Archives de catégorie : Animaux

Suivre des chauves-souris, ça vous tente ?

Je reçois ce message de Jean-Paul Urcun, dont j’ai croisé la route il y a beau temps déjà. Je crois pouvoir dire que ce pilier d’Organbidexka Col Libre (OCL), devenu responsable de la LPO en Aquitaine, est une excellente personne. La proposition qui suit est donc honnête, et je dirais même alléchante.

Dans le cadre de son programme estival d’étude sur les chiroptères, la LPO Aquitaine recherche des bénévoles pour des diagnostics naturalistes des sites natura 2000 de la montagne pyrénéenne. Et organise cet été une session d’étude des zones de chasse d’espèces de chauves-souris.?? Du lundi 6 aout au samedi 18 aout 2012 😕 étude des habitats de chasse du Petit Murin (Myotis blythii) en vallée d’Ossau (64). ?Hébergement dans un gîte à Louvie-Juzon??. Cette étude consiste à suivre par télémétrie des individus de chaque espèce afin de définir leur exploitation et leur sélection des habitats lors de leur phase de recherche alimentaire nocturne.? Cette technique nécessite un fort investissement humain mais permet d’apporter des éléments indispensables à la bonne connaissance et conservation de ces espèces méconnues. L’équipe des salariés et stagiaires se fera un plaisir de vous accueillir.?? L’association prend en charge le gîte et le couvert pour tous les amateurs de randonnée nocturne.

Renseignements et inscription 😕 Denis Vincent, ?pyrenees-atlantiques@lpo.fr

Tél : ?06 10 49 29 07

Pour nos frères à longue trompe ( de l’eau !)

Je relaie ci-dessous, avec plaisir, un message de Jean-François Noblet, créateur de l’association Pic Vert. Je connais Jean-François depuis une vingtaine d’années, et je ne pouvais faire moins. Il est aux origines de la Frapna en Isère (ici), puis a créé et dirigé le service Environnement du département de l’Isère. Dire que j’ai été d’accord avec tout ce qu’il a entrepris serait grandement faux. Mais, ayant eu la chance d’aller chez lui, où les animaux d’alentour sont les rois – il habite tout, tout près d’une vraie campagne -, ayant pu apprécier sa valeur, sa chaleur et ses rires, j’en ai conclu que c’était un excellent homme.

Ce qui explique ce que vous verrez ci-dessous. Payer des pompes à eau pour les éléphants de Hwange, cela ne changera pas le sort de la vie sur terre. Mais on dépense tant de sous à ne rien faire, ou à accélérer la destruction de tout, qu’il m’a semblé qu’on pouvait aider Pic Vert. La photo qui accompagne l’appel au peuple est de Jean-François, et elle montre nos frères à longue trompe, là-bas.

Michel Buénerd, que je ne connais pas, m’excusera de ne pas parler de lui.

Communiqué de presse : Le Pic vert au secours des rhinocéros

Le parc national de Hwange au Zimbawe est un magnifique sanctuaire de la faune africaine. Sur une superficie équivalente à deux départements français il héberge environ 30 000 éléphants et de nombreuses espèces  menacées de disparition (rhinocéros noirs, lycaons, guépards, etc.). La crise politique et économique qui sévit dans ce pays réduit dramatiquement les moyens de lutte anti braconnage et de financement du fonctionnement des pompes qui alimentent les mares dont l’approvisionnement est indispensable à la survie de la faune pendant la saison sèche. L’association de protection de la nature Le Pic Vert a décidé de financer  le remplacement des pompes à gasoil  par des pompes solaires (coût  d’une pompe : 20 000 €). La procédure de financement écartera tout danger de corruption ou de détournement des dons investis. Le Pic Vert est en contact direct et régulier  et avec les scientifiques locaux et les associations qui agissent au quotidien sur le terrain.
En 2011 une première pompe solaire a été installée grâce à l’aide de la fondation Le Pal nature et le Pic vert espère pouvoir en financer deux en 2012. Aussi une souscription est lancée : kes dons sont à adresser à l’association Le Pic vert  avec la mention «  pompe solaire » 24 place de la mairie 38140 Réaumont. Le site http://www.lepicvert.asso.fr/29/lassociation/mares-de-hwange présente le détail du projet et tous les souscripteurs recevront un reçu fiscal qui leur permettra de déduire les 2/3 de leur don du montant de leur impôt.

