Archives de catégorie : Biodiversité

Et que le cul me pèle, je suis moi aussi Pyrénéen ! (emprunt)

Je pique ce truc à la Buvette des Alpages de ce cher Baudouin de Menten (http://www.buvettedesalpages.be/). Y a rien à ajouter, rien à retirer, c’est une autre vision des Pyrénées que celle des si pénibles ennemis de l’ours et de la vie sauvage.

Et que le cul me pèle, je suis moi aussi Pyrénéen !

Frédéric Vigne photographe

Frédéric Vigne

Pyrénéens, je me demande comment on a pu en arriver là.

Je me demande comment cette terre où l’on connaissait le prix du travail et l’appel de la liberté est devenu un fief d’assistés et de moutons bêlant. Je me demande comment ce que ni Charlemagne, ni Louis XIV, ni Napoléon, ni même Hitler n’ont réussi à faire, quelques décennies de primes de montagne et de politicaillerie locale bas de gamme ont pu l’accomplir.

Nous autres, montagnards, des Pyrénées ou d’ailleurs, avons toujours eu la tête dure et, il faut le reconnaître, l’esprit parfois aussi étroit que nos vallées. Pourtant, il y a toujours eu un moment où nous avons été capables -enfin, certains d’entre nous et jamais la majorité- de prendre le risque de faire ce qui était juste. Les passeurs en sont la preuve.

Seulement voilà: les passeurs n’existent plus que dans les livres d’Histoire et le Pyrénéen d’aujourd’hui n’a rien à voir avec ses grands-parents. Il est devenu un consommateur ordinaire. Consommateur de Pyrénées, aussi, qui sont simplement le décor grand format de ses activités de loisirs. Il écoute la larme à l’œil et la glace Miko qui fond sur ses genoux des histoires de bergers…

Mais où sont les bergers ? Il va voir des reconstitutions des Pyrénées d’autrefois et claironne en pantalon Décathlon et polo Lacoste que c’était mieux avant. Mieux avant, quand le seul choix laissé à celui ou celle qui n’était pas l’aîné de la famille était la soumission ou l’exil? Il écoute distraitement les histoires de Jean de l’Ours ou des sept lacs de l’Ardiden, va voir la Montagne aux Marmottes ou le Parc’Ours, de la nature sous préservatif, lyophilisée, dominée, mutilée, alors qu’il aboie comme un chacal épouvanté dès qu’on lui dit qu’il y a vingt ours, des vrais, libres, dans la montagne, et qu’il ne les verra jamais ?

Cette caricature de Pyrénéen vit dans le déni et le fantasme. Le Pyrénéen, le vrai, pue la merde et la sueur, le foin coupé et l’odeur âcre de ses moutons. Il n’a rien en commun avec ces éleveurs de primes de montagnes qui vont benner leurs animaux à l’estive au printemps et n’y remontent que de temps à autre en saison dans leurs Toyota climatisés (ou leurs Lada Niva quand ils veulent faire prolétaires). Ce pyrénéen-là n’a ni mollets, ni âme, ni tripes. Il ne sera jamais un passeur. Il aboie avec la meute, celle des ACCA, des élus locaux, de la coopérative locale. Il peint en cachette des slogans à la con sur les routes avant le Tour de France, c’est là son seul courage, et il voudrait qu’on entonne « Le Chant des Partisans » pour lui?

On raconte que les Pyrénéens sont les enfants de l’Ours, du moins certaines légendes le disent. Ce Pyrénéen là, désolé, ressemble à ses moutons. Il est né pour se faire rôtir et tondre. Il attend son quota de subventions, de primes, d’ASSEDIC ou de RSA (ça, c’est une spécialité ariégeoise, plutôt). La Fête des côtelettes à Luz lui va très bien, elle est à son image, celle de la barbaque sous le couteau du boucher!

Est-ce que les Pyrénées ne sont destinées qu’à être un terrain de jeu doublé d’une carte postale vide, avec quelques festivals en costumes aseptisés pour les touristes et des photos sépia dans les bistrots des stations de ski, à Ax, à la Mongie ou à Cauterets?

Les vieux en boufferaient leur béret et en pleureraient de honte.

