simplement respirer.

D’autres auraient souffert en silence. Méar a voulu comprendre, et il a compris. Cette maison neuve était mal ventilée et comportait de belles quantités de bois traité et de bois aggloméré, les deux contenant des substances redoutables pour tous les êtres vivants. Le reste est déprimant, fait de déménagements successifs pour tenter d’échapper à cette sensibilité extrême à de très faibles doses toxiques. Car l’explication est probablement là : Georges était devenu hypersensible aux molécules de la chimie moderne. Comme certains ne peuvent supporter des ondes électromagnétiques que les autres semblent ne pas percevoir.

Il y a six ans, j’ai écrit, je crois bien, plusieurs articles sur le livre de Méar, qui m’avait beaucoup frappé. Où sont-ils ? Je n’en sais rien, car je ne suis pas très ordonné. Mais je les ai écrits, c’est sûr. J’avais appelé l’Observatoire de l’air intérieur, qui était alors une petite baudruche bureaucratique. Rien n’existait en France pour aider les gens à vivre dans un « air intérieur » sain. Rien. Et voilà que je découvre ce matin du 26 août une étude de l’UFC-Que Choisir consacrée aux moquettes d’appartement (ici). Sur huit moquettes encollées, cinq recrachent des quantités ahurissantes de charmantes molécules. Comme du formaldéhyde, du toluène, des éthers de glycol.

Le président de l’UFC, Alain Bazot, a réclamé au cours d’une conférence de presse, tenez-vous bien, «l’interdiction de toutes les substances reconnues comme dangereuses présentes dans les produits de consommation, de décoration et de construction». Bon courage ! Autrement dit, polope ! L’air intérieur est bien plus pollué que l’air extérieur, voilà l’horrible vérité. Or nous passons entre 70 % et 90 % de notre temps à l’intérieur d’un logement ou d’un lieu de travail. Et nous devons désormais vivre avec environ 100 000 substances chimiques qui n’existaient pas en France avant 1945. Ce n’est qu’une estimation, mais elle est officielle : 100 000.

Dans ces conditions, que vous dire ? Dans l’euphorie niaise du Grenelle de l’Environnement, il y a deux ans, un groupe de travail consacré aux pollutions de l’air intérieur avait été créé. Mais, accrochez-vous, aucune, AUCUNE de ses propositions n’a été retenue. Et du coup, leur belle loi dite Grenelle 1 ne parle évidemment pas une seconde de cet air qui remplit nos poumons après s’être chargé de toutes les merdes industrielles créées depuis soixante ans.

J’ai déjà dit à de nombreuses reprises, je le redis sans me lasser : ou l’on accepte ce monde en pensant l’améliorer sur ses marges. Ou l’on décide de le combattre, pour l’abattre. Oui, je sais, cela fait coupeur de têtes. Je ne le suis pas. Je parle des structures, des entreprises et institutions, des pouvoirs. Oui, il faut oser se dire que l’accommodement avec cet univers morbide est impossible. Moi, je récuse le droit de ces salopards à me farcir de toutes leurs chimies. Je sais que cela résonne comme une impuissance. Je le sais. Mais pour arriver quelque part, il faut commencer par chercher une direction. Et la direction, ma direction, c’est le refus radical et définitif de l’empoisonnement universel.

Au bonheur de l’hydrogène sulfuré (sur les algues vertes)

Vous savez quoi ? Je pense que cela vous fera rire, mais franchement, j’ai le sentiment que quelque chose déconne, en profondeur s’il vous plaît. Vous avez suivi comme moi l’affaire des algues vertes de Bretagne, qui prolifèrent et désormais tuent les animaux, chiens et chevaux, s’attaquant aussi, bien entendu, aux humains. Notre Premier ministre en titre, François Fillon si je ne me trompe, est venu sur place le 20 août, et s’est payé une séance de foutage de gueule homérique.

La responsabilité de l’agriculture intensive dans la genèse de la prolifération ? Faut voir. Pas si simple. La cause serait multifactorielle. Il a même osé une phrase de rêve, celle-ci : « La question de l’environnement est prise en compte depuis des années en Bretagne, au prix d’efforts considérables ». Je ne sais pas si l’on peut traiter un Premier ministre de charlot – sérieusement, le grand Chaplin ne mérite pas cela -, mais enfin, je le fais. Fillon est un charlot, qui annonce la création d’une commission, et des mesures de nettoyage qui. Qui laisseront la merde en place jusqu’à ce qu’une révolte populaire ne contraigne nos Seigneuries à de véritables actions.

Le drame, c’est que le pire est ailleurs. Le chercheur de l’Ifremer Jean-Yves Piriou alerte consciencieusement sur le danger des algues vertes depuis…1986. Jetez un regard sur ses multiples publications, et vous comprendrez ce que je veux dire (ici). En janvier 2002, en plein hiver, donc, les agues vertes ont fait une apparition fulgurante, devinez où ?, dans les Côtes d’Armor, là où le cheval est mort en juillet, là où son cavalier a été gravement intoxiqué. Grosse surprise, puisque les algues vertes étaient jusque là censées attendre le touriste, et l’été.

Le quotidien de Rennes Ouest-France, dans son édition du 14 janvier 2002 – il n’y a jamais que sept ans et demi -, écrivait précisément ceci :  « Le coupable, Jean-Yves Piriou le connaît depuis longtemps : l’azote, essentiellement issu des engrais chimiques et des déjections animales, qui se transforme en nitrates. “En vingt ans, leur concentration a doublé dans les principales rivières de Bretagne”. Dans le même temps, stimulée par ce fertilisant, la production d’algues vertes est passée à plus de 50 000 tonnes. Les principaux sites sont la baie de Saint-Brieuc et la baie de Lannion, suivis des baies de Douarnenez, Concarneau, La Fresnais, Guisseny et Binic. La masse étouffe faune et flore. L’odeur fait fuir les touristes. Surtout, Jean-Yves Piriou craint l’ammoniac et l’hydrogène sulfuré qui se dégagent dans l’air, du fait du pourrissement ».

Vous lisez tout comme moi. Cet hydrogène sulfuré, qui a tué cet été, et tuera encore, était on ne peut plus identifié en 2002. Et en 1995. Et probablement plus tôt encore. Mais tous les pouvoirs, de gauche comme de droite, ont laissé faire. Car la seule solution est de s’attaquer enfin et pour de vrai à cette puissance enkystée dans l’appareil d’État central, qu’on appelle agriculture intensive. Et qui est représentée par la FNSEA, cogestionnaire de tous les dossiers la concernant.

Le drame – bis repetita -, c’est que le drame est encore ailleurs. Le drame, c’est nous. Des scientifiques valeureux comme Piriou ou Lefeuvre – qui alertait sur les nitrates dès 1970 !!! – ne trouvent aucun écho, aucun soutien, aucune rébellion. Je vous dis cela, car en ce moment, mutatis mutandis, nous devrions être des milliers devant Minatec, à Grenoble, où travaillent déjà, dans notre dos, 2400 chercheurs, 1200 étudiants et 600 industriels. Que font-ils ? Joujou. Avec des nanoparticules dont nul ne sait dans quoi elles nous entraîneront. Demain sera trop tard. Demain est déjà trop tard. Aussi bien, je vous le dis calmement mais fermement, quelque chose déconne, en profondeur. Et ce quelque chose est quelqu’un. Nous.