Pour tous renseignements contacter Michel Buénerd, responsable du projet : buenerd.michel@wanadoo.fr.

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Pourquoi Porc Magazine me fait penser à David Vincent

Ce qui figure ci-dessous n’est pas lisible, et il faudra donc me faire confiance. Les sceptiques peuvent se connecter sur ce numéro en ligne de Porc Magazine, organe – vous l’aurez peut-être deviné – de l’industrie du porc en France. J’ai beaucoup lu Porc Magazine lorsque j’écrivais mon livre Bidoche (L’industrie de la viande menace le monde), et j’en avais conçu, à l’époque, ce sentiment que chacun connaît : il existe des réalités parallèles, des mondes improbables mais certains où règnent d’autres lois. Lesquelles impliquent la torsion complète des mots auxquels nous sommes naturellement attachés. Ainsi que l’abrasion absolue des repères moraux qui font notre quotidien.

Ces univers autres sont habités par des personnages d’autant plus troublants qu’ils nous ressemblent trait pour trait. Alors même qu’ils sont à l’évidence des aliens venus de quelque quatrième dimension. Je me souviens d’une série américaine qui s’appelait  Les Envahisseurs et qui passait à la télé quand j’avais quatorze ou quinze ans. Les plus vieux d’entre vous verront probablement de quoi je veux parler. David Vincent, un incroyable abruti, passe sa vie à essayer de convaincre les humains que des extraterrestres sont déjà là, parmi nous. Il court tous les risques, se prend des trempes d’anthologie, échappe de peu à la mort, à chaque épisode, bien entendu. Que gagne-t-il ? Le droit de continuer à se faire rosser. Chaque apparition commence par ces mots, prononcés si je ne me trompe au milieu de bruits de tonnerre : « Les envahisseurs : ces êtres étranges venus d’une autre planète. Leur destination : la Terre. Leur but : en faire leur univers. David Vincent les a vus. Pour lui, tout a commencé par une nuit sombre, le long d’une route solitaire de campagne, alors qu’il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva ».

C’était bien con, je dois le dire. En une cinquantaine de minutes, David Vincent réussissait à convaincre deux ou trois gus et gussesses de l’existence des aliens. Après quoi, il fallait repartir de zéro. Par bonheur pour lui, ces non-terriens ne parvenaient pas à replier leur auriculaire. En vertu de quoi, lorsque l’on avait un soupçon, il fallait demander poliment à voir le petit doigt du monsieur ou de la dame. Malheur aux arthritiques ! Bon, c’est pas tout, vu l’heure, il faut aussi que je pense à mon article. Facile. Les porchers de Porc Magazine, leurs amis de l’industrie et leurs relais politiques sont reconnaissables dès la première lecture. Inutile de cacher votre doigt, les amis, vous voilà démasqués.

Je ne vais pas lire en votre compagnie ce banal mais prodigieux numéro 458 d’octobre 2011. Ce ne serait pas de refus, notez bien, car j’ai soudain besoin de compagnie. Page 51, une pub pour Biotech, la technologie au service de l’élevage. On vend du matériel de précision, sous la forme de tatoueur dos et oreilles, meule à dent électrique ou pneumatique, coupe-queue électrique, pince à castrer. Cela met dans l’ambiance, qui me rappelle une autre pub, admirée à l’époque de Bidoche. Cette petite inventive vantait la solidité des cloches à cadavres, conçues pour isoler avant équarrissage les porcs bêtement morts avant que d’être assassinés. La photo qui accompagnait la chose montrait un technicien de surface agricole, vêtu d’un bleu de couleur verte, qui sautait à pieds-joints sur la cloche en PVC. Elle tenait le choc, on n’attendait plus que le macchabée.