Brebis montre ses fessesC’est entre nos mains, Pyrénéens. Si nous valons mieux que ça, il est grand temps de le montrer, de parler fort et clair, et de ne pas laisser cette minorité de Talibans Fascistes aboyer pour nous. Ils en bouffent, du système! C’est pour ça qu’ils vont si bien et nous pas! Ce sont NOS Pyrénées, pas seulement les leurs. La majorité silencieuse, ça n’existe pas. Ou alors ça doit fermer sa gueule pour de bon et ne pas se plaindre sur Facebook ou les forums en se planquant derrière des avatars ou des pseudos.

Je m’appelle Frédéric Vigne, je persiste et je signe!

Et que le cul me pèle, je suis moi aussi Pyrénéen!

Frédéric Vigne, photographe

La guerre aux bêtes (ad libitum)

Tout spécialement destiné à notre nouveau ministre de l’Écologie, Philippe Martin

Ce qui suit n’est qu’une alarme lancée par l’un de nos vrais grands naturalistes, Roger Mathieu. Peut-être se trompe-t-il. J’aimerais sincèrement qu’il ait tort, mais j’ai un malheureux pressentiment. On a vu qu’un Plan National prévoit de pouvoir buter 24 loups en toute quiétude. Depuis, des (petites) armées de chasseurs sont sur le sentier de la guerre, en 4×4 avec GPS, avec fusil à longue portée et viseur nocturne. Or le Loup est un animal qui, même s’il fait peur, réjouit secrètement la plupart d’entre nous. Tel n’est pas le cas du Vautour, dont la réputation a jadis favorisé l’éradication en France. Aussi bien, la crainte exprimée ci-dessous par Roger est on ne peut plus réelle. L’appareil d’État, qui a tant contribué à détruire ce pays, se passerait aisément de vautours dans nos ciels.

Si d’aventure on transformait ces oiseaux de rêve en dépliants publicitaires pour régions touristiques, on assisterait à une régression telle qu’elle appellerait bien des remises en cause, et peut-être quelques ruptures dans les liens malfaisants existant parfois entre les protecteurs de la nature et les services officiels.

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L’APPEL DE ROGER MATHIEU

A toutes et tous,

“On” nous informe que le plan “Vautours et pastoralisme”, qui était totalement en sommeil, vient de se réveiller et, toujours “On”, nous annonce que ce plan serait bouclé en urgence pour fin Juillet 2013.

Ce plan introduirait l’effarouchement et demanderait de supprimer tout équarrissage hors placette.

En clair, on commence à préparer les esprits au tir des vautours (voir ce qui s’est passé avec le loup…) et on refuserait que les vautours fassent ce qu’ils ont toujours fait et qui est autorisé explicitement par l’Europe ; on refuserait que les vautours interviennent sur les estives… Et qu’ils ne se nourrissent QUE sur les placettes (éleveurs et placettes d’équarrissage centralisées).

Si ce plan prenait cette direction NOUS DEVRIONS LE REFUSER VIGOUREUSEMENT ; accepter ce plan serait une très mauvaise nouvelle pour l’avenir des vautours fauves et moines.

L’effarouchement et la suppression de l’autorisation de l’équarrissage en pleine nature, autorisée par l’Europe (Estives et accès difficile) doit marquer la ligne rouge à ne pas franchir…

Si nous cédons la dessus, je ne donne pas cher de l’avenir des vautours fauves ET DE TOUTE LA NATURE SAUVAGE (Blaireaux, renards, phoques, bouquetins, busards, lynx, ours, loups, castors…). Tout ce qui ne se chasse pas et/ou ne se mange pas devra disparaître….

Cordialement,

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Roger MATHIEU

La guerre aux bêtes (suite sans fin)

Pour Raymond Faure,

Il y a quelques jours, j’ai écrit ici un article sur le sort fait aux animaux, qu’ils soient loups, vautours, busards ou blaireaux. Je serai moins long cette fois, mais la série, comme vous le savez, est interminable. D’abord l’incroyable affaire du Silure. Ce poisson d’eau douce, carnivore, peut atteindre en France plus de 2,50 mètres et peser alors une centaine de kilos. En France ? Oui, en France, car ailleurs, autour de la mer Caspienne, on parle d’animaux encore bien plus grands, et gros. Car ils viennent de là.

Bon. Les pêcheurs dits sportifs en ont introduit chez nous au milieu du 19 ème siècle – encore bravo, les gars -, et puis sont morts. Les pêcheurs. Les silures se sont reproduits, ils ont gagné d’autres bassins hydrographiques, et maintenant, ils sont ici chez eux. En prendre un à la ligne est un combat qui étourdit de fierté le vainqueur. Sauf quand un silure « attaque une adolescente dans le Doubs ». Lisez-donc ceci. Grave question de l’été : le Silure est-il une menace pour nos enfants, après le Vautour et le Loup ? À quand un Plan National d’Action et d’Éradication ? En attendant, vite, une cellule de soutien – et de soutènement – psychologique.

Je vous joins deux cadeaux. Commencez par cet invraisemblable couillon appelé Michel de Poncins (ici, sa bio), qui a écrit de somptueuses inepties sur les espèces protégées. Pas de panique, vous trouverez le texte intégral plus bas. De Poncins a fait Sciences Po, il a un doctorat en économie, il est (très) libéral, il est catholique, de cette tendance insupportable du catholicisme. Et le voilà donc qui parle d’animaux avec une suffisance et une sottise qui sont réellement, toutes deux, confondantes. Voilà bien le pire : utiliser la place que l’on a acquise ailleurs à déblatérer sur ce que l’on ignore. C’est le syndrome Claude Allègre. Le malheur, c’est l’influence de ces gens-là sur le cerveau déjà ramollo des «  décideurs », qui ne demandent qu’une chose. Que l’on leur donne une bouillie prédigérée, de manière à sembler penser quelque chose, alors que l’on ne pense rien.

Deuxième cadeau, mais celui-ci est vrai : un film de 8 minutes réalisé par un Catalan, et qui nous montre des vautours au travail. Des vautours fauves, suivis de gypaètes récupérant des os, et même d’un renard guettant sa pitance. Très beau : http://www.youtube.com/watch?v=FXGbRVDd0aE. Vous m’en direz des nouvelles.

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Tiré du site Contrepoints.org

Environnement

La chimère des espèces protégées

Publié le 24/07/2013

Qui détermine la liste des espèces à protéger ? Quels sont les effets de cette chimère ?

Par Michel de Poncins.

Cette reine des chimères surgit régulièrement dans l’actualité tel un serpent de mer. Les événements tragiques de La Réunion conduisent certains à demander l’inscription des requins dans la fameuse liste, ce qui serait une calamité pour les Japonais très friands de leurs ailes ! Une récente émission de M6 la fait resurgir d’une façon inattendue par le problème du logement. Le logement ne va pas. Les économistes savent que c’est le gouvernement qui est responsable de cette crise insupportable.

Un promoteur est venu sur la chaîne. Il a raconté tout tranquillement qu’un immense terrain qu’il avait acheté pour bâtir avait été gelé pendant trois ans à cause d’un crapaud unique qui en avait fait sa terre de prédilection. Il avait donc été nécessaire de trouver un autre terrain. Personne évidemment ne calculera jamais l’immensité des coûts correspondants avec les conséquences sur le logement et sur le PIB. Cela rappelle un aigle de Bonelli qui avait bloqué une autoroute pendant longtemps.

Quelles espèces protéger ?

Une réflexion sur la nature des espèces à protéger se heurte à des difficultés diverses. Veut-on protéger les espèces telles qu’elles étaient en 1800 ou en 1900 ? Ce serait intéressant, mais impossible pour les historiens. La date la plus raisonnable serait l’an 2000 dont le caractère est symbolique. La difficulté sera moindre. Un autre problème surviendra. Le catalogue vieillira, au risque de devoir s’ajuster tous les dix ans, de nouvelles espèces étant apparues entre temps.

Vient alors la question majeure : qui décidera de la liste des espèces à protéger ? Qui tiendra la télécommande ? À présent, c’est le plus grand désordre ; chaque pays a sa législation propre avec l’interférence des organisations internationales du type UE. Ce point est de grande importance car il existe un peu partout des sanctions soit civiles soit pénales en cas d’atteinte à une espèce protégée.

Au sommet, l’ONU avance à grands pas avec plusieurs agences plus ou moins dédiées.

Quels sont les effets de cette chimère ?