Que vous dire de ce numéro 458 ? Un article, page 52, affublé de ce titre : « Tu meules ou tu (é)pointes ? ». Il commence ainsi : « L’épointage des dents des porcelets est autorisé s’il est pratiqué sept jours après la mise bas. L’utilisation de la pince coupante n’est pas interdite. Mais le meulage est préféré ». Un autre papier, page 54 : « Rhinite atrophique, MSD SA Intervet mobilise toute son expertise ». Cette maladie provoque des éternuements, mais aussi des « groins déformés » et des épistaxis, c’est-à-dire des hémorragies. Le papier tente de rassurer, non sans certaine maladresse : « Sur les 4037 groins contrôlés, provenant de 209 élevages identifiés dans 15 structures porcines en France, les premiers résultats donnent une prévalence de 45,1 % ».

Poursuivons ce joli chemin forestier. Page 62, gloire aux xynalases ! Gloire, ce sont « des boosters énergétiques ». C’est assez simple à comprendre, car les xynalases sont « une catégorie d’enzyme hydrolisant les xylanes ». Ami sincère des animaux, sache que les xynalases « permettent d’augmenter l’énergie disponible des nutriments de la ration ». Ce serait idiot de s’en passer. Une autre pub : « Avec Piglet, doublez votre poids de sevrage en 3 semaines ? ». Le point d’interrogation figure dans le texte, pour une raison que j’ignore. Je reviens en arrière, page 42, où nous attend un dossier sur le « bien-être ». Et en effet, on entend répondre à cette question obsédante : « Détection des mâles entiers, des solutions pointent leur nez »

Avouez donc que vous aimeriez savoir. Cela tombe bien, moi aussi. Alors voici : quand un cochon mâle échappe à la pince qui lui arrache les couilles, il devient un verrat, ce qui ne le dispense pas de finir à l’abattoir. Oui, mais là, pardon, il y a perte économique. Car le verrat sent, fort. Il produit entre autres de l’androstérone et du scatol. À l’arrivée dans l’assiette, l’odeur reste insupportable pour certains consommateurs. Il faut donc fort logiquement repérer ces petits salauds qui ont réussi à tromper l’ennemi. D’autant que, selon Porc Magazine, « le premier à trouver la solution sera le roi du pétrole ». On veut bien le croire, mais l’équation est sévère : pour un gain espéré de trois ou quatre euros par porc, la méthode idéale ne doit pas coûter plus qu’un euro par animal.

Ne nous le cachons pas, l’affaire est hautement technique. Je n’ai pas tout compris, il y a des ellipses et des sous-entendus. Mais ne chipotons pas, car « sur le plan scientifique, de nombreux protocoles existent pour identifier les molécules d’androstérone et de scatol ». Je retiens que des « opérateurs» spécialisés, engagés par les abattoirs, peuvent identifier au nez les verrats les plus odorants. Que deviennent ces sagouins ensuite ? Je n’ai pas la réponse. Quant au progrès, qui n’est jamais bien loin, il pourrait venir de Norvège. Là-bas, d’impétueux chercheurs misent sur les guêpes pour isoler les verrats scélérats.

Faut-il continuer encore ? Tout est aussi neuf. Tout est aussi beau. Tout est admirable. Pour ma part, amis de Planète sans visa, j’ai ce soir la certitude intérieure que rien ne changera jamais tant que nous ne serons pas des millions à dégueuler à la lecture de tels morceaux de bravoure. L’ai-je déjà écrit ? Oui, je l’ai déjà écrit : les animaux sont nos frères. Et je n’ai jamais envisagé de traiter mes frères comme des animaux de boucherie.