Le premier effet est, sans conteste, la ruine pour tous y compris pour les acteurs qui souvent ne s’en aperçoivent pas.

La ruine peut être illustrée par un seul exemple : le comptage des oiseaux est organisé depuis longtemps au nom du faux concept de réserve naturelle. La République du Centre nous apprend qu’il existe 300 réserves ; évidemment, il n’y en a jamais assez. Une réserve naturelle, ce sont plusieurs hectares où les activités sont réglementées avec, en particulier, le comptage des oiseaux. Ce comptage des oiseaux servirait à jauger l’état de l’environnement. Un oiseau étant par définition mobile la tâche est impossible. Elle ne devient réaliste que pour un ornithologue qui fait le travail à nos frais et qui, pour ce qui le concerne, est une espèce dûment protégée !

Il existe une deuxième conséquence qui, pour être moins évidente, est encore plus perverse : c’est le renforcement des pouvoirs du mondialisme incarné par l’ONU, le Mammouth des Mammouths. Nous l’avons déjà citée plus haut. Nous observons une fois de plus comment un pouvoir totalitaire mondial s’installe sous divers prétextes avec de multiples tentacules.

Un constat

L’actualité nous a conduit à analyser cette chimère de la protection des espèces. La sagesse voudrait que dans le cadre du droit de propriété les gens gèrent les espèces en respectant le droit des autres. Celui qui aime les loups peut les élever sans qu’ils dévorent les brebis. Nul besoin de réglementation pour cela.

Au surplus la nature renouvelle sans cesse les espèces dont personne ne connaîtra jamais la liste. Contentons nous d’admirer cette richesse.

Il existe, hélas, des personnes à qui cela ne suffit pas. Le jeu des idéologies et des intérêts se glisse dans toute chimère ce qui prolonge et consolide la chimère.

Lien raccourci: http://www.contrepoints.org/?p=131989

Un cadeau pour ceux qui traînent du côté du Vercors

Je n’ai pas une minute à consacrer à Planète sans visa, et j’en suis bien désolé. En passant, je vous signale deux journées d’éducation et de formation naturalistes, les 27 et 28 juillet. Sur le plateau du Vercors, qui est l’un des lieux les plus beaux que je connaisse. Ces deux journées sont organisées par Véronique Thiery et Jean-Marie Ouary, que je considère comme des amis, même si je ne les ai pas vus depuis des années.

Je puis vous assurer d’une chose : ces deux-là sont vrais. Vrais connaisseurs de la nature, vrais défenseurs de la vie, et au moins en ce qui concerne Jean-Marie, vrai baroudeur. Il est vrai que Jean-Marie, venu de Noisy-le-Sec, où j’ai moi-même habité, reste à sa façon une grande gueule de banlieusard. J’ajoute qu’il est l’un des plus grands défenseurs du Loup – présent sur le Vercors – en France.

Bref. Deux jours. L’un consacré aux ongulés, et l’autre aux carnivores. Le tarif est de 60 euros par jour, ce qui n’est pas rien, je le sais parfaitement. Mais je peux au moins vous assurer que ces deux-là ne volent personne. Si vous êtes dans le coin, et que vous avez décidé de casser votre tirelire, ma foi. Vous pouvez éventuellement vous recommander de moi.

L’association Mille Traces : http://www.mille-traces.org/

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Les 27 et 28 juillet, mille traces organise deux journées de formation :

le 27 : les ongulés du Vercors
le 28 : les carnivores du Vercors

Ces journées se déroulent au départ de Saint-Agnan en Vercors (26420), elles s’adressent aux adultes uniquement. (Étudiants en biologie, passionnés de faune et flore etc.). Elle se déroulent en majeure partie sur le terrain, avec malgré tout un temps de présentation en salle. Prévoir un pique-nique.

Tarif : 60€/jour coût pédagogique.
Inscriptions sur réservation (formulaire-inscription-stage-2013.pdf)

Pour nos autres activités consultez notre site : http://www.mille-traces.org

Le Brésil a la tête pleine de merde

Cet article a paru dans Charlie Hebdo le 26 juin 2013

Le pays de Lula est devenu un repaire de beaufs et de bœufs, qui ne rêvent que de nucléaire, de barrages et d’avions de combat. L’écologiste Marina Silva sauve l’honneur et réclame un vrai changement.