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Un lointain souvenir d’eux (et de nous)

Un rappel pour nous tous, mais davantage encore pour ceux qui vivent dans la tranquillité ou l’exaltation le spectacle lamentable de l’élection présidentielle française. Au-delà, à tous ces Insupportables d’ici ou d’ailleurs qui croient être seuls sur Terre. C’est un film, et il ne dure que 3 minutes et 56 secondes : ici. L’atoll de Midway est à plus de 3000 kilomètres de tout territoire habité (par des hommes).

Les animaux malades de la peste nucléaire (pour Jean-Gabriel)

Publié le 4 août 2010

Tchernobyl, destructeur de biodiversité

par Valéry Laramée de Tannenberg

Cet article est extrait du Journal de l’Environnement (ici), et m’a paru si clair, si net, à ce point informé que j’ai décidé de le mettre en ligne ici, espérant que l’auteur ne m’en voudra pas. En tout cas, bravo.

Au printemps, lorsque l’on visite la zone d’exclusion de Tchernobyl, c’est toujours le même rituel. Immanquablement, les guides s’extasient sur la richesse de la flore et de la faune. La preuve, selon eux, que les effets de la radiation s’estompent. Et chacun y va de son anecdote : les troupeaux de chevaux sauvages venus d’on ne sait où ; les bisons biélorusses qui préfèrent les parages de la centrale accidentée à leur forêt natale. Sans oublier les poissons-chats dont la taille dépasse sûrement celle de bien des requins. On ne compte plus non plus les cervidés qui se plaisent à hanter la ville fantôme de Tchernobyl. Bref, la zone la plus contaminée de la planète serait devenue le paradis perdu des animaux.

Incroyable, mais faux ! Depuis 20 ans, Anders Pape Moller, de l’Université Pierre et Marie Curie de Paris, évalue les effets de la contamination radioactive sur la faune des alentours de la centrale ukrainienne. Et d’après le biologiste danois, pas plus que pour les humains, les rayons bêta et gamma ne sont bons pour les animaux.

Ces dernières années, cet ornithologue patenté a publié de nombreux articles sur le déclin des populations d’oiseaux dans la région de Tchernobyl. « Nous avons réalisé de nombreuses campagnes de comptage dans et hors des zones contaminées. Et, à l’intérieur de la zone d’exclusion, les populations d’oiseaux sont, en général, inférieures de moitié à celles que l’on trouve à l’extérieur », déclare-t-il.

Jusqu’à présent, ses travaux n’ont porté que sur nos amis à plumes. Avec son habituel compère Timothy Mousseau, de l’université de Caroline du Sud, Anders Pape Moller a voulu en savoir plus. « En adaptant nos méthodes, nous avons estimé les populations de mammifères, insectes, arachnides, amphibiens et reptiles », explique-t-il. Trois années durant, les chercheurs vont observer et baguer des oiseaux, compter bourdons, sauterelles et libellules, traquer les traces des renards.

Publiés cette semaine dans la dernière mouture d’ Ecological Indicators, les résultats de leurs travaux sont édifiants. « Tous ces animaux sont touchés par les doses de radiations et cela se voit nettement. Dans la zone d’exclusion leurs populations, tant en nombre qu’en diversité, sont moindres qu’à l’extérieur des zones contaminées. Pour certaines espèces d’insectes, la population est 89 % moins importante autour de Tchernobyl que dans le reste de l’Ukraine », précise le Danois.

Tout aussi grave, de nombreux spécimens sont malades. « Voilà des décennies que je bague des oiseaux. Or, à Tchernobyl, plus de 10 % des hirondelles capturées étaient atteintes de tumeurs. Je n’avais jamais vu ça auparavant », reprend-il.

Plusieurs mécanismes expliquent cet affaiblissement biologique. L’exposition aux radiations détruit ou endommage l’ADN des animaux, ce qui entraîne des conséquences fâcheuses pour leur descendance. La radioactivité fragilise aussi la chaîne trophique. Parce qu’il y a moins d’insectes, les insectivores sont moins nombreux, de même que leurs prédateurs.

Le bilan définitif de la catastrophe du 26 avril 1986 n’est pas près d’être achevé.