Nul ne sait comment va tourner la mobilisation en cours au Brésil. Quand s’arrêteront les manifs ? Selon la version officielle, la merveilleuse croissance d’un pays devenu la septième « puissance économique mondiale » a créé des tensions, des contradictions, et de nouvelles exigences. Une partie des classes moyennes voudrait consommer davantage, à moindre prix. Le certain, c’est que derrière le rideau de scène se joue une tragédie.

Premier détour par Marina Silva, qui aura sa statue, aucun doute. Plus tard, quand elle aura été flinguée par des pistoleiros, cette joyeuse engeance au service du fric et des propriétaires terriens. En attendant, elle fait bien chier la présidente en titre, Dilma Roussef. Car Marina, longtemps membre du Parti des travailleurs (PT) de Lula et Roussef, n’a pas supporté la corruption massive de ses anciens copains et la destruction systématique des grands écosystèmes du pays, à commencer par les fleuves et la forêt amazonienne.

Ancienne très pauvre, proche du syndicaliste Chico Mendes, buté en 1988 par des tueurs à gage, elle est devenue écologiste, dans le genre sérieux, c’est-à-dire radical. Et populaire. Toute seule ou presque, elle a obtenu 19,33 % des voix au premier tour de l’élection présidentielle du 16 mai 2010, contraignant Dilma Roussef, qui succédait à Lula, au ballottage. Ce qui ne s’oublie pas chez ces gens-là.

Si Marina Silva a tant cartonné, c’est parce qu’elle incarne une autre vision du Brésil. Ministre de l’Environnement de 2003 à 2008, elle s’est progressivement fâchée avec tous les apparatchiks du parti de Lula. Par exemple à propos du sort des Indiens, dont 500 ont été assassinés depuis 2003 selon les chiffres de l’Église catholique. Marina Silva n’a pas hésité à prendre position pour ceux qui s’opposent au barrage géant de Belo Monte sur le rio Xingu, en pleine Amazonie, dont le coût pourrait dépasser 20 milliards de dollars. Dans le Brésil d’aujourd’hui, c’est une déclaration de guerre à toutes les élites, à commencer par celles du Parti des travailleurs.

D’autant qu’elle s’oppose aussi au soja transgénique, dont les dizaines de millions d’hectares envahissent et trucident le cerrado, une savane d’une incroyable biodiversité, qui abriterait 160 000 espèces de plantes, de champignons et d’animaux. Selon les chiffres du gouvernement, la moitié du cerrado – environ 2 millions de km2 au total – aurait disparu en cinquante ans.

Pour faire bon poids, Silva critique aussi la transformation d’une part énorme de la canne à sucre en éthanol, un biocarburant destiné à la bagnole, et la déforestation de l’Amazonie, redevenue massive ces dernières années. On imagine la réaction des patrons, des bureaucrates et des politiques de toute couleur, qui misent tout sur le « développement », autre nom de la destruction.

On ne s’en rend pas compte en Europe, mais les rêves de grandeur de Lula et Dilma se paient au prix fort. Comme la Chine à une autre échelle, le Brésil dévaste ses territoires les plus beaux et bousille un à un ses équilibres les plus essentiels. Le maître-mot est : puissance. Dès 2008, le Brésil avait annoncé sa volonté de construire 60 centrales nucléaires au cours des cinquante prochaines années. Et de construire des dizaines de barrages sur les plus belles rivières du pays. Et d’exploiter au plus vite des gisements de pétrole off shore, au large de ses côtes. Et d’augmenter encore la production d’éthanol, qui représente déjà le quart de la consommation nationale de carburant.

Le Brésil est un pays devenu fou de son énergie et de ses réalisations. Et comme tout autre de sa taille, il entend désormais être un gendarme continental. En avril 2013, au moment du salon de l’armement de Rio de Janeiro, le gouvernement de Roussef a lancé cinq appels d’offres internationaux en vue d’acheter 15 milliards d’euros d’avions, de navires de guerre, de satellites. 15 milliards, à rapprocher des 11 milliards que pourraient coûter la coupe de foot des Confédérations – en cours – et le Mondial l’an prochain.

Le Brésil est un géant dont la tête est pleine de merde.